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Re : Contraintes contrastes
Organiris
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Oui, bon, la canicule excuse tout (ou presque) !


La plage s’offrait à mes pieds. Cayenne de même. Je m’étirai profondément, la chaleur martelait mes tempes, le ciel balayait tout souvenir du gris des mois passés. Allongé sur le sable à mes pieds, donc, le garçon se laissait contempler, détailler, le torse glabre et ferme, le pli en V plongeant vers le bas ventre, le bermuda pudique mais pas trop. Il suivait mon regard, les yeux entrouverts comme ceux d’un chat aux aguets, un sourire prédateur aux lèvres – mais lequel, de nous deux, vaincrait à ce jeu ?

Je me levai, désinvolte, balayai d’un geste mes cheveux vers la nuque, de ce geste maitrisé qui le faisait déglutir.

— Je vais me baigner.
— Attends-moi…

Je ne l’entendais déjà plus. J’entrai résolument dans l’eau, la vague froide me poignarda l’abdomen, tous mes poils se dressèrent. Le souffle coupé, je regrettai mon cinéma, cette comédie bravache de séduction qui ne me faisait même plus rire. Il me rejoignit en quelques brasses, moqueur, sûr de lui et de sa puissance juvénile. Cayenne m’encercla de ses bras, souffla sur ma peau hérissée et me fit basculer dans la vague.

— Idiot, lui crachai-je au visage en reprenant ma respiration.
— Stupide, me chuchota-t-il en me serrant fort.

Nous marchâmes longuement, nos pas accordés dans les vagues. Je sentis ses doigts parcourir les fines cicatrices de l'accident sur mes avant-bras, il ne disait rien, juste ses doigts légers sur les traces de mon passé, et son silence me touchait.
Bien plus tard, Marine arriva avec ses amis, on se tassa dans sa Golf, toutes fenêtres ouvertes, on chantait comme des idiots «Hisse et ho, Santiano !» en descendant vers le port, la fumée des cigarettes me brûlait les yeux. Cayenne posa sa paume sur mon épaule, comme par inadvertance. Le jeu reprenait, rien d’autre ne comptait que ce garçon et mon désir.

Contribution du : 01/08/2013 19:49
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Re : Contraintes contrastes
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@ Perle-Hingaud : jolie histoire, romantique à souhait ! Mais que seront-ils devenus l'été suivant... ? (Bonnes vacances !)


Une emmerdeuse de premier ordre, catégorie poids lourds, me tient lieu de petite amie. A l'heure où je vous parle je subis les assauts répétés de mon ennemi juré. Celle-ci veut faire entrer une dizaine de sacs, valises et autres vanity dans un coffre qui ne pourrait même pas contenir son égo : comment y arriver ?

La montagne de bagages entassés devant ma modeste auto me rappelle une blague d'enfant : « Comment fait-on entrer quatre éléphants dans une Deux-chevaux ? Facile : deux devant et deux derrière ! » Malheureusement pour moi, il ne s'agit pas d'une blague et la princesse capricieuse me regarde d'un air méprisant.

Sa fréquence respiratoire monte en flèche, sa gorge que j'aime tant se remplit à vue d'oeil d'un souffle malsain plein de reproches, à la prochaine expiration la lave de ce volcan va me réduire en cendres, me pétrifier. Je joue une partie perdue d'avance et je le sais.

Comme à l'accoutumée le flot des remarques vexantes débute sa course dans une explosion de magma qui emporte avec lui les jolis souvenirs, se gonfle des rancoeurs cachées, jusqu'à ne laisser qu'un paysage désolé de notre vie passée. Je sens la masse vipérine de mes boyaux se mêler et se tordre dans un nœud immense me signifiant l'arrivée imminente d'une crise d'angoisse démesurée.

