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Les silences de Colombe
Maëlle : Les silences de Colombe  -  VIII - Herbage
 Publié le 12/08/10  -  8 commentaires  -  4354 caractères  -  116 lectures    Autres publications du même auteur

Ils nous ont mis par ordre alphabétique. Lorisseau et Estrezzi, c’était pas gagné. J’ai traîné jusqu'à la dernière seconde, au cas où… Le proviseur m’a engueulé. J’ai posé ma convoc' et ma carte d’identité sur la table, et je me suis mis à gratter machinalement l’étiquette administrative qui désignait ma place. La prof d’espagnol a distribué des copies d’examen, puis des feuilles bleues, trop fines, trop molles, et enfin les sujets.

Je lis. Je relis. Je voudrais fuir. Me lever et partir. Refuser.


« La poésie est-elle le moyen privilégié de l’expression des sentiments ? Appuyez-vous sur les textes du corpus et vos lectures personnelles. »


Je suis certain que c’est celui qu’elle a pris. Alors, pour me rapprocher d’elle, encore, je me penche sur le papier, je jette des mots, les organise, j’ai la voix de Colombe à l’oreille, ses traits tirés à la règle pour chaque titre de son plan. J’écris, je relis, je corrige. Je soupire, regarde par la fenêtre, m’y remets. Quand Colombe regardera mes notes, elle verra mes efforts. Je veux lui faire honneur.

Je veux qu’elle pense à moi.


Je sors dans les derniers. La plupart des élèves traînent aux alentours. On est tous lessivés.


- T’as pris la dissert ? T’es dingue…

- Bah oui, tiens, qu’est-ce t’as foutu, on l’avait déjà fait, ce commentaire !

- J’avais pas envie…


Colombe déteste Ronsard. C’est pas une raison pour prendre des risques, non ? Si. Je regarde Yacine et me dis que pour lui, sans doute pas.


- Tu viens, le 29 ?

- P’tête.

- Ouais, viens, ça va être mortel.


J’esquisse un sourire. J’irais bien, oui. Mais pas au point de l’avouer.


- Faut voir. Dépend d’mon père, aussi.

- Ah, ouais, c’est vrai… Bah, t’as qu’à lui dire que c’est super important !


Il attrape son sac, balance d’un pied sur l’autre.


- Colombe elle était là. Elle est partie un quart d’heure avant la fin.


Et il se barre. Yacine, enfoiré, dis-moi au moins ! Je fais quelques pas, il pourrait… Comment elle va, elle était habillée avec quoi, est-ce qu’elle a réussi, est-ce que…

Mon pote se retourne, se marre, mais il est sérieux quand il lance :


- J’en sais pas plus, Simon, j’étais trop loin, tu sais.


+++


C’était la fin de l’année de seconde. Cindy avait organisé un pique-nique, pour fêter la quille. Colombe picorait, nichée dans mes bras, m’obligeant à rester là, immobile, alors que les autres mecs avaient depuis longtemps improvisé un foot. Je n’aurais avoué à personne que je me sentais mieux là, avec les filles.

Elles s’étaient faites à ma présence, elles discutaient normalement, sans trop me charrier. On profitait de ce temps-là : l’année prochaine, on serait dans des classes différentes.

J’écoutais d’une oreille, prêtant bien plus d’attention à la main de Colombe sur ma cuisse.


- Ils l’ont appelée Apolonie, tu te rends compte !

- Au moins, c’est original…

- Ouais, mais t’imagines. « Apolonie, range ta chambre ! »


Sur un signe de Colombe, j’approchais la barquette de tomates cerises, pendant qu’Isa terminait sa phrase dans un éclat de rire.


- Bof, ils lui trouveront un surnom, tu verras.

- C’est con, ils auraient mieux fait de trouver un prénom portable dès le départ. La pauv’gosse ! T’appellerais une gamine Apolonie, toi ?


Sarah secoua la tête en prenant une tranche de cake.


- Moi, de toute façon, ce sera Gwenaëlle ou Camille pour une fille, et Killian pour un garçon.

- T’as déjà choisi !

- Et le père alors ?

- L’aura qu’à être d’accord !

- Oh la la… T’entends ça, Simon ? Tu supporterais qu’on t’impose le nom de tes enfants ?


Mes yeux vont des filles au ventre de Colombe, au visage de Colombe. J’avais jamais pensé à avoir des enfants.


- Et toi, Colombe, insiste Cindy.


Ma douce a levé les yeux vers moi comme si, forcément, je ne pouvais qu’être l’interprète de ses pensées. Je l’ai serrée contre moi. Un enfant de Colombe.


- J’aimerais bien Claire.

- Et pour un garçon ?


