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Humour/Détente
Alcirion : Reproduction obligatoire
 Publié le 18/02/17  -  19 commentaires  -  13579 caractères  -  161 lectures    Autres textes du même auteur

La Nouvelle Méthode a prévu une solution pour chacun de vos problèmes.


Reproduction obligatoire


Le silence de la petite salle d’attente était seulement troublé par les gémissements de la climatisation défaillante. Aurore y patientait à présent depuis une demi-heure. Seule.


Le dernier convoqué avait disparu depuis cinq bonnes minutes au bout du couloir gauche. À l’appel de son nom, il s’était levé promptement, une certaine terreur dans les yeux et un affreux sentiment d’anxiété avait alors serré le cœur d’Aurore.


Le courriel reçu la veille au boulot, à dix-huit heures, l’invitait à se rendre à sa Cellule de Référence à la première heure, dès le lendemain matin. Elle se rappelait avoir parcouru d’un œil distrait les mentions légales en petits caractères au bas du message.


Ministère de la Salubrité Publique, Direction Régionale de l’Abnégation, des Mœurs et des Loisirs : toute contravention à l’ordre contenu dans ce message vous expose à une condamnation à dix jours de Rééducation Sociale et Culturelle…


Aurore réprima un frisson.


Dix jours, ça voulait forcément dire que ce n’était pas important… Une convocation de routine, certes extraordinaire, mais que pouvait demander en plus de celle prévue annuellement par la loi n’importe quel fonctionnaire de Dernière Catégorie pour contrôler un Exécutant.


Un entretien de quelques minutes allait suivre, une vérification, un point à éclaircir, oui, voilà, c’était juste une perte de temps…


Mademoiselle Régalin ?


La voix de l’hôtesse vint interrompre le flot de ses pensées inquiètes…


Oui… C’est moi, Aurore Régalin…


La jeune fonctionnaire-stagiaire la dévisagea d’un œil inexpressif. Par sadisme, et sans cesser de mâchonner son chewing-gum, elle laissa flotter quelques secondes interminables pour enfin enchaîner mécaniquement sur un ton sec :


Deuxième couloir, bureau du fond, annoncez-vous.

Merci… répondit Aurore, d’une voix qu’elle s’efforça de rendre forte.


Il fallut se lever, s’avancer, parcourir les quelques dizaines de mètres indiqués et… le cœur lui manqua au moment de frapper… Elle n’en eut pas besoin.


Entrez !


Voix masculine, douce, chaleureuse… Aurore poussa la porte pour découvrir un jeune homme souriant assis derrière son bureau. Il était magnifiquement cintré dans un uniforme Nouvelle Méthode de fonctionnaire de Dernière Catégorie qui mettait bien en valeur ses efforts des dernières semaines à la salle de musculation. Reposant le petit miroir grâce auquel il ajustait un détail de sa coiffure, il se leva dans une démonstration d’affabilité…


Entrez donc ! Mademoiselle Régalin, c’est ça ? Quel bonheur de vous rencontrer, asseyez-vous, asseyez-vous ! Pascal de Mortmanoir, à votre service… Que me vaut votre gracieuse visite ?


Quelque peu interdite, Aurore avança machinalement et murmura d’une toute petite voix :


C’est que… j’ai reçu une convocation…

Une convocation, fit-il en fronçant les sourcils et en s’absorbant dans la lecture du document qu’elle lui tendit.


Au bout d’un silence qui parut interminable à la jeune fille, il posa la feuille sur son bureau et revint brusquement à son ton enjoué.


Bien sûr, une convocation ! C’est toujours pour une convocation ! Asseyez-vous, asseyez-vous ! (Je vous l’ai déjà dit, je crois ?) Vous voulez boire quelque chose ? Non ? Ou grignoter peut-être ? Ne vous gênez pas si vous voulez fumer, en tout cas ! Asseyez-vous, asseyez-vous !


Cette fois franchement stupéfaite, Aurore s’installa en face du jeune fonctionnaire. En appui sur les coudes, les mains jointes devant le visage, il la contemplait d’un regard radieux et bienveillant.


Alors, alors, cette convocation ! C’est pour quoi, en fait ? fit-il sur un ton passionné.


