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Anonyme
10/8/2013
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Voilà un récit d'enfance qui ne manque pas de charme, je trouve. J'en ai particulièrement apprécié le mouvement du général au particulier, du léger au tragique : des considérations historiques, l'émerveillement de l'enfant devant ses grands-parents, surtout son inébranlable et sainte grand-mère, ses perceptions du jardin, son amour du prunier, et puis, comme en passant, ce "ma grand-mère était alors hospitalisée pour une nouvelle crise de dépression" que je trouve si parlant... et glaçant. Ces gens heureux, sans histoire, la sainte même ne sont pas à l'abri de la douleur ; du suicide.
La conclusion amère est bien dans le ton devenu soudain sinistre. D'ordinaire, j'aime bien qu'un texte raconte une histoire, et je râlais un peu que celui-ci en parût dépourvu, mais c'était pour mieux me cueillir à froid ! L'histoire est racontée en filigrane, y compris celle de la rivalité entre les deux frères, l'oncle qui "a le mot pour rire" en parlant de mort... Du beau boulot, pour moi, habile et bien construit. Peut-être un poil long à mon goût dans la partie "tout va bien, même si j'ai mauvais caractère". C'est mon goût. |
Anonyme
26/8/2013
a aimé ce texte
Beaucoup
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Un talent qui ne surprend plus mais qui ravit toujours pour la douce évocation d'un passé avec son cortège de mots agréablement désuets et diablement précis, embarquant le lecteur dans le cours apparemment paisible de la vie pour mieux le cueillir ou plutôt le laisser choir comme une prune ayant pris son temps pour mûrir, passant de la nostalgie de l'évocation à la mélancolie de la grand-mère.
J'ai cherché le motif qui distinguerait les passages mis entre parenthèses des autres. S'agit-il de distinguer les pensées actuelles du narrateur par rapport à l'évocation du passé ? Ca ne colle pas avec le passage sur son asthme, me semble-t-il, ni avec l'évocation des professions de ses père et oncle. Il doit donc s'agir d'autre chose, mais je ne comprends pas bien. Ca m'intrigue. J'ai cru pouvoir percevoir des analogies, notamment entre le prunier et la grand-mère qui finit par chuter comme un fruit trop mûr, le narrateur ayant peut-être eu envie de recueillir doucement sa grand-mère plutôt que d'attendre qu'elle ne chute ? Le prunier ne finit-il pas d'ailleurs par mourir, lui aussi, et ne rappelle-t-il pas alors l'image d'un gibet comme le rappel de la mort mais peut-être aussi du suicide ? Il semble qu'il y en ait également entre le père (la robe noire d'avocat) et les oiseaux (merles et corneilles noires) que pourchasse la grand-mère, allant jusqu'à les tuer. Si analogie il y a, elle me parait en revanche plus obscure. Un texte qui donne donc envie au lecteur d'y revenir pour y trouver, peut-être, des clefs de compréhension plus profonde. Détail : j'ai noté une contradiction entre les mots 'illustre" et "oublié", qui ne me semblent pas pouvoir être associés, même dans un oxymore. |
Anonyme
26/8/2013
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour, Acratopège,
J'attendais cette nouvelle depuis que l'intitulé d'un de vos échanges avec les correcteurs m'avait interpellée... mais j'ignorais tout de Jean de Montenach. Montenach, c'est pour moi un village lorrain doté d'une fameuse auberge. Rien à voir avec Fribourg. Moi qui m'attendais à une madeleine, j'aurais pu être déçue, mais non : j'ai eu mon compte, avec le goût inimitable des quetsches, fraîches ou en tarte. Et puis, vous savez y faire. Votre écriture est fluide, précise, joliment évocatrice tout en étant suffisamment concise. Il y a juste assez de détails pour qu'on sache qu'on est dans les souvenirs de quelqu'un d'autre, suffisamment peu pour qu'on les fasse siens, le temps d'un paragraphe. Pas d'histoire, et pourtant en filigrane, la grande, et la petite, avec ces airs de ne pas y toucher que socque et stony ont déjà relevés, tout ce qu'on peut imaginer de tristesse, par exemple, dans le fait que vous (?) soyez arrivé en retard aux funérailles de votre grand-père. Le non-dit qui fait sens. Quant aux parenthèses, j'y vois les digressions auxquelles se livre le souvenir quand il musarde. Donc, un joli texte vivant et nostalgique, qui m'a beaucoup plu. Misumena PS : une redondance à corriger : "dans le petit jour, ma petite main blottie (...)" |
