C’était une maison étrange. Étrange et fascinante. Isolée au milieu d’un pays froid balayé par une bise continue, elle était entièrement vêtue de bois et produisait d’insupportables craquements lorsque le vent soufflait en rafales, rongeant jusqu’à la roche les étendues solitaires de ce pays d’Automne. Quelle que soit la saison, le ciel de cette contrée hostile, parsemé de trouées sulfureuses, était souvent obscurci par le vol massif de choucas ou de freux dont les croassements lugubres résonnaient comme un avertissement. Accrochée au sommet d’une petite éminence dégarnie, cernée de landes sauvages et de rocs acérés, cette villa antique était parcourue d’innombrables pièces traversées d’une multitude de corridors sombres et glacés disposés en un réseau inextricable. Des escaliers aux marches vermoulues s’envolaient un peu partout vers des hauteurs incertaines, des étages inconnus. Cette vaste demeure, qui se dressait sur un sol de tourbe saupoudré de bruyères mauves, était le repère d’Ann Dalgörn, héritière d’un riche négociant en whisky du comté d’Antrim.
Je me souviens nettement du choc que me causa la vue de cette femme la première fois que nous nous rendîmes, mon père et moi, à Mislaid House. Sa silhouette effilée, son corps décharné et son visage au teint cireux lui donnaient l’aspect d’un rapace. Toujours vêtue de noir, ses longs cheveux d’obsidienne étaient indéfectiblement ramassés en un chignon compliqué. Victime d’une grave affection qui l’avait rendue aveugle à l’âge de vingt ans, elle compensait ce handicap par un regard somptueux d’un vert d’eau hypnotique. Derrière ces vitres sans tain qui reposaient dans des orbites sombres et creuses, on percevait une intense et incessante activité. Je me souviens des arômes délicieux de cannelle et d’orange, des fragrances de girofle et de bois fumé, des effluves de vieux cuir et de tabac blond qui flottaient toujours dans les pièces du bas, les pièces de vie. Ann Dalgörn, quel que soit le jour de notre visite, qui me semblait souvent impromptue et précipitée, avait toujours une brioche moelleuse, une part fondante de gâteau aux fruits secs, quelques biscuits aux raisins ou à la cannelle et une tasse fumante d’un chocolat onctueux à nous proposer.
Alors que je me régalais de ces mets savoureux, elle patientait silencieusement à mes côtés, son regard d’émeraude scrutant les reliefs de mondes inconnus. Puis, une fois les plats terminés, elle allait chercher la grande boîte de bonbons toujours pleine qui trônait au sommet de l’immense bibliothèque et me la tendait d’une main sèche et tremblante. Je plongeais alors mes doigts fébriles vers les trésors multicolores, les sens aiguisés par les merveilleux parfums et dégustais les sucreries striées de bandes aromatiques aux goûts de banane, de marron, de violette ou de vieille pomme, de noix, de nougat ou de réglisse. Le ventre et l’esprit enfin rassasiés, je me levais et, tandis que mon père et Ann Dalgörn allaient s’enfermer pour le reste de l’après-midi dans le petit salon, pour des occupations dont je n’ai jamais rien su, je parcourais les innombrables pièces silencieuses de la maison. Je n’allais cependant jamais bien loin, souvent apeuré par le claquement sec d’une porte, le bruissement sourd de pas précipités ou le sifflement lugubre du vent.
C’est souvent durant ces errances solitaires qu’apparaissait Carolan, le fidèle serviteur de Mislaid House, toujours nimbé d’un nuage de Mac Quaid dont il bourrait sa longue pipe en terre. Le visage émacié de ce petit homme d’à peine 60 centimètres alternait sans cesse entre la méfiance et la malice. Coiffé d’un tricorne et vêtu d’une jaquette verdâtre ornée de gros boutons cuivrés, il était chaussé de souliers à boucles d’argent toujours impeccablement cirés. L’histoire de Carolan, cordonnier hors pair et fin cuisinier, aurait paru bien singulière à toute personne saine d’esprit mais pour moi qui avais assisté à tant de mystères, elle n’avait jamais suscité le moindre doute. C’est mon père qui me l’avait racontée, alors que nous rentrions un soir de Mislaid House et que je contemplais l’immobilité du ciel d’averse et la mélancolie brumeuse qui sourdait des murets de pierres et des buissons d’aubépine.
