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USS-AMÉRION II : Continuation
Sebastien : USS-AMÉRION II : Continuation  -  Caisson hypergore
 Publié le 12/07/10  -  2 commentaires  -  7670 caractères  -  18 lectures    Autres publications du même auteur

Guignoletti s’immobilisa pendant une seconde.


- Pardon ? Vous avez perdu le vaisseau… AUX CARTES ??? rugit-il.


Le capitaine se leva brusquement et renversa la table, précipitant cul par-dessus tête Plaureur qui n’en demandait pas tant. Celui-ci jeta un regard noir alentour sans trop comprendre le pourquoi de toute cette agitation, puis alla se choisir une autre table sur laquelle baver.


- Est-ce que vous avez une idée du prix d’un appareil de cette catégorie ? Sans parler des retombées politiques, médiatiques et autres ! La Cellule sera la risée de la galaxie tout entière à cause de vous, bande d’irresponsables ! Nous sommes bons pour la Cour martiale, avec ce genre de conneries, fit Guignoletti, abattu.


Danet et Kroustibat étaient toujours debout, en caleçon. Dugommier ne la ramenait pas trop histoire d’éviter les balles perdues. Il regardait discrètement le capitaine qui se rassit, la tête dans les mains.


- Sous-lieutenant, contactez la Cellule, et expliquez-leur la situation. On n’a plus qu’à se la prendre et se la taper sur le comptoir, je crois. Bon pis vous, allez vous habiller, grogna Guignoletti en direction de Danet et de Kroustibat.


Peu après, Dugommier entrait en contact avec la Cellule, et plus particulièrement avec le général Paloma Koukouroukoukou, dont les traits sévères n’étaient rien lorsqu’on connaissait son caractère. Issu de la prestigieuse école militaire de Whatspoint, le général était une femme volontaire qui ne laissait que deux options à ceux qu’un destin farceur plaçait sur son chemin : s’écraser ou se faire écraser. Le Naillepad de Plaureur clignota, émit quelques tintements de circonstance puis projeta en trois dimensions le visage impassible du général Koukouroukoukou. Guignoletti fit son rapport, émaillé des excuses bredouillantes de Danet et de Kroustibat qui étaient redescendus dans une tenue décente. Au bout de quelques instants, la sentence tomba, dictée par le code militaire de la Cellule.


- En vertu de l’article 1678-b alinéa 12 du code militaire de la Cellule, capitaine, vous êtes responsable des exactions de vos hommes, à l’instar du reste de votre équipage. Le code prescrit la peine de mort suivie de cinquante ans d’emprisonnement dont trente de sûreté.

- Glebfl, fit Guignoletti, sûr de lui.

- Cependant, en vertu de vos exceptionnels états de service et de votre ravissant petit cul, vous et l’ensemble de votre équipage êtes dégradés, déchus de votre citoyenneté cellulienne et interdits de séjour à l’intérieur des frontières de la Cellule. Définitivement.

- Aklfl, poursuivit le capitaine.

- Bon courage, Guignoletti. Terminé.


L’image projetée sur le mur et le capitaine s’évanouirent en même temps. Ce fut Kroustibat qui, le premier, rompit le silence de mort qui planait autour des infortunés ex-militaires.


- Bin alors. Roukouk… Kroukik… Kakoukou… bordel, la générale en pince pour le capitaine… J’l’aurais pas crue capable d’en pincer pour qui que ce soit, celle-là.

- Tu ferais mieux de pas trop l’ouvrir, toi, répliqua sèchement Danet. J’étais pas gradé, mais ça n’empêche que ça m’amuse pas d’être dégradé à cause de tes conneries.

- Ça te va bien de l’ouvrir, toi ! J’te signale qu’on était deux à se prendre la pilée tout à l’heure !

- Oui bah moi au moins je suis capable de distinguer un éternuement d’un signal secret, pas comme certains !

- Ah mais pardon, PARDON ! C’est vrai que c’était le moment idéal pour éternuer, là, j’dois dire, vraiment, hein, bon, enfin j’me comprends.

- Bon ça suffit, vous deux, couina Plaureur. Ce n’est ni le lieu ni l’endroit pour ce genre de choses !


Dugommier observait la scène, impassible. Son détecteur à mauvaise foi était en train de péter les compteurs, mais la perte de son grade lui avait fichu un sacré coup. Il se tourna vers le capitaine, avachi sous la table. Le pauvre Guignoletti s’était réveillé, mais son regard était perdu dans le vide.


- Mon capitaine, fit timidement Dugommier. Quels sont les ordres ?

- Laissez tomber ça, fit Guignoletti après un silence. Vous ne comprenez pas ? Tout est perdu. Nous ne sommes plus rien. Plus d’identité, plus de grade, même plus de vaisseau… Il n’y a plus rien à faire, je vais rester habiter ici, sous cette table de bistrot.

- Mais non mais non, allez, ça va bien se passer, fit Dugommier en le ramassant. On va aller faire un gros dodo, et demain ça ira mieux, hein ? Allez.


