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Humour/Détente
Atoutva : La boîte mystérieuse
 Publié le 11/08/23  -  9 commentaires  -  6523 caractères  -  72 lectures    Autres textes du même auteur

Que peut bien contenir une boîte ? Il faut toujours satisfaire sa curiosité.


La boîte mystérieuse


La boîte glissait sur l’eau. Elle devait être vide pour flotter ainsi. Elle n’était pas bien grande. Du rivage, on n’aurait su dire en quoi elle était faite, en bois, en osier, en plastique, en fer ? Peu importait ! L’important était de savoir ce qu’elle contenait.

Du moins c’est ce que voulait savoir Damien. Cela faisait longtemps qu’il la suivait des yeux. Il était sur la route, à vélo. Elle nageait entre deux eaux sur le cours d’eau qui longeait cette route. C’était le jour de son sport favori, le vélo, et laissant dormir Delphine, son amie du moment, il était parti de bon matin pour son escapade hebdomadaire.

Il aimait ces instants où il pouvait se retrouver avec lui-même, libre de toute attache et roulant en solitaire dans le silence matinal des petites routes de campagne qui coupaient des champs ou traversaient la forêt. À ce moment-là, le corps se fatigue, mais la tête s’envole dans des idées toutes plus extravagantes les unes que les autres.

Il roulait au même rythme que le courant qui portait cette boîte mystérieuse, c’est-à-dire bien lentement. Il pensa qu’elle serait sans doute arrêtée au niveau du pont, sous une arche, à moins d’un kilomètre de là. Heureusement, avec la chaleur de ces jours-ci, le niveau de la rivière était bas. Peut-être serait-elle prisonnière des hautes herbes, et alors, peut-être tenterait-il de s’en saisir.

Son raisonnement s’avéra exact. Il arriva au pont en même temps que le curieux paquet sur l’eau. Et curieusement, avec les remous autour de l’arche, l’eau repoussa la boîte inexorablement vers la rive. L’objet, effectivement, se trouva lié par les hautes herbes et attendit un instant que quelqu’un le délivrât. Il n’attendit pas longtemps, Damien était là lui aussi.

Il posa délicatement son vélo dans l’herbe et se mit en devoir d’attraper cette boîte qu’il convoitait tant. Mais malgré ses efforts et ses contorsions, il ne put l’atteindre. Alors, il entra résolument dans l’eau. Heureusement, à cet endroit, il avait pied, la rivière n’était alors qu’un petit cours d’eau de campagne. Mais Damien avait de l’eau jusqu’à la poitrine quand enfin, l’objet précieux fut à sa portée. Il le tira jalousement à lui, les herbes délivrèrent leur proie et il put s’en emparer et la ramener à sec sur la rive.

Du bois. Une simple cagette de bois dont le couvercle n’était même pas fixé. Elle avait dû séjourner longtemps dans l’eau, à voir son état. Le bois était tout vermoulu, enchevêtré d’algues, il sentait une curieuse et mauvaise odeur d’eau stagnante.

Mais Damien ne se laissa pas démonter. Il avait certainement trouvé un trésor ! Comme quoi, même à l’approche de la quarantaine, on rêve toujours comme un gamin. À genoux devant son trésor, il le contemplait avec émerveillement, ravi d’avoir récupéré l’objet de son désir. Enfin il souleva le couvercle et là… Le dégoût le fit se redresser aussitôt. La boîte contenait un os !

Une trentaine de centimètres peut-être, blanc jaunâtre à cause de l’eau peut-être, reposant sur un coussin en tissu, du velours vert, trempé bien sûr. Preuve que le séjour, sur ou dans l’eau, datait de quelque temps déjà. Un fémur ? Un tibia ? Un péroné ? Damien n’aurait su dire, les sciences dites naturelles ne l’ayant jamais vraiment intéressé. Simplement, c’était un os long !

Un os ? Mais où étaient les autres ? Mais où était son propriétaire, homme ou femme ? Ou, au vu de sa petite taille, un enfant ? Mais ce serait horrible ! Un os… un mort ? Qui ? Quand ? Comment ? Il y avait eu crime ! En ce cas, il fallait aviser la police ! Mais un meurtre… aurait-on pris le temps de prendre un os seulement, de le déposer sur du tissu… et pourquoi alors le jeter à l’eau ? Bien sûr, il y a toujours des maniaques.

