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Fantastique/Merveilleux
boutros : Propos d'un immortel [Sélection GL]
 Publié le 31/08/17  -  19 commentaires  -  7495 caractères  -  127 lectures    Autres textes du même auteur

Il y a parfois des gens qui disparaissent. Les messages restent sans réponse et les lettres qu’on leur écrit reviennent à l’expéditeur munies d’une indication apposée au tampon sur l’enveloppe : « Parti sans laisser d’adresse ». Que sont-ils devenus ?


Propos d'un immortel [Sélection GL]


Dans ce café d’altitude sombre et enfumé, un homme entre deux âges, gris des pieds à la tête, a bien voulu me permettre de m’asseoir à sa table. La vitre, minuscule au fond du mur épais, laisse voir sur les pentes du pic Chaussy les dernières plaques de neige, devenues brunes et rousses car le printemps s’éternise. Fichu temps : les nuages descendent, on va se retrouver dans le brouillard. J’essaie de dessiner dans mon carnet le paysage visible par l’étroite fenêtre encombrée de toiles d’araignées.


Mon voisin de table sirote des décis de vin blanc en marmonnant :


– Il y a parfois des gens qui disparaissent. Les lettres qu’on leur écrit reviennent à l’expéditeur munies d’une indication apposée au tampon sur l’enveloppe : « Parti sans laisser d’adresse ». Et savez-vous pourquoi tel gaillard dont je vous parle est parti sans laisser d’adresse ? Parce qu’on commençait à s’apercevoir, dans son entourage, qu’il ne vieillissait pas, hé hé ! Un tel personnage qu’on a toujours vu dans le quartier, un homme discret, « sans âge » comme on dit, ça finit par intriguer. On s’est vu soi-même vieillir, rider, grisonner, voûter, pendant que lui, il n’a pas changé d’un poil. Depuis qu’on le connaît il a toujours été un peu ridé, légèrement grisonnant, pas très alerte, mais toujours le même depuis trente, quarante ans, peut-être plus, on ne sait plus. Nos parents l’ont connu pareil. Nos grands-parents aussi, qui sait ? On aurait aimé leur demander.

Il est peu causant, dit-on de ce personnage. Le peu qu’il dit sonne toujours un peu vieillot. Il emploie des expressions d’autrefois, il dit « sensationnel » au lieu de « trop cool » comme tout le monde – quelquefois même des mots quasiment disparus, comme « tarabusté », au point que personne n’y pige que pouic.

– N’y pige que pouic ? Là c’est moi qui n’y comprends rien, si vous permettez, dis-je en levant le nez de mon dessin.

– N’y comprend rien, c’est cela, me répond l’homme en hochant sa tête grise sans particularité. N’y pige que pouic signifie n’y comprend rien.


Il avale une infime gorgée de blanc, semble m’oublier un moment. Je continue à crayonner, en cherchant à rendre la nuance rousse particulière de la neige recouverte de poussières amenées par les vents du Sahara. Et puis la voix de l’homme reprend :


– Si on a de la chance, on peut surprendre l’homme sans âge en train de chantonner dans une langue étrangère. Parfois il s’exprime même dans une langue morte, en sanscrit, en mycénien, en dialecte de l’île de Pâques. Très riche, très coloré, le parler de l’île de Pâques, magnifique pour chanter !

On ne lui connaît pas de famille, pas d’ami. De temps à autre il prend un petit boulot, toujours des emplois subalternes. On le croise sur les quais, à la bibliothèque, aux bains publics. D’humeur toujours aimable, rêveuse, il salue distraitement, on ne se rappelle jamais son nom. Et un jour, il disparaît.

Alors, très vite, on l’oublie tout à fait. C’est important pour lui d’être oublié. Vital.

– Permettez-moi une question, dis-je. Si vous pensez que l’homme dont vous parlez tient à rester si discret, pourquoi me racontez-vous son histoire ? Est-ce que ça ne risquerait pas de le faire repérer ?

– Le vin, mon cher monsieur. Votre petit vin d’Yvorne est si fruité, si pétillant que j’en abuse et ça me délie la langue. Ah quel bien ça fait de laisser un peu sa langue vagabonder !


Je tente de rajouter l’homme sur mon dessin. Difficile de rendre reconnaissable quelqu’un qui a si peu de caractéristique… Un chapeau à bords mous en toile grise, peut-être australien. Et par là-dessous des yeux profondément enfoncés, peut-être gris-bleu tendant vers le vert. Un visage rendu flou par les poils fins d’une légère barbe poivre et sel, tout le corps rendu flou par des vêtements trop larges aux couleurs pastel passées. Le tout si flou que mes traits de crayon peinent à se marquer sur mon carnet, comme si le papier en était devenu gras.


