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jeanphi
10/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour,
Par une sorte de témoignage fictif, vous amenez le lecture à une réflexion sur la souveraineté des intérêts de l'État en confrontation avec la souveraineté du peuple. L'exergue est pleinement satisfait. Vous traitez des libertés individuelles et de la démocratie participative dans son état le plus instable, en période de guerre. L'idée de mettre l'Histoire en perspectives est plutôt bien réussie. En effet, la Rome antique et le gouvernement Viviani ne se correspondent pas vraiment sur une base formelle, et pourtant les motivations de l'arrière grand-mère écrivant dans la rage du silence, ainsi que la lecture du descendant en quête de rédemption pour son aïeul convainquent. Le sujet récurent du nombre est-il, comme le pense votre narrateur, par élucubrations, ou bien porte-il un symbole d'empathie. On comprend ainsi chez Rosine une douleur rendue exponentielle par la culpabilisation. |
Robot
10/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Quel beau sujet de réflexion !
J'ai vraiment apprécié le découpage de cette nouvelle. D'abord la réflexion familiale prompte à dénigrer l'ancêtre. Puis le journal de l'épouse dont on apprécie la culture qui nous est présenté non pas comme une leçon pédante mais comme un véritable argumentaire réfléchi et raisonné. Un texte qui vaut pour des époques ultérieures telle que la guerre d'Algérie ou des appelés empêchaient les trains de quitter les gares pour rallier Marseille. Et ceux qui ayant refusé de porter les armes et parfois l'uniforme finirent dans les commandos disciplinaires les plus exposées pour cette raison. Qu'aurions nous fait nous mêmes ? Bonne question ! |
Malitorne
12/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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J’ai inévitablement pensé aux Sentiers de la gloire de Kubrick, film qui m’avait beaucoup ému. La rébellion des Poilus durant la grande boucherie attire la compassion. Tu as le mérite de faire revivre cet épisode douloureux, d’expliquer avec justesse les espoirs et déceptions des acteurs du moment ainsi que les incompréhensions familiales.
Cependant le traitement est trop lourd, à mon avis, ceux qui ne sont pas férus d’histoire trouveront indigeste le long passage sur Rome. En plus ici le style change, on devine que tu cites des sources, ça ressemble presque à du copié/collé. En fait ce n’est pas une nouvelle que tu nous sers là mais un cours d’histoire à peine romancé. Ça reste instructif, éclairant, mais en aucun cas tu ne réponds aux critères d’une nouvelle en bonne et due forme. Tu n’es pas le seul, je constate souvent des écrits sur Oniris qui n’ont rien à voir avec ce genre. |
Louis
19/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Cette nouvelle déroule le récit intéressant d’une enquête sur une histoire personnelle et familiale au croisement avec l’Histoire.
Pour point de départ : une tache, une infamie qui marque la famille du narrateur. Un arrière-grand-père serait un « traître » et un « lâche ». Son nom n’est pas évoqué autrement dans le milieu familial que par ces jugements qui déshonorent l’aïeul, et le rangent dans la catégorie du « méprisable ». Cet homme a été jugé avant d’être compris. Le narrateur, lui, veut d’abord comprendre. Il est en quête de cette compréhension, qui se fera de façon un peu fortuite, mais pas vraiment, le Journal qu’il découvre dans un grenier, lieu de l’oubli et du refoulé, nourrit une volonté de savoir préalable ; l’aurait-il seulement ouvert, sans elle ? La nouvelle va prendre la forme d’une révélation, à la lecture de ce Journal, des actes et intentions véritables de Léopold, l’ancêtre méprisé. Ce document écrit a été rédigé par Rosine, son épouse. Elle fut la seule personne « qui comprit son geste », mais on ne l’a pas consultée, et son témoignage n’a pas été recueilli. Qui était-il donc, cet aïeul, tant vilipendé ? Quel a été exactement son comportement au cours de la Grande guerre ? Les écrits de Rosine commencent par une référence en un long, trop long détour, à la Rome antique, celle qui a vu la naissance de la République. Quel rapport entre