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Humour/Détente
Asrya : Génération bêta
 Publié le 14/04/23  -  12 commentaires  -  12848 caractères  -  141 lectures    Autres textes du même auteur

Dans l'avenir, une application de téléphone fait naître un complexe improbable dans la vie d'une jeune femme.


Génération bêta


J’étais perturbée.

Je m’étais rendue chez le Dr Sandré, un homme certes, mais c’était le mieux noté.

Ça avait commencé assez banalement. Je n’y avais jamais pensé avant.

J’avais été élevée dans l’acceptation des autres, dans l’acceptation de moi-même, avec beaucoup de respect. Mes parents n’étaient pas du genre consuméristes, mais ils avaient toujours trouvé un grand talent aux personnels du marketing : « Venez comme vous êtes. » Ils trouvaient que ça sonnait bien, que ça avait le mérite de véhiculer un message d’acceptation, de tolérance ; merci Nirvana.

Mon corps, j’avais grandi avec.

Depuis toute petite il s’était modifié. Il lui était arrivé de prendre des tournures intéressantes. À cinq ans, je n’en finissais plus de récolter des compliments. Vers l’adolescence, il était parti en vrille. De partout. La bouche, le nez, les hanches, les fesses, les seins, les pieds. Il ne tournait plus très bien je pense. Ça a fini par passer.

Le résultat final me convenait. Je n’étais pas à l’avant-garde des fessiers et encore moins au premier rang du balconnet, mais il m’arrivait de me plaire, dans l’obscurité. Mes amies m’avaient beaucoup aidée, elles n’étaient pas forcément mieux gâtées, surtout Karen : « De toute façon, quand t’as des gros seins, t’as peut-être les mecs comme Jérôme à tes pieds, mais t’as pas souvent le cerveau éclairé », disait-elle. Et moi aussi.

Mais pourquoi pas au juste ? Elles n’ont pas choisi si ? Est-ce qu’il existe une corrélation entre stupidité et taille du bonnet ? Les neurones quittent l’encéphale pour se loger dans les glandes mammaires à la puberté ? On était jeunes, on avait besoin de boucs émissaires.

Jérôme, c’était notre objet. Celui de nos fantasmes pleinement assumés. Il avait les nuages à ses pieds et les étoiles aux poignets. Ses pupilles resplendissaient d’une sensualité rare, intouchable ; ses cheveux, au naturel comme jamais, dansaient dans nos têtes au rythme du vent qui s’y engouffrait ; ses mains, ses doigts trapus mais soignés, n’avaient qu’à demander à s’immiscer dans nos contrées inexplorées ; il était grand, souriant, mais ne nous avait jamais regardées.

J’ai grandi, et je me suis acceptée. De la tête aux pieds ; pas un soupçon à jeter. Merci Simone d’avoir illuminé le mouvement. Ça ne devait pas être la même avant, mais maintenant à notre époque, il n’y a plus de secret. On peut tout montrer, on sait que ceux qui jugent se feront juger. Un certain sentiment de liberté.

Pourtant c’est venu, comme ça, la trentaine passée.

Sur Snap Tok, envoyer des infranudes était en vogue. Avant, il y avait les nudes, photos osées qui dévoilent une partie ou la totalité de l’intimité, désormais, ce sont les infranudes, des photos qui montrent l’intérieur du corps. Ça fonctionne avec une application, comme tout le reste. Je ne sais pas trop comment ça marche d’ailleurs, c’est un peu comme un scanner. J’imagine que l’association 70 Millions de consommateurs a dû s’offusquer de la dangerosité du rayonnement généré ; mais ça ne devait pas être assez pour contrer le profit associé.

J’avais téléchargé l’appli et j’avais commencé à prendre quelques clichés. La tête, les pieds, les mains, le squelette pour commencer. J’avais les os fins, les phalanges ramassées et les métacarpes bombés. Atypique il paraît.

