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Réalisme/Historique
Babefaon : Ce ne sont qu'averses passagères...
 Publié le 02/02/20  -  10 commentaires  -  18389 caractères  -  95 lectures    Autres textes du même auteur

« La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie. »


Ce ne sont qu'averses passagères...


— Dis papa, qu’est-ce qu’elle fait la reine tu crois, quand il pleut ? me lança un jour ma fille, du haut de ses cinq ans.

— Pourquoi cette question, ma chérie ?

— C’est le goutte-à-goutte d’hier soir, qui m’y a fait penser ! Ça m’a fait penser à des gouttes de pluie et, comme l’hôpital est à côté du Palais, je me suis demandé ce qu’elle pouvait faire quand il pleuvait. Si elle devait rester à l’intérieur elle aussi, pour pas s’enrhumer ?

— Non, la reine est robuste, tu sais ! Elle n’a pas à rester enfermée et puis elle déteste ça, tout comme la pluie d’ailleurs. Elle se sent un peu en prison dans son immense Palais quand il pleut, un peu comme toi dans cet hôpital en ce moment, tu comprends ? C’est pas toujours drôle pour elle, avec toutes ses obligations, et il lui arrive parfois de rêver à une vie ordinaire, d’avoir envie de voir à quoi ça ressemble au dehors, de côtoyer des gens comme toi et moi. Alors elle profite du fait qu’il n’y a pas grand monde dans les rues à cause du mauvais temps, et elle se déguise pour sortir incognito, après s’être assurée que le roi n’en saura rien ; car il ne serait pas content s’il venait à l’apprendre.

— C’est quoi incognito ?

— C’est une expression qui veut dire « sans se faire reconnaître ».

— Ah ! Comme toi quand tu croises des gens dans la rue et que tu remets ta capuche parce que t’as pas envie de leur parler, c’est ça ?

— Voilà, c’est à peu près ça. Sauf qu’elle, elle est plus douée que moi, elle ne se fait jamais prendre. C’est la reine ! Peut-être que tu l’as déjà croisée d’ailleurs. Peut-être même ici, qui sait ? Il paraît qu’elle adore se déguiser en clown parfois, pour aller rendre visite aux enfants malades. Si ça se trouve, elle était là l’autre jour…

— Ouah, c’est vrai ?

— Tout à fait ! Bon allez, tu prends Dory et tu vas faire un bisou à Anna ? On va y aller.


Ouf ! Je venais encore une fois d’accomplir ma mission d’agent des renseignements généraux, et vu la lueur qui brillait dans ses yeux à l’idée que la reine ait pu lui rendre visite, je n’avais pas failli, aucun doute là-dessus. Car des doutes, j’en avais d’autres, je n’en manquais pas, j’en étais même perclus, assailli jour et nuit depuis notre retour de vacances. Depuis ce jour ennuagé au cours duquel le diagnostic était tombé, m’annonçant que Margaux souffrait d’une leucémie aiguë lymphoblastique : LAL en abrégé. Trois lettres qui m’évoquent un code d’aéroport à contourner, par crainte de fortes zones de turbulences à son approche. La maladie s’était invitée par surprise, elle avait toqué à notre porte alors que l’été n’était pas tout à fait terminé, avec la ferme intention de s’installer pour une durée indéterminée et de disséminer en ouvrant ses valises son lot de symptômes. Pâleur, asthénie, saignements anormaux au niveau des gencives… C’est d’ailleurs suite à une consultation chez notre dentiste à ce sujet, que les investigations sérieuses ont commencé. J’ai aussitôt deviné, à son regard et au ton hésitant de sa voix, que quelque chose l’intriguait, et me suis aussitôt rapproché de notre médecin traitant sur ses conseils. Moi, j’avais mis ça sur le compte de la rentrée, du changement de rythme, de bobos inhérents à l’enfance. Alors je suis allé consulter, sans attendre, tentant de cacher mon inquiétude grandissante au fur et à mesure que les analyses venaient confirmer les craintes de notre dentiste. Il faisait beau le jour où j’ai appris que Margaux était malade, et que c’était sérieux. Qu’il ne s’agissait pas simplement de bobos anodins comme j’aurais préféré le croire. Malgré la chaleur qui régnait ce jour-là, j’ai immédiatement ressenti la gifle d’un souffle glacial et eu la sensation que la terre se dérobait sous mes pieds pour m’aspirer tout entier dans un trou béant. Un temps inapproprié pour recevoir de plein fouet ce type de nouvelle, un temps propice à la balade, aux jeux dans les squares, aux rires, aux glaces, à l’insouciance…