Aurore en resta un instant bouche bée.


Mais… C’est à vous de me le dire, il me semble…


Il fronça à nouveau les sourcils.


Vous croyez ? Hum… Bien, bien, bien… Nous allons examiner la question. On ne nous informe plus, vous savez ? Une des conséquences de la Nouvelle Méthode… Mais nous allons trouver ensemble le motif de votre convocation, ne vous inquiétez pas ! Alors, où travaillez-vous, par exemple ?

Je travaille à la station d’épuration nord-ouest…

Et que faites-vous ?

Je contrôle la bonne application des normes M-127a, M-127b et M-127c concernant le traitement des nouveaux plastiques, à partir du troisième recyclage…

Mais c’est captivant, dites-moi ! Vous aimez votre travail, depuis combien de temps occupez-vous ce poste ?

J’occupe ce poste depuis cinq ans et j’aime mon travail.


Une certaine contrariété se fit jour sur le visage du jeune fonctionnaire. Il semblait circonspect.


Bien, bien, bien… reprit-il. C’est une piste comme une autre, vous savez ? La convocation peut très bien avoir une autre origine. Que faites-vous de votre temps libre ? Vous avez des passions ? Des passe-temps ? Vous écoutez de la musique, vous sortez peut-être ? Vous aimez le sport, n’est-ce pas ? Tout le monde aime le sport ! s’exclama-t-il dans un merveilleux et charmant sourire de cinéma.

Ben, en fait, pas vraiment… J’aime recevoir des amis, je passe du temps sur Internet, je sors un peu, le vendredi soir généralement, mais jamais très tard…

Vous sortez ? Et que faites-vous quand vous sortez ?

Eh bien… Il m’arrive de prendre un verre avec des amis… Et d’aller danser parfois… mais c’est autorisé dans le Guide de Distraction des Citoyens…

Mais bien sûr que c’est autorisé, voyons, détendez-vous mademoiselle Régalin ! Ah, je crains que nous fassions chou blanc à nouveau, ce n’est pas ça, ce n’est pas ça… fichtre, fichtre…


Immanquablement, ses sourcils se tendirent une nouvelle fois, il semblait réfléchir intensément, et murmura comme pour lui-même :


Pourquoi diable auriez-vous besoin d’une Évaluation Complémentaire ? Ne vous inquiétez pas, nous allons trouver, nous allons trouver ! reprit-il dans une nouvelle expression radieuse.

Excusez-moi, mais… vous êtes toujours comme ça ?

Comme quoi ? fit-il, surpris.

Je ne sais pas… jovial… avenant… captivé…

Ah, vous avez remarqué ça ? C’est la Nouvelle Méthode. Pour les postes en contact avec le public, on sélectionne désormais des personnalités comme la mienne. C’est plus chaleureux, sympathique… rassurant. Mais ce n’est pas tout, vous savez ? Il y aussi les tests physiques, le charisme, les critères esthétiques à respecter… Tenez, si vous m’aviez rencontré fortuitement, quand vous sortez le vendredi soir par exemple, vous auriez accepté que je vous offre un verre, n’est-ce pas ?

Euh, oui, oui… sans doute… mentit Aurore.

Ah, vous voyez ? reprit le jeune homme d’une voix enjouée.


Aurore décrocha de la conversation et le laissa babiller à son aise pendant quelques dizaines de secondes. Il était sérieux, apparemment. Il proférait des inepties avec un aplomb déroutant. La Nouvelle Méthode sélectionnait-elle réellement des crétins des Alpes satisfaits d’eux-mêmes pour les postes en contact avec le public ? Elle avait presque l’impression de rêver. Ce type avait dû être génétiquement modifié pour être aussi con…


Et quel âge avez-vous donc, mademoiselle Régalin ?


La question la rappela brutalement à la réalité.


Euh, j’ai vingt-six ans…

Vingt-six ans, vraiment ? Et vous avez des enfants ?

Non, pas encore…


Le visage de Pascal de Mortmanoir, fonctionnaire de Dernière Catégorie, s’illumina comme s’il venait d’être transpercé par une révélation mystique…


Ne cherchez plus, nous avons trouvé ! Constatez l’efficacité de la Nouvelle Méthode : en moins de dix minutes, nous avons identifié votre problème !

