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Re : Détournement de rimes
Onirien Confirmé
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par MARIAJO sur 26/4/2015 18:33:28

A Monseigneur le Dauphin La Fontaine

Je chante les Héros dont Esope est le Père,
Troupe de qui l'Histoire, encor que mensongère,
Contient des vérités qui servent de leçons.
Tout parle en mon Ouvrage, et même les Poissons :
Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes.
Je me sers d'Animaux pour instruire les Hommes.
Illustre rejeton d'un Prince aimé des cieux,
Sur qui le monde entier a maintenant les yeux,
Et qui, faisant fléchir les plus superbes Têtes,
Comptera désormais ses jours par ses conquêtes,
Quelque autre te dira d'une plus forte voix
Les faits de tes Aïeux et les vertus des Rois.
Je vais t'entretenir de moindres Aventures,
Te tracer en ces vers de légères peintures.
Et, si de t'agréer je n'emporte le prix,
J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris.


Détournement

En allant manger chez ton voisin, chez ton compère
J'ai tiqué devant une annonce mensongère.
Je me suis abstenu de lui donner des leçons
Oui! Je suis contrôleur en poids de poissons.
Sans pitié, je lui ferais payer des sommes
Si je n'avais rien à foutre de ses hommes.
Il devrait lever ses mains corrompues aux cieux
Remercier que ce coup là j'ai fermé les yeux.
Tout compte fait je ne me suis pas pris la tête
Une femme m'assena: je dis: Une conquête?
Son audace m'a laissé bouche bée, sans voix,
M'a doté d'une fierté digne des rois.
Elle m'a fait miroiter maintes aventures
Qui m'ont fait dresser tableaux et milles peintures.
Pour la belle je paierai un très bon prix.
Le contrôle? Tant pis, j'ai qu'en même entrepris.



Le contrôleur en poids de poisson: Dans le Midi, ou peut-être ailleurs, il faut se méfier des restaurateurs qui proposent du poisson frais au poids. Ils pèsent la bête avant de l'avoir vidé et travailler et servent des filets qui coûtent les yeux de la tête.

Merci, Gemini. j'apprends beaucoup avec cet exercice. Très bonne journée.

Contribution du : 28/04/2015 06:15
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Re : Détournement de rimes
Maître Onirien
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Poème original : Claude Nougaro

Le cinéma

Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Moi je me fais du cinéma
Sans pognon et sans caméra
Bardot peut partir en vacances
Ma vedette c'est toujours toi
Pour te dire que je t'aime rien à faire, je flanche
J'ai du cœur mais pas d'estomac
C'est pourquoi je prends ma revanche
Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma

D'abord un gros plan sur tes hanches
Puis un travelling panorama
Sur ta poitrine grand format
Voilà comment mon film commence
Souriant, je m'avance vers toi...
Un mètre quatre vingts,
Des biceps plein les manches,
Je crève l'écran de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma...
Te voilà déjà dans mes bras...
Le lit arrive en avalanche...

Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma,
Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois,
Je recommence la séquence
Où tu me tombes dans les bras...
Je tourne tous les soirs
Y compris le dimanche...
Parfois on sonne, j'ouvre, c'est toi...
Vais je te prendre par les hanches
Comme sur l'écran de mes nuits blanches ?
Non, je te dis : " Comment ça va ? "
Et je t'emmène au cinéma.

Poème détourné :

Les collines

Là-bas sur les collines déjà blanches,
C'est un décor de cinéma
En noir et blanc et la caméra
Est loin du chemin des vacances.
Tu me dis je pars loin de toi
Je te dis pas de ça ou je flanche
Que ça m'en retourne l'estomac
Pourquoi prendre ainsi ta revanche,
Là-bas sur les collines déjà blanches,
Dans ce décor de cinéma ?

Bien souvent j'ai balancé mes hanches
C'était le préféré de tes panoramas
Dans nos élans grand format...
Je sais trop quand notre histoire commence.
Tu me dis je pars loin de toi,
Dans les années vingt
Quand tu faisais la manche.
Je fuis sur les collines déjà blanches
Qui sont décors de cinéma,
Et je marche encore à ton bras
Malgré les larmes en avalanche.

Là-bas sur les collines déjà blanches,
C'est un décor de cinéma ;
Je le pleurerai vingt fois,
Je réclame encore la séquence
Où je marche encore à ton bras.
Parfois la rêverie des soirs
S'achève le dimanche,
Quand tu me dis je pars loin de toi
Même si tu sais balancer tes hanches.
Là-bas sur les collines déjà blanches
Je pars, je pars, et tout s'en va
Comme un décor de cinéma.

Contribution du : 29/04/2015 21:13
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Poésie et carnets artistiques : https://papiers-relies.assoconnect.com/
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Re : Détournement de rimes
Visiteur 
Bravo les filles

Contribution du : 10/05/2015 10:45
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Re : Détournement de rimes
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Poème original / Sonnet de Ronsard :

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.


Poème détourné :

Pour mieux vous accueillir j'allume une chandelle,
Je vous attends émue, mon cher astre filant,
Vous m'offrirez des lys en vous émerveillant,
Vous êtes Apollon, et vous me trouvez belle.

Je n'osais espérer cette approche nouvelle,
Mes sens depuis longtemps oubliés sommeillant,
Au souvenir de vos doigts fins se réveillant,
Vibreront pour vous d'une langueur immortelle.

