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Blacksheep : Que du vent ! Cynisme inconséquent
 Publié le 10/02/10  -  14 commentaires  -  8838 caractères  -  131 lectures    Autres textes du même auteur

Une sorte de cynisme thérapeutique sur le (in)confort de l'indignation. Sans conséquences...


Que du vent ! Cynisme inconséquent


C’est décidé. Je ne sais qui me l’adressera, ni en quelles circonstances. Cela n’a pas d’importance. Quoi qu'il en soit, c’est décidé, aujourd’hui, après avoir éteint mon poste de télévision. À la question : « Le monde va mal de nos jours, quel est votre sentiment à ce sujet ? », je répondrai sans sourciller : «J'apprends à ne pas me sentir concerné. » Tel un antidote à ce chaos dont je pressens, imminente en moi, l'amorce fatale.


Je conserverai, pour l'exhiber au besoin tel un laissez-passer, le passeport exigé au pays du pathos, cette capacité d'indignation, la mienne, le moment fugace d'un journal, fut-il télévisé, le temps d'un magazine, surtout spécial, d'un tremblement de terre, d'un génocide, de ventres gonflés à vide, de miséreux se nourrissant de boue - comme pour entourer leur estomac de forteresses illusoires. L'instant de l'annonce synchrone d'une « catastrophe humanitaire » - tiens ! Un pléonasme.

Je secouerai la tête, parfois. Je fermerai les yeux, souvent. Le temps des actualités dont je m'abreuve encore pour me tenir « informé », avec l'assiduité d'un camé, de l'état des choses du monde. Je ne veux pas jeter mon téléviseur.


Une fois que j'aurai su, activer ce rituel devenu le mien, me confesser mon impuissance, maudire le monde entier, crier au scandale, en un seul soupir bien ventilé. Ne serait-ce que pour mon douillet confort moral. Le confort du canapé, bordé du moelleux de la compassion.


Car il faut quand même que je dorme. Il ne faudrait pas non plus que je fasse de mon sommeil un combat. Un combat de plus, dans l'arène qui déjà, scande rageusement mes échecs.

L'action sera pour plus tard. La conscience sera tranquille… en attendant. Un répit bien mérité.

Sur le point de ranger mes feuillets, je fis volte-face. Au moment où j'étais prêt à accepter la clôture de cette affaire, je me rendis compte de mon erreur.


C'est que l'enjeu est de taille, au bout, peut-être ma libération, mon salut... L’ennemi respire encore ! Il faut lui porter le coup de grâce. Pourquoi diable nourrir cette indignation, consentir à engraisser le monstre qui promet de vous dévorer quand il ne sera plus possible de combler ses appétits ? Il faut s’en débarrasser et au plus vite.


N’ai-je pas raison ? À quoi bon s'indigner de ce qui est d'une pathétique banalité quotidienne, d'une banalité absolue ! Ce tic-tac intérieur, celui d'une bombe à retardement à la minuterie mal réglée, sans cesse remontée, mais dont il n'y a rien à craindre, rien à attendre, rien à espérer de l'explosion - elle sera foireuse, de toutes les façons psshiteuse, tel un atermoiement. Enchaîné à une vocation de porte-pancarte, parmi d'autres hommes-sandwichs, de l'indignation rendue indigente, de la miteuse indignation, trouée comme une passoire pissant, puis gouttant, de la sincérité de mes états d'âme !


Je dois m'y refuser. C'est une question... d'intégrité.

J'ai décidé, pour échapper à ce sort, que je serai un homme de situation, allégé de ses états d'âme. Je m'ajusterai, telle une horloge, « au jour le jour », et non plus à cette bombe à retardement qui ne cesse de remettre à plus tard son explosion, la victoire promise.


Mordre dans la vie, « profiter » du moment présent, finalement c'est tout ce qui compte, non ? Une respiration à la fois, un repas à la fois, chaque chose en son temps, une chose à la fois, parfois trois, de petites choses. Pourvu qu'elles s'inscrivent dans la jouissance de ce moment que je sais d'avance périssable. C'est d'autant plus motivant, il faut alors se hâter, pour profiter.