Mon problème ?

Vous n’êtes pas sans savoir que vous avez obligation à vous reproduire au moins une fois ?

Non, bien sûr, mais…

La Nouvelle Méthode vient d’abaisser l’âge maximum à vingt-sept ans…


Et en se penchant légèrement vers la jeune fille, il crut bon d’ajouter :


Et puis, entre nous, avoir au moins un enfant dans toute sa vie, c’est quand même pas la mer à boire, non ?

Si vous le dites… bredouilla Aurore.

Nous allons calculer, ne vous inquiétez pas, donnez-moi votre carte d’identité.


Un peu angoissée, Aurore le regarda effectuer ses opérations avec application. Il suait à grosses gouttes, en tapant des chiffres sur le logiciel de calcul de son ordinateur.


Voilà ! fit-il sur un ton triomphant au terme d’une longue minute. Il vous reste exactement cent cinquante-deux jours pour faire constater une grossesse ! Vous avez un petit ami ?

Non…

Ah !


Une sombre désolation venait de le saisir.


Mais ce n’est pas si grave, vous savez, s’empressa-t-il de reprendre dans un nouveau sourire. L’administration a prévu des solutions ! Bon, je dois attirer votre attention sur les risques légaux, si vous ne respectez pas vos obligations. Six mois de Rééducation en Centre de Jour si vous dépassez la date. Au-delà de ces six mois, si vous n’êtes toujours pas enceinte, ça se complique un peu, c’est un an de Correction Civile, en internement complet…


Aurore sentit une certaine angoisse lui envahir l’esprit…


Et quelles sont les… solutions dont vous parliez à l’instant ?

Eh bien, la grossesse se constate légalement au troisième mois, ce qui vous laisse environ deux mois pour tomber enceinte par vos propres moyens. Si vous deviez ne pas y parvenir, sachez qu’un fonctionnaire de Dernière Catégorie peut vous aider. Rassurez-vous d’ailleurs, je vais d’ores et déjà poser l’option que j’ai le droit d’activer en tant que premier intervenant dans la procédure. Vous m’êtes sympathique, j’ai envie de vous aider.


Cette fois, ce fut une épouvante absolue qui vint submerger le cerveau d’Aurore… Au-delà de la répulsion physique qu’elle éprouvait pour son interlocuteur, concevoir un enfant avec des gènes pareils, le cœur lui manquait…


Bien sûr, si par extraordinaire vous ne souhaitiez pas avoir de relations charnelles avec moi, nous pouvons procéder à une insémination artificielle… conclut-il en observant ses réactions.


À travers le bredouillis qui s’échappa alors des lèvres de la jeune fille, on put entendre :


Ah… je suis heureuse de l’apprendre… je vais réfléchir…

Mais bien sûr ! conclut-il avec le sourire le plus idiot qu’il ait été donné à Aurore de voir dans sa vie. Bien sûr, bien sûr ! Prenez votre temps, la loi vous autorise même à attendre la fin des six mois de Rééducation pour donner votre réponse à ma proposition !


***


Il était environ deux heures du matin. Aurore en était à son quatrième cocktail. Elle soupira en se disant que la boîte (l’Espace de Convivialité et de Rencontres Citoyennes) allait bientôt fermer, et qu’il faudrait alors rentrer chez elle, seule avec sa détresse. Quelques dragueurs pathétiques se trémoussaient encore sur la piste de danse sur un instrumental de Folkloric Vintage Beat (une tendance dansante à base de vielle à roue électronique). Elle en vit même un consulter fébrilement sa montre : sans doute s’angoissait-il de devoir une nouvelle fois rentrer seul…


La Nouvelle Méthode était en effet terrible avec les célibataires. Il s’agissait d’améliorer la natalité défaillante des dix dernières années. Vivre en couple procurant désormais de meilleurs revenus et un certain nombre d’avantages, on s’était donc mis à chercher l’âme sœur avec grande application. Pour Aurore, la situation était encore plus urgente. Fini son amour immodéré pour la solitude, le calme, la lecture, les étoiles qu’il était si agréable de contempler à trois heures du matin, à la fenêtre, en fumant une cigarette… L’administration la pressait de changer sans tarder son mode de vie. Deux mois pour rencontrer quelqu’un, concevoir un enfant, certes, c’était une gageure, mais elle pourrait sans doute y parvenir avant la fin des six mois de Rééducation, oui, il y avait encore de l’espoir, elle pouvait encore échapper à la Correction Civile et à l’insémination artificielle… Une larme coula lentement le long de sa joue gauche sans qu’elle s’en aperçoive.


