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Les silences de Colombe
Maëlle : Les silences de Colombe  -  IV - Arbitrage
 Publié le 08/08/10  -  9 commentaires  -  3330 caractères  -  161 lectures    Autres publications du même auteur

Je sélectionne le numéro. Elle me l’avait tendu, chiffres sagement alignés sur un morceau de papier plié. J’ai très vite compris que c’était symbolique. Le portable de Colombe n’était, la plupart du temps, pas allumé.

J’appelais son répondeur, pour entendre sa voix, pour dire des bêtises, des riens. Elle répondait parfois, par des sms écrits en toutes lettres.

Aujourd’hui je n’ose plus. Même écouter sa boîte vocale, il me semble qu’elle me l’interdit. Sans le dire.

Je ne comprends pas pourquoi.


Mais là, le téléphone, il est dans sa main. Et allumé, pourvu que je sois assez rapide. Elle vient de raccrocher, sûrement sa mère. Colombe au téléphone hoche la tête pour dire oui. Ça ne dérange pas son interlocutrice. L’habitude ? Ou peut-être qu’il est, finalement, difficile d’interrompre madame Estrezzi. Ça dure dix minutes, parfois plus. Puis, Colombe garde le téléphone déplié dans sa main quelques secondes, l’éteint, le referme, le range. C’est ce qui va se passer. Sauf…


Une sonnerie. Je la vois, à peine à quelques mètres. Si je voulais, je serais sur elle. Une de ses copines me désigne d’un signe de tête. Oui, elle sait que je suis là. Que c’est moi qui appelle. Je ne suis pas encore effacé de son répertoire. Est-ce que j’aurais dû masquer le numéro ?

Deux sonneries. Colombe dodeline de la tête, hausse les épaules, replie le téléphone, le range, sans l’éteindre. Elle attrape Élisa par le bras et l’entraîne ailleurs. Loin. De moi.

Le répondeur dévide le même message. Le même qu’avant. Comme si rien n’avait changé. Je voudrais hurler dans ce putain de micro, je voudrais lui dire, qu’elle sache, qu’elle comprenne, mais j’appuie sur le bouton stop avant de craquer. Je ne veux pas me donner en spectacle.


+++


Elle revient. On recommence. Je m’émerveille. Je découvre. Je compare, je visite. Elle me guide, me cherche, me provoque. Elle rit. À 17 h 30 elle part, à chaque fois. Et moi, je cavale pour ne pas rater trop souvent l’entraînement.

Je m’interroge. Je rêve, j’espère. Je me déteste. Je fouille la pharmacie, au cas où, peut-être.

Il y a bien des préservatifs. La boîte est toute gondolée, comme si elle avait pris l’eau. Ça craint l’eau, les capotes ? Je vérifie. Non ; l’emballage à l’intérieur à l’air étanche. Je doute. Quand même. Ils ont une sale tronche. Ça se périme, les préservatifs ? J’essaye de me souvenir, est-ce que l’animatrice en avait parlé ? Je demande à Yacine. Il doit savoir. Il sait. Il se fout de moi, le con !


- J’y crois pas ! Mais quel benêt ! C’est marqué dessus, banane, comme sur les yaourts !


Du coup, j’ose pas regarder. Il faudra, pourtant. Au cas où… Mais sans qu’elle le sache !


+++


Enroulé dans ma couette, je forme et reforme le numéro de Colombe. Si elle ne parle pas, alors il faut que je le fasse pour dire. Lui dire. Lui dire…

Ma voix me lâche. Dérape. S’enroue. Comme jamais.

Comment lui faire comprendre… Comment… Colombe.

Le message change. Je n’ai même plus sa voix. Un automate m’informe que je ne peux plus la joindre. Le lampadaire de la rue s’est éteint. Il est plus de minuit. J’ai mal à la gorge, mal aux yeux, et je ne sais toujours pas. J’ai mal au cœur. Mal au ventre. Je ne peux plus respirer.

Elle n’écoutera pas. Je le sais.

Je ne peux pas en être sûr.


 
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   brabant   
16/8/2010
 a aimé ce texte 
Pas
Quel jeu Colombe joue-t-elle ? Elle est à portée de Simon et l'ignore par téléphone interposé.
"Si je voulais, je serais sur elle": pas très heureux (ou trop heureux ! lol)
Qui est cette Elisa ? Trop anonyme.

