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Réalisme/Historique
AntoineJ : Voleur de temps
 Publié le 16/05/15  -  9 commentaires  -  18760 caractères  -  99 lectures    Autres textes du même auteur

Quand le temps s'achète ... quelle est la limite ?


Voleur de temps


Vendredi en milieu d’après-midi, début d’été catalan, loin des ramblas.


Envoyé par monsieur Paul Gravenchko pour un forfait de cinq mille euros, me voilà installé dans un fauteuil trop bas pour mon mètre soixante, le nez à la hauteur du marbre de la grande table ovale. J’essaye de faire bonne figure tandis que chacun des autres hommes présents tente de jouer de sa présence charismatique, avec plus ou moins de succès en fonction de son embonpoint. En tournant un peu la tête, dans cette grande salle de réunion entourée de baies vitrées, j’ai une vue grandiose sur la mer Méditerranée dans le lointain. Ses ondulations m’apaisent, filtrent les bruits qui m’entourent.


Pour cette affaire, je suis le représentant d’une entreprise russe. Nous sommes tous habillés à l'avenant, costume sombre, chemise blanche, cravate noire, lunettes rondes. À ce meeting organisé pour finaliser la campagne de lancement d’un nouveau produit révolutionnaire, je suis payé pour écouter ce que racontent les participants, mes partenaires de business en théorie. J’ai juste à la fermer avant de l’ouvrir. Alors, je me concentre pour bien travailler, tout en regardant par la fenêtre l’énorme masse d’eau illuminée par les rayons du soleil.


Je parle plusieurs langues, dont l’anglais, l’américain, le russe, le castillan et le catalan, ce qui explique ma présence au dernier étage de cette haute tour de Barcelone. Monsieur Paul Gravenchko, qui me connaît depuis longtemps, m’a sollicité pour réaliser cette mission, lui ayant des activités beaucoup plus importantes, une croisière en galante compagnie sur la Riviera niçoise si j’ai bien compris.


Je suis quelqu’un de globalement incompétent, doué pour rien, honorable en tout sans plus. Ni gros ni maigre, cheveux courts, ma carrure est celle du représentant médian de la classe moyenne, celle qui ne fait pas de sport. Anonyme lambda, je vends mon temps au plus offrant. C’est un métier comme un autre, un passe-temps rémunéré si vous voulez.


Il m’arrive de passer la nuit dehors, à ma place dans une file d’attente interminable, pour obtenir des places d’un concert que je n’ai pas les moyens de m’offrir ou de somnoler dans une préfecture en attendant le titre de propriété d’une voiture dont la valeur dépasse largement ma capacité de financement, somme toute modeste. Je suis rémunéré pour cela, pendant que mes clients dorment, font la fête ou travaillent. Je leur évite de perdre quelques gouttes de leur temps si précieux.


J’ai de la chance : j’adore regarder les autres vivre. C’est mieux que la télévision ou Internet. Ils sont si étranges, des énigmes dont je n’entrevois que la partie émergée. Eux ne sont même pas payés pour patienter, ils en ont de la volonté ! Je les observe s’énerver, courir, perdre leur temps, si rarement dans l’instant.


Pour gérer mes clients et prospects, j’ai échangé la création d’un site Web dédié à mon activité contre une assistance assidue à une conférence de Microsoft qui s’étalait sur trois jours. Ma prise de notes convenait parfaitement à mon donneur d'ordres qui en gère du coup gratuitement l’hébergement et la publicité. J’assure ainsi les revenus nécessaires à mon existence paisible. Je suis loin de la fortune, mais j’ai largement de quoi subvenir à mes maigres besoins.


Je n’ai pas d’enfant, pas d’amie attitrée, je vis seul dans deux pièces de l’ancienne maison de mes parents, décédés depuis longtemps. Je n’ai pas de lien, je suis disponible sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il y a de superbes images sur mon site, des montres à la Dalí, des sabliers argentés, et des fleuves calmes et limpides qui s’écoulent majestueusement. Je suis un spectateur contemplatif.


Revenons à la réunion.


