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Policier/Noir/Thriller
BaronDysnomia : Écrits vains [Sélection GL]
 Publié le 23/08/19  -  13 commentaires  -  15649 caractères  -  154 lectures    Autres textes du même auteur

La mort est là. La balle est partie. Le temps s'arrête. Sa vie se brise en fragments : les instants d'un homme, les ironies d'une vie, mais toujours des échecs…

Réussira-t-il au moins dans la mort ?


Écrits vains [Sélection GL]


Le couteau à la main, j’observais mon œuvre. Une averse de sang gouttait sur mes chaussures, pendant qu’une satisfaction poisseuse de désespoir m’envahissait peu à peu. À présent, mon envie de vengeance se dispersait, remplacée par un vide immense.


La flèche qui avait guidé ces trois derniers mois de ma vie explosait en un million d’aiguilles déboussolées.


Je n’entendais plus rien, ni les sirènes, ni les cris. Un policier – suivi de sa meute – défonça la porte ; ce devait être une jeune recrue, car mon évidente satisfaction lui glaça le sang. Pris de peur, il sortit son arme.


Nous étions face à face, son revolver louchait entre mes deux yeux. Il semblait livrer un combat intérieur. Un léger sourire compatissant, si imperceptible qu’il fût, le décida. La balle partit ; le temps ralentit. Je la vis avancer lentement, tournant sur elle-même : je sus qu’elle me serait fatale. Je fermai les yeux, résigné et serein.


Mais dans un noir complet, une infime lueur étincelait…


~ La balle tournait ~


– Papa ! Je peux faire du manège ?

– Non ! On rentre, tu en as déjà assez fait !

– Maman ! Papa veut pas que j’fasse du manège !

– S’il a dit non, c’est non !


Il était à une petite fête foraine. À cinq ans, le monde lui semblait magnifique, bercé des douces illusions de l’enfance. Ce gamin qui ne comprenait rien du monde, entouré de ses parents, était mon passé.


~ La balle tournait ~


– J’ai reçu mon bulletin ! J’vous le montre ?!

– Bravo ! 17 de moyenne générale.

– Et avec les félicitations !

– 19, tu as la meilleure note d’histoire.

– C’est normal, le chapitre était sur l’Égypte antique. Et j’adore ça.

– Si tu continues, tu pourras faire n’importe quelle école. Tu voudras faire quoi quand tu seras grand ?

– Je serai avocat de la défense, ça gagne beaucoup selon mes copains, et il paraît que c’est facile et amusant : il suffit d’être intelligent.


C’était un enfant de taille moyenne, il était en troisième, le meilleur de sa classe, apprécié de tous. Ses parents le félicitaient. C’était un gamin avec les rêves de son âge – tout lui semblait facile et rien impossible.


Ma vie défilait peu à peu. Cette vision s’estompa. Ma mère, mon père et ma maison s’effacèrent.


~ La balle tournait ~


En seconde, il avait présenté un exposé très complet. Ses camarades avaient gloussé, là où ses enseignants étaient restés pétrifiés devant ce sérieux irréprochable. Il discourait avec une froideur empoisonnée d’admiration malsaine :


– Aujourd’hui je vais vous parler de l’Égypte antique, et plus précisément de leurs techniques d’embaumement des morts. Les Égyptiens avaient vraiment des méthodes fascinantes, ils enlevaient déjà le cerveau par le nez avec seulement une paire de crochets en ne laissant aucune marque. Puis ils prélevaient méthodiquement les différents organes vitaux qu’ils répartissaient dans quatre jarres à l’image de leurs dieux. Après, ils s’attaquaient au ventre, en commençant par ôter…


Je n’eus pas le temps d’entendre la fin de ce brillant exposé que déjà, le couloir de la mort me pressait le pas…


~ La balle tournait ~


… au sol, j’étais contraint de suivre la ligne, les rails que ma vie avait laissés derrière.


