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Policier/Noir/Thriller
Annabelle : Stalingrad
 Publié le 15/01/13  -  19 commentaires  -  2667 caractères  -  406 lectures    Autres textes du même auteur

Un accident qui ouvre le quotidien en deux et fait sentir combien l'ordre des choses peut vite basculer. Cela se passe dans le métro.


Stalingrad


Vous êtes à la station Gare de l'Est, comme tous les jours, madame Ratp et sa voix de sirène annoncent des retards sur la ligne 7, comme tous les jours, l’indicateur horaire annonce trois minutes d’attente, puis deux, puis une, puis le zéro vibre dans le cadran, arrivée imminente, et la rame déboule dans la station. Vous montez dans le wagon, plein, comme tous les jours, plein de corps étrangers, de cravates de visages blancs et noirs de minijupes de tailleurs de rouges à lèvres, tout le monde se tait mais vous percevez le son du walkman du jeune homme plein de piercings au fond à gauche. Il y en a toujours un pour écouter du hard rock à huit heures du matin.

Vous regardez les stations défiler, Gare de l'Est, Château-Landon, Louis blanc, comme tous les jours, la ligne 7 dessinée sur le panneau est rose, un vieux rose, un rose qui donne envie d’aimer. Vous la suivez. Vous êtes enterré immobile dans les tunnels tortueux du métro de Paris.

Un cri. À l’entrée de la station Stalingrad. Un cri. Le train stoppe à mi-hauteur du quai. Vous entendez un cri de nouveau, informe, animal, vous distinguez « j’ai mal ». Un homme se précipite sur le signal d’alarme. Les portes s’ouvrent, tout le monde se déverse sur le quai et vous aussi, vous sortez, vous voyez, là, vous voyez sur les rails ce qu’un corps peut devenir. Qu’un bras peut s’en détacher. Vous voyez un homme sur les rails, demi-mort, son bras à dix mètres de lui. Le chauffeur appelle les pompiers en urgence. Des femmes pleurent, des gens crient, un homme derrière vous se plaint qu’il arrivera en retard au travail. Vous vous penchez près de l’homme sur les rails, un homme moins un bras, son sang.

Vous commencez à tomber en état de choc, un flou noir autour de l’image de l’homme, quand une main se pose sur votre épaule, la main d’un bras, le bras de quelqu’un, quelqu’un de bien vivant, son visage, vous le reconnaissez. Vous avez fait l’amour il y a très très longtemps, dans l'ivresse. Le prénom vous l’avez oublié, et l’âge, et la voix. Mais la main non, sa peau, elle vous parle vous rappelle à une nuit bien vivante.

Le bras du garçon vous emmène, hors de la station, loin. Le quotidien se renferme sur la fulgurance de la mort.

Le rideau de fer du métro tombe d'un coup quand vous sortez, il fait jour sur la place de Stalingrad, vous vous souvenez, Stalingrad est le nom d'une bataille. Il faudra prendre le bus, le 62. Vous restez un moment à bavarder avec le garçon, son prénom, son sourire, son numéro, une bise. Le bus arrive. Vous repartez. Le bus est bondé, plein de corps étrangers, de manteaux, de téléphones portables. De corps, de jambes, de bras. Comme tous les jours.


 
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   Anonyme   
31/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime bien cet instantané sinistre qui enchaîne très vite sur la vie qui continue, quotidienne et finalement sans surprise.
Vous ne vous attardez pas, le texte dit ce qu'il a à dire de manière plutôt efficace, sans en faire des tonnes. C'est bien fichu, pour moi. Un peu sec, c'est votre choix, vous ne débouchez pas sur une "véritable" histoire.

   Palimpseste   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
C'est bien mené, rapide, bon rythme. Juste assez de description pour donner l'ambiance.

J'ai juste un bémol sur le "Vous la suivez" qui brise le rythme entre la jolie phrase d'avant sur le rose et celle d'après, plus émouvante, sur la notion d'enterrement.

Pas facile de faire une histoire complète en si peu de lignes. ça pourrait être une bonne introduction à autre chose: 25.000 caractères du récit d'une journée ou 400 pages sur toute une vie...

Mais même si on en aurait bien repris une louche, le texte tel quel tient bien la route. On a souvent eu des textes très courts qui laissaient le lecteur inassouvi. Ce n'est pas le cas du vôtre, qui est auto-suffisant.

