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aldenor : Market tekraM
 Publié le 14/05/11  -  13 commentaires  -  11502 caractères  -  114 lectures    Autres textes du même auteur

Promenade dans les oliveraies.


Market tekraM


Je trouvais toujours au cinéma, dans les scènes champêtres de couples cueillant des fleurs, une mollesse, un je-ne-sais-quoi d’agaçant et de maniéré dans la posture des femmes tenant un gros bouquet sur le plat du bras replié contre leur sein, comme on porte un nouveau-né. Les hommes ne m’agaçaient pas moins, tenant leur bouquet d’une main martiale, droit comme un balai, soucieux pensais-je de préserver leur image virile. Ainsi naissent les préjugés : on parle sans savoir ; je m’étais fait des opinions sur la manière de tenir les bouquets sans avoir jamais cueilli de fleurs.


Or voilà que, marchant en bordure des oliveraies à perte de vue sur le promontoire de Ras Chekka, au-dessus de mon village de Batroun, l’envie m’a pris de cueillir les cyclamens qui poussent ici à profusion en cette période de l’année, hic et nunc, comme aimait à dire père Khalifeh en classe de philo, de sa voix chevrotante.


Ça n’a pas été facile au début : d’abord de surmonter la barrière morale, m’arroger le droit d’abréger l’existence du cyclamen de mon choix ; ensuite, quand je me suis décidé pour un petit trapu et pâlot, et que prenant la tige trop haut, je l’ai bêtement décapité, de me défaire du sentiment de saccager la nature, gratuitement, par maladresse et balourdise.


Enfin, procédant avec plus de précaution, prenant la tige à la racine, j’ai extrait un magnifique cyclamen rose, et l’amenant à hauteur de mon nez j’ai senti se dresser les cheveux que je n’ai plus : sous un violent effet de déjà-odoré une porte s’ouvrait aux confins de mon cerveau, libérant toutes mes appréhensions. Après cela mon rythme s’est accéléré : bondissant sur les talus, arrachant les cyclamens par touffes, plongeant hardiment la main sous les feuilles, moi qui en d’autres circonstances ai une peur bleue de l’invisible, mon bouquet a rapidement grossi. Au point que ma paume et mes doigts tendus à leur limite n’arrivaient plus à faire le tour de toutes les tiges.

Un moment désorienté, ne sachant pas comment garder une main libre pour continuer ma cueillette, j’ai fini par appuyer le bouquet contre mon ventre, ce qui n’est pas très commode, et puis graduellement, d’ajustement en ajustement, les fleurs ont glissé sur mon avant-bras et je me suis retrouvé dans la posture, probablement optimale, de madone à l’enfant des scènes de cinéma. Voilà donc pourquoi les femmes tiennent ainsi leur bouquet de fleurs, ce n’est pas pour paraître éthérées, elles n’ont simplement pas trouvé d’autre moyen, passé un certain volume de bouquet, de tenir les fleurs tout en gardant suffisamment de liberté de mouvement pour en cueillir davantage ; quant aux hommes s’ils les tiennent dans une main c’est qu’ils n’en cueillent pas beaucoup !


Habituellement, j’accumule des pensées lors de mes promenades et les mets sur le papier une fois rentré chez moi. Mais j’ai remarqué qu’elles s’échappent ou se déforment entre le moment où elles sont émises et celui où elles parviennent sur mon bureau : la preuve, à l’arrivée elles ne sont jamais aussi brillantes qu’elles m’avaient paru en marchant. Je me suis dit que le secret doit être de capter l’inspiration à sa source et j’écris donc ces lignes « sur le vif » dans un petit calepin. L’essai semble concluant : cette idée même que les idées s’appauvrissent si on ne les cueille pas à leur apparition m’aurait sans doute autrement échappée. Forcément d’ailleurs, puisque si elle ne m’aurait pas échappé et serait arrivée intacte jusqu'à mon bureau, elle aurait été fausse.


