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Humour/Détente
Andre48 : À plat [Sélection GL]
 Publié le 30/07/19  -  15 commentaires  -  3569 caractères  -  143 lectures    Autres textes du même auteur

La résistance manifeste des citoyens à accepter des adaptations mineures.


À plat [Sélection GL]


Les responsables du monde politique et les médias martelaient sans cesse : « Vous êtes trop nombreux ». Pour réduire l’impact écologique de l’humanité le programme – Slim down – avait été imposé à tous les peuples.

Certains avaient souffert plus que d’autres. Les Tongiens plus que les Peules, les sumos plus que les escrimeurs. L’égalité entre tous, objectif suprême, était en voie de réalisation. Il s’agissait d’éviter un tirage au sort pour alléger la biomasse humaine, de repousser les massacres envisagés.

Le Parlement Mondial Associé avait annoncé une énième réforme. Des slogans incitaient les peuples à obéir : « Soyez moins épais, donc plus écolo », « pesez moins sur l’environnement », « tendez vers la deuxième dimension » …

Les industries pharmaceutiques, les bio-ingénieurs de l’ADN, les propriétaires de salles de sport et les psychiatres avaient mis les bouchées doubles. Une fois aplatis, on pouvait conserver tous ces milliards d’individus, un surnombre plus ou moins nécessaire.

La première génération s’était allégée.

La deuxième un peu aplatie.

La troisième devait viser la ligne extra fluette.

Le programme s’était d’abord appliqué sur les personnes en surpoids, puis aux rondouillards et finalement sur tous, jusqu’aux anorexiques. Le résultat avait été spectaculaire et assez bien accepté. Le budget nourriture avait fondu, on pouvait monter à huit sur un simple scooter, à seize dans une petite voiture familiale, à trois mille dans un long courrier, mais avec seulement un minuscule sac à la main.

La terre commençait à respirer.

C’était pour le bien commun ; mais, contre toute attente, réticences et critiques se transformèrent en oppositions, puis en manifestations. Des cris pouvaient encore être poussés : « Stop aux aplatissements », « ils veulent notre peau », « après ils nous rapetisseront encore plus », « un simple coup de vent peut m’emporter ». La chasse aux élites et aux politiques un petit peu gras commença. Apeurés, ils essayaient de cacher leur léger embonpoint, ou se terraient.


---


Le grand rassemblement eut lieu un 1er mai 2168. Face aux ribambelles de contestataires, les forces de l’ordre attendaient. Tout en avançant, les gens hurlaient : « Ça suffit, on est arrivés aux os ».

Le commandant Plisson était abasourdi par l’ampleur de la manifestation. Il cria à ses troupes : « Dépliez-vous, formez-moi une ligne infranchissable ».

Les manifestants, collés les uns aux autres, pliés en deux, s’organisaient en de multiples formations, en triangles prêts à déchirer les rangs des policiers. « Pompes à eau, au maximum », aboya Plisson.


---


J’observais cela depuis le troisième étage du Parlement. Près de moi, deux députés connus de tous observaient la scène. Le chef de la majorité se lamentait :


— Ah, on a la solution et ils font toujours des difficultés pour s’adapter.


Le second, chef de l’opposition lui suggéra :


— Acceptez un grand débat, promettez une taille minimum de 1 m 20, acceptez un poids jusqu’à 9 kilos, créez un comité éthique multiethnique.

— Comme vous y allez !

— Attendez, moi, je représente l’opposition, notre rôle est de vous attaquer. Faites semblant de résister, que diable ! Un peu de théâtre et d’émotions, voilà ce qu’il faut aux masses.

— Peut-être, mettons cela au point en déjeunant, mon ami.


Ils se courbèrent pour entrer dans le restaurant panoramique. D’un commun accord, d’une seule voix, ils dirent : « Garçon deux Tournedos Rossini, bleus ».


 
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   hersen   
3/7/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je pense que ce texte n'a pas spécifiquement sa place en humour/détente, mais plutôt en réflexion/dissertation une fois retravaillé un peu.

L'idée n'est pas mal, de devenir des être pliants, pliables, plats, sans relief. L'histoire ici manque un peu de logique, car si minuscules, je me demande comment ces hommes pourront être productifs pour engraisser la haute caste car après tout, le tournedos, il faut bien qu'il sorte d'un élevage et le bestiau ne fait pas loin de la tonne.

Je trouve aussi que la fin, l'entente entre les parties opposés, est usée. Il faudrait trouver une fin plus piquante.

