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cherbiacuespe : Hommage aux folles théories de mon tonton Célestin
 Publié le 08/05/24  -  6 commentaires  -  10660 caractères  -  47 lectures    Autres textes du même auteur

« Ne me dites pas que j’ai tort d’être là. Un jour, vous apprendrez que j’avais raison d’être là. »
Une ouvrière du textile lors d’une manifestation contre la fermeture de l’usine dans laquelle elle travaillait.


Hommage aux folles théories de mon tonton Célestin


Il était grand et sec comme un coup de trique. Comme son frère aîné, mon père, Démosthène, et Ignace, père de cette paire hétérogène. J’étais encore un drôle en culotte courte et ne comprenais rien à la politique, l’économie, la finance, l’amour, ni pourquoi de si lourds avions pouvaient voler dans les airs. En résumé, la vie d’un être humain. Célestin, au sein de cette famille sans femmes après que maman et grand-mère avaient trouvé une mort tragique dans un accident de la route, était considéré comme un traître. Choisissant l’usine plutôt que la saine existence de paysan, Ignace ne comprenait pas. Mais qui pouvait prétendre comprendre Célestin ? J’étais très jeune donc, et les incessants accrochages entre le père et le fils cadet ressemblaient à d’incompréhensibles guerres de tranchées. Jamais Ignace ne lui ferma sa porte et il vivait toujours à la ferme, bien que le plaisir de sa présence ne durât que jusqu’à l’offensive des bienfaits du travail agricole. Ce n’était pas le vin qui leur donnait ce teint rosâtre aux joues, c’était la chaleur des colères.


Célestin, je l’adorais. Indiscutablement moins que mon père, certes, mais énormément. Je vivais ce tonton comme s’il fut un enfant de pirate, un aventurier sans peur et plein de reproches. Je me disais que pépé, en vieux patriarche dont la sagesse semblait éternelle et m’impressionnait, ne pouvait pas lui en vouloir sans raison. Célestin me baladait chaque samedi ou dimanche en forêt ou dans cette campagne immense que j’imaginais, quoi qu’on en dise, plus vaste qu’un océan que je n’avais jamais vu. C’est lui qui m’apprit la chasse. Sa première leçon ne fut pas de m’apprendre à tenir le fusil, mais une leçon de morale !


— On ne part pas à la chasse pour faire un carton, pour ça, y a le ball-trap ou le stand de tir de la fête du village ! À la chasse, tu chasses ! Pas non plus pour faire une collection. Pour le repas du dimanche, un seul faisan suffit, ou un seul lapin, une seule perdrix. Les grives, une douzaine, pas plus. Et surtout tu ne tires pas le corbeau, le renard ou la loutre parce qu’on t’a dit que ce sont des nuisibles. Le nuisible, si tu leur tires dessus, c’est toi !


La pêche au bouchon était son dada, maladie transmissible puisque je pratique encore aujourd’hui.


— T’amènes toujours un bouquin, toujours. Si ça mord pas, tu lis !


La cueillette des champignons était une autre histoire.


— Ça, tu vois avec ton père, c’est le meilleur.


Mon père, je crois qu’il l’adorait. Il était intarissable quand il parlait de son grand frère. Quoi qu’il fasse, Démosthène était génial ! J’allais avec lui au village voisin pour les courses puisque mon père et mon grand-père n’avaient pas le temps de s’absenter de la ferme.


— C’est pas l’épicier qui va nourrir mes vaches, grinçait pépé.

— C’est pas non plus tes vaches qui vont te faire bouffer, répondait Célestin !


Ambiance… Dans son usine, il fabriquait des chaussures, avec des machines, beaucoup de machines, de plus en plus de machines. Ça le chagrinait. Et, chaque fois qu’on en rajoutait, il maugréait salement.


— Dix ouvriers de moins. Bientôt on fera des chaussures sans hommes dans l’usine.

— À la campagne, on a toujours besoin de bras, répondait pépé.

— Parce que tu moissonnes encore ton blé à la main, toi ?


C’était reparti pour une de ces séances de piques qui ne se terminaient qu’avec des cris d’exaspération. Pépé et Célestin ne se comprenaient pas, ou, plus simplement, ne s’écoutaient pas, ne s’écoutaient plus, figés dans leurs certitudes. Toutefois, Ignace était parfois morose. Lui aussi voyait bien son métier changer et se demandait souvent quel avenir leur réservait la société de demain.


