Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Humour/Détente
Cleamolettre : La véritable histoire de H. et G.
 Publié le 15/08/24  -  10 commentaires  -  5974 caractères  -  74 lectures    Autres textes du même auteur

Ne jamais croire tout ce qu'on vous raconte…


La véritable histoire de H. et G.


Nos parents avaient décidé de ne plus nous préparer les repas. Ils estimaient qu’on était assez grands pour chasser nous-mêmes ma sœur et moi. Ils avaient juste insisté sur la règle de base, la seule d’ailleurs : un interdit. Tuer d’un coup ou torturer un peu pour attendrir la viande, d’accord. Égorger proprement ou patauger dans un bain de sang pour s’amuser, parfait. Des nouveau-nés ou de vieux grabataires pour se délasser, pas de soucis. Mais un être humain, non.

Il est vrai que dans la forêt qui entoure notre foyer, il y a suffisamment de sorcières, d’elfes et de loups-garous pour ne jamais avoir la dent creuse. Un garde-manger sombre et frais à souhait qui regorge d’en-cas et de petits goûters.


Ce n’est pourtant pas l’envie qui me manque de croquer une gamine toute rose de temps en temps. La fraîcheur de la chair humaine et sa tendreté n’ont rien de comparable. Mais la dernière fois où j’ai cédé à la tentation, j’ai été bien puni : papa m’a suspendu en chauve-souris à un arbre pour que je recrache le bout de cuisse charnu que je venais à peine d’engouffrer. Puis j’ai été privé du jeu des osselets pendant toute une lunaison. J’y suis imbattable pourtant et c’est mon loisir préféré. Ma sœur était ravie en revanche : pour une fois, c’est elle qui gagnait toutes les parties, que ce soit avec des phalanges ou des tibias.

Mais le plus douloureux fut la leçon de morale de mon père : « Hansel, fiston, quand tu seras plus grand, tu pourras grignoter les seins de tes conquêtes, certaines aimeront ça, mais pour le moment, fais plaisir à ta mère, ne touche pas aux humains, c’est sa lubie depuis sa crise de la quatre centaine. » J’avais promis, amour filial oblige.


Quand on est partis pour notre première chasse avec Gretel, on a donc soigneusement évité le village de l’orée du bois. Même si je sais bien que goûter du jeune garçon la démange. Mais j’avais entendu parler d’une sorcière croqueuse d’enfants, qui n’apparaissait qu’à ceux perdus dans la forêt et j’avais ourdi un plan pour la faire tomber dans nos filets.


On a donc fait semblant de s’égarer. J’ai mordu Gretel très fort, pour qu’elle crie un peu, et elle m’a planté un bâton dans l’œil pour l’humidifier. Aussitôt, on a aperçu un chemin menant à une petite maison toute rose en pain d’épice. Ce qui m’a donné la nausée. Je déteste les douceurs. La barbe à papa c’est écœurant, en plus les poils se coincent entre les dents. Et le seul aliment poisseux que j’aime c’est le sang, le sucre n’a pas son délicieux goût de fer rouillé et sa belle couleur chaude pulsative.

Gretel est moins fine bouche : en pleine croissance, elle dévore tout ce qui lui tombe sous la main, y compris des choses improbables comme de la terre ou des bouts de bois qu’elle mâchouille consciencieusement « pour se faire les dents ».

Je l’ai donc missionnée pour croquer un petit bout de toit en biscuit et une poignée de porte en pomme d’amour.


Et la sorcière est sortie de son antre, toute mielleuse, la voix en sucre candi, la main guimauve et le sourire tagada. J’ai détourné les yeux de peur qu’elle ne me coupe l’appétit. Je l’ai suivie à l’intérieur comme si j’étais dupe et j’ai feint la surprise effrayée lorsqu’elle a refermé le clapet de sa cage sur nous. J’aurais pu, d’un coup d’incisive, faire voler en éclats ces barreaux tendres, mais j’ai joué mon rôle de petit garçon apeuré à la perfection.

