Ah ces sacrées mamelles ! Mona et moi-même avons failli têter la louve mais voilà qui est fait, et bien fait !

En récompense à vos méritoires efforts voici ce que Du Bellay nous avait concocté... sans bien sûr connaître nos fameux bouts rimés

Une louve je vis sous l'antre d'un rocher

Une louve je vis sous l'antre d'un rocher
Allaitant deux bessons : je vis à sa mamelle
Mignardement jouer cette couple jumelle,
Et d'un col allongé la louve les lécher.

Je la vis hors de là sa pâture chercher,
Et courant par les champs, d'une fureur nouvelle
Ensanglanter la dent et la patte cruelle
Sur les menus troupeaux pour sa soif étancher.

Je vis mille veneurs descendre des montagnes
Qui bornent d'un côté les lombardes campagnes,
Et vis de cent épieux lui donner dans le flanc.

Je la vis de son long sur la plaine étendue,
Poussant mille sanglots, se vautrer en son sang,
Et dessus un vieux tronc la dépouille pendue...

Au suivant !

Pour me faire pardonner de vous avoir fait attendre...
Je vous propose ces rimes :

caresse – empourprés – paresse – ignorés
enchanteresse – maniérés – chasseresse – assurés
gloire – Loire – manoirs – retraites – poètes – noirs

Voici une dizaine de jours j'ai recueilli un chaton noir comme l'ébène. Maigre et affamé il est maintenant prêt à devenir une belle
chatte bien grasse. En son honneur voici le poème :


Mes doigts se sont souvent sous sa griffe empourprés,
Je ne ménage pas cependant ma caresse
Même si la cruelle, aux goûts de chasseresse,
Affûte sur ma peau des talents ignorés.

Elle arrive sans bruit, de ses pas maniérés,
Et me fait les yeux doux comme une enchanteresse,
Puis se love sur moi, s’étire avec paresse,
Et pétrit mes genoux à gestes concentrés *

Existe-t-il ailleurs, dans ce pays de Loire
Animal plus félin dans sa précoce gloire ?
Je n’ai pas rencontré dans quelconque manoir

Un aussi beau chaton pour combler ma retraite
Et je puis affirmer, parole de poète,
Que j’aime Baguera, ma panthère au poil noir.

J'adore l'opposition bien marquée entre les quatrains, narratifs et un peu maniérés (rimes obligent) et les tercets, petits bijoux d'humour tendre.
Je crois bien que je préfère ce chaton ligérien à la dame Créole de Ch.B

Wouah ! Superbe sonnet et tu as su trouver le sujet idéal pour accommoder ces rimes. Un grand bravo très chère Mona...

Bravo Mona. Entre le retour de chaton de Léo, et ton sonnet, je vais presque être amené à aimer les chats... Oui, vraiment, un très beau tableau, et un bel éloge. J'espère qu'il ronronnera quand tu le lui liras...

Merci à vous trois. Oui, le chaton (femelle je pense) qui a entre 2 et 3 mois est un vrai petit diable mais j'aime les chats. Mon mari beaucoup moins. Pourtant elle l'adore et le câline bien plus que moi qui suis son souffre-douleurs... Allez y comprendre quelque chose !

A celles qui se reconnaitront... Michelle, Jeannine, Viviane, Christiane, etc.



Te souviens-tu ma mie, ô sainte pécheresse*,
De nos tendres émois, le cœur mal assuré,
Tandis que sur l’écran Jane la chasseresse
S’entichait d’un Tarzan assez peu maniéré ?

Du ciné du Jeudi, séance enchanteresse,
Nous sortions étourdis, le visage empourpré
Par un premier baiser, une simple caresse,
Découvrant à treize ans ce plaisir ignoré.

Dès le film achevé, je battais en retraite
Oubliant sur le champ mes serments de poète
Murmurés à voix basse et jurés dans le noir…

De ces flirts enivrants, doux comme vins de Loire,
Il ne reste aujourd’hui que souvenirs sans gloire
Et fantômes d’antan comme en un vieux manoir…

Alex, quelle facilité !

Jeux de chats, jeux de griffes, je me joins à Alex, Tizeff et Méléagre pour vous adresser mes compliments, Mona.

Voici ma modeste contribution. Soyez sans indulgence pour signaler mes erreurs, c'est pour apprendre que je viens me frotter à la prosodie classique, ses hiatus et ses 'e' pas muets...


LUCIE L'AMERE MORT-SUR-LOIRE

Edgard du bout des doigts dessine une caresse
Qu'il vise de ses traits aux troubles empourprés
Du corps en son boudoir imitant la paresse,
Appels du coeur blessé des rustres ignorés.

Pourquoi ce soleil noir, sublime enchanteresse,
Dans le ciel voguant aux tons maniérés ?
Folie, Lammermoor, funeste chasseresse,
Assassine des sens les émois assurés.

Cardamone et cheveux, sang volé, mandegloire
Se noient en pleurant aux courants de la Loire,
Miroir où s'engloutit le reflet des manoirs.

Pour les seins aux abois se meurent les retraites.
Quelque doux madrigal qu'écrivent les poètes
Les cardes douloureux divaguent aux bois noirs...

Le cinoche, ce n'était par hasard le Sélect à Kérinou ? Je dis ça parce que les prénoms des nénettes ne me sont pas tout à fait étrangers.


En tout cas merci Alex pour ce sonnet à la fois tendre, malicieux et nostalgique qui nous concerne à peu près tous.
La présentation est géniale.