|
|
Neojamin
13/5/2015
a aimé ce texte
Bien ↑
|
Bonjour,
Un texte bien écrit, plein de mélancolie, presque trop doux, on frise l’ennui je trouve. Un peu plus de rythme, une reconstitution des dialogues auraient peut-être pu donner un peu d’oxygène à ce monologue. Sur la forme, pas grand chose à dire, les images sont simples mais efficaces, pas de fioritures, ce qui sert justement le récit. Quelques remarques . - «Au bout d’un an, le ventre toujours plat, elle est partie danser l’été sur la côte en laissant un message épinglé sur l’ardoise des corvées à liquider du style dégivrer le congélateur, faire l’ourlet du jeans’, prendre rendez-vous pour le rappel des vaccins» Belle idée, dommage qu’elle soit présentée maladroitement. Je pense qu’il serait mieux de commencer par «au milieu des corvées...». - «comme un goûter au chocolat chaud peut rassurer un enfant solitaire.» Excellent! - «Parce qu’il lui avait rouvert les portes de la maison, il ne pouvait être que dédaigné» J’aime beaucoup...c’est d’une simplicité et en même temps d’une profondeur qui résonne en moi. Sur le fond, c’est intéressant mais une certaine légèreté plane sur tout le texte, m’empêchant de vraiment intégrer les personnages à l’intrigue. Le narrateur est tellement détaché...un poil trop peut-être, ça me parait inhumain. Quelques petites incohérences m’ont fait ciller et m’ont empêché d’y croire : - « de ne pas avoir su lui remplir le ventre d’un héritier.» Au bout d’un an ? Ils ne sont vraiment pas patients...je pense que rallonger cette période ne ferait pas de mal à l’intrigue surtout si trente années de débauches suivent! - Si elle veut des enfants, pourquoi part-elle ensuite à la recherche de riches beaux-gosses...Ce n’est pas logique pour moi. - Elle vend les BD (en or j’imagine) pour son opération...et ensuite avec une statue de Bouddha, il peut compenser ? Je m’interroge sur les prix...ou alors elle ne va pas en suisse mais au Brésil pour son opération ! Ces quelques «plot hole» comme disent les anglophones m’ont gêné...dommage car l’écriture est fluide et l’histoire a du potentiel. Bonne continuation! |
Mare
8/6/2015
a aimé ce texte
Bien
|
Je me suis laissée un peu hypnotiser par le rythme des phrases. C'est un texte très cadencé. Un style hypnotique, oui, qui va bien à ce bonhomme qui laisse sa vie lui échapper pendant trop longtemps. D'ailleurs, à ce sujet, j'aurais bien vu un changement de rythme sur la fin, quand il parle de sa maison (de lui?), de sa nouvelle vie. Un changement dans l'écriture qui accompagne le changement du personnage.
Sur le fond. Juste une petite chose pour la première partie (quand ils sont jeunes et se marient pour la première fois). J'aurai bien vu les petites "trahisons" de Josiane commencer doucement, puis devenir de plus en plus grandes. Là, la première info concrète qu'on reçoit c'est qu'elle part, en lui demandant de l'argent. C'est un peu gros à avaler pour une première. J'aurai vu les choses dégénérer petit à petit. Avec le bonhomme qui apprend à accepter progressivement. Evidemment, cela aurait un peu allongé le texte, mais vous avez de la marge, je pense. Le lecteur vous aurait suivi (moi, du moins, je l'aurais fait : vous m'avez hypnotisée, je vous dis !) Merci pour ce moment de lecture ! |
bigornette
8/6/2015
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bonjour alvinabec.