Je vous offre un verre, mademoiselle ?


Elle releva le regard vers l’importun et ne put s’empêcher de l’évaluer… Taille moyenne, trente ans peut-être, déjà plus beaucoup de cheveux, habillé sans style particulier, sans goût. Un type ordinaire, l’œil pas très vif, charisme passable mais avec un visage qui sur le coup lui sembla plutôt franc…


Elle décida d’attendre la première blague.


Vous savez quelle est la différence entre mon cœur et une étoile filante ?

Ben non…

Une étoile filante n’arrête jamais sa course folle. Mon cœur, lui, a cessé de battre à l’instant précis où je vous ai aperçue…


Oh merde ! Aurore éprouva une irrépressible envie de prendre la fuite, elle saisissait déjà son sac…


Attendez, je voulais juste vous faire sourire… Je suis nul en séduction et j’ai beaucoup de mal à être drôle… fit-il sur un ton consterné.


Aurore s’immobilisa… et puis, surgi de nulle part, le visage de Pascal de Mortmanoir vint brusquement lui traverser l’esprit… Elle tourna lentement la tête vers le jeune homme et lui sourit…


Bon, vous me l’offrez ce verre ?



 
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   plumette   
23/1/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
catégorie SF/ HUMOUR , créé spécialement pour ce texte que j'ai lu sans faillir ni faiblir, avec le sourire.

l'enquête du fonctionnaire pour trouver le motif de la convocation d'Aurore est une très bonne idée qui permet de donner au lecteur de façon détournée et amusante plein de détails sur ce nouveau monde ultra contrôlé.

écriture de qualité, tout à fait au service de ce récit loufoque qui peut faire réfléchir cependant!

Plumette

   silvieta   
26/1/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Sur le ton de l'humour c'est une dystopie et d'une certaine manière une satire du monde actuel puisque si l'on a pas d'enfants ou que l'on n'est pas au moins pacsé à partir d'un certain âge on se fait parfois regarder avec suspicion.

Le décor est crédible ainsi que les dialogues et le déroulement de la nouvelle va de soi.

Quelques petits détails : on apprend en deuxième partie de la nouvelle que la jeune fille " éprouve de la répulsion physique " pour le fonctionnaire de dernière catégorie ( le dénommé Pascal de Mortmanoir ) qui la reçoit alors que les descriptions précédemment données de ce fonctionnaire ne comportent que des adjectifs laudatifs ( il est musclé, passionné, bienveillant et a une voix douce et
chaleureuse ). Et ces descriptions correspondent pourtant au regard porté par la jeune fille sur le personnage ainsi qu'à l'opinion très favorable qu'elle avait de lui. La rapidité du revirement n'est pas des plus convaincantes.

On ne nous explique pas pourquoi la nouvelle société exige que chaque individu se reproduise au moins une fois dans sa vie (Est-ce pour financer plus tard les retraites ?) mais ce n'est pas un prérequis essentiel de la part d'un texte comique.

Le dialogue autour du travail passionnant de recyclage de plastiques " à la station d'épuration nord-ouest " est désopilant.

La chute de la nouvelle n'en est pas tout à fait une : elle n'a rien de surprenant, elle était attendue...mais elle reste empreinte d'humour.

Le texte est très aéré et le style est aisé et adapté aux différents interlocuteurs.

Une nouvelle caustique mais tendre et qui reflète la tristesse de notre société sous ses airs de ne pas y toucher...Bref, ce texte me plaît.

   Robot   
4/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pauvre célibataire. Obligé à se reproduire pour assurer la survie économique. Un teste de Cicéron je crois (souvenir d'une lointaine scolarité classique et latine) relatait que les célibataires romains "étaient condamnés pour ce délit"
Je me suis amusé au dialogue offrant les diverses possibilités à la demoiselle Aurore. (Prénom bien choisi pour cette nouvelle.

