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Sentimental/Romanesque
ClorisMenset : Le point du pardon [Sélection GL]
 Publié le 26/08/17  -  12 commentaires  -  14913 caractères  -  56 lectures    Autres textes du même auteur

Un homme, au long d'une randonnée en montagne, prend soin de sa compagne souffrante en tâchant de ne pas l'inquiéter.


Le point du pardon [Sélection GL]


Au départ, c’est moi qui avais insinué qu’il était possible de faire le chemin à pied plutôt qu’en voiture. J’avais bien précisé que ce serait quand même un peu long – peut-être un peu trop, voulais-je dire. Mais Lise avait eu envie, malgré tout. Évidemment. Plus que ça : elle l'avait décidé.


Nous avons regardé sur la carte. Le filin craquelé qui correspondait au sentier et traversait les courbes de niveau vues de satellite annonçait, en tout, une marche de huit heures. Mais la clinique ne s’élevait qu’à mille cinq cent mètres : pour l'atteindre, il faudrait compter environ deux heures. Peut-être trois, en ne se pressant pas.

J'ai appelé là-bas pour me le faire confirmer. Une standardiste étonnée m'a dit que oui, en effet, mais qu'il était tout de même plus pratique de venir en voiture.

« Une portion de route a été spécialement rénovée à la demande du directeur. Elle garantit un accès à la clinique sans risques. »

« On ne vit jamais sans risques », avais-je répondu en entendant la voix de Lise à la place de la mienne.


Le sentier ne portait aucune icône préventive signalant la possibilité d’obstacles, de passages escarpés, de zones dangereuses. Brièvement, j'en ai été rassuré. Je savais que nous y serions allés dans tous les cas, avec ou sans obstacles. Mais il fallait que j'y aille sans inquiétude. C'était crucial. Pas pour moi, mais pour Lise.


Lise est allergique à l'inquiétude. C'est une image autant qu'une réalité physique. Plus jeune, elle en faisait des plaques rouges qui lui dévoraient l'intérieur des coudes et des genoux. Puis venaient les mains et les pieds. Elle m'a raconté : « J'avais mal en marchant. D'être inquiète, j'étais forcée de rester immobile. Ma peau gonflait, rougissait. Je me grattais au sang. Et puis ça passait. J'arrêtais de m'inquiéter. Je pelais à grands lambeaux de peaux mortes, mais je marchais à nouveau. »

L'inquiétude qui fait barrage à la vie, qui entrave les gestes, qui estompe le présent derrière son voile. Qui vitrifie le monde – de ses propres mots.

« Ceux qui s'inquiètent vivent dans un monde en verre. Je ne vivrai pas dans un monde en verre. »

Cette inquiétude qu'elle n'a jamais appris à supporter chez elle, et qu'elle traque chez les autres. Comme pour les en libérer.


Ce qu'elle supporte moins que tout, c'est mon inquiétude pour elle. Il suffit que je la lui montre – ou pire, qu'elle la décèle, parfois même avant que j'en prenne conscience moi-même – pour qu'elle s'emmure dans le silence. Un voile tombe sur son regard et je m'efface. Je me fonds dans le décor qui m'entoure, je ne suis plus personne. Je me dissous dans un monde perdu – vitrifié. Elle devient sourde à mes mots, à mes caresses. Ce n'est même pas de la méchanceté ; c'est simplement que quelque chose d'autre prend le relais de sa conscience. Un corps étranger pour qui je suis inconnu.

Je ne peux qu'attendre. Elle fait durer le sortilège longtemps, l’étire jusqu’à une limite qu'elle seule peut mesurer. Jusqu'à ce point mystérieux où tout d’un coup les choses reprennent leur place. Un point invisible où quelque chose, en elle, se dénoue. Je l'appelle le point du pardon. Sans raison apparente, je redeviens son amour, son ami, son seul allié sous le ciel. Elle me reconnaît comme après une amnésie passagère. Mais durant l’amnésie, du temps a passé. S'est perdu.


Être inquiet pour elle, ça veut dire la trouver faible. Voilà ce qu’elle ne supporte pas, voilà ce pourquoi elle me punit. Je peux lui trouver toutes les formulations possibles pour lui dire le contraire, qu’elle restera à jamais la femme – et même la personne, l’individu, la forme de vie – la plus forte qui aura croisé mon chemin, ou qu’elle constitue pour moi l’incarnation même de la force, que mon image mentale de la force a son visage, elle ne veut rien entendre.

