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Réalisme/Historique
alvinabec : Les allumettes de la fête
 Publié le 28/04/21  -  8 commentaires  -  13254 caractères  -  57 lectures    Autres textes du même auteur

Après avoir tout nettoyé on a tourné Germinal.


Les allumettes de la fête


En un instant je passe la porte de l’appartement, mes chairs et moi sautons dans l’ascenseur où un voisin, même taille, même poids, me salue sans quitter son téléphone des yeux. Je suppose qu’il est doué d’une double vue. Comme à chaque voyage sur seize étages, la machine joue le rôle d’un sas de décompression.

Le corset familial s’estompe, je respire mieux.

Au pied de l’immeuble, je ne sais trop si je vais partir à gauche ou de l’autre côté. J’hésite, tergiverse au moins dix secondes quand je ressens le besoin d’une bûche. Nous sommes le 24, c’est la fête, il m’en faut une. Je vais donc à droite au carrefour des trois rues tester cette boulangerie toute neuve, un peu bizarre – les murs de stuc mouchetés d’éclats de praliné, pourquoi pas une devanture meringuée ? – où une cohorte de gens attend sur le trottoir. Amateurs de bûche, tradition oblige.

Dans la file, je m’installe pour un bon moment. Pas grave. Patienter, j’ai la journée pour ça. L’effervescence ambiante me paraît étrange comme si j’étais là sans y être. C’est Noël et rien ne me semble si festif pour autant. Se profile le besoin d’un rêve. J’entends les propos autour de moi, j’écoute, le regard au loin et j’imagine des personnages comme si je regardais un film, ou mieux, comme si je le réalisais et jouais dedans. Oui, c’est ça, là on serait sur quelque chose comme La vie est un long fleuve tranquille, rien que le titre vaut une promesse de fête foraine, ciel bleu et barbe à papa. Il y aurait un peu de couleur, beaucoup de noir et blanc, des personnages tranchés par leurs gestes, langage, vêtements. Le Quesnoy ou Groseille, à vous de choisir. Bataille rangée entre deux styles. Encore que parfois le mélange des genres rend les affaires plus opaques et on ne s’y retrouve pas.

Devant moi un homme dit à son voisin, on va prendre chocolat, Cécile préfère. Ces deux-là sont en couple et Cécile est la sœur du causeur. Pourquoi, je ne sais pas mais je le décrète. Le script l’indique. Ils vont prendre une bûche au chocolat. Ce soir ils seront, en costume pour le premier, disons Jordan, en habit pour le second, Félix. Ils se raconteront des petits riens tout en mettant la table. Sortant de la cuisine Cécile apparaîtra en robe rouge et bijoux de strass. Il y aura un autre couple en tenue de soirée. Eux, je ne les vois pas bien, ils semblent moins joyeux que les trois précédents. Ont-ils cédé à une injonction, une obligation ? Mon scénario est flou à ce sujet. Bien sûr, le jéroboam de bulles rafraîchira sur le rebord de la fenêtre depuis un moment, une bouteille pareille ne trouve pas sa place au frigo. Les coupes tinteront, il y aura des rires, des blagues, des histoires légères. Ils gratteront des allumettes au-dessus des chandelles et la pièce se teintera de bleu sur fond sépia. J’ai envie de pleurer, ce doit être ce film… sur l’écran bleu de mes nuits noires comme chante le rockeur.

La colonne des gourmands avance un peu, je me penche sur les gourmandises de la vitrine, bientôt je me hisse à l’entrée du magasin. On discute beaucoup, il y a des oh ! et des ah ! devant les gâteaux présentés comme un arc-en-ciel, un festival de couleurs. Envieuse de ces personnes vivantes sorties du film où je veux les confiner, je me balance d’un pied sur l’autre sans pouvoir imbriquer l’un dans l’autre, fiction et réel.