L’annonce a été d’autant plus pénible que j’étais seul pour l’accueillir. Personne à mes côtés pour partager un peu de ce trop-plein d’émotions, m’alléger d’une partie de ce fardeau que je m’apprêtais à porter. Après tout, cela faisait de nombreuses années que j’avançais en solitaire, j’étais déjà pas mal armé. Ce serait donc notre combat à Margaux et à moi, et je n’avais pour l’instant envie de partager ça avec personne d’autre, même pas avec mes parents qui étaient partis s’installer au Maroc depuis peu. C’était notre histoire, une sale histoire qui ne concernait que nous. J’ai juste pensé à sa mère l’espace d’une seconde, elle qui avait déserté nos vies peu de temps après la naissance de notre fille, pour fuir en Espagne avec un toréador de passage, libre comme Carmen. Juste une pensée, comme ça, au cas où le traitement aurait nécessité une greffe de moelle et que je n’aurais pas été compatible, qu’elle seule l’aurait été. Je préférais ne pas trop y songer pour l’heure, prêt à envisager n’importe quelle autre solution, le cas échéant. Elle n’avait pas été là pour partager le meilleur, pourquoi l’aurait-elle été pour le pire ? Après tout, elle nous avait laissés sur la grand-route et avait choisi de prendre le premier embranchement pour emprunter un itinéraire moins encombré, après avoir griffonné ces quelques mots en guise d’adieu au dos d’une enveloppe que je n’avais pas encore eu le temps de décacheter : Désolée, je n’ai jamais eu la fibre maternelle. Bonne chance à vous deux. Laura. Une désertion difficile à concevoir et à anticiper même si j’avais conscience que le fossé se creusait de plus en plus entre nous les derniers temps, et que je n’étais pas en mesure de lui offrir ce qu’elle attendait de moi. Elle connaissait mon attirance pour les garçons lorsqu’on s’était rencontrés, les choses avaient toujours été claires entre nous et, avec le temps, nous ne partagions plus rien hormis notre goût immodéré pour l’Espagne et sa gent masculine. En dehors de Margaux, ça nous faisait au moins un autre point en commun. Je ne pouvais donc rien lui reprocher de ce côté. Non, ce qui était inconcevable et impardonnable à mes yeux, c’est qu’elle ait pu abandonner si froidement notre fille, qu’elle n’ait jamais cherché à avoir de ses nouvelles par la suite ou à la revoir. À moins qu’elle n’ait cherché à en avoir par une connaissance commune ou par le biais de sa famille sans que j’en aie été informé. Son absence m’a permis, par la force des choses, de tisser des liens plus forts avec Margaux. Il me fallait être fort pour deux, redoubler de tout, tenir les deux rôles à la fois, compenser les manques, et je crois que je ne me suis pas trop mal débrouillé. Pour preuve, ma fille ne semblait pas chercher d’autre présence que la mienne lorsqu’elle était dans mes bras. Ma seule présence semblait lui suffire et c’était réciproque. Elle était calme et paisible et me regardait avec deux fois plus d’amour, avec la part qui aurait dû être destinée à l’autre, cette part qu’il peut arriver bêtement à certains parents de se jalouser. Peut-être que Laura avait eu raison, après tout. Peut-être aussi que le lien in utero ne s’était jamais créé et que le cordon avait été coupé bien avant l’heure. Et quand bien même elle serait restée auprès de nous, je ne suis pas sûr, la connaissant, qu’elle aurait été capable de traverser cette tourmente à mes côtés, ni de m’apporter le soutien nécessaire pour m’aider à supporter ces épreuves, les traitements lourds et douloureux qu’on infligeait à la chair de ma chair. Des traitements assortis de noms barbares pour une enfant de son âge, d’effets secondaires indésirables auxquels il fallait trouver des explications avec des mots à sa portée pour qu’elle puisse mieux les intégrer et se battre. Déterminés en l’occurrence, à ne pas laisser les méchants Visages Pâles l’emporter sur les gentils Peaux-Rouges.