« Ce sont des mots, dit-elle. Être inquiet, c’est plus que ça. C’est un état. Ça modifie ton visage, ça modifie l’air autour de toi. Quand tu es inquiet pour moi, tout est modifié. Le monde devient terrifiant. Et c’est de ta faute. »


Après le diagnostic, elle m'avait prévenue.

« À partir de maintenant, tu n'as plus le droit d'avoir peur pour moi. »

Ce qu'elle m'avait demandé, c'était un serment.

« Jusqu'au bout, tu n'as plus le droit d'avoir peur. »

J'avais juré.

Nous avions rendez-vous à la clinique à dix-sept heures. Nous avons mangé sur la terrasse du chalet, face aux montagnes vertes et brunes sous les déchirures de blanc. Je n’arrêtais pas de regarder ma montre en douce alors que Lise, alanguie par la digestion, se renversait sur sa chaise et crachait au ciel des bouffées de fumée qui devenaient des nuages. Elle souriait en fermant les yeux, de ce sourire égoïste qui ne répondait à rien d’autre qu’à son monologue intérieur. Sa tête était couverte du turban jaune vif qu’elle avait choisi pour dissimuler son crâne. Ainsi dénudé, son profil droit et pentu aux angles nets semblait à la fois sans âge et non sexué. Un visage au-dessus du temps et du genre. Héraldique. Aussi belle qu’elle l’avait toujours été.


Il fallait conduire jusqu’au départ du sentier. La route en lacets exigeait toute mon attention. Il suffisait de croiser un véhicule en sens inverse et je paniquais, transpirant et jurant d’une voix blanche. Lise riait aux larmes sur le siège passager. Elle se renversait sur moi pour crier, à travers la fenêtre ouverte, des excuses aux autres conducteurs. « Pas d’inquiétude, il est un peu simplet mais il n’est pas dangereux ! » Ils considéraient en souriant mon visage blême, agitaient la main et passaient sans encombre.

Je regrettais silencieusement la route large et lisse, bitumée, que l’on voyait sur le site de la clinique. On pouvait admirer, sur la photo satellite, le liseré noir aux virages doux qui partait de la gare pour aboutir au pied de l’établissement.


Je finis par garer la voiture sur un parking désert. Le départ du sentier était large, pas trop escarpé, couvert de gravier blanc. Pas plus dangereux qu’une petite promenade de santé. Nous y sommes allés avec assurance. J’ai résisté à proposer à Lise de porter son gros sac, bien plus lourd que la maigre besace que je portais en bandoulière. Elle avait des affaires pour un nombre de jours indéfinis. Moi je n'avais que de l’eau, une orange, un pull. Il ferait sûrement plus frais sur le chemin du retour.

Après une demi-heure, elle se mit à peiner un peu. Je feignais de ne pas le remarquer, enchaînant les blagues, les remarques sur le paysage. Elle souriait distraitement.

« Tu n’es pas obligé de m’attendre, tu sais. Marche à ton rythme. »

Je la pris au mot et accélérai d’un coup. Je lui jetai par-dessus mon épaule un regard narquois de vainqueur auquel elle répliqua de loin en me tirant la langue.

Passé un virage, je la perdis de vue. Le sentier continuait en s’amincissant dans un sous-bois de pins odorants. J’y pénétrai en inspirant profondément. Le gravier avait disparu. Je marchais sur un filet de terre meuble flanqué de fougères et de racines tortueuses. La végétation grandissait, prenait des proportions inhumaines. D’énormes arbres tombés barraient les rares clairières, laissant couler sur leur écorce une écume de champignons gris. Le flanc de la montagne devenait un décor de préhistoire.


Placé en surplomb, je la guettai jusqu’à apercevoir à nouveau sa silhouette. Elle marchait d’un pas régulier, assuré. Elle s’était trouvé un long bâton qu’elle plantait devant elle avec un bruit d’entaille dont l’écho était étouffé par la densité des arbres. Je la contemplai un long moment en essayant de me maîtriser. En tâchant de faire tomber la peur qui me saisissait à la pensée de ce qui suivrait cette promenade innocente.

Elle leva les yeux et me vit. Aussitôt, je plongeai derrière un gros rocher. Elle cria quelque chose que je ne compris pas. Je risquai un coup d’œil furtif, juste assez pour apercevoir son sourire sous le turban jaune. J’entendis un bruit de chute juste derrière moi. En sortant à nouveau la tête de ma cachette, je ne la vis plus. Un caillou ricocha tout près, et je la retrouvai : elle était dissimulée derrière un tronc et me bombardait. Je grattai la terre à la recherche de petites pierres et répliquai d’un feu nourri. Lise hurlait des provocations guerrières. Se moquait de la petitesse de mes projectiles, elle qui m’envoyait des morceaux de roche gros comme le poing.