Carolan était un Cluricaune avais-je appris, c’est-à-dire un gardien des trésors elfiques. Il était entré au service d’Ann Dalgörn peu de temps après la mort du père de celle-ci, Louis Dalgörn, victime d’un excès de ce breuvage doré qu’il chérissait tant et à qui il avait prodigué plus d’amour qu’à sa fille. Voisin du célèbre Bushmills qui se bonifiait lentement derrière les murs épais de la plus vieille distillerie du monde, le « bon Louis » comme on le surnommait, avait obtenu la formule secrète qui estampille un bon Whisky de la bouche d’un Cluricaune à l’agonie qu’il avait récupéré dans un vieux tonneau, un soir de grande beuverie. Une fois domestiqué, ce dernier avait partagé son temps entre la cave et le berceau de la petite Ann, qu’il abreuvait d’histoires graveleuses et de chants paillards. Sa compagnie était cependant devenue assez vite envahissante. En effet, comblé par sa nouvelle existence, le Cluricaune avait invité ses semblables à venir le rejoindre dans le village. Les joyeux larrons s’étaient rapidement accoutumés à la compagnie soiffarde des hommes qu’ils ne cessaient de corrompre à coups de tonnelets de bière et de pintes de whisky. À la mort de Louis, Ann, son unique héritière, alors âgée d’une vingtaine d’années, chassa hors du comté tous les Cluricaunes, aidée dans sa tâche par la plupart des femmes du village, trop heureuses de se débarrasser de ces encombrants et dangereux personnages. Mais c’était méconnaître les puissants pouvoirs de ces lointains cousins des gnomes. Regroupés derrière leur puissant et pustuleux sorcier, ils jetèrent un sort au village et à ses habitants et réservèrent à Mislaid House un sortilège particulier.
Ainsi, dès le lendemain, Ann Dalgörn découvrit à la place du village un désordre de chaumières ruinées envahies par des bouquets de joncs, de houx et de ronces. Pire, son mari ainsi que son enfant âgé de quelques semaines avaient disparu. Emmitouflée dans un cocon de châles, elle parcourut inlassablement la solitude des grandes tourbières aux teintes violacées et les pâtures de bruyères salées qui cernaient la maison, rentrant sous la menace du crépuscule, couverte de glaise bleutée. Pour couronner cette tragédie, une mystérieuse affection lui fit rapidement perdre la vue. C’est pour tenter de se racheter qu’elle s’attacha les services de Carolan qui venait d’être éconduit par ses pairs pour avoir aidé les femmes du village et dont les talents de souffleur d’un verre aux bien curieuses propriétés n’étaient plus à faire. Si ce dernier ne parvint jamais à faire revenir le village et les deux amours perdus de son hôte, au moins réussit-il à lui transmettre ses dons de violoniste. J’en fus maintes fois le témoin auditif durant mes errances dans les étages sombres et froids de Mislaid House, soudain envahis de douces mélodies s’élevant comme une ode à la mélancolie.
