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Anonyme
20/11/2015
a aimé ce texte
Passionnément ↑
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Bonjour,
Magnifique histoire d'une très grande qualité. On est à la place de cette jeune femme, on vit chaque instant avec elle, on ressent ce qu'elle ressent, on reste tétanisé comme elle par les appréhensions que lui inspirent ses maîtres qui, soudain, n'existent plus et l'effroi de cet inconnu qu'il faudra bien affronter à un moment ou un autre. Tout semble si authentique, vu par cette pauvre esclave moderne, qui va devoir quitter le cocon de sa cage pour l'espace terrible de la liberté, et cela bien malgré elle, et dans des conditions que l'on imagine effroyables. Le style est particulièrement bien approprié à ce type de récit, avec ses phrases courtes, sans lyrisme, sans excès de misérabilisme. On est vraiment dans l'âme de la jeune fille qui n'a vraiment rien connu d'autre que sa vie. Mille bravos à l'auteur. C'est une parfaite réussite. A vous relire avec ferveur. |
Perle-Hingaud
1/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Blitz,
Je dois tout d’abord saluer votre écriture, sa diversité et la maitrise du style. En effet, en espace lecture, je n’ai pas un instant imaginé que c’était l’auteur de Rohingyas que je lisais. Votre écriture se fond ici parfaitement avec ce qu’on imagine être les pensées, les formulations de cette femme. Au point que le premier paragraphe m’a paru lourd, maladroit. C’est le seul reproche que je fais à ce texte : il faut passer ce paragraphe pour y pénétrer. Sérieusement, lisez ces phrases à haute voix : elles ont toutes le même rythme, presque la même longueur, la même structure. Ensuite, ça coule de mieux en mieux et c’est extrêmement vivant, sensible. Un très grand récit. J’espère que vous me surprendrez encore souvent de cette façon… |
Pepito
1/12/2015
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Bonsoir Blitz,
Forme : très bonne écriture. Juste que le pavé d'un seul tenant, bonjour la digestion. Ne pas oublier les lecteurs sur ordi. "Quelque chose d’inattendu se passait." ben par rapport à un tremblement de terre, c'est sûr ! ;=) Fond : On parle de quoi là : traumatisme ou esclavagisme ? Les deux mon général... bon d'accord, mais bonjour la dilution. 3 jours pour se bouger, même après un tremblement de terre, cela me semble un poil long. Surtout quand on a retrouvé la capacité de raisonner à la fin du premier. Le fait d’être esclave ne veut pas dire que l'on soit neuneu... La description de la bonne/esclave m'a furieusement fait penser à "Une seconde mère", magnifique (et oh combien réaliste) film brésilien. Au fait, pour faire une nouvelle, il ne faut pas finir par une chute ? ;=) Merci pour la lecture. Pepito |
hersen
1/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup
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Nous sommes en 2010 et il y a encore des esclaves.
Ce tremblement de terre va forcer cette femme, qui n'a eu d'autre vie, à se prendre en main alors qu'elle ne faisait rien sans en avoir l'ordre. C'est cela qui me frappe le plus, la façon qu'a l'auteur de décrire la non-personne que devient quelqu'un qui vit en réclusion au sein d'une famille. le texte est très fort car il ne s'attarde pas sur des considérations humanistes. Le fait de nous décrire le désarroi de cette femme est plus parlant que tous les rapports sur le sujet. Merci Blitz. |
Mauron
2/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Très beau texte sur l'apprentissage de la solitude. Un désastre et tout devient autre. Et on peut enfin devenir libre, accéder à cette liberté qui faisait peur. Un tremblement de terre, au fond. Ironie du sort. La maison a englouti ses propriétaires, et heureusement la servante avait mangé avant... Mais ce sont les hasards qui "font bien "les choses. Le texte montre très puissamment ce passage de la mort à la vie, ou du moins, ce passage de la "non-vie" de la servitude, à la vie... Quoique... Il n'est pas dit que ce Justin ne devienne pas à son tour un maître?... La servitude c'est d'abord dans la tête, et il est possible que Marie-Angèle ait encore et toujours besoin de murs, quels qu'ils soient.
