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2 Utilisateur(s) anonymes
Re : Micro-nouvelles |
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Expert Onirien
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Machination
J'ouvre la porte de l'appartement. Quelque chose m'intrigue. Une impression bizarre que je ne peux définir. L'aspirateur a des airs de conspirateur, là, comme une embûche au milieu de l'entrée. Je dois manœuvrer pour aller dans la cuisine. Deux serpillières conniventes tiennent conciliabule sur le séchoir. Le seau est de faction sur l'évier comme un conjuré dont les menées sont en préparation. L'éponge et la brosse se liguent en une secrète cabale dans la cuvette comploteuse. Qu'est-ce que ce micmac ? Même les torchons sont dans le coup, j’en suis certain. Ils ont pratiquement pris parti dans cette manigance. Tout a été manipulé selon un plan dont l'assemblage m'échappe. Et, ultime composition dans cette combinaison, je me prends les pieds dans le balai. Je m'étale de tout mon long, le nez dans la poussière. Ma respiration chasse des moutons. Bon, bon, j'ai compris votre manège : ça fait trop longtemps que je n'ai pas fait le ménage. (955 caractères, espaces et titres inclus) Pour passer l'éponger, ou la jeter, voire pour essorer, c'est ici.
Contribution du : 17/08/2017 13:53
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Re : Micro-nouvelles |
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Maître Onirien
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31/10/2009 09:29 De du côté de Brocéliande
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Mère et fille
Je me souviens de ces allées où nous marchions à petits pas. Ses doigts tremblants à la saignée de mon coude, s’appuyant sur ma vigueur. Elle souriait, poupée sage qui se laisse manipuler, privée de résistance. Ses mots lui ayant échappé, comprenait-elle encore les miens ? Nous nous asseyions sur un banc. " Tu es bien ? Tu n'as pas froid ? " Elle me lissait les cheveux, vieux geste remontant du flou de mon enfance, puis elle grattait sur ses genoux une tache invisible. Parfois une ombre nous croisait, s'attardait en jetant des bribes de discours qui toujours la contrariaient. Elle haussait une épaule agacée, me tirait vivement à l'écart. Farouche, autoritaire, c'était encore bien elle, ma mère ! Je la retrouvais sous ce masque vide, flasque vestige cramponné à mon bras. Elle n’avait pas l’intention de me partager avec qui que ce soit. Je revoyais, bien des années plus tôt, ces "fiancés" qu’elle évinçait d’un revers de main péremptoire : -tu vaux bien mieux que ça, ma fille ! (998 caractères espaces et titre inclus) Quelques pas avec nous dans l'allée de gravier : http://www.oniris.be/forum/micro-nouvelles-commentaires-t19775s140.html#forumpost326766
Contribution du : 17/08/2017 17:19
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"La poésie est aux apparences ce que l'alcool est au jus de fruit" Guillevic |
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Re : Micro-nouvelles |
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Expert Onirien
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Limite de garantie
Je suis écœuré. J’ai coupé la web-visio. Toujours la même rengaine : « La responsabilité de Bioware n'est pas engagée. » Les gens crèvent par dizaines à cause d'une série défectueuse d'implants de bio-contrôle. Les pouvoirs publics parlent de vide juridique. Ce produit est pourtant garanti et la garantie est illimitée. Ce matin, en me réveillant, je me suis senti faible. J'ai réalisé tout de suite que j'avais les fameux symptômes. Depuis, je ne cesse de lire et relire le contrat qui me lie à Bioware. Je ne comprends toujours pas pourquoi cette société peut légalement ne pas intervenir. Si je ne peux les contraindre à intervenir, ce soir sera le dernier. La soirée approche, trop vite. Je relis ce torchon de mots qui va me tuer, une dernière fois. Oh non ! Ce n'est pas vrai ! Et ça crève les yeux ! J'ai l'évidence sous mon nez comme tout le monde. C'est écrit noir sur blanc, c'est si simple. Dans une heure ou deux je serai mort et « le bio-contrôle est garantie à vie ». (998 caractères titre et espaces inclus) Désolé, c'est noir.
Contribution du : 24/08/2017 15:17
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Re : Micro-nouvelles |
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Expert Onirien
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Conte estival
Il est 3H, maman dort. Je prépare mes affaires sans bruit, il m’a dit qu’il m’attendrait avec la voiture au camping. J’ai encore le temps, c’est trop excitant. Un rendez-vous secret et puis partir, il a raison Roger, j’étouffe ici, je peux jamais rien faire. Je suis toujours sous surveillance. A douze ans, je veux m’amuser, je veux être libre, je ne suis plus un bébé, merde. J’y serais vite à vélo, il m’aime, il me l’a dit hier. Bon, j’y suis, j’ai un peu la trouille…Il fait encore nuit. Je pose le vélo derrière la cabane, maman le retrouvera bien. Pas de voiture, pas de Roger, il est trop tôt. Qu’est-ce qu’il m’adore Roger, j’ai pas trop aimer, moi, qu’il me tripote comme ça, il paraît que c’est comme ça qu’on fait quand on est amoureux. Mais ça m’a gêné et fait un peu mal. Toujours pas là, et le soleil qui se lève ! Je commence à avoir faim, bon qu’est-ce que je fais, je peux quand même pas aller jusqu’à sa caravane, si sa femme me voit elle va être furax, il m’a dit que c’était une vraie sorcière ! (1030 signes et espaces)
Contribution du : 02/09/2017 17:30
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"J'en ai plus qu'assez d'en avoir plus qu'assez" |
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Re : Micro-nouvelles |
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Expert Onirien
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Contribution du : 07/09/2017 16:46
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Re : Micro-nouvelles |
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Expert Onirien
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Mélancolie
L’horizon est aussi gris que mon humeur et le désert aussi blanc que l’oubli. Le sable, qui crisse sous mes pas sans but, lacère le silence qui emprisonne mon souffle. Le jour, embourbé dans un crépuscule sans fin, m’écrase de brumes glaciales. J’ai froid. De minuscules cailloux, brisures de souvenirs éparpillées sur le sol, reflètent la lumière d’un regard perdu. Je ramasse quelques moments mais leurs aspérités me blessent. Je tente de rassembler les morceaux mais la mémoire est remplie d’une cruelle absence. J’ai froid. J’essaie en vain de me réchauffer dans l’ombre du temps immobile. Je ne pourrai pas le retenir éternellement, il va m’échapper. Frotter le silex des instants pour une étincelle de rêve… Voilà à quel espoir j’en suis réduit. Et si la vie prenait feu ? Je n’aurais plus froid. (812 caractères titres et espaces inclus) Pour, peut-être, un peu de chaleur partagée, c'est par ici
Contribution du : 07/09/2017 17:17
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Re : Micro-nouvelles |
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"Quand "il" se réveilla, le dinosaure était toujours là."
