|
|
Anonyme
2/5/2011
a aimé ce texte
Un peu ↓
|
Je trouve la fin très touchante, voire poignante. L'idée me paraît bonne de mêler les souvenirs de Louise et ses retours sporadiques à la réalité ; même les mélanges de temps sont bienvenus de ce point de vue, ils expriment la confusion mentale du personnage.
Cela dit, je pense que les présentations des différents invités sont souvent trop longues : dans la mesure où le schéma est toujours le même (une place à table, description des liens attachant Louise à l'occupant, retour au jour présent), il y a risque de lassitude à mon avis. Peut-être serait-il bon d'essayer de varier davantage les présentations et surtout de les resserrer. Par ailleurs, l'écriture m'a rendu le texte assez désagréable à la lecture car je l'ai trouvée maladroite, notamment dans sa pléthore de verbes "être" parfois très concentrés sur quelques lignes (exemples ci-dessous) ; j'ai eu l'impression dans l'ensemble d'un texte écrit comme on parle, dans le mauvais sens du terme : sans faire attention à varier les tournures, éviter la monotonie. Je passe sur le pathos trop appuyé à mon goût, le sujet y porte. Au total, une belle idée qui selon moi est mal servie à cause d'une écriture pas assez attentive à la diférence entre l'oral et l'écrit. Exemples de moments où ma lecture s'est arrêtée : "Il n'était que dix heures du matin et pourtant la journée lui paraissait déjà bien longue. La table était mise. Chose curieuse à cette heure-ci ! Plusieurs couverts étaient disposés" : Trois fois "était" ou "étaient" en quelques phrases "elle n'était pas sûre de vouloir se reconnaître. Ses cheveux étaient gris depuis de nombreuses années déjà. Il lui sembla qu’ils étaient plus fins, plus clairsemés. Alors, ne supportant plus cette prise du temps sur elle, elle détourna lâchement son regard. Elle se prenait parfois à rêver qu'elle n'était encore qu'une jeune fille" : quatre fois "En rentrant, elles n'étaient pas fières. Elles savaient bien à quoi s'attendre. À l'époque la ville n'était pas si grande et tout se savait vite. Il était évident que l'institutrice était déjà passée chez chacune des deux fillettes" : quatre fois "Solange était arrivée la première et Louise constata qu'il n'était rien de plus normal, Solange avait toujours été première partout. À l'école, elle n'avait jamais vraiment eu de concurrentes mais elle ne s'en était jamais vantée. Elle était toujours restée discrète. Même ce soir à ce repas, elle est assise presque silencieuse" : quatre "était", un "avait été", un "est". Vous voyez l'idée, j'arrête là. "jamais tu ne te départis de ton magnifique sourire." : je trouve cette expression artificielle dans un dialogue "une femme mûre qui profitait des nombreuses années qui s'offraient encore à elle" : je trouve maladroites les deux relatives imbriquées introduites par "qui" |
Anonyme
2/5/2011
a aimé ce texte
Un peu ↓
|
L'idée de noyer les souvenirs dans l'instant présent, de faire apparaître et disparaitre les êtres est intéressante et fonctionne assez bien, puisque l'on comprend vite qu'il ne s'agit que de souvenirs. Le lecteur peut à sa convenance décider qu'il s'agit de la folie qui gagne Louise, ou bien que celle-ci se fait un film auquel elle essaye de croire, ou bien encore qu'il s'agit d'une technique narrative pour évoquer les souvenirs de manière symbolique, et c'est très bien.