A mesure que mes espoirs se consument, le visage de ma belle prend la forme d'une hydre exhalant son dangereux poison. Je tente maladroitement de contrer ses attaques mais fidèles à la légende ses têtes se régénèrent doublement une fois tranchées. J'appelle en moi les instances supérieures pour résister à l'envie de la décapiter, seuls mes poings serrés pourraient indiquer aux passants qui nous observent médusés que j'atteindrai bientôt la limite de ce que je peux endurer.

« Qui pourrait me le reprocher ? » C'est la réflexion que je me fais alors que l'air s'engouffre par la fenêtre de la voiture que je viens de démarrer. J'aperçois dans le rétroviseur le visage incrédule de ma libellule, restée debout à côté de sa montagne de vanité pendant que je déguerpissais.

Je fixe la route qui s'ouvre devant moi et cette image injecte dans mon sang une morphine longtemps désirée. Je sens que mon ventre se délie doucement, les spasmes s'espacent, laissant ses tubes décontractés retomber, se détendre et s'abandonner, cesser de lutter pour ne plus ressembler qu'à un immense boa endormi au fond de mon ventre. Vive la liberté !

Contribution du : 02/08/2013 17:26
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Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux. (René Char)
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Re : Contraintes contrastes
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Merci Lobia !
Bah, les amours de vacances ne durent pas davantage que l'été, c'est bien connu...^^

Votre histoire, sur une idée sympathique, part dans un délire quasi mythologique. C’est amusant ! Bon, faudrait pas que dans son ventre, ses « tubes décontractés » ne s’abandonnent au-delà du raisonnable, l’image qui me vient à l’esprit est… enfin bref… pas certaine que ce soit ce que vous voulez faire passer.^^

Tant qu’à prendre la parole, quelques mots sur les textes des camarades de jeu (j’ai lu que les commentaires étaient les bienvenus ?)

Acratopège
Souvenir de vacances, première séparation, première affirmation de soi… La première phrase nous met de suite dans l’ambiance, c’est tellement naturel ce « je voulais pas y aller ». Je trouve le ton très juste : les négations pas toujours complètes, les « alors » qui se répètent, la culpabilisation appuyée des parents. Deux termes qui selon moi sortent du registre : « votre bateau pour richards » et « de votre petit garçon » parce qu’un garçon ne se juge pas « petit », sauf si vraiment, vraiment, il tente la culpabilisation à fond. Très sympa !

Ludi
Un court commentaire : c’est très très marrant. Et s’amuser ainsi avec l’exo d’à côté, ça rajoute un peu de sel…

Martin
Ah oui, Scoobidoo, j’ai reconnu ! ^^ J’aimais bien regarder ce dessin animé, je me souviens encore des énormes hamburgers engloutis par le chien et son copain (dont le nom m’échappe, un grand tout maigre avec un tee shirt vert et des poils au menton)

Palimpseste
J’aime bien le titre ! Ok, il y a le dérapage de la troisième ligne… trop de précipitation nuit à la concentration… ! Une idée rigolote et bien dans l’air du temps.

MissNode
Ça sent le vécu, c’est trop compliqué pour être inventé ! ^^ Ce qui est amusant, c’est le contraste entre le fouillis de la narratrice et les horaires précis dont elle ponctue son récit. « Mettons un peu d’ordre dans tout ça », semble nous dire MissNode. Amusant, dans le respect des consignes, le tout mené à un train d’enfer !

Contribution du : 02/08/2013 21:03
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Re : Contraintes contrastes
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@Perle
Merci pour vos remarques. Mais vous avez oublié de critiquer un texte, le vôtre! J'ai bien aimé ce coup de projecteur, ce pavé dans la mare, ce bout de récit percutant qu'on imagine faire partie d'un texte plus long. L'absence de référence à un avant et à un après lui donne de la force. Je me suis senti indiscret en le lisant.

Contribution du : 03/08/2013 11:38
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"Nous oublions ordinairement qu'en somme c'est toujours la première personne qui parle."
H.D. Thoreau
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Re : Contraintes contrastes
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@ Acratopège:
Citation :

Je me suis senti indiscret en le lisant.