J’ai souvent eu peur de me perdre dans les dédales ténébreux de cette vaste maison. Un endroit pourtant me fascinait plus que les autres. C’était le grand escalier, qui faisait face au hall de réception. Un escalier majestueux, aux larges marches de marbre, qui s’envolait dans la pénombre et l’inconnu. Dès le premier jour, mon père m’avait mis en garde avec une virulence dont je ne l’aurais jamais cru capable. Cet escalier était mon seul interdit. En le questionnant, j’appris qu’il menait directement au grenier situé au troisième et dernier niveau. Je lui demandai ce qu’il y avait de si terrifiant à y voir mais il resta évasif et préféra changer de sujet. La seule chose que j’en connaissais était la haute lucarne biscornue qui s’élevait depuis le sommet du toit. Comme tous les enfants, la seule évocation du grenier alimentait une fascination grandissante à chacune de nos visites. C’est ainsi qu’un beau jour, je bravai l’interdit. Nous étions au cœur de l’été. Une chaleur étouffante écrasait le pays. Parvenus chez Ann Dalgörn, nous nous précipitâmes dans la fraîcheur de la grande maison. La table qu’elle avait préparée semblait plus garnie qu’à l’accoutumée et la vieille dame me fit goûter à des mets aux saveurs inconnues et des breuvages au goût étrange. Je quittai la table en chancelant, l’esprit léger et l’humeur rieuse. Mon père ne semblait s’être aperçu de rien et je pris la direction du jardin. En passant devant le grand escalier, je m’arrêtai soudain. Comme mû par une force étrangère à laquelle mon esprit ne parvenait à échapper, je me sentis monter dans une torpeur grisante. Après quelques dizaines de marches, l’escalier s’étranglait brusquement pour s’enrouler en colimaçon. Le cœur battant à tout rompre, je débouchai enfin sur le vieux palier recouvert de poussière. Là, devant moi, une porte me faisait face. Haute et massive. Dans le silence épais de ce mausolée que je m’apprêtais à profaner, les battements sourds de mon cœur angoissé résonnaient comme un avertissement. Le corps tremblant, j’avançai une main moite vers la lourde porte en bois et tournai la poignée en laiton. À ma grande stupéfaction, la porte s’ouvrit sans difficulté, ce qui me parut bien étrange compte tenu du caractère particulier que lui accordait mon père. Un silence infini accueillit mon entrée dans le sépulcre. Il y régnait une atmosphère bienveillante qui contrastait avec la froideur des étages inférieurs. Quelques rais de lumière filtraient à travers la toiture, éclairant des quantités impressionnantes de cartons usés qui s’empilaient sur toute sa longueur. Certains, éventrés par le temps, laissaient apparaître des piles de vieux livres aux reliures craquelées et des tas de vêtements jaunis. Toute angoisse disparue, je poursuivis mon exploration et parvins bientôt au bout de la première longueur. Le grenier continuait au-delà d’un coude que je franchis sans attendre. C’est là que je l’aperçus. Devant moi, à une dizaine de mètres environ, se tenait la seule fenêtre de cette immense pièce. Une fenêtre haute et vermoulue aux contours tortueux : la lucarne.
Une lumière diaphane filtrait à travers le verre jaune et épais, baignant cette partie du grenier d’un halo diffus. Alors que je m’en approchais doucement, je perçus un bourdonnement de vie. Je pensai qu’il s’agissait de mon père et de notre hôte, devisant tranquillement dans le jardin. Mais, parvenu sous l’étrange lucarne que je ne pouvais atteindre en raison de sa hauteur, j’entendis très nettement des bruits de sabots, des rires d’enfants et des éclats de voix inconnus. En fouillant le grenier, je parvins à trouver une échelle que je disposai contre le mur. Je grimpai les quelques mètres qui me séparaient de la lucarne en retenant mon souffle puis jetai un regard vers le coude pour m’assurer que j’étais bien seul. Alors, lentement, je tournai mon regard vers le vitrail épais et regardai. Je mis un certain temps à comprendre ce que je voyais. Là, dehors, des gens et des chevaux déambulaient paisiblement. Un vieil homme sarclait la terre tandis que des enfants jouaient au milieu de la rue. Des gens aux visages inconnus entraient et sortaient des magasins qui s’alignaient le long d’une avenue en terre parcourue de charrettes bondées : une herboristerie, un hôtel, une boulangerie, une épicerie, une quincaillerie, un maréchal-ferrant, un charbonnier, une filature, une mercerie, un ferronnier. Des cheminées de chacune de ces maisons s’envolaient des volutes de fumée âcre. J’aurais presque pu m’enivrer de ces odeurs d’un autre temps. Tout cela à la place du village en ruines, du spectacle de solitude et de désolation que j’avais toujours connu autour de Mislaid House.