Debout, devant un grand tableau, il cherchait son nom. Il était dans les derniers.


– Yes ! J’ai 13 ! dit-il fier de lui.

– Et moi 16 ! se moqua son ami.

– Super j’ai 15,5 ! cria un autre dans son dos.


Il était content de son 13, mais il ne l’avait pas mérité. Il n’avait pas travaillé. Comme tous ceux de son âge, il s’était contenté de propulser sa petite bille numérotée. Chaque année, il ne lui restait que deux petites gâchettes, et parfois, quand la fin semblait proche, ses parents venaient secouer le flipper.


N’étant pas suffisamment bon en maths, ni en physique, les grands gourous de l’enseignement conclurent qu’il n’était pas apte à faire du droit. De ce rejet, ressortit un goût prononcé pour la littérature qui lui fit oublier son rêve d’enfant ; à présent, il voulait devenir écrivain. Libre, sans contrainte, sans trop de concurrence étrangère et surtout sans patron comme lui répétait sa mère. Un métier « juste » – les études n’aidant pas, seul le talent décidait, un métier ne subissant presque pas la crise, là où l’argent n’influençait pas le succès, disait souvent son père.


Il n’en faisait qu’à sa tête et n’écoutait aucun de ses parents. Ses choix, il les décidait seul, sans l’aide de personne. C’est ainsi qu’à Noël, il eut la surprise de délivrer, prisonnière d’un papier rouge et doré, une magnifique machine à écrire presque neuve.


– C’était celle que j’utilisais pour écrire quand j’étais jeune, lui dit sa mère, c’est peut-être un peu vieux, mais au moins, tu n’auras pas d’imprévu – contrairement aux nouvelles technologies bien trop chères…


La première phrase à sortir toute chaude de la bouche de sa nouvelle machine fut cette promesse d’encre :


La première phrase à sortir toute chaude de la bouche de sa nouvelle machine fut cette promesse d’encre : Je serai célèbre !


J’étais un fantôme, prisonnier de mes souvenirs, condamné à remuer les chaînes de mon passé. Soudain, je resurgis, les ténèbres se dissipaient, effrayées par le nouvel arrivant…


~ Le monde était noir ; la balle me dévisageait ~


… je n’eus pas le temps de plus la contempler, car déjà, le passé, plus fort que tout, refit surface.


– Vous prendrez à gauche au prochain carrefour.


Il pleuvait, sur son front, des gouttelettes, pendant que sa transpiration imbibait le volant déjà moite.


– Vous allez me faire un créneau entre ces deux voitures.


Il hasarda le volant et la marche avant/arrière dans l’espoir de se garer sans égratignure.


– C’est mieux que rien… dit l'examinateur après une demi-heure. Bon… C’était pas beaucoup mieux que les quatre dernières fois, mais au moins, cette fois-ci, vous n’avez mis en danger personne… Je vous mets le point d’éco-conduite, et vous passez tout juste. Tenez, et que je ne vous revoie plus !


Fier de son permis en poche, il rentra le présenter à ses parents, qui lui avaient promis une heureuse surprise.


– Tu l’as enfin eu ?! C’est pas trop tôt, depuis le temps… Tous tes essais nous ont coûté si cher… râla son père.

– Enfin, tu l’as eu, c’est l’essentiel, consola sa mère. Et chose promise, chose due. Nous t’avons acheté une voiture. Mais comme on a déjà mis beaucoup d’argent pour ton permis, on a dû faire quelques sacrifices…


Il voulut d’abord remercier, mais ses mots lui restèrent en travers de la gorge, amers d’ironie.


La voiture était gris oubliable et aérée de trois portes, mais surtout et avant tout : c’était une voiture sans permis.


