C'est « le jour des morts » encore une fois, comme chaque année, et comme chaque année je médite en silence sur la tombe de ma « Louise Amour » , ainsi que je l'appelle en mon for intérieur dévasté depuis qu'elle m'a quitté pour les espaces souterrains. Notre union sacrée comptait au nombre des « amours en marge » : elle était pour moi « le chat qui venait du ciel », j'étais pour elle un « prince d'orchestre » ! Et puis d'un coup, sans avertissement, il est « perdu le paradis » : « la tache » sur mon âme est indélébile.
Je regarde la tombe et me pose des questions vaines sur mon avenir. J'étais poète alors, et pourrais me lancer dans l'écriture de récits noirs où l'on assassine, escroque, violente à tour de bras, mais je sais bien dans mon cœur que « les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers ». Et puis je n'ai plus l'âge de rejoindre « la société des jeunes pianistes ». En bref, le vieil homme terne que je suis devenu ne sait plus « comment gagner sa vie honnêtement ». Ou alors il faudrait qu'il se lance dans une épreuve impossible, un travail d'hercule, qu'il réponde à une question du type : « comment enseigner l'histoire à un ado dégénéré en repoussant les assauts d'une nymphomane alcoolique » ? Dites-moi, je vous en supplie, ce que vous en pensez !

La société des jeunes pianistes, Ketil Björnstod
Le jour des morts, Cees Nooteboom
Comment gagner sa vie honnêtement, Jean Rouaud
Louise Amour, Christian Bobin
Prince d'orchestre, Métin Arditi
Les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers, Björn Larsenn
Perdu le paradis, Cees Nooteboom
Amours en marge, Yoko Ogawa
Le chat qui venait du ciel, Hiroïdo Takushi
La tache, Philip Roth
Comment enseigner l'histoire à un ado dégénéré en repoussant les assauts d'une nymphomane alcoolique ?, Tom Sharpe


P.S. Je me suis permis de corser la consigne en ne choisissant que des romans lus depuis le début de cette année.

« Un certain mois d’avril à Adana », les « libellules » se lamentaient. La lumière ne ressemblait plus à la lumière. Si elles s’étaient habituées à mener « une vie à coucher dehors », il n’en demeurait pas moins qu’elles tenaient à la clarté solaire et aux « UV », aussi invisibles soient-ils.
L’une d’entre elles s’était glissée dans un rayon « infrarouge » et écoutait tristement « la chanson de la neige silencieuse ». « Je vole », se disait-elle, mais à quoi bon attendre « la nuit de l’oracle » menteur ? « Heureux les heureux » qui gobent sans sourciller les belles promesses. À lire et relire « le journal d’un corps » astreint aux nouvelles contraintes, il faut l’admettre, « insecte », myriapode, mammifère et invertébré, tous sommes tous condamnés à subir l’inconfortable et sombre cachot terrestre.

Chanson de la neige silencieuse, Selby
La nuit de l’oracle, Auster
Heureux les heureux, Reza
Infrarouge, Huston
Une vie à coucher dehors, Tesson
UV, Joncours
Je vole ,Belezi
Un certain mois d’avril à Adana , Arsand
Journal d’un corps, Pennac
Insecte, Castillon
Libellules Egloff

Allez, je m'y risque. Mais comme j'aime bien les défis, j'ai choisi d'utiliser exclusivement les titres d'un seul et même auteur, le premier que j'ai aperçu en levant les yeux au hasard vers les rayons de ma bibliothèque.



L’air était chargé d’un danger immédiat. Il savait que ces jeux de guerre se font sur ordre, mais ils n’ont de jeu que le nom : on y tue aussi bien qu’ailleurs, sans hésiter, et sans aucun remords.

Tout était rouge autour de lui. L’air, le vent, les nuages composaient une tempête rouge qui le happait, qui le poussait alternativement vers les deux garnisons placées aux deux extrémités du champ. Leurs emblèmes, l’ours et le dragon, flottaient au-dessus des barrières, comme les oriflammes des légions barbares d’autrefois.

Il pensait à la révolution qu’ils avaient tenté, le mois précédent Avaient-ils eu raison, dans la folie de leurs idéaux, de vouloir ce mois d’octobre rouge ? Il était bien tard pour se poser la question, maintenant que la fin était proche.

Le drone ne le lâchait pas. Il était équipé d’une caméra, il le savait, sa couleur rouge l’identifiait comme appartenant à la chaîne du pouvoir. Un oiseau de feu, un cardinal du Kremlin, qui attendait patiemment la fin inéluctable.

Il n’avait plus peur, à présent. Il avait épuisé la somme de toutes les peurs. Et quand les dents du tigre se refermèrent sur sa gorge, il accueillit la fin comme une délivrance.

(10 romans de Tom Clancy)

(j'ai pris quelques libertés avec les titres, j'espère que je serai pardonné).


"Le cave --du Vatican-- se rebiffe" pensa le diable en apprenant la démission du Pape.