Cette mise dans l'espace de la vie d'un homme m'a plu au plus haut point. Moins de cloisons, moins de souvenirs. Moins de meubles, plus de vide. Moins de bd, plus d'esprit. Plus d'espace, plus d'oubli (c'est-à-dire ce qui s'appelle vivre dans l'instant présent, un principe du zen, non ?). Moins de Josiane, plus de petit homme. Un caprice qu'on peut se permettre sur le tard, sans doute. Je trouve que pour avoir gagné cette sérénité-là, le petit homme doit beaucoup à Josiane. Il pourrait la remercier, quand même... ;-) Je m'étonne qu'il veuille récupérer ses bd à la fin. Il n'a pas encore tout à fait renoncé aux meubles et à toutes ces choses qui comblaient sa vie, on dirait. Mon seul regret, c'est que Josiane soit caricaturale. Je trouve que votre nouvelle aurait été plus forte si le petit homme s'était marié avec une petite femme comme lui. C'est une jolie parabole que ce récit, qui s'adresse au lecteur, mais qui ne parle pas de lui (rares sont les lecteurs qui sont mariés à une Josiane, ou à un José, ne soyons pas sexiste). Le lecteur et la lectrice sont des gens assez banaux. Le petit homme leur ressemble, il est donc assez touchant. Par contre, Josiane donne envie de sourire, ce qui n'était probablement pas votre intention. Je suis donc assez d'accord avec Mare. La même histoire, mais avec une Josiane un peu moins dans ces couleurs criardes... plus en demi-teintes, comme lui, mais dans son genre à elle, vénal, amer et revanchard. On connaît tous quelqu'un dans ce goût-là. Malgré tout, l'ironie de l'opération de chirurgie esthétique qui tourne mal est parfaite. "Il veut son intérieur comme un habitat japonais ouvert, claustras légers, décoration épurée, pas de meubles. Il désire une ascèse où chaque matin son corps s’étirera vers le soleil levant. Mais, se demande-t-il, peut-on combler l’espace de sa seule présence ? Entrer dans une pièce suffit à certains pour happer tout l’air ambiant à leur profit à un point tel, parfois, que l’on a l’impression d’être sous assistance respiratoire, celle que l’autre vous concède comme à un comateux dont le souffle tient à la machine qui l’alimente en oxygène." Excellent ! Quant au style, hormis quelques virgules et points qui manquent, impeccable. Merci. |
macaron
9/6/2015
a aimé ce texte
Bien ↑
|
Une histoire d'homme-objet racontée dans un style féminin minutieux. On se laisse porter par ce récit, les frasques de Josiane nous choquent à peine, la fatalité semble avoir gagnée. Il reste la "reconstruction" avec cette subtile question: Peut-on combler l'espace de sa seule présence? Je l'espère pour lui, la tradition japonaise l'aidera sans aucun doute...
|
hersen
9/6/2015
a aimé ce texte
Bien
|
Il semblerait que la non-grossesse soit le fil conducteur mais je m'y emmêle un peu. Entre ce qu'on nous dit au début ( désespérant ventre plat) et la fin (découverte d'une malformation rendant stérile), il ne me semble pas qu'entre les deux ce soit la base de l'histoire.
Je ressens Monsieur comme "froidement désemparé", rien ne semble l'atteindre profondément, sauf peut-être les larcins de sa compagne, ce qui est contradictoire, je trouve. Je l'aurais aimé plus habité de ses sentiments. A cet égard, la phrase "qui lui convenait comme un goûter de chocolat chaud peut rassurer un enfant" est excellente, on le sent vivant. D'un autre côté, pour arriver à ce détachement oriental, il faut y mettre le prix, sans doute. En fait, j'aurais aimé que le détachement de cet homme aille crescendo dans ma lecture pour qu'en toute logique je découvre qu'à la fin il se réfugie dans l'orientalisme. Et donc le personnage de Josiane ne serait là, avec ses excès et ses exigences, que comme prétexte pour mettre en évidence comment cet homme va cheminer vers sa nouvelle philosophie. Je me demande si je ne m'égare pas un peu mais c'est en tout cas ce que m'inspire votre nouvelle. Merci pour cette lecture. |
Automnale
9/6/2015
a aimé ce texte
Passionnément
|
Ce texte original, fort, bien écrit, ne laisse pas indifférent.
Un laps de temps - tel un léger flottement ou un suspense - est nécessaire, au début, pour savoir où l'auteur veut en venir... Pourquoi est-t-il donc question de "Dépossession de soi" ou de "Dépersonnalisation" ? Au fil des mots, tout devient rapidement clair. Le petit homme (quelle bonne idée que cette appellation !) se regarde comme perdu dans un univers n'ayant plus de sens... Au rythme de travaux effectués dans sa maison, défile sa vie avec et sans SA Josiane. Avec ou sans, de toutes façons elle était toujours présente. Dès lors qu'elle n'est définitivement plus, et au fur et à mesure que son nouvel espace de vie s'élargit, le petit homme rétrécit... Il pense pourtant qu'il n'est pas malheureux, bien au contraire, de la disparition de Josiane. Ah, cette Josiane - épousée deux fois -, toujours à la recherche de nouvelles distractions... Elle voulait trois enfants... Au bout d'un an, "le ventre toujours plat", elle est partie... Un silence de trente années s'ensuivit... A la soixantaine, fatiguée de ses années d'errance amoureuse, elle est revenue... Le