alvinabec
26/8/2013
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Acratopege,
Voilà un texte tout en douceur, demi-teinte et nostalgie. Cet amour bien retranscrit pour des gds-parents attentifs m'a semblé de qualité dans son traitement, son écriture, le rythme que vous y mettez, le ton presque triste qui s'en dégage. De la belle ouvrage, une construction maline, un peu trop d'adjectifs pour mon goût. A vous lire... |
Anonyme
27/8/2013
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour Acratopège,
Certains reprochaient à votre compatriote C-F RAMUZ de " mal écrire " exprès. Et bien, moi, j'aurais tendance à vous reprocher de " bien écrire " exprès. Car comment ne pas essayer de comparer vos récits ? Par le plus grand des hasards je viens de conseiller à ma femme de lire " Vie de Samuel Belet " dans l'édition blanche (un peu jaunie) de Gallimard datée de 1944 que m'avait refourguée un libraire malhonnête ou collectionneur, je ne sais pas, dans les années 80. Elle en est ressortie avec quelques larmes et une commande assez onéreuse de toute son oeuvre . Comment lui dire que je connais quelqu'un qui raconte les mêmes histoires, qui écrit mieux, pour moins cher ? Mais ne nous trompons pas, RAMUZ est beaucoup plus féroce que vous. Cet homme-là ne raconte que des horreurs! Sur un forum (contraintes et contrastes) il me semble que Lobia vous disait : " Je vous préfère quand vous êtes méchant " . Elle a raison. Votre défaut (c'est mon cynisme qui parle) c'est que tous vos personnages sont gentils, les vieux, les jeunes, les riches les pauvres, les citadins, les paysans. Je sais que la Suisse est un petit pays harmonieux, mais n'y a-t-il pas de haute montagne ? N'y a-t-il que des vallons ? Ne pleut-il jamais ? Neige-t'il ? Ce ressort dramatique manque. Le début du récit me semble emmener le lecteur dans une mauvaise direction. En général les premiers paragraphes d'une nouvelle présentent le personnage principal, le problème auquel il est confronté et son adversaire. Ici Jean-de-Montenach ne joue aucun rôle dans l'histoire, si ce n'est que ce nom est un marqueur pour l'enfant, qui s'en souviendra toute sa vie parce que c'était le nom de la rue où habitaient ses grands-parents. Lui consacrer les trois premiers paragraphes est à mon avis une erreur narrative. J'ai attendu, attendu, je ne sais quoi. Peut-être une confrontation entre sa descendance et la famille du petit garçon... Derrière chancun des portraits et derrière chacune des anecdotes j'attendais l'explosion d'un drame ou d'une joie. Du coup, l'évocation de cette enfance m'a parue trop sobre, jusque dans la mort. Je dirais même que commencer par la vie insipide de Montenach pour raconter celle de l'enfant n'est pas le meilleur tremplin. Reste une belle écriture un peu datée, sage, propre, soignée, à défaut d'être vraiment originale. Pour résumer : une écriture consensuelle, qui plaît au plus grand nombre, et c'est bien mérité. Un plaisir de lecture sans aspérités, qui s'il fait sans doute le bonheur de la famille, laisse un peu l'étranger que je suis sur sa faim. Cordialement Ludi |
Pimpette
26/8/2013
a aimé ce texte
Beaucoup
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je suis zétée très déroutée par le début de ce texte et n'ai pas trouvé VRAIMENT la réponse à mon malaise de lecteur!
Mais peu importe! La qualité de l'histoire et de l'écriture est telle que mon plaisir reste entier et ce que je n'ai pas compris est sans doute du à moi... Les personnages de cette famille...tous... sont attachants au possible! Et c'est souvent si ennuyeux au contraire dans un texte médiocre! POurtant les mots sont simples et c'est probablement pour ça que l'émotion est là... |
matcauth
27/8/2013
a aimé ce texte
Beaucoup
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C'est très agréable à lire, il y a des souvenirs qui parlent à tout le monde, teintés de nostalgie et d'un côté noir, également, pour donner au tout une belle harmonie.