Mon sujet de portrait continue à siroter et marmonner :


– Un beau jour, le genre de personne dont je vous parle disparaît et ne laisse aucune trace, ni sur Terre ni dans les mémoires. Et savez-vous où il va, l’étrange gaillard, quand il disparaît ? Oh pas loin, pas loin du tout ! Et ce qu’il va faire ? Exactement la même chose ! Il va refaire sa vie ailleurs, juste un peu plus loin où personne ne risque de le reconnaître. Mais il est si insignifiant d’aspect que même ses anciens voisins de palier ne le reconnaîtraient pas.

Notre gaillard continue sa vie douce et parfaite, exactement comme avant, comme toujours. Sa vie d’ombre qui ne laisse pas de trace. Et c’est parce qu’il ne laisse pas de trace, justement, qu’il est, vous avez deviné, immortel. C’est un antique choix : les traces ou la vie. Il avait d’abord, il y a bien des générations, renoncé à laisser le moindre souvenir, la moindre œuvre, le moindre effet sur la Terre ou dans les mémoires. Il renonçait à la trace et, du coup, échappait à la peur de l’oubli et à la crainte du temps. Ensuite il s’apercevait que le temps n’existe que si on y pense. Comme il n’y pensait plus, mais alors plus du tout, le temps n’avait plus prise, notre homme échappait au temps. Vous me suivez ?

– À peu près, dis-je pour être conciliant pendant que je m’efforce de fixer le portrait de ce phénomène sur mon carnet devenu glissant comme une patinoire.


Mes traits de crayon se ramassent en gouttelettes qui s’évaporent immédiatement, c’est agaçant. L’homme ne semble pas s’émouvoir de mes efforts. Il commande d’un geste à la serveuse encore trois décis, attend sans bouger que la souriante blonde apporte le pichet et remplisse son verre. Le café vrombit des causeries des randonneurs réfugiés ici en attendant une éclaircie et des cantonniers à la pause. Je dois être le seul à remarquer que l’homme à ma table parle, car ses paroles me parviennent sans que sa bouche ne remue :


– Quel âge a-t-il, notre gaillard sans âge ? Coincé entre deux âges, voilà tout ce qu’on peut dire. On ne sait pas depuis combien de temps il continue comme ça, car il a déménagé tous les trente ou quarante ans pour fuir les soupçons. Il est farouche, il se méfie ! Il a gardé, de sa période moyenâgeuse, la crainte de la chasse aux magiciens, et peut-être bien qu’il a raison, par les temps qui courent. Imaginez que des chercheurs en médecine s’aperçoivent qu’il vit sur une horloge anormale, dans un temps long qui dépasse les limites de l’organisme humain. Imaginez que les chercheurs lui mettent la main dessus et décident de rechercher l’anomalie jusqu’à ce qu’ils la trouvent. Oh là là ! je ne donne pas cher de son immortalité !

Les immortels sont bien déguisés parmi les mortels, vous pouvez toujours courir pour en trouver un. Non, ne courez pas, je vous le dis bien net, restez assis pendant que je m’en vais. C’est une expérience passionnante d’échapper au temps, essayez, essayez de passer par la grotte ! Ne prenez rien avec vous, pas de linge, pas de distraction, pas même à manger et au bout de trois jours, la faim disparaît.

Maintenant excusez-moi. Je m’en vais. N’essayez jamais de suivre un immortel, contentez-vous de l’écouter, d’en faire votre ami le temps d’une verrée. Je pars et, qui sait, je ne vous dis non pas adieu mais au revoir.


L’homme se lève et sort dans la neige et le brouillard. Je contemple mon dessin : la fenêtre, les plaques de neige sale sur les pentes du Chaussy, l’intérieur du bistro. Mais sur la feuille comme dans le brouillard, l’homme a disparu.


 
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   Donaldo75   
5/8/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
(Lu et commenté en EL)

Bonjour,

Ce texte est fascinant, comme l'homme gris pour le narrateur qui essaie vainement de le dessiner. L'histoire de l'immortel, à première vue des considérations banales propres à la philosophie de comptoir, prend rapidement de l'ampleur. Un instant, j'ai eu peur qu'elle ne tourne en rond mais mon esprit critique a été détourné par le narrateur, avec sa vaine tentative de fixer son interlocuteur sur le dessin, le tout dans un style envoutant.

On est bien dans le fantastique, que ce soit avec ce narrateur et son bout de papier, ou avec l'interlocuteur et son histoire d'immortel.