Pas très heureuse la proximité "préservatifs", "banane... yaourt". C'est pas moi qui ai voulu cette association hein ! (lol)
Vraiment un "benêt" que ce Simon.
Dites-moi, il ne pense qu'à ça. Qu'est-ce que cela est censé arranger ? Que ne s'est-il donc pas passé dans cette chambre ?

L'image du lampadaire éteint est pour moi un symbole de défaillance de plus.
Bon, Simon tergiverse, espère toujours.


A ce stade du roman ce qui me gène le plus, c'est l'absence cruelle d'informations: Où est-on ? Il n'y a pas de décor. A qui ai-je affaire ? Les personnages sont évanescents. Ils ne semblent d'ailleurs pas très bien savoir eux-mêmes qui ils sont ni quel rôle tenir.
Je suis dans l'indistinct. (Bon, c'est peut-être voulu hein)

Ce chapitre apparaît bien léger à mes yeux. Peut-être suis-je trop matérialiste, mais je manque de repères. Dans ce sens ce chapitre, avec ses malheurs d'expression, m'apparaît faible.

S'il vous plaît, lançons enfin l'intérêt...

   Anonyme   
28/11/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Pas mal, mais toujours ces quelques expressions qui dénotent "sélectionne", "forme le numéro", ça ne cadre pas avec le personnage, cette façon de parler.

"Elle attrape Élisa par le bras et l’entraîne ailleurs. Loin. De moi." Un peu trop mélo.

   David   
19/1/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Arbitrage, arbitrage, au répondeur automatique ?

j'ai trouvé ça violent, saccadé dans la découpe des phrases, toujours courte, je vois surtout les verbes, c'est devenu un peu le genre de ce Simon au fil de ma lecture... c'est sûr qu'il fait moins baroudeur avec ses crises de manque, super ambiance qui sent le coup de tête contre les murs et la couette qui sert de mouchoir.

   Anonyme   
6/3/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Il n'y a pas de rebondissements. Ca suit juste l'histoire et je n'aime pas ça.

   monlokiana   
18/8/2011
 a aimé ce texte 
Pas ↑
La narration de ce quatrième chapitre s’éloigne trop bien de la narration du début. On s’en que le « français parlé » disparaît peu à peu.
Je le répète encore et encore (lol), c’est d’une fluidité immense, ça se lit facilement, je n’ai eu aucun problème de lecture.
Mais j’ai eu un problème de fond, de situation, d’espace, d’orientation, de personnages. Je le trouve fade ce chapitre. C’est sombre, ça manque de décor. On est trop en dehors de ce qui se passe. Je dirais même que ça trotte trop. Je commence à m’ennuyer de cette Colombe qui s’éloigne, qui ignore. Depuis le début, on ne sait pas trop ce qui se passe. Je sais, il faut tenir en haleine le lecteur, mais ici, rien ne donne une piste, un indice, c’est trop fermé je trouve.
Des personnages qu’on cite et qui perde le lecteur (exemple Elisa)
Donc, pour ma part, ce chapitre est un peu raté. Ce n’est pas assez détaillé, l’auteur rampe trop dans son rythme.

   Anonyme   
11/9/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Ah, là je préfère!
Encore quelques erreurs de style, des mots qui ne cadrent pas avec le personnage, mais dans le fond c'est mieux !
Je regrette juste le flou du décor et des personnages secondaires...
Et surtout : mais c'est qui cette Colombe ?? A quoi joue-t-elle ?
Ca y est, tu me tiens, je veux savoir !

   carbona   
15/12/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bon on se demande pourquoi il ne va pas lui parler directement au lieu de l'appeler devant toutes les copines. Pourquoi Colombe est-elle si inaccessible ? Il pourrait peut-être la coincer un soir à la sortie des cours quand elle est seule. Enfin on a envie de lui donner des conseils pour qu'il se bouge un peu l'amoureux transit.

   MissNeko   
7/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Il y a quelques maladresses dans le style mais hormis cela, la lecture est agréable. On apprend pas grand chose de nouveau.

   Donaldo75   
14/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le style narratif fonctionne toujours; j'ai envie de savoir le pourquoi de la situation, et même le comment et peut-être le quand. Bref, le texte tient le lecteur en alerte, le récit donne envie de poursuivre et tout ceci reste authentique, du moins dans ma position de lecteur parce que je n'ai pas l'âge du narrateur et que cette époque de l'adolescence est pour moi lointaine et révolue. Alors, oui, ça fonctionne, l'histoire continue à prendre et je ne regrette pas d'avoir insisté.


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