Comme prévu, la sorcière n’a pas failli d’un iota à sa réputation, quel manque d’imagination… M’enfermer pour m’engraisser avant de me manger, alors que franchement, plus rondouillard que moi… Maman a même tenté de me mettre au régime végétarien par deux fois, mais je m’anémiais sans bonne chair fraîche arrosée de sang tiède.


Je vous passe les détails soporifiques destinés à endormir les enfants, la sorcière a fini par allumer le four et me sortir de ma cage. Je parie que si vous entendez parler de l’histoire, on racontera que ma sœur, rusée, a poussé la sorcière dans son propre brasier, qu’on s’est enfuis en volant ses bijoux et qu’on a retrouvé notre chemin en traversant la rivière sur le dos d’un cygne.

Foutaises.

La vérité c’est qu’on a égorgé la vieille dans son sommeil pour la becter mais qu’elle était trop coriace : je me suis cassé une canine sur cette vieille carne, et Gretel a mâchouillé un bout de peau pendant des lustres sans parvenir à lui trouver le moindre goût. Résultat, on crevait la dalle !


J’ai bien songé à voler ses diamants pour les échanger contre un cuissot de chevreuil chez le boucher, mais Gretel a refusé en pleurant : elle adore les animaux et l’idée d’en manger la révulse. Pourtant, il était hors de question de revenir bredouilles. Alors en rentrant, on a fait un petit détour par chez les voisins, le père n’était pas là, il bossait à des lieues, sept je crois d’après ses bottes. La mère était dans la cuisine avec sept petits gars mignons comme tout, qu’elle prévoyait de faire mijoter pour ses filles. J’ai dû empêcher Gretel d’aller en suçoter un ou deux… On s’est glissés en douce à l’étage, j’ai boulotté deux fillettes d’un coup dans la salle de bain, divines ! Douces et tendres comme des petits cochons de lait. Gretel a eu les trois siennes dans leur lit, je l’ai trouvée un brin flemmarde mais elle n’avait pas grand appétit et m’a laissé les deux dernières. Elles jouaient dans le jardin à se pousser sur une balançoire, un charmant tableau, attendrissant. J’ai hésité l’espace d’une seconde, admirant la pause bucolique, avant de faire un carnage. J’ai gardé quelques bras potelés en casse-croûte.


Et on est rentrés narrer nos exploits aux parents. Ils nous ont félicités, on avait brillamment passé l’épreuve, celle du droit d’entrée dans l’âge adulte. Papa, fier de nous, nous a préparé des brochettes de lutin rôti. Et maman a aussitôt eu l’air d’aller mieux : elle a réclamé de l’humain pour se caler les joues. Je me dépêche donc, en attendant sa crise de la cinq centaine, d’aller faire un tour au village…


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Cristale   
4/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Complètement déjanté mais j'adore ça !

Un amalgame de contes qui se racontent aux enfants avant qu'ils s'endorment, toutes sauces mélangées de chairs, de sang, de membres potelés au goût de lait maternel. Un régal sans retenue !

Ici l'horreur n'a pas de limites mais qu'est-ce qu'elle est jouissive intellectuellement !

Un récit bien écrit, bien présenté.
J'adore.

   Donaldo75   
5/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C'est carrément truculent, marrant, un détournement de conte bourré de clins d'œil. L'humour est déjanté, punk par moments et le récit est très bien mené. J'ai beaucoup aimé lire cette histoire dont le style narratif vif et enlevé agrémente la lecture. C'est court, percutant, délirant.

Un excellent moment de lecture.
Bravo !

   Yakamoz   
15/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un récit très bien écrit, plein d'humour, politiquement incorrect et qui dérape dans tous les sens.

L'horreur va crescendo mais on adore et on en redemande.

Lecture jubilatoire, bravo !