Assiégé derrière mon rocher, je ne pouvais pas lutter. Je décampai sous ses cris de Sioux, poursuivi par des tirs minéraux en pointillés.


Le chemin continuait de rétrécir. À certains endroits, il fallait se coller à la paroi verticale et enjamber des éboulis dont les reliefs traçaient nettement la possibilité d’une chute dans le vide.

La carte n'était pas fiable. Impossible de savoir où nous conduisait le sentier.

J’aurais voulu rebrousser chemin et aller retrouver Lise, la couvrir de baisers et l’escorter lentement, prudemment, jusqu’à la voiture. Et conduire, face à la peur, jusqu'à ce lieu qui allait me la prendre. Jusqu’au bout du chemin. L’empêcher de mourir ici, bêtement, à cause d’un pied qui glisse.

Lui dire, simplement. D'un air dégagé. « Je crois que nous nous sommes trompés. »

Et puis avouer d'un regard. Partager nos larmes. Se chuchoter à l'oreille ce qui nous brûlait le ventre. « J'ai peur. »

Mais ce serait lui commettre un affront. Une insulte. Elle encaisserait mon inquiétude contagieuse et m'en punirait. Déploierait ses épines, comme un hérisson. Le voile sur les yeux, le mutisme, la fureur silencieuse. La négation simple de mon existence. Jusqu’au point du pardon qui arriverait on ne sait quand. Ce moment que ni elle ni moi ne savions provoquer, et sans lequel nous pouvions passer nos dernières heures ensemble dans un silence d’étrangers.


Je la connaissais trop pour ne pas le savoir. Même dans une situation pareille, elle ne me pardonnerait pas mon visage défait. Mes traits tendus par l'imminence de la séparation. Par l'incertitude de ses prochains jours, de ses prochaines semaines. Elle lirait sur mon visage, et ce qu'elle y verrait ne lui plairait pas du tout. J'avais épuisé dès le début du chemin ma réserve d'insouciance.

Elle avait bien fait attention, depuis le diagnostic, à tout tenir secret. À faire ses examens toute seule, à garder les résultats inconnus. À ne rien me répéter de ce que lui disaient les médecins. À faire passer son internement dans une clinique lointaine pour une occasion de prendre des vacances. Pour ne donner aucune prise à mon inquiétude.


Au bout du sous-bois s'étalait un décor de paradis. Tout le versant était couvert d'un moutonnement de bleuets où rougissaient quelques coquelicots. Le sentier s'enfonçait dans les hautes herbes, aboutissait à un refuge au toit de tôle. Plus loin, un torrent coulait de la gueule béante d'un glacier qui fendait le paysage comme un bris de météore. Et puis, un grand soulagement : à quelques centaines de mètres en contrebas, on apercevait le toit de la clinique.

Je jetai un œil à là d'où j'étais arrivé. Le coude du sentier s'enfonçant dans le sous-bois évoquait une gravure de conte. J'avais une prière d'enfant dans la tête. « À trois, elle apparaît. Un, deux, trois. » Elle n'apparaissait pas.

Je ne pouvais pas rester debout sans rebrousser chemin. Je m'allongeai dans les bleuets, fermai les yeux. « Si un nuage passe quand j'ouvre les yeux, elle ne s'est pas rompu le cou. » J'ouvrais les yeux sur un ciel d'un bleu uni.


Une main se posa sur mon front. Un gros sac fut jeté plus loin dans les hautes herbes, un corps se coucha à côté de moi. Lise frotta son visage au mien, comme une lionne, comme elle le faisait toujours. Nous fîmes l'amour sans rien dire, cachés comme deux adolescents. Quand nos bouches se décollaient, je voyais dans ses yeux, dans son sourire, un soulagement secret. Une confiance dans le monde si dépourvue de la moindre inquiétude que je sus que j'avais réussi. Que j'avais fait de ces dernières heures exactement ce qu'elle attendait : une récréation.