Des moments difficiles à traverser, des sentiers semés d’embûches et de peine, d’illusions et de désillusions, de hauts et de bas, avec parfois aussi quelques parenthèses enchantées, comme ma rencontre avec Diego, un interne espagnol qui venait d’intégrer le service dans lequel ma fille était soignée. Diego, pourvu d’un coefficient de testostérone à la hauteur de ceux des marées d’équinoxe. À quelques encablures néanmoins du beau brun ténébreux sur lequel j’avais l’habitude de me retourner. Le mien était grand, dans les un mètre quatre-vingt-dix, les cheveux châtain clair, raides, des yeux bleu-vert, une barbe de quelques jours, comme je les aime et pour ajouter au tableau animé devant lequel je me pâmais, une blouse ouverte sur un torse répondant aux standards de la virilité. Dommage que la vie ne ressemble pas toujours à une chanson, car ni lui ni moi n’étions vraiment libres dans nos têtes pour entamer autre chose qu’une liaison charnelle. Il était marié, à en juger par l’anneau ostentatoire qui enserrait son annulaire ; ce qui avait pour effet d’ajouter à mon excitation, moi qui avais toujours aimé la difficulté et braver les interdits. De mon côté, j’étais trop préoccupé par cette intruse qui s’était immiscée dans nos vies, pour me lancer dans une aventure qui aurait demandé ne serait-ce qu’une once de romantisme. Qu’importe, du moment qu’il me laisse caresser l’espoir de pouvoir lui arracher sa blouse, le moment opportun. Ce qu’il a fait et ce qui a fini par arriver, un soir où mon désarroi était encore plus profond que d’habitude. Il m’avait rejoint dans la coursive pour me proposer de partager sa cigarette. Sa dernière. Une cigarette que j’ai volontiers accepté de partager même si ce n’était pas de ça dont j’avais envie sur le moment. Nos doigts se sont effleurés, je me suis brûlé et le mégot est tombé emportant avec lui la promesse d’une seconde caresse. Fort heureusement, il s’est emparé de mon doigt échauffé pour tenter de l’apaiser de son souffle qu’il qualifiait de magique, mais comme celui-ci n’avait visiblement aucun effet, il a décidé de passer à l’étape supérieure et l’a englouti tout entier dans sa bouche, dans un geste qui n’avait plus rien d’équivoque. Je ne saurais affirmer avec le recul, lequel du souffle ou de la succion l’a emporté, mais un fait est sûr, c’est que la brûlure s’est instantanément calmée. Là, sous la lumière blafarde des néons, dans un endroit qui n’avait rien de glamour, je l’ai plaqué contre le distributeur de boissons avec une telle ardeur que tous les boutons se sont mis à clignoter en même temps, comme pour me signifier que je venais de décrocher le Jackpot : une invitation à rejoindre un local exigu en guise de suite, dans le dessein d’y partager bien plus qu’une simple cigarette. J’étais à peu près sûr de mon coup, car il n’en avait plus. Il m’avait affirmé que c’était sa dernière et je ne demandais qu’à le croire. J’avais mis plus de temps que la mère de ma fille à mettre la main sur mon hidalgo, mais j’y étais parvenu. Simple question de patience. Dans les jours qui ont suivi, sa blouse est devenue un jeu entre nous, l’objet de fantasmes qu’il m’a permis d’assouvir à plusieurs reprises. Nos rapports étaient aussi brefs que violents, mais je n’en demandais pas davantage. J’avais l’impression au cours de nos ébats furtifs et bestiaux, d’expulser la rage que je n’arrivais pas à évacuer autrement, pendant que mon partenaire, de son côté, tentait de s’affranchir du plaisir coupable qui finissait par le ramener à la réalité une fois que nous en avions terminé. Certains choisissent le sport pour éliminer les tensions. Moi, je n’ai jamais été très sportif, alors il m’a fallu trouver une alternative. Un moyen comme un autre et, au final, peu importe le moyen pourvu que chacun y trouve l’ivresse. Pour ma part, je l’ai trouvée et cette parenthèse m’a été salutaire, elle m’a aidé à traverser en partie ces deux années, que je ne souhaite à personne. Elle m’a détourné du quotidien et m’a apporté une distraction, tout comme les questions que me posait continuellement Margaux et auxquelles je devais m’évertuer à trouver des réponses jusqu’aux plus farfelues. Des réponses auxquelles elle faisait semblant de croire pour me faire plaisir, malgré l’air dubitatif qu’elle affichait et qu’elle parvenait difficilement à dissimuler. Je ne laissais rien paraître de mon incrédulité par rapport au fait qu’elle ait pu douter de moi ne serait-ce qu’une seconde, pour lui laisser penser à mon tour que j’étais fier et heureux de l’émerveiller par ma science intarissable. Un jeu de questions-réponses des plus insolites, auquel nous nous raccrochions tous deux pendant les séances de chimio pour qu’elles s’écoulent plus doucement, même si notre amusement pouvait paraître dérisoire aux yeux de certains et ne parvenait pas totalement à masquer mon inquiétude. Il nous permettait au moins de détourner notre attention pendant quelques minutes, c’était déjà ça de gagné sur la bataille en cours.