Je ne pus réprimer un sourire nostalgique, repensant à ce pied de nez que me jouait la vie. C’était mon tout premier, mais d’autres allaient bien vite lui tenir compagnie…


~ La balle, magnifique soleil de bronze, faisait pâlir le monde ~


… justement, en parlant de déception :


– Allô ! Bonjour, je représente l’éditeur à qui vous avez envoyé votre manuscrit. Votre livre a retenu notre attention en se démarquant des autres. Néanmoins nous ne sommes pas sûrs du public qu’il vise, ni de sa réaction. En conséquence de quoi, nous ne pensons pas votre livre assez rentable. Mais, votre style d’écriture, certes un peu… novateur…, nous intéresse réellement.

– Je peux le réécrire pour toucher un public plus précis ainsi que le développer, l’étoffer.

– Bien ! Nous attendrons donc votre prochain manuscrit avec impatience. Au revoir.


Il raccrocha. Ne sachant pas vraiment comment prendre cette conversation, il se remit au travail.


Un an passa avant que l’éditeur n’exprime sa pleine satisfaction. Il avait alors vingt et un ans. Il espérait pouvoir vivre de son livre jusqu’à la prochaine parution. Son texte fut un désastre, il ne lui rapporta qu’à peine le SMIC. Le hasard avait éclipsé sa sortie par la traduction d’un best-seller anglo-saxon. Il songeait à renoncer, choisir un métier qui lui correspondrait mieux. Mais heureusement, ses parents n’avaient pas cessé de le soutenir. Plus dans la misère que dans la joie, leur appui continuait à flotter dans la tempête.


– Tu as un talent véritable, tu dois continuer ainsi, lui disait sa mère.

– Tu n’as vraiment pas eu de chance, fils, le consolait son père.

– Non, je pense changer de métier. Ça ne me convient vraiment pas. Je voudrais devenir journaliste.

– N’abandonne pas ! Ton talent est certain, tu ne dois pas le gâcher, conseillait sa mère. Quand, moi aussi, j’essayais d’écrire des livres, je me suis découragée. Ne fais pas la même erreur que moi !


Pendant un instant furtif, une larme chargée de regret sembla couler de son œil…


– Le prochain sera un best-seller, c’est sûr ! lui assurait son père. Souviens-toi que nous te soutiendrons jusqu’au bout, quoi qu’il arrive…


Le temps ne l’avait pas changé, rebelle, il se pensait libre de toute influence parentale. Ainsi, la question réglée, il se remit à écriture tout en y apportant ses plus belles touches.


~ La balle se trouvait nez à nez devant moi ~


Avoir un objectif était aussi vital que boire ou manger. Les rêves nous maintiennent éveillés, pourquoi vivre si on ne sait où aller ? se répétait-il. Son rêve était d’écrire un livre qui marquerait les esprits – et si possible lui remplirait aussi les poches.


– Votre second manuscrit a été retenu. Avec votre accord, nous commencerons par un petit tirage. Après, on verra… avec les ventes… déclara évasivement son éditeur.

– Vous avez bien sûr mon accord.

– Alors je vous rappellerai sous peu pour faire le point, à bientôt.


Ce nouveau livre hérita de la « popularité » de son aîné. Les ventes ne décollèrent pas, il ne fut pas même rentable. Mais cette fois, le hasard était innocent, aucune sortie, aucun autre événement ne l’avait accompagné.


Les lecteurs et les critiques furent impitoyables. Pour la première fois, son talent ne se cachait plus derrière d’autres. Il fut blessé de découvrir son réel « potentiel », apparemment, le même qui avait fait arrêter sa mère.


