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Horreur/Épouvante
cherbiacuespe : Le jésuite (qui ne convertit pas)
 Publié le 20/05/21  -  9 commentaires  -  15204 caractères  -  75 lectures    Autres textes du même auteur

J'avais seize ans lorsque j'acceptai mon destin. Depuis cette nuit-là, je ne regrette rien.


Le jésuite (qui ne convertit pas)


La discipline n’est pas l’issue ultime d’un esprit simple, contrairement à ce que pensent certains. Erreur pathétique qui l’assimile à la soumission et une prédilection pour s’éloigner de la connaissance. Elle est en vérité la vertu cardinale de l’éclairé. L’intellect naît et progresse, durement, de la discipline. Son génie est de convertir les erreurs en apprentissage. Elle est la convergence de l’inexpérience vers la perfection, elle est le triomphe sur la peur pour la modeler en détermination, elle est la métamorphose du désordre en ordre. Elle est, finalement, de rendre sa place réelle dans le sein de la gigantesque horloge du cosmos. Ainsi, le chaos n’était rien au début des temps, c’est par discipline qu’elle est devenue cette mécanique merveilleuse de l’éternité. Et j’en suis un rouage essentiel !


Mes pensées s’égarent alors que, précisément, j’ajoute les dernières touches d’ordre et d’harmonie à ma tenue vestimentaire : une paire de mocassins à semelles épaisses du plus bel effet, découverte au hasard d’un marché et d’un prix modique. Parfait avec cette chemise col Mao ocre et un pantalon gris anthracite. Satisfait, je peux maintenant envisager avec assurance la suite de mon aventure.


J’ai toujours à l’esprit, des années plus tôt, mon arrivée dans cet immense manoir, avec mère et mon père. Nous sommes venus l’habiter, alors qu’il ne restait plus que quelques semaines de vie à ce dernier. Il avait contracté un cancer qui se généralisait inéluctablement et s’éteignit rapidement. J’étais jeune, trop jeune à l'époque. Une demeure impressionnante tant par sa taille que pour son air lugubre. Elle était entourée d’une végétation épaisse et comme elle, menaçante, obscure. J’eus vite l’impression que cette verdure, ces murs, me jugeaient, m’affectaient, qu’ils étaient décidés à m’étouffer, m’occire dans une mort douloureuse. Ce jour-là, je rendis grâce à mère de m’avoir tenu solidement par la main. J’aurais pu m’enfuir, me suicider par la peur engendrée.


Enfin, mon père décéda.


La mort de ce père que je connaissais à peine ne m’affecta pas beaucoup en vérité. Marin au long cours, il ne nous honorait pas souvent de sa présence et ne restait jamais longtemps, de toute façon. Autant le dire, je ne connaissais pas vraiment cet homme, presque un étranger à mes yeux. Il ne se décida au respect du contrat de mariage qu’à la fin d’une vie passée à naviguer d’un port à un autre port, à l’autre bout du monde. Je n’eus pas le temps pour lui porter une attention particulière.


Il ne fait pas particulièrement froid ce soir. Je n’emprunterai pas la berline de location. Ma propre automobile, une petite citadine, fera largement l’affaire. Mignonne, bleu émeraude, propre, décapotable et confortable, elle ne paie pas de mine, mais elle est plaisante. 19 h 30 ! Je m’installe. Je serai à l’heure, C’est la moindre des choses.


Je n’attends pas longtemps, Sofia surgit d’un coin de rue. Les filles savent se faire désirer. Je descends promptement et me dirige vers elle, un peu surpris par l’attitude hautaine qu’elle adopte en me voyant venir. Elle porte, en plus de cette mine arrogante, une affreuse combinaison délavée et des baskets de marque, mais de couleur trop voyante, agressive. J’avais pourtant précisé avoir réservé dans un restaurant chic. Sofia est méconnaissable, décevante. Mais peu importe, finalement. Je remettrai les choses à l’endroit.


— Alors, trou de balle, tu croyais vraiment niquer ma meuf ?


