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cherbiacuespe : Dogme
 Publié le 17/06/21  -  7 commentaires  -  10098 caractères  -  54 lectures    Autres textes du même auteur

Qui détient la vérité ? Mais la vérité existe-t-elle vraiment ?


Dogme


1


Quelle grâce, ou quelle tragédie, toucha mon âme d’une phalange ironique ? La citadelle devait être à ce point confortable qu’une divination décida d’y élire domicile. Mais il n’est pas si facile de devenir l’accueillant refuge d’une révélation inédite. Car l’être humain, avant d’être pêcheur, est une accumulation de dogmes ancestraux, autant qu’il apprécie peu d’être caractérisé par l’accumulation de ses propres contradictions ou de ses propres erreurs.


Un hasard malheureux me fit grandir dans un quartier de bigots vertueux, paisibles et satisfaits de vivre entre individus de même culte, à quelques individus près. Toutefois, prosélytes forcenés bien que discrets, ils n’hésitaient pas à franchir le Rubicon pour se risquer dans les quartiers voisins des profanes, prêcher la bonne parole. Convertir sans se découvrir, depuis toujours est un art que la communauté maîtrisait avec habileté.


La nouvelle et subite révélation qui éclaira mon esprit jeta un sacré froid autour de la table familiale. C’était le dîner et, comme c’est la coutume, papa remerciait de toutes ses bontés, dont il inondait ses « enfants », le seul vrai Dieu sur cette terre.


— Il n’est ni bon ni mauvais, ni véritablement un dieu comme le conçoivent les humains.


Papa s’interrompit aussitôt et aussitôt un silence pesant, lourd d’incompréhension, irradia la famille. Guidée par l’instinct de certitude, je poursuivais sur cette route de perdition. Guidé par une curiosité teintée de scepticisme, personne ne m’arrêta.


— Je veux dire que les religions d’avant Dieu étaient plus proches de la vérité que Sa vérité.


Ce fut un abattement silencieux suivi d’une cacophonie de panique et une révolte d’imprécations diverses.


Il faut expliquer que je n’avais que quinze ans. Je suivais depuis quelques années une instruction religieuse stricte et de doctes professeurs m’enseignaient les vérités de ce monde et de l’autre. Ce qu’il était convenu de croire et ne pas croire. Le concept du bien et du mal selon les écritures d’un dieu forcément bon lui-même.


Je n’étais pas censée contester l’Unique Vérité ni, si tôt dans ma vie, devenir une apostate.


Quand le calme revint, mon père, sage de la famille et du quartier, toujours en verve pour asséner les leçons contenues dans le Livre à ceux qui les oublieraient, se chargea de me remettre sur le droit chemin. Il m’adressa un « dans ta chambre et tu m’attends », plein de promesses. J’eus droit au contact viril du ceinturon d’abord, une vieille tradition, puis l’incontournable leçon de morale.


2


— Ma fille, te rends-tu compte de l’indignité dans laquelle tu plonges notre famille ? La honte, la gravité de tes odieuses paroles ? As-tu seulement conscience que tu es désormais promise à l’enfer en proférant de telles infamies ?


Famille et enfer ! Les ultimes menaces qui planent sur ceux qui se détournent de la vérité ou, pire, qui n’y ont jamais adhéré. Généralement et surtout auprès des plus jeunes, ces seules évocations suffisaient à apaiser toute subversion ou objection. Qu’elle soit futile ou de bon sens. Chacun imaginait immédiatement un océan de flammes attisées des douleurs et tortures éternelles des damnés. Les rebelles, le regard bas, se réfugiaient alors dans un mutisme gêné.


Je n’étais plus concernée par ces vindictes superstitieuses.


— Enfin, papa. L’enfer n’existe pas ! Sinon et uniquement sous sa forme non éthérée.