Mon client me précise toujours avant la mission ce qui est important pour lui lors d’un briefing. Ensuite, il me suffit d’être attentif, mon objectif étant de ne rien rater d’essentiel.


Parfois, je diverge. Sur ma tablette, j’ai dessiné deux cochons roses. Je sais parfaitement pourquoi j’ai réalisé ces œuvres contemporaines, aucun rapport avec l’objet de la réunion, encore que. Un des cochons n’a pas d’oreille et l’autre n’a pas de queue. J’ai aussi fait un plan de la table avec les noms de chaque personne participante. C’est un des points importants pour mon client qui veut savoir qui était là précisément.


Il y a maintenant près de deux heures que je me concentre sur l’objet central des débats : la nouvelle crème rajeunissante pour les visages des femmes blanches entre soixante et quatre-vingts ans. D’après les tests faits, cette marchandise n’a pas d’effet sur les Asiatiques et serait contre-indiquée pour les Africaines. Dans ce monde financier et hautain, même les produits réussissent à être racistes.


Je prends conscience avec angoisse que je n’ai retenu que des évidences dans mes notes. Aucune réponse aux questions que se pose mon client : combien de temps se conserve le produit ? Quel est le coût, livraison incluse, si l’on en achète cinquante mille ? Quel sera le prix de vente conseillé aux États-Unis ? Qui sera la star qui servira de support à la promotion ?


Même si je n’aime pas ça, il va falloir que je pose des questions.


J’attends le moment propice, juste après une présentation par un Français sur la politique commerciale qu’il a mise en place basée sur des réunions de ménagères et une gestion de stocks en quantités limitées. Le croisement entre la vente par des personnes motivées utilisant leur réseau et passant le relais pour augmenter leur profit et la pénurie organisée des produits clefs est toujours la meilleure solution, selon lui.


– Messieurs, qui d’entre vous peut m’indiquer le prix approximatif de ce produit pour une commande ferme et livrée de quarante mille unités ?


Après plusieurs secondes de silence, celui qui semble être l’animateur, un Américain à l’accent guttural, me répond que c’est une excellente question et qu’elle sera abordée par la suite.


En me concentrant attentivement sur la suite des débats, j’ai la désagréable sensation que tous ces intervenants sont assez creux, qu’ils meublent pour ne rien dire. Ou pour le formuler différemment, que je pourrais, moyennant une courte préparation, présenter à leur place.


Plusieurs éléments me sautent aux yeux :


– Comme moi, ils ne passent pas leur temps sur leur Smartphone à faire tout sauf assister à la réunion. Mon expérience avec les hommes d’affaires m’a appris le contraire. Leur cerveau est rarement dans le lieu et l’instant où se trouve leur corps.

– Ils sont tous attentifs physiquement, mais leurs regards sont absents avec une pointe d’amusement ironique au coin de l’œil.

– Même s’ils se comportent comme des animaux dominants, ils ont, dès qu’ils décompressent, des attitudes de ruminants pacifiques.


Sans que je sache trop pourquoi, une citation de René Char me vient à l’esprit : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder ils s’habitueront. »


Et si j’osais ?


– Messieurs, je ne veux pas paraître outrecuidant ni vexatoire, mais je me dois de vous avouer une cynique vérité. Je ne connais rien aux affaires et encore moins aux cosmétiques. Je remplace la personne qui aurait dû être là. Je fais au mieux pour que rien d’important ne m’échappe, mais c’est tout.


Un silence se fait autour du marbre qui en profite pour réfléchir un rayon de soleil taquin sur l’écran où sont projetés les diaporamas.


Le Français se lance, en anglais lui aussi :


– Pareil. Et je suis payé pour ça. D’où le peu d’intérêt de ma présentation d’ailleurs. Ma cliente a saisi cette possibilité pour profiter d’une journée shopping à Londres ou à New York, je ne sais pas.

– Idem, complète l’Américain, dans la langue de Shakespeare lui aussi. J’ai découvert le sujet il y a deux jours, et j’ai réussi à me faire payer une semaine d’hôtel avec aller-retour en business pour faire ce job. Je n’ai aucune idée de ce que mon donneur d’ordres en profite pour faire pendant ce temps, et ce ne sont pas mes oignons.