Le verbe n’a rien d’apaisant. Il vient d’une voix désagréable dans mon dos. Sans doute le comité d’accueil de mademoiselle Sofia. Finalement sans surprise et sans suspense ! Ma déception est grande. Je me retourne. Trois jeunes gars me font face, batte de base-ball en main. Mal rasés, le sourire mauvais, moqueur. Oui, ma déception est grande.


— Tu vas nous filer ton fric, connard. Et ta tire aussi, comme ça, tu sauv' ton p'tit cul. Capito ?


Le langage est pauvre. Sans surprise venant de petites frappes, des loubards sans envergure, qui ne réussiront jamais rien de leur pauvre vie que devenir de médiocres assassins, sans imagination, sans avenir et sans argent. Je pousse un souffle de lassitude. Il va de soi que je refuse une telle alternative. Ils ricanent de plus belle, plus fort, convaincus d’obtenir par la peur ce qu’ils désirent.


Notre nouvelle maison était véritablement effrayante. Je me perdais régulièrement dans l’invraisemblable imbroglio de ses couloirs et j’étais chaque fois habité par une désagréable impression de péril imminent. Je devais sauver ma peau. Une panique indescriptible me pressait de trouver le bon chemin, ma vie en dépendait. Pas question d'endurer les souffrances d’une agonie morbide. Mais l’épouvante ne se limitait pas au sinistre de ces murs.


Mes rêves, mois après mois, devenaient irrésistiblement agités. Je devinais au visage tiré, fatigué, éteint de ma mère, que ses nuits n’étaient pas plus reposantes que les miennes. Quelque chose n’allait pas, n’allait plus. Encore un enfant, je percevais avec clarté que ces manifestations monstrueuses qui hantaient mes nuits torturaient mère également.


Il y était toujours question de créatures effarantes, difformes, tentaculaires, glaireuses, affamées de chairs et ne présentant aucun sentiment humainement acceptable. Des entités antédiluviennes, hors de notre cosmologie. Des êtres qu’une ombre, inquiétante elle-même, mais aussi fascinante, présentait comme les « Grands Anciens » ou, encore, « Premiers dieux ». Un parfum d’exotisme, de mystère mais aussi de terrifiant exhalait de ces visions. J’étais un garçon solitaire, souvent considéré comme taciturne, voire d’un caractère obscur. Est-ce pour cette raison que l’ombre semblait vouloir me séduire ? Ma mère, elle, semblait bien plus perturbée.


Ils ne peuvent s’attendre à pire. Je n’ai sur moi qu’un kaiken, un peu plus long que la normale pour ce type d’arme typiquement féminin. Il va de soi que je maîtrise pleinement le kaiken-jutsu, l’art japonais de manier les couteaux. J’aurais pu m’insinuer au plus profond de leur volonté, leur ôter tout désir de violence. Inesthétiques, falots, misérables, je décidai autrement de leur sort.


Sûr d’un triomphe rapide, le premier de ces jeunes gens se jette sur moi afin de m’asséner un coup fatal. J’évite le bout de bois sans mal, qui frappe dans le vide une fois le dos courbé vers l’avant. Tout mon corps ondule dans une danse subtile et prompte. Assez proche de lui après l’esquive, je n’ai plus qu’à tailler dans son ventre mou une mortelle entaille. La brute glapit une insulte et s’écroule. Ses deux acolytes, un peu éberlués, hésitent deux, trois secondes, sans doute plus. Suffisant pour que le tranchant du kaiken ouvre le cou du deuxième agresseur qui lâche son gourdin devenu inutile et porte ses mains sur la blessure. Bien entendu, cela n’empêche en rien le sang de couler en rigoles abondantes. Celui-là n’en n’a plus pour très longtemps. Reste le dernier de ces abominables. Lui réagit vite et, jugeant l’affaire plus dangereuse que prévu, ébauche un mouvement de repli. Il n’est pas question qu’il s’en tire à si bon compte. Il ne fait que cinq mètres et j’ai déjà criblé son dos de cinq coups, profondément plongés entre ses omoplates. Je peux désormais vaquer à des occupations plus utiles.