***

Ça fait sept ans aujourd’hui, un temps qui m’a été indispensable pour poser les choses, prendre de la distance et pouvoir trouver la sérénité nécessaire à l’écriture de ces quelques lignes. Margaux a fêté ses treize ans la semaine dernière et elle est en pleine forme, débarrassée, je l’espère, de cette épée de Damoclès qui a plané au-dessus de nos têtes durant de trop sombres années. Le temps de la rémission est révolu, et les examens se rappellent à nous de temps à autre, faisant rejaillir, me concernant, les craintes d’une éventuelle rechute, surtout lorsqu’une fièvre subite ou d’autres symptômes inexpliqués refont leur apparition. Mais nous continuons à avancer ensemble et chacun de notre côté, en essayant de profiter pleinement de ce que la vie a à nous offrir et de la croquer à pleines dents. Oui, Margaux va bien aujourd’hui, elle fait preuve d’une grande maturité pour son âge, comme tous les gamins qui ont traversé des épreuves qu’ils n’auraient jamais dû traverser et qui se sont retrouvés trop tôt plongés dans les préoccupations des adultes. Trop peut-être, si bien que j’ai toujours peur qu’elle s’ennuie avec ses camarades de classe ou ses fréquentations, et qu’elle soit tentée d’aller voir ailleurs, là où elle ne devrait pas encore chercher sa place. J’aimerais qu’elle prenne le temps de grandir, que tout ça n’aille pas trop vite et que la vie lui crédite un peu de son innocence volée pendant sa petite enfance. Pour l’instant, elle se concentre sur ses études et rêve de devenir astronaute pour aller tutoyer de plus près les étoiles, parce que Margaux, elle se pose toujours des questions, et il lui arrive souvent de se demander ce que deviennent les étoiles quand le jour se lève. Et comme elle a décidé de m’accorder un peu de répit, elle a envie d’aller voir par elle-même. Je n’ai pas revu Diego depuis l’arrêt des traitements. Il est passé dans mon existence à la vitesse d’une comète, pulvérisant sur son passage mes exigences en matière de critères physiques. Peut-être est-il auprès de sa femme en ce moment, quelque part en Espagne, ou bien ailleurs, en train d’apporter un peu de réconfort et de plaisir à une autre âme en peine.

