OK, contribution :
Soleil ! Soleil, que ne daignes-tu te montrer enfin au milieu de cette grisaille ? Soleil, je t'ai tant attendu, au long de tant d'hivers si longs, autant d'oblongs sillages si ronds sur mon visage. Jamais je ne t'ai autant espéré. Soleil, encore une fois te contempler ! Te goûter, te déguster, t'exagérer là, sans protection, sans ce FPS moderne, sans cette modération proclamée par les journaux, les magazines, les encarts publicitaires. T'offrir ma peau moite, nue, conciliante, brûlante du désir de sentir tes rayons me pénétrer, me roussir peu à peu, transformer mon ADN, instiller tes cellules cancéreuses sur mes muqueuses consentantes. Viens là soleil, que je te cause un peu. On est arrivé au printemps, là, tu le sais ? Allez, dévoile ta face éclatante, brille de tous tes feux, réchauffe-nous cette terre permafrostée. Que tes UV dégèlent cet hiver nucléaire qui nous accable depuis que ces ordures aux culs rances nous ont matraqués de leurs missiles assassins. Fatigué de recycler nos excréments, je n'en peux plus de cette odeur rance qui insupporte, de cette nourriture prémâchée qu'il nous faut avaler depuis.
Soleil, un signe de toi et je sors de ce bunker détesté, de cet igloo bétonné où nous attendons le futur. Moi, c'est le printemps que j'attends.

ici au Québec, on l'attend encore. Y en a marre, comme dirait Léo...

Voici ma contribution de ce thème du printemps.


C'était le printemps: à l'auberge et il fallait nettoyé les excréments des animaux pour les chipé aux ordures que la vétérinaire de Karine soignait dans son arche parce ce que ca sentais les rances ...

Mais dis-moi as-tu donnée cette nourriture prémâchée et muqueuse aux cochons dans une ferme Karine...

Non je l'ai chipé dans la décharge où je l'ai fait brûler en allumant une feuille de papier avec mon briquet...

Tu pensais que j'aurais donner cette cochonnerie aux animaux de la ferme qu'il y a pas très loin de cette auberge où nous travaillons les filles et moi comme serveuse de table...

Je ne sais pas ma chérie...

Cesser de vous chicaner et venez m'aider à construire un bac de sable pour que nos chiens Milou et Félix fasse leur cochonnerie parce ce que je suis écœurée qu'il y a des excréments dans l'herbe autour de l'auberge...

On viens Maggie on va t'aider à construire ce bac de sable et comme ca mon chum, et les filles pourrons le nettoyer avant d'allez en classe pour les cours de peinture que Laurel aimes beaucoup.
Mais dis-moi où es Laurel...

Je suis là et je viens de la décharge où j'ai photographiée Karine on train de faire brûler des ordures dans les flammes ainsi que sa robe de cocktail déchiré...

Tu m'as suivi Laurel...

Oui je t'ai suivi ma chérie et j'ai fait une très jolie photo de toi en train de faire brûler ta robe de cocktail...

Mais Karine tu n'était pas obligé de faire brûler cette robe de cocktail que tu aimais porter en travaillant comme serveuse de table dans notre auberge...

J'aurai pu la réparé cette robe de cocktail ma chérie...

Messieurs... messieurs ! (je crois qu'y pas eu de dame, sur la contrainte célinienne).
J'ai été très sensible au chagrin de Palimpseste, s'agissant des soupçons de complaisance, aussi j'entends remettre de l'ordre dans cette turne et pas vous louper, mécréants !

Comme je souhaite qu'il ne puisse y avoir aucune contestation quant au caractère extrêmement objectif de l'appréciation, je me suis permis de solliciter un ami, expert sur la question de faire tourner les tables, de secouer les guéridons et recueillir doucement la parole des morts. De la séance dont nous fûmes à la fois les acteurs et les témoins, je vous rapporte ici les propos du maître de Courbevoie, du passage Choiseul, de Sigmaringen et de Meudon :

