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Sentimental/Romanesque
Automnale : La belle et l'ara bleu
 Publié le 07/10/09  -  15 commentaires  -  6266 caractères  -  89 lectures    Autres textes du même auteur

Conte pour adulte ayant gardé son âme d'enfant...


La belle et l'ara bleu


Personne ne connaissait la raison pour laquelle Larissa était arrivée dans le village. C’était alors une toute jeune fille, belle comme une madone, douce comme la mousse des bois. C’est l’oiselier de la rue du Bateau Ivre qui, sortant ses cages de canaris, de bengalis, de rossignols du Japon, de grenadiers, l’avait remarquée. Elle contemplait Georges, l’ara bleu, subjugué. C’est d’ailleurs le silence inhabituel du psittacidé qui avait attiré l’attention de l’oiselier. Ce dernier avait-il besoin, ce jour-là, d’aide pour étiqueter les sacs de grains, les biscuits vitaminés, les branches de millet ? Toujours est-il que, quelques saisons des amours plus tard, Larissa était toujours là. On la voyait rêvassant derrière la caisse enregistreuse de la boutique ou errant au bord du canal. Elle aimait la poésie des péniches fleuries glissant au fil de l’eau. Lorsque l’éclusière tardait, les mariniers se faisaient alors un plaisir de jouer, en l’honneur de la belle aux cheveux pain d’épices, un petit air d’harmonica ou d’accordéon. D’autres, sautant sur la berge, offraient à Larissa un bouquet de marguerites ou de menthe sauvage, un trèfle à quatre feuilles, un mot parfois, simplement calligraphié sur un galet blanc. Ainsi passait la vie au rythme des péniches, des mariniers et du bon vouloir d’une éclusière.


« Prends ton destin en main, petite », conseillait la vieille marchande de peaux de lapins à qui Larissa se confiait. En effet, il existe toujours, dans les villages, une marchande de peaux de lapins plutôt sale, aux doigts noueux, ramassant, ici et là, des brassées de bois verts. Celle-ci, un peu pythonisse, un peu sorcière, répondant à l’étrange prénom de Ficelle, connaissait toutes les plantes aphrodisiaques, tous les philtres magiques, mais, surtout, elle attachait une importance considérable à la liberté. Même si l’oiselier apprivoisait Larissa exactement de la façon dont il s’approchait de ses serins du Mozambique, même s’il l’appelait de tous les noms d’oiseaux les plus exotiques, Ficelle ne comprenait pas que l’on puisse garder en cage des êtres vivants avides de déployer leurs ailes dans le vaste monde. « Larissa, tu ne peux rester avec un geôlier de la liberté », déclarait-elle haut et fort.


Il faut bien l’admettre, la jeune femme s’ennuyait un peu chez l’oiselier. Bien sûr, elle appréciait les oiseaux, leurs couleurs, leurs chants. Bien sûr, à leur contact, elle apprenait la géographie, les forêts d’hévéas, les jungles, les coutumes de Panama, de Java, de Sumatra. Et puis, il y avait Georges, l’ara bleu aux ailes facétieuses, qui la dévorait de ses yeux jaunes acidulés et lui tenait compagnie. Mais justement, d’une voix un peu trop aiguë, perchée, guère musicale, il imitait l’oiselier, du matin au soir, répétant en boucle : « Ma colombe, embrasse-moi ». Lorsqu’elle en avait assez d’entendre toujours la même incantation, la même intonation, elle descendait la rue du Bateau Ivre jusqu’à l’échoppe « La turlutte ».


Jérôme, le patron de « La turlutte », follement épris de la belle Larissa, vendait des hameçons, des cannes à pêche, du petit plomb, des cuillers, des mouches, même des asticots. Il excellait pour comparer l’art de l’amour à l’art de la pêche. « Tu ne sais jamais quel poisson tu vas attirer dans ton filet », plaisantait-il. À la floraison des lilas, il emmenait Larissa dans une pimpante barque verte, dont il repeignait plus souvent que nécessaire, en lettres dorées, le nom : « Valparaiso ». Tandis qu’il choisissait ses leurres les plus efficaces, agitait son moulinet, buvait une gorgée de la bouteille de muscadet qu’il sortait de sa musette, Larissa rêvait en effleurant les nénuphars en pleurs, en observant la fragilité des demoiselles aussi bleues que Georges. Naturellement, les mauvaises langues prétendaient avoir vu les tourtereaux allongés sur la berge. Même que le Jérôme, qui s’y connaissait mieux que quiconque en appâts, profitait de la peau d’abricot et de la douceur des noix de coco de Larissa. Était-ce cela le bonheur ?