Je prendrai plaisir à accumuler. J'entasserai. Parfois rien. Alors un rien à la fois. Une chose est sûre, rien ne sera perdu.


Demain sera un autre jour. Tant pis si c'est le même, la répétition calmera mes défuntes angoisses. Ânonner est prophylactique. Je vaincrai mon eczéma. Demain sera un autre jour, puis les jours passeront, saupoudrés de leurs lots habituels d'actions... équivalentes.

J'additionnerai ainsi mes instants et mes choses comme, petit, j'additionnais mes billes. Ma vie sera donc simplifiée en un exercice comptable rassurant, salvateur. De cette manière, tout sera clair - grâce à l'invention de la comptabilité à partie double. D'un côté ce que j'ai, ce dont je profiterai, de l'autre... le reste qui ne m'est garanti par aucune promesse, mais cela je le sais. Il n'y aura pas de mauvaise surprise. Je dirai : « Plus rien ne m'étonne. »


Le risque de réveiller mes angoisses m'interdira toute projection. Je parle de cette plongée vertigineuse vers l'autre... empathie… c'est le mot qui m’est venu, et qui sonne comme une obscure… maladie.


Je me battrai donc pour saisir chaque “ moment ” possible, les moments qui me reviennent de droit. Nietzsche ne voyait-il pas l'éternité dans l'instant ? J'en ferai alors ma temporalité toute nouvelle, de la succession de ces moments. Pas de malentendu, je ne serai pas nietzschéen pour autant. Ma naïveté, je l’aurai déjà perdue en chemin.

J'en ferai mon existence. De là, j'irai m'empiffrer de la vie, en consommateur, en jouisseur, cannibalisant le quotidien, y compris celui des autres, jusqu'à l'indigestion, jusqu'à l'occlusion, s'il le faut.


Oui, j'aurai ma part de tranquillité d'esprit. Je m'autoriserai même à houspiller vertement la Pensée, en chantant à tue-tête :


« Je ne pense pas donc je vis ».


Et puis, finalement, penser relèvera de l'audace que je n'aurai plus, un voyage à destination des profondeurs de soi que je n'aurai pas, ou plus, le courage d'accomplir, sachant que l'effroi m'y attend.

Plutôt que de me glacer le sang, je vais rester au chaud, envelopper ma petite conscience dans du mohair, et ne plus me souvenir de mes rêves.

Au mieux, ce seront des rêves hachurés. Des rêves laminés, des pellicules ratées. Des rêves… Tiens :


Les yeux doux à une étoile, j'ai osé

Espérant sous mon charme tenue,

Qu'elle me confia d'apaisants secrets.

Démasquant ma ruse le soir venu,

Elle me claqua l'univers au nez.


Alors, les rêves…


Mais j'aurai, c'est sûr, une vie tranquille. Alors je reprends les choses en main. Mes feuilles. Vite :


Je pourrais me vouer au dé-penser. C’est facile ! Le voilà ! Je le tiens, enfin, mon sacerdoce. Rangé je serai, avec la constance, avec la stabilité de la ligne plate d'un électrocardiogramme et son bip obstiné.

Enfin ! Aspirer à la sérénité contemplative... La plénitude du porte-monnaie.


Finalement, ainsi préparé, je devrais être en mesure de neutraliser définitivement mon indignation avec une capacité toute nouvelle de mettre ma conscience en mode économique.


Et mieux, vraiment mieux, de la soustraire aux réquisitoires, aux invectives, que lui adressent les blessures vécues, les blessures d'autrui.

Ah ! Ils les garderont, dorénavant, leurs abîmes puisque, c'est décidé, je m'occuperai désormais de combler mon gouffre. Et c'est du boulot.


Je pourrai me reposer de haïr le monde de soupirs qui finissent par embuer mon quotidien... À défaut de pouvoir mettre mon indignation à l'abri de la banalité, de pouvoir en faire, autant que possible, un état d'exception. J’aurai pourtant essayé.


Eh oui ! Il faudra se lever tôt et être vraiment convaincant, scandaleusement parlant, pour mériter mes soupirs...


