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Sentimental/Romanesque
Bidis : Les petits secrets de Mademoiselle Lili [concours]
 Publié le 16/01/15  -  20 commentaires  -  7041 caractères  -  153 lectures    Autres textes du même auteur

Un mercredi après-midi pas tout à fait comme les autres.


Les petits secrets de Mademoiselle Lili [concours]


Ce texte est une participation au concours n°18 : Le soutien-gorge de Mlle Lili (informations sur ce concours).




Un peu âgée déjà, et presque obèse, Mademoiselle Lili ne présentait guère un aspect des plus attirants. Mais enfin, c’était une bien gentille personne. « Manquerait plus qu’elle morde », disait Monsieur Doutrebise quand Évelyne parlait des qualités de cœur de leur employée de maison. Et puis les enfants adoraient la compagnie de la vieille demoiselle, laquelle n’avait pas son pareil pour raconter des histoires, les faire rire et jouer avec eux à toutes sortes de jeux un peu simplets sans doute mais diablement amusants ! Évelyne se félicitait tous les jours de l’avoir engagée comme… Comme quoi au juste ? Mademoiselle Lili cousait et repassait, préparait les repas, astiquait l’argenterie et les cuivres, servait à table et gardait les plus jeunes des enfants. C’était ce que l’on appelle « une perle » et cela ne se trouve plus si facilement de nos jours. Aussi Évelyne Doutrebise la tenait-elle en grande considération.


Parce que garder les enfants n’était pas toujours une sinécure. Si le bébé ne demandait qu’une attention limitée aux heures des biberons et des changements de couches, les jumeaux, Anne et Michel, neuf ans, lui donnaient souvent bien du fil à retordre. Les mercredis après-midi, quand ils avaient terminé leurs devoirs, ils ne savaient qu’inventer et quelquefois, lorsqu’ils s’étaient trouvés hors de vue pendant un trop long laps de temps, l’on entendait la voix affolée de la vieille demoiselle résonner dans toute la maison : elle s’agitait, courait de-ci de-là, montait ou redescendait quatre à quatre les escaliers, échevelée, pantelante. Quelquefois, elle osait frapper à la porte de Monsieur Doutrebise : « Les enfants ne sont pas chez vous ? » Cela mettait ce dernier dans des colères noires quand il était occupé ou de méchante humeur. D’autres fois, il la félicitait chaudement d’être parvenue à se débarrasser des deux petits monstres, propos qui laissaient la brave personne interloquée sur le seuil de la porte. Dans l’un ou l’autre cas, elle reprenait aussitôt ses recherches et se remettait à visiter au pas de charge et systématiquement toutes les pièces de la maison… C’est ce qui se passa ce mercredi-là. Comme elle ne trouvait décidément pas les petits chenapans, des scénarios épouvantables lui passaient par la tête : ils étaient allés courir sur la chaussée proche de la maison, ce qui était strictement interdit, et se faisaient bien entendu faucher par une automobile, ou pire, un malfaiteur s’était introduit dans la propriété et les avait enlevés pour réclamer une rançon. Ou bien ils étaient tombés par une fenêtre, avaient avalé un produit ménager, mettaient le feu dans un coin oublié de la maison… Bref, le cœur de Mademoiselle Lili battait à tout rompre, son estomac se retournait et elle était aphone à force de crier. Elle finit par se rendre dans sa chambre pour chercher un calmant. C’est-à-dire un petit remontant qui présentait plusieurs degrés d’efficacité…


Ils étaient là, assis sur le lit, parmi des colifichets, des photos et des cartes postales trouvés dans un tiroir de la commode. Michel tournait et retournait entre ses mains un petit soutien-gorge à balconnets. Une dentelle délicate, blanche comme neige, légèrement moussante et très joliment ouvragée bordait les deux demi-coques en plumetis couleur framboise. Les joues de Mademoiselle Lili prirent une teinte qui n’avait rien à envier à la couleur du sous-vêtement. Un tsunami d’émotions contradictoires la submergea. D’un côté, elle ressentait un soulagement indicible d’avoir enfin retrouvé ses deux diables, d’un autre elle devait réprimer un mouvement de très légitime colère : car si les enfants étaient dans sa chambre, c’est qu’ils en avaient dérobé la clef. Elle tâta la poche de son tablier : effectivement la clef n’y était plus. Mais, chose épouvantable entre toutes, chose affreuse, impensable, ils avaient profané ses souvenirs. Elle ressentait cela comme un viol, le mot n’est pas trop fort. Elle resta donc sur le seuil de la porte, droite et immobile et la main sur le cœur, statufiée.