Sur ma gauche, une voix forte hèle la patronne qui se tient en retrait, supervise son personnel, attentive à la bonne marche de son commerce. Comme une résurgence faubourienne, elle, la voix, commande ceci et cela, mets-moi aussi des petits fours ma chérie, la liste des achats s’allonge. Je me tourne vers cette femme moitié Columbo par son vêtement, moitié surveillante par un aspect autoritaire qui ne semble pas souffrir la contradiction. De grosses lunettes, mal coiffée. Pas coiffée en fait. Elle accumule, remplit son caddie de kilos de viennoiseries ajoutées au reste. Par souci de se démarquer, elle n’a pas pris de bûche. On l’appellera Maud, elle a dû être belle un jour, maintenant elle est aussi obèse que moi. Moche mais efficace. Elle sait se faire servir, obtient ce qu’elle veut et dédaigne les hommes. Se suffit à elle-même. Érige le j’-m’en-foutisme au rang d’un Art, mal fagotée comme elle est. Affirmation d’un Le Quesnoy, laisser-aller d’une Groseille tout aussi déterminée. Elle habite un appartement aux tons de vitraux colorisés trop vite, ça coule, ça bave, les objets s’entassent sans que Maud recherche une quelconque harmonie. Dès la porte franchie, les sacs restent comme ils sont tombés, orphelins d’un désir dépassé, pas sûr qu’ils soient un jour déballés. L’importance est à l’achat. Acheter, acheter encore, dix fois si nécessaire. J’imagine que tout à l’heure, elle reviendra ici pour prendre, non pas une, mais trois bûches. Relief du personnage, les nourritures terrestres. À peine a-t-elle rempli son chariot qu’elle enfourne un chausson fourré à la crème. Comme une faim subite. Elle mange devant tout le monde, mastique sans gêne, laisse tomber des miettes, s’en fout. C’est d’un effet prodigieux sur ma propre déglutition. Je la trouve fabuleuse, immense, entière et libre. Dans mon film, actrice de premier plan.

Portée par une nouvelle vague, j’avance vers le comptoir et…

C’est mon tour d’être servie.

Je commande une bûche pour six personnes, j’y mets ma voix la plus belle, empreinte de politesse. De ses mains gantées assorties à sa blouse, le serveur sort une boîte, y dépose ma bûche, celle que j’ai choisie – crème et fraisier – rajoute des petites choses rouges.

À la caisse devant moi, une femme plus âgée paie son gâteau, lui aussi pour six personnes. Elle, sans doute Annick, oui Annick lui va bien, c’est important pour moi de la nommer tout de suite, de la voir dans son ensemble. Annick n’est pas Josie au langage scato, ni Thiphaine collectionneuse de Louboutin, pas plus que Gervaise nourrie aux polars.

Mon Annick ne regarde personne, fait corps avec la sacoche qu’elle porte en bandoulière, elle compte les billets de cinq qu’elle introduit avec précaution dans la machine. Elle attend, courbée vers l’appareil dont je suppose qu’il hoquette de contentement. On lui tend son paquet rectangulaire. Vit-elle seule ? Oui, dans un pavillon de meulière avec jardinet comme on en remarque encore quelques-uns dans le nord-est de la ville. Chez elle, les rideaux masquent la lumière comme si le monde n’avait guère plus d’importance. Soir après soir, à 18 heures 05 l’amie télévision s’invite au salon avec « Questions pour un champion ». Très érudite, Annick donne la réponse en même temps que les candidats sur le plateau. Sans la vie rêvée qu’elle attendait avec Prince Charmant et beaucoup d’enfants, elle s’est tout de même mariée par convention ou par ennui, à un chausseur dont elle est aujourd’hui veuve. D’enfant, il n’y en a qu’un, vivant au Brésil. Deux fois par mois, elle papote avec l’Amérique. Je la vois déjà grignoter sa sucrerie par petites bouchées, une à chaque repas, quelque chose de pincé, d’économe. Elle, Annick, donne sa part au chat en l’appelant Hourra. N’empêche, le chat, lui, il s’en fout d’être son amour de jour comme de nuit, recto verso. Il lape, c’est tout. La caresse, c’est bon à prendre quand même. Donc il prend.

Après avoir payé, je récupère ma bûche.

Dehors les passants vont et viennent en accéléré. Les plans s’enchaînent comme un travelling arrière. Les silhouettes ont des sacs de toutes les couleurs, en carton, en papier, remplis de confiseries, de bouteilles et autres douceurs. Avec mon sac et ma bûche, je rejoins le mouvement. Je fais corps. Où vais-je, je ne sais pas, sur le trottoir je cours. J’achèterais bien un parfum à la boutique qui fait l’angle avec l’avenue… une eau de toilette, un truc léger qui sent aussi bon qu’une brioche au sucre.

