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Réalisme/Historique
Charivari : Question d'urgence
 Publié le 21/10/12  -  13 commentaires  -  27548 caractères  -  145 lectures    Autres textes du même auteur

Dédié à L.H.C., standardiste aux urgences médicales de H. Merci pour ses informations précieuses sur le fonctionnement du service, et pour son humanité.


Question d'urgence


8 heures 12. Anne-Marie est en retard, c’est la troisième fois cette semaine et sa chef de service ne manquera pas de le lui faire remarquer en relevant les données de la pointeuse, à la fin du mois. Elle n’a dormi que quatre heures et la journée s’annonce interminable ; elle s’en veut d’être restée si longtemps derrière son écran, hier soir, à chatter avec un inconnu. Amélie, la collègue qu’elle doit relayer, l’attend de pied ferme dans le hall d’entrée.


– Dis-donc, c’est pas trop tôt ! Tu charries, quand même, je me suis tapée toute la nuit de garde, et je ne vais même pas pouvoir prendre ma douche avant d’amener les gosses à l’école.


Le téléphone se met à sonner dans le bureau, pas le temps de bafouiller la moindre excuse.


– Pour toi, ma grande, souffle Amélie sur un ton ironique, et Anne-Marie se précipite vers le standard.


Elle ajuste en vitesse son casque et son micro, vérifie son écran, soupire profondément et décroche juste après la troisième sonnerie :


– Bonjour, vous avez appelé le SAMU. Anne-Marie à l’appareil.

– Allô ? C’est à cause de mon mari, il est tombé du lit.

– Il n’arrive pas à se relever tout seul ?

– Non, il est tombé, il ne bouge plus.

– C’est à quelle adresse, s’il vous plaît ?

– Non, vous ne comprenez pas ! Je vous dis qu’il ne bouge plus, plus du tout… Il est comme évanoui… Appelez vite une ambulance !

– Calmez-vous, madame, nous allons vous aider, mais nous ne pouvons pas vous envoyer une ambulance si nous ne connaissons pas l’adresse, vous comprenez ?

– Ah oui, d’accord. 32, rue Beauvoisine, au 1er B, c’est à Rouen, sur la rive droite. Vite, s’il vous plaît !

– Quel âge a votre mari ?

– 57 ans.

– A-t-il les yeux ouverts, peut-il vous suivre du regard ?

– Non, il ne fait rien du tout. Rien du tout. Oh, mon Dieu, vous croyez qu’il est mort ?

– Vérifiez s’il respire.

– Comment ?

– Approchez-vous de lui et vérifiez s’il est en train de respirer, madame.

– Je ne sais pas, moi… C’est dur à dire… Oh non ! Je crois que non ! Jean-Pierre, Jean-Pierre, réponds, je t’en supplie !

– L’ambulance vient de partir, elle sera chez vous d’ici quelques minutes. Écoutez-moi, madame, c’est très important que vous fassiez très exactement ce que je vous dis. Couchez votre mari sur le dos.

– Je ne peux pas, il est très lourd.

– Du calme, madame. Je sais que c’est difficile, mais c’est la seule manière de l’aider.

– Je n’y arrive pas. Il pèse près de cent kilos !

– Essayez encore.

– Ça y est.

– Mettez-vous à genoux, à côté de lui, posez votre main droite sur son sternum, placez votre main gauche par-dessus l’autre, et appuyez très fort, sans plier les coudes. Vous devez essayer d’enfoncer son thorax sur quatre ou cinq centimètres, n’hésitez pas à y aller de toutes vos forces.

– Je ne peux pas, avec le téléphone.

– Vous ne pouvez pas brancher le haut-parleur ?

– Le haut-p… ? Euh, oui… C’est quel bouton déjà ? Merde, merde, je ne sais plus… Ah oui, oui, c’est ça, ça y est.

– Vous devez appuyer de nombreuses fois sur le sternum, en suivant le rythme que je vous indique. Allez, une, deux, trois, quatre, cinq…

– Oh non, je n’y arrive pas ! Il est mort, madame, mort ! Jean-Pierre ! Réveille-toi, réveille-toi, s’il te plaît !

– Allez-y madame, et surtout ne vous arrêtez pas. Il existe peut-être une chance de réanimer votre mari, mais il faut absolument continuer. Six, sept, huit, neuf, dix…

– Il ne répond pas, il ne répond pas. Jean-Pierre, Jean-Pierre !

– Onze, douze, treize, quatorze, quinze… Très bien madame, vous faites ça très bien… Allez, on continue ! Seize, dix-sept…


En principe, après la quinzième compression thoracique, il s’agit de passer à la respiration artificielle, mais Anne-Marie renonce à expliquer la technique. L’ambulance n’arrivera pas avant huit minutes, les chances de survie sont quasiment nulles. À quoi bon affoler inutilement cette femme ? On n’apprend pas à faire un massage cardio-pulmonaire comme ça, par téléphone, à quelqu’un sous état de choc. Mais le protocole est formel, il faut continuer de compter, occuper les gens, leur donner l’impression d’être utiles, maintenir l’espoir jusqu’à la venue des secours, il paraît que ça empêche d’avoir du remords, après.