Pour Michel, le joli sous-vêtement évoquait un monde d’interdits et cette délicate pièce de tissu lui donnait des pensées dont il avait honte. Anne quant à elle se laissait fasciner, rêvant au jour où sa poitrine se développerait et où elle pourrait, elle aussi, porter des choses aussi ravissantes.


Quoi qu’il en soit, les enfants, maintenant, s’attendaient soit à être grondés, soit à bénéficier de quelque histoire fabuleuse dont leur vieille Lili avait le secret. C’était peut-être le soutien-gorge d’une princesse qu’elle avait servie autrefois dans un château mystérieux et qui… Mais la pauvre femme, catastrophée, ne disait toujours rien. Finalement, elle vint s’asseoir sur le lit aux côtés des petits, leur prit le sous-vêtement des mains, et, avec des gestes machinaux, dans un grand silence, rassembla cartes, photos et lettres. Son air absent impressionna fortement les bambins, lesquels pris de panique devant cette attitude pour eux totalement incompréhensible, sautèrent subrepticement du lit, avec un rien d’hésitation d’abord, puis s’envolèrent de la chambre, comme des moineaux qui retrouvent la liberté. Bientôt, l’on entendit leur cavalcade dans les escaliers, leurs pépiements, leurs cris et les éclats de rire de leur insouciance retrouvée.


Au bout d’un moment, Mademoiselle Lili sortit de sa semi-léthargie. Elle alla remettre les menus objets dans le tiroir resté ouvert. Puis, avant de sortir de la pièce, elle s’approcha d’un miroir suspendu au mur et chercha sans les retrouver, dans les traits boursouflés de son visage, quelques traces de la jeune fille ravissante et mince qu’elle avait été. Le dessin de la bouche peut-être ? Ou l’arcade du sourcil ? Un mouvement des cheveux ? Ou plutôt la prunelle, toujours aussi noire ? Mais non, décidément, elle ne se retrouvait pas. Par contre, elle observa quelques ridules au coin des yeux et, dans le regard, une lueur de bonté qui ne lui fit pas tellement plaisir. « Tu es devenue une bonne pâte, ma vieille », dit-elle à son reflet. Elle regretta le temps où les miroirs lui servaient à se coiffer, à se maquiller et à se réjouir de se trouver jolie. Mais c’était aussi un temps plein de complications et de lourds, de très lourds chagrins…


Allons ! Qu’étaient-ils encore en train d’inventer, ses petits ? Il fallait aller y voir de plus près. Tout de même, chiper sa clef, fallait-il qu’ils soient sournois et sans vergogne !


Et, tandis qu’elle refermait soigneusement la porte de sa chambre, cette histoire de soutien-gorge continuait à lui trotter en tête. Un jour prochain, il lui faudra bien se séparer de toutes ces choses inutiles qui ne lui rappellent presque plus rien, et surtout de ce sous-vêtement incongru qu’elle craint à présent de voir découvrir et manipuler par n’importe qui…


 
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   Anonyme   
27/12/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
C'est étrange, parce que je ne sais pas trop pourquoi ce texte me paraît au final d'une telle fadeur.