Damien demeura longtemps debout, devant cette boîte bien spéciale, devant cet objet inattendu, à se poser mille questions, à échafauder mille histoires. Et puis, à qui rapporter cet encombrant objet ? Encombrant, oui, il le devenait, ce qui au départ devait être un trésor ! La pensée de rejeter tout cela à l’eau l’effleura un instant. Puis il repoussa l’idée. Non, un mort c’était sacré. Il lui fallait remettre cette boîte en terre.

En terre ? Mais elle n’avait jamais été en terre, puisqu’elle flottait sur l’eau ! Alors, rechercher son propriétaire ? Ne serait-ce pas chercher une aiguille dans une botte de foin ? Passer un avis dans le journal ? Ou simplement placer une petite annonce chez tous les commerçants de la région : « Trouvé, cagette dans l’eau, contenant un os sur un coussin vert. Prière de venir le rechercher chez… » Aïe, là, il devrait donner son nom et son adresse ; et il aurait toutes sortes d’ennuis avec des plaisantins ! On viendrait seulement pour se moquer de lui ! Le mieux serait de prévenir la police qui ferait des recherches.

Et puis enfin, Damien se trouva abattu, à bout de réflexions et de faux arguments. Il était devant un mort dont il ne savait que faire. Alors il s’assit par terre et referma le couvercle un peu bancal, soit, mais ainsi il ne voyait plus cet os soudain terrifiant. Et il demeura encore longtemps, face au cours d’eau qui, lui, continuait son chemin sans souci aucun, face à cette boîte qui, fermée, ne ressemblait plus à rien. Allons, il fallait se décider.

Alors, la mine soucieuse, Damien prit délicatement la boîte, se releva et se dirigea vers son vélo. Oui, le vélo, c’était terminé pour aujourd’hui. Il devait rentrer à la maison. Delphine saurait bien quoi faire de l’encombrant objet. Du moins, à deux, ils trouveraient bien une solution.

À la maison, le visage de Delphine s’illumina :


– Oh, Toupie ! Tu as retrouvé Toupie !

– Toupie ?

– Oui, Toupie, mon vieil épagneul ! Là, tu vois, sur le coussin, c’est brodé : un T.


Effectivement, Damien aperçut un T brodé sur le coussin. Et voyant la mine ahurie de son ami, Delphine expliqua.

Cela faisait quelques mois qu’elle avait perdu son animal de compagnie. De vieillesse sans doute. Elle avait voulu le faire empailler, mais l’empailleur avait si bien saccagé le travail qu’elle avait retrouvé son animal favori en plusieurs morceaux. Ne pouvant s’en consoler, la jeune femme avait fait incinérer la pauvre bête. Mais elle avait conservé un os de la jambe, l’avait mis dans une boîte en bois qu’elle avait pieusement enterrée au bord de la rivière, près du chemin de halage où ils aimaient bien se promener tous les deux, Toupie et elle.

Mais à l’automne, au moment des crues, la rivière était sortie de son lit, noyant les rives sur plusieurs mètres et emportant tout !


 
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   Jemabi   
18/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Comme quoi, quand on sait écrire, on peut intéresser le lecteur avec bien peu de choses. Ici, une simple boîte flottant sur l'eau et emportée par le courant. La découverte de l'os m'a rappelé le film de Desplechin "La sentinelle", où le héros découvrait un crâne. Le récit se charge tout de suite de mystère, même s'il reste ancré dans le quotidien le plus banal. Malgré un excès de questions, avec leurs points d'interrogations, et une fin que j'ai trouvée décevante, trop explicative, sans poésie, mais elle justifie sans doute la catégorie choisie, j'ai pris du plaisir à cette lecture.

   Disciplus   
19/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Espace lecture
Texte correctement construit. Manque un peu de rythme mais de lecture facile.
La traque de la boite eut mérité un paragraphe supplémentaire pour équilibrer chasse au trésor et découverte.
Une chute honnêtement amenée. Peut facilement vous faire sourire.

   Perle-Hingaud   
30/7/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour,
J'ai trouvé cette histoire plaisante à lire. Les réflexions et les doutes de Damien sont amusants et le suspense s'installe. L'écriture est agréable. Par contre, je trouve la chute ratée, trop tirée par les cheveux. Dommage !
Merci cependant pour cette lecture.