Les soirées, à cette époque, débutaient invariablement par une orgie de vents tumultueux précédant la nuit d’un anthracite nébuleux que les rayons de pleine lune ne parvenaient à transpercer. Le tintamarre des arbres et arbustes ressemblaient à s’y méprendre à de furieux avertissements. Puis le silence, glacial, ponctué de grincements, de chuintements, de gémissements nettement audibles. Peur, épouvante, nausée ! Je ressentais clairement tous ces sentiments, je me sentais menacé, à l’unisson de ma mère qui perdait pied et raison, jour après jour. Jusqu’à cette nuit de délivrance ultime.


Prise de folie hystérique, elle entra dans ma chambre.


Sofia ! Fragile, très jolie et traîtresse Sofia. Pas encore une adulte, déjà plus une enfant. Elle s’empare d’une batte dans l’espoir de venger ses amis. Ou se défendre. Mais la scène irréelle dont elle est l’ultime témoin lui enlève tout espoir et elle relâche sa dérisoire massue. Médusée, elle me fixe d’un œil hagard. Je devine ce qui va se passer. Avant d’avoir le temps de courir en poussant un hurlement sinistre, je suis sur elle et la bâillonne d’une main sûre. Naturellement, elle se débat. Mais elle n’est plus, entre mes bras énergiques, qu’une faible poupée de chair.


Je ne suis pas pressé, la nuit est encore longue. Tout en conduisant, avec souplesse et dans les règles de la sécurité routière, je dissèque la scène de l’agression. Mieux qu’un enregistrement de film. Et je suis satisfait. Chaque geste, chaque parade, chaque contre-attaque, chaque mouvement que j’ai initié, ont été parfaitement maîtrisés. Véloce, furtif, efficace, je ne manque pas de remarquer la beauté et le raffinement que j’ai distillés tout le long d’une lutte forcément déséquilibrée. Comment ces pauvres rebuts pouvaient-ils deviner les privilèges qui président à la discipline ? L’archaïsme de leur prétention me désole ! Et me rassure.


J’arrive comme prévu à destination ! La maison est toujours aussi gracieuse et inquiétante pour le non-initié. Un vaste domaine isolé au milieu d’une forêt mystérieuse, ténébreuse. En été même, au plus fort de la luminosité, l’opacité de la végétation domine les rayons du soleil. Jusqu’à la découverte de son secret, une peur sourde irradiait tout mon être à chacun de mes passages en son sein. C’est ma mère, je dois lui rendre grâce, qui libéra, en une nuit, l’homme que je suis devenu. Toutes les incertitudes furent levées et l’univers et sa réalité, désormais, m’accompagnent en chacun de mes actes et de mes pensées. La connaissance et la sérénité ont un prix, mais je n’ai pas de regrets.


J’ouvre le coffre de la voiture et déjà une intense satisfaction m’envahit. Sofia est là, les yeux grands ouverts d’une panique naturelle. Elle ne sait rien encore de sa gloire à venir. Elle se débat encore, certes en pure perte, mais l’ignorance, toujours, n’est que délabrement de l’âme. Avant de l’extraire de son étroite prison, je l’endors à l’aide d’un mouchoir soigneusement chloroformé. Tout autour, les éléments s’agitent. Un vent sauvage se lève. La nuit se fait plus nébuleuse transformant l’ombre en péril. Je prends Sofia. Je dois encore la préparer. Je ne vois aucune harmonie possible vêtue comme elle l’est. Paquet inerte entre mes bras, je la porte à l’intérieur. Aussitôt, un silence éloquent m’entoure. L’heure approche, je n’ai que peu de temps. Mais la discipline, toujours, est une alliée infaillible.