« Mais non, ma belle », assurait la marchande de peaux de lapins. « Tu ne peux tout de même pas t’amouracher d’un énergumène utilisant des leurres, des attrape-nigauds, faisant, ainsi, fi de la vérité ». En longeant le chemin de halage la ramenant vers Georges et l’oiselier, la jeune femme pensait qu’il était bien difficile de trouver la liberté et la vérité.


Heureusement, il restait la beauté. Comme il était joli le village avec sa petite église au carillon cristallin, ses pierres patinées par les caresses du soleil, le vieux lavoir ! Plus d’un peintre du dimanche l’avait immortalisé, avec ses péniches fleurant bon le géranium. Et les mariniers ! Où allaient-ils ? Pourquoi revenaient-ils ? Les propos de Ficelle trottaient, cependant, dans la tête de Larissa. Un matin que l’oiselier soignait délicatement les rémiges d’un inséparable masqué, elle murmura : « Veuillez me pardonner, mais je pars. J’emporte juste une cage en rotin, vide, en souvenir de Georges ». Elle disparut avec sa cage.


La première péniche fut la bonne. Le batelier, navré de la voir partir, la quitta à l’écluse « L’escale mystérieuse ». Elle se dirigea vers la grande ville dont elle apercevait, au loin, les fumées d’usines pactisant avec les nuages. Le chauffeur d’une camionnette grise l’interpella. « Où voulez-vous aller ? », demanda-t-il en roulant des yeux de bille. Il convient de penser qu’elle appréciait les yeux de bille puisqu’elle se retrouva sur le sofa kitch de l’inconnu qui, poliment, se présenta. Il dirigeait une modeste entreprise de boules neigeuses, ces petites sphères que l’on secoue, juste pour le plaisir de voir tomber la neige. Hasard ou coïncidence ? La poudreuse tombait sur un ara bleu turquoise.


C’est ainsi que Larissa s’installa à la périphérie de cette ville dépourvue de charme, où la neige tombait, sans discontinuer, sur un ara factice prisonnier d’une boule de verre. À l’arrivée du solstice d’hiver, elle écrivit à Ficelle qui, par retour, lui répondit ceci : « N’oublie jamais que la beauté est l’âme du rêve. Si tu ne veux pas voir mourir ton rêve, évite d’emprisonner son âme, même dans une boule neigeuse ». En post-scriptum, elle ajoutait : « L’oiselier a enterré Georges au bord du canal ».


 
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   jaimme   
7/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
une histoire en pastel.
Une parabole sur les grands thèmes qui ornent l'amour et la liberté. Donc le pastel laisse percer quelque chose de bien plus profond.
On se laisse bercer par les mots.

C'est vrai que ce n'est pas trop dans mes goûts de lecture, et que la recherche de la vérité n'est plus dans mes préoccupations. Pourtant il y a une atmosphère agréable qui m'a fait penser à des bandes dessinées de grande qualité.
Je trouve que les phrases sont souvent trop longues, mais elles participent bien au côté onirique du thème.
Un détail: une toute jeune fille, pour moi, n'est pas une madone.