Il arriva alors dans ses années les plus sombres. Là où on doit affronter, seul, la réalité. Le monde se démasque : obscur, injuste, cruel. La retraite, les emplois s’envolent ; les salaires font du rase-mottes, lorsqu’ils ne laissent pas un chômeur dans leur sillage. De son point de vue, cette belle démocratie intouchable se muait en une douce dictature rampant aux pieds du plus riche. Dans un tel torrent de ténèbres, il se débattait sans cesse, coulant de plus en plus. Se rapprochant du fond, un choix simple revenait souvent le questionner…


Quelque part, l’aiguille d’une horloge sonna paresseusement trois heures. Ding… Ding… Ding…


~ L'aiguille tournait ~


Deux ans s’écoulaient, le rapprochant peu à peu de l’âge où il devait être autonome. Son départ fut fort en émotion. Il sauta au cou de ses parents – ou plutôt à leur gorge. Et ainsi, c’est à regret qu’il abandonna leur aide financière :


– Je ne pourrai jamais vivre sans votre argent. Vous savez bien que je travaille dur, ce n’est pas de ma faute, c’est le succès le coupable : il me fuit comme la peste.

– Ne te cherche pas d’excuse, à ton âge, on doit être indépendant. Tu es grand, tu as maintenant vingt-trois ans. Nous savons bien que tu travailles dur, mais peut-être pas dans le bon sens. Choisis des sujets que beaucoup de personnes aiment, donc beaucoup de lecteurs, donc beaucoup d’acheteurs, raisonna son père, avec son habituelle simplicité.

– Arrête d’écrire pour parler de malheurs et de suicides. Un livre se doit de te faire évader, tu dois apercevoir un monde magnifique, noyer tes soucis dans l’encre des pages. Arrête d’être si réaliste, et je suis sûre que tes histoires se vendront comme des petits pains chauds, les mêmes que chaque matin, tu allais chercher, avant l’école, le réconforta sa mère.

– Tu dois réussir à prendre en otage la curiosité à chacune de tes fins de pages ; si tu ne tends pas de carottes à tes lecteurs, ils n’avanceront pas ! philosopha fièrement son père.


Il partit ainsi, tirant sa petite valise, pour emménager dans un minuscule appartement d’une résidence microscopique à loyer imbattable.


Les années peinaient à passer, il avait de moins en moins d’argent. Il avait sorti trois autres livres. Pour une fois, il avait suivi les conseils de ses parents, ses romans s’animaient dans un monde enfantin. Tous les six mois, son nouvel appartement rétrécissait, à mesure que les dettes s’entassaient. Mais ses parents ne l’aidèrent pas. Il était seul, même Dieu ne croyait plus en lui.


Petit à petit, les mêmes questions revinrent le hanter. Une question récurrente que chacun se pose : doit-on accepter ce monde, cette vie, cet os qui sert de quotidien ? N’est-ce pas une certaine lucidité que de le laisser ? De ne pas le ronger jusqu’à la moelle ? Doit-on laisser un quelconque dieu nous élever, nous engraisser jusqu’à ce qu’il décide de nous abattre ? Sommes-nous condamnés à vivre sous prétexte qu’on ne connaît rien d’autre ? Non, la mort est une douce délivrance, mais il faut trouver le courage d’avancer dans l’inconnu, la force de partir. Bien que beaucoup les pensent lâches et faibles, certains préfèrent fermer les yeux sur la vérité et s’enfuir, plutôt que l’affronter.


Mais pourquoi combattre quand on a déjà perdu ? Non, regarder la mort en face, c’est se moquer de Dieu lui-même – et Dieu seul sait qu’il existe – là, on est lucides, on comprend que ce monde n’est pas pour nous ou plutôt, que nous ne sommes pas pour lui.


Mais il se refusait à partir dans un murmure que le monde oublierait. Ce qu’il fallait, c’était un cri déchirant, montrant à tous qu’il existait. Le monde devait le connaître !


En tant qu’écrivain, il avait vu beaucoup de (ses) livres être oubliés, un an, un mois, une semaine ou même un jour après leur sortie. Ils s’entassaient alors dans des cartons, à prendre la poussière, là où seul le temps les dévorait.


Mais cette fois, ce serait différent. Il léguerait son ultime témoignage, expliquant ses actes et sa motivation : sa vision du monde.