– Vingt-six, vingt-sept, vingt-huit, vingt-neuf…


Au bout du fil, la dame pleure et halète, à bout de forces. Quelle tuile, ce premier appel ! Anne-Marie a horreur de ça, surtout avant son premier café.


– Trente-deux, trente-trois, trente-quatre…

– Jean-Pierre, je t’en prie, c’est moi, je t’aime, je t’aime, tu m’entends ?


Tout en comptant, elle s’empare de son iPhone et se connecte sur Badoo, le site de rencontres. Non, aucune notification. Seb76 ne lui a pas dit bonjour ce matin. Si ça se trouve, il ne s’est pas encore réveillé. Tant pis.


– Soixante-douze, soixante-treize…

– On sonne à la porte !

– Allez vite ouvrir. C’est l’ambulance. Vous pouvez raccrocher, madame, merci pour votre collaboration.


Aussitôt l’appel terminé, Anne-Marie se rue vers la machine à café.


Une jeune femme fait les cent pas dans le hall, un gobelet à la main. C’est la nouvelle, ça ne fait pas quatre mois qu’elle est là, elle est encore un peu perdue, et les appels la troublent exagérément. La fille essaie de discuter, de lui parler du cas qu’elle vient de traiter, mais Anne-Marie n’a aucune envie de s’appesantir sur toutes ces tragédies qui font son quotidien ; pour abréger la conversation, elle répond machinalement qu’il faut se contenter de répondre de manière professionnelle, sans jamais s’apitoyer, sinon ce serait intolérable.


– Oui, je comprends, mais il y a tant de détresse dans ces appels, ça fait mal au cœur. Je vous admire d’arriver à garder la tête froide… Moi, je ne sais pas si je pourrai un jour…

– Mais si, mais si, on s’habitue à tout, tu verras, répond Anne-Marie, en se forçant à sourire.


La présence de cette gamine l’insupporte. Peut-être parce qu’elle voulait rester seule, en profiter pour surfer un peu sur Internet, ou alors, parce que cette fille au regard apeuré, aux gestes maladroits, lui rappelle ses propres débuts, il y a quinze ans. Elle voulait devenir infirmière, mais lors de son premier stage, elle n’a pas supporté la mort d’un patient, les cris de la famille. On l’a aiguillée vers le standard téléphonique : après une courte formation, elle s’est aussitôt mise à travailler. D’abord au 112, puis au SAMU. Peu à peu, elle a appris les ficelles du métier, à moduler sa voix, à garder une certaine distance émotionnelle pour agir de manière efficace et professionnelle…


La sonnerie du téléphone lui permet de couper court à la conversation. Elle retourne au standard et décroche. Un môme de sept ans, renversé par une camionnette sur le chemin de l’école. Heureusement que la nouvelle n’a pas pris l’appel, elle n’aurait pas supporté. Même elle, avec toute son expérience, elle ressent toujours un petit pincement au cœur quand il s’agit d’enfants. Le conducteur allait trop vite, apparemment, il n’a pas eu le temps de freiner ; mais Anne-Marie refuse d’écouter, elle n’est pas là pour juger, pour établir des torts, elle n’est pas de la police, son métier consiste à appeler une ambulance, rien de plus. Elle déteste personnaliser les appels. La plupart de ses collègues, dans un cas pareil, demanderait au médecin du service de téléphoner à l’hôpital quelques heures après l’accident, pour savoir si le gosse finalement s’en est tiré. Elle, non. Ça ne sert à rien, pas même à réconforter les parents, juste à saturer les services hospitaliers. Cet enfant, elle ne le connaît pas, elle ne veut pas le connaître, s’il meurt ou finit dans une chaise roulante, elle n’y est pour rien. Par contre, dans le cas inverse, s’il s’en sort, elle aura contribué à le sauver. Mais Anne-Marie n’a pas besoin de flatter son ego, elle n’éprouve pas cette curiosité morbide, travestie d’humanisme, qui pousse les autres à savoir.


10 heures. Plus que six, et elle retrouvera son petit studio douillet, son ordinateur, ses deux chattes… En attendant, il faut travailler, s’occuper du standard, et surtout, tuer le temps entre chaque appel. Rester sans rien faire, c’est ce qu’il y a de plus éprouvant. Elle regarde du coin de l’œil ses collègues. Mathilde est en train de montrer les photos du baptême de sa petite-fille à Leila, qui feint d’être intéressée, la nouvelle cherche péniblement à s’intégrer à la discussion des trois autres, tandis que Fabien, le médecin, est plongé dans un ouvrage spécialisé sur l’hépatite. Autrefois, Anne-Marie aurait été là, au milieu des conversations, mais peu à peu, au fil des années, la distance s’est creusée. Elle connaît par cœur les petites manies de chacun, les thèmes sont toujours les mêmes, sans surprise, on reste en surface, de peur de froisser, on papote pour passer le temps, pas par plaisir, c’est horripilant… Depuis quelques mois, elle passe son temps à regarder son iPhone, à chatter sur les forums et sur Facebook. Ça y est, Seb76 vient de se connecter. Anne-Marie pianote « slt, bien dormi ? » Elle attend la réponse, impatiente, mais le téléphone sonne à nouveau.