Sofia est désormais sur l’autel, enchaînée comme il se doit. Ma joie est intense. Il faut cependant se méfier des sentiments heureux, ils mènent souvent à l’insignifiance. Tout d’un coup, les ténèbres emplissent l’espace et le temps se suspend. Il vient. Les torches faiblissent, Il a horreur de la lumière. De l’autre côté de l’autel, Il apparaît, enfin. Ses yeux d’un rouge flamboyant, cruels, me scrutent et scrutent l’offrande nue sous son chemisier immaculé, soigneusement repassé, parfumé. J’ai noué ses longs cheveux noirs en un somptueux chignon. Je la voulais belle pour cette cérémonie, elle est magnifique. Il sourit. Je le devine. Le cadeau Lui convient, il conviendra à ses Maîtres. Une main griffue se pose sur le corps de Sofia qui se réveille enfin. Elle Le voit et pousse un cri qui brise la torpeur de la nuit. L’œuvre peut commencer. Ensuite, enfin préparée pour les Maîtres, Il la leur amènera, et Il me récompensera. Encore !


— Je sais ce que vous préparez, Lui et toi. Mais je ne te laisserai pas sombrer dans ce brasier du mal.


De ces yeux exorbités, de ce visage excentrique d’une folle possédée, toute l’attention de mère se portait sur moi.


— Viens, ordonna-t-elle en me tirant par la main derrière elle. Nous devons exorciser ce mal qui t’affecte !


Je ne comprenais rien à ce qu’elle me disait. Elle me traîna à sa suite dans le labyrinthe des couloirs de cette immense demeure, à l’éclairage lunaire. Nous n’avions fait que quelque pas et déjà un froid macabre glaçait ma chair et mon sang. Étais-je encore dans un rêve ? Les murs s’animaient d’une vie inquiétante, une brume sinistre s’insinuait par les interstices du plancher et la maigre lumière des plafonniers faiblissaient mystérieusement. Mère, de plus en plus hystérique, me tiraillait pour avancer.


Nous arrivâmes devant une porte comme surgie de nulle part. Ma peur était à son comble et il n’en n’était pas autrement pour mère, j’en avais la certitude. Elle me regarda, effrayée et déterminée à la fois.


— Il le faut, me dit-elle.


Nous entrâmes dans un silence de cathédrale. J’étais pieds nus et seuls les talons des mocassins de mère claquaient sur la pierre des escaliers. L’interminable descente se termina dans une sorte de vaste grotte aux murs nus, irréguliers. Un cube parfait en pierre trônait en son centre, les côtés décorés de la même écriture de mes délires nocturnes, inconnue, pré-antique ou inhumaine peut-être. L’obscurité aurait pu être absolue si les cinq ou six torches, largement insuffisantes, ne délivraient pas un peu de lumière. Je n’avais qu’une envie : fuir ! Mais qui avait allumé ces torches ? Pas maman qui, je le savais, n’avait quitté sa chambre que pour venir me tirer de la mienne. Qu’espérait-elle en me guidant ici ?


C’est à ce moment-là qu’Il apparut, splendide et terrible. Nous ne vîmes de Lui qu’une forme vague et son insoutenable regard, fentes rougeâtres flamboyantes. Une ambiance pesante imposa son invisible spectre, ainsi qu’une peur absolue. Sa voix fit trembler l’espace tout autour.


— Je suis Nyarlathotep, le Messager des Grands Anciens, le Chaos Rampant. Vous êtes enfin venus à moi.


Ces simples paroles m’apaisèrent comme par un enchantement improbable. À cet instant, je sus. Je devais obéir ! Mère, inversement, hurla, insulta, invectiva l’apparition informe. Je perçus alors tout autour de moi l’atmosphère s’alourdir davantage, s’épaissir. Respirer devint si difficile que j’en perdis connaissance et ne revins à moi que plus tard. À mon réveil, le corps de mère, déchiqueté, brisé, mêlé d’une matière gélatineuse occupait le centre de la pierre sacrée. Le sang avait séché et m’apparaissait comme un linceul de gloire. Nyarlathotep, de ses yeux rougis d’une lave incandescente, me fixait. Aucune parole ne fut prononcée. Pourtant, tel fut le dialogue échangé :


— Me serviras-tu ?