- Et puis, entre nous, avoir au moins un enfant dans toute sa vie, c’est quand même pas la mer à boire, non ?
- Si vous le dites... bredouilla Aurore.

Rien que cet échange résume le plaisir que j'ai lu à lire ce texte d'autant que l'écriture est agréable et les dialogues assez fin pour un texte d'humour.

   vendularge   
18/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Une petite nouvelle très agréable à lire, je trouve les dialogues particulièrement réussis, l'écriture semble aisée.

L'ensemble est drôle et le futur évoqué n'est pas très loin du comportement actuel de certaines entreprises (pas sur la natalité ou le célibat mais à propos d'un certain nombre d'autres caractéristiques personnelles qui deviennent quasi obligatoires).

Un moment de lecture qui nous met de bonne humeur (sans doute, le ton léger pour un sujet qui ne peut pas l'être)

vendularge

   Leverbal   
18/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Merci Alcirion pour ce texte de SF au ton badin. J'ai essayé d'en commettre un aussi un peu dans le même genre, on verra s'il a le même accueil en étant classé dans la catégorie SF ;-)
Beaucoup aimé le "Vous m'êtes sympathique, j'ai envie de vous aider."
Trouvé bizarre en revanche qu'on laisse les gens fumer... Une tite clope, Alcirion? ;-)

   Pepito   
18/2/2017
Kriture : impec, rien à déclarer.

Fond : on sourit un brin devant les exagérations. Un petit fond de Gattaca avec une présentation plus fun. Les affres du célibat version dystopie. Puis la chute... Ha ouais, d'accord...

Merci pour la lecture.

Pepito

   Tadiou   
18/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Petite histoire en apparence simple et ordinaire mais terrifiante en ce qu'elle suppose,en arrière plan, de totalitarisme et de contrôle des vies privées. C'est du Big Brother (1984 de George ORWELL).

C'est raconté sur un ton léger et badin, comme si rien n'était du sérieux. L'écriture est agréable, sans aspérités.

Le début est folklorique avec ce fonctionnaire qui ne connait pas la raison de la convocation d'Aurore. On pense bien sûr à une stratégie mise au point pour faire parler la personne convoquée, pour qu'elle se raconte. La proposition "d'aide" du jeune fonctionnaire est surréaliste, mais racontée tranquillement.

La fin est déprimante pour Aurore, mais dans la continuité du reste.

J'apprécie les Majuscules qui font très Monde Futur Bien Organisé avec de Nouveaux Organismes.

Blague sympa en apparence; horreur d'une dictature pour l'arrière-plan.

Au total, ça se lit bien et ça fait sourire. Donc le but est atteint pour ce genre "Humour/détente".

A te relire, pour connaître par exemple la suite pour Aurore et savoir si elle va échapper aux 6 mois de Rééducation en Centre de Jour...

Tadiou

   Anonyme   
19/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Sous l’humour coule le frisson. Sommes-nous si loin, finalement, d’un tel diktat ?

Belle trouvaille, tous les mots en majuscules participent à faire froid dans le dos, laissant imaginer le monde bête et méchant qui se trouve déjà à notre porte.

Votre écriture est limpide et impeccable. Les dialogues sont bien menés.

Le personnage du fonctionnaire "Dernière Catégorie", sous ses airs policé et débile, est assez terrifiant, du fait qu’il démontre les aberrations du "Système" complètement ahurissant qui régit la vie dans ce futur effrayant. Ah... la scène du miroir ! Ce petit détail est croustillant, ainsi que le travail d'Aurore à la station d'épuration nord-ouest.

J’ai particulièrement apprécié quand Aurore, la bien nommée, reprend une vie normale en fin de récit. Cela permet, selon moi, de rendre encore plus plausible, plus terrifiante, une pareille histoire.

Votre nouvelle n’est pas sans me faire penser au « Le meilleur des mondes », d’Adlous Huxley.

Vous l’aurez compris, je viens de passer un agréable moment à vous lire.