Elles ne nous regardaient plus, énumérant des prénoms. Foot, mode, mannequins, garçons du lycée, tout y passait.

J’étais bien.


+++


Je prends l’annuaire. J’appelle. Inlassablement. Des gens que je déteste, d’autres que je connais à peine. Des gens qui ne savent pas où est Colombe.

Qui ne l’ont pas vue.

Elle a passé l’oral, pourtant. J’en suis sûr.


 
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   Anonyme   
12/8/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai lu les huit chapitres avec attention ; j'en ai aimé et le style et l'intrigue qui reflète bien ce que l'on peut éprouver à cet âge lors de la découverte amoureuse de "l'autre". Les personnages sont bien campés ; ils ont la fragilité de l'adolescence. Beaucoup de douceur aussi, d'hésitations dans les approches, le garçon plus gauche que la jeune fille (c'est assez habituel). Un bon moment qui m'a ramené 45 ans en arrière. Merci pour le voyage à rebrousse temps.

   brabant   
17/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Continuation du bonjour, Maëlle,

Ce chapitre VIII se lit agréablement. Anodin mais plaisant avec un flash back au milieu. Cette structure déjà utilisée l'est plutôt avec bonheur, mieux ici. Bémol, j'eusse aimé le dialogue des filles plus vivant, le jeu sur "Apollonie" (je préfère avec 2 l . Crime de lèse-auteure ! Lol) ne suffit pas. Je n'ai pas véritablement entendu les éclats de rire ni les pouffements. Ce qui me ramène à mon "reproche" antérieur: ce qui est extérieur aux deux héros est anonyme, se situe dans un arrière-plan vaporeux. Les faire-valoir ne sont pas suffisamment travaillés. Seul Yacine ressort jusqu'à présent de cette grisaille.

   David   
28/1/2011
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai eu du mal avec la chronologie, je m'y perds un peu... à la fin de l'année de seconde, Simon est encore avec Colombe, est-ce à l'été qu'ils couchent ensemble puis se séparent, ou bien était-ce avant.

Il n'y a pas que les flash back qui sont en cause, je me dis que je lis peut-être trop lentement, c'est peut-être plus un roman à boire d'un trait.

Le suspens reste entier, Colombe évanescente, à peine là, et Simon éploré. Le feuilleton garde son intérêt, mais les épisodes ne livrent pas grand chose, dévoilant juste peu à peu quelques éléments, mais aucun en rapport avec le titre, aucun n'expliquant les silences de Colombe.

   monlokiana   
18/8/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je dois avouer que je commence à me perdre chronologiquement. Peut-être aurait-il fallu que l’auteur même en haut des paragraphes qui rappellent des flashes back un…je ne sais pas une heure, une date, une saison, un jour…ça perd le lecteur en fin de compte.
Bien sur les éléments du début sont toujours là : rythme, légèreté, fluidité, aisance…
Et bien sur, l’envie de continuer.
Je dirais aussi que j’aime bien cette conversation sur les enfants et les noms des enfants (ça fait « jeunes qui passent à leur avenir.)
Bien sur, je garde toujours l’hypothèse que j’ai des faits jusqu’à en être sur.
Je reprends ma course !

   Anonyme   
11/9/2011
Un petit chapitre émouvant et plaisant, les personnages secondaires qui semblent sortir de l'ombre, et surtout ce geste si stupide mais si romantique de Simon : prendre la dissert. Bien trouvé, vraiment.

   carbona   
15/12/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Simon est un peu agaçant avec son côté fleur bleue, appeler son amoureuse ma douce, faut quand-même y aller surtout à 17 ans. Je trouve les fait un peu longs, j'ai l'impression que le récit s'étend sur des mois, ce qui me paraît peu probable.

   MissNeko   
7/10/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Je me languis de connaître la raison de la réaction de Colombe.
Un chapitre qui soit nous indique une fausse piste en parlant d'enfant ( manière d amener un bébé dans le récit un peu plus tard) ou au contraire tromper le lecteur et l emmener sur une mauvaise piste ..

   Donaldo75   
25/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Qu'est devenue Colombe ? Telle est la question que se pose le lecteur dans ce chapitre, à l'instar du narrateur. Elle est bien exposée à travers ce joli souvenir de la classe de seconde et du coup l'atmosphère reste légère, éthérée, adolescente dans le côté rêves et regrets, quelque chose d'indicible qui n'appartient qu'à cette période de la vie. Je trouve qu'à cet égard la narration prend tout son sens, que le style colle à merveille à cet univers d'avant le temps où les personnes deviennent des gens, des adultes avec des responsabilités officielles et pleins de petits travers à cacher. Je ferme la parenthèse.

Je continue à bien aimer.


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