— Oui, Maître.

— M’offriras-tu de quoi rassasier mes Maîtres, à ma demande ?

— Oui, Maître.

— Alors, tu ne manqueras de rien, jamais, tant que je serai satisfait.

— Oui, Maître.

— Et tu seras le jésuite, mon jésuite, celui qui ne convertit pas.


Je suis heureux. Je sers mon Maître. Je le sais satisfait de ma tâche. De Lui, j’hérite un peu chaque jour de son pouvoir et Il subvient à mes besoins. La chair des vivants, un jour, donnera la force qui libérera les Dieux Anciens des limbes qui les enchaînent au non-réel. Enfin libres, ils reviendront parmi nous et le monde à son tour, sera libéré de la lumière.


 
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   Anonyme   
21/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
et le monde, à son tour, sera libéré de la lumière.
Belle formule de fin ! D'une manière générale, j'ai trouvé l'écriture vraiment adaptée au sujet, ample dans les descriptions, maîtrisée, disciplinée comme le narrateur.
En lisant ces phrases :
Sofia est méconnaissable, décevante. Mais peu importe, finalement. Je remettrais les choses à l’endroit.
j'ai su que Sofia allait prendre cher. J'ai bien aimé l'ambiance à la fois explicitement lovecraftienne (réussie à mon avis) et, avec le combat à l'arme blanche, penchant vers le manga me semble-t-il.

À propos de Lovecraft, on retrouve plusieurs fois dans son œuvre l'idée de l'objet maléfique, porteur de pouvoir, ramené d'un long voyage... Au vu de la profession du papa, j'ai cru un instant qu'on serait dans ce cas de figure, que la pierre d'autel aurait d'abord envoûté le marin qui l'aurait mise à l'abri dans la demeure familiale ancestrale (Lovecraft aimait bien l'idée de malédiction sur plusieurs générations, et le cancer paternel, de ce point de vue, manque peut-être un peu de mystère selon moi ; mon avis bien sûr, rien d'autre).

En tout cas je trouve l'histoire solide, bien bâtie et bien servie par l'écriture. De la belle ouvrage ! Une chose qui m'étonne toutefois : le mot de "jésuite" employé par Nyarlathotep, car il me paraît trop spécifique (religion catholique apostolique romaine, création et histoire de la doctrine très bien connues historiquement ; pourquoi un démon immémorial serait-il tant au fait de détails historiques ?), j'aurais plutôt vu le narrateur lui-même se définir ainsi.

   alvinabec   
29/4/2021
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,
Ce texte fourmille de promesses sur une écriture...en devenir.
Nous avons pas mal d'idées sur une ossature fragile, cela manque de construction. Où l'auteur veut-il emmener son lecteur?
D'un paragraphe à l'autre sans doute faut-il des phrases de liaison qui pour le moment n'y sont pas ce qui peut désarçonner.
Cordialement

   Anonyme   
20/5/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

J'ai apprécié ce texte bien écrit, mais au suspense un peu trop convenu, pour qui connaît l'oeuvre d'Ech' Pi' El...

Les analepses successives et ponctuelles donnent au tout un certain rythme, on pourrait juste vous reprocher un manque d'originalité dans l'élaboration de l'intrigue, mais cela ne dépare pas dans l'ensemble des productions des Lovecraftiens, qui sont pour la plupart sans surprises...

Un bel effort néanmoins.

   ANIMAL   
20/5/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bien que le titre ne soit pas attrayant, j'ai découvert ici un très bon texte. Cette nouvelle comporte tout ce que j'attends pour me distraire : un scénario logique et inéluctable, de l'action et de l'aventure, un personnage central intéressant et un décor bien posé.

L'allusion à Lovecraft est tout à fait dans la veine de l'histoire, le cynisme tranquille du héros qui se voue au mal est dans le ton. Il ne fait pas de sentiment, pas plus pour la mort de son père que celle de sa mère ; il a fait son choix de vie et reste cohérent avec.