Les autres sont gênés. Je me demande si parmi eux, il n’y en a pas un qui est vraiment ce qu’il est censé être. Moi qui pensais être seul dans ma profession, je viens de me découvrir des collègues !


– Et si nous refaisions la campagne à notre sauce ? suggère un rouquin de petite taille qui n’avait jamais rien dit jusque-là avec un fort accent irlandais.


Emportés par notre élan créateur, nous voilà tous debout dans la grande salle, lancés dans une tempête de cerveaux fébriles cherchant à qui mieux mieux à capitaliser sur les idées des autres. Post-its collés sur le mur, paperboards emplis de schémas, listes de mots couchées sur les tablettes, la créativité explose de nos têtes depuis trop longtemps inutilisées et stériles.


Nous sommes des experts en gestion du temps qui passe et à force de regarder vivre les autres, nous nous sommes fait une idée précise de ce qui les fait bouger.


« Crème rajeunissante pour les visages des femmes blanches entre soixante et quatre-vingts ans »


À cet âge, la femme cherche à rester jeune, le paraître est important. Il faut qu’elle termine en beauté : prendre soin de son corps, c’est reculer l’échéance, la défier. Elle veut arrêter le temps, empêcher la faucheuse d’arriver, voire remonter le courant si c’est possible. Et payer d’autres individus à le perdre à votre place n’est pas une solution. Le temps passe malgré tout et laisse ses traces indélébiles.


Après concertation, nous choisissons une starlette de trente ans sans trop de formes, avec un visage parfaitement lisse tout en étant profondément expressif. Une dizaine de manipulations graphiques plus tard, nous projetons son image vers son futur. Elle a un look d’enfer en grand-mère ! Nous décidons qu’elle ne devra apparaître que grimée en vieille sur tous les spots et plateaux de télévision et que nous mentirons sur son âge réel. Nous ferons courir une rumeur : en réalité, elle aurait plus de cent ans…


Ensuite, nous décidons d’organiser une tombola géante à l’échelle mondiale dans toutes les maisons de retraite. Chaque participant devra mettre une photo d’un ou d’une de ses ami(e)s sur un site avec un commentaire précisant pourquoi il ou elle a été choisi(e). Avec la star pseudo-déclinante, nous ferons un tirage au sort avec des prix fabuleux :


– Trois semaines dans un palace des Seychelles avec cinq jeunes – hommes ou femmes à vous de choisir – pour vous servir en permanence et en tout bien tout honneur, cela va de soi.

– La parution d’un article sur votre vie dans tous les meilleurs journaux de mode et dans toutes les langues avec photos montages à la clef.

– Une croisière magique autour de la Terre, en avion, en bateau, à dos de chameau, le tout pendant trois cent soixante-cinq jours avec dix ami(e)s de votre choix.

– Un séjour de cinq jours avec la famille royale d’Angleterre et un titre de duchesse en cerise sur le gâteau.


Enfin, pour assurer une promotion efficace, la crème sera vendue avec un pourcentage de réduction égal à l’âge de la cliente. Au-dessus de quatre-vingt-dix ans, le produit ne vaudra que cinq euros symboliques et nous ferons en sorte qu’il soit remboursé par les mutuelles complémentaires. Le coût de revient du produit étant de deux euros, nous pouvons nous le permettre.


Épuisés, nous terminons la réunion après avoir fabriqué l’ensemble des supports nécessaires. Il est deux heures du matin. Il y a des années que je n’avais pas confectionné moi-même un objet dont je suis fier, réalisé quelque chose avec mon cerveau et mes mains. D’habitude, je me laisse porter par les demandes des autres.


Avec deux nouveaux amis – nos relations ont largement évolué durant cet échange – le Français et un Japonais basané, nous décidons d’aller fêter cette réussite en boîte de nuit. Nous laissons nos affaires professionnelles dans la salle pour continuer demain notre travail.


Jean va faire la queue pour avoir des places pendant que Kengo patiente pour obtenir des tortillas au serano à un bar encore ouvert. De mon côté, je me débrouille pour retirer de l’argent liquide.