Le cas de Lise apporte un peu de diversité dans la panoplie des personnages. En effet, elle a disparu dans la vieillesse, mais pas encore dans la mort. D'ailleurs, ceci donne matière à trois phrases je j'ai bien appréciées : "Louise n'avait pas vraiment pleuré la disparition de cette amie. Ce n'était pas la mort qui l'avait emportée, c'était simplement la vieillesse, le temps qui passe. C'était sûrement plus triste quand elle y songeait, mais tellement moins soudain qu'elle avait fait son deuil avec plus de douceur et moins de violence." Je ne suis pas ressorti sans émotion de ce texte. On ressent de la tristesse, de la mélancolie. Une certaine sérénité, aussi, malgré tout. Toutefois, j'ai trouvé la lecture fort longue, car monotone. Ceci est dû, je pense, au contenu presque exclusivement descriptif. On balaye la vie de Louise, au travers des personnages qu'elle a connus, sans grande passion, avec même (pardonnez-moi !) un ennui certain. Le passage le plus représentatif à cet égard, et à mon avis très maladroit d'un point de vue narratif, est le monologue de Louise à son défunt mari. J'ai la très désagréable impression que l'auteur a choisi cette façon de faire pour apporter un peu de variété dans le style de la narration. Mais, pour moi, l'effet est catastrophique. Je ne crois pas un instant à cette Louise racontant leur vie commune à son mari, puisqu'il doit la connaître. C'est en tous cas beaucoup trop long pour ça. Quelques phrases, quelques éléments, auraient pu passer, mais c'est beaucoup trop long. C'est artificiel. Je sens uniquement l'auteur racontant une histoire au lecteur, en se cachant derrière Louise et en imaginant qu'on ne l'a pas vu. La chute (sans mauvais jeu de mots) est beaucoup plus convaincante. Le lecteur vit réellement les événements. Évidemment, la conjugaison au présent participe à cet effet, mais la coexistence des deux points de vue, celui de Louise, prise dans son délire, et celui de la femme de ménage, dans la réalité la plus crue, le renforce indéniablement. Donc, j'ai bien aimé la fin, mais j'ai trouvé le reste fort monotone. C'est dommage, j'ai presque l'impression que la majorité du texte n'a été écrit que pour mener à cette chute. Quoi qu'il en soit, la fin du texte augure de belles prestations à venir. |
toc-art
2/5/2011
|
Bonjour Appolline,
je vais écrire une chose qui n'est pas plaisante. Je le sais d'autant plus que j'ai aussi eu à lire la même chose sur mon écriture, mais voilà, je me suis ennuyé, vraiment, à vous lire. J'ai trouvé l'écriture terriblement terne, sage et sans charme, avec des changements de temps qui m'ont paru parfois très aléatoires. J'aime assez le thème de votre récit mais outre l'écriture, je n'ai pas du tout été convaincu par la structure, répétitive et monotone. Je pense que vous devriez opter pour un style plus vif, moins descriptif. bonne continuation |
littlej
4/5/2011
a aimé ce texte
Pas
|
Le sujet m'a beaucoup intéressé, le traitement m'a moins plu.
Normalement, à la fin de ma lecture, j'aurais du avoir la gorge nouée et les yeux embués. Mais ce n'est pas du tout le cas, je suis resté complétement en dehors de cette histoire, je n'ai pas partagé un seul instant la douleur de cette vieille femme. Pourquoi ? Parce que le texte en fait trop. C'est beaucoup trop appuyé par moment. On sent que vous hésitez tout le long du texte entre deux options : suggérer ou montrer. Par moment vous essayez de suggérer, et ensuite vous rajoutez clairement une couche d'émotion, et c'est tellement mal fait, qu'on en est presque dégoûté. Et puis, le texte est trop long. Le style malheureusement ne parvient pas à maintenir l'intérêt à lui seul (car il n'y a aucun rebondissement, c'est une nouvelle qui traite de l'attente et de la solitude). La chute, enfin, qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Et, de manière plus personnelle, je n'ai pas cru un seul instant à cette histoire. Ce n'est pas du tout vraisemblable. Peut-être que le chagrin de cette femme vous parle personnellement, quelqu'un de votre famille ou de votre entourage connaît peut-être le même problème, et je pense que vous avez cru bon d'exacerber sa douleur pour faire pleurer dans les chaumières, que vous vous êtes trop impliqué, et que vous n'avez pas garder la distance nécessaire entre vous et ce sujet. Mais si je me trompe, alors ne tenez pas compte de ces remarques, évidemment. A la prochaine. j |
Togna
6/5/2011
|
Vous avez fait passer beaucoup de sensibilité et de compassion mais, pour que ces sentiments et cette imagination dont vous êtes capable soient bien perçus par le lecteur, vous devrez vous perfectionner dans l’exercice d’écriture. Ce texte est un bon début et il mérite d’être repris.