On se comparait avec Karen, on jouait aux 7 différences anatomiques. J’avais le tibia un peu courbé vers l’entrejambe – ce qui n’avait pas dû faciliter mes aptitudes sportives –, le sternum imposant, les côtes effilées, le crâne anguleux au niveau de l’occiput et les hanches prêtes à enfanter. C’était sympa.

Sur les réseaux, les images défilaient et les commentaires s’affolaient. De l’humour, de l’émoi, des sarcasmes ; certains allaient jusqu’à se faire remodeler l’intérieur pour dessiner des motifs organiques – au sens strict – par chirurgie esthétique interne. Foie en forme de baleine, thyroïde Batman, greffe de prostate plus grosse, il y en avait pour tous les goûts et ça commençait à sentir le malaise.

Le regard des autres, je n’en avais rien à faire, ça glissait. Mais le mien, le mien… je n’arrivais plus à m’y faire. La fonction « tissus » de l’appli permettait de masquer l’ossature et de faire apparaître les organes. Quelle déception. Tout était chouette, tout était net, de l’estomac en haricot aux ovaires exemplaires ; mais comment pouvais-je avoir un cœur aussi petit ?

Moi. Tournée vers les autres depuis le plus jeune âge. Moi qui aidais mes camarades à chaque heure de cours, moi, respectueuse, polie, avenante ; moi, bénévole à la Croix-Rouge depuis mes sept ans, engagée dans l’accueil des migrants climatiques à douze, et cofondatrice de l’association « Choux Back Home » visant à recréer du lien entre producteurs et consommateurs de l’agglomération. Moi, infirmière dans un hôpital public qui ne tient que par les derniers atomes d’un fil atrophié.

Un cœur parmi les 0,002 % les plus petits. Ça m’a dévastée.

« Tout ce qui est petit est mignon », me disait ma mère ; tout ce qui grandit s’abrutit. Je n’avais jamais eu à entendre ce type de discours, vainement rassurant, apaisant, moralisateur. Elle ne comprenait pas. « C’est rien roooh… ça ne se voit même pas. » Toi peut-être pas, mais moi si. Quand je me regarde dans le miroir, mes vêtements n’y font rien, je me dépèce et je le sens, là, si petit qu’il est, battant fougueusement pour compenser.

Il ne me quitte jamais et j’ai beau ne pas le voir, je le ressens constamment. Chaque battement me donne le tournis, chaque accélération me fait ulcérer ; je rêve de bradycardie. Ne plus le sentir, m’évanouir, disparaître sans âme, m’éteindre pour me soulager l’esprit.

Karen m’avait appelée, ça faisait plusieurs mois qu’on ne s’était pas vues, elle avait quelque chose à m’annoncer. Elle m’avait donné rendez-vous au Cochon à Plumes. C’était l’occasion d’en parler, quand on est troublé, ça peut aider.

J’étais arrivée en avance, comme d’habitude, je m’étais installée à une table après avoir commandé un latté, et elle était arrivée, changée. Elle n’avait pas besoin de me dire quoi que ce soit.


– Alors ?

– C’est… quelque chose.

– Sérieusement t’en penses quoi ?

– C’est joli, je ne peux pas le nier. On ne peut pas les louper en tout cas.


Elle s’était offert des nibards. Pas les plus gros, mais pas les plus discrets.