Alors que mon esprit tentait désespérément de comprendre, je vis une femme tendre le bras dans ma direction. En apercevant son visage, un trouble m’envahit. Certains traits ressemblaient vaguement à ceux d’Ann Dalgörn. Mais la femme semblait beaucoup plus jeune. Certaines personnes s’arrêtèrent et regardèrent dans ma direction. Soudain, alors qu’un énorme nuage noir masquait lentement le soleil, un tremblement se fit entendre, s’amplifiant rapidement. La vitre et l’échelle sur laquelle je me trouvais vibrèrent violemment. Un homme s’approcha de la femme, maintenant entourée d’une petite foule compacte. Au moment où il tournait son visage dans ma direction, l’échelle se décolla du mur qui la soutenait. Je partis à la renverse et m’étalai au milieu d’un tapis de poussière et de tuiles cassées. Une poutre s’affaissa et atterrit sur mes jambes en même temps qu’une pluie de briques. Alors que je tentais de m’extirper du fouillis qui s’amoncelait autour de moi, je vis mon père accourir, le visage déformé par la colère. Il m’agrippa puissamment par le col et m’enleva juste avant que la partie du toit surplombant l’endroit où je me trouvais ne s’écroule, entraînant dans sa chute le plancher du grenier. En passant la porte, j’aperçus Ann Dalgörn qui arborait un air de triomphe. Je vis briller dans ses yeux un feu violent. En dévalant le grand escalier, nous entendîmes son rire résonner dans toute la maison.
Nous débouchâmes enfin à l’air libre, sous un soleil aveuglant et nous engouffrâmes aussitôt dans la voiture. J’eus tout juste le temps de jeter un coup d’œil autour de la maison pour vérifier les visions que j’avais eues à travers la lucarne mais ne vis rien d’autre que les ruines habituelles. Cependant, le contour des murs lézardés semblait flou et incertain. Un brouillard épais s’échappait de la terre et des ruines et, au moment de passer derrière les collines, il me sembla apercevoir des formes apparaître, comme un enchantement fugace. Mon père, recouvert de débris et de poussière, fut soudain pris d’une quinte de toux rauque et grasse et dut s’arrêter pour prendre l’air. Accroupi sous le soleil brûlant, je le vis vomir sur la terre fumante. J’en profitai pour sortir du véhicule. Ici, tout paraissait calme. Au loin pourtant, on entendait un grondement sourd identique au tonnerre. Je me dirigeai vers le sommet de la colline, mais au moment de basculer mon regard de l’autre côté, je sentis la main puissante de mon père agripper mon épaule et me tirer fermement vers la voiture. En me retournant une dernière fois, j’aperçus des volutes de fumée s’étirant vers le ciel en un bouquet vaporeux. Jamais plus nous ne retournâmes à Mislaid House. Je n’entendis plus parler d’Ann Dalgörn, même de la bouche de mon père. En grandissant, je cherchais en vain à localiser sur les cartes l’emplacement de cette demeure. Aucune des personnes que je questionnais ne semblait connaître l’endroit.