***


J’étais plus vieux de quelques années supplémentaires et ne comprenais pas beaucoup plus les incessantes ritournelles de Célestin. « Quand les ouvriers ont accepté de vivre à crédit, ils se sont enchaînés tout seuls à leur sort d’exploités » était l’une d’elles. Je ne voyais pas ce qu’il sous-entendait. Tout le monde ou peu s’en faut vivait avec un crédit et c’était très bien. Pépé avait ainsi renouvelé son parc de matériel agricole pour plus moderne, mieux adapté. Célestin était vraiment un ouvrier, c’était son monde. Il l’était de la pointe de ses cheveux jusqu’au bout de ses ongles de pied. Son sérieux lui permit de devenir agent de maîtrise. À cette époque, ce n’était pas rien.


— Ce n’est pas une raison pour oublier d’où je viens ni qui je suis.


Je notais avec amusement qu’il négligeait donc son passé à la ferme ! Il était de toutes les grèves, de tous les mouvements revendicatifs. On aurait pu croire le contraire, il jugeait pourtant Mai 68 à l’origine des déconvenues futures des siens. « Mai 68, c’est la réduction de l’ambition ouvrière à une maison et une bagnole ! Tu parles d’un rêve. » Célestin s’exprimait sans s’apercevoir de son entourage et devait ensuite affronter son père Ignace, devant tout le monde. Un visage sans émotion, des rides qui ne parvenaient pas à s’incruster sur cette peau, carapace comme une pierre polie, le sourire parcimonieux pour ne pas parler de rictus énigmatique, le verbe rare et précisément soupesé. Ignace écoutait son fils cadet en secouant la tête. En vieux paysan expérimenté, il commentait sur un ton de reproche :


— Aussi, t’avais qu’à rester à la ferme. Personne t’a demandé d’y partir travailler, à la ville !


Sempiternelle mise en route d’une guerre entre père et fils, le premier reprochant au second d’avoir trahi les siens et la terre des anciens, le second se justifiant de son refus de devenir l’esclave de cette même terre qui ne cède en récompense que sueur, sang et immuables abattements. Intuitivement, je sentais comme une évidence que ces deux-là, liés par la chair comme l’écorce à l’arbre, seraient irrémédiablement irréconciliables. Ils n’étaient ni ennemis ni adversaires, ils ne se comprenaient pas. Simplement.


— C’est vrai, personne m’a demandé. Mais toi, dis-moi, quand est-ce que t’as pris un jour pour te reposer, une journée rien que pour toi ?

— Que des balivernes, tout ça ! Y a que le travail qui fait les vrais hommes. Tes machins, là, c’est connerie et compagnie, c’est tout !


Leurs disputes, devenues folklore familial, se terminaient invariablement ainsi : Ignace allait voir ses vaches et Célestin rejoignait ses copains au bar du village. Démosthène, mon papa, ne prenait jamais part à leurs altercations. Fils aîné, il était écrit dans le marbre qu’il serait l’héritier du domaine. Célestin aurait sa part, droits de succession obligent. Mais c’était bien Démosthène qui deviendrait l’exploitant de la ferme. Célestin l’avait d’ores et déjà prévenu qu’il ne gênerait pas le destin et ne réclamerait pas son dû.


Célestin était-il communiste ? Une accusation du pépé dont il était souvent victime. Oui et non, une réponse adaptée ! Il refusait par exemple obstinément de s’engager, prendre une carte.


— Pas de carte ! Jamais ! Je veux pouvoir dire et penser ce que je veux quand je veux !


Il détestait sans vraiment les haïr, les défenseurs de l’URSS, la Chine et les soi-disant grands guides de la révolution. Il avait un faible pour le Che et Tito, mais aussi de Gaulle, Vercingétorix et Napoléon. Le marxisme ?


— C’est une base de lutte pour l’ouvrier, disait-il. Une bonne base.


Il n’était pas, en vérité, communiste au sens où l’entendait pépé. Il avait l’âme ouvrière, plus prosaïquement. Il se savait néanmoins prisonnier d’un système, ce qu’on lui faisait souvent remarquer.


— Faut bien que je bouffe, non, rétorquait-il étonné ?


***


Y avait-il une réelle volonté d’effacement à l’époque ? Une hypothèse que défendait l’oncle Célestin. « Complotisme » dirait-on aujourd’hui. À l’époque, les gens se contentaient d’un « arrête tes conneries, Célestin », qui suffisait pour lui faire comprendre que personne ne le prenait au sérieux. Ce qui avait le don de le faire enrager.