Quant à moi, j’ai enfin osé quitter mon boulot, pour éviter d’avoir à tuer mes collègues que je ne supportais plus, et d’avoir à passer par la case prison le temps d’une peine assurément écourtée, en raison des circonstances atténuantes. Je me suis mis à l’écriture depuis, il fallait bien que j’occupe mes journées. J’écris des nouvelles essentiellement, car je n’ose toujours pas me hasarder à l’écriture d’un roman. Il me faudrait pour cela déterrer d’autres souvenirs, creuser, approfondir, et je ne suis pas encore prêt. Les nouvelles, ça va plus vite, et le recueil est presque terminé. Il devrait s’appeler Ce ne sont qu’averses passagères, en rapport avec un appel à textes lancé sur une plateforme en ligne auquel je n’avais pas été en mesure de répondre, parce que le nombre de caractères imposés n’était que de 8 000, espaces comprises, et que 8 000 caractères, même espaces non comprises, ce n’était pas assez pour raconter mon histoire, d’autant que je n’avais pas envie de passer sur certains détails et me contenter de la raconter en filigrane. C’était quoi déjà, le thème ? Ah oui, « La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie ». Joli, non ? Ce recueil, je voudrais le dédier à tous ces soignants extraordinaires qui se sont occupés de ma fille ainsi qu’aux parents qui se sont trouvés ou se retrouveront dans ma position un jour, sans oublier celles et ceux qui ont eu moins de chance, ses compagnons d’infortune qui ont, depuis, rejoint la voûte céleste. À Anna, partie trop tôt, dont les dessins trônent toujours fièrement au-dessus du bureau de Margaux, dans sa chambre, pour faire un joli pied de nez à l’oubli. Je pense davantage à moi aussi, car je m’étais un peu oublié pendant quelques années, et je me suis enfin mis en disponibilité pour rencontrer quelqu’un. Il n’est pas espagnol, mais suédois. Brun, bouclé, les yeux noisette tirant sur le marron, et la barbe broussailleuse. Un côté mal dégrossi et attendrissant de maladresse, le genre ourson des Baltiques. Incapable, à ce titre, de monter la moindre étagère même avec une notice des plus détaillées. Pas bien grave, car ce n’est pas ce que j’attendais de lui lorsque je l’ai rencontré, et puis comme le dit le personnage de Joe E. Brown à celui de Jack Lemmon à la fin de Certains l’aiment chaud : Nobody’s perfect! Je m’étonne seulement d’avoir vu mon centre de gravité se déplacer plus au nord, comme quoi rien n’est immuable ! Et puis j’écoute enfin mes envies sans me soucier des convenances et, pour l’heure, il n’y a pas grand-chose qui me fait envie, à part sortir un moment, m’aérer la tête car j’ai passé presque toute la journée les yeux rivés sur l’écran et ne suis plus capable de réfléchir à quoi que ce soit après avoir vu défiler tous ces caractères, avec ou sans espaces. Alors je vais fermer le fichier, lâcher l’ordi et sortir. Il va falloir que je pense à prendre mon parapluie, car j’ai l’impression que l’orage ne va pas tarder à éclater. Tant mieux, ça va nous rafraîchir un peu, je n’en pouvais plus de cette chaleur. Tiens, je crois qu’il commence à pleuvoir, j’entends les premières gouttes résonner sur le rebord en zinc de la véranda. Et si je laissais le parapluie ici après tout, histoire d’être plus libre pour danser sous la pluie ?


 
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   maria   
12/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'ai beaucoup aimé l'écriture dans cette nouvelle : soignée, sans être ampoulée.

J'ai beaucoup aimé la personnalité du narrateur. Il ne recherche pas l'apitoiement : ni sur la maladie de sa fille, ni sur la fuite de sa femme, ni sur sa solitude. Il explique, c'est tout.
Il parle avec franchise de sa sexualité, sans en faire des tonnes.
Homme lascif, il n'en reste pas moins un père attentif. Il est complice de l'imagination de Margaux, et vigilant sur son évolution.
Il sort des difficultés, des excès pour rendre sa vie plus d'harmonieuse.

J'ai beaucoup aimé sa manière d'écrire sa vie. (Car il finit par trouver un certain équilibre dans l'écriture.)
Il est lucide et sans complaisance.

Merci pour le partage et à bientôt.
Maria en E.L.

   plumette   
17/1/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Qu'est-ce qui fait qu'un texte à forte densité autobiographique devient de la littérature?
je me pose ici cette question parce que je ne peux pas imaginer que ce texte soit pure fiction!Ce qui ne veut pas dire non plus qu'il n'y a pas de fiction dedans! J'ai cru par exemple à l'existence réelle de Margaux, de sa maladie, et de ce tête à tête entre père et fille...

A la fin de ma lecture, pour laquelle j'ai eu un intérêt sincère, parce que je m'intéresse aux autres et à leurs histoires, j'ai tout de même envie de dire qu'il manque ici une construction, une direction, une distance qui permettrait de donner à ce texte une dimension plus universelle que celle d'un témoignage.
Sur la forme, il y a la présentation qui est trop dense pour que la lecture sur écran soit agréable. Il y a aussi un récit, un peu au fil de la plume, qui livre en bloc ( pas seulement à cause des pavés) une rétrospective de vie en accéléré.

Au début, les dialogues constituent une bonne accroche, même si j'ai eu du mal à les mettre dans la bouche d'une enfant de 5 ans, même rendue très mûre du fait de la maladie.

j'ai trouvé bizarre l'évocation au milieu du récit des jeux érotiques et étreintes entre le narrateur et Diego l'interne . on change de registre d'évocation, on est dans le détail, en soit c'est plutôt bien écrit, mais dans le cours de ce récit cela me parait décalé.

voilà, c'est une opinion de lecteur, parmi d'autre !