Le jour de l’incident dans le grenier, des pans entiers de mon passé étaient soudain sortis de l’ombre mais j’avais besoin de certitudes car mon esprit enfiévré par les breuvages alchimiques d’Ann Dalgörn avait pu me jouer des tours. Mon père décéda quelques mois seulement après ces évènements. Entre-temps, sa santé déclina rapidement tandis qu’il perdait goût à tout et ne communiquait plus avec personne. Pourtant, il semble bien qu’au seuil de sa mort, il essaya de me souffler ce qu’il savait. Mais je me rappelle avoir détourné vivement les yeux du masque de souffrance et m’être éloigné, pour ne pas avoir à entendre les révélations tourmentées qu’il avait à me transmettre. Je n’ai jamais pu oublier ces années ponctuées de mystère et malgré les heures passées à arpenter les couloirs de l’Administration à la recherche de mon identité, un vide immense demeure en moi, hanté par de trop nombreuses interrogations. Qui était réellement Ann Dalgörn ? Pourquoi lui avions-nous rendu visite durant toutes ces années ? Quel rôle jouait-elle dans la vie de mon père ? Et dans la mienne ? Qui étaient tous ces gens que j’avais aperçus à travers la lucarne ? Et cet homme qui ressemblait singulièrement à mon père ?
J’aurais pu ne jamais écrire ces quelques lignes si un événement troublant n’était intervenu il y a quelques jours. Un matin en effet, je découvris un colis dans ma boîte aux lettres. Aucun nom ni adresse n’y était mentionné. Une fois dans mon salon, je posai le paquet sur la lourde table et l’ouvris. J’en extirpai une clef, lourde et rouillée. Une petite plaque de cuivre gravée de deux mots de sept et cinq lettres y était attachée. Deux mots que j’aurais pu reconnaître les yeux fermés en passant le doigt dessus. À côté de la clef reposait une boîte en fer de quelques centimètres de côté. En l’ouvrant, j’y découvris un éclat de verre ou plutôt de vitrail, du vitrail jaune et épais. Je refermai aussitôt la boîte et la plongeai dans ma poche. Au fond du colis m’attendait une lettre. En la dépliant, je reconnus l’écriture minuscule de Carolan, que je n’avais plus revu depuis ce jour maudit. Il m’y expliquait ce qu’il savait. Il me confirma ainsi ce que ma conscience avait souhaité enfouir dans les méandres de l’inconcevable : Ann Dalgörn, cette femme austère et fantasque, était ma mère. Pour avoir chassé tous les Cluricaunes du village, un puissant sortilège l’avait isolée à Mislaid House dans une bulle qu’elle ne pouvait quitter, hors du temps, tandis que nous avions été projetés, mon père et moi, quelque part dans le futur. Connaissant cependant les pouvoirs de Carolan et profitant de son bannissement par ses pairs pour avoir aidé les femmes du village, elle s’attacha ses services et l’aida à façonner un vitrail aux pouvoirs particuliers, en prévision du maléfice auquel elle se savait condamnée. Quant à mon père, qui avait toujours eu à subir la forte ascendance et le comportement tyrannique de son épouse depuis la mort du « bon Louis », je suis persuadé qu’il se satisfaisait de sa situation. Sans doute pour se racheter de la tragédie à laquelle il avait participé en s’acoquinant aux Cluricaunes, il daignait lui accorder quelques visites à Mislaid House, à laquelle nous avions seuls accès, afin qu’elle puisse au moins me voir grandir. La fin de la lettre était empreinte de mystère :
« Il m’a fallu beaucoup de temps pour retrouver ta trace mais la lourde horloge du temps s’est enfin remise en marche. J’ai pu récupérer dans les décombres un seul éclat de verre. Ne le perds pas car il te servira de passeur ».
Il est près de 22 h. Je suis dans mon lit. Sur mes genoux repose la lourde clef. J’écris depuis maintenant une heure d’une écriture fébrile mêlée de peur et d’excitation. L’horloge trottine paisiblement au-dessus de la cheminée. Dehors, une brise glaciale souffle contre les volets en bois. Je prends la petite boîte en fer qui sommeille dans ma poche, en retire le couvercle et attrape précautionneusement le morceau de verre. Sa surface polie et tiède me rassure et m’apaise. Alors, les yeux fermés, je prends une longue inspiration, remplissant mes poumons de cet air que j’emporte avec moi. Mon cœur bat lourdement, à l’unisson avec l’horloge. Je lève lentement le morceau de verre à portée de regard, j’ouvre les y…
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