Merci automnale

   brabant   
7/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Automnale,

J'ai passé un moment absolument charmant à suivre les pérégrinations de Larissa dans un style parfaitement adapté à son sujet et au cours d'un récit subtilement équilibré en trois parties autour de l'oiseleur, du pEcheur et du roulier, le lien étant tissé par "la vieille marchande de peaux de lapins" qui figure la Destinée (pas forcément fûtée, Duraille Duras DesRails Déraille; ça m'a ramené, effectivement au marchand de peaux de lapins de mon enfance: "Peaux d'lapin! Peaux!", nous le surnommions "lapinpô" et nous lui faisions sa fête (un peu) et la fête (beaucoup) quand nous avions quelques "pelisses" à lui proposer pour quelques francs anciens, anciens, anciens toujours décevants mais qui suffisaient à notre joie. Caramba Carambars! Merci pour ce moment de nostalgie).
Pauvre Larissa, si belle et si douce, qui distille le bonheur autour d'elle, sans être vraiment heureuse elle-même. L'ancolie doit être sa fleur.
Allons! J'ose! J'eusse aimé que ce fût ma vie qu'elle pimentât!
D'entre ses amants, c'est l'oiseleur que je préfère. D'ailleurs je crois bien qu'il n'a pas survécu à son départ puisque le bel ara bleu est mort et a pris la place du guetteur au bord du canal.
Je hais les marchandes de peaux de lapins, pythonnisses de bonheurs illusoires alors que le vrai était là, à l'angle d'une oisellerie où se tapissent tous les exotismes, y compris l'exotisme indigène, sur lequel on ne rêve jamais, mais qui est peut-être le seul qui mérite le rêve car ce sont ses racines, solides, qui mènent aux chemins insoupçonnés, traversant les humus et les roches de la sphère pour atteindre aux océans d'outremer, aux glaces des volcans et aux nuages dessous nos pieds...
Ouh! Là! Je ne devrais pas lire de contes, moi! C'est qu'ils m'en content et racontent et comptent comme autant de comptines!
lol ! Merci à toi pour ce voyage aux mille et une allures enchanteresses!

   Coline-Dé   
7/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une écriture rêveuse, pleine d'une poétique douceur suit les méandres de Larissa comme ceux de la rivière...Belle atmosphère !
Les parties de ce conte glissent bien , sans heurt de l'une à l'autre l'équilibre est parfait...
Sur le fond, je m'interroge à propos du rôle tenu par l'ara bleu est-il l'innocence envolée de Larissa ? La beauté ? Mais dans ce cas, pourquoi ce rappel dans une boule neigeuse alors que "l'original" est mort ? Ce texte soulève plein de questions, ouvre des pistes incertaines...ce qui n'est pas pour me déplaire : j'ai un goût certain pour les histoires "ouvertes", comme celle-ci.
En revanche, et bien que le terme soit correct, je préfère oiseleur à oiselier. Mais peut-être l'as-tu choisi à cause du " lier" ...?

   Anonyme   
8/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

j'avoue que je suis resté en dehors de cette histoire, comme si j'avais tenté de secouer la boule sans avoir vu tomber la neige. J'ai cru discerner çà et là quelques notes d'humour, une certaine distance de l'auteur vis à vis de ses personnages, mais pas suffisamment à mon goût, le tout restant, volontairement je suppose, trop policé et naïf pour me convaincre.
J'ai du mal avec les contes car les évidences annoncées comme telles m'ennuient et les personnages répondent à des archétypes qui ne me parlent pas, trop désincarnés pour me sembler crédibles.
L'écriture est cependant fine et délicate et convient bien à l'atmosphère que tu as voulu mettre en place.
Bonne continuation cependant, et je te lirai volontiers dans un autre registre.

   Anonyme   
9/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Mitigé. L'écriture bien que simpliste et enjouée ne m'a pas attiré. Le fond de l'histoire est mince, je n'en distingue pas la portée. Peut-être la brièveté de la nouvelle qui influe sur l'attrait du texte ?