Nous rejoignons Jean et en achevant nos omelettes, nous arrivons pile devant la porte du Razzmatazz, billets en main et les poches pleines de quoi passer une bonne soirée. Notre gestion du temps est optimale !


À l’intérieur, la foule est dense, excitée, l’air est chaud, moite. Je n’avais jamais été dans ce genre d’endroit, c’est une première. J’ai l’impression d’être porté par des vagues humaines, perdu dans des brumes d’alcool et de parfum. Je suis debout depuis vingt-quatre heures, seul au milieu de cette masse grouillante asphyxiée par le bruit. Je n’ai pas l’habitude de danser ni de m’occuper. J’aimerais trouver quelqu’un qui me demande de m’amuser pour lui, pendant qu’il irait dehors pour respirer, ou l’inverse.


Je pourrais me payer moi-même ? Me demander d’aller draguer la magnifique jeune fille qui se déhanche une bière à la main pendant que moi je me laisserais porter, bercé par les effets secondaires d’un joint acidulé. J’ai perdu de vue mes amis de fortune et je ne fume pas. Je ne contrôle plus le temps qui passe. Ma veste doit être quelque part, déposée au hasard sur une banquette. En chemise blanche déboutonnée, je n’ai que mon téléphone et ma carte bleue dans ma poche arrière, fermée à double tour. Je ne sais plus qui je suis, mais je reste toujours bien organisé. Je découvre qu’il me reste encore du liquide dans une autre poche.


Je repense à l’injonction de René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder ils s’habitueront. » Agacé par cette phrase qui ne veut rien dire et qui m’attire, je me la répète tel un mantra. Ce résistant surréaliste m’obsède.


Je vais au bar, avale trois shots de vodka, partage quelques tafs avec un voisin de circonstance un peu surpris et me lance sur la piste. Je débranche. Je vis pour moi. C’est nouveau.


Je suis assis sur la plage Icaria, face à la mer et le soleil se lève. C’est beau. Je suis pied et torse nus. Je ne sais pas comment je suis arrivé là. Par réflexe, je vérifie que j’ai encore mon téléphone et ma carte bleue.


J’ai tout, aucune trace visible sur mon corps, ni piqûre ni gueule de bois… Pourtant je suis incapable de savoir ce qui s’est passé, comment je suis arrivé là. Qu’est-ce que j’ai fait pendant ce vide dans ma mémoire ?


La suite de la réunion est prévue pour dix heures, j’ai le temps de prendre une douche.


En me dirigeant vers mon hôtel, j’admire l’affiche qui annonce le prochain match du Barça en ligue des champions. Trente mètres après, je fais demi-tour… le mercredi 16 mai 2018 à vingt et une heures.


Ça ne va pas du tout. Hier soir nous étions le vendredi 15 mai 2015. Soit ils prennent beaucoup d’avance et ils sont d’un optimisme sans faille en pensant que leur club fétiche sera forcément qualifié dans trois ans, soit j’ai un problème. Je consulte fébrilement la date sur mon téléphone : sept heures trente du matin, le samedi 12 mai 2018.


C’est une plaisanterie de mauvais goût ! Des caméras sont cachées derrière les palmiers ? La première pensée qui me vient à l’esprit est que si trois années s’étaient vraiment écoulées, j’aurais une longue barbe et une immense tignasse hirsute, ou des griffes à la place des ongles. Rien de tout cela.


Alors, où est passé mon temps ? Pris d’un doute, je consulte mon site. J’ai un accès direct pour suivre mes comptes. Mon solde est de cinq cent mille euros et quelques, ce qui correspond à une rémunération de vingt euros de l’heure pendant trois fois trois cent soixante-cinq journées de vingt-quatre heures. J’ai été payé, c’est déjà ça. Mais pour quelles actions ?


Dépité, je continue malgré tout jusqu’à ma chambre d’hôtel. À ma grande surprise, elle est encore réservée et toutes mes affaires y sont, bien rangées, ou plutôt comme je les avais laissées la veille il y a trois ans, sans aucune trace de poussière. Je retrouve ma brosse à dents et mon dentifrice habituel avec un plaisir étrange.