L'écriture, je trouve, en est agréable bien que peut-être trop "châtiée" : cela se passe dans la bourgeoisie, et attention, pas un mot plus haut que l'autre ! Alors d'accord, c'est le sujet, mais je me suis retrouvée un peu assommée par ces
montait ou redescendait quatre à quatre les escaliers
c’était une bien gentille personne
Evelyne parlait des qualités de cœur de leur employée de maison
la compagnie de la vieille demoiselle, laquelle n’avait pas son pareil pour raconter des histoires
C’était ce que l’on appelle « une perle »
Aussi Evelyne Doutrebise la tenait-elle en grande considération
garder les enfants n’était pas toujours une sinécure
Anne et Michel, neuf ans, lui donnaient souvent bien du fil à retordre
etc., etc. Que d'expressions toutes faites, comme c'est poussiéreux tout ça ! Que je me dis, car c'est mon avis et rien d'autre. J'ai l'impression que mademoiselle Lili n'est pas si formidable que ça pour le ménage, manifestement les lieux n'ont plus été aérés depuis les années trente.

Alors bien sûr cela se lit, tout comme un plat de pâtes au beurre se mange, mais à force j'en ai un peu marre. J'attends donc la fin en me demandant si quelque chose va me réveiller, si une révélation se cache quelque part... et puis non. Ou plutôt si : la révélation, c'est que même les vieilles grosses bonnes ont été jeunes et minces. Eh bien. Ce seraient donc des êtres humains, on ne va pas les chercher au magasin des vieilles représentantes du sous-prolétariat ?
Le fait qu'une domestique a eu une vie avant de servir ses maîtres m'apparaît donc comme l'enjeu du texte, ce qui ne dépare pas dans cette ambiance (je me répète) à mes yeux très bourgeoise, confite dans ses certitudes.

Tout cela me rend le texte fade, voire quelque peu réactionnaire... Peut-être est-ce voulu de votre part, je n'en sais rien, peut-être avez-vous conçu votre texte comme une caricature, en tout cas le résultat pour moi est vaguement déplaisant.

   Anonyme   
29/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
C'est un émouvant portrait que vous avez dressé là, plein de charme et de sensibilité. Le style, simple et propre, est en adéquation parfaite avec le caractère de cette Mademoiselle Lili. Je regrette d'ailleurs que vous ne vous soyez pas davantage attardé sur son passé dévoilé, ses souvenirs brusquement étalés, qui lui auraient donné plus de consistance. Telle qu'elle, elle a quand même une personnalité assez transparente. Quelque chose de sulfureux dans son histoire par exemple, ou une tragédie, auraient rendu le texte plus marquant. Un décalage fort entre ce qu'elle était et ce qu'elle est devenue.

   Anonyme   
31/12/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Le soutien-gorge met du temps à arrivé. Elle montait quatre à quatre les escaliers, c'est une dame un peu âgée mais bien conservée. Les deux premiers paragraphes sont sympathiques mais toujours pas de soutien-gorge dans cet atmosphère bon enfant. La première phrase du deuxième paragraphe est à revoir.
Le soutien-gorge arrive, il est affriolant à souhait. Je pensais que l'histoire allait être plus croustillante, pas de réactions envers les enfants mais un retour vers sa jeunesse. Le personnage n'est pas assez consistant pour que je sois ému par cette nostalgie, peut-être une allusion à de l'alcoolisme mais sans développement. Le dernier paragraphe n'apporte rien de plus palpitant.
C'est mignon mais sans relief, sans surprise.

   Lulu   
2/1/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une excellente nouvelle, et je n'exagère pas sur l'adjectif.

Le style me plaît beaucoup. Tout y est mesuré à la perfection.

Les enfants sont vraiment sans vergogne. C'est le cas de le dire. A neuf ans, on sait tout de même ce que l'on fait. Mais c'est bien vu. On se représente bien la maisonnée.

J'ai été étonnée par le fait que Melle Lili prenne un remontant pour se rassurer, ou retrouver des forces. Mais pourquoi pas ? Quelle demoiselle doit-elle être en réalité...

J'aime beaucoup l'atmosphère de cette nouvelle avec sa fin simple, sans rebondissement irréaliste. Il me semble que l'on pourrait avoir là le début d'un bien sympathique roman.