– Je sais ce que tu vas dire. Pourquoi ? C’est simple, j’en pouvais plus. Je te l’avais jamais dit mais… c’était pesant pour moi de voir ces immondices de Vénus avoir arrêté leur développement en fin de primaire. Tu peux lever les yeux et soupirer, c’est vrai. Ils étaient pas ce qu’ils auraient dû être, pas ce que j’aurais voulu qu’ils soient. Tu peux pas comprendre, les tiens sont dans un standard assez élégant. Pudiques, mesurés, certes, mais je suis certaine qu’ils ont un minimum de prestance quand t’enlèves le haut ! Moi le haut, je l’enlevais pas, sauf pour me laver et je peux te dire que c’était pas commode de se doucher avec une inconnue. Depuis, je me sens bien. Je suis allée à la plage cet été, et bah tu sais quoi ? J’avais un deux-pièces ! C’était génial ! La sensation du soleil sur le bas-ventre, l’air qui glisse et qui chatouille la poitrine, le sel qui s’engouffre dans le nombril. C’était génial ! Depuis, j’ai jamais regretté, pas une seule fois, parce qu’enfin, je me sens moi. Et je vais te dire, causalité ou pas, tu te souviens de Jérôme ? Le beau gosse du lycée ? Il m’a contactée sur SnapBook.


Elle était radieuse, j’étais déconfite.

Dans ce combat incessant que j’avais mené au cours de mon adolescence pour ne pas sombrer dans les futilités de l’esthétisme et des codes sociaux, je me rendais compte que ces conneries pouvaient amener à la félicité.

Je m’étais confiée, elle m’avait écoutée, comprise. Elle était passée par là pendant des années ; ces sentiments, ce reflet incessant, cette société oppressante…

Elle m’avait conseillé de consulter, pour voir. Je n’étais pas très emballée, mais j’avais essayé. J’étais allée voir une psychologue – ou une psychothérapeute je ne sais jamais – qui avait fondé son cabinet sur les addictions aux tatouages, au « culte de la personnalité intérieure qui recouvre la personnalité extérieure ». J’aurais pu aller voir une spécialiste des troubles, des obsessions et autres complexes, mais en plus d’être disponible sous trois mois, elle était bien moins chère.

On avait essayé de progresser ensemble, elle m’avait conseillé des exercices de respiration, d’évacuer cette source d’angoisse en me déconnectant le plus possible des racines du problème, ambiance zen. Mais mon cœur ne pouvait pas s’arrêter.

Il prenait le dessus sur moi et mes émotions me submergeaient. Je me noyais dans mes veines.

J’en étais arrivée à un point où il me fallait tenter le tout pour le tout. J’avais tapé « chirurgie esthétique thoracique » sur Google, j’avais pris rendez-vous, et ça m’avait conduit ici, chez le Dr Sandré.


– Vous seriez surprise de savoir combien de personnes ont recours à ces pratiques de nos jours. Il ne faut plus en faire un tabou. La médecine sert à soigner. Le corps, oui, mais le corps… sans l’esprit… une coquille vide ! Nous sommes là aussi pour apporter la paix de l’âme, pour réconcilier l’individu à son enveloppe, à sa chair. Ce n’est plus si impressionnant de nos jours, les risques sont extrêmement limités.

– Vous l’avez déjà fait ?

– Déjà ? Évidemment que croyez-vous, le modernisme ne vous a pas attendu. Tenez, la semaine dernière, j’ai eu trois patientes, et je ne vous parle que des cœurs !


Pour lui, il y avait deux solutions. Une greffe, d’un cœur plus gros, qui pouvait même être choisi sur catalogue ; ou des injections d’un dérivé de l’acide hyaluronique, directement dans le cœur. J’étais jeune, en bonne santé, il était plus raisonnable d’opter pour la seconde technique selon lui, moins invasive et moins coûteuse.


– Vous avez déjà vu des seins refaits ? Sur la plage ou ailleurs ?

– Euh… oui…

– Vous avez remarqué des cicatrices ?

– Non je ne crois pas.

– C’est la même procédure. On ne voit rien, soyez tranquille. On fait une incision pectorale, là ici, sous la poitrine, on dégage les tissus adipeux, les fibres musculaires, on fait un peu de place seulement, on ne déplace rien, juste de quoi faire passer la seringue. On passe entre les côtes et lorsqu’on voit le cœur, hop, le tour est joué. On referme, et vous vous réveillez avec le sentiment de ne pas être venue pour rien.


Le hic, c’est qu’il ne pouvait me promettre qu’une augmentation relative de 40 %.