Personnellement, je m’appuie sur six points fondamentaux et je ne divulgue jamais un texte avant d’être certain de les avoir respectés. Avec plus ou moins d’objectivité, probablement, mais quand même ! 1) LA CLARTÉ : un début, un développement et une fin. Vous l’avez fait. 2) LA CONCISION : minimum de mots pour exprimer le maximum. À revoir. Exemples : Votre texte : « Il lui sembla percevoir son reflet dans la vitre mais elle n’était pas sûre de vouloir se reconnaître. Ses cheveux étaient gris depuis de nombreuses années déjà. Il lui sembla qu’ils étaient plus fins, plus clairsemés. » Vous auriez pu écrire par exemple : « Ce reflet, dans la vitre, elle n’était pas sûre de vouloir l’accepter… ses cheveux, gris depuis de nombreuses années déjà, étaient plus fins, plus clairsemés. » Dans votre texte vous avez utilisé 36 mots en 3 phrases avec une répétition gênante : « Il lui sembla ». Dans mon exemple, 24 mots seulement en une seule phrase, longue, il est vrai, mais avec une respiration (les points de suspensions). La longueur d’une phrase peut être volontaire, parfois, pour casser le rythme d’un paragraphe monotone, mais il ne faut pas en abuser. Faites attention aux répétitions. Il y en a de nombreuses, exemple : trois fois « voiture » en trois lignes. Plus loin dans le même paragraphe, deux fois « à présent », etc. 3) LA CORRECTION : grammaticale, orthographique, syntaxique. Il ya des confusions dans les temps utilisés, notamment entre le présent et le passé. C’est une bonne idée d’utiliser le présent dans les scènes où Louise voit ses invités absents, mais il fallait ne le faire que dans ce cas et avec beaucoup de précision. 4) L’HARMONIE : rythme et sonorités. Le rythme est monotone, et c’est là, je crois, que vous devrez beaucoup travailler. Variez les longueurs de phrases, les formes (interrogatives, exclamatives, affirmatives), les syntaxes, etc. Si je reprends ma phrase du 2) : « Ce reflet, dans la vitre… l’acceptait-elle ? Ah, non ! Ces cheveux gris, trop fins et clairsemés, non, elle ne voulait pas les voir. » Les sonorités d’un texte sont souvent dans le bon choix des mots, mais pas seulement. Et je reviens aux répétitions. Dans un paragraphe (commençant par : « elle constata que la pluie ») vous utilisez 9 fois « elle » en 7 lignes. Cela est lassant pour le lecteur. 5) LA PRÉCISION : de la pensée, du vocabulaire. Il semble que votre pensée soit précise, par contre le vocabulaire est, quelquefois, mal adapté. Un exemple encore. Votre texte : « Un moteur de voiture ronronne au dehors. Il semble indiquer que la voiture a ralenti devant la maison de Louise. Celle-ci se lève précipitamment, elle veut en voir le cœur net. Au moment où elle arrive à la fenêtre, la voiture s’éloigne. Les pneus grincent car la route est mouillée. C’est sans doute ce qui a fait ralentir le conducteur. » (Hormis la répétition déjà vue « voiture », vous utilisez deux fois le verbe ralentir.) Peut-on dire qu’un moteur ronronne quand il ralentit la voiture ? Des pneus grincent-ils ? Qui plus est, sur une route mouillée ? Je proposerais plutôt ceci : « Un bruit de moteur éveille l’attention de Louise. La voiture ralentit devant la maison… de qui s’agit-il ? Elle se précipite vers la fenêtre. Quand elle y parvient, le conducteur accélère brutalement, les pneus crissent sur l’asphalte. » De plus, la précision du vocabulaire amène souvent à sa concision. Ici, pour dire sensiblement la même chose que vous, j’ai utilisé presque moitié moins