   Meleagre   
10/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette nouvelle est fraîche, captivante et harmonieuse. On se laisse prendre à l'histoire de Larissa, à sa quête d'amour et de liberté.
Le style, fluide, harmonieux et lumineux, donne une grandeur à cette jeune fille un peu déboussolée.
La première phrase est une belle entrée en matière. J'aime bien l'accumulation des noms d'oiseaux, qui donnent une rapidité et un exotisme au texte. J'aime bien les cadeaux que les mariniers offrent à la promeneuse, et la conclusion de ce paragraphe : "Ainsi passait la vie au rythme des péniches, des mariniers et du bon vouloir d’une éclusière." Moi aussi, l'oiselier est celui que je préfère ; et j'aurais bien conseillé à Larissa de ne pas aller chercher ailleurs son bonheur...
Dans le passage sur le pêcheur, j'aime beaucoup : "Larissa rêvait en effleurant les nénuphars en pleurs" : une trouvaille très harmonieuse, mélodieuse et riche de sens. J'aime bien la description du village peint par les artistes du dimanche...
J'aime moins la rencontre avec le chauffeur ; le cadre de la ville tranche avec la lumineuse et claire campagne, et le chauffeur lui-même est moins haut en couleur. Mais cette déception est sans doute volontaire : finalement, en voulant toujours chercher ailleurs le bonheur, elle s'en est éloignée...
Une très belle conclusion : "la beauté est l’âme du rêve".
Merci Automnale pour cette belle nouvelle, poétique et harmonieuse !

   NICOLE   
10/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Moi non plus, je ne suis pas certaine d'avoir bien compris le propos de l'auteur, et pourtant j'aime cette écriture, musicale comme une poésie en vers libres.
Peut-être qu'on peut se permettre de n'avoir parfois rien à dire, ou presque, si on est capable d'agencer les mots de si jolie façon ?
J'ai passé un moment agréable.

   Myriam   
10/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai lu ton texte il y a plusieurs jours et il reste en moi, entêtant comme un parfum inconnu.
Est-ce l'atmosphère mystérieuse, envoutante?
Cette jeune fille dont on ne connait les pensées, et que seuls le point de vue des autres et les paroles de la vieille marchande de peaux de lapins nous font approcher, un peu?
Cette fin joliment en suspens?
Ces longues et calmes phrases qui égrènent les mots comme des perles précieuses?
Tout cela ensemble, probablement.
Merci de ce beau moment de rêve.

   LeopoldPartisan   
12/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voici exactement le genre de texte que je donnerais à lire comme introduction à la poésie, à des esprits qui peuvent encore se laisser charmer. (N.B. je ne suis pas prof ouf !).

Tout d'abord, il y a le décor dans lequel va évoluer cette histoire avec ce chemin de halage, les eaux calmes d'un canal tellement bucolique que même l’hiver venu, l’on se doute qu’il renoncera à se pendre. Les personnages ensuite qui tous pratiquent de ces petits métiers qu’avec l’afflux des nouvelles technologies et de nos manières de consommer seront bientôt oublier ou ranger dans des musées bien poussiéreux… Ah c’est déjà fait ? Excusez moi je n’ai pas vu le temps passer.

A la lecture de ce texte tout en légers et subtils coups de pinceau, on en vient à se croire plongés dans les toiles de Claude Monet, dans celles du douanier Rousseau ou de Vincent Van Gogh période apaisée et nostalgique d’Auvers-sur-Oise. Je me suis aussi retrouvé dans les univers des films de grands réalisateurs de l’entre deux guerres tels que : « Boudu Sauvé des eaux » de Jean Renoir ou « l'Atalante » de Jean Vigo. Comme quoi là aussi Prévert n’est jamais très loin. Plus près de nous c’est un peu dans quelques scènes d’Amélie Poulain ou de « Bidouille et Violette » du génial dessinateur Hilaire que Automnale nous emmène. Une bien belle réussite que cette petite fable des faubourgs.

   Garance   
12/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un joli conte qui laisse un sillage bien après sa lecture.
Une histoire où la poésie se glisse dans chaque ligne, s'immisce dans la vie...et je ne peux m'empêcher de penser à chaque vie toute aussi délicate et précieuse que celle de Larissa même si la personne n'a pas la chance de ressembler à une madone ou à un dieu grec.
Peut-être suffit-il de voir la beauté autour de nous, de voir la beauté des êtres qui nous entourent - au-delà de la réalité et de notre capacité de jugement falsifié ?