J'ai apprécié la scène où les voyous ont trouvé plus méchant qu'eux, à coups de kaiken. Dommage que la partie sur les rêves dans la maison vienne couper l'action à ce moment précis, même si on sent l'envie de créer un suspense. Le sacrifice n'est pas détaillé et c'est très bien ainsi, pas besoin de gore pour savourer ce texte.

En amont, j'aurais tout de même aimé savoir pourquoi le père a acheté cette sinistre maison. Cela a-t-il un rapport avec ses voyages, comme presque toujours dans l'oeuvre de Lovecraft ?

Merci pour ce bon moment de lecture.

   Donaldo75   
21/5/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Cherbiacuespe,

Autant dire que tu as réussi à m'entrainer, moi qui ne suis pas un habitué de ce type de récit où le Mal, Lui ou quelque soit le nom qu'on lui donne, imprime sa marque sur le lecteur. J'aime le style, entre le présent et les souvenirs du passé, avec un côté début de vingtième siècle et une écriture classique dont je tairais le nom si je m'en souvenais. Le monologue intérieur de ce jésuite qui ne convertit pas est prenant, prégnant à la lecture et tout au long de ce récit je me suis demandé qui il était même si je ne sentais pas la religion suinter de tous ses pores. Les scènes d'action sont également bien conduites car elles trahissent la tension et la jouissance qu'a le narrateur en la conduisant alors qu'il en connait l'issue fatale pour ses adversaires. Le ton est donné et il perdure pendant toute la narration, même à la fin quand il faut pourtant conclure et donner au lecteur l'explication qu'il attend forcément car il a assez attendu et souffert à se poser des milliers de question.

Bravo !

Donaldo

   Malitorne   
20/5/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Je suis assez mitigé avec ce texte. J’ai bien aimé le développement narratif qui fait alterner des scènes du passé avec celles du présent. Procédé efficace, ça oblige le lecteur à recoller les bouts et donc entrer davantage dans l’histoire.
Moins convaincu par un style parfois surchargé d’adjectifs, surtout dans les descriptions de la demeure et des états d’âme qui vont avec. À vouloir instaurer à tout prix une ambiance lourde vous en faîtes peut-être un peu trop.
Le combat me semble aussi décalé, inapproprié par rapport au contexte. J’avais l’impression d’assister aux démonstrations d’un avatar de Naruto. J’aurais préféré qu’un serviteur des Grands Anciens utilise une violence maléfique.
Le reste passe bien, néanmoins trop soft à mon goût. Vous vous placez dans la catégorie horreur mais passez sous silence le sort de cette pauvre Sofia. Qu’en a fait Nyarlathotep (ça sonne égyptien), suppôt des enfers ? Sûr qu’il l’a bouffée le bougre...

   Anonyme   
21/5/2021
Tout appréciable ce décalage entre le ton, «introspectif», et le genre du texte. Avant la lecture, je n'ai pas fait attention à la catégorie, un aiguillage pas nécessaire. Sans cette information, cette nouvelle promet, d'une certaine façon, la possibilité d'aller dans tous les sens (positivement) ; et cette promesse a fait que le narrateur a réussi à m'emmener dans son univers. J'ai beaucoup aimé l'introduction, le premier paragraphe en tête ; aussi la façon dont l'auteur joue avec le lecteur, (on est content de voir le narrateur s'élever en héros tarantinesque, avant de se dire par la suite qu'il aurait peut-être mieux valu qu'il se fasse tabasser) ; à la première lecture, je me suis un peu perdu vers la fin, une seconde a clarifié le tout, lorsque le fin mot de l'histoire est su. Ici, l'ambiance est posée, glauque, parfois avec redondance dans le champ lexical (quoique...), en contre-point, des amorces jalonnent le récit, le narrateur sait où il va dès le début, il égrène juste ce qu'il faut pour semer le doute ; posés comme des énigmes, ces amorces sur ce qu'il veut faire, doit faire, compte faire, restent à mi-distance, et font que je me suis laissé confortablement bordé dans ce brouillard rafraîchissant, m'attendant à tout moment, même quand l'intrigue se resserre, à voir le narrateur sortir d'un rêve, d'une chambre d'asile, d’une bobine à fantasmes à base d’incestes et de nécrophilie... Avant que la mère se fasse déchiquetée, j'ai un moment pensé à Psychose ; j'ai aussi pensé au dernier film de Lars V.T sur le tueur en série, riant pour les cyniques, comme ici où personne ne finit bien (c’est des liens que j’ai fait, je ne tiens pas à faire des comparaisons)... Je suis peu partisan des systèmes d’annotations de manière générale, ça me donne l'impression de forcer, limiter, simplifier le ressenti fait de plusieurs qui peuvent être contradictoires ; toujours est-il que dans l’ensemble, ce texte m’a plu, avec un plus pour le titre.