Papa était un homme normalement cultivé. C’est-à-dire qu’il savait tout du Livre et de ses recueils auxiliaires, à la virgule près. Ce qui faisait de lui le personnage le plus écouté du quartier, le détenteur d’un savoir et d’une sagesse inégalables. Un exemple à suivre. Comme la famille, il s’était imprégné de cette dignité, de cette reconnaissance.


L’instant présent, il fronçait les sourcils, pinçait les lèvres, essayant de traduire en termes simples pour sa compréhension ce que je venais d’énoncer simplement. Habitée d’une pitié soudaine, j’essayai d’éclaircir ses pensées confuses.


— L’enfer, le mal, mais aussi l’envers de cette même pièce, le paradis et le bien, nous le vivons ici et maintenant. Que l’on soit sur Terre ou à l’autre bout de l’univers, une roche, une plante, ambitieux ou déçu, n’y change rien. Ce n’est qu’une fois éloignés de ce que nous définissons comme réalité que nous atteignons la plénitude du non-état. Ni bien, ni mal, ni noir, ni blanc, mais l’agrégat du tout originel.


Je crois que papa, loin d’avoir compris un traître mot sorti de ma bouche, était encore plus désorienté. Et furieux ! Comment ai-je échappé au feu inévitable du ceinturon que méritaient mes paroles blasphématoires ? Je ne sais pas. Son instinct lui dictait sûrement de me punir sévèrement mais, quelque part, une sorte de prudence inexplicable l’enfermait dans l’inaction.


— Maintenant, tu vas dormir. Je veux que tu mesures la gravité de tes paroles impies, ma fille. J’attends de toi, demain, un repentir sincère. Personne ne joue avec la parole de Dieu sans en payer le prix !


3


Je ne peux expliquer cette illumination. Pourquoi me choisissait-elle moi, jeune fille innocente, ordinaire, aussi insignifiante qu’il est possible de l’être ? J’ai perdu ce jour-là toute virginité. L’image à peine esquissée de l’humanité, de chaque atome de cet univers, estompa toute grâce à mes yeux. Je n’étais pas triste cependant, juste étonnée. Le monde qui m’entourait devint un décor différent, totalement étranger à mon éducation.


D’une histoire anodine, une improbable lueur m’éleva. Dans une rue plus loin, un homme fut assassiné. Personne ne s’en était réjoui bien sûr. L’indifférence colorait pourtant un masque de laideur sur chaque visage croisé. J’étais désorientée. Comment peut-on ainsi ignorer la mort tragique d’un homme ? Mon père prononça un mot, comme une réponse à ma question. « Un incroyant ». Ce fait divers ne méritait pas d’autre conclusion.


C’est à cette anecdotique réflexion que je m’aperçus de l’extraordinaire transformation. L’enfant avait quitté cette enveloppe pour ne jamais revenir. J’étais pourtant encore moi-même ! Cet incroyant auquel on avait volé la vie fut un choc, et une révélation. Le ver était dans le fruit et le fruit pourrissait lentement, gangrené de bêtise, d’ignorance, de soumission. En une seule, une minuscule seconde je devins l’apostat, cette ultime abomination de ma communauté. Me concernant, le silence pusillanime n’était plus de mise.


J’arrivai au petit matin devant papa. Maman s’affairait déjà devant ses fourneaux, mes frères et sœurs dormaient encore. Il posa sur moi ce regard dur, redoutable d’assurance, qui impressionnait toujours l’entourage.


— Voici ma fille chérie. J’espère que la nuit t’a réconciliée avec Dieu !


Mais le regard passionné de papa n’était plus cette foudre paralysante qui réduisait au silence toute velléité de débattre. Les vieilles appréhensions s’étaient détachées de mon âme.


— Nous sommes tous autant que nous sommes une fraction infime de ce que tu nommes Dieu.


Cette fois rouge de colère, il leva un index accusateur vers ma fragile anatomie.


— Tu n’as pas assez mesuré l’impureté de tes mots. Retourne dans ta chambre, je viens tout de suite.


Je venais de gagner quelques moments d’isolement supplémentaire, et une nouvelle séance de ceinturon. Qui ne changeraient rien à l’affaire.