Il manque une intrigue, quelques vieux dossiers de famille qui ressortent et qui donnent de la saveur à l'histoire, qui nous font nous accrocher à elle. Il y a également un côté récitation dans le déroulé du texte, qui pourrait être évité en ajoutant une transition plus lisse entre les paragraphes. Mais l'ensemble est structuré et réaliste, touche le lecteur, et est bien écrit. Et cette façon de dépeindre le passé, de redonner de la perspective à notre vision du monde est tout à fait intéressante et nécessaire. |
Pepito
27/8/2013
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Bonjour Acratopege,
Forme : Belle écriture, du coup je peux chipoter : - "compte de la diplomatie française" compte m'a gêné pour une fonction non marchande - "au même âge que mon père un siècle et demi plus tard." il faut se référer au contexte pour savoir qui est mort en premier ;=) - "et des parcelles de bonheur" je préfère "quelques" à "des" - "des patriciens libéraux" et "demeure patricienne" forment une illusion de répétition - "bourgeois enrichis" c'est à cela qu'on les reconnait, non ? - peut-on être les "puînés" d'une seule personne ? et bien sur l'emploi de parenthèses que je n'ai pas saisi. Broutilles à gout personnel donc, largement rattrapées par les délicieux : - "avenues plantées d’arbres aux graines virevoltantes comme des libellules. " - "Pour un instant, je ne sentais plus le froid." - "La prune violette chutait au ralenti. ..." Fond : un début un poil longuet sur ce brave JFJN Montenach, devenant, après moultes descriptions, le nom d'une rue... et rien d'autre... ? hum... Sinon, de très beaux souvenirs d'enfance. Il me reste cependant un petit gout d'inachevé, il me manque une fin... (j'ai failli écrire chute, oups) Merci pour cette lecture, en tous cas. Pepito PS : le correcteur d'Oniris donne "tractopelle" pour Acratopege... pas banal. ;=) |
Acratopege
30/8/2013
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Vous trouverez remerciements et réflexions sur ma nouvelle ici:
http://www.oniris.be/forum/montenach-remerciements-et-commentaires-t17458s0.html#forumpost230044 |
Anonyme
3/10/2013
a aimé ce texte
Bien ↑
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Bonjour Acratopege,
Voilà une généalogie chère aux théories de la constellation familiale, et que je me plais à croire un brin autobiographique. Je parlerais moins de mensonges de la mémoire, ce qui est péjoratif, que d'imagination qui rend vivantes les scènes. Les descriptions, soignées, trouvent un bel équilibre et emploient les mots justes sans emphase, ni neutralité. Il y a un certain classicisme du style, qui rend la lecture fluide et agréable. Le texte est à l’imparfait, excepté l’épilogue au passé composé, qui décrit les conséquences visuelles sur la propriété du changement de propriétaire, un après-de-l'enfance où tout le pittoresque du révolu n'existe plus que dans la mémoire du narrateur. Et c'est une des missions de l'écrivain que de faire ressurgir le passé le temps d'une lecture. J'apprécie la démarche. Mais il y a un hic. Cette espèce de fausse érudition sur Montenach semble préluder aux relations entre le narrateur enfant et ses grands-parents et oncle et à la première lecture, j’ai cru que Montenach était un ancêtre du narrateur. Mais ce dernier ne fait pas mention d’une telle filiation. J'ai un peu de mal à comprendre ce que les deux parties du texte ont à se dire, sinon que la propriété était située à un numéro d'avenue portant un nom illustre. C'est cousu de fil blanc, comme on dit... En revanche, le suicide de la grand-mère semble introduire à un état intermédiaire de la narration qui la laisse comme suspendue, inachevée comme la vie. Cet événement constitue le climax, la chute attendue dans le déroulé des souvenirs juxtaposés. J’aime bien l’effet de style : « pour leur enseigner sa langue, les mathématiques et les bonnes manières », c’est une allusion ironique à l'éducation idéale pensée par les bourgeois au XIXe. Je ne connaissais pas « courette » ni « sarcloir », merci pour ces mots nouveaux (la littérature des autres aussi sert à cela). Mais du coup, la courette qui mène au porche va dans le sens inverse du trajet décrit précédemment. Je n’ai pas compris la comparaison : « Pendant que nous transpercions le paysage comme des dieux » ; la divinité évoque-t-elle pour vous une sensation de liberté ? Goulet : je vois plutôt quelque chose de ponctuel et non d'allongé comme une avenue. Des graines virevoltantes ? connais pas... parlez-vous des spores ? La prune qui chute au ralenti : que cela signifie-t-il ? Effet cinématographique isolé. Cela dit, je ne me suis pas ennuyé. |