   Asrya   
3/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Les premières lignes ne me donnaient pas réellement envie de continuer. Mais bon, par soucis de bien faire, par curiosité aussi, je m'y suis attelé et suis arrivé jusqu'à la fin de votre récit.
Petit à petit, ma lecture s'est adoucie, s'est enjolivée ; j'ai pris de plus en plus de plaisir à vous lire.
Un texte court, dans lequel j'ai eu du mal à m'embarquer, qui pourtant m'a légèrement touché.
Ces souvenirs du passé, d'une jeunesse effacée, ancrée sur les traits d'un soutien gorge secret ; une belle histoire.
Au final, une nouvelle tendre qui se laisse lire et qui mérite de s'y perdre jusqu'à la fin.

Merci beaucoup pour ce partage,
Ce fut un plaisir de vous lire,
A bientôt.

   Robot   
16/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Une histoire sans surprise, mais ce n'était pas le but. Non, c'est un récit touchant. Peut être aurait-il demandé un peu plus de poésie pour y introduire plus d'émotion. J'ai trouvé un peu long le second paragraphe. La mise en place des personnages devrait être simplifiée. Notamment le passage ou elle frappe chez Monsieur n'a pas vraiment d'intérêt. A l'inverse, le passé de Mlle Lili, l'importance de ces "objets" manque de développement.
Mais l'ensemble se lit sans déplaisir.

   Anonyme   
16/1/2015
Bonjour Bidis

Après une lecture et deux relectures, je ne peux m'empêcher de trouver beaucoup de condescendance à cette historiette. Mais c'est la vie, plus encore chez les bourges. On a tôt fait de juger sur l'apparence. Et puis, du moment que le cheval de trait accomplit son travail, qu'importe s'il est boiteux ? On en usera jusqu'à la moelle et puis on l'enverra à l'équarrissage. C'est triste. Et vu ce que je ressens, autant dire que le texte atteint bien son objectif et ne m'a pas laissée indifférente.
C'est bien là, la nécessité d'un récit.
Je regrette qu'à la fin Mademoiselle Lili ait dans l'idée de renoncer à ses colifichets et souvenirs. Pourquoi ces gens gagneraient-ils sur tous les tableaux ?
Ce qui me console, et devrait consoler cette demoiselle, c'est de se dire que belles ou moches, chacun est promis au désastre de la vieillesse.
L'écriture est délicieusement désuète, et retrace à la perfection l'ambiance de l'époque (décidément on n'en sort pas, pour l'instant c'est soit le passé, soit le futur galactique, c'est assez cocasse).
Il y a, il me semble, un léger déséquilibre entre le début qui s'attarde et la fin qui s'accélère, mais oubliés le dédain, la condescendance, j'ai passé un bon moment.
Bonne chance pour le concours.

   Edgard   
16/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Salut Bidis,
« Manquerait plus qu’elle morde » me paraît un peu décalé par rapport au style des bourges de la maisonnée.
« Toutes ces choses inutiles qui ne lui rappellent presque plus rien » : le texte dit un peu le contraire…
L’atmosphère est bien rendue, ça sent le meuble ancien ciré… la condescendance…
A mon avis, l’opposition entre le geste minime des enfants et le ressenti de la bonne n’est pas assez marquée.
« Très lourds chagrins » n’en dit pas assez. C’est cette opposition qui fait le charme de la nouvelle. Parce qu’il y a une souffrance et que cette souffrance, ce court prolongement de l’humiliation quotidienne feutrée semble assez forte. Il y a un petit côté Maupassant à peine ébauché…pas assez de cruauté, pas assez de coups de scalpel dans l’écriture. Ce n’est pas facile, c’est sûr ! (Elle ressentait cela comme un viol, le mot n’est pas trop fort ». La seconde partie de la phrase n’est pas utile. « Mais chose épouvantable entre toutes, chose affreuse, impensable… » les deux derniers adjectifs sont-ils vraiment indispensables puisque « épouvantable » dit tout ?
Il y a de la tendresse pour cette femme qui s’est coulée dans le moule, qui a fini par accepter de n’être rien ou presque. Ce côté me semble bien rendu. Un bon élagage pourrait donner ( mon simple avis !) beaucoup de force à votre texte qui ne manque pas de profondeur.
J’ai bien aimé.