   David   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Annabelle,

Ça me parlerait d'une nuit d'amour et d'un accident mortel, dans une atmosphère pas vraiment "lourde" ou pesante mais trainante, avec ces répétitions ("comme tous les jours", "plein de corps étrangers") ces descriptions par liste ("de cravates de visages blancs et noirs de minijupes de tailleurs de rouges à lèvres", "Des femmes pleurent, des gens crient, un homme (... )") pour un effet un peu désagréablement hypnotique. Pour imager le métro aux heures de pointe, c'est assez parlant, avec l'impression désagréable des mouvements subis : humains ou mécaniques dans le métro et formels dans le texte. Du coup, j'en lirais pas des pages de ce genre de description, par définition, mais c'est bien rendu dans ce petit texte et pas inintéressant, mais ça ne va pas plus loin que de "rêver" l'accident mortel et le couple, que j'ai trouvé présentés de façon évanescente, fuyante.

   Anonyme   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est même très bien, disons que pour moi ça l'est. Une gestion du texte condensé très efficace, un sujet bien trouvé. On monte, on descend, il ne s'est rien passé, il s'est passé quelque chose. Un texte servi par une bonne écriture, l'auteur a le sens du rythme et c'est agréable.

Peut-être que la performance serait parfaite si les petites répétitions étaient évitées, sans pour autant se défaire de l'alternance dans le rythme.

Une lecture très sympathique.

   brabant   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Annabelle,


Je reste sur une impression mitigée, pour le classement d'abord : pas un policier, pas un thriller... du... noir ? Réalisme noir... Et puis, cet "accident" encastré dans un trajet de tous les jours : "métro... bus", pourquoi "choquant" à ce point puisque sitôt oublié ?

Le glissement du bras arraché au bras qui soutient m'a semblé plutôt intéressant... de même que le mimétisme des foules métro// bus. Regard féminin - ? - sur ces foules qu'il serait intéressant d'étudier.

Texte bref à l'image de la fulgurance qu'il évoque.

Trop bref pour que je me fasse une image précise de ses tenants et de ses aboutissants ; mais peut-être était-ce l'intention de l'auteure que de montrer des portes qui coulissent et qui claquent. Guillotin est peut-être un lointain ancêtre de l'inventeur du métro... lol :)


A vous relire sur plus long...


p s : Stalingrad est peut-être trop connoté... parce que "Stalingrad", c'était quand même près d'un million de morts dans des conditions apolcalytiques et plus de 600 000 blessés dans des conditions dantesques. Quelle symbolique avez-vous voulu illustrer ?
Ici, pour désolant que ce soit, on est dans un salon de thé.
Non ?
lol :)

   Pascal31   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte court que l'on prend comme une gifle qui nous sortirait du morne quotidien.
C'est bien écrit, très (trop ?) condensé et l'instantané va à l'essentiel sans s'embarrasser de chichis.
En contrepartie, une fois la surprise (et la légère douleur) de la baffe passée(s), on se frotte la joue, distrait, et on passe à autre chose.
En résumé, un bon texte, qui atteint son but, mais qui se laissera assez vite oublier de par sa brièveté et son côté "anecdotique".

   Pimpette   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bouleversant!
Court, simple, profond,efficace!
Sujet extra...écriture juste ce qu'il faut!
Une histoire totalement humaine tragique dans un métro totalement quotidien,banal...
On pressent un écrivain...

   Marite   
15/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Un instantané tragique traverse le banal et la routine du quotidien. Pas de mots inutiles, rien que le ressenti.
L'une des phrases résume l'ensemble : " Le quotidien se renferme sur la fulgurance de la mort. "
Le dernier paragraphe nous replonge dans le banal, la routine ...
Un texte, court, mais percutant qui pourrait servir de base à un très grand sujet de réflexion sur le conditionnement de la société urbaine actuelle.

   Anonyme   
15/1/2013
Bonjour Annabelle,

Aucun écrivain à ma connaissance n’interpelle ses lecteurs. Il m’est arrivé de le dire déjà, mais pour moi, ce procédé narratif est une grossière erreur. Une partie des lecteurs ne s’intéressent plus à votre histoire, ils sont déjà en train de contredire ce que vous croyez qu’ils pensent ou qu’ils font.
Pourquoi : « Vous regardez les stations défiler, Gare de l'Est, Château-Landon, Louis blanc, comme tous les jours » ?
Ben non, désolé, je ne prends le métro qu’à Paris, en transit. Et quand je le prends, je ne regarde pas spécialement les stations défiler…chacun peut faire n’importe quoi d’autre.