Une trouvaille en tous cas ce calepin. Je ne savais pas qu’il en existait de si petits : 12 x 8 cm environ. Je l’ai déniché dans un mini-marché sur mon chemin, « Market tekraM* ». J’ai demandé au vendeur, absorbé dans un problème d’échecs :


- Auriez-vous par hasard des cahiers ?


Il a péniblement extrait son attention de l’échiquier.


- Pardon ? a-t-il dit en chassant de la main des pièces qui voletaient encore dans son cerveau.

- Un cahier ?


Il ne passe pas grand monde par ici ; sa clientèle doit se réduire aux habitants des patelins environnants. Il m’a observé avec une certaine curiosité, s’attardant sur mon bermuda tombé à mi-fesses. J’achète trop larges mes pantalons, les essayages me provoquant des ballonnements.


- Un cahier pour écrire ? m’a-t-il demandé.

- Oui… oui, pour écrire… lui ai-je répondu, en appuyant sur « écrire » et hochant la tête en signe de : félicitation, comment avez-vous pu deviner ; j’ai toujours peur de vexer les gens.


Il est allé farfouiller dans ses étagères. Il est revenu tandis que je m’attelais à caler mon bermuda dans l’élastique du slip.


- Je n’ai que ça. Ils sont assez petits ; je crains que ça ne vous convienne pas.


Il est vrai que ces calepins ne doivent pas convenir à beaucoup de monde ; à des écoliers voulant tricher peut-être ou à des jeunes filles cachant des poèmes dans leur corsage, le fait est qu’ils se dissimulent aisément et en tous cas à moi, le format me convient parfaitement ; il s’insère dans la poche de ma chemise.


Un avantage subsidiaire à noter mes pensées sur le vif est que si je tombais raide mort pendant ma promenade, elles seraient sauvées et une partie de moi-même se trouverait donc soustraite à ma mort.


Fata Morgana de survivre dans nos œuvres ? Qu’à cela n’y tienne, il reste que le sens d’écrire est de conserver les idées. Comme des olives en bocal, on met les idées dans des calepins, avec de l’encre en guise de gros sel. À cette différence que si personne ne mange les olives du bocal, on ne peut pas dire qu’elles n’existent pas, tandis que si personne n’ouvre mon calepin, les idées qui s’y trouvent seraient bel et bien mortes, car elles ne sont rien en dehors d’un esprit vivant hic et nunc, comme dirait père Khalifeh, alors que les olives n’ont pas besoin d’un estomac pour exister.


On ne voit guère que des paysans par ici, parfois sur des tracteurs agricoles. L’un d’eux apercevra de loin une curieuse tache mauve entre les oliviers ; en s’approchant il trouvera mon corps recroquevillé sous un amoncellement de cyclamens. Mais ce n’est pas lui qui découvrira ces lignes ; il aura eu une belle frousse en tombant sur un cadavre et aura appelé les gendarmes. Ou bien il n’aura pas voulu se mêler de cette affaire macabre et aura détourné la tête. Mais pour finir quelqu’un appellera les gendarmes. Il cherchera le téléphone le plus proche, au Market tekraM ; le vendeur commentera après avoir écouté l’appel du paysan « c’est sûrement mon clown de tout à l’heure ». Et donc, vous qui lisez ces lignes en premier devez être inspecteur de police. Juste ? Faux ? Médecin légiste ? Tout de même pas un maraudeur ? Si cela était le cas, vous trouverez, monsieur, quelques billets dans la poche du bermuda, prenez-les et remettez ce calepin en place, bandit de Calabre !


Un inspecteur de police est quand même le scénario le plus vraisemblable. J’espère monsieur l’inspecteur que vous avez un penchant pour la littérature et me lisez sans trop de déplaisir. Je dis « monsieur » l’inspecteur, mais je n’en sais rien, des fois que vous seriez une femme. Pourvu que mon cadavre ne soit pas alors trop ignoble et puant. J’ai l’air négligé, comme ça, au premier abord, mais j’ai quelque coquetterie dans le fond et j’aimerais bien savoir à mon cadavre une certaine séduction.