Cet évènement, appelé à faire date dans La Capital de la Chrétienté, faisait du souverain pontife un simple quidam tandis qu'un autre allait monter sur le trône de Saint Pierre. Lucifer se demanda s'il pouvait profiter de la situation pour embêter un peu son Éternel rival. Profitant de l'obscurité, il se frotta contre les marches du Palais de Saint Pierre de Rome pour se glisser sous les souliers de satin des prélats en chemin.

Les membres du conclave se réunirent pour élire le prochain Pape, sans savoir qu'ils étaient touchés par l'effleure du Mal.

Le représentant du Canada fut un temps pressenti, mais chuta à cause du fameux scandale les Miss Érables, une histoire de liaisons dangereuses avec de jolies québécoises trop peu farouches.

Un cardinal couleur terre d'ébene fut envisagé par la Curée romaine avant d'être récusé pour communisme: les progressistes ne l'était pas encore assez pour confier le trône de Saint-Pierre à cette évêque qui conjuguait trop sulfureusement le Rouge et le Noir.

Le conclave ne dura pas très longtemps. Les électeurs, vieux pour la plupart, ne voulaient pas rester Cinq Matins de Trop. Voulant en finir, le Diable changea subrepticement les bulletins de vote qui priva de la victoire un rugueux mercenaire du goupillon pour un séducteur argentin a première vue inoffensif.

Les cardinaux ainsi cornaqués par Lucifer désignèrent donc un individu simple, qui stupéfia tout le monde en allant laver des pieds dans une École des Femmes. Sa bonhommie lui gagna des sympathies par millions. Finalement, le flot des baptisés se remis à gonfler par ce retour à une Foi pauvre et humble.

Furieux d'avoir été dépassé par son stratagème, le Diable reçu un véritable coup d'Assomoir.

Mais évidemment, on se doute que Le Prince des Ténèbres se relèvera pour recommencer son oeuvre aux noirs desseins !

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Le Cave se rebiffe - Albert Simonin
Les caves du Vatican - André Gide
Le Capital - Karl Marx
Le Soulier de Satin - Paul Claudel
Les Fleurs du Mal - Charles Beaudelaire
Les Misérables - Victor Hugo
Les Liaisons Dangereuses - Pierre Choderlos de Laclos
Terre d'ébene - Albert Londres
La Curée - Emile Zola
Le Rouge et le Noir - Stendhal
Cinq matins de trop - Kenneth Cook
Le Séducteur Argentin - Abbey Green (Coll. Harlequin)
l'Ecole des femmes - Molières
L'assomoir - Emile Zola
Le Prince - Machiavel
L'Oeuvre au Noir - Marguerite Youcenar

(la plupart sont des classiques - mais je vous encourage à trouver le petit bouquin de Kenneth Cook, un écrivain australien à la plume très sombre - Je n'ai pas lu "le séducteur argentin" mais je me demande si je ne devrais pas)

Ola palimpeste! Tu as gravement écorché la contrainte! Passe pour le jeu avec les titres mais je vois du théâtre du recueil et même un traité d'économie parmi les oeuvres citées, hors la consigne parlait de roman. Un mauvais point... La prochaine fois c'est sept jours au cachot.

@Tankipass: Il y a bien dix romans. Le reste est en sus...

Je voulais mettre en sus, dans mon texte, dix titres de films pour égarer tout le monde, mais le courage m'a manqué. Merci Palimpseste pour le "en sus". On en manque toujours trop...
@tankipass
Et la prochaine contrainte? Je proposerais, cette fois ou une autre, un texte poétique et lyrique, de forme libre ou contrainte, sur le thème du "coucher de soleil", qui n'utiliserait aucune comparaison, aucune métaphore, aucune métonymie. Seules les catéchrèses avérées, genre "coucher de soleil", seraient tolérées.

Désolé palimpeste, je n'avais pas compté... Je donne
la contrainte et je vais direct au cachot.

Pour cette semaine je vous propose un texte poétique et lyrique, de forme libre, sur le thème du coucher de soleil sans aucune comparaison, métaphore ou métonymie. Seules les catéchèses avérées genre "coucher de soleil" seront acceptées. (je comprend le sens de la phrase mais le mot catéchèse dedans je ne le comprend pas, même après passage sur wikipédia...). Je crois que ça va être compliqué mais ça peut être intéressant.

Merci acratopege, je n'étais justement pas bien inspiré cette semaine, surement le changement d'heure...

Citation :

C'est peut-être une petite erreur de préfixe, ou l’accent de Thessalie qui rend mal le grec du Péloponnèse :)

La catachrèse est une figure de style qui consiste à détourner un mot de son sens propre en étendant sa signification : le pied d'une table, être à cheval sur une chaise.

Ça serait un sens figuré qui ne renvoie à aucun nom (dans "coucher de soleil", il ne s'agit pas vraiment d'un astre qui se met au lit, c'est un sens figuré de "coucher", et il n'y a aucun autre mot pour décrire le phénomène)

J'ai tiré du Grevisse la définition suivante de catachrèse, qu'une confusion, pascale sans doute, m'a fait écrire catéchrèse à cause de la catéchèse: "on appelle parfois catachrèse les métaphores si bien entrées dans l'usage qu'elles ne sont plus senties comme telles: Les ailes d'un moulin. Mais le mot a d'autres définitions." Désolé pour la confusion!