Il voulait commettre un crime parfait, un crime à la précision d’un coucou suisse. Il jouerait le martyr, assassiné par une bavure policière, le tout entaché d’un crime insoluble.


Son plan devait être parfait, chaque engrenage tournerait en montrant ses dents au suivant.


~ Le rideau tombait ~


La balle était maintenant entre mes sourcils ; je sus que mon maigre sursis allait mourir ici, mais de toute façon, que regretter ? – un crime n’est parfait que s’il n’est jamais raconté.


La lente rotation de la balle arracha ma peau, pour aller buter contre l’os crânien, volant en mille éclats qui se diffusèrent dans la matière molle. Après cette avant-garde, la balle continua de forer jusqu’au centre du cortex où elle finit par ralentir et s’immobiliser à jamais.


La dernière pensée à s’échapper de mon âme fut un espoir tressé d’angoisses : mes actes allaient-ils marquer l’Histoire au fer rouge, dans les grands titres ? Ou s’y perdre dans les petites lignes ?


Je n’aurais jamais les réponses à cette question – le futur ne m’appartenait déjà plus.


Pourtant, sur mon cœur perdura, gravée en épitaphe, cette petite certitude :


Pourtant, sur mon cœur perdura, gravée en épitaphe, cette petite certitude :Je serai célèbre !



 
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   poldutor   
26/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voila une nouvelle que j'ai "dévorée".
Un garçon assez doué, se croyant fait pour être célèbre, entreprend des études qu'il abandonne les unes après les autres, il est plein de bonne volonté, mais il manque de ténacité.
Il finit par se lancer dans la littérature, pensant être libre, ne dépendre de personne ce qui est une erreur : il va dépendre des éditeurs et surtout des lecteurs. Là aussi il se lasse, et décide de laisser une trace en commettant l'irréparable...
Sera-t-il célèbre ?
L'histoire est menée d'une manière habile, chaque étape de sa vie est réglée par la progression de la balle...
Beau suspense, bien écrit avec cependant une petite remarque :

peut être qu'une "averse de sang fait plus que goutter" (sur les chaussures) elles les inonde plutôt ; cf. le début de la nouvelle.
Cordialement.

poldutor E.L

   Corto   
25/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
"Je serai célèbre !" Quand on arrive à ce final, on a parcouru un récit structuré et captivant.

Le déroulement de cette histoire est limpide comme celui d'une vie.

Bien écrit, l'attention est relancée régulièrement par cette balle de revolver qui suit son chemin inexorablement.

Le personnage principal ressemble à bien des jeunes qui cherchent leur voie et dont les aspirations se heurtent au monde réel, parfois jusqu'au désespoir.

Et dire qu'il aurait pu être un grand avocat ! Mais "N’étant pas suffisamment bon en maths, ni en physique, les grands gourous de l’enseignement conclurent qu’il n’était pas apte à faire du droit"...

On ne peut s'empêcher de pester devant les impasses successives dans lesquelles se retrouve coincé le personnage, avec parfois un saut qui permet enfin une réussite comme pour le permis de conduire: "C’était pas beaucoup mieux que les 4 dernières fois, mais au moins, cette fois-ci, vous n’avez mis en danger personne".

On trouve ainsi quelques pépites dans les dialogues ou les situations.

Mais bien sûr la trouvaille de ce récit est le cheminement de la balle tirée par le policier qui fait revivre au personnage toutes les étapes de sa vie avant la mort qui le pénétrera sauvagement.
Au moment suprême il gardera encore la maîtrise avec ce final: "sur mon cœur perdura, gravée en épitaphe, cette petite certitude: Je serai célèbre !"

On a ici une fiction qui frôle le réel sans pour autant y prétendre.

Bravo à l'auteur.

   cherbiacuespe   
31/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une nouvelle qui laisse pensif. Chercher à devenir célèbre au prix de se faire meurtrier... Certes, on pourrait accuser le destin d'être injuste, mais dans le cas présent et vu le nombre d'écrivains recalés , encore heureux que ceux-ci ne finalisent pas leur désespoir de la même manière, ce serait une hécatombe!