Bravo !

Merci pour la lecture.

   Anonyme   
1/9/2017
Je me suis laissé embarquer par votre histoire.
Elle est suffisamment multiforme pour que lecteur puisse l'investir de ses propres pensées cependant qu'il n'est pas perdu par trop de flou. Un bon équilibre, en somme, entre le mystère et une réalité palpable.

Je n'ai été interrompu dans ma lecture qu'à un seul endroit :
"Il va refaire sa vie ailleurs, juste un peu plus loin où personne ne risque de le reconnaître. Mais il est si insignifiant d’aspect que même ses anciens voisins de palier ne le reconnaîtraient pas."
La deuxième phrase entre en contradiction avec la première, mais aussi avec les propos du début : "Parce qu'on commençait à s'apercevoir, dans son entourage, qu'il ne vieillissait pas, hé hé! Un tel personnage qu'on a toujours vu dans le quartier, un homme discret, « sans âge » comme on dit, ça finit par intriguer."

Rien de dramatique cependant et cela ne m'a pas empêché d'apprécier votre récit rendu par une écriture tout à fait plaisante.

Ah, j'oubliais... j'ai bien apprécié le passage sur les expressions d'aujourd'hui et d'autrefois.

Stony

   Tadiou   
12/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
(Lu et commenté en EL)

Beau et étrange moment de poésie, dans le brouillard au propre comme au figuré, où l’homme (mais existe-t-il ?) parle de lui-même en décrivant un homme-phénomène.

Etrangeté de ces multitudes de langages parlés, chantonnés par l’homme. Expressions surannées.

Digressions (pseudo ?) philosophiques : laisser une trace ou non ? Pas de trace = immortalité… Se faire oublier = immortalité. Les traces ou la vie..

C’est un bon moment dans l’entre-deux entre réalité et rêve (c’est un rêve du narrateur assoupi à sa table ?), entre présent et passé, entre présent et futur. Avec un dessin fantomatique qui disparaît en partie. On a l’impression que seuls les décis de vin blanc et le sourire de la blonde et charmante serveuse sont réels… Notre narrateur devient aussi flou et gris que l’homme..

Ce mot « flou » apparaît plusieurs fois, avec le gris..

J’ai bien aimé me plonger dans ce flou à connotation métaphysique, un flou délicat et délicieux, entouré par de doux et flous paysages décrits de façon délicate.

Une espèce de parfum d’éternité flotte, un autre monde…. Donc : merci pour tout et continuez !!

Tadiou

   Louison   
31/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
J'ai pris plaisir à lire votre texte. J'aime l'idée du dessin qui s'évapore, et cet homme immortel, discret, qui éprouve tout de même le besoin de s'épancher.
Est-ce un rêve ou la réalité, nul ne sait, mais quelle poésie.

Merci beaucoup, au plaisir de vous lire.

   Jean-Claude   
31/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Boutros.

Du pur fantastique, et du bon. La fin est excellente.

Je n'ai pas mis "passionnément" parce qu' il m'a manqué quelque chose d'indéfinissable, ou presque, au début, à l'entame du discours, au premier échange. Désolé de ne pas être plus précis.

Peut-être ai-je été gêné, entre autre, par cette phrase : "Mon voisin de table sirote des décis de vin blanc en marmonnant :"

Je constate en tout cas qu'il me reste 30 à 40 ans avant de disparaître d'Oniris.

Au plaisir de vous relire.

   Anonyme   
31/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Lu d'une traite ! Un beau texte dans un registre que je n'aime pas particulièrement — disons qu'il est si rare d'en trouver de bons — mais là je suis conquis.
Mon seul reproche — infinitésimal — concerne l'emploi de "période moyenâgeuse" pour désigner un moment de la vie de cet homme étrange. Dans le cas présent c'est "période médiévale" qui convient le mieux et non "moyenâgeuse" qui évoque plus justement un jugement de valeur ce qui me semble-t-il n'était pas votre intention dans ce texte.

   Anonyme   
31/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je ne saurai pas dire pour quelle raison, dès les premières phrases et surtout la reprise de l'exergue par " l'homme entre deux âges ", ce texte m'a attiré.

Une atmosphère paisible, à peine insolite, cet homme dont on comprend qu'il parle de lui et puis une chute inattendue qui vient clore cette nouvelle qui n'usurpe point le genre.

J'ai beaucoup aimé cette lecture.

   Cristale   
1/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Une histoire étonnant, pleine de poésie, une écriture claire et fluide que j'ai lue sans respirer, ou presque mais ce que j'ai lu n'est pas l'histoire d'un homme immortel qui apparaît et disparaît comme ça.