– Bonjour, vous avez appelé le SAMU, Anne-Marie à l’appareil.

– Bonjour madame. Je voudrais consulter un médecin, c’est urgent.


Anne-Marie identifie aussitôt, dès les premiers mots, ce type d’appel. « Consulter un médecin », encore une bonne femme qui confond le numéro du SAMU avec le point info santé. C’est drôle, les appels les plus insignifiants sont souvent les plus longs, et les personnes au bout du fil, les plus tenaces. Mais Anne-Marie ne perd jamais son calme, ni le ton de sa voix, à la fois ferme et rassurant.


– Oui, d’accord, dites-moi vos coordonnées, s’il vous plaît, nom, âge et adresse du patient.

– Oui, Émilie Caumartin, 15, rue de la Garenne, à Mont-Saint-Aignan. C’est pour mon fils, de deux ans et demi.

– Il s’appelle ?

– Thomas.


Attention, les mères sont facilement agressives lorsqu’il s’agit de leurs rejetons. De vraies louves.


– D’accord, je vous écoute.

– Voilà… Ce matin, je suis entrée dans ma chambre, et il était en train de jouer avec une boîte de somnifères. Aprazolan, je l’utilise pour dormir…


Oui, Aprazolan, c’est un anxiolytique, pas un somnifère, enfin, passons.


– Et vous pensez qu’il a pu avaler un comprimé ?

– Je ne sais pas, madame, je l’ai juste vu jouer avec la boîte ouverte.

– Calmez-vous, madame. Prenez votre temps pour réfléchir. Vous savez combien de comprimés il restait dans la boîte ?

– Qu’est-ce que j’en sais moi ! Je n’ai pas le temps de penser à ça, il faut appeler l’ambulance, tout de suite ! Thomas, arrête de toucher au fil du téléphone. Arrête !

– Excusez-moi d’insister, madame, mais c’est important, pour mesurer le degré d’urgence. Combien de comprimés possède la tablette, et combien en manque-t-il ?

– C’est une tablette de douze… Trois, quatre, il en manque sept ! Merde, sept !

– C’est un médecin qui vous a ordonné ce médicament ?

– Oui.

– Vous vous rappelez quand vous êtes allée chez le médecin la dernière fois ? Si vous avez gardé l’ordonnance, c’est marqué dessus.

– Je ne sais pas… Attendez… Thomas, viens là, tout de suite ! Vendredi non, jeudi non plus… Mercredi dernier, c’était mercredi dernier…

– Et vous prenez un comprimé chaque soir ?

– Oui.

– Aujourd’hui c’est mercredi, madame, c’est normal qu’il en manque sept. Votre fils n’a rien avalé du tout.

– Vous êtes sûre ?

– Oui, madame, de toutes manières les enfants de deux ans ne peuvent pas attraper ce genre de comprimé avec leurs doigts. Il faut percer la tablette, et les comprimés sont trop petits, votre fils ne coordonne pas assez bien ses gestes pour y arriver.

– Oui, vous avez raison, merci beaucoup madame. Ouf ! Quel soulagement !

– Si vous me permettez ce conseil, vous ne devriez pas laisser vos médicaments à la portée de votre enfant.

– Oui, c’est vrai. Je m’en veux, si vous saviez à quel point, ma mère a raison, je suis une inutile. Désolée de vous avoir appelé.

– Ne vous inquiétez pas, l’erreur est humaine, madame. Merci pour votre collaboration, au revoir madame.


Paradoxalement, ce dernier appel, qui n’avait pourtant rien d’urgent, a touché Anne-Marie. Une femme au foyer, sans aucune assurance en soi, rabrouée par sa mère, confinée toute la journée chez elle à garder un petit monstre, et qui se gave aux tranquillisants. Anne-Marie a du mal à comprendre cet élan irrationnel qui pousse les femmes à vouloir des enfants. Elle a trente-neuf ans, si elle souhaite avoir un bébé, c’est maintenant ou jamais. Mais ça ne l’interpelle pas vraiment, déjà, il faudrait qu’elle trouve un Jules, et puis de toutes manières, avec son travail, ce serait trop compliqué. Elle alterne les tours du matin, de l’après-midi, du soir, elle dort quand elle peut, impossible de caler la moindre routine pour éduquer un môme.


Seb76 vient de lui écrire. Il demande pour la première fois un rendez-vous. Logique, cela fait déjà deux semaines qu’ils chattent, tous les jours. Il a l’air plutôt beau gosse, enfin, si ses photos ne sont pas trop trafiquées, et poli, même s’il manque cruellement de conversation. « Impossible ce week-end, je suis de garde de nuit, on verra plus tard, slt. », répond-elle.