Après une douche rapide, avec mon savon favori, je pousse dans ses limites la logique absurde dans laquelle j’ai plongé la tête en avant. Je vais me rendre à la réunion comme si elle devait se tenir.


Et le plus amusant est que justement, elle se tient !


La salle entourée de baies vitrées offrant une vue grandiose sur la mer Méditerranée dans le lointain n’est pas vide. Une dizaine d’hommes sont là, assis en costume sombre, chemise blanche, cravate noire et lunettes rondes, les mêmes qu’hier.


J’ai peur, je ne sais quoi penser. C’est un complot contre moi ? Ils veulent me rendre fou ? Des extraterrestres jouent avec mon moi ? Les panneaux de la ville, mon téléphone, mon compte, tout a été trafiqué ? En vrai, nous sommes bien aujourd’hui ? J’étais malade de la tête avant et je viens de revenir à la réalité ?


Pendant ce temps la réunion continue, de longues présentations creuses et insipides. Sur ma tablette, le cochon rose me fait un clin d’œil complice. Il a de très grandes oreilles et des cornes sont poussées sur son front. Il enfle à vue d’œil.


Lorsqu’il explose, un message apparaît :


Bonjour,


J’ai eu besoin de vous pour une mission assez spéciale dont il vaut mieux que vous ne sachiez rien. Il m’a semblé préférable de vous ramener dans cette salle pour que vous repreniez pied dans le monde normal entouré par des visages connus. J’ai du coup payé aussi vos confrères pour qu’ils jouent le jeu. Dès que vous serez en état, dites-leur que vous avez compris, que tout va bien, que la mascarade peut prendre fin. Un bon déjeuner est inclus dans la réservation de la salle, il vous sera servi vers midi. Votre chambre d’hôtel est réservée jusqu’à mardi et le billet de retour vous sera remboursé. J’ai fait en sorte que vos plantes soient entretenues chez vous.


Bonne journée,


Paul Gravenchko


i.e. : Je vous ai bien sûr réglé cette utilisation de votre temps conformément à vos conditions générales. Ne cherchez pas à savoir, ce serait une erreur et je me verrais contraint de vous en empêcher. Ce serait dommage.


N.B. : Faites attention à ce que vous buvez en boîte de nuit la prochaine fois.


P.S. : Les idées que vous avez vous, et les autres participants, émises pour commercialiser notre produit n’ont pas été mises en œuvre. Nous sommes restés sur une approche plus traditionnelle et les ventes se portent très bien.




J’éteins la tablette et je me frotte les yeux. Il est midi moins le quart, bientôt l’heure de l’apéro.


Un jour, je chercherai peut-être à découvrir à quoi j’ai bien pu servir. En attendant, je me demande ce que je vais faire de cet argent !


Je pourrais proposer à un de mes collègues de me vendre du temps ?


 
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   Anonyme   
22/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien
C'est original comme histoire même si je ne suis pas sûr d'avoir bien saisi la fin. Je ne comprends pas trop à quoi a servi le laps de temps qui a échappé au narrateur, quelle était la transaction en jeu. Il faudrait que je relise plus attentivement. En fait c'est plutôt un récit fantastique que vous nous proposez là, car sauter des années comme si de rien n'était n'appartient pas au registre du normal. Vous jouez avec la temporalité.
L'écriture est satisfaisante, rien ne m'a choqué. Un style simple et clair.

   Anonyme   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Désolé Mr Gravenchko, mais la mission spéciale dont il vaut mieux que nous n'en sachions rien m'a fait lever le nez d'un coup brusque de votre histoire et puis je suis revenu moi aussi à la réalité avec ce goût amer de la fin.. rapidement envoyée, peut-être ratée, pour ne pas dire bâclée.
Dommage, c'était si original. Et bien écrit, dans un style propre et direct qui convient bien à ce genre d'histoire.
Il y avait tellement de possibilités avec un tel sujet entre les mains, ou entre les neurones, devrais-je dire.
Dommage aussi pour Barcelone que j'aurais aimé revisiter sous votre plume.
A vous relire.