   Robot   
15/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce conte est atroce; Les enfants vont adorer ! Ben oui, on nous racontait bien dans ma jeunesse d'horribles histoires d'ogre ou celle du boucher de Saint-Nicolas.

L'histoire est menée tambour battant, déroulé avec son lot d'atrocités réjouissantes et sordides, et ceci dans une écriture pleine de verve.
J'ai adoré quand Hansel nous ramène à la réalité des faits concernant le passage chez la sorcière.

On oublie par exemple que Charles Perrault, quand il écrivait ses contes ne s'adressait pas aux enfant mais à un public cultivé d'adultes.

Hansel et Gretel version hard. Qu'en penseraient les frères Grimm ?

   Cornelius   
15/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Un remake de conte à déguster sans modération.
Pour les amateurs des histoires un peu déjantées.
Un sympathique moment de lecture.

Bon appétit

   papipoete   
15/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Cleamolettre
Votre pseudonyme ( alors que c'est peut-être votre vrai patronyme ? ) va parfaitement à cette histoire " avec queues et têtes ", où l'on se régale de sa loufoquerie !
Cela put baigner dans le gore, que nenni et malgré tous ces délicieux mets de chair fraîche, on rigole en faisant attention qu'on ne nous voit pas le faire, devant tant de délicieuse cruauté !
NB l'avant-dernière strophe est ma préférée, dans cette histoire à raconter à de " grands enfants ", avant le passage du marchand de sable, ou à de plus petits " à qui l'on ment "
bel exercice d'écriture que cette version de Hansel et Gretel, jubilatoire !
bravo pour nous faire sourire, à défaut de rire pour les râleurs !

   Myndie   
15/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Excellent! Je suis morte de rire!
Hansel et Gretel sont bien plus passionnants que les personnages du conte tels qu'on nous les présente.
Je me suis régalée à la lecture de ce récit à la fois loufoque, gothique, amoral et plein d'humour noir.
Vous souvenez vous de cette scène de La Famille Addams où Morticia, engagée comme institurice, raconte aux petits des histoires tellement morbides qu'ils éclatent tous en sanglots?

Ne seriez-vous pas la Morticia d'Oniris? ;D

   jeanphi   
17/8/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Bonjour,

Je suis pour ma part un peu déçu par cette lecture dont je trouve la narration statique et le contenu vulgaire.
Mais il en faut pour tous les goûts !

   Cox   
19/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je ne sais pas si vous connaissez la série de B.D. initulée "Trolls de Troy"? C'est une série qui raconte la touchante vie de famille au sein d'un village de monstres herculéens et anthropophages: les trolls (à l'exception d'une humaine adoptée qui refuse d'admettre qu'elle puisse être autre chose qu'un troll glabre). Je vous le conseille si ça ne vous dit rien, c'est très sympa dans le genre gore-rigolo, et votre texte m'y a fait penser.

En tout cas, je n'ai pas grand chose à dire pour cette fois, c'était un plaisir de lecture légère. Le texte est simple et rigolo, il se suit sans accroc, et le style est limpide. Peut-être qu'on insiste un tout petit peu trop parfois sur le décalage? Par exemple, j'ai trouvé amusant qu'Hansel ne puisse pas blairer le sucre, mais l'aboutissement sur "Et le seul aliment poisseux que j’aime c’est le sang, le sucre n’a pas son délicieux goût de fer rouillé et sa belle couleur chaude pulsative" m'a paru peut-être de trop (légèrement redondant).
Ce n'est pas très important, c'est surtout du pinaillage. Au final, le texte est réussi; la lecture est amusante et offre un bon moment de détente.

Au plaisir de lire vos prochains textes!

   solo974   
19/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,
J'ai beaucoup aimé votre nouvelle.
Vous avez su revisiter ce conte avec brio et beaucoup de maîtrise.
Vous avez réussi à me faire rire, en dépit de la catégorie choisie !
Un grand bravo à vous !!!
Merci pour ce partage et au plaisir de vous relire !


Oniris Copyright © 2007-2023