petit homme, à table, avalait alors, d'un enthousiasme raisonnable, des carottes râpées ! Puisqu'il se sentait coupable - elle le lui a tellement reproché - "de ne pas avoir su lui remplir le ventre d'un héritier", il ne lui en voulut pas de sa longue absence. Elle lui brûla ses polars dans le poêle à bois... Disparurent, dans le but de rapporter encore et encore des liquidités, quelque fusain, la collection de bandes dessinées, les timbres... Avec son langage vulgaire, malveillant, elle lui interdisait de grignoter du chocolat quand et où il lui plaisait... Avec ses légumes mal bouillis, elle chassait du logis les copains... Que ne faisait-elle pas, que ne disait-elle pas, Josiane, pour avilir le petit homme. Elle l'appelait "tête de pioche", "enfoiré", lui reprochait de lui coller l'angoisse, son manque de performances sexuelles. Elle lui reprochait tout et n'importe quoi, mais lui réclamait sans cesse de l'argent. Jusqu'au jour où elle se passionna pour la chirurgie esthétique. Allergique au curare, elle décéda... Le bilan anesthésique préopératoire mit en évidence une malformation congénitale rendant toute grossesse impossible... Josiane est morte... Les travaux achevés, il n'y a plus de fissure au plafond, aucune faille murale. Les berges (d'où le titre de la nouvelle) des brèches, après le colmatage à l'enduit puis le ponçage, sont lissées de peinture satinée... Alors le petit homme, dans son univers blanc, s'incline au soleil levant... Une journée commence... Mais peut-on combler l'espace de sa seule présence ? ........ S'il ne fallait retenir qu'une seule phrase percutante, je retiendrais celle-ci : "Dans le même temps, lui, modestement, se réchauffa dans les bras compréhensifs de quelques maîtresses à la poitrine maternante ce qui lui convenait comme un goûter au chocolat chaud peut rassurer un enfant solitaire"... Je trouve ce texte intelligent. Sciemment, il fait froid dans le dos... Les personnages, bien campés, m'ont fait penser, dans un autre genre, à Josiane Balasko et Jacques Villeret interprétant dans un film de Jean Becker, "Un crime au paradis", un couple de paysans. (Tiens, c'est curieux, le prénom "Josiane", bien choisi dans "Les berges", est également celui de Balasko...). Ici, il me semble bien que le petit homme, maso, amoureux, subjugué, généreux, ne se remettra pas du départ définitif de Josiane. Non, non, il ne pourra combler l'espace de sa seule présence. Non, non, l'enduit ne peut pas tout colmater... Je ne connais pas l'auteur, Alvinabec. Compte tenu de cette façon de dire "d'une vision l'autre", "d'une clinique l'autre", je me demande de quel pays, de quelle région, il est originaire. Peut-être du Plat Pays, puisqu'il est question de moules-frites et de bière ! Merci infiniment, Alvinabec (du Plat Pays ou non !), pour cette très agréable et intéressante lecture. Déjà, j'ai très envie de lire un autre de vos récits... |
Francis
10/6/2015
a aimé ce texte
Passionnément
|
Votre plume m'a ému ! Elle raconte l'histoire d'un petit homme que je connais très bien. Il emmène la naïveté, la bonté, la mansuétude, l'amour aux frontières de la "connerie " disent ses amis. Sa Josiane est le clone de votre personnage perfide, cruelle, abjecte...La mante religieuse agit sans scrupules, sans honte, sans amour propre. Chacun souhaite son départ mais comment combler le vide qu'il laissera ? Comment combler les fissures, les blessures ? Il existe parfois des liens mystérieux entre la victime et son bourreau. Merci pour ce moment de lecture. Bravo pour la qualité de votre plume.
|
Pepito
10/6/2015
|
Haaaa Alvinabec, c'te trouille ! A la première phrase j'ai failli m'échapper en courant... et puis non, c'était juste pour décourager les frileux ! ;-)
Forme : comme d'hab, jolie écriture, du coup on sursaute ! - "(ré)génération spontanée" la spontanéité d'une première génération, je comprends, pour la deuxième, j'ai un doute ;-) - "obère le goût des aliments" j'ai cherché comment "endetter" un gout... j'ai pas trouvé ;-) Et plein de petites saillies delicieuses : "la série au complet des œuvres de G. de Villiers" "une sorte de mensonge sans plus de beauté" "son cœur faillit d’un trouble ondulatoire du rythme" ... Fond: ha, quel délice... le monde est-il à moitié peuplé de masochistes ? Allez savoir. Je me souviens du mot d'un ami à sa deuxième femme qui venait de le quitter : "Depuis que tu n'es plus là, je ressens comme un grand vide... surtout au niveau du mobilier!" De cet autre aussi, descendu vider les poubelles et qui n'est jamais remonté... Une proposition : ajouter une paragraphe sur sa stérilité à lui, car dans un cas comme celui là, il y a de fortes chances que le gars va aller vérifier dare, dare. La chute en sera moins visible. Merci pour cette bonne lecture. Pepito |
Mauron
10/6/2015
a aimé ce texte
Un peu
|
Une sorte de Madame Bovary moderne, en somme. J'aurais presque préféré la suivre elle dans ses errances, elle me semble plus intéressante que ce petit homme dont la vie est désespérément vide... Même s'il tente de repeindre son "intérieur".
|