Elle n’a qu’une envie : s’affaler dans son canapé, câliner ses chattes, écouter Janis Joplin ou Noir désir en fumant un petit joint. Le dernier rendez-vous, elle a posé un lapin… Les jours suivants, le garçon, ulcéré, l’a traitée de tous les noms par mail, un vrai harcèlement, heureusement qu’elle ne l’a jamais connu en chair et en os. Ses relations sentimentales ont toujours été houleuses, d’abord Marco, son grand amour de jeunesse, une histoire qui s’est achevée par une tentative de suicide ; après, Jeff, le pseudo-artiste qui a vécu à ses crochets pendant deux ans, et puis Pascal, qui l’aimait de cinq à sept lorsque sa femme était au boulot. Maintenant, elle est seule depuis trois ans, cette solitude pèse, parfois, mais en même temps, elle ne s’imagine pas aux côtés d’un homme, tous les jours, à partager la monotonie de son existence insipide. Elle a déjà du mal à s’accepter elle-même, alors, contempler sa propre morosité dans le regard de l’autre… Non, décidément, elle ne veut pas d’homme dans sa vie, mais à la fois, le sexe lui manque, et lorsqu’elle se lance dans les bars de nuit en quête d’aventures sans lendemains, c’est une vraie catastrophe… Ah, si on pouvait faire l’amour par Internet, comme ça, proprement, sans se toucher, sans se connaître, sans avoir à parler !


Seb76 vient de lui répondre, « Tant pis, le week-end prochain peut-être ? » Anne-Marie hésite, et finalement, n’écrit rien. Elle décide de simuler l’indifférence, de laisser passer du temps avant de reprendre contact. Elle abandonne Badoo et se connecte sur Facebook, mais ce n’est pas pareil, elle n’a dans son répertoire que de vieilles connaissances avec lesquelles elle n’a aucune envie de parler, quelques collègues de boulot dont elle a accepté l’invitation, pour éviter de faire des histoires, des cousins éloignés… Et son frère, qui habite sur la Côte d’Azur, qu’elle ne voit pour ainsi dire jamais. Elle clique pour lire le message qu’il lui avait adressé, il y a presque un mois, et qu’elle n’a pas encore lu :


« Salut sœurette. Ça va ? Ici, tout va bien, beaucoup de boulot, les petits viennent de faire leur rentrée. On est en train de s’organiser pour Noël. Cette année, on n’ira pas à Rouen, on passera le réveillon chez les parents de Virginie, puis on ira skier dans les Alpes. J’essaierai de venir pour Pâques, sinon, on se verra l’été prochain, d’accord ? Prends bien soin de maman, bisous. »


Elle éteint son iPhone, indignée. Quel égoïste, celui-là, pense-t-elle. Bien sûr, comme sa chère petite sœur est restée à Rouen, qu’elle est célibataire et infirmière et qu’elle n’a rien d’autre à faire de sa vie, c’est à elle de s’occuper de leur pauvre mère. La vraie solution, ce serait une maison de retraite, mais son frère est contre, il trouve ça inhumain. La réalité est bien plus prosaïque, son frère, c’est un radin, il n’a aucune envie de financer ça tout seul, et comme Anne-Marie gagne à peine plus que le SMIC, elle ne peut prendre aucune décision. Inhumain, vraiment ? Ce qui l’est, c’est de se défiler systématiquement, à toutes les vacances… Elle non plus, elle n’aime pas rendre visite à sa mère, l’ambiance est oppressante depuis le décès de son père, la vieille ne cesse de se plaindre de son arthrite, de pleurnicher et de faire du chantage affectif. Mais elle va quand même la voir, elle, même si ces derniers mois, elle n’a pas eu le temps ou le courage de passer chez elle, et s’est contentée d’appeler deux ou trois fois, pour savoir si tout allait bien.


Un nouveau coup de fil, vers midi. Un clochard mort sur un trottoir de la rue Jeanne d’Arc, la plus fréquentée de la ville. C’est la police qui a alerté le SAMU, l’homme est décédé depuis plus de quatre heures, non seulement personne n’a daigné appeler les secours, mais des passants ont piétiné le corps. Le genre d’appel qui donne envie de croire en l’humanité… Derrière son écouteur, à longueur de journée, Anne-Marie entend la chronique de la monstruosité ordinaire : des alcooliques au volant, des chauffards qui prennent la fuite, des viols, des incestes, des coups et blessures, des vieux abandonnés, des gosses livrés à eux-mêmes, qui meurent seuls sur le pavé… Sans compter tous ceux qui se mettent à insulter les standardistes du SAMU, à peu près un appel sur trois, il paraît que c’est humain comme réaction, l’impuissance et la douleur rend les gens méchants. D’autres ne le sont pas, méchants, seulement pathétiques, comme les hypocondriaques, les vieux qui téléphonent au SAMU pour rien, juste pour parler à quelqu’un, ou toutes ces personnes tétanisées par la peur et la lâcheté, incapables de collaborer avec les services d’urgence, ce n’est pas à proprement parler de la non-assistance à personne en danger, mais le résultat est le même. Quant à la majorité des appels, ils sont tellement banals qu’Anne-Marie ne s’en souvient plus au bout d’une heure, toutes ces histoires se répètent à l’infini, les arrêts cardiaques, les vertiges et les chutes de tension, les diabètes mal contrôlés, les douleurs oncologiques, les morts sur la route. Et le samedi soir, les comas éthyliques, les bagarres, les agressions sexuelles et les accidents de la circulation, toujours, mais encore plus souvent qu’en semaine.