Bousculée par un petit homme en manteau brun affublé d’un chien maigre, je m’arrête : son regard promet plus que son corps ne peut donner, empathie des excuses feintes trahies par la raideur du cou, le mouvement brusque, le pied orienté vers l’intérieur. Il se nomme Adolphe, traîne son lévrier afghan au bois tous les midis en lui donnant du Heydrich quand il tire sur la laisse. Un bonhomme curieux, presque inquiétant. Image en partie floutée. Une silhouette dans mon film. Excuse démentie par son regard comme aimanté par un point fixe, il marmonne un petit rien… mais semble si loin.

Devant le tabac Moussa tend les bras et m’interdit d’avancer. Inamovible, tous les jours là à tendre la main, il est surtout friand de clopes, un peu de bouffe, pas d’alcool. On cause de temps à autre. Il a quitté la colline du crack – sa première adresse en France – depuis quelques semaines m’a-t-il dit. Finie la Porte de la Chapelle, on est deux barreaux plus haut sur l’échelle du confort. Avec quelques autres gus il partage un toit. T’as des clopes, me demande Moussa, à quoi je réponds en lui tendant ma boîte d’allumettes, rien d’autre en poche mon gars. Il hoche la tête, ça va. Moussa est un pragmatique.

Mon rêve se délite de lui-même, s’éclipse, disparaît quasi. Je dégringole, dérape sur le quotidien, enfile les baskets de La vie devant soi. Seuls rescapés du film, les noms des personnages me restent en mémoire. Il se fait tard, je longe les bâtiments où pas mal de lumières brillent. Des gouttes de pluie m’accompagnent.

Ma bûche pour six dans son carton, je me dirige vers mon immeuble à petits pas. Retenant le plus longtemps possible l’image générale de mon film où tous les personnages entrent et sortent du salon. Oui, c’est ça, ce chez-moi, ma famille, ce clan, là, tellement vivant. Dans ce salon on trouve un sapin, une belle table où craquer des allumettes, allumer des bougies. De la vaisselle de fête accompagne tout ça. Je suis invitée. M’habille d’une jolie robe noire, du jazz accompagne ces préparatifs,

Je me maquille un peu aussi peut-être.

L’ascenseur me dépose au seizième étage.

Dès mon entrée dans l’appartement, les bras de ma mère, plantée là, frôlent les murs du couloir. Elle râle sur ma trop longue absence, me reproche d’avoir la tête ailleurs, où, on se le demande, hein ? Cette façon que j’ai eue de côtoyer, oui j’en suis sûre ma pauvre gourde, n’importe qui, vecteur de contamination. Une attaque virale pour elle bien sûr, elle qui ne sort de l’appartement que pour des soins de confort. Mon tremblement recommence, rien de ce que je fais, décide, entreprends, ne lui convient. Pourtant j’essaie tellement de me plier à ses lubies, pensant qu’elle va se détendre, dire, oh, pas un mot gentil, faut pas vouloir la lune, mais un encouragement, à défaut d’un compliment. Mais non, elle critique tout et elle ajoute toujours un petit quelque chose sur ma dette à son égard. Tu es toute de travers me répète-t-elle trente fois par jour à propos de mon ingratitude dont le mètre étalon a dû être égaré.

Dans la salle de bains, après un soigneux récurage des mains, j’envoie un message à ma grand-mère qui le lira ou pas, sur le gros téléphone, mon cadeau mobile, posé près de son lit. Elle partage la chambre avec une autre dame. Elles se racontent des blagues, elles sont à rire de tout. Même pas marmiteuse comme elle dit… Tout va bien pour elle, je crois, même si je ne l’ai pas vue depuis un moment. Des nouvelles, j’en ai par l’infirmière au téléphone tous les matins. Parfois je lui envoie un baiser à travers le hublot de la porte battante, là-bas quand on m’y autorise. Elle est contente, je suis passée la voir lui dit-on.

Ce soir comme tous les soirs, sous la lumière crue du plafonnier, sans robe à paillettes mais en pyjama, la main posée sur une nappe en plastique rafistolée avec de l’adhésif, nous dînons dans des assiettes en carton, un plat Picard, viande en sauce sur une purée orange. Ça évite de salir la vaisselle dit ma mère en épouse fidèle de Mr. Propre. Depuis toujours, on dîne dans du carton immaculé.

Méprisant le dessert, ma mère file sur son canapé face à la télévision.