La façon de narrer est à la fois sobre et efficace. Cette maison réduite en un instant en un "tas" a quelque chose de dérisoire et de terrible à la fois. |
carbona
2/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Blitz,
Ce que j'aime avec vos textes c'est que je n'ai pas besoin d'avoir envie de lire pour les lire. Ils se laissent lire tout seuls et ça c'est formidable ! Je ne m'ennuie pas, dès la première ligne je suis happée et pourtant il ne se passe pas grand chose (au niveau des faits) dans ce récit et on n'a pas non plus un étalage de sentiments exorbitant. C'est là votre secret je crois : la qualité d'écriture. C'est fluide, ça s'imbrique, les mots créent une histoire ! Il y a une simplicité et une précision dans la description de la scène que quand bien-même on voudrait s'en désintéresser, on n'y arriverait pas. Vous avez choisi de donner un ton simple à vos mots, dans la peau de la narratrice. Mon bémol concernerait cet aspect. J'ai trouvé qu'il y avait parfois trop de répétitions (de vocabulaire, de elle) et un lexique parfois trop simple. J'ai également tiqué sur le "Oui, il y avait une mauvaise odeur" < inutile de le redire pour moi. Mais malgré cela, l'ensemble reste très agréable. Merci beaucoup pour cette lecture ! |
Louis
3/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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L’image par laquelle débute le texte me semble très pertinente et très significative : « Elle lâcha enfin le poteau de bois qu’elle agrippait depuis plus de vingt-quatre heures. » Le personnage central de cette nouvelle, Marie-Angèle, jeune fille esclave, a besoin d’un tuteur pour se tenir dans la vie, et quand ses maîtres-tuteurs subitement disparaissent, elle s’appuie au poteau de bois, tuteur de substitution.
Ses maîtres n’étaient pas des tuteurs qui remplissaient des fonctions éducative et pédagogique, « elle ne savait pas très bien compter », reconnaît-elle, par exemple. Ses tuteurs ne l’ont pas "élevée", mais rompue à leur service, dans un état de soumission et d’obéissance. Le poteau-tuteur auquel elle s’est accrochée lui a sauvé la vie, quand la « vague de terre » s’est abattue sur la demeure : « Elle avait agrippé le poteau du fil à linge, comme si c’était une bouée ». Le tuteur de substitution, comme ses maîtres et tuteurs, ont assuré sa survie, rien de plus. Désormais, la jeune fille devra assurer elle-même sa survie, et si possible sa vie. Le rapport ancien, le rapport du maître à l’esclave tout à coup s’est écroulé ; l’ordre des choses, celui qu’elle a toujours connu, s’est effondré. Le passé s’est refermé comme la maison réduite à un amas de gravats : « Elle aurait eu du mal à rentrer dans la maison… Il n’y avait plus d’ouverture. Il y avait juste un tas de fatras » Si le retour à l’ordre d’asservissement du passé est impossible, aucun avenir ne s’est ouvert pour la jeune serve. Il ne reste qu’un présent de désarroi et d’épouvante. Elle ne sait plus à quoi se tenir, plus à quoi s’en tenir. Elle ne pourra plus rester contre cet autre tuteur qu’elle a trouvé, un « morceau de mur. », le « seul endroit qui tenait droit et retenait le tas de gravats qui s’empilaient derrière.» L’odeur écœurante du passé, l’odeur de mort des cadavres, est devenue insupportable. Marie-Angèle ne se réjouit pas de la disparition de ses maîtres. Elle ne s’exclame pas : « Enfin libre ! ». Cette idée de liberté lui est inconnue, elle ne lui vient à aucun moment à l’esprit ; Marie-Angèle ne semble pas même connaître le mot. La liberté prend la figure étrange de ce jeune garçon qui vient l’épier, Justin, « l’enfant des rues ». Et ce garçon lui inspire avant tout la peur, il lui apparaît comme un « pilleur », conformément au classement des individus enseigné par ses maîtres, un rebelle qui refuse de se soumettre, un être inférieur « même pas bon à travailler chez un patron » ; il lui apparaît comme la menace d’une agression. Elle prend aussi la figure d’une solitude. Ainsi, la liberté ne la réjouit pas, elle lui fait peur. Il va lui falloir décider par elle-même, agir et penser par elle-même ; il va lui falloir être elle-même, alors qu’elle n’avait appris jusqu’à présent qu’à obéir. Il va falloir lui apprendre à se passer de tuteurs. La liberté n’est pas donnée, elle se gagne, elle est une conquête, une difficile conquête. La jeune fille devra la conquérir elle-même, à la faveur d’une catastrophe naturelle. Nul ne l’a libérée de ses chaînes. Qu’importe la liberté, pensera-t-on, il faut d’abord survivre. Ne pas mourir de faim. Mais la survie de la jeune esclave va dépendre d’une libre décision : ou bien elle suivra Justin, ou bien elle restera sur la terre dévastée de ses maîtres à mourir de faim, à suffoquer sous l’odeur nauséabonde, ou être emportée par une nouvelle réplique de la secousse sismique. L’instinct de survie la pousse vers Justin, qui de plus est en mesure de la nourrir ; une autre force la retient sur ce lieu où elle a toujours vécue, ainsi que la peur de l’inconnu. Elle se trouve donc face à un dilemme où la place sa situation nouvelle de liberté. Une liberté de choix lui est dévolue, qu’elle n’a pas voulue, par laquelle elle a à choisir entre la mort d’une part, la survie et la liberté d’indépendance d’autre part. Elle choisit la vie du côté de Justin. La dernière image est belle : elle attend « debout », sans tuteur ; elle s’est levée, elle a choisi la liberté. Merci pour ce texte qui montre très bien les tourments de cette jeune fille esclave face à la situation nouvelle, inattendue et bouleversante qu’elle doit affronter, et comment elle en arrive à choisir librement la vie et la liberté. |
Vincendix
3/12/2015
a aimé ce texte
Bien ↑
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Malheureusement, l’esclavage existe encore, et pas seulement à Haïti avec les « restavecs ». (Je crois que c’est plutôt un C qu’un K , c’est parlant).