12 heures 45. Elle va prendre son énième café à la machine. Elle aperçoit la nouvelle, assise dans un coin, près de l’escalier. Elle cache son visage avec le dos de sa main, manifestement, elle est en train de pleurer. Anne-Marie feint de ne pas la voir, mais la fille relève la tête. Trop tard pour se dérober.


– Ça va ?

– Oui, oui, ça va aller…


Anne-Marie s’approche.


– Allez, raconte, qu’est-ce qu’il se passe ?

– C’est à cause de mon dernier appel. Une femme battue par son mari, elle voulait porter plainte. J’ai essayé de la convaincre de téléphoner à la police, mais je me suis emmêlée les pinceaux, et j’ai juste réussi à la braquer. Elle m’a raccrochée au nez, elle n’appellera pas, c’est sûr. Et le pire, c’est que je n’ai même pas pris correctement son nom et son adresse…

– Ah oui, dommage, tu aurais dû la passer directement avec SOS violences conjugales, sans rien lui dire et sans qu’elle ait à raccrocher. Il suffit d’appuyer sur une touche depuis le standard pour transférer les appels vers n’importe quel numéro d’urgence, tu ne le savais pas ?


Anne-Marie se mord la langue, en se rendant aussitôt compte de son manque de tact. La fille s’effondre en larmes.


– Oh, merde alors, si, je le savais, mais je m’en souvenais plus. Quelle boulette, merde ! Je suis nulle, nulle, à cause de moi, cette femme va continuer d’encaisser des coups, sans rien dire.

– À cause de toi ? Ah non, ça, ce n’est pas vrai… Tu t’appelles comment, déjà ?

– Ophélie.

– Ophélie, écoute-moi bien. Toi, tu n’as frappé personne, tu n’es responsable de rien du tout. Ton boulot, c’est de gérer les urgences médicales. Après, si tu vois des situations de détresse qui ne sont pas purement médicales, tu peux éventuellement aider, mais je t’assure, ce n’est pas du tout une faute professionnelle ce que tu as fait. En plus, si cette femme a appelé le SAMU et pas la police, c’est qu’elle ne voulait pas vraiment porter plainte. Tu n’as pas à endosser toutes les misères du monde, tu m’entends ? C’est déjà assez dur comme ça avec ce qu’on a à traiter ici…


La jeune femme garde la tête baissée et continue de pleurnicher.


– Je comprends, mais j’aurais tant voulu aider cette femme… Non, mais quelle conne je fais ! Me planter, justement sur un cas pareil…


Anne-Marie fronce les sourcils.


– Pourquoi tu dis : justement sur un cas pareil ?


Ophélie cherche à détourner le regard, visiblement gênée.


– C’est quelque chose de personnel, n’est-ce pas ?


La fille acquiesce de la tête, honteuse.


– Oui, ma mère. Mon père la battait parfois. Pas toujours, mais ça arrivait. Ma grande sœur a fini par porter plainte, il y a cinq ans, et il est parti. Maintenant on a la paix, mais…


Ça y est, Ophélie s’est lâchée, et la voilà qui raconte sa vie. Ce genre de déballage impudique a le don d’agacer Anne-Marie, mais elle n’en souffle mot et fait l’effort d’écouter. Et peu à peu, au fil des confidences, la petite parvient à l’attendrir. Cette candeur la désarme, cette fille, qu’elle ne connaît pas le moins du monde, lui ouvre son cœur et lui accorde toute sa confiance, c’est touchant. Cela faisait des années qu’Anne-Marie n’éprouvait pas cette empathie, ce besoin de consoler, de protéger. La gamine a vécu de drame en drame tout au long de sa courte vie, mais elle ne manque pas de détermination, et elle a réussi à boucler ses études dans un milieu social et familial hostile. Maintenant, elle veut travailler, devenir adulte et indépendante… Mais elle n’a que vingt-deux ans, on l’a lâchée dans la cour des grands, après une formation trop courte et théorique, elle n’est absolument pas prête pour un métier si dur. Les professionnels du SAMU lui sourient, lui parlent gentiment et lui disent qu’elle se débrouille très bien, mais au fond personne n’a réellement daigné regarder ce qu’elle fait, pas même Amélie, censée encadrer son stage jusqu’au mois dernier. Anne-Marie sourit en songeant à sa collègue, qu’elle déteste, avant de proposer à Ophélie de devenir son mentor, et de lui apprendre le métier, chaque fois qu’elles auront une garde ensemble. La petite accepte, enchantée, en lui sautant au cou, comme le ferait une collégienne incapable de brider sa spontanéité.