La bûche pour six me déborde de toutes parts. Elle est comme un château flasque au milieu de douves rouges. Je vais la goûter, me gaver, m’empiffrer, saturer ma bouche de crème et du parfum des fraises dans l’ombre de la salle à manger quand ma mère, gênée par l’ampoule du plafonnier, aura baissé l’interrupteur. Je serai invisible, tranquille tandis qu’elle fixera l’écran et invectivera les commentateurs, journalistes et autres experts de tout et de rien. Elle se pâme devant les émissions réalistes. Les seules regardables, dit-elle. La mine souffrante devant les candidats éliminés des téléréalités, elle soupire d’empathie lointaine mais si vraie qu’on suppose qu’elle pleure.

J’avale et songe.

Me revoyant dans la file d’attente devant la vitrine meringuée de cette boulangerie à l’angle des trois rues, je me demande si la bûche au chocolat choisie pour Cécile est aussi fondante que le château effondré que je creuse à la fourchette, Maud aura-t-elle encore des viennoiseries demain ou aura-t-elle épuisé son stock ? Si Annick venait à promener son chat au bois, ce dernier éprouverait-il amusement ou mépris à la vue de Heydrich et son maître.

Si, et si.

Moussa me tourne le dos, plus rien n’a d’importance.


 
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   Anonyme   
4/4/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Je ne comprends pas pourquoi "Annick" achète un gâteau pour six : elle vit seule et, à partir de l'excellente description que vous en donnez, je l'imagine économe ; je ne la vois pas non plus se livrer à des débordements festifs pour la galerie des clients dans la boulangerie, quitte à se cogner de la bûche rassise pendant un mois. C'est Noël, on achète la bûche pour le soir du réveillon et le lendemain midi, on ne jette rien. Donc, en l'occurrence le développement de la narratrice me paraît mal adapté à la réalité de l'achat de la vieille dame.
Je regrette un peu la caricature Adolphe + Heydrich, mais bon.
Ce qui m'ennuie plus, c'est l'irruption de la malveillance, de la méchanceté active avec le personnage de la mère de la narratrice. Vous êtes l'auteur ou l'autrice, rien à dire tel est votre choix narratif, moi lectrice ça me casse plutôt l'ambiance où je m'étais installée, mélancolique, dans la tristesse ordinaire du quotidien.

À part ça, j'ai trouvé la nouvelle bien menée, les personnes croisées par la narratrice excellemment croquées, vivaces les envolées imaginatives dont ces personnes se retrouvent le point de départ et le prétexte.

   Corto   
7/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Cette nouvelle offre un voyage imaginaire remarquable.
Toute la première partie est une construction mentale à partir de quelques éléments factuels vécus. Les descriptions sont savoureuses et crédibles, mais au fond personne ne cherche ici la crédibilité: "On l’appellera Maud, elle a dû être belle un jour, maintenant elle est aussi obèse que moi. Moche mais efficace" en est un bel exemple.

La capacité de la narratrice à nommer et faire vivre les personnages qui l'entourent donne un caractère réaliste à ce "film", celui qu'on se fait lorsque le réel est trop appauvri ou repoussant.

La vraie vie reprend ses droits en final avec le retour dans l'appartement et on se prend à regretter de ne pas rester dans l'imaginaire qui nous convenait si bien. Mais même dans cette vie cruelle les descriptions sont choisies de mots si réalistes qu'on voit les scènes comme des évidences: "cette façon que j’ai eue de côtoyer, oui j’en suis sûre ma pauvre gourde, n’importe qui, vecteur de contamination."

Cette navigation du rêve au réel et vice versa ne laisse guère de faille dans sa construction. Le style est impeccable. Chaque phrase se suffit en elle-même et l'édifice prend forme sans hésitation.
En tant que lecteur j'ai aimé.