Pardon ? Un délirium catastrophiste, une vaine indignation, une de plus, dans l'air de mon temps, éructant mon contexte ? Détrompez-vous ! Je n'ai aucun goût pour les catastrophes. Je laisse cela aux prophètes. Oui j’ai lu, quelque part, que les prophètes avaient un goût particulier pour les catastrophes.


Est-il besoin de prophétiser la catastrophe quand elle est déjà là, sous nos yeux réfractaires, zappée au fil des repas, enjambée à chaque respiration, votée puis applaudie ?


Pour ainsi dire, chaque jour est scandaleux comme le confirme chaque nuit qui s'abat, chaque soleil qui ose se lever sur une piteuse vie ; et la catastrophe est que le scandale soit connu de tous. Que nous sachions.


Et nous recommencerons. Nous nous répéterons dans ce que nous avons de pire. Nous recommencerons au nom de toutes les lumières et de toutes les obscurités, de toutes les raisons et de toutes passions, brandies en suffisantes et sacrificielles convictions.


Puis nous écarquillerons les yeux, comme émergeant d'une mauvaise nuit pour nous étonner, une nouvelle fois, en toute bonne foi, de ce que nous sommes.


Car c'est ce que nous savons faire de mieux, feindre l'effroi au constat de ce que nous sommes.


En échos, sans cesse, chaque jour charrie sa vague de soupirs, nourrie de respirations sincères, afin qu’enflent et retombent les vents de l’indignation.


En fait de monstre, ce n’était que du vent…


Désormais, je garderai mes soupirs et, bientôt, en plus de mes nuits bien faites je pourrai m’offrir des siestes…


 
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   Anonyme   
23/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Beau texte grave et douloureux qui nous interpellent sur nos vies. Sans illusions aussi. Comment vivre le chaos du monde et s'en accommoder ? Qu'est-ce qu'un engagement ? Mettre sa conscience en mode économique (je cite), je cite encore , faut-il mériter ses soupirs ?... Bref un texte fort et foisonnant qui m'a touché parce qu'il parle du monde dans lequel nous vivons.

   jaimme   
4/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une réflexion menée sur plusieurs chemins et dans une seule direction. J'ai bien aimé. Car nous nous posons tous, je l'espère, cette question: nous nous indignons... et après. Hors l'action que reste-t-il de possible? L'action est tellement restreinte, tellement du domaine du... non-quotidien. Le quotidien est déjà tellement difficile à manager.
Mais j'aurais aimé une épistémologie. S'indigner. Oui, mais pourquoi. Pourquoi vouloir s'indigner? Car on se dit de gauche, car il faut s'indigner, ... car on a du cœur, car en fait on est content d'avoir échappé à cela, ou que l'on se console de ne pas être seul à souffrir.
La réflexion part du constat. Mais je pense qu'elle se serait enrichie de modes de réflexions préalablement mieux établis.

Le style est souvent bon. Parfois très bon.
Lire fut intéressant. C'est déjà énorme.

   colibam   
5/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Constat amer mais néanmoins réaliste d’une société de borgnes emmitouflée dans son confort.

« Nous recommencerons (…) puis nous écarquillerons les yeux, comme émergeant d'une mauvaise nuit pour nous étonner, une nouvelle fois, en toute bonne foi, de ce que nous sommes », avant de recommencer…

La souffrance des autres à peine entrevue par le prisme déformant des médias, entre le rot et la sieste digestive. La banalisation à outrance comme un spectacle offert en pâture à horaires réguliers et que l’on peut zapper sur demande.

« Mordre dans la vie, « profiter » du moment présent, finalement c'est tout ce qui compte, non ? »…

J’ai bien aimé le « dé-penser » qui mériterait d’être développé dans l’Oniropédia.

J’aime beaucoup la dernière phrase.

Un bon sujet de réflexion.

   Anonyme   
5/2/2010
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Un sujet sur l'ennui, la vacuité, la libération qui aurait pu être génial, et très intérressant.
Malheureusement, là, il tourne trop rapidement au bavardage, avec ce monologue qui ne divague même plus et qui lasse à la longue.
C'est dommage car la plume en elle même n'est pas mauvaise du tout, mais l'auteur reste tellement centré sur lui même qu'il en oublie, pour moi, le lecteur.