L'histoire est bien racontée et le déroulement du film bien imaginé.

Coté négatif, on ne sait que peu de chose du crime, mais c'est peut-être voulu, pour une suite par exemple.

Au début il est dit que "son révolver louchait", une image pas très heureuse - un révolver qui louche?

A la place de "une infime lueur étincelait", j'aurais préféré "flamboyait, chatoyait ou rayonnait."

Enfin, "tout lui semblait facile rien impossible" pourrait être remplacé par une formule plus limpide.

Ceci dit, c'est une bonne histoire noire, avec un titre bien trouvé.

   Sylvaine   
1/8/2019
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↑
L'idée de base - cet extrême ralentissement du temps qui permet l'afflux des souvenirs, le film accéléré d'une vie pendant le trajet de la balle - ne me paraît pas très originale : il est même banal de prétendre que chacun revoit le déroulement de son existence juste avant la mort. Mais ce ne serait pas grave si le sujet était adroitement traité. Ce n'est pas le cas : l'écriture est plate, entachée de maladresses, la succession des "flashs" qui restituent le passé, et que précède à chaque fois la mention de la balle mortelle, parait bien monotone. De surcroît, les faits ne sont pas crédibles : comment un auteur inconnu, sans grand talent, sans aucune relation, peut-il si facilement trouver un éditeur, et un éditeur qui persiste à le publier malgré l'insuccès? Ignorez-vous que la publication d'un premier manuscrit est un véritable parcours du combattant ? Vous ne vous êtes sans doute jamais frotté à la dure réalité éditoriale. J'ai cependant apprécié la chute, à cause de son ironie, et aussi le titre, dont la nouvelle, malheureusement, est loin de tenir les promesses.

   hersen   
23/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Quelques perles :
"c'est le succès le coupable, il me fuit comme la peste"
"Les années peinaient à passer..."
Qui font bien sentir la déréliction du narrateur.

Si, donc, l'enfant puis l'élève puis le primo-conducteur se rappelle, le temps du voyage d'une balle vers son front, parce qu'il revoit le déroulement de sa vie, alors je pense que c'est une erreur d'impliquer la pendule et ses trois ding. Car si la pensée va vite, dans ce cas (paraît-il, je n'en sais rien !) les trois coups de trois heures prennent du temps réels. Et je pense que bien avant les trois coups de la pendules, qui donnent une mesure universelle, la balle aura atteint son but. Donc à mon avis cette référence est en trop.

l'écrivain raté me semble peu crédible vis à vis des éditeurs : un écrivain raté n'est pas publié, ou une seule fois ? Bon, je n'en sais rien, c'est vrai, c'est un monde que je ne connais pas. Mais je trouve que c'est trop insistant.

Le couteau ensanglanté et l'averse de sang qui goutte sur les chaussures...le sang des parents, je suppose ?

Je trouve à ce texte un réel "potentiel", pour paraphraser l'auteur :)) mais il me semble qu'il insiste trop à côté.

En gros, je le redessinerais.

Merci de la lecture

   thierry   
23/8/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Je me demande si vous n'avez pas succombé à la facilité du père du narrateur : faire durer le suspens !
Ceci étant, la construction classique de la balle au ralenti est une promesse d'un développement raisonné quant aux motivations de l'assassin. Et là… rien. Je suis déçu par un argumentaire peu crédible, un écrivain raté dans les pas d'un étudiant paresseux qui suit un enfant doué. Une paire de claques peut-être ? Au-delà je ne vois pas pourquoi on va vers ce bain de sang
Peut-être aussi une erreur de logique dans le chemin de la balle : "Le monde était noir ... " précédant "La balle, magnifique soleil de bronze, faisait pâlir le monde".
Mais de jolies figures de styles dans les paradoxes et les perspectives inversées font que le texte coule très bien. On est à la limite du super mais à la limite seulement. Gabin disait qu'il faut trois choses : une histoire, une histoire et une histoire. Il ne manque vraiment pas grand chose : un argument, un évènement, une montée en intensité dramatique (en général c'est une peine de cœur ou un espoir déçu, mais bon…) et hop le tour sera joué !