— Mais vous le voyez pas ce qu’ils font ? Ils ferment toutes les usines, les unes après les autres. Ils nous expliquent la bouche en cœur qu’on n’en a plus besoin, que les ouvriers ont fait leur temps, qu’il faut se reconvertir dans le tertiaire, les services. Ah, le tourisme, y z’ont que ça à la gueule maintenant. C’est un génocide social ! Et faudrait qu’on la ferme ?

— Ce qu’on fait ici on le fera ailleurs, Célestin.

— Pardi ! Ça te va bien, à toi papa, de dire ça. Tu le vois pas venir mais un jour, ils vous feront la même chose et on verra les paysans venir pleurer leur sort dans la rue, comme nous ! Vous aurez l’air finauds quand on fera venir la viande d’Asie et les légumes d’Amérique et qu’on vous expliquera que c’est normal, que vous avez fait votre temps et qu’il faut vous reconvertir dans les bureaux.

— Faudra toujours bouffer, on aura toujours besoin de nous !

— Des clous ! Ils vous feront ce qu’ils nous font et vous chialerez qu’on vous a bien eus ! Votre tour viendra, vous verrez, répondait-il avec fureur.


Célestin est parti depuis longtemps, emporté par un cœur trop fragile, une nuit d’hiver. Moi, également devenu paysan, je suis là, avec les copains et mon vieux père Démosthène un peu plus loin. Nous gueulons comme des veaux devant la préfecture notre désarroi, notre impuissance devant l’évolution iconoclaste de ce monde de fous ! Le fumier déversé devant la porte en plexiglas dérangera quelques jours, pas de quoi fouetter un chat. « On veut des actes, pas des promesses, moins de blablabla », hurle-t-on dans un bel ensemble. À côté, une voix rauque se fait entendre : « S’ils veulent qu’on disparaisse, alors merde, qu’ils nous le disent. » C’est comme un électrochoc ! Le visage enjoué de Célestin me revient en pleine face. Et son fameux raisonnement qui amusait tant de monde. Disparaître. En y réfléchissant, je me souviens d’un élu d’un petit syndicat d’agriculteurs qui ne disait pas autre chose. Je n’avais pas fait attention, il expliquait en substance que les décideurs s’attachaient à transformer les paysans en gardiens de sites naturels, des gardes forestiers en quelque sorte. « Si c’est ça, il faut le dire. Nous discuterons ensuite des salaires et deviendrons des fonctionnaires, pourquoi pas. Mais il faut de la clarté », s’énervait-il devant une journaliste. La petite musique de Célestin revient à mes oreilles. Disparaître. Son idée des événements n’était peut-être pas aussi ridicule.


Le calme après la tempête, je suis revenu au village. Mais avant, je fais un détour sur la tombe de tonton Célestin. Pour lui expliquer toute ma détresse, lui demander pardon.


Disparaître… Aujourd’hui, qui peut dire que c’est impossible ?


 
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   Neojamin   
25/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le texte m’a plu, indéniablement, même si j’ai été perturbé par certaines tournures de phrases. J’imagine que c’est volontaire, mais ça fonctionne mieux à certains endroits qu’à d’autres.

Par exemple, cette phrase me laisse perplexe dans le choix des mots et sa construction : «Je vivais ce tonton comme s’il fut un enfant de pirate, un aventurier sans peur et plein de reproches. Je me disais que pépé, en vieux patriarche dont la sagesse semblait éternelle et m’impressionnait, ne pouvait pas lui en vouloir sans raison.»

Dans l’ensemble, c’est pourtant bien écrit et je m’interroge sur la régularité du ton employé par le narrateur, tantôt familier et parlé, tantôt formel et peaufiné.




Quelques images bien sympas, «c’était la chaleur des colères», «liés par la chair comme l’écorce à l’arbre»

J’ai aussi aimé les dialogues, les voix sont authentiques, pleines d’histoires et d’émotions palpables.




Pour le fond, j’ai été un peu déçu en progressant, l’histoire et les personnages ont un peu disparu derrière les discours, j’ai trouvé ça dommage.

Ça revient à la fin, mais c’est une fin peut-être un poil trop entendue, ou trop dirigée. On le voyait venir de manière un peu trop évidente.

En étant sévère, je me demande s’il y a vraiment une histoire ici, ou si l’auteur/autrice a envie de nous la raconter. Mais j’ai aussi pris plaisir à lire cette nouvelle. Je conclus donc en disant que je reste sur ma faim...