   Asrya   
26/4/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Deux histoires en une ; le principal défaut de votre nouvelle.
Enfin, défaut pour moi. Qualité pour d'autres ? Chacun sa vision des choses.

J'étais plutôt amusé et conquis par la première ; cette histoire de "réunion" qui rassemble différents protagonistes dont la place est plus que discutable, qui, par "rébellion", envie de se sentir utiles (?), qu'importe, s'éloignent du projet originel afin de servir le leur, le développer, le proposer (on ne sait jamais).
Malgré cela, certain aspects abordés (notamment les "prix fabuleux" présentés) sont trop fantasques pour être possibles, d'où la création d'une certaine distance vis à vis de la crédibilité du récit ; dommage.
Le coup de la "starlette de trente ans" pour vendre le produit est d'autant plus ridicule. Même dans les publicités actuelles (qui sont loin de promouvoir ingénieusement leurs produits), ce type de procédé extrême ne serait pas employé ; encore une fois, un manque de crédibilité, même si je comprends la "satire".
Bref, la réunion m'a plu dans son ensemble.

Après, par contre, je suis beaucoup plus mitigé.
Au début, vous nous emmenez dans un bar, en compagnie d'un français et d'un japonais ("Jean" pour le français... encore une fois vous nous glissez des stéréotypes qui auraient pu être évités) ; un événement qui m'a laissé dubitatif, décalé par rapport à la situation précédente mais bon, j'étais tout de même curieux de savoir où est-ce que vous alliez nous conduire.
Quelques verres, puis, une plage.
La transition est assez maladroite (enfin je trouve), très brutale, mais cela aurait pu passer si les réactions de votre personnage y étaient associées. Or, il se comporte comme si rien ne s'était produit.
Encore une fois, je trouve que la plausibilité de votre récit est très limitée.

La chute est... assez peu originale, peut-être bien menée, encore que, je trouve le développement à nouveau peu crédible.

Bon, la nouvelle est plaisante à lire mais elle ne m'a pas enthousiasmé.
Elle manque de recul, de naturel, de spontanéité, de ressentis humains ; le texte est trop artificiel pour moi.

J'ai passé un bon moment malgré tout,
Au plaisir de vous lire à nouveau,
Asrya.

   Neojamin   
28/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour !

Une idée intéressante...Dés le début, ça manque un peu de punch, le rythme est lent...mais l'idée est bonne ! J'aurais aimé plus d'exemples sur ce que ce type de personnage fait. J'ai trouvé la présentation du début trop descriptive.
Ensuite, la scène avec les hommes d'affaires est aussi un peu languissante. Plus de dialogue ou quelques remarques croustillantes pourraient peut-être animer le tout.
Je n'ai pas compris le "Et si j'osais ?" C'est amené maladroitement sa confession je trouve.
"idée précise de ce qui les fait bouger" L'idée n'est pas non plus très originales...Dommage, vous avez manqué une occasion de me surprendre !
Après, ça s'emballe, et là, vous me surprenez. Le texte démarre vraiment avec "J'aimerais trouver quelqu'un qui me demande de m'amuser pour lui"...Il y a quelque chose de très profond derrière cette phrase et je pense que l'auteur pourrait fouiller un peu plus...
Ensuite très bon, je ne l'ai pas vu venir et j'aime bien le fait qu'on n'en sache pas plus vers la fin.
La dernière remarque est très cohérente et souligne bien l'absurdité de toute cette idée (qui n'est pourtant pas si irréelle!)
Bien joué!
Pour pinailler :
- "dans le lointain. Ses ondulations m'apaisent, filtrent les bruits qui m'entourent." Quelque chose ne fonctionne pas pour moi ici. Si la mer est lointaine, peut on voir ses ondulations ? Je chipote, mais cette phrase m'a sortie du récit.
- "lui ayant" Maladroit à mon avis.
- "doué pour rien" contradiction avec ces 5 langues parlées... Je comprends l'idée mais ce serait plus logique de dire qu'il n'est pas doué pour quelque chose en particulier.
- "celui qui semble être l'animateur" Si ça fait deux heures qu'il écoute, il doit savoir qui est l'animateur! Et pas sûr qu'animateur soit le mot le plus approprié...Médiateur peut-être ?