de mots. 6) LA VARIÉTÉ : des mots, des structures syntaxiques, des types de phrases. Ce point est très important. Le manque de variété est ce qui rend votre texte monotone. Variez, variez, variez encore et toujours. Voyez mes deux exemples : j’y ai mis interrogation, exclamation, attente… Je pense aussi que vous auriez pu faire parler Louise de temps à autre par quelques monologues intérieurs qui auraient modifié le rythme. Alors ? Alors il est toujours plus facile de critiquer un texte que de l’écrire ! L’important est d’avoir quelque chose à dire, de posséder le pouvoir de réflexion qui amène à créer une bonne intrigue, à mettre en place des personnages. Et cela, je pense que vous le possédez. J’espère que les commentaires ne vous décourageront pas, ils nous sont précieux à double titre. D’abord, si nous sommes commentés, c’est que nous sommes lus, et c’est une grande chance ! Ensuite, ils nous permettent d’avancer dans l’art difficile de l’écriture, et c’est le plus précieux. Votre nouvelle mérite d’être réécrite. Si vous le décidez, vous trouverez ici : http://www.oniris.be/forum/chronique-destinee-aux-auteurs-s-estimant-debutants-t5578s0.html une série de chroniques qui pourraient vous aidez. À bientôt |
GrainBlanc
7/5/2011
a aimé ce texte
Bien
|
Même si je trouve aussi que les souvenirs semblent se répéter, conduisant à une certaine monotonie (en milieu de texte surtout), j’ai apprécié ce voyage dans le passé, le temps d’un dîner fantôme, intéressant.
La nostalgie de ce personnage est touchante. Bonne continuation, GrainBlanc |
Anonyme
10/5/2011
a aimé ce texte
Bien
|
Félicitations, Appolline, pour cette merveilleuse nouvelle pleine de sensibilité et de délicatesse.
Le récit, malgré certaines imperfections rédactionnelles est émouvant, prenant et sait maintenir l'intérêt jusqu'à son terme par l'intensité des sentiments exprimés chez les différents personnages. L'état mental de Louise qui s'est dégradé au fil du temps est, d'autre part, parfaitement rendu par le passage incessant et surtout brutal, sans transition, du rêve à la réalité, les idées et les perceptions se bousculant en désordre dans sa tête. L'épisode de la chute à la fin du récit me semble être une transcription très exacte de la réalité de la vie: l'accident se produit brutalement, brisant sans crier gare le fil logique du déroulement de l'existence. Cette belle histoire, enfin, me paraît traduire chez vous Appolline, une grande richesse affective qui, à mon sens, est un indéniable atout pour vous ouvrir de belles perspectives de réussite en littérature. Bravo encore à vous Appolline.Perséverez dans la voie que vous vous êtes tracée, améliorez vous encore. Cela en vaut la peine. Bonne chance et peut-être à bientôt pour une nouvelle histoire. |
Anonyme
29/5/2011
a aimé ce texte
Un peu ↑
|
Quoique le sujet - souvenirs et regrets - soit sans intérêt pour moi, je dois confesser que j'ai lu avec plaisir et sans ennui cette nouvelle douce-amère.
J'aime bien votre style, vos changements de temps, ces variations naturelles qui font penser à un petit vent frais dans un jardin ensoleillé ou, au contraire, à,un chaud rayon de soleil dans un lieu devenu trop froid. Nous ne sommes plus à l'école où la maîtresse exigeait la concordance des temps. Nous sommes dans la vie, passée, présente et à venir. Je vous dis donc bravo et merci pour cette lecture de qualité, même si originalité et action ne sont pas précisément au rendez-vous :-) Cordialement, micdec |