   Cox   
28/4/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Bonjour,

Dans l’ensemble, le texte m’a paru intéressant, même si je trouve que la forme ne rend pas toujours justice aux idées. Pour moi, cela a été le plus flagrant dans le paragraphe introductif, qui a failli me faire reconsidérer mon envie de lecture. Je trouve beaucoup de maladresses dans ces quelques premières lignes, par exemple :
- « Comme son frère aîné, mon père, Démosthène, et Ignace, père de cette paire hétérogène. » -> Quel agencement étrange pour cette phrase bourrée d’incises pas très claires… Les relations familiales que vous expliquez sont finalement des plus simples, mais la logique de la formulation semble les rendre particulièrement complexes, et j’ai dû relire plusieurs fois avant de comprendre qui était qui.
- Je n’ai pas compris les noms de la Grèce antique au milieu d’autres plus franco-français. Si c’est une référence à l’orateur je ne l’ai pas perçue dans le texte (le personnage de Démosthène étant de toute façon très effacé). Peut-être était-ce une mode à cette époque dans le milieu rural ? Je ne sais pas. Bénéfice du doute.
- « père de cette paire » je ne sais pas si c’est voulu, mais je trouve le jeu de mot assez lourd à la lecture.
- « cette paire hétérogène », alors que la paire en question n’a été présentée que par son point commun… Pas très adroit, je trouve.
- « En résumé, la vie d’un être humain » -> la finance et la physique des avions ça fait le tableau de la vie d’un humain en résumé ? Pour moi ça ressemble plus à des bouts de phrases lancés sans grande précision et dont la logique ne se raccorde pas très bien.
- « Choisissant l’usine plutôt que la saine existence de paysan, Ignace ne comprenait pas » -> La construction est à revoir je pense. Grammaticalement, on dirait que c’est Ignace qui choisit, ce qui m’a d’ailleurs conduit à me perdre dans les noms pendant un moment.
- « l’offensive des bienfaits du travail agricole » -> le double génitif n'est pas des plus agréables à l’oreille, pour finalement donner une formule alambiquée, contradictoire, à laquelle je ne trouve pas beaucoup de sens.

Bref, cette introduction ne fait pas justice à votre texte et je pense qu’elle serait largement à remanier. Le reste se lit tout de même plus facilement même si l’écriture ne m’a pas toujours parue particulièrement enlevée :
- « Je vivais ce tonton »
- « séances de piques »
- « Pépé et Célestin ne se comprenaient pas » répété à l’identique quelques lignes plus tard : « »
- « J’étais plus vieux de quelques années supplémentaires » (supplémentaires est un pléonasme ici)
- « incessantes ritournelles » me paraît également redondant (la notion de répétition est… répétée)
- « Sempiternelle mise en route » -> moins gênant ; on comprend ce que vous voulez dire mais ça reste contradictoire (une mise en route est par définition transitoire, pas sempiternelle)
- « cette même terre qui ne cède en récompense que sueur, sang et immuables abattements » : je comprends l’idée derrière cette association oxymorique récompense/punitions, mais ça m’a paru surfait et pas tourné de manière très heureuse. « immuables abattements » ne m’a pas conquis non plus : Ignace ne m’a pas l’air constamment abattu et apathique ainsi que cette formule le suggérerait.

Quelques maladresses dans la narration qui gênent mon plaisir, donc. En revanche, je note des dialogues vivants, crédibles et bien rendus, ce qui n’est pas chose aisée ! Une impression assez mitigée pour l’écriture au final.

Le fond en revanche m’a plu parce que ça me parle d’une époque que je ne connais qu’à travers les livres d’Histoire. L’avis de Célestin sur mai 68, par exemple, m’a paru intéressant parce que je n’en avais qu’une vision scolairement positive. Je trouve que ça n’est pas forcément très creusé : j’aurais bien aimé qu’on développe d’avantage les avis/ressentis des persos. Ici, les discutes sont plus souvent évoquées, esquissées par une simple remarque alors que ça m’aurait plu de mieux en comprendre les tenants et aboutissants. Mais c’est un simple choix, et le vôtre se défend tout à fait, qui apporte un certain dynamisme à l’ensemble et suffit à rendre une ambiance générale.
La fin est bien, qui vient boucler la boucle en donnant un côté prophétique au tonton. Je trouve qu’on ne colle pas tout à fait au titre, je ne vois pas trop de folles théories. Juste des rengaines très communes à la « tu verras bien » (ce qui ne leur enlève pas le mérite d’être justes)


Au final, j’aurais largement mis un « j’aime bien » pour l’histoire et le tableau, mais je dois prendre en compte le fait que j’ai quand même beaucoup tiqué à la lecture, et que je suis sorti du texte à plusieurs reprises. Remaniée, cette nouvelle serait très convaincante !