Je pense qu'il y a un gros potentiel pour faire une belle nouvelle ici, il faut par contre épurer le style, rendre le début plus dynamique, et se concentrer sur le thème novateur du récit et non sur les extérieurs plus ennuyant. Le temps est le personnage principal et on a tendance à l'oublier dans votre texte!
Bonne continuation et j'espère avoir le plaisir de lire la version finale un jour !

   Shepard   
3/5/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,

Le titre de votre nouvelle m'a intrigué, le temps étant source de nombreux récits fantastiques je ne m'attendais pas à le voir en réalisme, mais c'était une curiosité de plus qui m'a attiré.

Le style est direct, et pourtant... Les premiers paragraphes m'ont paru êtres du remplissage, finalement ils n'apportent strictement rien à cette intrigue. Le personnage s'ennuie, jusqu'à ce qu'une 'décision' soit prise pour n'être d'aucune conséquence pour la suite.

Le type se prend une bonne biture et se réveille 3 ans plus tard. Si l'idée initiale de ce 'very bad trip' m'a plu, je l'ai trouvé mal exploitée : on ne sait ni pourquoi, ni comment (clairement le type n'est pas resté dormir 3 ans) sans un petit indice qui nous permettrait de se poser des questions et de spéculer. L'homme n'a aucun proche ? Pas de parents ? Il se fait faucher 3 ans et 'bon si j'ai été payé' ça va, pas de quoi en faire un plat. La réaction m'a paru un peu off, c'est quasiment du fantastique, le mec ne pense même pas à démissionner ? Après tout c'est peut-être comprit dans les closes mais on ne sait pas.

J'ai l'impression que vous vouliez dire quelque chose au travers de cette nouvelle (en rapport aux publicitaires et au temps) mais je ne l'ai pas saisit, ce n'est pas très clair. En fait, je pense que trop peu d'informations sont données au lecteur pour que la nouvelle soit appréciée à sa juste valeur.

   hersen   
16/5/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Histoire très étrange mais pas suffisamment approfondie pour être prenante. L'idée de départ est bonne mais ça manque de relief : Que le narrateur nous raconte sa vie personnelle ( fort terne ) ou son rôle de figurant à la réunion (fort mou ) ou bien encore sa réaction ( plutôt son manque de réaction ) quand il comprend qu'on lui a volé trois années de sa vie ( il ne déborde pas de questions ! ) il y a si peu de détermination de la part du personnage que c'est difficile d'aller plus loin.

Il y a pourtant de très bonnes choses comme par exemple " payer quelqu'un pour s'amuser à sa place." C'est un excellent filon qui n'a pas été exploité.
Que l'on ne comprenne pas bien le but de tout ça ne me gêne pas. Nous ne sommes pas loin d'être dans l'absurde, position privilégiée pour dire des choses sans avoir à les prouver puisque nous les prenons sous un angle...absurde, justement.
Enfin, la phrase " Un jour, je chercherai à découvrir à quoi j'ai bien pu servir " est glaçante. Là encore, il y a du potentiel. Mais non, il se demande juste à quoi il va bien dépenser son argent !
Vous l'avez compris, je reste sur ma faim. D'autant que l'incipit pose une question qui restera sans réponse.

Des bricoles:
-Je parle anglais et américain.
-lui ayant des activités... ayant lui-même des activités

Merci pour cette lecture.

   bigornette   
18/5/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour AntoineJ,

La confusion se niche dans des détails : "un visage parfaitement lisse tout en étant profondément expressif". C'est possible ?

Terminer en beauté et reculer l'échéance, ce n'est pas la même chose.

"à force de regarder vivre les autres, nous nous sommes fait une idée précise de ce qui les fait bouger" et "Je ne connais rien aux affaires et encore moins aux cosmétiques", qui ne sont pas contradictoires, je vous l'accorde, mais bon, on ne sait pas vraiment : est-ce qu'ils sont vraiment nuls ? Ou bien peuvent-ils mettre sur pied une grande campagne internationale ?