Mon avis, qui vaut pour ce qu'il vaut : c'est un texte à travailler un peu plus dans son idée qui a déjà une bonne base.

   Sylvaine   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
L'idée est excellente: aborder par l'humour LE problème de l'humanité contemporaine, sur lequel s'exerce une efficace omerta : l'explosion démographique à l'échelle planétaire. J'ai adoré le début de la nouvelle, jusqu'au "grand rassemblement."Ensuite, il me semble que l'inspiration s'essouffle un peu et, surtout, la chute déçoit, car on en revient à un cliché (les puissants se dispensent de s'appliquer les règles qu'ils imposent aux autres.) Je regrette que vous n'ayez pas exploité l'idée radicale suggérée au début (alléger la biomasse humaine en en supprimant une partie par tirage au sort.) Cela aurait donné un bijou d'humour noir. Avez-vous été effrayé par votre propre audace? Mais je suis en train de récrire votre nouvelle. Excusez-moi.

   Corto   
8/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme quoi on peut faire court et bien.

J'ai même ri (jaune, car je pèse...non je ne le dirai pas !)

Ce scénario qui prolonge tout simplement les angoisses de la période n'est bien sûr qu'un scénario mais on s'y laisse prendre.

Des expressions opportunes "çà suffit, on est arrivés aux os" ou "pesez moins sur l’environnement" sont très évocatrices.

Le grand rassemblement a lieu le "1er mai 2168". Evidemment penseront les soixante-huitards du 20ème siècle...

La chute finale est succulente, comme ? un excellent tournedos.

Bravo à l'auteur. Sans rancune pour l'inquiétude sur l'avenir.

   cherbiacuespe   
30/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien
S'il s'agit de dénoncer nos démocraties qui présente souvent des oppositions politiques qui n'en sont pas vraiment dans la réalité, pourquoi pas. Un peu simpliste mais cela touche au but.

S'il s'agit de dénoncer les masses populaires qui suivent aveuglément et sans réfléchir ce que disent les "élites" où qu'elles se laissent manipuler sans réagir, pourquoi pas. C'est efficace.

Et je ne vois rien d'autre à ajouter. C'est court, direct et sans prétention. Une histoire menée rondement, quoi!

   poldutor   
30/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour André48

Belle petite nouvelle sur le thème" faites ce que je dis mais pas ce que je fais"
On vient d'apprendre (fin Juillet 2019) que : "L'humanité utilise actuellement les ressources écologiques 1,75 fois plus vite" que les capacités de régénération des écosystèmes, souligne l'ONG dans un communiqué."
Peut être qu'un jour en arriverons nous là : un programme "slim down".

Cordialement.
poldutor

   Pouet   
30/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

pas évident la catégorie "humour/détente", faire rire, même sourire en littérature n'est pas chose aisée.

Eh bien c'est plutôt réussi me concernant, car même si je ne suis pas allé jusqu'à la franche bidonade et au tressautement d'épaules associé aux crampes d'estomac, j'ai tout de même souri à plusieurs reprises.

Des formules (midi) bien trouvées.
Un sujet sociétal passé sur le grill.

Il y aurait certainement moyen d'étoffer (si je puis me permettre) un peu la chose et de rendre la fin un peu plus percutante. Mais je suis gourmand.

Au final de l'humour noir pas mal maîtrisé du tout et un sur(poids)réalisme de circonstance.

   Tiramisu   
30/7/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Je trouve l'idée interessante en prenant un problème réel de surpopulation, de démographie galopante qui à terme, sans doute avant 2168 va poser de graves problèmes, écologiques (problème de ressources) et sans doute politique avec des risques de guerre, d'émigration massive etc ...Donc, l'idée de ne pas forcément réduire le nombre mais le poids des individus et leur taille, il fallait y penser.
Si je comprends bien, assez vite on identifiera physiquement les privilégiés, car les tournedos rossini n'entretiennent pas la ligne, à ma connaissance.
En revanche, je n'ai pas apprécié le fil narratif, je trouve que la première partie, assez longue, est trop descriptive, c'est pratiquement une présentation "résumé". Les personnages apparaissent que dans le seconde et la troisième. C'est dommage car cela incite la lectrice que je suis à rester à l'extérieur du texte. Faire vivre les personnages dès le début en distillant cette réalité aurait créé une autre dynamique, à mon avis. Texte globalement trop court sans doute pour bien poser une telle histoire.
Bonne continuation

   senglar   
30/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Andre48,


Hilarant ! Et à l'acte final confondant ! Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais (comme l'autre qui roule avec huit bagnoles dont un 4X4 - mais c'est sentimental -Il faut toujours respecter la sentimentalité des chefs - et son alter ego, photographe de talent, alimenté à la misère ligneuse).

