@ Pépito: "les Montagnes fâchées" c'est l'après 15 aout dans un coin de montagne ou l'été bascule d'une l'ambiance de baignades, sorties, fêtes... en un décor de ciel sombre, menaçant, de montagne imposantes et parfois hostiles, de vent glacial et de grincements. La nature change de couleur sous un ciel noir. Le même lieu n'est plus le même lieu dans certaine ambiances. A ceci s'ajoute l'impact des heures passées dans l'après-midi à faire du spiritisme dans le bar du village avec les potes d'ennui de cette fin d'été. Ce qui se vit dans ses séances suffit largement à impressionner la jeunette que j'étais :)
J'espère avoir éclairé ta lanterne ?

Si "ce poème" n'est pas conforme à la charte, qu'on le supprime.

DANS LA RUE

C’est le week-end, la rue piétonne est compacte. Les passants slaloment pour se frayer un chemin d’une boutique à la suivante, quand arrive cette passante aux étonnantes chaussures de cuir vert. Elle porte elle-aussi un paquet ou deux mais son rythme est différent, plus lent. En voilà une qui semble flâner dans la foule, drôle d’idée ! C’est alors qu’un homme s’approche, la mine de celui qui cherche quelque chose, il fronce les sourcils, jette un regard circulaire tout autour puis lui demande :

- Excusez-moi mademoiselle, la Place de l’Homme s’il vous plait ?

Consciencieuse, altruiste la voilà qui cherche tant et plus où peut se trouver cette Place de l’Homme. Elle fouille en vain son esprit à la recherche de ce coin de la ville qu’elle ne connaît pas encore pour finalement lui répondre :

- Ici vous êtes sûr ?

- Ah oui, tout à fait certain !

La moue dubitative et désolée de celle qui ne pourra aider, elle conclut :

- Non vraiment, je ne vois pas où c’est!

C’est alors que l'homme se départit de son air de touriste égaré pour laisser briller sur son visage l’air heureux de celui qui a réussi son coup. Il lui répond :

- Mais où peut-être la place de l’homme, si ce n’est dans vos bras !

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le stratagème n’était pas si niais ! Car avant de fouler à nouveau le pavé de ses verts talons, c’est d’un sourire sincère que cette passante a gratifié l’homme qui l’avait interpellée.

Le stratagème est à la fois fin et audacieux ! Il n'y va pas par quatre chemins le môssieur ! Donc, la Place de l'homme est la Place la plus répandue qui soit au monde ! Ainsi que la Place de la femme !
Merci Ora pour ce joli texte rafraîchissant !

Merci Annick :) ça en fait du monde dans nos bras!

Elsa, mon amie, a passé des jours et des jours dans le flou, la tête à l’envers, l’estomac en vrac, les muscles tétanisés. Des semaines entières que l’envie de bouger ne serait-ce que le petit doigt avait disparue, comme avait disparu l’envie du quart d’heure rigolade autour de la machine à café avec les collègues, des balades nez au vent, et tout plein d’ autres envies qui ne trouvaient plus d’attrait à ses yeux.

Tout dans ses journées lui paraissait morne, inutile, elle se trainait lourde d’une tristesse sans nom et de fatigues insurmontables, essayant d'estimer le nombre des coups de pieds au cul qui lui seraient nécessaires pour trouver la force d’aller un peu de l’avant.

Puis des proches, dont je faisais évidemment partie, des fous bien sûr, osèrent prononcer le mot dépression.

Quelques années tourmentées passèrent encore – Ah, ça, non, elle n’appartient pas à la race des mauviettes, elle ne se laissera pas faire comme ça, qu’on se le dise ! - jusqu’à ce que surviennent d’effroyables vertiges, et qu’elle se décide enfin à consulter.

Folle qu’elle était ! Pourquoi ne l’avait-elle fait plus tôt ?

Une échographie, un bilan sanguin pour connaître le bon dosage nécessaire à la TSH de sa thyroïde déglinguée, et voilà sa vie métamorphosée qui reprend comme avant la tourmente . Bon, d’accord, il y a bien ce fichu médoc à avaler tous les matins du reste de sa vie, mais tout de même, y'a pas photo.

@ Ora : perso, j'oserais pas. Un coup de râteau est si vite arrivé ;=)
Cela m'a fait penser à la blague de l'homme qui cherche un bouquin à la bibliothèque sur la supériorité de l'homme...

@ Cat : je ne savais pas l'effet que ça faisait... Le gag, c'est que je prends le même cachet tous les matins.

@ cat: Quelle épreuve! Je ne sais pas si vous l'avez vécue vous-même mais en tout cas vous décrivez bien ce que doit être une traversée du désert, sur des questions de forme et de santé en plus! Même si l'issue est autre, votre partage soulève aussi la question de la dépression et de comment nous la percevons.
En tout cas, ouf pour Elsa! :)

Cat : Merci pour ce partage édifiant. Comme quoi, le corps et l'esprit sont liés. Quand on n'a plus envie d'aller de l'avant, peut-être est-ce avant tout une histoire d'hormone, d'organe défaillant...

Comment te dire, Pepito ? Si tu as commencé à prendre tes mignons petits cachets dès les premiers symptômes ressentis, tu t’es évité à coup sûr la plupart des désagréments de ma liste. Ce qui prouve que tu as été bien plus sage que ma copine Elsa, elle qui a mis dix ans avant d’accepter les examens cliniques révélateurs.

Ora, je dirais que la dépression est une parmi tant d’autres conséquences possibles du dérèglement d’une toute petite glande nommée thyroïde. Véritable usine à hormones dont on se fout royalement tant qu’elle fonctionne correctement, elle peut mettre un souk terrible au moindre déséquilibre, dont la période de menstruation chez certaines femmes, pour ne pas dire toutes, donne un aperçu bref mais assez réaliste de la chose.

Je pense qu’effectivement on peut parler de traversée du désert, à partir du moment où, lorsque l’on est atteint de ce mal sournois qui prend mille chemins de traverse pour s’exprimer (dont friser la dépression n’est pas le pire), on ne comprend pas immédiatement ce qui vient de nous tomber sur la tête.

Le côté positif dans tout ça, c’est l’existence d’un médicament, braves petites hormones de synthèse qui rétablissent la balance illico.

Annick, oui, c’est tout à fait ça, un organe défaille et zou… on court à la catastrophe ! Je me demande comment on faisait avant l’invention de ces pilules miracles… et ça me fait froid dans le dos d’imaginer, brr…