   Corto   
21/5/2021
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
N'étant guère familier de ce style, il m'a été difficile d'y trouver un réel intérêt.
Toute la première partie portant la "discipline" au sommet des qualités je me suis imaginé dans un collège d'enfants de troupe se préparant à une carrière militaire pour faire plaisir à Papa.

Lorsque j'ai lu " Enfin, mon père décéda" je compris que le récit baignait dans un désert affectif, ce qui me prépara à la suite.

En lisant " cet immense manoir" puis " Je n’emprunterai pas la berline de location. Ma propre automobile, une petite citadine, fera largement l’affaire" j'ai pensé "pauvre petit enfant riche".

En lisant " Alors, trou de balle, tu croyais vraiment niquer ma meuf ?" je me suis dit qu'on entrait enfin dans la vraie vie. La bataille rangée qui suit m'a d'ailleurs réjoui, impressionné par la célérité du narrateur et l'efficacité de son équipement. Sauf que j'ai trouvé incohérente la présence à cet endroit des trois paragraphes commençant par " Notre nouvelle maison était véritablement effrayante".

Vient ensuite Sofia "elle entra dans ma chambre", formule qui aurait mérité d'être préparée, surtout que le lointain "arrive comme prévu à destination !" rajoute à l'incohérence du déroulement du récit.

On accède ensuite à la cérémonie qui ressemble aux récits anciens de messe noire, ce qui est peu original.
L'intervention de la "mère" qui veut "exorciser ce mal" relance l'intrigue et voici enfin "Nyarlathotep, le Messager des Grands Anciens, le Chaos Rampant". Ce personnage est censé donner tout son sens à l'aventure, mais seuls ceux qui y tiennent vraiment se laisseront impressionner par la scène.

Le discours final sur le "Maître", le "pouvoir", " les Dieux Anciens des limbes", "le monde libéré de la lumière" m'a déçu car au bout de compte je n'ai pas rencontré l'originalité ni à vrai dire…l'horreur.

Vous l'avez compris ni le thème ni le déroulement ne m'ont enthousiasmé.

Une autre fois ?

   plumette   
23/5/2021
j'ai été déroutée par ce texte , en grande partie parce que je n'ai ni goût ni pratique de cet univers.

je me suis demandée si l'auteur n'avait pas fait une sorte de construction après-coup avec deux textes écrits de façon séparée. Comme deux scènes sans grand rapport l'une avec l'autre puis reliée un peu artificiellement.

il y a un travail d'écriture, que je salue, avec deux tonalités très différentes: le narrateur venu d'un autre temps et d'un autre monde (corseté - discipliné- ) confronté à une sorte de jungle moderne d'où l'alternance des parties racontées qui évoquent plutôt le passé et des parties présentes qui met le personnage en action.
Cette alternance qui oblige le lecteur ( non initié peut-être?) à une sorte de gymnastique mentale a finit par m'accrocher à l'histoire.

J'espère que ces quelques observations vous serons utiles.
Je ne note pas car je reste perplexe à la fin de ma lecture!


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