Mes yeux, ma peau, mes mains, mes lèvres et mes os
Ont prévu, aiguisés, une nuit sans repos,
Pour mes muscles rouillés, je m'entraîne accroupie.

Je veux votre fierté, je fuis votre dédain.
Que nos étreintes passionnées jusqu'à demain
Guident nos pas légers sur l'allée de la vie.

Contribution du : 24/05/2015 18:35
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"Penser est difficile, c'est pourquoi les gens jugent"
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Re : Détournement de rimes
Visiteur 
Lala, c'est extra

En intervertissant les rôles, vous détournez doublement ce grand classique.


Contribution du : 24/05/2015 18:51
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Re : Détournement de rimes
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Merci beaucoup ! Un accueil chaleureux pour une arrivée toute récente, c'est bien agréable !

Contribution du : 24/05/2015 19:13
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Re : Détournement de rimes
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LE LOUP ET LE CHIEN (*)


Un Loup n'avait que les os et la peau ;
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli (1), qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
Il ne tiendra qu'à vous, beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres (2), haires (3), et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d'assuré, point de franche lippée (4).
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.
Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants (5) ;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons (6) :
Os de poulets, os de pigeons,
........Sans parler de mainte caresse.
Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :
Qu'est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu'importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.

Détournement

- Est-ce dû à la couleur de ma peau
Que vous me prenez pour un garde?
- Non!!! Dans votre costume... Que vous êtes beau!
Si d'un autre oeil on vous voit ce n'est que par mégarde.
- Nouveaux dans les quartiers?
- Non, nous y serions bien volontiers.
- Vivre ici c'est une bataille,
Faut que la poche soit de taille.
(Ils acquiescèrent hardiment
Et ce répondant humblement):
- C'est votre cas. On vous admire,
On vous voit noir mais après tout sire.
- Moquez-vous de moi? Je vous lâche mon chien.
- Faites-le! On attend et bien!
- Il n'aime pas les misérables,
Accourez donc pauvres diables.
Il en salive pour les morts de faim
Qu'on soit noir, qu'on soit blanc. A lui la bonne lippée.
Ceci dit, c'est lui mon épée.
- Voyez-vous ce grand gaillard? Et quel beau destin!
Alors, que pourrait-on lui faire?
Il est noble et vit comme de vraies gens
Devant lui, on fait mendiants.
Il n'est pas du tout obligé de nous complaire,
Peu-être d'ailleurs vient son salaire.
On voit dans ses chiques façons
Qu'il croit parler à des pigeons,
Que ses miettes on caresse.
L'argent ne fait ni bonheur ni félicité.
Il lui manque un peu de tendresse.
Aigri on dirait. Vit-il encore un pied pelé?
Le monde a changé ce n'est plus la même chose.
Mais être aux fers de l'apparence attaché
Dont le matérialisme en est la cause
Nous esclavise et ne nous humanise pas.
Où vous voulez, partout ailleurs, cela n'importe.
Ce qui compte c'est: le nanti prend son repas.
Les liens entre êtres de la sorte
Se lient et délient en fonction de leurs trésor.
NI PAUVRE NI RICHE, HUMAIN ON EST ENCOR!


Cela n'a pas été facile mais j'ai été jusqu'au bout et c'est pourquoi je suis assez contente.
D'autres auraient explorer un autre thème. Je suis curieuse de lire un autre détournement.

Contribution du : 28/05/2015 15:33
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Re : Détournement de rimes
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Délicieux, drôle, et bien troussé. Si j'ose dire.

Contribution du : 28/05/2015 18:26
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Re : Détournement de rimes
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poème original : François de Malherbe
Loin de l'hiver et de l'ombre

...La terre en tous endroits produira toutes choses
Tous métaux seront or, toutes fleurs seront roses,
Tous arbres oliviers ;
L'on n'aura plus d'hiver, le jour n'aura plus d'ombre
Et les perles sans nombre
Germeront dans la Seine au milieu des graviers...


poème détourné
Poésie perdue

...Où est ce regard que tu avais sur les choses ?
Tout te semble étranger, et pâle la moindre rose.
Et le moindre olivier,
Jadis illuminant tes muses nées de l'ombre,
Dans ton œil se dénombre
Comme les grains de sable parmi les graviers...

Contribution du : 08/06/2015 18:54
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Re : Détournement de rimes
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Poème original : Spleen - Jules Laforgue

Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau,
En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie,
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.

Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah ! sortons, je verrai peut-être du nouveau.

Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...
Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds...

Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne...
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul, je ne puis dormir et je m'ennuie encor.

Poème détourné :

Le soleil s'est levé, j'ouvre grand mon rideau,
Juste un nuage blanc, pas d'annonce de pluie,
Les bûches de la nuit ont parfumé de suie
Le parquet neuf où s'efface une flaque d'eau.

Je bois mon café noir, j'irrigue mon cerveau,
Je ressors du tiroir une liasse ternie
Que tu avais fleurie de ta calligraphie.
Elle joue l'égérie de mon livre nouveau.

Douceur du crayon et longue journée. Personne.
Des mots entre des points, ton souvenir toujours...
Et puis je fermerai mes yeux devenus lourds...

Je veux te raconter, ta vie me passionne...
Silence printanier, le vent fatigué dort !
Dehors est animé et je me cherche encor.

Contribution du : 16/06/2015 23:05
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