Mon impression est que l'homme est "le temps", l'esprit du temps que nous avons tous en nous, qui nous accompagne à chaque instant. Le temps aussi est immortel et nous apparaît lorsque nous y pensons seulement.

Nous en prenons conscience souvent, nous l'oublions souvent aussi, le temps d'hier, du présent, et ce temps qui nous sera donné à la mort dont nous oublions la réalité dans nos vies passées à courir...après le temps.

Quoi qu'il en soit, ma lecture a été agréable, vos personnages sympathiques, mon imagination a fait le reste.

Bravo et merci boutros,

Cristale
parfois hors du temps

   Acratopege   
1/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Jolie, cette petite nouvelle. Et plus profonde qu'il n'y paraît. Chez les bouddhistes, m'a-t-on dit, une vie idéale est une vie qui ne laisse pas de traces. Le contraire de notre ardeur à en laisser partout pour n'être pas oubliés. Magnifique idée de joindre transparence et immortalité. Notre orgueil devrait en prendre de la graine.
J'ai bien aimé le climat de la nouvelle. L'atmosphère d'un bistrot de montagne est bien rendue, et on voit presque le paysage alentour alors qu'il est à peine évoqué. Pas un mot plus haut que l'autre, une rencontre paisible avec un fantastique qui sonne comme du quotidien. A savourer même quand on n'apprécie pas trop le blanc. Bravo l'ami.

   plumette   
2/9/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Boutros
Ça alors! J'étais persuadée d'avoir laissé un commentaire sous cette nouvelle qui m'a enchantée.
C'est une nouvelle qui a beaucoup de charme, elle m'a transportée dans un entre deux très agréable, elle m'est restée en tête un bon moment
J'ai aimé particulièrement le rapprochement entre traces, absence de traces et immortalité.
Je suis bien curieuse de savoir comment vous est venu ce personnage et cette idée de nous faire partager cette histoire gentiment allumée.
Un immortel qui sirote du vin blanc dans une auberge de montagne. J'aimerais bien le rencontrer.

Plumette

   Pistache   
3/9/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Un ennui compensé par un style maitrisé, mais précieux par moments....Désolé, je n'ai pas adhéré. L'usage de la 3éme personne du singulier aurait pu donner davantage de relief. Le "il" aurait pu donner de la singularité à ce récit.
Dommage car à l'évidence Boutros a du talent et réfléchit à son texte. Mais il se regarde peut-être un peu trop écrire sur cette dernière nouvelle.

   vb   
4/9/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour Boutros,
Je suis venu à cette nouvelle parce qu'elle avait quatre plumes et je n'ai pas compris pourquoi elle en avait autant.
Ce texte ne m'a pas amusé, ne m'a pas ému, ne m'a rien appris. Oui, le narrateur a rencontré un immortel. Et alors? Qu'est-ce que ca m'apprend. Sysiphe et Dracula sont aussi immortels ; les récits qui en parlent m'apportent cependant quelque chose. Celui-ci rien du tout.
À bientôt,
Vb

   hersen   
5/9/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
je pense que la seule question tourne autour du dessin qui ne se fixe pas, qui s'évapore. D'où fantastique merveilleux; j'aime pas mal cette idée-là.

Mais sinon, ces fameux immortels, qu'en savons-nous, qu'en apprenons-nous ? rien d'autre que vus du bout de la lorgnette qui nous montre leur côté "matériel", justement;

Bref, rien sur l'immortalité, le mystère n'est pas éclairci.

Je me sens un peu en suspens, dans cette histoire, et, il faut bien l'avouer, un peu flouée.

même si l'écriture est impeccable, cela ne fait pas tout pour m'accrocher.

   placebo   
6/9/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le commentaire de Jean-Claude m'a fait relever les "décis", expression suisse qui me permet de coller avec le décor, ce café d'altitude. Si on ajoute le pseudo de l'auteur, on obtient donc un texte helvético-arabo-fantastique qui me met dans les meilleures dispositions :)

L'immortel parle, le narrateur dessine. Il n'en faut pas plus. Les dialogues coulent, moins aimé les descriptions que j'ai même survolées alors que le texte est court. J'aime bien la dernière "porte ouverte" du texte, avec ce "essayez de passer par la grotte". Aucune idée de la référence, ça m'évoque au plus la caverne de Platon.