   Donaldo75   
30/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je trouve cette petite histoire bien racontée ; en tant que lecteur, j’ai envie de savoir ce qu’est cet os, d’où il provient. Je me pose donc les mêmes questions que Damien. Le personnage principal est bien incarné pour que j’en arrive à le nommer là, dans ce commentaire, comme si je le connaissais personnellement. C’est le signe d’une bonne narration. Le style n’est pas flamboyant mais je pense qu’il n’en a pas besoin au vu de l’histoire et de la chute. C’est gentil dans l’intention, à la limite mignon mais je trouve que cette très courte nouvelle réussit à m’intéresser suffisamment pour que son pitch dramatique m’emporte.

   jeanphi   
11/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour Atoutva,

Le hasard fait bien les choses ...
Ce qui me froisse dans cette histoire c'est que vous réduisez l'immense probabilité des propriétaires potentiels de cette boîte à la première personne que Damien retrouve après sa découverte.
L'histoire est intrigante bien que la personnalité de Damien se cantonne à une certaine superficialité.
On voudrait voir dans la résolution de l'enquête apparaître une chimère, quelque chose de moins terre à terre. Le dénouement ne me déçoit pas, il est réaliste. Peut-être un propriétaire retrouvé au terme d'une enquête m'aurait-il paru plus plausible.
On perçoit une grande tendresse en la personne de Damien, principalement durant sa traque de la boîte.

   Robot   
12/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
L'idée de cette boîte en dérive contenant un os est originale et intéressante. L'écriture est plaisante. Cependant je ne suis pas sûr que l'humour de la catégorie choisie soit vraiment présent en dehors de la chute.
A la lecture du titre je m'attendais plus à une énigme et je regrette que le final un peu plat ne nous entraîne pas vers quelque chose de plus élaboré ou de plus mystérieux ou alors de plus poétique.

   Cyrill   
25/8/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour Atoutva,
En lisant cette nouvelle j’ai eu l’impression que Damien demeure un personnage dans une histoire, dans la bouche duquel sont plaquées les questions qu’un lecteur peut se poser s’il s’intéresse à la résolution de l’énigme. Ou plutôt que c’est davantage l’auteur qui me les pose pour me guider éventuellement vers de fausses pistes.
La chute, il s’agit vraiment d’un chute puisqu’elle est surprenante, est trop vite racontée, décevante et sans émotion, or il me semble qu’elle devrait en dégager s’agissant de raconter la mort d’un chien.
J’ai été d’autant plus déçu que le début, qui met immédiatement la boîte en scène, laissait augurer un récit plus consistant.
Merci toutefois pour le partage.

   Tadiou   
26/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Petite histoire bien sympa, racontée de façon alerte et qui excite la curiosité : on a envie de savoir ce qu'il y a au bout du bout.

La chute m'est inattendue. Merci donc à Delphine qui a fait toute la lumière, même si cette lumière n'est pas banale et assez farfelue.


Moment agréable de lecture

   papipoete   
28/8/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
bonjour Atoutva
Une nouvelle aux 6000 caractères à la portée de mon regard, qui sous ces lignes vient vagabonder.
Une boîte qui s'en va sur l'eau, semble flotter malgré ces vaguelettes et faire poser pied à terre à ce cycliste intrigué ;
- voyons voir ce qu'elle contient ? un trésor peut-être ?
Ouais bof, il aurait mieux fait de n'y point toucher... à découvrir ce fémur posé comme un os truffé dans un discours !
NB bien sûr que le contenu intrigue, fout la trouille même ! Un reste d'homicide, de suicide, de régicide ?
Bien encombrante trouvaille, dont il faut se débarrasser ou livrer à la police ?
Ce peut être le début de bien des tracasseries ( être accusé, montré du doigt de ce juge )
Finalement, le dénouement est tout autre : les restes du vieil épagneul de la copine du Virenque en puissance...
J'avoue que le développement jusqu'à cet aveu, me semblait propice à grande frayeur, telle clé d'un crime jusqu'alors non élucidé ?
Le parti-pris d'en faire une fin rigolote, tient la route mais gâche un peu toute cette mise en haleine du lecteur.
Reste que ce texte est fort bien écrit ; dans un français où la conjugaison est particulièrement soignée, et éloquente !
Comme le héros, j'aurais fait pareil ( enfant ) tant j'étais curieux de tout ! Me souvenir d'avoir découvert sous un tertre de neige, en Alsace près de Mutzig chez mon oncle ; une montagne de beaux livres richement reliés ( avec ma fille, fillette ) nous fûmes sidérés...
Nous n'en prîmes finalement aucun, tant la découverte sentait le trouble...


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