"Ces médiocres, plagiaires gugusses imaginent faire entrer l'émotion de l'oral dans l'écrit en contractant les mots par d'horribles apostrophes dont la vue m'est insoutenable. Faites leur savoir, à ces brutes, à ces minus, qu'ils ont rien appris de moi, que tout ce blabla, c'est que de la peine pour des prunes, que la dentelle des mots leur restera à jamais opaque, inaccessible c'est-à-dire ! Rosebud, à la limite, pourrait un jour, avec beaucoup d'abnégation et d'horribles effort, apercevoir le bout du tunnel. MonsieurF et Palimpseste, en revanche, sont dans le noir pour toujours. Ils ont commis la coupable erreur de simuler la vulgarité de l'oral alors qu'il s'agissait au contraire d'en condenser l'essence émotive. J'ai découvert mon génie dans le métro, certes, mais ses rails ne sont pas profilés pour eux. Ils patinent et demeurent immobiles, dans ce boyau dont il ne sortiront jamais, comme ne sortira jamais de mon fondement Jean-Baptiste le philosoooophe. Je suis tranquille pour un siècle encore ! J'aurais à craindre de Stony ? Peut-être... c'est à voir... Patientons ! Je patiente depuis si longtemps ! L'éternité m'est si douce. Je repasserai dans dans deux siècles, des fois que... l'improbable m'excite. Depuis le premier juillet 1961, "impossible" est devenu français... et pour longtemps ! Pour toujours ?"

Quand même il faut saluer la performance de Stony dans l’exercice précédent – bon, il n’est pas arrivé dans les temps, donc il est éliminé, mais il me semble que c’est lui qui s’est le mieux approché (autant que ce soit possible) de la contrainte célinienne. Ca se remarque à des petites choses comme « très abrutie façon », ou « brousaille », ou bien « on voyait bien que ça le contrariait ». Le renversement des mots, les déformations à partir mots existants, le "ça", c’est du Céline. En plus, l’histoire est vraiment drôle et bien construite. Je repensais en la lisant au passage de Mort à Crédit où Courtial des Pereires s’obstine à vouloir faire voler son dirigeable déglingué – comment s’appelait-il – aidez-moi, ça fait si longtemps …
Bravo Stony !

je n'avais pas vu le dernier post de Stony avant de passer ma brosse à reluire. Sinon, vous pensez, il aurait pu aller se brosser tout seul.

Vous êtes trop rapide, Rosebud.
Vous êtes ingrat, aussi, car vous n'avez pas noté que vous êtes le seul que le maître ait à peu près épargné. D'ailleurs, ils suffit de constater que vous êtes capable de relever les éléments constitutifs de ma performance (c'est votre "mot", après tout, pas le mien)
Car en effet, vous avez vu juste : le Dany en question est quelqu'un que j'ai réellement connu, mais j'avoue qu'il est présenté sur le modèle de des Pereires.

Heu... c'était pour rire, hein !


PS: le dirigeable qui se ramassait en boule à chaque fois, c'était le "Zélé".

C'est ça, "le Zélé". Céline aurait pu choisir "le Triomphant", ou "Pégase", non il choisit le simple "Zélé" et c'est beaucoup mieux. Ca tient du prodige!
L'épisode des patates aux ultra-sons n'est pas piqué des vers non plus. D'ailleurs qu'y a-t-il à jeter chez Céline? Oui, je sais, je sais ce qu'il y a à jeter!
Je suis bien content aussi que le maître m'ait épargné, je lui en sais gré.

heu... toc-toc ? j'entr'ouvre la porte pour demander si le printemps est toujours dans sa bonne semaine ?...en attendant une confirmation, je ne résiste pas à me glisser sur la pointe des pieds dans ce beau salon, pour y déposer quelques fleurettes de mon jardin (mais je tremble vu le niveau)

- Cette année ça m'arrange le printemps ne vient pas :
Moi je vais de ce pas retourner dans ma grange.
- Mais où donc es-tu, toi, dans quelle glu ou fange
...Que ne te dérangent ces parfums délicats ? (*)

- Peu me chaut la rosée, à quoi bon les couleurs,
Quand toutes ces rancoeurs cette fois m'ont cerné ?
- Fais donc fi des douleurs dont tu es la risée,
Cet orgueil compassé fera bien ton malheur !

- Mais je ne sais pas où est la brèche du mur
Et je me cogne dur, croyant fuir les remous.
- Mais pourtant tout est mûr ! Te couler dans les doux
Flots grisants, ces bijoux frissonnant dans l'azur...

Oh ! Les frous-frous taquins voletant ingénus
Justement survenus devant ton oeil chagrin :
Remercie donc les nues, ils sont là, sous ta main,
Et loin de tes recoins, rallie l'appel des rus

(*) ché pô bin compter... la faute à l'accent du Sud... s'il manque un pied j'écris "tous ces parfums"... mais peut-être, il manque des pieds partout... dommage pour un printemps

Très beau texte sur le printemps.

Très beau texte sur le printemps.