L’inspectrice Rosa. Vous viendrez nonchalamment, en robe courte jaune pâle avec un motif de grandes fleurs mauves, épaules nues, et des baskets sur des bas de soie. Vous admirerez le paysage en vous disant bel endroit pour mourir. Vous chercherez des indices : le bermuda trop large, indicateur de flatulences occasionnelles lors des essayages, signe à son tour d’inconfort en société ; les mollets du marcheur assidu. Vous tiendrez mes cyclamens dans vos doigts pensifs et effilés en songeant : c’est louche quand même un homme qui cueille autant de fleurs… Et puis vous découvrirez le calepin ; vos petits yeux amande plissés, vifs et scrutateurs comme des pyromètres, en dissèqueront le contenu ; vous commencerez à pénétrer dans les méandres de ma pensée, vous ferez le rapprochement entre le bermuda et les cyclamens, vous fouillerez mon enfance, mes faiblesses et vous lancerez un coup d’œil furtif sur mon cadavre en pensant : c’est fou, il a deviné chacune de mes réactions. Et vous enfouirez le calepin dans votre corsage.


Au parfum cyclamen. Que mon calepin humera avec nostalgie. Puisque mon calepin est la Fata Morgana de ma pensée, qui me survivra.

J’ai longtemps esquivé le sujet de la mort. Un jour il faut s’y mettre. La regarder en face.

Plus je vieillis plus elle rajeunit. Devient moins répulsive. À l’inverse de moi.

Nous nous mouvons ensemble sur le même axe. J’avance, elle va à reculons, vers sa jeunesse, vers sa naissance.

La mort ne m’attend pas au bout du chemin, elle m’escorte sur mon chemin, toujours présente pour qui veut la voir.


Vous relèverez sans vous gêner un pan de votre robe pour ajuster votre bas sur la jarretelle, assurée de l’absence de mon regard. Mais le vendeur du Market tekraM, venu par curiosité sur les lieux, vous regardera faire, lui, les yeux tous ronds.


Vous sentirez sa présence et vous retournant en lissant votre robe, vous lui direz :


- Vous êtes Samir Rimas, le témoin du Market tekraM, n’est-ce pas ? Celui qui a traité la victime de clown.


Pris au dépourvu par cette accusation, Samir agitera en signe de dénégation l’échiquier portatif dont il ne se sépare jamais :


- Ah mais non, c’est faux, je n’ai traité personne de clown. J’ai dit client et non pas clown, dira-t-il, prononçant « cloyent et cloyne » pour renforcer la probabilité d’une confusion.


Vous tirebouchonnerez une moustache imaginaire avec suspicion :


- Inutile de nier. La victime a tout noté ici, direz-vous en sortant le calepin de votre corsage.

- Je le reconnais ; il l’a acheté chez moi, observera Samir. J’étais surpris qu’il veuille écrire sur ces feuilles miniatures, que mes clients utilisent pour confectionner des cornets de sel avec le pique-nique. Mais je ne comprends pas : comment a-t-il pu savoir que je l’ai traité de clown puisqu’il était déjà mort ?

- Oh, ce n’est qu’un trucage, j’ai moi aussi été leurrée au début : en se plaçant sur le plan des personnages, les événements se produisent après avoir été écrits, ou plus exactement, parce qu’ils sont écrits, tandis que sur le plan de l’auteur, l’événement ou l’idée précède l’écriture. En glissant d’un point de vue à l’autre, l’auteur cède son rôle au personnage, produisant l’illusion d’une prescience.

- Je vois. C’est comme l’analyse rétrograde aux échecs : on prend la partie à contresens pour déterminer la séquence de coups ayant amené une position donnée. On a beau jeu en venant à l’envers de connaître la suite des événements.


En vue aérienne : l’horizon chargé de nuages sombres sur la mer d’oliviers argentés du promontoire de Ras Chekka ; une voiture de police garée sur un chemin terreux ; une tache mauve, un corps allongé ; un homme et une femme en discussion ; une tunique blanche à quelque distance du groupe : le père Khalifeh arrivant d’un pas traînant, la tête penchée de côté, signe de bonté.