Un récit poignant et qui dénonce cette pratique infâme, seulement, je pense qu’il comporte quelques invraisemblances. Lors du tremblement de terre, les secours sont intervenus rapidement dans les quartiers d’un certain standing, déjà pour éviter les pillages mais aussi en raison de la configuration des lieux, plus facilement accessibles que les bidonvilles comme celui de la Ravine Pintade, et puis priorité aux « riches », c’est bien connu. Autrement, le sort de la jeune femme est bien décrit et sa crainte de se retrouver avec d’autres personnes est plausible. Je regrette certains passages qui en "rajoutent" un peu avec la répétition de "madame" et autres marques de déférence en pratique au 19ème siècle. |
nemson
3/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup
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En voyant le sujet je me suis dis: ça y est on va pleurer dans les chaumières...Non, pas de misérabilisme, juste le malheur comme décor et on en fait ce qu'on veut, pleurer ou pas mais personne nous tends un mouchoir, première bonne surprise. Ecriture très maîtrisée fluidité rythme ect.. Rien a dire. Je regretterais peut être une certaine froideur, un ton un peu documentariste, fin bref ça manque un peu de poésie mais bon ne chipotons point.
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Anonyme
3/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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C'est ici une écriture parfaite qui nous emmène au cœur d’un sujet original sans tergiverser.
Ce que j’aime en lisant, c’est de frotter mes certitudes à d’autres réalités, pour élargir à l’infini les points de vues possibles. Et comme votre construction de texte est efficace, je me retrouve vite à la place de Marie-Angèle. Là où je pensais embrasser la liberté toute neuve qui s’offrait à moi, sautant au cou d’un Justin providentiel, c’est votre talent d’auteur sachant finement décortiquer les méandres psychologiques, qui m’a entraînée vers d’autres rivages. Vivre libre n’est pas juste une happy end, c’est aussi une affaire de chair et de sang. Comme vous l’avez compris, j’ai aimé vous lire. Merci Blitz. |
Coline-Dé
3/12/2015
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Bien aimé cette écriture rigoureuse qui tient le pathos à bonne distance. Sur un sujet assez casse-gueule parce qu'inclinant trop facilement au préchi précha, vous avez gardé au récit une certaine froideur sans pour autant tomber dans l'insensibilité. Le personnage de Marie Angèle est très bien campé, avec une psychologie très juste ( le réflexe de défendre un bien qui appartenait à ses maîtres, le poteau auquel on se cramponne quand le monde connu s'est écroulé)
De nombreux détails donnent un accent de vérité ( le dentifrice par exemple). Je regrette juste un petit manque de poésie ( rien d'exotique, juste une certaine façon de faire frotter les mots...) mais c'est un goût personnel qui ne remet pas en cause votre talent ! |
Anonyme
17/12/2015
a aimé ce texte
Bien ↑
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Histoire très touchante qui met vraiment finement en scène comment il est dur de se couper du lien qui attache les humains à leurs maîtres.
Le texte est fluide, les informations son amenées clairement, on ne doit pas s'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre l'histoire. Le style des phrases est parfois très bon avec un vocabulaire riche, (exemple du mot remugle que je crois n'avoir jamais rencontré avant, bravo pour la trouvaille) d'autres, j'ai eu l'impression de phrases très légèrement plus pauvres. Mais c'est excellent dans l'ensemble. |
Walid
20/12/2015
a aimé ce texte
Passionnément ↑
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Je n'ai pas seulement aimé la nouvelle mais je l'ai adoré.
La lecture est fluide notamment grâce à l'utilisation de mot simple ce qui rend la lecture disponible à tous du plus jeune au plus vieux. L'effet de chute à la fin et l’amélioration de la relation entre deux personnage qui n'ont fait que s'éviter rend le texte magistral. |
Epitete
21/1/2016
a aimé ce texte
Passionnément
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Le seul "point faible" que je pourrais donner à ce texte, c'est le début. Le premier paragraphe m'a semblé long, je me suis dit que j'allais m'ennuyer.
Mais après, je suis rentrée dans l'histoire et je suis impressionnée. D'abord, vous avez une plume remarquable ! Ensuite, on a l'impression d'être avec elle, d'être dans sa tête, on comprend la solitude, la peur, l'incompréhension, la nostalgie, la méfiance. Et tout a l'air tellement réaliste. Vraiment, j'ai adoré. |