J'écoutais, en marchant les dernières dizaines de mètres, nos respirations se détacher sur le grondement lointain du torrent. Lentes et profondes. Apaisées. Nous souriions en silence, jetant parfois un coup d'œil à l'autre pour vérifier notre complicité. Nos sourires avouaient notre victoire secrète, celle de ne pas avoir cédé à l'inquiétude, à la noirceur, au fatalisme. Victoire silencieuse de la confiance.


Mais quand nos pieds passèrent des bleuets au bitume du parking, je sentis que dans l'air quelque chose fondait. Nous approchions de la double porte vitrée, sans nous regarder. Le hall nous accueillit dans ses coloris crème et ses nombreuses plantes vertes qui diffusaient une odeur d'eucalyptus. Un demi-cercle de fauteuils, à gauche, dessinait une salle d'attente vide. Devant nous, sur notre trajectoire, le guichet de l'accueil nous attendait, orné d'une réceptionniste souriante.

Mon cœur battait dans mes tempes. L'air autour de nous s'était modifié. Lise ne pouvait pas ne pas le sentir. Je lui attrapai le poignet et le serrai fort, comme pour la dernière fois. Geste aussitôt regretté. Je risquai un regard vers elle en sachant déjà ce que j'allais voir.

Elle me regardait par en-dessous. Ses yeux réfugiés au fond des orbites me fixaient sans me voir. Arrêtés par quelque chose d'invisible qui se dressait entre nous. Ma peur pour elle, impardonnable. Ma peur qui murmurait : je ne veux pas que tu meures – et donc, en même temps : tu risques de mourir.


– Messieurs-dames, bonjour. Vous avez rendez-vous ?

– Oui, à dix-sept-heures.

– Très bien. C'est pour vous madame ?

– Oui.

– Et ce monsieur qui vous accompagne ?


Je ne voulus pas répondre à sa place. Elle ne le fit pas non plus. Je fus obligé de balbutier quelque chose – « son ami, son compagnon » – qu'elle ne confirma pas. La réceptionniste attendit un petit temps et reprit sans se désarmer.


– Très bien. Votre chambre est prête, vous pouvez vous y installer en attendant le médecin. Les visites ne seront autorisées qu'après l'opération. Madame, ma collègue va vous montrer votre chambre.


Lise a pris son gros sac sur l'épaule et s'est tournée vers une infirmière qui l'attendait au pied d'un escalier. Elle ployait sous le poids de ses affaires, frêle comme jamais. Le mot « opération » enfin prononcé, le turban jaune me semblait briller dans la pièce comme un soleil. Un soleil dans lequel un inconnu plongerait bientôt des outils barbares, menaçant de l'éteindre complètement.


– Vous me suivez ? dit l'infirmière avec un sourire rassurant.


Lise eut un moment d'immobilité complète. Un instant, j'eus l'espoir qu'elle trouve la force, dans ces circonstances exceptionnelles, de bouleverser ses règles intérieures. Qu'elle arrive à faire affluer dès maintenant à la surface de sa conscience le point du pardon.

« À trois, elle se retourne. Un, deux, trois. »


 
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   Robot   
6/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme un chemin de Compostelle ou l'on va chercher ce que l'on ne sait pas encore. Peut être ici, une sérénité rassurante. Un parcours à deux avec des motivations différentes qui ne se rejoindront pas vraiment. Si j'ai un regret à formuler c'est qu'à partir du dialogue de fin, le pathos évité jusque là intervient sans utilité. C'est toujours la difficulté à clore un récit. Je suis à ce passage sorti du texte devenu moins intéressant, trop prosaïque. Pour moi le récit s'arrête à:
"Ma peur qui murmurait : je ne veux pas que tu meures – et donc, en même temps : tu risques de mourir."

   widjet   
6/8/2017
 a aimé ce texte 
Pas
J'avoue que j'ai eu du mal à m'intéresser à ce récit un s'éternise et sans rebondissements (l'auteur nous a tellement préparé à l'état de la jeune femme qu'il nous enlève le peu de suspens.)

L'enjeu ne m'a donc pas passionné et par conséquent le sort du couple et de la femme en particulier aussi.

L'histoire m a paru longue et sans grand intérêt.

L'écriture en outre m a paru assez plate, sans force ni conviction renforçant ce sentiment d'ennui et d'agacement (le type - comme le dit la femme - m a énervé par son côté mollasson).

Le titre ? Pas terrible non plus

W

   Anonyme   
6/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Une nouvelle que j'ai trouvé intéressante, par son sujet : il y a tant de manière de terminer sa course, que celle-ci plus rare que bien d'autres invite à lire cet écrit entièrement.