Pour mon petit cœur, ça ne représentait pas grand-chose. À l’évidence, c’était mieux que rien ; à voir sur la durée. Je pouvais déjà commencer par ça et… aviser, après.

J’en avais parlé à mon père. Il ne voulait que mon bonheur, comme toujours. Il ne comprenait pas, ça n’allait pas avec ses valeurs. Il trouvait la société décadente. Depuis son enfance, il avait l’impression d’être né plusieurs décennies trop tard. Les années n’avaient rien arrangé. Malgré tout, il me soutenait dans ma démarche et m’avait accompagnée à la clinique du Dr Sandré.

L’équipe médicale m’avait conduite dans une chambre, m’avait donné une chemise d’hôpital, et m’avait passé de la musique pour me détendre ; des infirmiers étaient venus m’expliquer le déroulement de la journée, et, après quelques heures, ils m’avaient emmenée à la salle d’opération.

Pendant le trajet, alors que les néons défilaient dans un clignotement peu assuré, je me suis revue avec Karen, sur l’herbe, près du terrain de foot du lycée, naïves, à refaire le monde, à défaire les codes, à s’insurger contre une humanité qui vacille et qui sent la déroute, à prôner nos idéaux de femmes fortes, déterminées, au-dessus de tous ces faux-semblants. Ce tableau m’attristait ; loin, camouflé, accroché derrière la porte d’un placard que personne n’avait osé analyser. Jérôme était sur le terrain, et nous étions à côté.


– On y va ?


Le Dr Sandré se tenait au-dessus de moi, charmant, le sourire recroquevillé derrière un masque, prêt à m’insuffler une nouvelle vie.


– Oui, c’est bon.

– Alors c’est parti, à tout à l’heure.


L’anesthésiste s’était approché. Je jetai un dernier coup d’œil vers le passé, je fis table rase de cette fronde de jeune femme claironnante, à présent tournée vers l’avenir.

Je brillais. « Je mets en route l’anesthésie madame, vous pouvez décompter à partir de dix. »

L’équipe médicale se mit à discuter.


Dix


L’une des infirmières avait un rencard le soir même, ils la taquinaient.


Neuf


Ils s’étaient rencontrés sur une appli de rencontre, ils ne s’étaient pas encore vus.


Huit


Ils s’étaient envoyé des infranudes sur Snap Tok pour rompre la glace.


Sept


Ils ironisaient sur l’application, une enquête venait de révéler que…


Six


L’algorithme ne générait que… des… im…


 
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   hersen   
23/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce texte est tout à fait juste, et la bonne idée, vraiment, est d'avoir poussé le bouchon beaucoup plus loin.
le ton est guilleret, on suit l'histoire sans lourdeur, des bonnes trouvailles (immondices de vénus, par exemple) et la chute est bien orchestrée.
Une lecture que j'ai appréciée.

   plumette   
14/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai lu d'une traite ce récit à la première personne à la tonalité très réaliste.
On y croit!
Pas si facile de mener jusqu'à son terme une telle idée sans incohérence et sans défaillance.
J'ai souvent eu le sourire, mais aussi froid dans le dos!
Avec ce ton caustique, la narratrice a du recul,
elle attire une certaine empathie, j'ai bien aimé l'écriture enlevée.

   Dugenou   
14/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour,

Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre la chute, mais je crois avoir pigé : l'algo de Snap Tok fonctionne comme un Mid-Journey ou consors. En plus de ma lenteur à la comprenette, je n'ai pas compris une chose : qui est Simone ? (Il faut croire que je suis pas super-super réceptif aujourd'hui...)