Les fesses en feu, je me retournais vers papa. Je n’avais poussé aucun cri, à peine grimacé. Je voyais bien qu’il en était à la fois étonné et meurtri lui-même. Lorsque je repris la parole son amertume fit place à la stupéfaction.


— Papa, te rends-tu compte de l’inanité des dogmes et des obligations dont tu abreuves nos amis, nos voisins ? Et ce n’est pas mieux dans le reste du monde ! Tu crois en Dieu qui voit tout, qui sait tout, qui a tout créé, tout inventé, un dieu omniscient qui détruira tout à la fin et qui te jugera sans que tu puisses cacher quoi que ce soit, car il connaît ton cœur et ton histoire. Mais alors pourquoi prier ? Pourquoi construire un lieu saint ? Pourquoi pèleriner ? Il connaît le cœur de chacun d’entre nous ! À quoi bon ces interdits stupides qui changent tous les siècles ? Pourquoi avoir laissé naître d’autres religions que la sienne, puisqu’il a tout créé ? Ce Livre que vous vénérez tous n’est pas le fruit de Dieu. C’est celui d’un humain comme toi, comme tes fils, comme moi.


Cette ruade violente, papa ne s’y attendait pas. Abasourdi, il dansait d’un pied sur l’autre et n’avait qu’une envie : me faire taire. Mais cette scène surréaliste paralysait un homme tel que lui, habitué à être écouté et reconnu. Avant qu’il ne revienne à lui, je poursuivais.


— Est-il unique ? Sont-ils en nombre ? C’est tout l’artifice du big-bang. Il est un et pluriel à la fois, force et faiblesse, féminin et masculin, compact et fragment. Il fut un seul et multiple, il est multiple et un seul. Rien n’est la vérité !


Papa ne réagissait toujours pas. Mais je sentais naître en lui une sourde résignation. Le doute eût été préférable. Dans son esprit, une résolution se dessinait.


— L’omniscience n’est ni bonne ni mauvaise qui sont l’un et l’autre les deux faces d’une même pièce. Et cette pièce est l’omniscience qui est une opération à somme nulle. L’entité d’origine, nous, toute chose et tout animal, était neutre. Elle est et sera toujours neutre. À jamais, papa.


Cette fois, il se détourna de moi. Il avait fait un choix, je devinais lequel. J’étais perdue ! D’un homme tel que papa, que pouvais-je espérer de mieux ? Avant de refermer la porte il prononça la dernière parole que j’entendis dans ce monde. « La possession a eu raison de toi. J’aurai raison de cette possession, je n’ai plus le choix ! »


Épilogue


« J’ai lu les mots écrits de la main de ma sœur avant qu’elle ne disparaisse, en martyre. Je ferai d’elle une légende, une prophétesse ! Oui ! Et j’en suis convaincu, la raison vivait dans son âme et dans son cœur. Je parlerai aux miens, je parlerai à tous, je deviendrai un guide, le guide du Juste et de la Vérité. CAR IL N’EXISTE QU’UNE VÉRITE ! »


 
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   Anonyme   
25/5/2021
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai ouvert, j'ai lu donc je commente.
Un texte très bien écrit, à mes yeux, le style est riche, en phase avec le milieu.
L’alternance des dialogues et des récits est équilibrée.

Le sujet est épineux, à mes yeux.
Je me suis demandée si à 15 ans un tel degré de réflexion était plausible (sont loin mes 15 ans).
On ne sait pas trop hormis ce qu'elle nous conte, qui elle pouvait voir, lire, écouter. on s'imagine cependant que ce ne devait être que du "clean" aux yeux du père.
(ça m'évoque un reportage sur une secte parisienne, où la journaliste explique , que tellement formatés, aucun membre n'est capable de libre arbitre et donc de remise en cause, voire de rébellion. https://www.arte.tv/fr/videos/097407-173-A/28-minutes/).