Attention, chaque fois que vous prenez à partie votre lecteur, il est frustré de ne pas pouvoir vous répondre. Ça a l’air de rien, mais tout est important dans le style.

Pourquoi commencer par : « Vous êtes à la station Gare de l’Est » ?
Non, désolé, je suis chez moi, dans mon fauteuil, et j’essaie juste de rentrer dans votre histoire.

— « vous vous souvenez, Stalingrad est le nom d'une bataille. »
Désolé, je me suis arrêté au CM2 sans qu’on ait abordé ce thème. Vous vous rendez compte de votre air un peu condescendant ? :)

Si vous ne voulez pas vous impliquer personnellement (narration à la 1ère personne : je), alors choisissez un narrateur externe qui regarde la scène et qui raconte tout simplement les évènements, en mettant en opposition le quotidien et le tragique. Mais le lecteur n’a rien à voir là-dedans.

Et pourtant, tout ça évoque quand même un certain talent pour frapper direct ! Pour pointer la cible du tragique avec les flèches du quotidien (je vais la garder celle-là). C’est le signe d’une disposition à l’écriture. Pas de chichi, pas de phrases alambiquées, tout va à l’essentiel. Tout sort des tripes, pas d’un palpitant trop sentimental.
Reste plus qu’à trouver la bonne distance avec le lecteur.

Cordialement
Ludi

   Artexflow   
16/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Annabelle,

Métamorphose récente, il se trouve que j'apprécie désormais certaines formes d'adresses au lecteur, et donc dans ce texte ça ne me gêne absolument pas.

Un bon texte que je ne note pas mieux parce que sa qualité est très inhérente à sa forme extrêmement courte (à la limite de la limite minimum de 2 500 d'ailleurs !). Si la narration est assez originale et efficace, en revanche ses mécanismes sont assez visibles (on attend des explosions dans un blockbuster, vous voyez ce que je veux dire ?).
C'est dommage mais ce n'est pas une faiblesse du texte. Si je ne l'avais pas replacé dans cette perspective, je l'aurais noté TB :) Donc prenez ça comme un TB !

Voilà donc sinon le texte par rapport au texte, c'est assez excellent, j'adore la manière dont l'homme à la fin est évoqué, en petits éléments très aériens, comme si, anesthésié par l'événement, le personnage ne pouvait plus vraiment faire le lien et hiérarchiser les choses...
J'aime aussi les "le" et ce genre d'effets.

Bravo Annabelle !

PS : Présentez-vous sur le forum, que diable !

   AntoineJ   
18/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
sec comme la mort et fragile comme la vie
style haché et pénible qui correspond bien à l'histoire
courte et punchy encore que l'opposition "inconnu au bras - main de rêve" face à "inconnu dont le bras de ballade loin de lui" est un peu lourdre et trop facile ... mais bon

Serait bien de la faire d'un autre point de vue en complément pour la mettre en perspective.

   Anonyme   
23/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour, Annabelle,

J'ai été attiré par le titre. C'est important, un titre.

Je suppose que vous vouliez, par une situation particulière, en évoquer une autre, plus générale, suggérée par le titre. De la chair à métro pour de la chair à canon. Un homme est mort, on s'en émeut, et puis on poursuit sa route, parce qu'il le faut bien. On abandonne le métro pour un bus, mais on retrouve le même chemin. 1942 est une étape importante, décisive sans doute, mais ce n'est pas la fin de la guerre, et elle se poursuivra encore longtemps après 1945. Elle s'est peut-être achevée en 1989, mais est-ce pour un mieux ?
Je ne suis pas particulièrement cultivé, mais j'aurais aimé, comme d'autres, que vous ne me tendiez pas aussi brutalement la main en me rappelant la bataille de Stalingrad. J'aurais préféré quelque chose de plus subtil. Le titre à lui seul suffit. L'évoquer par une station de métro est d'ailleurs un procédé qui me plait, parce qu'on ne sait pas toujours (même si, ici, c'est évident) ce que représentent les noms de nos rues et de nos stations.
Je n'ai pas adoré, mais je suis tout de même satisfait de ma lecture. Le court n'est pas facile et ne vous ne vous êtes pas mal débrouillée.