Ah, et le tibia est un os entre le genou et le pied, il ne peut donc pas être courbé à l'entrejambe.

   jeanphi   
14/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une écriture agréable à lire, très propre, dont le réalisme dénote une grande capacité d'empathie et de projection dans un monde, qui plus est, dont le trait est grossi. Les personnages vivent tout autant de ce qui en est dit que de ce qui ne l'est pas. On croirait les avoir connu ...
Même raisonnement pour le cœur de la malheureuse, personne n'évoque le fait avéré que le volume du cœur augmente par la pratique régulière d'un sport d'endurance, de même que la fréquence cardiaque ralenti par cette pratique. Beau tableau d'un monde 'tabou' où le bon sens prendre l'aspect du conservatisme.

   Catelena   
15/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le titre n'a de cesse que de me faire sourire, avant, pendant et après ma lecture, tant elle est éblouie par la niaiserie de nos temps modernes que vous rendez plutôt bien.

Une nouvelle de bonne facture, qui coule agréablement, me laissant à peine interloquée par le tibia qui court jusqu'à l'entrejambe... (?)

L'idée des apparences au-delà de l'apparence est futée et bien menée. On suit avec intérêt les pérégrinations de la pauvre jeune femme dans ce monde réel avec lequel vous avez su faire jouer le brin d'humour indispensable pour ne pas sombrer dans la pure horreur.

C'est juste la fin que je n'ai pas très bien compris... Suis-je bêta ?
Vous m'expliquerez plus en détails ?

Bravo et merci pour le partage, Asrya.

   Passaroun   
16/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour, après tout pourquoi pas. La nouvelle est courte et en haut de la pile de textes. Bien m’en a pris. La générosité est-elle affaire de taille ? Ce texte s’attaque à la modernité excessive. On va trop loin pour tout. Une histoire agréable en lecture, quelquefois j’aurais ajouté un peu de liant mais cela est affaire de goût. Avoir grand cœur n’est-ce pas juste l’affaire de la personnalité ? La mienne me fait voir peut-être un humour grinçant là où il n’en est pas. Mais comme j’aime le sel et le poivre, tant mieux.

   Malitorne   
16/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Satire d’une société basée sur l’apparence et les réseaux sociaux. L’image renvoyée aux autres est devenue pour beaucoup le corollaire de l’estime de soi. La réussite individuelle ne peut s’apprécier qu’au regard du jugement collectif, le corps doit répondre à ce qu’il y a de plus beau et de plus tendance au risque d’être rejeté. Vous poussez le bouchon jusqu’à l’exhibition du squelette et des organes, audacieux et ma foi pas trop mal réussi. Dans le cas de votre héroïne c’est davantage pour coller à ses engagements mais la démarche est identique : modifier un complexe par le biais de la chirurgie esthétique. Une fin en coup de théâtre qui suggère que les applications sont souvent des leurres, bien vu.
En critique, des dialogues pas toujours naturels, trop littéraires, et des remarques qui font percevoir l’auteur derrière le texte : "Merci Simone d’avoir illuminé le mouvement".

   Corto   
16/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Voilà un panorama moderniste bien mené.
La tonalité mi réaliste mi ironique permet de s'immerger facilement dans les affres de l'image de soi, tour à tour réelle, consternée, sublimée, envoyée pour retour à l'expéditeur.
L'utilisation de vocables médicaux est plutôt bien maniée et apporte son piment.
L'arrivée de "Snap Tok", et des "infranudes" relance joliment le suspense.
Quant au final, bravo, on se croit dans la salle d'opération avec ce mélange de dialogue incongru et le sentiment de moment ultime.

Un très bon moment de lecture.

   fanny   
16/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Comme ma capacité de lecture est assez limitée et que je peux même décrocher sur un poème de 5 lignes, je m'aventure rarement jusqu'aux nouvelles. Si j'ai pu lire la votre en ne regardant que 2 fois par la fenêtre, c'est que je commence à reprendre un peu l'habitude de lire depuis que je suis sur Oniris, mais surtout que ce texte est écrit avec une certaine aisance.