La confusion se niche aussi dans l'intention de l'auteur. Jusqu'à ce que je relise votre nouvelle, j'étais d'accord avec Asrya : il y a deux nouvelles dans Voleur de temps.

1) Des hommes de paille sont payés pour représentés leur commanditaire. Ils abattent leur jeu, réalisent qu'ils bluffent tous, et prennent la campagne commerciale du nouveau produit à leur compte.

2) Un homme est payé pour faire gagner du temps à de plus riches que lui. Il ne fait strictement rien de son temps, à part jeter un coup d'oeil à la mer Méditerranée, dessiner des cochons roses, lire René Char. Jusqu'à ce qu'il entre dans cette boîte de nuit et se dise : "Je vis pour moi." Puis, coup de théâtre, en fait il a vendu trois années de sa vie au russe. D'ailleurs, c'est une très bonne fin.

Et puis je me suis dit que c'était l'expérience de la réunion qui lui avait fait prendre goût à la vie en direct, et non par procuration. D'accord, mais pourquoi ne pas décrire cette transition entre son ancienne vie, plutôt terne, et la nouvelle vie, pleine de bruit et de mouvement ? Au lieu de quoi, il s'éclate pour la première fois, mais, manque de pot, il boit quelque chose qui le projette trois ans plus tard. Il prend acte, pas plus traumatisé que ça. Fin de la nouvelle. Je serais complètement fou si j'apprenais que je venais de perdre trois ans de vie !

Ce n'est pas une nouvelle surréaliste, quoiqu'en disent les cochons roses, donc, il faut que vous ayez une idée claire de ce que vous voulez dire avant d'écrire, et du chemin que vous allez baliser pour y envoyer votre lecteur. Un chemin contrasté, qu'il puisse le voir. D'abord la partie suprêmement mortelle de la réunion, l'excitation qui s'ensuit, la folie de la boîte de nuit, et enfin le coup de massue terrible. A ce propos, pourquoi "que" trois ans ? Je l'aurais fait vieillir de cinquante ans d'un coup ! Ce qui aurait fait un écho avec le produit rajeunissant, objet de la réunion...

Merci pour la lecture.

   David   
20/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour AntoineJ,

J'ai une bonne impression d'ensemble mais je me dis quand même qu'il y aurait deux récits dans une seule histoire. C'est homogène, un peu potache mais pourquoi pas, la première partie, cette histoire de réunion de faire-valoir, d'hommes de paille, qui finissent par reprendre les choses en main en laissant filer une imagination débridée. Ensuite, le vol de temps, ça ouvre encore de nouvelles perspectives à peine effleurées : en trois ans (ou trois secondes) on peut tuer quelqu'un, on peut avoir des enfants, on peut voyager plusieurs fois autour du monde, bref, c'est tout un roman ou même plusieurs qui pourraient rentrer dans le laps de temps occulté par le récit.

Le ton reste humoristique mais après le retournement de situation, les trois ans qui disparaissent, la fin (IE, NB, PS) m'a semblé un peu lourde, comme de crier des sous-entendus, j'ai bien compris que le russe fait peser des menaces. Ce n'est pas un bon contraste je trouve entre le (très gros) non-dit de 3 ans et la surcharge des notes en bas de page du courrier du russe.

tiens, le texte commence par vendredi pour une sorte de robinsonnade temporelle.

   CharlesH   
30/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien
L'idée d'être un substitut dans une réunion quelconque est sympathique et de découvrir que tous les autres autour de la table le sont aussi, est encore plus intéressante. Ça donne des idées à tous ceux qui ont déjà assisté à de telles réunions. Par la suite, la volonté de détourner la réunion est intéressante, mais se perd un peu jusqu'à proposer des prix trop extravagants et qui auraient pu être plus humoristiques. Toutefois, jusque là la nouvelle me plaisait, mais on dirait que l'auteur ne savait pas trop comment la terminer et est parti dans une direction tellement invraisemblable que j'ai décroché. La deuxième partie aurait due être mieux ficelée et la fin est peut-être à revoir.


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