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Anonyme
4/4/2021
a aimé ce texte
Bien
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Je ne comprends pas pourquoi "Annick" achète un gâteau pour six : elle vit seule et, à partir de l'excellente description que vous en donnez, je l'imagine économe ; je ne la vois pas non plus se livrer à des débordements festifs pour la galerie des clients dans la boulangerie, quitte à se cogner de la bûche rassise pendant un mois. C'est Noël, on achète la bûche pour le soir du réveillon et le lendemain midi, on ne jette rien. Donc, en l'occurrence le développement de la narratrice me paraît mal adapté à la réalité de l'achat de la vieille dame.
Je regrette un peu la caricature Adolphe + Heydrich, mais bon. Ce qui m'ennuie plus, c'est l'irruption de la malveillance, de la méchanceté active avec le personnage de la mère de la narratrice. Vous êtes l'auteur ou l'autrice, rien à dire tel est votre choix narratif, moi lectrice ça me casse plutôt l'ambiance où je m'étais installée, mélancolique, dans la tristesse ordinaire du quotidien. À part ça, j'ai trouvé la nouvelle bien menée, les personnes croisées par la narratrice excellemment croquées, vivaces les envolées imaginatives dont ces personnes se retrouvent le point de départ et le prétexte. |
Corto
7/4/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Cette nouvelle offre un voyage imaginaire remarquable.
Toute la première partie est une construction mentale à partir de quelques éléments factuels vécus. Les descriptions sont savoureuses et crédibles, mais au fond personne ne cherche ici la crédibilité: "On l’appellera Maud, elle a dû être belle un jour, maintenant elle est aussi obèse que moi. Moche mais efficace" en est un bel exemple. La capacité de la narratrice à nommer et faire vivre les personnages qui l'entourent donne un caractère réaliste à ce "film", celui qu'on se fait lorsque le réel est trop appauvri ou repoussant. La vraie vie reprend ses droits en final avec le retour dans l'appartement et on se prend à regretter de ne pas rester dans l'imaginaire qui nous convenait si bien. Mais même dans cette vie cruelle les descriptions sont choisies de mots si réalistes qu'on voit les scènes comme des évidences: "cette façon que j’ai eue de côtoyer, oui j’en suis sûre ma pauvre gourde, n’importe qui, vecteur de contamination." Cette navigation du rêve au réel et vice versa ne laisse guère de faille dans sa construction. Le style est impeccable. Chaque phrase se suffit en elle-même et l'édifice prend forme sans hésitation. En tant que lecteur j'ai aimé. |
Donaldo75
14/4/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle. Le ton désabusé, l'imaginaire de la narratrice - un peu comme les enfants se racontant des histoires à partir de leur environnement proche pour échapper à leur réalité - et le style presque poétique rendent la lecture agréable, légère, envoutante presque. Et le rappel avec certains personnages donne au fil conducteur une réelle dimension narrative où chaque personnage imaginé devient un sémaphore dans le récit et permet au lecteur de plonger dans l'histoire. J'aime ce style d'écriture parce qu'il ne reste pas au niveau scolaire que je déplore souvent dans des histoires racontées à la première personne du singulier et qui partent d'un pitch pourtant très intéressant; ici, la plume est habitée et rend le récit raconté pas relaté, pas grammatisé, pas dessiné laborieusement par les travailleurs du premier rang gentiment assis devant leur pupitre. Certes, ce n'est pas toujours blanc-bleu ou propre de chez propre mais c'est ça la personnalité d'un style. Et cette tessiture dans la plume rend la nouvelle encore plus forte.
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hersen
28/4/2021
a aimé ce texte
Beaucoup
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Toute ce débridement imaginaire est à l’aune du gros trou creusé, sans doute depuis longtemps ;
C’est une nouvelle désespérante, une narratrice qui n’a pas de vie propre, sauf à la remplir d’inutile, voire de malsain pour elle. Une vie enclavée. J’aime beaucoup la construction de la nouvelle, le dernier quart, quand on en arrive à son chez-elle, ou plutôt à son chez-sa-mère, on déroule alors dans l’autre sens la pellicule. Et la perspective est vertigineuse. Un puits sans fond. Merci pour cette lecture ! |
plumette
29/4/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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je me suis régalée, pas grâce à la description des pâtisseries , mais grâce à la situation de cette femme ( plutôt jeune? je n'arrive pas à lui donner d'âge) dont le seul recours pour donner de la vie à sa vie est d'inventer la vie des autres.
la vie par procuration, je crois que celui qui a le gout de l'écriture romanesque connait cela! j'ai beaucoup aimé le ton et l'imaginaire de cette narratrice qui a besoin de nommer les acteurs de son cinéma, de leur donner des prénoms pour les rendre proche, ou familier. un aveu: j'aurais aimé avoir écrit ce texte! un seul petit arrêt dans ma lecture: Vous transformez le titre original du film " la vie n'est pas un long fleuve tranquille" tout en reprenant le nom des protagonistes , cela m'a un peu déroutée ! |
Malitorne
1/5/2021
a aimé ce texte
Bien ↓
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Schéma classique d’une personne en rupture sociale et mal-aimée qui trouve du réconfort dans la nourriture, s’empiffre pour combler un vide existentiel. C’est finement écrit, avec une galerie bien brossée de personnages, mais je ne pourrais dire que ça m’a passionné. Le thème d’une part, puis ces descriptions caustiques sur les autres qui me donnent l’impression que l’auteur se place au-dessus à travers les yeux de la narratrice. Une condescendance qui me gêne un peu, ce n’est sans doute pas volontaire mais alors votre récit manque cruellement d’empathie, de bienveillance.
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Anonyme
13/5/2021
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Bonjour Alvinabec,
À partir d'un thème plutôt bien inspiré, et avec une écriture fluide et très agréable, vous nous faites déambuler parmi une file d'attente hétéroclite, d'où votre héroïne va puiser le bon terreau pour un récit qui tient en haleine. J'applaudis votre faculté à vous glisser, avec une justesse frôlant la perfection, dans les divers rôles proposés. La galerie de portraits dressés par la narratrice est superbe ! Au bout du compte, je me demande s'il vaut mieux préférer le sort de cette ''vieille fille'' qui vit encore chez une maman-mégère, et va se régaler (doux euphémisme) toute seule de sa bûche de Noël dès la lumière tamisée, ou bien être cette autre de la chanson qui vit par procuration en donnant à manger aux pigeons sur son balcon... Non, la vie n'est pas qu'un long fleuve tranquille. Que l'on soit Le Quesnoy ou Groseille. Merci pour cette bonne nouvelle. J'en redemande Cat |
Pepito
3/5/2021
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Hello Alvinabec,
Quelle superbe écriture. Je me suis laissé porter par le flux, entrainé au fil de la description comme un fétu de guirlande (argenté, pour sûr). Du coup, deux petits écueils m’ont fait sursauter, le « si » de « semble si festif pour autant » … et la tournure de « l’appareil dont je suppose qu’il hoquette de contentement. ». Pas de quoi m’échouer sur la berge, j’ai rejoint le mitan du récit sans encombre, pour finir en beauté un voyage fort plaisant. Pour le fond, heureusement que la journée est splendide. Le genre de solitude lucide à vous refiler le bourdon. Gaffe, avec la facilité de lecture, cela pourrait casser le moral d’un moins endurci. ^^ Merci pour le partage. |