Alors là, merci, c'est un grand compliment que vous me faites ! Non, pas d'avant ni d'après -du moins, rédigé- pour ce texte issu à 80% de mon imagination, comme ce que nous écrivons tous, je suppose. C'est exactement ce que je recherche actuellement (comme dans La noix de cajou), être "au cœur de".

comment ça, pas discrète, mon auto-pub ?

Contribution du : 03/08/2013 12:02
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Re : Contraintes contrastes
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Son nom est Sammy en Français,

et Shaggy en anglais Perle-hingaud.

Contribution du : 03/08/2013 14:53
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Re : Contraintes contrastes
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@ MissNode : j'étais tellement pris par votre histoire que j'en ai oublié de vérifier la contrainte, mais je vous fais confiance. Je souffre chroniquement, ou plutôt en permanence, d'une distraction phénoménale. Il m'arrive très régulièrement de remonter deux ou trois fois chez moi, ayant oublié une chose, et encore une autre, puis la première après l'avoir posée pour récupérer la deuxième. Un enfer ! C'est dire que je me suis identifié totalement à votre personnage, qui se trouve être vous je crois.

@ Perle : Chaudes, les vacances ! Mais où se cachent donc les 20% de vrai ? J'ai eu le même sentiment qu'Acratopege. Encore un compliment, donc. Le même. Soit, je ne suis pas original.

@ Lobia : Je rêve ou vous rimez ? C'est une idée ? Ou la vérité ?

Contribution du : 03/08/2013 20:09
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Re : Contraintes contrastes
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Mesdames, Messieurs, chers fidèles,

C'est dimanche, jour du Seigneur, et l'on ne foule pas aux pieds une tradition séculairement implantée ayant la fâcheuse tendance à se perdre. En conséquence de quoi, le bureau de réception des propositions de contraintes étant demeuré sans visite, c'est votre officiant de secours qui vous fait la messe.

Vous devez écrire une lettre à la compagnie du gaz, mais attention : vous n'êtes pas abonné au gaz et ne comptez même pas le devenir. Vous seriez également bien aimables de ressusciter un mode et un temps moribonds : j'ai nommé l'imparfait du subjonctif. Pour ce faire, vous sélectionnerez les verbes proposant les formes les plus divertissantes, conjuguées à la première personne du singulier, mais sans avoir recours au verbe "savoir", décidément trop rebattu.

Répétez après moi :
Merci, Stony, de nous avoir donné aujourd'hui notre contrainte de cette semaine.

Allez, mes enfants, à présent rentrez chez vous en paix et faites votre devoir de bon contrainteur.

Amen

Contribution du : 04/08/2013 10:26
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Re : Contraintes contrastes
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Je rentre de vacances (sans gaz ni électricité)et me rends compte avec joie que les contraintes sont toujours d'actualité qui plus est avec au bout de la baguette un maitre de bonne renommée.
Je rédige rapidement celle de la semaine passée et je me remets rapidement à la plainte au subjonctif.


Vacances.
Je me balance dans le hamac.
Seules les voix des cigales m’appellent. Tes claquettes cliquètent.
Une odeur me caresse.
Un gout de sel, délicat, sur ma peau, m’adoucit.
Sur mon ventre, un livre ouvert, Neruda, patiemment, m’attend.

Contribution du : 04/08/2013 13:27
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Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant.
V Hugo
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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Bienvenue chez vous, Costic, et merci d'avoir complété la panoplie des participations de la presque défunte semaine.

Attention, n'influencez pas vos camarades plus qu'ils ne devraient l'être : je n'ai pas dit qu'il devait absolument s'agir d'une plainte. Peut-être que les employés de la compagnie du gaz aiment, eux aussi, recevoir des mots d'amour, allez savoir !

Contribution du : 04/08/2013 13:43
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