Mais ici, laissons les chefs, les leaders embourgeoisés (mais ils l'étaient déjà) comment empiler les gens qui ne peuvent se fournir aux cartes des restaurants quand ils ne peuvent se fournir qu'aux conserves botuliques qui pètent noir parce que le pet soulage, obèses nécessiteux montrés du doigt de la nécessité pécuniaire pourtant.

Les obèses sont des obèses de la pauvreté.

Le homard pour tous, aux frais de la princesse, pas demain la veille.

Veux bien plaider coupable pour en bouffer du homard moi, du homard dont je n'ai que les pinces à vélo... et le plat des chambres à air.

Seccotine ! Pas sur mes lèvres !


Aaaaa... swru...oummpf...


Senglar

   Cristale   
30/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime bien cet humour qui traduit à gros traits les comportements aussi actuels qu'ils sont anciens et se répètent de générations en générations.

L'écriture est fluide, l'histoire est claire, j'ai suivi vos lignes avec un sourire traduisant : "C'est pourtant la réalité, ou tout comme..."

Je ne suis pas nouvelliste alors je ne saurai pas juger l'aspect technique de votre texte, seulement vous dire que mon esprit est resté en éveil tout au long de ma lecture...et ça, c'est bon signe :)

J'aime beaucoup votre univers "réalifictif".

Bravo et merci André,
Cristale

   Robot   
2/8/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Peu développée cette nouvelle me fait plus penser à un synopsis qu'à un sujet construit. Le récit tiré à grands traits manque de développement et d'épaisseur.

Le fond aurait gagné a être beaucoup plus élaboré car il soulève plusieurs vrais sujet.

La démocratie participative, l'écologie véritable pour sauver la planète et économiser les ressources, l'écart entre le monde politique et les citoyens, la résistance des populations.

Je ne suis pas sûr que l'angle humoristique ait été le meilleur pour aborder ces aspects des difficultés de notre monde. J'aurais préféré que tout celà soit un peu moins survolé.

Vous avez compris que je n'ai pas trop accroché, et que j'ai retenu plus le message (ce qui est déjà quelque chose) que la manière de le faire passer.

   Raoul   
2/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,
Une fable à lire entre les lignes au style (peut on dire plat dans ce contexte ?) simple et directe. Me fait penser aux contes de Voltaire dans le ton, mais qu'achève un contre champs très cinématographique.
Bien aimé. J'ai trouvé ce texte assez délectable.
Merci pour cette lecture au sourire, jaune le sourire.
;)

   thierry   
22/8/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Merci pour cette histoire fantastique et drôle, qui nous rappelle que les logiques d'aujourd'hui peuvent être poussées au maximum de leurs cynismes et de leurs absurdités.
Bravo pour cette trouvaille géométrique ! Elle nécessite me semble-t-il un découpage plus approfondi, avec une présentation évolutive des personnages, une histoire qui ne soit pas simplement la description de l'état de fait décrété.
Le basculement - le rassemblement du 1er mai 68 - vient sans raison, on ne sait pas qui est le narrateur et la chute du tournedos est un peu facile.
Mais cette allégorie mérite d'être développée.

   troupi   
26/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pour débuter la journée ce n'est pas trop copieux comme lecture.
Ça tombe bien vu le sujet et ça met de bonne humeur de bon matin.
L'idée est amusante, originale et bien écrite.
Rien de nouveau sous le soleil en 2168 sauf la platitude de l'humanité, pris au second degré ce n'est pas nouveau non plus.
J'aime les textes courts, ça tombe bien, j'en ai repris deux fois.

   Andre48   
26/8/2019

   mirgaillou   
9/10/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Curieusement, ce texte met en appétit! en effet il y a de véritables pépites: "monter à huit sur un scooter, à seize etc."
En plus il est logique: préserver la planète, oui, mais besoin des individus pour consommer, non de la nourriture, ça fait grossir, mais des produits pharmaceutiques par exemple.
C'est pourquoi on serait volontiers resté un peu plus longtemps dans cette histoire qui ne se prend pas au sérieux et qui ne manque pas d'idées.
La fin est prévisible, l'abolition des privilèges n'a jamais été qu'n rêve formulé en vain!


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