- C’est impensable, dira le vieil homme à bout de souffle à Rosa et Samir une fois à leur niveau, vous palabrez, vous palabrez, vous ne pensez pas que les cyclamens vont se faner si vous ne les mettez pas dans l’eau.


Fin



* Market tekram, anglo-libanais = Marché, soyez le bienvenu.


 
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   Anonyme   
24/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Vraiment amusant ! J'ai apprécié cette balade douce-amère, mêlant le trivial, le poétique, l'auto-dérision.

Ceci, en revanche, cette démonstration :
"- Oh, ce n’est qu’un trucage, (...) la suite des événements."
alourdit inutilement le propos à mon avis. Je ne pense pas qu'il y ait besoin d'une mise en abyme supplémentaire.

   placebo   
14/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
huhu c'est pas mal.
J'aime bien l'écriture (en même temps, ou bien elle me rappelle la mienne, ou toutes se ressemblent sur oniris), avec un mélange de douceur, de cynisme et d'optimisme :)

La fin fait penser à une pièce de théâtre quand, on ne sait parfois pour quelle raison, tout le monde se retrouve dans l'avant-dernière scène. Ici, le lien est le narrateur, alors la philo, le carnet, la mort ont rendez-vous.
J'aime bien, définitivement, les fleurs, l'introduction avec la critique cinématographique, les palindromes qui ont un sens, le fait qu'il cède à la folie extatique de cueillette des fleurs après ce sentiment de saccage…
Définitivement, j'aurais pu l'écrire, mais je pense que j'aurais moins bien réussi (sur la forme, qui est super, et sur la cohérence du fond malgré la diversité d'idées)

En fait, ça me fait penser à une sorte de rêve, peut-être semblable à certains films comme Matrix : le monde se crée, s'alimente, se justifie de lui-même (j'avais loupé le premier passage sur le carnet caché dans le corsage). Et j'aime beaucoup.

Du coup je mets la note que je me donne habituellement en légèrement améliorée :) *auto-ironise…* ^^

Bonne continuation.
placebo

ah oui, écrire tout ça sur un carnet 8*12… il a du le finir avec ce seul événement ^^
ah non, ça pourrait tenir sur une quinzaine de recto-veso en fait… j'ai rien dit :p

   Maëlle   
9/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Divagation amusante et agréable à lire. On ne sait pas trop où ça va ni comment on en arrive là, mais les images sont bien rendue et certaines amusantes.

   toc-art   
14/5/2011
Commentaire modéré

   chronicroqueuse   
14/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
D'errances en divagations, le lecteur ne sait pas trop où le conduit ce texte...et en perd le fil. Une écriture qui mériterait d'être resserrée.

   Charivari   
14/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Désolé, je n'ai pas trop accroché. Je trouve cela plutôt bien écrit, mais j'ai l'impression que ça passe du coq à l'âne, sur des questions triviales et sans grand intérêt. Du coup, ça a beau être court, je me suis ennuyé. Ce qui pourrait être de l'humour, c'est juste du désuet, ce qui pourrait devenir profond reste superficiel. Tant pis, d'autres apprécieront.

   toc-art   
14/5/2011
Bonjour aldenor,

je ne suis pas allé au bout de ma lecture et j'en suis désolé, mais j'ai été arrêté par cette phrase : "Forcément d’ailleurs, puisque si elle ne m’aurait pas échappé et serait arrivée intacte jusqu'à mon bureau, elle aurait été fausse."

L'erreur est manifeste (l'emploi incorrect du conditionnel passé au lieu du plus-que-parfait après "si") et pour moi rédhibitoire, au risque de passer pour un psychorigide des règles du français. On est quand même sur un site à vocation littéraire et l'amateurisme n'autorise pas, selon moi, des erreurs aussi grossières.