Ensuite, si je lis bien, l'épilogue est encore plus effrayant que le récit lui-même. Ainsi, le frère deviendra guide de l'antithèse du père ?

Un récit qui ne me laisse pas indifférente,
Merci du partage,
Éclaircie

   Donaldo75   
1/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien
J’ai bien aimé cette nouvelle essentiellement pour le fond qu’elle véhicule et la manière de l’exposer. Par contre, et je préfère le dire dès maintenant pour ne plus revenir sur ce point après, je trouve l’écriture, le style utilisé, assez passée, un peu comme si je lisais un texte du début du vingtième siècle ; c’est dommage parce que ce côté vieillot enlève de la force au propos et surtout au caractère de la narratrice qui parait « vieille France » avant l’heure alors qu’elle remet en question une forme de traditionalisme sectaire. Parce que c’est ça, ma lecture du thème, et c’est dans ce mode que je l’ai lue. Elle pousse à réfléchir mais pas forcément dans le seul but de philosopher sur l’existence de Dieu ou que sais-je du même acabit mais sur les croyances imposées par un potentat domestique, un peu comme dans une famille des romans d’Hervé Bazin dont je retrouve par ailleurs le piquant. La famille, c’est pesant parfois et quelle que soit l’époque ce poids a toujours existé. En cela, cette nouvelle et surtout sa narration dont la profondeur peut parfois donner mal au crâne mais n’est jamais indigeste, dissèque le sujet, disserte sur le thème sans toutefois ressembler à un devoir de terminale mais en restant dans ce qu’on imagine la psyché d’une jeune fille qui s’éveille. Dans le troisième paragraphe, la narratrice parle d’illumination là où je vois un éveil et c’est encore plus fort car ce terme tient du vocable religieux, est utilisé pour renforcer le contraste entre cette prise de conscience légitime pour tout individu qui souhaite dépasser son carcan familial.

Merci pour la réflexion ; je vais désormais tenter de reposer mes neurones.

   hersen   
17/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je vais commencer par la fin : elle est glaçante, elle est désespérante, et la mort de la soeur n'a servi à rien, le père a gagné. car peu importe de quel bord est le frère, même s'il est opposé au père, il marche sur le même sentier, celui de la Vérité unique.
j'aurais vu l'épilogue un peu plus travaillé, mais je ne sais pas encore trop comment.
mais en tout cas, cette fin est excellente.

Sinon, en première lecture, un point qui m'a tenue éloignée : tu précises l'âge de l'ado, 15 ans. je vais essayer d'expliquer mon point de vue sur la faiblesse que cela apporte au récit. Si on me dit 15 ans, j'ai dans la tête plus ou moins une norme. Et du coup, cc'est irrépressible, je "juge" si une ados de 15 ans peut dire et penser tout ça. En fonction de mes critères, on est d'accord. Et j'en conclus, toujours d'après ces critères, que j'aurais vu ce personnage un peu plus vieux.
Est-ce important ? me diras-tu. ça l'a été pour moi et j'ai mal amorcé, de ce fait, la démesure que cela entraînait.
Sans préciser d'âge, tu laisses le lecteur libre : elle est la fille de son père et vit sous son toit.
Les questions qu'elle va se poser, à l'occasion de certains faits, c'est par contre bien vu.
L'ambiance de cet étouffement familial est bien rendue, avec ce père qui sait "tout"... du Livre.

Merci pour la lecture !

   Corto   
18/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Vade retro satana, telle est l'expression que je m'attendais à trouver lorsque "Papa s’interrompit aussitôt et aussitôt un silence pesant, lourd d’incompréhension, irradia la famille".

Cette révolte face au dogme, à la domination archaïque des esprits et des comportements, face à la pensée unique venue du fond des siècles obscurs, est vraiment bien décrite.

L'adolescence est ce moment privilégié où l'on ose, où l'on veut comprendre, choisir, chercher et trouver son propre chemin.