14 heures 25. Ophélie est partie, il y a quelques minutes, à la fin de son service. Il ne reste plus qu’une heure et demie de travail pour Anne-Marie. En principe, elle devrait se sentir épuisée, elle n’a pratiquement pas dormi ni rien avalé de la journée. Mais au contraire, elle déborde d’énergie. Cette fille vient de provoquer en elle un regain d’enthousiasme, une envie de croire encore en ce qu’elle fait. Bien sûr, il ne s’agit pour l’instant que d’un sentiment diffus, une petite étincelle fugace qui peut s’éteindre à tout moment, mais elle sent que le contact de cette gamine, capable de sentir, de pleurer, de vibrer si facilement, peut l’aider à combattre cette déprime, installée depuis tant d’années. Ophélie lui a dit qu’elle habite Évreux, chez sa mère, et qu’elle fait le voyage tous les jours en train. Anne-Marie va lui proposer de dormir à la maison, de temps en temps, quand elle aura la garde du matin.


Sans s’en rendre compte, Anne-Marie a allumé son iPhone et s’est connectée sur Badoo. Elle tapote : « Samedi 25, 17 h, bar Les floralies, pour prendre un café, ça te va ? », et sans y réfléchir à deux fois, envoie le message à Seb76.


15 heures 06, un nouvel appel, peut-être le dernier de la journée.


– Bonjour, vous avez appelé le SAMU, Anne-Marie à l’appareil.

– Bonjour. Voilà, j’ai appelé à plusieurs reprises à la porte de ma voisine, une femme âgée, et elle ne répond pas. Ça fait plusieurs jours que personne ne l’a vue, et ça sent bizarre dans le couloir. J’ai l’impression qu’il lui est arrivé quelque chose.

– Oui, je comprends, mais vous devriez appeler la police ou les pompiers. Ici, c’est le SAMU, nous ne traitons que les urgences médicales.

– Ah, excusez-moi alors. C’est quel numéro, la police ?

– Le 17. Attendez, ne raccrochez pas, s’il vous plaît. Vous êtes sûr que cette dame se trouve chez elle ?

– Oui, je crois. Elle ne sort jamais de son appartement. Elle n’est pas très vieille, mais elle est dépressive et elle a un gros problème d’articulation qui l’empêche de se déplacer. Mais c’est surtout l’odeur qui m’inquiète. Ça sent très fort, comme une odeur de pourri.

– Vous ne connaissez pas un de ses proches ou quelqu’un qui pourrait vous ouvrir la porte ?

– Je sais qu’elle a deux enfants, mais je crois qu’ils l’ont abandonnée. En tout cas, je ne les ai jamais vus. Et il n’y a pas de concierge ici.

– Bien, je vais vous passer la police. Mais avant, si vous voulez bien me donner le nom et l’adresse de cette dame…

– D’accord… C’est madame Fauville, par contre je ne sais pas le prénom. 127 avenue de Caen, 4ème C, Petit-Quevilly. Allô, il y a quelqu’un, vous m’entendez ?

– Oui, excusez-moi… C’est noté. Vous pouvez raccrocher monsieur.

– Ah bon ? Vous ne me passez pas la police ?

– Euh… non, ce n’est pas la peine, nous nous occupons de tout. Au revoir monsieur.


À peine la conversation achevée, Anne-Marie sort du bureau et s’empare de son iPhone.


– Allô Arnaud ?

– Salut Nanou ! Dis, ça c’est une surprise, ça fait une éternité que tu ne m’appelles plus en dehors du boulot !

– Oui, c’est vrai. C’est idiot, parce que tu es peut-être le seul du service que j’apprécie vraiment… C’est justement pour ça que je t’appelle, parce que je te fais confiance… J’ai un service à te demander.

– Vas-y, je t’écoute.

–Tu ne peux pas me remplacer au boulot ? Pas longtemps, jusqu’à quatre heures…

– Euh, non, tu t’es trompée, Nanou, ce n’est pas moi qui assure les remplacements aujourd’hui.

– Je sais bien, c’est un service que je te demande. C’est juste pour une heure, et puis tu habites à côté.

– Franchement, ça m’emmerde… Tu ne peux pas passer par le circuit officiel ?

– Non, c’est impossible. Allez, s’il te plaît…

– Non, désolé, c’est non. Et puis c’est quoi, cette histoire, Nanou ? Je n’y comprends rien du tout, tu pourrais au moins m’expliquer, tu ne crois pas ?

– Bon d’accord, mais si je te le dis, tu me promets de ne rien répéter à personne ?

– C’est promis.

– C’est ma mère, elle vient de décéder.


En prononçant ces mots, Anne-Marie éclate en sanglots. C’est la première fois qu’elle pleure, depuis au moins trois ans. Arnaud, après un court silence, lui glisse : « Ok. Tiens bon, Nanou, j’arrive tout de suite », et elle répond d’une voix étranglée : « Merci, tu es vraiment un ami. »


Elle raccroche. Anne-Marie vient de perdre sa mère, mais elle n’est pas seule : aujourd’hui elle a retrouvé un ami, gagné une confidente, et peut-être un fiancé. Elle fait un travail passionnant, à longueur de journée, elle sauve des vies humaines. Elle essaie de s'accrocher à ces pensées réconfortantes, tandis qu’elle attend le secours d’Arnaud. Pourvu qu’il arrive vite, avant les huit minutes. Huit minutes, le temps maximal pour réanimer un cœur qui a cessé de battre.