Certains détails me semblent un peu outranciers ou agaçants peut-être parce qu'ils sont un peu trop convenus dans l'idée ou le style :
"La carte n'était pas fiable. Impossible de savoir où nous conduisait le sentier." Tout semble déjà complexe et la non fiabilité de la carte ajoute au malaise un peu trop facilement.

"Le chemin continuait de rétrécir. A certains endroits, il fallait se coller à la paroi verticale et enjamber des éboulis dont les reliefs traçaient nettement la possibilité d’une chute dans le vide."

"Il fallait conduire jusqu’au départ du sentier. La route en lacets exigeait toute mon attention. Il suffisait de croiser un véhicule en sens inverse et je paniquais, transpirant et jurant d’une voix blanche. Lise riait aux larmes sur le siège passager. Elle se renversait sur moi pour crier, à travers la fenêtre ouverte, des excuses aux autres conducteurs. "Pas d’inquiétude, il est un peu simplet mais il n’est pas dangereux !" Ils considéraient en souriant mon visage blême, agitaient la main et passaient sans encombre."
Là aussi je trouve ces 2 passages un peu surjoués, sauf si l'on considère l'étude fine des deux caractères ce qui sous-tend à comprendre que cet homme cherche un but à son angoisse.
Je ne sais plus dire si c'est un atout ou un défaut du texte.

Ensuite, comprendre assez rapidement ce qui l'en est de ce couple sur son chemin, amène le lecteur à se pencher vraiment vers eux deux, vers le décor, vers les sensations écrites ou suggérées et ça me plait assez.

Globalement, j'ai apprécié ma lecture .
(Mais je ne suis pas du tout une spécialiste dans le domaine des nouvelles.)

   Tadiou   
10/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
(Lu et commenté en EL)

Récit très touchant ; hymne à l’amour, à la vie. Une écriture fouillée, bien travaillée, précise.

Il y a quand même quelques lourdeurs, car on tourne un peu en rond ; mais c’est secondaire.

La tension est savamment distillée, avec une belle maîtrise.

Les jeux de gamin apportent au lecteur une pause bienvenue de légèreté dans une atmosphère pesante.

Il me reste une impression étrange de pathos dans cette obsession de l’inquiétude, de sa dramatisation. Du coup, il y a comme un côté exagéré, artificiel qui aurait peut-être tendance à faire décrocher le lecteur.

Mais au total j’ai été ému et j’ai partagé les angoisses du narrateur.

Donc un but de la nouvelle est atteint.

De belles et bucoliques descriptions de paysages.

A vous relire avec grand intérêt.

Tadiou

   plumette   
26/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai été embarquée par cette nouvelle qui a pour moi un côté métaphorique que je ne sais pas trop expliquer.
Il y est question d'amour, du soin que l'on prend de l'autre, de maladie et de courage.
Il me semble que cette fameuse inquiétude éprouvée par le narrateur est décuplée par l'obligation de faire semblant.
Cette histoire est réussie car en cours de lecture, j'ai été constamment prise par l'écriture et les sentiments du narrateur. Ce n'est qu'après que la question de la crédibilité m'est venue.
L'histoire (la randonnée de 8 h avec des parties escarpées, proche d'un glacier, une femme que le narrateur nous décrit comme étant quasiment en phase terminale d'un cancer qui marche 8 h pour atteindre une clinique du bout du monde, ce moment béni où ils font l'amour....) ne peut pas. me semble-t-il se situer dans le réel.
Mais quelle importance? Le Coeur de la nouvelle c'est cette relation, sa singularité, et ce fameux point du pardon qui constitue aussi le très beau titre de ce récit.
A vous relire !

   klint   
26/8/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Je n'ai pas vraiment été emballé par ce texte. Je pense que c'est dû à plusieurs choses :
Tout d'abord j'ai deviné presque immédiatement de quoi il s'agissait : la clinique d'abord, le mot "diagnostic ensuite puis le turban ne laissent pas place au doute.

Ensuite j'ai été complètement déstabilisé par le manque de crédibilité du récit : Les 8 heures de marche c'est beaucoup trop.

Et l'allergie à l'inquiétude est beaucoup trop exagérée dans ses conséquences.

L'écriture est correcte sans aspérités mais sans rien non plus qui puisse emporter le lecteur.

Ce texte n'a vraiment pas fonctionné sur moi. Désolé.