   Marite   
5/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
La présentation en succession (désordonnée???) de phrases-paragraphes m'a sérieusement dérangée pour la lecture.
Peut-être devrais-je dire cela m'a fatiguée et a empêché la concentration de s'installer. Il y a des idées intéressantes mais elles me donnent l'impression d'avoir été jetées en vrac pour le lecteur.
Est-ce vraiment la forme adéquate pour présenter de tels sujets?
Et faire une seconde lecture ... je ne suis pas certaine d'en avoir le courage? Désolée.
l

   shanne   
10/2/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
J'ai aimé un texte qui me parle de la conscience de voir le système humain qui nous révolte par moment, qui nous blesse au plus profond de nous même. C'est vrai, ne plus voir, ne plus entendre peut donner une paix intérieure ( heureux sont les imbéciles) C'est humain, nous avons tous envie de ne penser qu'à notre petit confort mais nous sommes vite rattrapés par les informations qui nous prennent les tripes un moment ou à un autre pourtant, il est nécessaire de se créer un petit coin de paradis sinon, c'est la dépression
Un texte bien écrit, une lecture agréable

   Anonyme   
10/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte avec des qualités auquel je ferai le grand reproche d'être vraiment trop autocentré. Une catégorie difficile à honorer et au final ce texte s'en tire avec les honneurs. Une quête, celle de la quiétude, et les moyens pour y parvenir.

Dans l'ensemble je dirais moyen plus, mais ça, cette chute, ça vaut de l'or :
"Désormais, je garderai mes soupirs et, bientôt, en plus de mes nuits bien faites je pourrai m’offrir des siestes…"

J'ai regardé la chute avec beaucoup de tendresse et d'amusement.

   Anonyme   
10/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Et pourquoi pas la mort aussi ...pour faire suite à la chute ..au moins là on est tranquille ! Je pousse simplement un peu le bouchon un peu plus loin ...Ne plus s'intéresser au monde qui nous entoure, se centrer que sur sa petite vie, est ce la solution ? Est ce vivre ?
Mais par ailleurs, et c'est bien posé au départ, regarder le monde à travers les médias qui nous montrent un monde déformé, centré sur le sensationnel et les catastrophes ! est ce vivre aussi ?
S'indigner pour s'indigner ne sert pas à grand chose ...
Dans ce texte, il y a une quête d'une position juste ! c'est vrai que faire que s'indigner devant la misère du monde cela ne sert pas grand chose cela fait mal et cela empêche de dormir !
Mais il y a aussi un désespoir que je ne suis pas et auquel j'ai du mal à adhérer ...Sans doute que des arguments concrets avec des exmples dans l'histoire auraient permis d'étayer...

   florilange   
13/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
L'idée de base m'intéresse, comme tout le monde, c'est normal. On s'est tous 1 jour posé la question : que pouvons-nous faire? À quoi sert notre indignation? etc.
Je n'aime pas beaucoup le traitement de cette nouvelle, pourtant assez bien rédigée. Je la trouve soporifique. Elle ne me retient pas.
Désolée,
Florilange.

   feexlin   
14/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Intéressant, et le titre est, il faut le souligner, très bien choisi.
Je ne sais pas ce qui m'interpelle le plus dans ce texte, son sujet, donc le fond, ou sa forme. Un peu les deux.

Quoiqu'il en soit l'idée est bien traitée, et le dénouement m'a fait sourire. En somme, j'ai passé un agréable moment à lire cette petite réflexion.

   Anonyme   
23/2/2010
 a aimé ce texte 
Pas
J'aurais bien lu cette nouvelle dans la salle d'attente d'un cabinet médical. C'est le traitement d'un sujet récurrent qui tourne vite à un monologue mal agencé en dépit de l'écriture bien prononcée.

   caillouq   
28/2/2010
 a aimé ce texte 
Pas
Problème grammatical dès la troisième phrase (« après avoir éteint » n'a pas le même sujet que « c'est décidé »), ça me demande toujours un effort de passer outre à ce genre de choses.
Continuons néanmoins.