   Francis   
16/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Oui, Lili, dans une autre vie, il y a bien longtemps tu fus Agnès Sorel . Les enfants ne le savent pas et ton miroir l'a oublié. Seul, ce petit soutien-gorge que tu gardes précieusement s'en souvient. Aujourd'hui, tu m'a séduit par ta douce mélancolie.

   Acratopege   
16/1/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Un peu de déception pour moi. J'avais beaucoup aimé votre histoire d'Oremy-sur-Juvine et étais impatient de vous lire. La première phrase m'a refroidi, avec ce "guère un aspect des plus attirants" que j'ai trouvé maladroit. Ensuite, je suis entré à petits pas dans cette histoire mélancolique racontée dans un style un peu trop acratopège à mon goût. Il est neutre, un peu lourd parfois, et correspond donc, au fond, au contenu de votre récit. J'aurais aimé, je crois, des formulations plus hardies pour nous faire partager la pauvre vie de cette femme, peut-être des incursions dans son passé... Il doit y avoir là des abîmes de regrets et de désillusions, et j'ai eu l'impression de rester à la surface. Dommage, car le thème est bien choisi, qui évoque "Une âme simple" ou la Félicie de San-Antonio dans un autre registre.

   in-flight   
17/1/2015
Un portrait bien triste de cette bonne femme qui n'a pas vu le temps passé. C'est étrange, je ne me suis pas attaché au personnage mais j'éprouve de l'empathie à son égard.

L'ensemble du récit manque de percussion, au final il ne se passe rien.

   VinceB   
17/1/2015
Bonjour Bidis,

Participant au concours je me suis demandé s'il est bien venu d'apporter un commentaire sur le texte d'un autre participant, l'objectivité n'est pas une science exacte...
D'un autre côté, ce serait dommage car je trouve passionnants les travaux mis en ligne avec des sensibilités et des approches si variées. De plus les commentaires me semblent aussi indispensables aux auteurs de ces textes qu'à ceux qui les analysent pour progresser dans le travail d'écriture.
Bref il est clair que j'ai tranché ce dilemme puisque vous lisez ces lignes. Mais pour qu'il ne puisse y avoir de risque d'interférence de ma part du fait de la compétition, je m'abstiens de joindre une note si elle n'est pas franchement positive afin de ne pas influencer défavorablement la note globale.

Ce préalable étant posé,

Le thème m'a plu ; une vieille gouvernante, la nostalgie de la beauté et de la jeunesse, de jeunes enfants turbulents. Cela m'a rappelé d'agréables lectures de jeunesse, nostalgie, nostalgie... Mais j'aurai souhaité un traitement plus énergique, des personnages plus nettement exposés en quelques phrases courtes. De la même façon j'aurai aimé quelques expressions ou dialogues rendant compte du personnage principal, est-elle truculente, effacée, colérique, comment s'exprime-t-elle...

Exploitation du thème du concours : je n'ai pas cette impatience sur l'apparition de l'objet du concours manifestée par un commentateur, aussi son usage comme fil conducteur dans la seconde partie du texte ne m'a pas vraiment gêné. Ceci dit, une apparition plus rapide aurait démontré une plus grande maîtrise, le but d'un concours thématique est bien de contraindre l'auteur à adapter son écriture.

La qualité de l'écriture me semble perfectible, j'adhère aux remarques faites dans les autres commentaires.

Je suis très sensible aux premiers paragraphes dans leur fluidité, leur dynamisme et l'accroche de l'histoire, ce sont eux qui me dynamisent pour entrer dans l'histoire et donnent la première impression sur la qualité de ce qui va suivre. Malheureusement j'ai été freiné par un style un peu plat et des maladresses dès la première phrase :
"presque obèse" : elle ou elle ne l'est pas ?
"ne présentait guère un aspect des plus attirants" : tournure à alléger,
"manquerait plus qu'elle morde" dont je n'ai pas bien saisi la signification.