 
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   Anonyme   
11/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai trouvé le texte vraiment touchant, le portrait de cette femme désabusée bien dessiné, par petites touches. Toutefois, il s'était passé suffisamment de choses qui comptaient dans cette journée, on sentait qu'Anne-Marie allait peut-être renaître, et je ne vois pas l'utilité de cette fin dramatique ; pour moi, elle brise quelque chose dans l'équilibre de l'histoire.

Dommage, sinon je la trouve bien fichue, l'histoire (sur un sujet qui ne me passionne pas au départ), avec un bon mouvement, sans en faire des tonnes dans le pathos.

   Palimpseste   
12/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai bien aimé, sauf que je n'ai pas compris la fin...

L'appel de la voisine parlant de la voisine est-elle sa mère ?

Si non, je n'ai rien compris et il me manque une clef....

Si oui, c'est bien mais le traitement devra être revu (en tout cas pour un cerveau de grosseur moyenne comme le mien).

Les personnages sont plutôt crédibles et les situations également. Même si l'écriture est un brin scolaire, ça passe bien.

Le piétinement du corps du clochard est un peu "too much" dans le contexte de cette histoire. Si l'anecdote est sans doute vraie, il faut quand même faire attention à ne pas trop charger la barque, au risque de dévier de sujet (vers la misère humaine) et de sortir de l'histoire (la vie de cette standardiste).

Le denrier paragraphe est un peu "bisounours"... Bon d'un autre côté, j'ai pô compris la chute.

Je vois que l'histoire est largement inspirée de faits réels, et ça se sent. J'espère que la standardiste a apprécié de voir ce texte en forme d'hommage, sans doute mérité.

Bonne continuation !

   alvinabec   
18/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,
Il y a du rythme, de l'efficacité, c'est une affaire bien documentée.
Quelques erreurs de ci de là à reprendre dans votre texte: AM n'est pas infirmière (fin de texte) mais standardiste au SAMU.
Trois amoureux vite fait et 39 ans, il y a dû y avoir des moments de solitude qui ne sont pas mentionnés.
L'empathie subite d'AM pour Ophélie paraît curieuse par manque de visibilité.
Les deux derniers § manquent de charme et leur cible, ce revirement trop 'happy end' semble suspect et n'est pas raccord avec le reste du texte, revoyez quelque chose de plus conforme à ce que vous donnez à voir d'AM qui est dure à force de se protéger, là, elle devient guimauve un peu vite.
Quant à la dernière phrase, elle n'a pas de sens pcq la mère est déjà morte d'une part, d'autre part l'anoxie supportable par un cerveau humain sans dégâts irrémédiables est au mieux de trois minutes. En modifiant ces quelques détails, votre texte aura beaucoup plus de jus.

   Pimpette   
22/10/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est un texte qui dépasse de très loin l' intéret des nouvelles habituelles...tout ici est d'une humanité et d'une authenticité remarquable.
On est plongé à la fois dans une heure de fonctionnement d'un Samu et dans la psychologie des personnages présents au coeur de l'anecdote. Tout est dit en finesse ce qui met à l'abri d'un gros naturalisme patapouf et si la mort de la vieille mère, en fin de parcours, peut sembler un peu trop dramatique, ce n'est pas grave. Les autres relations entre les personnages sont subtiles et ce devait être difficile. Le sujet n'était pas commode!
Le style, simple, efficace est celui qui convenait!

je reviens
ce texte n'est pas seulement, pas essentiellement le constat d'un appel ou deux dans un Samu...il est le cheminement subtil et vrai des états d'esprit successifs d' Anne Marie....De l'indifférence professionnelle nécessaire jusqu'à la tendresse miraculeusement retrouvée à l'occasion d'une rencontre...tout est là....et comme elle a retrouvé qq chose d'essentiel grâce à cette petite stagiaire, elle voit surgir en même temps, et c'est plus important, une certaine tendresse dans sa propre vie, comme une lame de fond bénéfique....je ne m'explique pas très bien mais vous aviez tous compris sans moi certainement!

   Perle-Hingaud   
21/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un personnage intéressant, parce qu’il n’est pas très « aimable », à mon avis du moins. Donc, très humain (je veux dire en nuances, pas simplement gentil ou méchant). Froid, aigri, ou simplement détaché ? Du coup, la chute est plutôt bien vue, quoique très classique, voire attendue : l’armure qui se fend, le cœur à ranimer.

J’aime beaucoup cette idée de cœur qui se dégèle enfin, et ce rappel des 8 minutes avant qu’il ne cesse de battre, de l’urgence de s’occuper des vivants, de ceux qui ne réclament pas d’intervention alors qu’ils partent à la dérive, de ceux qui ne sont pas « en péril de mort » mais qui ont un besoin, peut-être aussi vital, des autres.