Merci


Cat

   Bidis   
19/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je me suis régalée en lisant ce texte. L’écriture est parfaite, on est intrigué par l’histoire, et amusé. En même temps, il en ressort un constat terrifiant et de tout temps d’actualité : difficile, voire impossible, d’échapper à la norme, et l’on finit par accepter ce qu’il y a de moins pire. Il suffit à l’auteur, pour éclairer cette constatation, d’imaginer cette norme sous la forme d’un article de loi…

   PierrickBatello   
20/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Baigné dans les codes de 1984 et du Meilleur des Mondes, je me suis régalé de votre nouvelle. L'humour est fin, emprunts au film Brasil et au plus récent The Lobster (une perle!) aussi par moments.
Mini bémols: la chute sympa sans être renversante et le renversement de jugement d'Aurore ne paraît pas très crédible, notamment cette phrase drôle "Ce type avait dû être génétiquement modifié pour être aussi con…" et la révulsion physique alors que tout nous le présente comme un bellâtre.
Au grand plaisir de vous relire.

   hersen   
20/2/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je suis un peu en porte-à-faux avec ce texte.

Il est vrai qu'il est présenté en humour/détente et non en SF et que l'aspect humour est bien présent.

Cependant, j'ai du mal à adhérer. je crois que c'est parce que le problème de la procréation ne devrait pas se poser dans un monde futuriste puisque l'insémination artificielle est déjà existante de nos jours et que je suppose que bien d'autres méthodes technologiques, teintées peut-être d'eugénisme, vont voir le jour (le clonage...)

En fait, pourquoi s'embêter avec tout ça (je veux dire la relation humaine) quand on pourrait inséminer tellement de femmes avec un seul don de sperme ?

Donc, c'est là où j'ai du mal à m'accrocher au texte. Ce n'est pas logique.Naturellement, le boniment digne d'un vendeur de canapé est marrant. Mais cela ne suffit pas selon moi à étoffer le texte.

Devoir choisir son partenaire par défaut par contre est une bonne idée, mais je l'aurais aimé dans un autre contexte. J'aurais aussi aimé que l'on s'écarte des clichés de la séduction.

Et la fin est passablement déprimante.

En fait, pour être honnête avec moi-même, je crois que je me prends trop la tête pour pouvoir apprécier ce texte. Mais la section humour/détente est, je suppose, tout sauf prise de tête ?

Mais à vous relire avec plaisir, Alcirion.

hersen

   Pouet   
20/2/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bjr,

J'ai vraiment bien aimé le début. J'ai trouvé un peu de Kafka ("Le Procès") dans le dialogue préliminaire entre Aurore et le Fonctionnaire de Dernière Catégorie, et du coup j'ai regretté le titre car on sait dès lors de quoi il va être question, cela m'a gâché le suspense, j'aurais bien aimé resté dans le flou, m'abreuver un peu de décalé et d'absurde et de n'apprendre qu'au dernier moment cette "reproduction obligatoire".

On peut s'étonner que dans cette nouvelle qu'on suppose futuriste la reproduction soit devenue obligatoire, on imaginerait plutôt l'inverse, démographie galopante oblige... Mais sûrement qu'une catastrophe s'est produite, dépeuplant la planète?...

Je suis un poil déçu par la fin car même si cette dernière laisse place à l'imagination du lecteur, je la trouve un peu simple, pas franchement inspirée.

Quelques petits traits d'humour légers et bienvenus du style:

"Rassurez-vous d’ailleurs, je vais d’ores et déjà poser l’option que j’ai le droit d’activer en tant que premier intervenant dans la procédure. Vous m’êtes sympathique, j’ai envie de vous aider."

Ou:

"– Bien sûr, si par extraordinaire vous ne souhaitiez pas avoir de relations charnelles avec moi, nous pouvons procéder à une insémination artificielle…"

Ou encore:

"Ce type avait dû être génétiquement modifié pour être aussi con…"


Voilà, sinon l'écriture est agréable, les dialogues bien rendus, l'ambiance sympatoche.

Cordialement.

   matcauth   
20/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Alcirion,

je ne m'attendais pas à ça, ayant lu vos deux précédents textes, et je dois dire que vous passez d'un style à l'autre sans aucune difficulté. C'est du beau boulot.