Cox

   jeanphi   
9/5/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Cherbiacuespe,

Un sujet très parlant, dont le titre un peu décalé ni l'incipit ne laissent présager qu'il se situera dans le cadre de la paysannerie.
Je dois admettre que dès les premières phrases j'ai été déstabilisé par cette tournure "Comme son frère aîné, mon père, Démosthène, et Ignace, père de cette paire hétérogène." un peu alambiquée qui heureusement fait exception dans votre texte.
Je trouve que vous plantez bien l'atmosphère, le pragmatisme des rapports terre à terre qui définit souvent les relations dans le milieu de l'agriculture, milieu au sein duquel le pas vers l'industrie est bien souvent franchi. Chacun y va de son point de vue, sans vraiment le remettre en cause, et c'est par un simple constat des faits que raison est donnée à l'oncle post mortem.
La cause des situations familliales fermières monoparentales est couramment due aux maladies ou aux décès durant l'accouchement, c'est un choix d'auteur que de l'attribuer à un accident de la route, comme pour asséner d'emblée un coup du sort aux quatre protagonistes.

   Robot   
8/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un récit social qui nous emmène jusqu'à aujourd'hui.
Il n'y a pas de réelle prise de position du narrateur qui nous raconte en observateur ses impressions sur les débats familiaux.

A la fin les propos de célestin ont fini par ouvrir l'esprit du neveu, successeur à la ferme, confronté à la réalité de la transformation sociale passée de l'usine au secteur agricole. transformation dont les acteurs semblent ne pas pouvoir changer le cours si ce n'est en se comportant comme les gens des usines avant eux.

Je trouve beaucoup de réalisme à l'écriture qui décrit bien le milieu, les contradictions, les oppositions, les incompréhension. Et la vérité des dialogues.

"Célestin était-il communiste ? Une accusation du pépé dont il était souvent victime. Oui et non, une réponse adaptée ! Il refusait par exemple obstinément de s’engager, prendre une carte."

Ce passage m'a remémoré les paroles d'une de mes tantes à propos d'un voisin: "il est dévoué, toujours à rendre service aux gens du quartier. Il m'a bien aidé pour mes démarches à l'office HLM. Dommage qu'il soit communiste !"

Ce qui me conforte dans l'impression de réalisme de cette nouvelle.

   hersen   
8/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ce texte social, je le qualifierais bien de "old school" ! (plutôt un co mpliment de ma part...)
On retrouve les ingrédients que nous connaissons tous pour faire monter la pression, on constate. On s'tate. manif, pas manif ?
Des manifs d'agriculteurs, j'en ai vécues plusieurs au travers de mes parents. Des fils qui partaient dans des petites usines locales pour avoir une vie "plus facile", j'en ai connu plein.
Ton texte est très juste, surtout qu'il finit pas la question fondamentale : disparaître ? Hélas, sous la forme actuelle, c'est sans doute inéluctable.
Et c'est ce qu'on ressent tout au long de la lecture de ta nouvelle, cette inéluctabilité.
Les années ont passé pour moi, et quand je visite mes cousins toujours agriculteurs, ils ont en quelque sorte le même désabusement qu'il y a des décennies. Mais la forme change pernicieusement. Ils me disent passer de plus en plus de temps à l'ordi pour remplir des papiers qu'à soigner leurs vaches.
Là où ton texte est très juste, c'est que le problème n'a pas changé d'un iota. Le fond semble immuable, peu importe la technologie.
Finalement, Steinbeck et ses raisins de la colère sont bien toujours là.
Mon "très aboutie" correspond à ce ton très juste de cette société entre agriculture et industrie, trouver sa place.
Mon "beaucoup" est une sorte d'humilité que je ressens par rapport à ce problème gigantesque d'une agriculture dévastée. Le monde rural se désincruste de sa terre. On lui oppose des arguments en béton.
Merci cherbi !

   Malitorne   
11/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le titre, à revoir je pense, m’a embarqué dans une fausse direction, je ne m’attendais pas à un plaidoyer en faveur de l’agriculture. Plaidoyer mesuré car en fait tu ne prends jamais vraiment partie, néanmoins on devine que derrière tu critiques le virage moderne demandé aux paysans. L’opposition est habile, entre le père attaché aux valeurs de la terre et son fils cadet réclamant un autre mode de vie. Ça fonctionne plutôt bien, aidé en cela par des dialogues convaincants.
( Édité, opinion personnelle)


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