"Il" c'était moi. La maison est éteinte. Je n'ai pas envie de pisser, ni même de café, envie de rien; le ciel est semblable à du marbre bas de gamme, des arbres n'émanent ni frémissements ni chants d'oiseaux, ils sont peut-être en congrès annuel. Le dinosaure ouvre une gueule plus large qu'une bouche de métro, il baille, derrière lui, dans mon champ, un étron fumant d'une tonne cinq. Le con avait bouffé toutes les pilules de l'usine à viagra, sa queue trouait les nuages, un enfant passant par là dit à sa mère: Maman...tu vois, ça existe le haricot magique !
Contribution du : 07/09/2017 21:08
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Re : Micro-nouvelles |
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Maître Onirien
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Les clés
Elle rentre d'un week-end chez ses amis. Une heure de route. Rendue chez elle pile à l'heure du petit pot de bébé. Pas de clés pour entrer ; oubliées chez les potes. Heureusement, le jardin, la table pour s'installer, le petit pot sucré à portée... bébé peut dormir dans la voiture le temps de retourner chercher la clé. Une heure de route. La nuit tombe. Arrive chez les copains la jauge vide. Repart, suivie des potes au cas où, à la pêche d'une station service ouverte. Le dimanche soir*. Heureusement bébé dort. En déniche une sur le point de fermer. Pendant que les potes font le plein, elle va s'abriter pour fumer une cigarette dans leur voiture**. Enfin, repart chez elle. Une heure. Enfin, arrive jusque devant sa porte... Pas de sac à main, oublié dans l'auto des copains, pas de clés pour entrer ! Elle finit par vandaliser sa propre maison en cassant un carreau, pour entrer par la fenêtre et ouvrir de l'intérieur ! * à l'époque, pas carte de paiement ni pompes automatiques. ** à l'époque, uniquement des publicités pro-tabagisme.
Contribution du : 19/09/2017 15:27
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L'homme est conduit par l'aveugle qui est en lui- J.Claude Izzo Poésie et carnets artistiques : https://papiers-relies.assoconnect.com/ |
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Re : Micro-nouvelles |
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Visiteur
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Paf le chat
Paf pète, puis fait sortir de sa gorge un son à la con, comme celui d'un mouton écossais, téléporté subrepticement et enchevêtré dans les ronces du maquis corse. Moi, en tant que chat, je copule, chasse; me prélasse au soleil dans la jardinière suspendue de monsieur Mathoux. Ou à l'intérieur, quand les ciels sont hostiles, dans la bibliothèque de madame Chavert, là, au milieu des livres, je peux prendre du recul et comprendre le monde. L'autre jour, la mère Chavert m'a vu lire une revue -Tiens, le chat lit l'hebdo ! Une bande décimée ! A-t-elle dit en pensant visiblement à autre chose. Parfois je veux laisser ma griffe, qu'on reconnaisse mon coup de patte, de mon vivant bien entendu. Mais là, que vois-je ! Une chatte blanche sur le trottoir d'en face, une nouvelle ! Il traverse, la C3 roule bien vite dans la rue déserte. PAAAF...le chat !
Contribution du : 19/09/2017 17:19
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Re : Micro-nouvelles |
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Maître Onirien
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28/12/2008 17:33 Groupe :
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Le Professeur
Entre étudiants, on l’appelait par son prénom : Léon. Il enseignait les mathématiques en classe préparatoire technologique. Sur le tableau noir, tout au bout des calculs blancs, il traçait les courbes résultant des fonctions étudiées : anses de panier, trèfles à quatre feuilles, spirales… Lorsqu’on arrivait à suivre ses démonstrations, s’étalait devant nos yeux leur beauté pure, éclatante. Parfois, en dehors des cours, il jouait aux échecs avec nous. – Sur e2-e4, suivra une défense Philidor, sicilienne, russe…, voir le polycopié « La conduite de la partie ». Également passionné de musique classique, il nous expliqua, pour illustrer je ne sais quel théorème, le principe des partitions pour orchestre symphonique. Des années plus tard, le cancer a emmené Léon quelque part, tout là-bas ou tout là-haut. Médecine n’est pas mathématique ; les courbes de sa maladie se tordaient en tous sens, ne suivant même pas la théorie du chaos. Il n’a pas su résoudre. Il trace sans doute désormais sa géométrie descriptive du coté de l’infini d’une asymptote diagonale, sous le soleil bleu de la symphonie de l’autre bord des mondes ; dans la beauté des nombres. (970 caractères) Pour vos avis éventuels et conseils sur cet essai de micro-nouvelle c'est ici
Contribution du : 11/05/2018 08:24
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