   Anonyme   
12/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une écriture très poétique très musicale.
Juste un bémol psittacidé fait trop scientifique je trouve dans ce texte. On suit avec lenteur, langueur la non histoire de Larissa qui semble passer d'un homme à l'autre sans vraiment de désir.
Peut être s'agit il d'une parabole?
J'aime bien le personnage de Ficelle même s'il est un peu trop courant. Simplement ses conseils ne me semblent pas réussir à la belle Larissa. (passe d'une prison à l'autre)

En résumé je suis passée à côté de l'histoire peut être trop hermétique pour moi, mais j'ai beaucoup aimé l'ambiance et l'écriture de ce récit, la lenteur du rythme.

Xrys

   florilange   
13/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je n'adore pas cette nouvelle, tout en reconnaissant qu'elle est pleine de poésie & que ses descriptions sont très réussies.
C'est la confusion des genres qui me gêne. Elle est trop jolie, trop délicate pour 1 simple parabole, elle pose trop de questions & donne trop à réfléchir pour 1 poésie sur la liberté. Enfin, à mon humble avis, hein?
Sinon, ce texte se lit bien, sa rédaction étant soignée.
Merci de cette lecture,
Florilange.

   Anonyme   
19/10/2009
Bonjour Automnale
J'aime bien le titre, j'ai apprécié l'écriture, la poésie du texte mais j'ai eu du mal à accrocher.
Relu plusieurs fois pour trouver ce qui ne me plaisait pas, rien de particulier en fait, c'est juste que c'est pas mon genre de littérature.
Je ne note pas, ce serait injuste pour le travail fourni.

   Alice   
20/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
En lisant les commentaires d'Automnale, on a envie d'aller faire son tour dans ses textes à elle. Et puis on voit passer sa magnifique poésie, mince, on ne commente jamais la poésie, alors on ressort des nouvelles vieilles de six ans.
Je ne sais pas ce qui me touche le plus dans ce texte, son style à la fois doux, poétique et efficace, peut-être, cette façon de ne laisser aucune zone d'ombre plus grande que celles de la vie mais de ne jamais insérer une lumière trop vive et aveuglante non plus, on ne perd jamais ni l'histoire ni le son des mots qui coulent de source dans la cervelle. C'est du grand art à mon humble avis.

Le thème de la liberté est ici traité dans l'angle qui me touche le plus. Peut-être est-ce mon âge, le fait de savoir ce que c'est que le moment des embranchements, la tentation du confortable et la douceur de se laisser ballotter au hasard tout en sentant ce pouvoir contenu qui nous susurre toujours : "Tu peux t'envoler si tu le veux encore, tu peux toujours t'envoler, ton échéance est hors de vue". Comme l'ara, je suppose.

Cette liberté-là s'installe ici en dépit de la beauté (on ne sait presque jamais ne pas faire beau quelqu'un de libre de cette façon-là en littérature, pas par paresse mais parce qu'on trouve le sentiment si beau qu'on l'imagine passer une éponge magique sur les traits), et voir votre Larissa refuser les cages, sans céder à l'extrême de la vendeuse de peaux de lapins et refuser carrément les étreintes, est redoutablement émouvant. Jusqu'à vos lieux, ancrés dans une poésie, qui en quelques lignes nous emportent loin du monde des ordinateurs dans lequel on lit.

Merci (en grand retard) pour ce partage.

Alice

   Anonyme   
8/3/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Automnale,

Bien que le genre "Sentimental/Romanesque" ne soit pas ma tasse de thé, je me suis arrêté sur cette nouvelle à cause du titre, "La belle et l'ara bleu". En effet, j'adore les perroquets, et plus particulièrement le ara, et la couleur bleue est ma préférée... Or je me suis dit que la conjugaison des deux était absolument parfaite (je le vois ainsi), sans parler de "La belle"...

"La turlutte", une échoppe située en bas de la rue du Bateau Ivre m'a fait sourire, et toutes ces évocations d'oiseaux, plus belles les unes que les autres, m'ont éblouies au point de me fondre parmi eux, chez l'oiselier.

La fin m'a rendu triste. Triste de savoir que le ara était mort. Peut-être de tristesse, lui qui était amoureux de la belle...

ARAment vôtre ! (croaa-croaa)

Wall-E


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