L'histoire m'a fait penser à la série Black Mirror, une série d'anticipation. Je regrette que vous n'ayez pas poussé plus loin dans la société Big Brother, que vous vous soyez interrompu si rapidement. PArce que l'ensemble est vraiment agréable à lire et que l'histoire est intéressante, cohérente, et qu'on peut facilement plonger dans cet environnement et imaginer les tenants et les aboutissants du monde que vous décrivez.

Décidément, vous êtes un créateur d'univers !

Je n'aurais pas vu ce récit en catégorie divertissement, ni en humour. Le ton est enjoué mais l'humour n'est pas le but. Ou alors pour rire jaune, finalement.

Mais je retiens surtout l'ensemble très cohérent et qui ne part pas dans trop de direction. L'amorce est suffisante pour faire réfléchir le lecteur, et c'est le plus important à mes yeux.

Au plaisir de vous lire.

   Anonyme   
13/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte est un vrai régal de drôlerie et de précision.
Je ne sais pas comment j'ai pu ne pas voir ce texte dans la liste des nouvelles publiées mais je ne regrette pas de l'avoir lu. D'une traite et sans le moindre ennui.
Je me demande bien ce qu'est devenue la petite Aurore Régalin et son géniteur aux blagues lourdissimes :)
Il est vrai que dans le contexte il n'est pas vraiment obligatoire de se casser la tête puisque tôt ou tard on trouve une partenaire "consentante" et peu exigeante par obligation.

   Alcirion   
13/3/2017

   Bartik   
15/3/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Excellente nouvelle très bien menée. Reproduction obligatoire? pourquoi pas puisque nous sommes dans un univers futuriste un peu absurde. J'adore la description du fonctionnaire décalé jusqu'au grotesque et inquiétant puisque dépositaire de l'autorité. Comme source d'inspiration on peut rajouter le Brazil de Terry Gilliam pour les cinéphiles.
Il manque une chute c'est dommage ( mais pas indispensable).

   Thimul   
26/3/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Wouarf ! Génial !
C'est par moment jubilatoire. L'idée que le fonctionnaire ne sache même pas pourquoi elle est là et cherche avec elle est une trouvaille.
En lisant cette perle je pensais au film Brasil.
L'écriture coule l'ironie est constamment présente bref pour moi c'est une totale réussite.
Bravo.

   Anonyme   
16/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
J'ai été surprise par la catégorie , tant il y a un fond dramatique, totalitaire, dans cette société qui privilégie encore la reproduction naturelle, via "La Nouvelle Méthode" édictée dans cette société: "Ministère de la Salubrité Publique, Direction Régionale de l’Abnégation, des Mœurs et des Loisirs : toute contravention à l’ordre contenu dans ce message vous expose à une condamnation à dix jours de Rééducation Sociale et Culturelle…" Alors bien sûr le fonctionnaire est d'une c..... à faire rire , mais aussi à faire peur avec ses vides cérébraux Kafkaiens . Pour ma part j'ai aimé votre texte pour son côté sombre finalement mis en valeur par le personnage surréaliste du fonctionnaire-stagiaire.
Merci pour ce texte.
Nadine

   moschen   
15/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'effrayant dans votre univers, c'est cette administration qui désigne les plus zélés, ceux qui appliquent à la lettre les lois, incapables de sens critique.
Le fonctionnaire connait ses droits. Il se propose immédiatement de l'aider.
A mon sens, le fonctionnaire passe trop rapidement de la relation physique à l'insémination. Peut-être tombe-t-il lui-même sous le coup de cette loi de procréation obligatoire ?

La recherche de la cause de la convocation est pernicieuse puisqu'elle vous invite à vous accuser vous-même, selon votre morale, de comportements déviants pour le système.

Au milieu du récit, Aurore semble redouter le plus de mélanger ses gènes avec ceux d'un idiot. La chute nous dit l'inverse.
Je comprends que le souvenir du fonctionnaire l'ait fait changer d'avis. La franchise et la modestie de sa dernière rencontre sont donc un moindre mal ?

J'ai séché sur une seule phrase du début : mais que pouvait demander de plus .... n'importe quel fonctionnaire ... pour ...
Pour le reste, j'ai lu d'une traite, je voulais connaître le dénouement.


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