Plumette

   poldutor   
19/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour
Superbe nouvelle pleine d'humanité, quoi de plus normal quand on est vraiment dans le désespoir que de rechercher la chaleur humaine ? Qu'importe le (la) partenaire, pourvu qu'on ait la consolation d'un rapprochement avec autrui, qui vous console et vous fait oublier pour un temps vos terribles soucis, et ce, d'autant plus difficiles à supporter que l'on est seul à le faire.
Magnifiquement écrite, cette nouvelle évoque irrésistiblement le vécu, on espère que la petite Margaux définitivement guérie, ait pu réaliser son rêve.
Merci pour ce moment d'humanité.
Cordialement.
poldutor en E.L

   Mokhtar   
22/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le début de cette histoire faisait craindre une évolution vers le pathos, même si l’histoire de la reine telle que décrite lançait les choses de façon intéressante et émouvante.

Ce texte est-il une nouvelle ? À le lire et le relire, j’y vois plus une confession presque analytique, un déballage (expression non péjorative) qui dénotent une envie de se libérer, de s’épancher.

Le lecteur se doit d’éviter de confondre narrateur et auteur. Mais ici j’ai le sentiment que l’auteur ne raconte pas une histoire, qu’il n’est pas simplement narratif, mais qu’il s’implique en décrivant des combats et des souffrances que l’on sent plus ressentis qu’observés. Plus vécus que relatés.

La petite qui lutte contre la maladie et l’angoisse du père, les difficultés de la famille mono-parentale, la rupture dans un couple condamné d’avance, la force du désir d’amours homosexuelles, la volonté de reconstituer un couple, l’arrivée des difficultés à encadrer une adolescente….autant de thèmes juxtaposés qui font plus penser à une autobiographie qu’à une histoire ordonnancée par un écrivain.

Le style est pour beaucoup dans cette impression. L’écriture est claire et parfaitement compréhensible, mais elle donne l’impression d’un « premier jet ». Aucun effort pour « faire du littéraire », fignoler les formulations, condenser l’expression. Les détails abondent, les digressions fleurissent sans retenue. Tout laisse penser que l’auteur a « dégueulé » ses pensées, ses souvenirs et ses réflexions de façon spontanée, comme ils venaient, sans ordonnancement, comme pour la rédaction d’un journal intime.

"La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie". Cette jolie phrase semble un peu alibi, faire habillage littéraire pour justifier un texte un peu patchwork. Le récit n’a pas été écrit pour illustrer la phrase. C’est la phrase qui apparaît comme judicieuse pour illustrer la narration. Et incidemment permettre une jolie conclusion poétique.

Au moment de boucler ce commentaire, je demeure dans le doute quant à la personnalité de l’auteur :
- Ou bien c’est un débutant, avec, certes, des aptitudes indéniables, qui trouve dans l’écriture un moyen de s’épancher et de faire partager son histoire et ses souffrances, presque comme une thérapie.
- Ou bien c’est un écrivain aguerri, capable de se choisir un style apte à une rédaction sous forme de confession, et qui décrit des évènements d’une vie qui n’est pas forcément la sienne.

Mais mon impression finale est que l’on peut discerner dans cette lecture une implication personnelle marquée.
Mokhtar en EL

   Louison   
22/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Écrit comme une page de journal intime, ce récit se laisse lire facilement, l'écriture est fluide, l'essentiel est dit et le fait qu'il y ait deux histoires dans une (l'attirance du beau Diego) enrichit le texte.

Une jolie ode à la vie que j'ai beaucoup apprécié.

Louison en EL

   Anonyme   
2/2/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,

Très belle nouvelle émouvante où l'auteur se livre à coeur ouvert .
Une écriture soignée rend la lecture plaisante.
J'ignore si ce récit est autobiographique, bien qu'il me laisse à penser que ce soit le cas.

Au travers des difficultés du narrateur ( ou vous même) , la maladie d'un enfant est difficile à vivre et accepter, et pour ne pas tomber dans la déprime , il se change les idées comme on peut ( ici le beau Diego).
Un soutien comme un autre.

Mais avant tout, vous nous donnez une belle leçon de vie .

Continuez dans ce qui semble être votre vocation.