J'ai trouvé cette écriture très "parlante" et la lecture m'a donné l'impression d'un coup de téléphone d'une copine qui me raconte ses aventures, et à laquelle je n'ai pas eu besoin de dire toutes les 2 minutes "bon aller, abrège". La nouvelle m'a bien tenue, l'ensemble est dynamique et le fléau très bien "imagé".

Sur le final, le premier mot qui m'est venu à l'esprit est "imperfections" et comme ça me convient, je m'y suis tenue :

Une application dont les algorithmes peuvent desceller quel signalement de défaut pourrait toucher le plus l'utilisateur et le pousser à la consommation d'une nouvelle forme de chirurgie au service de la dernière optimisation à la mode.

Totalement d'actualité, tant dans le thème que sur les méthodes. Les dictats de l'apparence au service du commerce, et même si les hommes s'y mettent aussi, les femmes sont encore en première ligne, très, très loin de nos idéaux de jeunesse.

Dans le merveilleux bêta monde des GAFAM & Co qui s'offre à nous, on peut effectivement imaginer qu'il n'y ait plus aucune limite au formatage des esprits, malléables à souhait, et que l'on puisse bientôt nous pousser à prendre, de façon inconsciente, la décision de nous atomiser nous-même le cerveau afin de pouvoir faire marcher l'industrie tout en nous faisant rentrer dans un moule préconçu, ça fait d'une pierre 2 coups, c'est propre et non violent.

Bon aller, j'arrête, je sens que je m'énerve, c'est malin.

   Donaldo75   
16/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Cette nouvelle traite bien du sujet, avec humour – même si ce n’est pas forcément ma tasse de thé, ce type d’humour mais chacun son truc, hein, les goûts et les couleurs je ne les discute pas – et via une histoire convenablement racontée. Vu que le texte est proposé en « Humour / Détente » je ne vais pas chercher la petite bête du genre le réalisme, les détails et tout ça tout ça, non. En plus, ce n’est pas mon truc. Je laisse ça aux esprits plus analytiques que moi. Par contre, je n’ai pas trop compris ce passage :

« Ils trouvaient que ça sonnait bien, que ça avait le mérite de véhiculer un message d’acceptation, de tolérance ; merci Nirvana. »

De quel Nirvana s’agit-il ? Je suppose que ce n’est pas le fameux groupe américain de Kurt Cobain, vu le style pas vraiment grunge du récit. Anyway !

Sinon, l’histoire véhicule les clichés à la pelle, ce qui permet de bien rentrer dans la catégorie et d’illustrer le thème. La progression narrative expose bien la psyché de la narratrice et son évolution. J’ai trouvé intéressante la mention au Cochon à Plumes ; ça m’a fait penser à la série humoristique télévisée « Caméra Café » et son restaurant « la patate qui fume ». La référence au père qui trouve la société décadente machin machin mais soutient sa fille dans sa démarche sort des sentiers battus, de la facilité qu’il y aurait eu à montrer un conflit générationnel et à en faire un pitch de rigolade.

Le décompte de fin est une manière originale de conclure. Je trouve même qu’il est plus percutant que tout ce qui précède, en termes de style humoristique. Parce que c'est là que je n'ai pas été emballé, par le style qui manque de peps à mon goût. Mais là aussi, vu les commentaires dithyrambiques que je lis ça et là, je me dis que les goûts et les couleurs machin chose tout ça tout ça et plus encore.

   Louison   
17/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Amusant, ce texte et effrayant (un peu) à la fois quand on voit ce que les réseaux et les algorithmes pouvaient pousser à commettre. Bon, ce tibia mal placé m'a interloquée, je croyais à un jeu genre DR Maboul, mais sinon, j'ai bien aimé la légèreté du texte et son humour.

   Geigei   
20/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
C'est un jeu ?
Il faut compléter le mot de la fin ?
"Imbécilités" ou "Images débiles" fonctionnent avec moi. "Filtres" ne colle pas avec "im..." mais aurait pu.

L'ensemble est amusant. Moderne. Connecté.


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