J'aurais voulu plus mais je ne sais pas quoi, alors je suppose que le texte est bien comme il est.
Bonne continuation,
placebo

   Damy   
7/9/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Assez déçu: la surprise n'y est pas; on découvre trop vite (dès la description physique de "l'homme entre deux âges") de qui il s'agit en parlant d'"immortel".
La narration reste descriptive et ne m'a entraîné que trop peu vers une réflexion philosophique sur l'immortalité ou la fuite du temps. Je n'y ai vu non plus aucun humour.
Bref, je suis désolé... la seule chose qui m'ait intéressé est que la neige soit roussie par le sable du Sahara, mais c'est sans lien avec le sujet (me semble-t-il).
Mais ne prenez pas mal mon commentaire: je suis peut-être passé à côté de quelque chose d'essentiel (ce qui ne m'étonnerait pas: je pige souvent que pouic - que couic, comme on dit chez moi).
Désolé.

   in-flight   
25/9/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,

L’insaisissable immortel ne peut être griffonner sur papier. Au delà de cette chute assez convenue, le titre de la nouvelle en dit trop: "Propos d'un immortel"
--> Ok, donc dialogue ou monologue.
--> Il n'y a que deux protagonistes,
--> L'immortel n'est pas celui qui dessine.

En plus vous ajoutez des indices histoire d'être sûr de gâcher l'effet souhaité. Bon...

Sur le fond, effectivement aucune réflexion sur l'immortalité, c'est votre choix mais avec un tel sujet, il y a matière à proposer quelque chose de plus costaud autour de ce sirotage de vin blanc.

Un texte trop léger (presqu'en forme de devinette) sur un sujet passionnant. Sans doute n'ai-je pas compris vos intentions réelles ?

   Ombhre   
1/11/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Sur un thème déjà largement traité, un texte léger. Trop peut-être, qui reste à mon sens à la surface des choses. Peut-être était-ce voulu, un texte rapide qui passe sans laisser de traces pour un immortel qui en fait de même...
L'idée des gens qui disparaissent sans laisser de traces était intéressante et m'a donné envie de lire votre nouvelle, mais j'avoue avoir été déçu..
J'ai bien aimé la fin, mais l'ensemble m'a laissé sur ma faim.

Bien à vous.
Ombhre

   moschen   
28/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Plus encore que l'idée d'immortalité, qui ne me passionne pas tant que cela, c'est cette idée de ne pas laisser de traces qui me plaît.

D'ailleurs l'immortel cherche à épater son voisin au sujet de son immortalité, mais il ne semble pas y parvenir. Une vie de fuite perpétuelle dans quel but ? Cela ne semble pas vraiment excitant.

Ne pas laisser de traces, cela peut avoir le sens de ne pas dénaturer ce qu'on a reçu en héritage. Pour vous, ce sont un peu les souvenirs que l'on en conserve qui s'estompent, comme les traces sur un dessin.

Ce texte appelle d'autres questions : comment se reproduisent ils? Comment est apparu le premier d'entre eux?

Et puis cette histoire de grotte...

   Anonyme   
21/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Fascinante nouvelle à cheval entre le fantastique et la philosophie (bouddhiste peut-être, avec le thème de la renonciation). Le style est subtil, le déroulement de l'action laissant une place grandissante à la spéculation sur l'existence. Une vraie question est posée: alors que tout le monde cherche à laisser des traces, est-ce bien ainsi que l'on atteint l'immortalité? L'auteur y répond par la négative: il n'y a pas de convergence entre traces et immortalité, mais opposition ("les traces ou la vie"). Cette variante de "la bourse ou la vie" suggère la vanité narcissique des traces, et par analogie, du matérialisme. Cet "homme entre deux âges" me rappelle aussi la chanson "Voyage au Moyen-Age" de Maxime Le Forestier (1979), avec un personnage venant d'un autre temps, insaisissable mais qui, contrairement à la chanson, ne se fait pas prendre et enfermer dans un asile. Ici c'est le bistro de montagne qui figure la rationalité (le café qui "vrombit des causeries des randonneurs réfugiés ici en attendant une éclaircie et des cantonniers à la pause"), celle de tout un monde qui ne voit pas ce que le narrateur perçoit. Lui voit la neige rousse, il est donc sensible aux variations et aux nuances qui échappent à ceux pour qui les choses sont dichotomiques (randonnée/refuge; travail/pause). Mais à la fin, cette "neige sale" est, avec la fenêtre et l'intérieur du bistro tout ce qui reste de la "réalité". Le désenchantement a gagné... Et la vision du narrateur, cet être plus sensible que les autres, pourrait bien être qualifiée d'hallucination et lui valoir un traitement spécial... A n'en pas douter, Boutros réenchante le monde et il le fait très bien. On en a besoin!

Elrouilleto


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