   Anonyme   
26/8/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour,

J'ai lu et relu cette nouvelle à plusieurs reprises. Chaque lecture m'a apporté un peu plus que la précédente. J'aime énormément tout de ce texte. Le sujet, la construction, la manière tellement crédible dont se déroule l'action ( je pense très sincèrement qu'une telle histoire pourrait être vraie quoi qu'on en pense. )
Je n'ai relevé qu'une construction de phrase vraiment bancale qui est la suivante : Je jetai un œil à là d'où j'étais arrivé (sic) je suppose que cette phrase a échappé à vos relectures car je ne doute pas que ce texte n'ait été relu soigneusement avant publication. A part cette remarque infinitésimale je suis vraiment heureux du plaisir que m'a donné cette lecture sur un sujet qui n'est pourtant pas facile. Bravo !
Edit: je n'avais pas lu la phrase en exergue et j'en suis bien heureux. Comme dans bien des cas, je trouve que ces phrases dévoilent ce que le lecteur devrait découvrir de lui-même ce qui constitue tout de même l'intérêt essentiel de la lecture. C'est d'ailleurs pourquoi je ne les lis plus jamais ! ;-)

   Anonyme   
26/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bien sûr, l'essentiel de cette nouvelle me semble axé sur la grande force de caractère de Lise, mais j'ai trouvé le développement de ce rejet de l'inquiétude un peu longuet.
D'autre part, " la clinique " ainsi que le " turban jaune vif pour dissimuler son crâne " apparaissent vraiment tôt. De ce fait il n'y a pour ainsi dire pas ou peu de surprise dans la chute.

J'ai trouvé originale l'idée de la petite guerre des cailloux.
Etonnant, le fait de faire l'amour lorsqu'on est au paroxysme de l'anxiété...

   Damy   
26/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pour des raisons personnelles, cette nouvelle m'a plu: pour moi, la randonnée est un soin éthique, l’inquiétude une seconde nature, et la maladie (qui se soigne dans d'autres cliniques qu'oncologiques mais qui s'occupent aussi du cerveau) une vieille compagne.
Je ne trouve pas pathologique l'inquiétude du compagnon, mais bienveillante.À sa place, pour moi, c’eût été l'angoisse, maladie transmissible qui n'aurait peut-être pas permis d'atteindre la salle d'opération... Pourtant, malgré le risque d'éteindre le soleil, il faut tenter le coup de faire biller les étoiles. Un... Deux... Trois

Comme d'autres l'ont dit et pour les mêmes raisons, je trouve l'écriture d'une belle qualité.

   hersen   
26/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce qui indéniablement me plaît dans la nouvelle est la réflexion sur l'inquiétude que nous éprouvons pour ceux que nous aimons, et comment celle-ci peut être perçue : l'évidence de la faiblesse jetée à la figure.

Par contre, telle que nous est décrite la maladie, je suppose une tumeur au cerveau, il est difficile pour moi d'envisager l'attitude de la malade, de ne pas dans le moment de la séparation oublier ses histoires de point de pardon. Car je crois qu'avant une opération si grave, ça ne sert tout simplement à rien qu'on ait cette force-là. Le combat est ailleurs.

J'imagine le désarroi du narrateur, mais il explique clairement à quel point l'impuissance de modifier le cours des choses nous laisse tout simplement démuni.

Le déroulement du récit se tient, et je reprocherais juste un côté un peu trop eDplicatif quelquefois, comme par exemple la bataille de cailloux. d'ailleurs, des cailloux gros comme le poing, le couple n'y va pas de main morte :) :)

Merci de cette lecture;

hersen

   Marite   
27/8/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Indépendamment de l'écriture qui ne m'a pas posé de problème, je suis effarée de l'absence de complicité et de confiance entre les deux personnages de l'histoire. Cette forme de relation, trouble pour moi, mais peut-être habituelle pour eux, aurait dû cesser dans ces circonstances particulières où la "survie" de l'un est incertaine. Une sorte d'emprise de l'un sur l'autre ... et le pire c'est que si l'opération tourne mal celui qui restera en gardera la marque très longtemps avec de multiples interrogations provoquant une sorte de culpabilité. Enfin c'est ma compréhension et mon interprétation.

   Jean-Claude   
30/8/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour ClorisMenset.

J'ai aimé, l'histoire, le ton, le cheminement, l'erreur finale et la fin. Que dire de plus ?

Un détail (j'en ai trouvé un) : j'aurais préféré "Au départ, c’était moi qui avais insinué qu’il était possible [...]" pour la concordance des temps.

Au plaisir de vous (re)lire


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