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Aliceane : La rupture
 Publié le 10/04/07  -  10 commentaires  -  2912 caractères  -  98 lectures    Autres textes du même auteur

Il s'agit d'une lettre de rupture parmi tant d'autres. Elle témoigne de l'incompréhension naissante entre un homme et une femme.


La rupture


Le 6 avril 2006, 02h54 du matin.


Dans un couple, il y a un point de non-retour, je crois bien que nous y sommes arrivés toi et moi. Nous le savons, chaque jour qui passe nous le prouve et nous montre combien il est insensé de s’évertuer à aller contre cela. Oh, je t’en veux énormément de m’avoir entraînée là-dedans. Je t’en veux d’avoir existé, d’avoir croisé mon chemin. Tu me rends si triste, je suis comme face à un mur, mais quel mur peut-il être plus horrible ?


Je te parle, tu ne m’écoutes plus, je te fais part de mes projets, tu ne les partages plus… Pourquoi en sommes-nous arrivés ici ? Pourquoi n’avons-nous pas eu suffisamment de courage pour ne pas nous engouffrer là-dedans ?

Comment sortir de là ?

Tourner la page… d’une minute à l’autre, d’une vie à l’autre… Se quitter… Pour toujours…

Je ne plaisante plus, au contraire j’ai sans cesse les larmes aux yeux. On ne vit plus qu’à travers des cris.


J’ai été bien faible quand j’ai cru à tes promesses, j’ai été si faible… Aujourd’hui nous sommes malheureux par faiblesse, c’est horrible, incompréhensible, impossible.

Je refuse de me sacrifier, moi, mon bonheur, mes projets, MOI.


Oui, je demande sûrement un peu trop d’attention, oui c’est parce que j’ai beaucoup souffert durant mon enfance, oui j’ai besoin de ta présence, de ton écoute, de ton amour, mais je n’ai rien. Je voudrais ne rien avoir en étant seule, pas en étant avec toi. Alors je prie d’être assez forte pour claquer la porte. Il me faut me construire une nouvelle vie. Et même si tu reviens pour me dire que tu vas changer, que je suis celle que tu aimes, que tu veux fonder une famille avec moi, je ne dois pas oublier la réalité.


Je dois me souvenir de ce mois où j’ai cru être enceinte, ces jours-là où j’ai vu ton indifférence… Tu as même parlé de ne pas assumer cette paternité, toi qui regardais, l’air rêveur, quelles couches iraient le mieux pour nos futurs enfants. Je dois me souvenir que tu m’as promis le mariage et qu’aujourd’hui cette alternative te fait bien marrer. Je dois me souvenir de cela, et t’oublier TOI.


Je me reproche d’avoir été trop faible, d’être l’actrice de mon propre désespoir. Et de ne pas savoir comment en sortir… partir, aller où, ne jamais revenir, tout reconstruire, seule ?


Sauter… ? Sauter ?… Ouvrir cette fenêtre, m’en aller par ici… Il y a des jours où elle m’attire tant, je me vois grimper sur le rebord, regarder le ciel, regarder en bas, puis encore en haut et m’en aller pour toujours.

Pourtant je ne saute pas, je suis là, tu t’es endormi sans entendre ma détresse, ou plutôt sans vouloir y répondre. Et encore une fois, je n’ai trouvé que cette alternative pour ne pas… je n’ai vu que cela… écrire…

Je n’ai rien fait de mal, j’ai tout fait comme tu me le demandais, j’ai tout abandonné pour toi, j’ai tout misé sur ta sincérité, sur notre amour, alors, mon Dieu, mais qu’est-ce qu’il se passe ?


 
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   Fattorius   
11/4/2007
 a aimé ce texte 
Un peu
Nota: "alternative" ne signifie pas "solution de rechange", mais suggère qu'il y a deux solutions possibles.

Sinon, que répondre? Comment réagirait un homme auquel on écrit "j'ai tout fait juste"? A voir...

   philippe   
13/4/2007
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Il est difficile de croire que l'auteur et le narrateur ne sont pas une même personne.
si c'est le cas, que l'auteur fasse attention: les lettres publiques n'ont pas valeur de Catharsis et n''amène rien aux lecteurs.
Si ce n'est pas le cas, attention quand même: l'âme du narrateur est tellement torturée par son amour déçu que le récit ne se termine pas: le lecteur n'a pas de balises correctes.