En conclusion j'ai aimé le fond mais je regrette la narration manquant de relief, un style trop sage et parfois insuffisamment travaillé.

   pieralun   
18/1/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bidis !! Et d'écrire un livre, cela ne t'a jamais tenté ou l'as tu déjà fait.

Une écriture chirurgicale, je m'explique: on entre dans la nouvelle et l'on arrive à voir les scènes. Elles sont precises, mobiles, les traits de la nounou et même des enfants me sont apparus, la décoration, j'ai vu ce qui n'était pas décrit. AMBIANCE parfaitement rendue.
L'histoire banale d'un film anglais ou américain des années 60-70, mais le personnage principal devient émouvant lorsque ces traits et ses gestes se figent, émotion egalement perçue par les enfants, devant le tableau de son travelling arrière.
Elle se souvient de ces années où elle aimait plaire, mais elle a du beaucoup souffrir pour les zapper autant.
J'ai aimé, mais ne suis je pas un inconditionnelle de Bidis?

   jfmoods   
18/1/2015
Commençons par la forme... Il manque, pour moi, dans ce texte, quelques virgules. La ponctuation est, évidemment, toujours un sujet délicat. Je considère, pour ma part, qu'un texte, en particulier lorsque sa visée est littéraire, doit toujours pouvoir être lu à haute voix. Or, les virgules représentent autant de respirations indispensables au lecteur. Elles sont garantes d'une clarté et d'une cohérence jamais mises à mal. Elles permettent de suivre une pensée dans toute sa fluidité, dans ses moindres embranchements. Quoi qu'il en soit, il y a une virgule qui m'apparaît nécessaire ici, et ce pour une raison toute grammaticale.

« Son air absent impressionna fortement les enfants, lesquels pris de panique devant cette attitude pour eux totalement incompréhensible, sautèrent subrepticement du lit... »

La subordonnée participiale...

« pris de panique devant cette attitude pour eux totalement incompréhensible... »

…, étant fondue à l'intérieur de la subordonnée relative, « lesquels » doit être suivi d'une virgule afin de bien délimiter l'imbrication des deux éléments.

« Son air absent impressionna fortement les enfants, lesquels, pris de panique devant cette attitude pour eux totalement incompréhensible, sautèrent subrepticement du lit... »

Venons-en au fond... Bien sûr, le contexte de cette histoire n'est pas anodin. Le statut social de Lili est à peu près égal à celui d'un objet (« Comme quoi au juste ? »). Rien d'autre, en vérité, qu'un élément de valetaille, précieux (« une perle ») et corvéable à merci, toujours à disposition. Quelque part entre bienveillance confite de Madame et indifférence sarcastique de Monsieur.

Cependant, ce n'est pas là que l'essentiel réside. C'est dans la patine du temps que soulève soudain l'intrusion des enfants dans une chambre. C'est dans la poésie profonde, déchirante, qui jaillit de la confrontation impromptue, soudaine, violente avec ces années mortes qui vous réinvestissent d'un coup. Ai-je besoin, moi, lecteur, d'en savoir plus ? Qu'on me prenne par la main ? Non, sans doute, car dans de telles circonstances, je m'éprouve semblable au poète...

« Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. » (« Les fenêtres », Charles Baudelaire)

Dès l'entame, le portrait physique est brossé. Il s'avère sans concession et deux procédés (l'adverbe « presque » qui fait mine de modérer l'embonpoint gagné par Lili, la litote : «  ne présentait guère un aspect des plus attirants ») font miroiter la perspective d'un avant beaucoup plus glorieux. De même, le portrait moral, passé d'abord au filtre de la conscience pontifiante de Madame (lexique des bons sentiments : « gentille », « qualités de coeur », « grande considération »), puis, plus loin, par le recours à l'euphémisme pour mieux mettre en lumière une forme possible d'addiction (« un petit remontant qui présentait plusieurs degrés d'efficacité »), nous guide insensiblement. C'est la raison pour laquelle j'aurais aimé voir les trois derniers paragraphes... réduits à une ou deux phrases de conclusion.