   Donaldo75   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle. Le ton désabusé, l'imaginaire de la narratrice - un peu comme les enfants se racontant des histoires à partir de leur environnement proche pour échapper à leur réalité - et le style presque poétique rendent la lecture agréable, légère, envoutante presque. Et le rappel avec certains personnages donne au fil conducteur une réelle dimension narrative où chaque personnage imaginé devient un sémaphore dans le récit et permet au lecteur de plonger dans l'histoire. J'aime ce style d'écriture parce qu'il ne reste pas au niveau scolaire que je déplore souvent dans des histoires racontées à la première personne du singulier et qui partent d'un pitch pourtant très intéressant; ici, la plume est habitée et rend le récit raconté pas relaté, pas grammatisé, pas dessiné laborieusement par les travailleurs du premier rang gentiment assis devant leur pupitre. Certes, ce n'est pas toujours blanc-bleu ou propre de chez propre mais c'est ça la personnalité d'un style. Et cette tessiture dans la plume rend la nouvelle encore plus forte.

   hersen   
28/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Toute ce débridement imaginaire est à l’aune du gros trou creusé, sans doute depuis longtemps ;
C’est une nouvelle désespérante, une narratrice qui n’a pas de vie propre, sauf à la remplir d’inutile, voire de malsain pour elle.

Une vie enclavée.

J’aime beaucoup la construction de la nouvelle, le dernier quart, quand on en arrive à son chez-elle, ou plutôt à son chez-sa-mère, on déroule alors dans l’autre sens la pellicule. Et la perspective est vertigineuse. Un puits sans fond.

Merci pour cette lecture !

   plumette   
29/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
je me suis régalée, pas grâce à la description des pâtisseries , mais grâce à la situation de cette femme ( plutôt jeune? je n'arrive pas à lui donner d'âge) dont le seul recours pour donner de la vie à sa vie est d'inventer la vie des autres.

la vie par procuration, je crois que celui qui a le gout de l'écriture romanesque connait cela!

j'ai beaucoup aimé le ton et l'imaginaire de cette narratrice qui a besoin de nommer les acteurs de son cinéma, de leur donner des prénoms pour les rendre proche, ou familier.

un aveu: j'aurais aimé avoir écrit ce texte!

un seul petit arrêt dans ma lecture: Vous transformez le titre original du film " la vie n'est pas un long fleuve tranquille" tout en reprenant le nom des protagonistes , cela m'a un peu déroutée !

   Malitorne   
1/5/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Schéma classique d’une personne en rupture sociale et mal-aimée qui trouve du réconfort dans la nourriture, s’empiffre pour combler un vide existentiel. C’est finement écrit, avec une galerie bien brossée de personnages, mais je ne pourrais dire que ça m’a passionné. Le thème d’une part, puis ces descriptions caustiques sur les autres qui me donnent l’impression que l’auteur se place au-dessus à travers les yeux de la narratrice. Une condescendance qui me gêne un peu, ce n’est sans doute pas volontaire mais alors votre récit manque cruellement d’empathie, de bienveillance.

   Anonyme   
13/5/2021
Bonjour Alvinabec,

À partir d'un thème plutôt bien inspiré, et avec une écriture fluide et très agréable, vous nous faites déambuler parmi une file d'attente hétéroclite, d'où votre héroïne va puiser le bon terreau pour un récit qui tient en haleine.

J'applaudis votre faculté à vous glisser, avec une justesse frôlant la perfection, dans les divers rôles proposés. La galerie de portraits dressés par la narratrice est superbe !

Au bout du compte, je me demande s'il vaut mieux préférer le sort de cette ''vieille fille'' qui vit encore chez une maman-mégère, et va se régaler (doux euphémisme) toute seule de sa bûche de Noël dès la lumière tamisée, ou bien être cette autre de la chanson qui vit par procuration en donnant à manger aux pigeons sur son balcon...

Non, la vie n'est pas qu'un long fleuve tranquille. Que l'on soit Le Quesnoy ou Groseille.

Merci pour cette bonne nouvelle.
J'en redemande


Cat

   Pepito   
3/5/2021
Hello Alvinabec,

Quelle superbe écriture. Je me suis laissé porter par le flux, entrainé au fil de la description comme un fétu de guirlande (argenté, pour sûr). Du coup, deux petits écueils m’ont fait sursauter, le « si » de « semble si festif pour autant » … et la tournure de « l’appareil dont je suppose qu’il hoquette de contentement. ». Pas de quoi m’échouer sur la berge, j’ai rejoint le mitan du récit sans encombre, pour finir en beauté un voyage fort plaisant.

Pour le fond, heureusement que la journée est splendide. Le genre de solitude lucide à vous refiler le bourdon. Gaffe, avec la facilité de lecture, cela pourrait casser le moral d’un moins endurci. ^^

Merci pour le partage.


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