la 1ère guerre mondiale, le comportement individuel de son mari dans cette guerre, et la Rome d’autrefois ? Que veut-elle montrer par ce discours sur Rome ? Comment peut-il permettre de comprendre le comportement individuel de son mari ? Rosine procède par une analogie entre le refus par Léopold de la guerre et des combats, qui lui ont valu tant de calomnies, et d’autres refus historiques de se battre dans la Rome ancienne. La plèbe romaine refusa, à plusieurs reprises, de prendre les armes contre les ennemis qui menaçaient Rome. Rosine veut montrer que ce n’était ni par lâcheté ni par trahison. Leurs actes, quoi qu’en aient pensé les patriciens, n’avaient rien de déshonorant, tout au contraire. Les plébéiens refusèrent de se battre en situation d’injustice, et d’absence de liberté. Le début de la république romaine s’avéra, en effet, une « aberration », puisque le pouvoir, la Cité n’a pas été la chose de tous, le bien commun, comme son nom ( res publica) pourtant l’indique, et que le pouvoir fut confisqué par une « oligarchie violente, sauvage », qui gouverna dans son intérêt et non dans celui de tous. Les Patriciens concentrèrent entre leurs mains tous les pouvoirs et exercèrent une domination sans partage sur la plèbe Celle-ci n’accepta de se battre pour défendre l’État qu’à la condition que celui-ci soit authentiquement républicain. Elle opposa un refus de mourir pour ses maîtres, quand la victoire commune serait leur défaite de groupe. Le refus n’était donc pas un déshonneur, mais au contraire l’honneur des hommes libres, qui rejettent l’injustice et la subordination à une classe de privilégiés. Son action aboutit à la nomination de « tribuns » qui lui permirent une participation au pouvoir et à la marche des affaires publiques dans la Cité. S’il y eut trahison, ce n’était pas de la part de la plèbe, mais à plusieurs reprises, celle des promesses et engagements non tenus des consuls et représentants des patriciens. La lutte plébéienne fut donc courageuse, vaillante, elle fut l’histoire d’une révolte, et de la constitution d’une république contre toute forme d’oligarchie ; l’histoire d’une revendication de justice et de liberté. Le refus du combat a fait progresser, grâce à leur action, l’idée républicaine et ses valeurs. La démarche de Léopold allait dans ce sens, s’inscrivait dans ce courant de lutte historique pour la liberté et la justice. Mais il lui a manqué « le nombre », qui donne la puissance, après l’assassinat de Jaurès. Son combat fut solitaire. Mais il n’a pas trahi, Rosine situe la trahison chez ceux qui, « dans le camp du grand homme » de son vivant, l’ont « renié » en soutenant « l’Unité nationale » après sa mort. Le narrateur découvre donc que Léopold fut un homme courageux, un esprit libre qui voulut s’opposer à la guerre, et aspirait à un monde plus juste et plus libre. Cet homme paya de sa vie une révolte qui ne réussit pas à devenir un mouvement collectif. Le discours de la famille qui le déconsidère est conforme au discours dominant du pouvoir, qui a mené à cette guerre atroce, à cette « boucherie » que fut la première guerre mondiale. La dernière question que le narrateur se pose devant « le miroir de la salle de bain » fait bien office, en effet, pour lui-même et pour chacun, de miroir dans la réponse donnée à cette interrogation : « qu’aurais-tu fait si un type était venu te voir pour déposer les armes ? », reflétant notre courage ou notre prudence, ou encore notre lâcheté. Bien qu’à ce reflet, devrait s’en ajouter un autre, celui de l’idéologie intégrée : celle des va-t-en-guerre ou celle qui prône la paix dans la liberté et la justice. Merci cherbiacuespe pour ce texte intéressant, et courageux aussi. |
dowvid
13/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
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Intéressant,ces courtes bribes d'histoire. Surtout pour un Québécois qui ne connaît de Jaurès que la superbe chanson de Brel.
Et qui aime le Déserteur, tant de Vian que de Renaud. Belle lecture. J'aime moins l'aspect du conte au passé. Les verbes au passé, je veux dire. Ça émet une certaine distance entre le lecteur et le texte à mon avis. Mais bien sûr, c'est parfois nécessaire. merci |