Merci pour ce partage !

   Agueev   
19/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bien qu'un tantinet suranné, le style colle parfaitement au personnage de cette Mademoiselle Lili, ce qui la rend rapidement attachante. On a pitié d'elle quand on sait ce que signifie de garder des enfants en bas âges...
J'ai ressenti toute la nostalgie de cette femme qui transparait à la fin.

Pourtant, j'ai trouvé dommage que l'on en connaisse pas plus sur son passé, simplement suggéré. C'était l'occasion de partir sur une fin plus originale, moins plate.

   aldenor   
23/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un portrait touchant, plein de retenue, pastel fait de petits riens, à l’image des souvenirs cachés dans le tiroir de la vieille gouvernante.
Ma première impulsion était de suggérer une tache de couleur plus violente en guise de chute, un geste de rébellion, que laisse d’ailleurs augurer sa réflexion devant le miroir : « Tu es devenue une bonne pâte, ma vieille »...
Finalement, votre choix est réaliste. La chute, c’est qu’il n’y en ait pas. Les Doutrebise peuvent être tranquilles.

   costic   
24/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Un soutien-gorge comme un portail temporel, j’ai beaucoup aimé l’idée. J’ai trouvé le personnage très attachant, j’ai un peu moins accroché à l’écriture avec un imparfait qui fige un peu les émotions.

   Janam   
30/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Le début a été pour moi comme une sorte genre de flash-back bien agréable chez la comtesse de Ségur. Qui n'aime pas tremper sa madeleine de Proust, surtout quand le style est aussi impeccable ?
La suite et la fin sont restées pour moi dans le même style et ont fini, toujours avec la même belle écriture, par perdre de la saveur ; pas d'étonnement, la vie est un long fleuve tranquille.

   carbona   
15/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Bidis,

Voilà le deuxième texte que je lis de vous et je l'ai trouvé assez savoureux. Je me suis de suite plongée dans le décor et dans vos mots que j'ai trouvés délicats, doux et bien pesés. Un agréable moment de lecture.

Je vous note quelques formules qui dénotent, à mon sens :

- "tsunami d'émotions contradictoires" < tsunami

- "Elle ressentait cela comme un viol, le mot n’est pas trop fort. " < la formulation

- "leur vieille Lili" < manque de tendresse

- "Lili sortit de sa semi-léthargie" <

- "Tu es devenue une bonne pâte, ma vieille" < bonne pâte

- "Allons ! Qu’étaient-ils encore en train d’inventer, ses petits ? Il fallait aller y voir de plus près. Tout de même, chiper sa clef, fallait-il qu’ils soient sournois et sans vergogne !" < la formulation casse trop le rythme

- "cette histoire de soutien-gorge" < soutien-gorge, pas évident de le dire autrement mais ce mot manque vraiment de poésie

La toute fin est délicieuse : un sous-vêtement qu'elle ne porte plus, un souvenir.

Merci pour votre texte.

   plumette   
11/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Bidis,

je ne regrette pas d'être remontée dans le catalogue et d'avoir déniché cette petite nouvelle touchante qui m'a évoquée la Lise de ma petite enfance. C'était comme votre Lili, une sorte de "bonne à tout faire" promue au rang de gouvernante, chargée de veiller sur 4 chenapans très proches en âge et qui se faisait un sang d'encre pour ses petits.

Cette histoire parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, elle parle d'un milieu où certaines personnes très dévouées étaient au service d'autres personnes qui ne se rendaient pas toujours compte de l'ampleur de ce dévouement.

Votre Lili a eu une autre vie avant, elle protège son intimité et ses secrets, elle n'a personne à qui parler de la jeune fille désirable qu'elle a été. Lili ne se plaint pas, on ne sait pas comment elle a atterri dans cette famille, mais peu importe. C'est juste un arrêt sur image nostalgique, qui se déroule avec une belle écriture!

Merci pour cette lecture


Plumette


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