Mel, pourquoi pas ? C'est presque mélodieux...
Alors, Brabant, c'était quoi, le poème de départ ?
Si vous voulez, j'ai une série de rimes en stock, sauf si qqn veut en proposer une autre.

Exact méléagre et Mona pour la diérèse que j'aurais dû faire puisque Charles Cros la fait !

Comment fais-tu Mona pour connaître tous ces sonnets ? Déjà tu avais deviné celui de Baudelaire et maintenant Cros, Quelle culture dis-moi !

En cour d'assises

(A Edouard Dubus)

Je suis l'expulsé des vieilles pagodes
Ayant un peu ri pendant le Mystère ;
Les anciens ont dit : Il fallait se taire
Quand nous récitions, solennels, nos odes.

Assis sur mon banc, j'écoute les codes
Et ce magistrat, sous sa toge, austère,
Qui guigne la dame aux yeux de panthère,
Au corsage orné comme les géodes.

Il y a du monde en cette audience,
Il y a des gens remplis de science,
ça ne manque pas de l'élément femme.

Flétri, condamné, traité de poète,
Sous le couperet je mettrai ma tête
Que l'opinion publique réclame !

J'adore ce sonnet. Un de mes sonnets fétiches !

Bon je te rends la main, Méléagre. dis-donc, tu as fait très fort encore une fois !

Comme quoi, Mona, tu avais vu juste : un condamné pour avoir été poète...
(Psst, Brabant : Mona ne connait pas tous ces poèmes par cœur : elle les trouve sur google. Mais chut, faut pas dire !)

Bon, je vous propose :

Hélène – blancs – ébène – tremblants
peine – flancs – haleine – sanglants
rieuse – pleureuse – profit – tête – bête - suffit

Ce n'est pas un secret ! Ma culture est loin d'être aussi grande que la vôtre, Messieurs, mais l'ami Google, qui sait tout, aussitôt les rimes à lui confiées, me sort le nom de l'auteur et le poème en question (que je m'empresse d'oublier pour ne pas être influencée). Voilà ! Il fallait bien que je vous l'avoue, sinon vous m'auriez prise pour une sorcière ! MDR...

J'en suis encor tremblant :
Pour vous, trop belle Hélène
Aux longs cheveux d'ébène,
J'ai vaincu l'ange blanc !

En ce combat sanglant
Qui nous tint en haleine,
Si je fus à la peine,
Il a prêté le flanc !

Cessez d'être pleureuse,
Redevenez rieuse :
Le voilà déconfit*.

Mais ne faites la bête,
Vous n'aurez pas sa tête,
La victoire suffit.

Après le dessert…

La poire au chocolat vous convient, belle Hélène,
Et, pour votre régal, un crémeux dôme blanc
Surmonte le sirop aux couleurs de l’ébène
Qui nappe un fruit vermeil et coule sur son flanc.

La glace au cacao parfume votre haleine,
Vous attaquez, de biais, le beau château tremblant
Qui fond, délicieux, sur la langue sans peine,
Plus goûteux que la viande et son aspect sanglant.

Je vous sens maintenant d’une humeur plus rieuse,
Qu’avant le déjeuner où vous étiez pleureuse.
Cette inclination je vais mettre à profit

Pour vous conter fleurette en un doux tête à tête…
Un innocent dessert pour fauter nous suffit :
Lorsque l’ange est repu, se réveille la bête !

'Hé ! 'Hé ! Mona ! Très bien troussé en vue de détrousser ! Le croiras-tu, mon titre est :

Grossir

ça ! Ménélas s'amène en soupçonnant Hélène !
Qu'as-tu fait de mon lit dont le drap n'est pas blanc ?
Ce n'est pas le henné qui ceint ton corps d'ébène...
Affronte mon regard ! Pourquoi cet oeil tremblant ?

Arrête de pâlir ! Ne te mets pas en peine !
Dégrafe ton peplos* ! Découvre donc ton flanc !
Tire encore la langue ! Exhale ton haleine !
Or qu'est cette griffure au long contour sanglant ?

Et qu'est ce lourd effluve aux papilles rieuses ?
Découvre-moi Pâris ! Fais venir les pleureuses !
De ton corps de déesse il n'aura plus profit !

Ton amoureux maudit, j'aurai sitôt sa tête !
Pour assouvir ma rage aucun mal ne suffit !
Mon glaive sans férir va retrancher la bête !


*peplos : khiton

:D

Mona, ce sonnet est tout à fait succulent.

La chute a valeur de citation
"Un innocent dessert pour fauter nous suffit :
Lorsque l’ange est repu, se réveille la bête !"

Brabant, avec de telles rimes, comment ne pas penser à Troie ?
Mais au ton d'Homère tu préfères celui d'Offenbach. Ce n'est certes pas moi qui m'en plaindrai.

Bravo et merci à vous deux

Aïe ! Absent toute la journée, je découvre à la fois les rimes et vos petits chefs d'oeuvre... Ne m'en veuillez pas mais je ne suis pas du tout sûr de participer à ce tour... sauf inspiration après l'apéro !

La nuit porte conseil. En changeant de Joker, avec de très légers ajustement, mon petit pouèm prend un sens différent.

J'en suis encor tremblant :
Pour vous, trop belle Reine*
Impérieuse ébène,
J'ai vaincu le Roi blanc !

En ce combat sanglant
Qui nous tint en haleine,
Si je fus à la peine,
Il a prêté le flanc !

Si sa Dame est pleureuse,
Vous êtes fort rieuse
Et j'en tire profit.

Mais ne faites la bête,
Vous n'aurez pas sa tête,
La victoire suffit.