L'écriture, ce n'est pas seulement une idée ou une imagination, c'est aussi une langue au service de cette inventivité. Là, je trouve que cette incorrection (qui s'entend à l'oreille. J'aurais été plus indulgent pour une mauvaise concordance des temps moins visible et audible, si je puis dire) décrédibilise votre propos. En tout cas, elle a stoppé net mon envie de poursuivre ma lecture et m'a empêché de savourer un texte qui, je vous en fais volontiers le crédit, a sans doute bien d'autres qualités.

bonne continuation.

   widjet   
14/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je dois avouer que les derniers textes d'aldenor, bah, me laissent un peu perplexe.

Toujours cet esprit créatif qui divague et erre dans des réflexions existentielles et originales, cette volonté affirmée et unique de voir et d'analyser les choses dans un angle inédit, décalé à la manière d'un solidane. Mais là, c'est un peu trop chaotique dans le traitement, trop disparate et (en tout cas c'est la sensation que j'ai) délibérément et - pour moi - excessivement personnel.

La grande différence que je perçois est qu'avant, j'avais l'impression que cette douce folie était (d'un point de vue maîtrise littéraire) plus canalisée, plus construite (j'allais dire plus "réfléchie").... et partagée. Malgré les idées farfelues, les passages loufoques, le lecteur que je suis arrivait a suivre et mieux que ça, je me sentais accueilli et invité à participer à ce délire. Et du point de vue de la forme, c'était abouti, rigoureux.

Mais depuis les dernières parutions et dans ce texte là encore, les divagations me semblent moins maitrisées, les ruptures de ton sont plus fréquentes et surtout plus brutales (dans "Market Tekram" on passe des fleurs aux olives puis d'un calepin et d'une mort annoncée et ça fait comme des "blocs" totalement décorrelés les uns des autres sans la "glue" qui les maintient). Toutes ces "cessions" me semblent mal accompagnées, il leur manque une transition (même légère), un "liant" (qui peut-être discret voire subtil, mais qui doit être là quand même, je pense) afin de chasser cette désagréable sensation de lire plusieurs textes (trop) différents.

Ce nouveau procédé adopté par l'auteur me désarçonne et ma lecture s'en trouve un peu trop dispersée et au final, je ne sais pas vraiment qualifier le texte parcouru. Mais peut-être est cela qu'on appelle un texte inclassable ?

Sans doute (surement) que cela est volontaire, même souhaité par l'auteur désireux de s'orienter vers quelque chose qui ne flirte pas encore avec le surréalisme, mais devient de plus en plus abstrait. Une nouvelle direction que je respecte, mais qui personnellement ne me correspond pas (en tout cas pas dans ce traitement).

J'ai trouvé l'écriture aussi moins rigoureuse (rendant les scènes finalement assez peu visuelles) mais une fois encore et peut-être que c'est ce que je regrette le plus a savoir cette impression (peut-être fausse mais c'est un ressenti) de "non-partage", l'auteur - en ne me facilitant pas la lecture - me boutant hors de son univers.

Moi, je milite pour le retour de l'auteur de "La course d'autobus", "Dieux-pourritures", "729 et 271", "Le champion" et autres réussites !

W

   Lariviere   
15/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y avait longtemps que je n'avais pas lu de l'"Aldenor"...

Je suis content de ma lecture. Non seulement parce que je trouve l'écriture toujours aussi riche et maitrisée mais surtout parce que j'aime cette façon d'écrire qui laisse aller, divaguer les choses et les gens, sans qu'il y ait une véritable trame, une trame palpable, rigide, toujours trop caricaturale, superficielle et fausse... Ici, la narration et les faits sont tellement élastiques qu'ils en paraissent libres (à mon avis, il n'en est rien) et vides de sens : tout se ressemblent et tout se rejoints. Tout prend la même valeur. Ils n'y a pas de hiérarchisation entre les choses : cyclamens, cinéma, calepin, pensées, passé, présent, postérité, personnages... et en réalité, tout cela est fait pour insister sur l'aspect philosophique de la vie ; là où tous se rejoint et où tous se ressemblent... Cyclamens, pensées de l'écrivain et vie des hommes, tout simplement...