Kroustibat, Danet et Plaureur regardèrent Guignoletti monter les escaliers, soutenu par Dugommier. De l’autre côté de la pièce, l’aubergiste s’était réveillé et faisait des allées et venues derrière son comptoir graisseux, observant d’un air creux la salle. L’aubergiste faisait partie de cette catégorie de personnes dont on ne sait jamais si elles sont en train de commencer à marcher ou si elles sont arrivées à destination. Il donnait dès la première enjambée l’impression d’avoir fait suffisamment de chemin comme ça. À cela s’ajoutait une forte tendance au tangage, vraisemblablement causé par un tirant d’eau supérieur à la moyenne, tendance qui rendait généralement incertaine l’issue d’une commande de bières en salle.


Goudd’Aug, de son côté, vidangea contre un mur, prit la pantoufle du patron dans les flancs et courut se planquer en couinant derrière une grosse malle.


- Il s’arrange pas, çui-là, commenta Kroustibat. Bon… Quelqu’un a faim ?


Quelques jours plus tard, Dugommier poussa la porte de l’auberge et entra dans la grande salle, bondée à l’heure du déjeuner. L’air était surchargé de relents de graisse brûlée et de fumée. Dugommier se dirigea vers la table que l’équipe s’était plus ou moins appropriée, essentiellement parce qu’il y avait toujours au moins un membre du groupe en train de ronfler/manger/cuver dessus. Guignoletti leva un regard fatigué. Il ne s’était pas rasé depuis plusieurs jours, et sur son uniforme, les taches de gras rivalisaient d’ingéniosité les unes avec les autres. Danet comparait les bières de la région en compagnie de Plaureur, et Kroustibat jouait à la baballe avec Goudd’Aug. Dugommier prit une chaise, l’épousseta, en décolla sa main, puis s’assit à la table.


- Bon. Je nous ai trouvé du travail.


Les regards convergèrent vers Dugommier, et Goudd’Aug partit mâchouiller sa baballe sous des tables plus clémentes. Kroustibat sauça une grande gamelle qui contenait des choses que la décence interdit d’écrire.


- Mais encore ? fit Danet.

- Y a une sorte de… commerçant, pas très loin de l’auberge. Il a besoin de gros bras pour faire du sale boulot, en somme. C’est pas glorieux glorieux, fit Dugommier, mais bon : c’est toujours ça de pris.

- Hommes de main ? Tu nous as trouvé du travail en tant qu’hommes de main ? miaula Plaureur.

- Ça vaudra toujours mieux que de rester le cul vissé sur sa chaise, Moz !


Un blanc accueillit cette remarque, la première que prononçait Guignoletti depuis la perte de l’USS-Amérion.


- M’enfin, mon capitaine… protesta le navigateur.

- Écoutez-moi, tous autant que vous êtes, fit Guignoletti.


Il se pencha sur la table avec la mine d’un homme politique qui s’apprête à dire la vérité.


- Sans vaisseau, nous ne sommes rien. Trouvons de l’argent, et rachetons l’USS-Amérion.

- Ça risque d’être long, soupirèrent les trois mécaniciens qui s’étaient joints à la conversation. C’est pas donné, un gros croiseur comme ça.

- Nous n’avons pas tellement le choix, rétorqua Guignoletti. Nous sommes des navigants sans rien dans quoi naviguer. Cependant et au vu des circonstances, je n’oblige personne à me suivre. Qui est avec moi ?

- Bin… Tout le monde, je suppose, fit Dugommier.

- Bien, dit le capitaine en souriant. Messieurs, en route.


 
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   Anonyme   
24/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Où l'on apprend que nos indécrottables compères ont effectivement perdus le vaisseau en jouant aux cartes avec les autochtones, et ce au sens propre !

D'après l'article 1678-b alinéa 12 du Code Militaire de la Cellule, ceci est passible de la peine de mort suivie de 50 ans d'emprisonnement dont 30 de sûreté (véridique !), sic le général Paloma Koukouroukoukou. Parce qu'ici, on peut mourir avant d'être emprisonné. Bon, j'aime bien l'humour, mais au-delà, c'est un peu dommage pour la vraisemblance des propos et du sujet...

Cependant, en vertu des états de service du capitaine tout à fait excellents et de son ravissant petit cul (sic le général Koukou machin-chose, qui est une femme !), ledit capitaine et son équipage sont seulement déchus de leurs fonctions, de leur citoyenneté et interdits de séjour à l'intérieur des frontières de la Cellule, et ce définitivement.

Ne restent plus qu'à nos charmants compères de se refaire en gagnant de l'argent afin de racheter le vaisseau...

   Donaldo75   
16/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un twist dans l'histoire. Et pas des moindres. La manière de l'amener, de l'exposer dans ce style toujours homogène où la grosse rigolade se dispute la vedette avec les gros sabots. Là, ça fonctionne bien, un peu comme dans ces films dialogués par Michel Audiard où une bande de losers patentés s'essayaient au sauvetage d'une situation désespérée. Il y a donc de la promesse dans l'air, une possible rigolitude panachée de déconnance. Je laisse reposer le bousin et reviens assister à la ballade des bras cassés.

On s'amuse dans cette nouvelle.


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