   toc-art   
23/8/2019
Bonjour,

Je n'ai pas été très emballé par ce texte. Je reconnais que je fais souvent une fixette sur la narration, même si je sais que ça ne fait pas tout et que la forme sans le fond a quelque chose de vain… mais là, quand même, ça pêche vraiment beaucoup et le fond n'arrive pas à combler l'impression de platitude et d'invraisemblance que j'ai ressentie à la lecture.

Le style donc : je le trouve assez maladroit et je n'ai pas compris le mélange au sein des flashbacks entre le narrateur omniscient et le je de narration, des fois au sein d'un même paragraphe, comme ici :"Il était à une petite fête foraine. À cinq ans, le monde lui semblait magnifique, bercé des douces illusions de l’enfance. Ce gamin qui ne comprenait rien du monde, entouré de ses parents, était mon passé."

J'imagine qu'il y a une intention d'auteur derrière ce choix, mais j'avoue que je ne la comprends pas et je ne vois pas quelle plus-value ça apporte à la narration.

attention aussi à la concordance des temps :
"C’était un enfant de taille moyenne, il était en troisième, le meilleur de sa classe, apprécié de tous. Ses parents le félicitaient."
--> A priori, ses parents le félicitent à l'annonce des résultats, donc je pencherais plutôt pour un passé simple : le félicitèrent.
"Deux ans s’écoulaient, le rapprochant peu à peu de l’âge où il devait être autonome. "
--> je sais que vous êtes têtu, mais moi aussi et quoi que vous en pensiez, l'imparfait ici ne convient pas, il faut vraiment un passé simple. :-)



Le fond maintenant : les différentes anecdotes de la vie du héros sont insignifiantes, souvent peu crédibles : quels parents vont acheter une voiture sans permis - qui coûte souvent cher - à leur gamin qui vient de le réussir ? La machine à écrire situe le récit dans une époque quand même très lointaine… Je ne vois pas trop en quoi le fait d'être mauvais en maths et en physique empêcherait de faire du droit ? Les parents qui se réjouissent qu'il veuille devenir écrivain car ce serait une situation ne subissant presque pas la crise ! Sa carrière ratée d'écrivain, les dialogues avec ses parents, tout sonne faux, désolé, je n'y ai pas cru une seconde.

En résumé, j'ai eu le sentiment d'une écriture encore très jeune, qui demande à être travaillée pour gagner en fluidité, et d'une trame qui manque de densité, l'auteur ayant eu du mal à composer des éléments narratifs consistants et réalistes.

Reste l'idée de base : commettre un acte monstrueux pour laisser une empreinte, là où le manque de talent vous rend invisible. Et aussi, même si perso je ne suis pas fan, cette distorsion du temps qui permet au héros de revivre les moments-clés de son existence en une fraction de seconde.

C'est déjà bien d'avoir ce canevas mais pour le reste, il y a encore (à mon sens bien sûr) un énorme travail à faire pour rendre le tout intéressant et crédible.

Bon courage.

   Anonyme   
24/8/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour BaronDysnomia,

Votre texte se laisse lire facilement, c'est un bon point.

La vie défilant devant les yeux du narrateur s'attarde un peu trop sur le parcours scolaire et l'obligation de choisir une orientation professionnelle, laquelle est peu crédible : n'importe quel parents dignes de ce nom auraient dit quelque chose du genre "artiste = métier de crève la faim"... ou alors ils sont vraiment très cool ! Des parents de rêve, ça...