Comme un coup de massue asséné à la bienséance fétide on trouve cet épisode: "Dans une rue plus loin, un homme fut assassiné. Personne ne s’en était réjoui bien sûr. L’indifférence colorait pourtant un masque de laideur sur chaque visage croisé"

Tout cela est présenté en termes simples et dans une mise en scène dramatique réussie.

L'épilogue relance le débat ! Car lorsque le frère s'écrie "Je parlerai aux miens, je parlerai à tous, je deviendrai un guide, le guide du Juste et de la Vérité. CAR IL N’EXISTE QU’UNE VÉRITE ! ", on a l'impression que l'obscurantisme a trouvé un nouveau héraut. De quoi désespérer !
à moins que...

Bravo pour ce texte.

   Myo   
20/6/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte courageux, qui prend le risque de son opinion à une époque où cela devient de plus en plus compliqué;

Ce que je trouve le plus déplorable avec les croyants extrémistes ( peu importe la religion) c'est qu'ils n'assument plus aucune de leur responsabilité. Ils se cachent derrière la grâce ou la volonté de Dieu, ils n'agissent plus en leur nom et agissent " au nom de..."

Pourtant, c'est bien ce frère qui a tué sa sœur simplement parce qu'elle a osé émettre son opinion. Mais il ne ressent aucune culpabilité, au contraire, il est persuadé d'avoir fait ce qu'il devait.

Un texte qui aurait pu être étoffé davantage, notamment au sujet de la pression sociale négative, de cette emprise du groupe, de "l'honneur".

Merci du partage

   plumette   
29/6/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Cherbiacuespe

Un sorte d'hermétisme dans les 2 premières phrases m'a dérangée : je n'ai pas réussi à me représenter ce qu'est une "phalange ironique" et le terme divination m'a semblé utilisé à la place de révélation.
j'en viens tout de suite à l'épilogue qui est un bon procédé narratif pour éclairer rétrospectivement le texte. Mais vous choisissez de boucler la boucle: l'abandon d'un dogme pour un autre avec toujours cette même méthode de "l'intégrisme" et ce choix d'auteur m'a paru un peu artificiel, surtout là pour faire "chute".

la précision de l'âge de la jeune martyre ne colle pas , pour moi, avec son niveau d'analyse et de langage vraiment élaboré. A ce propos, le langage utilisé nous propulse dans un temps ancien , peut-être dans les débuts du christianisme? ( difficile à situer ) Au fond, c'est plutôt un atout du texte parce que le lecteur est obligé de faire un effort pour "suivre" le débat et qu'il accepte dans ce contexte éloigné où il suppose d'autres moeurs, les séances de "ceinturon" infligées par le père à sa fille qui y est résignée !

je serai curieuse de connaître la genèse de l'écriture de ce texte! et espère que vous nous en direz quelques mots

   Anonyme   
1/8/2021
Le style moderne et aéré de cette nouvelle ne me plaît (mes goûts littéraires vont à quelque lyrisme compliqué) que moyennement mais convient sans doute très bien au propos. Le caractère dramatique de la chose me fatigue assez, et aurais-je préféré ces propos dilués dans une autre forme ; toujours est-il que ces propos m'ont intéressé, sont bien tenus, bien écrits selon les critères de la clarté, et que ce rapport épuisant entre les personnages correspond assez bien à celui d'une domination de la force physique sur la capacité réflexive d'un être poursuivant ses pensées. Le père terrible au ceinturon a trop existé, existe toujours hélas, la fille battue à mort également, au nom de tous les amours, toutes les amours, même ceux au nom de quelque dieu ; que je suis heureux de vivre loin de ces êtres et de leur planter mes ongles dans la nuque lorsque je les surprends au coin d'une ruelle.
Je pense à la mort de Socrate, bien qu'il n'y ait pas tant de sagesse philosophique chez la jeune fille ici représentée.

J'ai failli arrêter ma lecture au 3, ai regardé combien il restait à lire, et ai poursuivi. Je ne le regrette pas.

L'épilogue est d'une ironie très puissante à laquelle je ne m'attendais pas.


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