Aime bien le « catastrophe humanitaire » signalé comme pléonasme.

Cinquième paragraphe: « dans l'arène qui déjà, scande rageusement etc ». Ce n'est pas un effet de style de couper le sujet du verbe par une virgule, c'est une faute. Deux virgules (en mettant « déjà » en incise), on peut. Une virgule, non. Ca me gêne. Pour les récalcitrants, très bon passage de M. Barbery à ce sujet dans « L'élégance du hérisson ». Me souviens plus de la page.
... du coup je reviens sur la première phrase du 4e paragraphe, dont la construction m'avait semblé obscure. Peut-être était-ce déjà la même faute ? (une virgule qui sépare, cette fois, le verbe du complément d'objet – ben oui, c'est une faute aussi) Ou le « une fois que j'aurai su », sans complément, suivi d'injonctions, fait-il référence à ce qui précède ? Je m'étais posé la question en lisant cette phrase, mais pas envie de sombrer dans le flyfucking.

...

Eh ben si, sombrons dans le flyfucking.

Le brusque changement de temps au « je fis volte-face » me surprend désagréablement. Peut-être sauter une ligne avant la phrase incriminée, histoire de marquer davantage la coupure avec ce qui précède, ferait-il mieux passer la pilule ...

...

Bon, je m'étais promis d'aller jusqu'au bout et de laisser un commentaire.

Sorry, mais le texte ne me convainc pas. OK, sur le fond, on comprend sa déroute, à celui (celle ? Peu probable) qui écrit. Qui ne s'est pas fait ce genre de réflexions ? Mais ça manque terriblement, à mon goût, de distance. Ca ressemble plus à un billet d'humeur qu'à une nouvelle. Et je n'ai rien contre les billets, mais j'aime bien qu'ils m'apprennent quelque chose, ou qu'ils aient un point de vue auquel je n'aurais pas pensé.
Tut mir leid, aber ...

   Anonyme   
2/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bien aimé le cynisme de cette nouvelle. Zapper d'un tremblement de terre à une inondation puis une famine et enfin une tempête est typique de notre époque. Faut-il supprimer pour autant la télévision ? Vous pouvez faire comme moi et vous en passer mais vous êtes rattrapé par les autres médias. Faut-il arrêter de se tenir au courant des cahots du monde pour autant et satisfaire ainsi à un égoïsme profondément enraciné et encouragé également ?

J'ai bien aimé la forme, cette suite de réflexions, du moins l'ai-je perçue comme telle, un peu décousues mais néanmoins cohérentes. Un peu comme le processus de pensée de la plupart d'entre nous (du moins je le suppose). Également la langue (les trois premières phrases ne m'ont gênées en aucune façon). Un style comme je les aime.

Quelques images (entre autres) méritent l'attention comme :
- le passeport exigé au pays du pathos (tiens ! j'aurai mis le s entre parenthèses).
- Comme pour entourer leur estomac de forteresses illusoires.
etc...

Ah ! le cynisme de la fin de cette phrase :
- L'instant de l'annonce synchrone d'une « catastrophe humanitaire » - tiens ! Un pléonasme.
qui résume à lui seul le caractère du personnage, comme s'il disait d'un être éviscéré : tiens ! il a vidé son sac.

Beaucoup de lucidité aussi : Un combat de plus, dans l'arène qui déjà, scande rageusement mes échecs.

Tout est dit sur notre mode de vie dans cette phrase :
il faut alors se hâter, pour profiter. Je prendrai plaisir à accumuler. J'entasserai. Parfois rien. Alors un rien à la foi.

Descartes disait : « je pense, donc je suis » et notre époque : « Je ne pense pas donc je vis ».

   Anonyme   
1/4/2010
 a aimé ce texte 
Pas
C'est bien écrit mais j'ai l'impression d'écouter une complainte sans solution comme si l'auteur tournait en rond. Je m'attendais à un revirement qui n'est pas encore venu. J'attends donc la suite...


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