Il y a dans ce texte, une certaine forme de poésie sincère, une belle maitrise (toujours) de l'écriture, de la profondeur évidente, un peu d'absurde souriant et d'auto-dérision, un zeste d'existentialisme et un parfum de mélancolie paisible qui se dégage doucement de ces bouquets de cyclamens.

Merci Aldenor !

   Anonyme   
15/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé ma lecture.
Le style est entrainant, rythmé, les histoires s'entremêlent de manière très poétique.
J'ai aimé l'amorce, l'explication sur le porté des fleurs, le parallèle avec l'échiquier.
On ne m'a pas vraiment raconté quelque chose, on m'a raconté tant de choses, et d'une bien jolie manière dans ce récit.

   Douve   
15/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je n'ai pas vraiment compris l'intérêt de ce texte.

L'écriture est très correcte, le ton léger ; la lecture plutôt fluide, et c'est tant mieux.

Cependant, je n'ai pas réellement perçu de fil conducteur et cela m'a gênée. Tout ceci reste très anecdotique, on sourit quelque fois, mais je n'ai jamais ri, ni été franchement captivée.

Plutôt sceptique donc face à ce texte inclassable.

   Anonyme   
16/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une rédaction quasi-parfaite. J'aimerais tant écrire comme ça !
Puis une histoire riche, pas si frivole qu'on ne pourrait le penser au premier abord. Ainsi cette réflexion "Habituellement, j’accumule des pensées ... elle aurait été fausse." est tout à fait pertinente et rejoint mes propres impressions.

Le passage aussi sur la mort "Plus je vieillis plus elle rajeunit. Devient moins répulsive. À l’inverse de moi." est franchement bien trouvée.

Enfin la façon de mettre en scène ton cadavre avec l'intervention de plusieurs personnages est plutôt cocasse.

Dommage pour ce passage final "Oh, ce n’est qu’un trucage ...etc " qui casse le rythme et m'apparait superflu.
Un texte que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.

   Selenim   
25/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte que je qualifierais d'errant.

L'auteur avance dans son texte sans savoir où il va, il nous met devant un récit Matriochka. C'est agréable à la lecture, car l'écriture est maitrisée, mais l'impression de patchwork s'affirme à mesure que l'on s'approche du final.

Ce qui me gène, c'est le sentiment de cassure entre ces différentes parties. Le fil rouge est si tenu qu'on le devine avec peine. Dans chaque partie distinctes, l'auteur semble vouloir suivre une piste, une réflexion, peut-être inscrite lors d'une promenade dans une oliveraie.

Si chaque aspect de l'histoire est intéressant, j'ai des doutes sur leur promiscuité.

Au final, je garde une lecture agréable mais aucune phrase, image ou réflexion ne me reste en à l'esprit. Comme dans un bouquet de fleurs sauvages : toutes différentes, aucune de s'affirme ni ne s'impose.

Selenim

   Bidis   
30/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne pouvais qu’apprécier le délicieux surréalisme de ce texte.
Petite remarque :
- « les essayages me provoquant des ballonnements. » : Les participes présents me semblent toujours très lourds. Mais les remplacer par les relatifs « qui » n’est pas tellement plus heureux ; depuis, pour ma part, j’opte pour deux propositions principales : « J’achète trop larges mes pantalons : les essayages me provoquent des ballonnements. » Je trouve cela plus léger.
Je me ferai la même réflexion quand je rencontrerai « … en appuyant sur « écrire » et hochant la tête » et « ...à des jeunes filles cachant des poèmes »
Alors que Google m’a appris que « Fata Morgana veut dire mirage » (j’adore apprendre des expressions nouvelles) pour le père Khalifeh, mon détour par le Net n’a servi qu’à m’enfoncer davantage dans la nuit de mon incompréhension. Je retrouverai ce Khalifeh à la fin du texte d’où il ressort qu’il est sans doute sorti de l’imagination de l’auteur.
Texte jubilatoire que j’apprécie, je l’ai dit.


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