   Ninjavert   
15/4/2007
Je ne pense pas qu'il faille prendre cette lettre comme une histoire en tant que tel, mais plus pour ce que ça raconte : une simple tranche de vie.
Comme le dit Philippe, le sentiment que l'auteur et le narrateur sont une même personne est assez fort, ce qui peut justement expliquer ce côté brouillon et décousu de la lettre. Il est facile d'être clair et structuré quand on invente ou parle d'un(e) autre, mais il est nettement plus ardu de l'être quand on parle de soi.
Quel que soit le cas de figure, je trouve que le but est atteint. C'est plus touchant que structuré, c'est plus émouvant que professionel.
Mais n'est ce pas l'essence même d'une lettre d'amour, et à fortiori d'une lettre de rupture ?

   Maëlle   
27/4/2007
Ces mots là vibrent peu quand on ne sait pas qui les dit, ni qui les lit. Trés vite on se dit "ce n'est pas moi", et on s'éloigne, par pudeur ou par désinterêt, peut-être les deux.

   Marsupilmi   
27/4/2007
Ce qui ressort essentiellement de ce texte c'est MOI.
Et LUI, que t'a-t-il demandé que tu n'as pas apporté, ou cessé d'apporter ? est-il vraiment le salaud d'égoïste suggéré ou bien un déçu lui aussi, réagissant à sa manière, mieux armé pour compenser avec les copains, la bière, le foot ?
Il s'agit là d'une question de société abominablement complexe, faisant intervenir des paramètres individuels mais aussi d'autres, collectifs, ceux-là.
Et puis si l'on rapproche les deux premiers textes de l'auteur, on est fondé à se demander s'il ne s'agit pas tout simplement de quelqu'un qui aime à se faire pleurer en se racontant des histoires tristes à se flinguer. Ca existe !

   Tchollos   
27/4/2007
L’écriture a des vertus cathartiques. Coucher les mots sur le papier, c’est aussi une manière de les enlever de la tête. Bon débarras. Je n’aime pas trop ce « style » simplement parce que je me sens troublé, plus témoin que lecteur, mais je respecte la démarche.

   widjet   
6/5/2008
En effet ça sent le vécu...Je n'ai pas trop aimé mais par respect et considération je peux trop me prononcer davantage si ce n'est préciser que lorsque ça colle de trop près à une "vraie" réalité, on perd un peu son sens critique. Alors je ne dis rien. Pourquoi un comm alors ? Juste pour dire que j'ai lu.

W

   jaimme   
26/12/2009
"incompréhension naissante", dit l'exergue. Je vois plutôt une touche finale à deux trajectoires qui ne se sont jamais réellement rejointes!
Auteur/narrateur? Je ne rentrerai pas dans le débat et prendrai cette nouvelle comme telle.
En tout cas si les commentateurs ont pris ce texte pour une réalité c'est que le ton est juste, non?
"Je t'en veux d'avoir existé" et autres phrases montrent un vécu en tout cas. Le style maladroit, voulu ou non, donne bien plus de force à la lecture.
Je ne note pas, dans le doute, mais j'ai été touché.

   senglar   
5/10/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Aliceane,


C'est la confusion dans cette tête - un total milk shake :) - amour, désamour, rupture, soudure de fortune ou de pis aller pour peut-être un mieux aller ou un statu quo dont on se contenterait. Lui n'a plus rien à proposer après avoir trahi ses promesses d'après serment, elle n'a à proposer que le choix de couches pour bébés, le choix offert est un choix de Bobonne. On conçoit qu'il ait peur ; et à elle, que lui restera-t-il après toutes ces compromissions ?

Voilà un couple usé sitôt que formé. Vivre à la colle a ceci de bon qu'on peut s'en aller sans dommage ni fracas si l'on s'est trompé. Le problème est qu'ici nos lascars ont employé de la super glu.

Désespérant !

Oserais-je dire que si le primate est bas de plafond la dame ici n'est pas très haute de plancher. Stalactite et stalagmite ne sont pas prêts de se rencontrer et encore moins de se souder. Le temps de la géologie n'est pas celui de l'amour.

Un séisme et brisons là !

Ne faites pas de compromis Madame ! Partez pendant qu'il est encore temps !

Ben oui quoi :)))


Bon, ici, on n'a que son point de vue à elle. Il aurait fallu des pensées en parallèle voire en échos sonnants ou dissonants. Chacun ici joue seul au ping-pong.


senglar alias brabant

   cherbiacuespe   
16/1/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Un seul point de vue exposé, difficile de prendre parti, de se positionner. Le fond ne dit finalement rien de cette lente descente vers l'incompréhension mutuelle. La forme n'a rien d'exceptionnelle mais rend bien l'humeur désespérée de madame, donc c'est plutôt réussi.

Je dirais qu'il s'agit là d'un cas d'école : se séparer vite pour éviter de devenir prisonnier d'une situation délétère.


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