Je suis resté un peu sur ma faim niveau intrigue, j'aurai aimé en apprendre plus sur la vengeance du narrateur. Assassinerait-il son éditeur ? Un inconnu ?

Ah oui encore un détail : ça manque de femmes. Dans la vie du narrateur.

Dugenou.

EDIT : Réflexion faite, un seul meurtre, pour être célèbre, c'est un peu léger non ?

   maria   
23/8/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour BaronDysnomia,

J'ai écouté le personnage me raconter son histoire, mais je ne les pas beaucoup aimés :
- Lui : plat, sans enthousiasme . Et pire, je me demande s'il aime être écrivain.
- Elle : un éditeur, des parents aux petits soins ; ce n'est pas un peu trop ?

Par contre j'ai aimé le rythme de la nouvelle, les étapes de sa vie sont visuellement marquées, et cette narration à rebours fait que je suis restée veiller cet homme désabusé, je n'ai pas pu le laisser même s'il m'a parfois ennuyée avec ses longues phrases sur la société.

Merci pour le partage et à bientôt.

   Malitorne   
24/8/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Ce qui ne fonctionne pas à mon avis dans votre récit c'est que vous avez tenté d'y appliquer un procédé cinématographique. Le ralenti entrecoupé de flasbacks a été maintes fois utilisé dans divers films avec des effets parfois spectaculaires. Ce qui frappe visuellement est plus compliqué à rendre par écrit, ainsi votre balle qui tourne m'a semblé bien laborieuse, voire poussive ! Votre tentative était louable mais je crois qu'il y a des limites à l'écriture, elle doit rester dans son domaine au risque de rater son but. Plutôt que l'esbroufe de plans successifs il aurait fallu un scénario solide que je n'ai pas trouvé.

   BaronDysnomia   
24/8/2019
À l'attention des futures lecteurs et commentateurs: vous avez là une fiction qui frôle le réel sans pour autant y prétendre !
L'histoire est noir et cynique.


Réponse aux commentaires: http://www.oniris.be/forum/remerciements-et-explications-pour-ecrit-vains-t27291s0.html#forumpost374299

   senglar   
26/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour BaronDysnomia,


"là où seul le temps les dévorait" [ses livres]
Combien de livres ne sont-ils pas dévorés par le seul temps (et des plus célèbres) au fond des librairies, sur les rayonnages de nos bibliothèques ?...

"un crime n'est parfait que s'il n'est jamais raconté"
Ou de l'inconvénient du crime parfait :) A quoi bon le commettre en ce cas ? Cela en devient même ennuyeux, pour le moins frustrant.

"Je serai célèbre !" repris en finale comme la détonation de l'apprenti flicard qui a tiré.

Rien que pour ces trois arrêts sur texte en ce qui me concerne (dont forcément le dernier. Maiiis... Suspens... simili mini lévitation. Temps arrêté) je me dis que je suis content d'avoir lu votre nouvelle, très noire, incisive, bien découpée avec les repères caractères gras, théâtrale d'une certaine manière, visuelle.
"Arrêt sur projectile" ferait à mon sens (mais je ne suis que l'heureux lecteur) un meilleur titre que le jeu de mots qui égare sans être à la hauteur.


De la bonne ouvrage, efficace, où je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, un excellent petit noir quoi dont je reprendrai volontiers une palpitante tasse :)

Merci à l'auteur !


Senglar

   Jean-Claude   
9/9/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,
Des questions... Il me reste des questions.
Quid de la vengeance évoquée au début ?
En quoi son crime est-il parfait ? Il est trouvé par la police et on juste une vague idée de ce qu'il a fait.
Quant à la fin, on entre dans les limites de la narration au "je". Ce serait plus pertinent en changeant de point de vue car ce "je" final est, par essence, impossible.
Quant au reste, le processus classique du film de la vie devant la mort au ralenti, c'est bien mené. Il manque juste une dimension un peu plus psychologique pour dramatiser la situation.
Au plaisir de vous relire.
JC


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