Ce que j'aimerais saluer, c'est la démarche, d'un point de vue strictement littéraire.
J'ai lu le commentaire de Ludi. Céline était un maître dans l'adresse au lecteur, en allant parfois jusqu'à l'insulter, ce qui est particulièrement gonflé, mais j'adore ça, parce que ça instaure à la fois une intimité et un conflit entre l'auteur et le lecteur, au delà du narrateur. Personnellement, ça me plait beaucoup.
Mais pour moi, il ne s'agit pas du tout, ici, d'une adresse au lecteur. Je suppose que tout (bon) auteur cherche à manipuler son lecteur, par des procédés techniques variés, de sorte à le faire entrer dans la peau de son personnage, que celui-ci lui apparaisse sympathique ou non. Ici, vous usez tout simplement du procédé le plus direct. Par l'emploi de la deuxième personne du pluriel (qui n'est ici qu'une substitution non familière pour la deuxième personne du singulier), vous faites de votre lecteur le héros de votre histoire, dès le premier mot. C'est ainsi que je comprends votre démarche. Je ne trouve pas que cela soit raté, dans votre texte, mais comme le dit Ludi, c'est effectivement très risqué, puisque vous ne laissez aucune lattitude au lecteur pour ne garder pour lui-même que ce qu'il ne se sent pas obligé de rejeter. La démarche est en tout cas intéressante, à saluer, et la présence de votre texte au catalogue enrichit celui-ci d'une expérience (je ne sais pas si elle est inédite).

EDIT: J'avais oublié une chose, mais ce n'est qu'un détail, une broutille qui n'influence pas mon appréciation. Vous ne marquez pas clairement l'époque de votre histoire. Dès lors, je n'ai d'autre réflexe que celui de la situer à l'époque actuelle. Dans ce contexte, l'objet utilisé par le voyageur piercé (walkman) et la musique qu'il écoute (hard-rock) me paraissent datés. Mais peut-être est-ce précisément par ces deux éléments que vous entendiez marquer l'époque. Dans, ce cas, je ne trouverais pas que ce soient les meilleurs. J'aurais préféré que l'époque ne soit pas du tout marquée ou bien alors qu'elle le soit davantage pour l'identifier clairement sans avoir l'impression d'anachronisme. Broutille, je vous le disais.

   Acratopege   
26/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime bien les "corps étrangers". Votre texte est-il un hommage à la Modification de Michel Butor? L'adresse en "vous", le cadre ferroviaire y font furieusement songer.
J'aime moins le style un peu haché, haletant, même s'il convient au sujet.

   Anonyme   
27/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'aime beaucoup , Le rythme , sa s'enchaine , il y a un cote poétique !

   Anonyme   
13/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé le style.
L'histoire, en revanche, n'est pas terrible.
Mais c'est vraiment bien écrit. Il faudrait que tu écrives d'autres nouvelles, je les lirai avec joie !

   Menvussa   
3/4/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Annabelle.

C'est vraiment un très bon texte. Tu sais créer une ambiance.

   MariCe   
11/1/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonsoir Annabelle. J'ai lu votre texte et je l'ai apprécié, malgré la gravité du sujet. Comment un fait dramatique peut-il se trouver noyé dans le quotidien ? Votre récit court et juste le démontre parfaitement. Notre société pressée côtoie la misère, les accidents, des suicides ou des crimes. Un état de fait qui devient banal pour certains ( vous le résumez en prenant pour exemple cet homme qui peste parce qu'il va arriver en retard au boulot ). Quid des regards détournés sur le SDF. Triste constat. Merci pour la lecture.

   Donaldo75   
2/3/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
L'idée est intéressante et le style, court, poétique et imagé aussi. Mon sentiment reste mitigé. L'impression d'un pitch de film de la nouvelle Nouvelle Vague du cinéma français, collé au réel avec une tentative d'essai de lyrisme. Dommage, ce texte était prometteur.

   carbona   
4/8/2015
 a aimé ce texte 
Bien
On oscille entre ordinaire et extra-ordinaire et c'est finalement l'ordinaire qui l'emporte. On en reste un peu frustré d'ailleurs car on aimerait bien savoir ce qui s'est passé entre le métro et cette personne à qui il manque désormais un bras.

J'ai beaucoup aimé l'homme qui se plaint d'être en retard face à l'accident, ça casse les larmes et l'effroi, ça tombe à pic.

Et ce jeu de bras entre le mort et le vivant est une belle transition.

Merci pour ce texte court, vif et bien écrit mais qui me donne assurément envie d'en lire plus !


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