   Malitorne   
2/2/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Une histoire qui sent le vécu, trop de détails précis. Si ce n’est pas le cas, alors bravo, vous avez su imaginer un réel auquel on ne peut que croire. Une maladie grave qui touche un enfant c’est forcément touchant, l’empathie n’est pas loin, vous êtes cependant parvenu à nous éviter un pathos larmoyant. Je serai plus critique sur votre relation amoureuse à l’hôpital, incongrue, on se demande ce que ça vient faire ici ! C’est d’ailleurs presque choquant de voir un père bécoter pendant que sa fille est sur son lit d’hôpital. Là, je me dis finalement que nous sommes peut-être dans de la fiction. Bref, ce passage m’a gêné mais modifie peu mon appréciation positive de l’ensemble, au demeurant servi par une écriture de qualité.

(N’oubliez pas de commenter les autres auteurs Babefaon, nous sommes sur un site de partage et c’est toujours sympa de recevoir des avis.)

   emju   
2/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le face à face avec la maladie est très réaliste puisque vécu apparemment. La dureté et la légèreté se donnent le change puisque le narrateur se laisse emporter par la fougue avec Diégo. Chacun puise un soutien comme il peut.
J'ai lu votre autre nouvelle qui parle d'alzheimer ; celle-ci de leucémie... D'où le titre de votre recueil "Ce ne sont qu'averses passagères" En sera-t-il de même pour vos autres écrits ?
Un petit bémol : Je trouve que les propos attribués à Margaux sont trop lisses pour son âge. Merci pour cette belle lecture.

   Corto   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
La qualité d'écriture de cette nouvelle est ce qui m'a le plus impressionné.
Autobiographique ou non ce récit est vivant, maîtrisé, très fluide malgré le poids émotionnel des événements.

Les dialogues du début sont criants de vérité, l'enfant de cinq ans bien que malade en traitement questionne sur des préoccupations de son âge "qu’est-ce qu’elle fait la reine tu crois, quand il pleut ?"

Les échanges entre le père et sa fille sont très bien rendus.

L'auteur a aussi le sens de la formule juste. "Je venais encore une fois d’accomplir ma mission d’agent des renseignements généraux": oui c'est ce que ressent un parent quand son enfant le harcèle de 'pourquoi ?' à longueur de journées.

De même le fait d'être un parent isolé devant la grave maladie de l'enfant est traité avec maturité, comme pour accepter le réel sans en faire un drame, car le drame est déjà présent dans la maladie de l'enfant.
L'humour est également présent dans la fuite de la femme "avec un toréador de passage, libre comme Carmen".

On assiste constamment à des événements lourds à porter et à la prise de distance pour les gérer en pleine maturité.

La rencontre sexuelle est traitée avec justesse, presque légèreté, comme un contrepoids à la gravité du vécu quotidien.

La dernière partie tend à montrer que 'la vie continue' malgré les pires péripéties, mais surtout parce que le narrateur a su les gérer en adulte, avec énergie et lucidité.

Tout cela valait bien une phrase finale, encore une pirouette "Et si je laissais le parapluie ici après tout, histoire d’être plus libre pour danser sous la pluie ?"

Grand bravo à l'auteur.

   Donaldo75   
18/2/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Babefaon,

Je ne suis pas fan des récits autobiographiques ou qui donnent cette impression ; dans le cas présent, rien ne m’a donné envie de dépasser ce manque d’appétence pour le genre. L’écriture est pourtant correcte mais il manque quelque chose. La narration ne permet pas au texte de sortir de son côté journal de bord ou « je raconte ma vie à un tiers, devant la cheminée en sirotant un thé » en version littéraire bien entendu, suffisamment dense pour passer du côté écrit de la forme.

Je ne vais pas me lancer dans une analyse de ce qui me parait incohérent, parce que je pars du principe que c’est autobiographique – et même plus, que même si ça ne l’est pas, la narration est voulue comme telle – et que la mémoire nous joue des tours pour s’arranger avec la réalité, avec la vraisemblance, avec parfois la vérité. Notre cerveau est lui-même un littérateur ; il nous raconte de belles histoires sur notre vie passée, des fois même sur notre vie future, alors pourquoi ne pas le laisser aller ? Pour cette raison et des milliers d’autres, je ne perds pas mon temps à compter les microgrammes d’incohérence, les traces d’invraisemblance et les reliquats de scories logique. Je pense que d’autres le feront bien mieux que moi.

Une autre fois.


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