J’aurais voulu entrer davantage dans le cœur de cette femme, davantage d’introspection peut-être. Là, je reste tout de même un peu spectatrice, je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs. Peut-être parce que même si la vie quotidienne est développée (son frère, ses amours sur internet…), ces points restent généraux : il me manque des petits faits uniques, des petites choses qui ne seraient qu’à elle, particulières.
Par contre, les dialogues, les interventions, notamment les conseils à la nouvelle (sur les transferts aux services adéquats pour les femmes battues) sont très réalistes. J’aime ces éléments qui ancrent le récit.

Quelques points relevés lors de ma lecture :

«Mathilde est en train de montrer les photos du baptême de sa petite-fille à Leila, qui feint d’être intéressée, la nouvelle cherche péniblement à s’intégrer à la discussion des trois autres, » des deux autres, non ? Tu ne parles que de deux autres personnages auparavant, c’est donc ce qui me vient à l’esprit.

« des gosses livrés à eux-mêmes, qui meurent seuls sur le pavé... » heu, à Rouen ? J’espère tout de même que ce n’est pas le cas ! Le terme « gosse », pour moi, s’apparente aux jeunes enfants, donc me renvoie aux enfants des rues qu’on peut rencontrer en Inde ou dans de nombreux autres pays, mais plus en France.

Je ne comprends pas ce qui motive Anne-Marie à s’intéresser au cas de cette vieille femme qui ne donne plus signe de vie, en allant jusqu’à demander son nom, alors que plus haut il est dit qu’elle ne prend pas de nouvelles des patients, y compris des enfants renversés. Le revirement amorcé par Ophélie ?

« Dis, ça c’est une surprise, ça fait une éternité que tu ne m’appelles plus en dehors du boulot ! » : ben, elle est au boulot, là, non ? pas bien compris.

Merci pour cette lecture, c’était un bon moment.

   leni   
25/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est un texte bien enchainé documenté vraisemblable et efficace
La relation entre"travail' et ressenti personnel dans différentes situations des urgences est bien analysée Il faut presque lutter contre soi-même pour être peu 'sensible' aux souffrances des autres
La finale m'étonne un peu C'est un récit entrelacé comme un canon musical Bel écrit Leni

   Anonyme   
21/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je trouve ce texte très réussi.
Le personnage est bien cerné, et les émotions si bien retranscrites. On rentre vraiment dans l'univers d'Anne-Marie, on comprend ses problèmes et ses pensées.
Toute l'histoire se tient, et c'est un plaisir de la lire jusqu'à la fin.
J'ai beaucoup aimé.

   Anonyme   
23/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Ce serait mentir si je disais que je n'ai pas aimé ce texte, mais je suis par contre vraiment déçu par la fin.
D'une part parce qu'elle n'est pas très claire (qui est Arnaud ??), d'autre part parce que l'énumération des choses "géniales" qui lui arrivent en cette fin de journée est totalement superflue et je dirais même agaçante: on le sait qu'elle a découvert (un peu trop vite à mon avis, c'est rarement, très rarement comme ça dans la réalité) un ami, une confidente etc...

Par contre le reste est bien, écrit avec ce qu'il faut de justesse et d'humanité pour que le récit soit réaliste sans jamais tomber dans le pathos.

   Charivari   
25/10/2012

   MariCe   
26/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a énormément d'humanité dans votre texte.
La vie de tous les jours, les contacts humains, la psychologie des gens sont très bien décrits.
Et cette fin que je n'attendais pas... Vraiment très bien.

   doug-pluenn   
28/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
9heures 03, je suis en retard pour envoyer ce commentaire. Voilà un texte bien construit qui nous conduit aux alentours de la souffrance de la souffrance humaine, celle qui se manifeste et appelle à l'aide. La psychologie des personnages est bien cernée, l'histoire nous rappelle qu'il y a des êtres humains avec leur vie derrière le téléphone dans ces centres d'appel. Une petite réserve pour la fin, pourquoi pas ? Cela accentue la détresse de cette femme à l'écoute des autres et perdu dans sa vie au point d'oublier sa mère, mais peut-être pas aussi longtemps qu'on pourrait croire, je ne juge pas, je m'interroge. Une bonne lecture fluide.Merci.

   aldenor   
31/10/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte prenant qui se lit facilement. Bien documenté. De la recherche au niveau du personnage d’Anne-Marie, fort crédible. Les cas sont intéressants, bien choisis. On apprend des choses.
Le passage avec la nouvelle m’a paru un peu forcé, un peu longuet.
Et la fin, oui, la chute est bien trouvée ; trop tard pour secourir sa propre mère. Mais le dialogue avec Arnaud est confus.
Et la dernière ligne, quoi ? Est-ce le cœur d’Anne-Marie qui a cessé de battre ?
L’écriture est efficace. Mais se désagrège, manque de concision, sur la fin.

   bakus   
10/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Belle petite histoire, le quotidien semble bien rendu avec plein de bonnes petites idées qui renforcent la trame de fond. J'ai bien aimé la fin (pas le dernier paragraphe qui résume la nouvelle mais l'idée d'apprendre par un coup de fil le deces de sa mere).


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