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Humour/Détente
Coline-Dé : Au bonheur des pauvres
 Publié le 20/01/16  -  24 commentaires  -  12059 caractères  -  272 lectures    Autres textes du même auteur

Faudrait apprendre à être riche… ou alors être un lapin nain.


Au bonheur des pauvres


Lui : Prénom, Pascal.

L’âge du Christ, comme il dit.

Brun, bouclé dégarni. Marié, sans enthousiasme ni enfant.

Employé à l’atelier réparation de la jardinerie Vertplant.

Une barre profonde entre les sourcils depuis qu’il a contracté cet emprunt sur trente ans.

Les dents qui avancent un peu (jeune, il trouvait que ça lui donnait l’air conquérant).

Pas de passion. Aucun vice, tout au plus quelques manies désagréables comme de faire pouêt pouêt aux très jeunes filles en s’exclamant « mais dis donc, ça pousse ! » et d’ajouter pour mettre les parents de son côté « ça va faire une sacrée belle fille, celle-là ! »


Elle : Corinne, 28 ans ex-majorette devenue potelée.

Très soucieuse de faire ce qu’il faut quand il faut, elle attend avec impatience une première grossesse. Ces cinq années de mariage « pour rien » lui paraissent légèrement honteuses. Elle investit énormément son intérieur, qui ressemble a une maison-témoin, briquée nickel, déco « Femme Actuelle ».

Corinne se vit comme une femme épanouie, entre son mari, son boulot d’Atsem, l’aquagym et Pinpin, son lapin nain.

Une femme épanouie qui s’ennuierait un peu…


Le lieu : la périphérie d’une petite ville endormie.


Ils ont vérifié vingt fois le numéro, chiffre par chiffre, à haute voix, l’un dictant, l’autre barrant le chiffre adéquat.

C’était dur à croire. Ils riaient, comme d’une blague un peu cochonne. Avaient des éclats d’espoir vite réprimés. Commençaient des phrases par « si… », puis, vite « non, non, attendons de voir… » À tout hasard, ils ont fait une photocopie.

Quand le buraliste a confirmé, ils se sont regardés, assommés. Sans rien dire, ils sont rentrés chez eux.


− Putain, ça gagne trois millions d’euros et c’est même pas fichu de payer un coup, a grincé le patron.


C’était le mois d’avril, il n’avait pas plu depuis trois semaines et la température était anormalement élevée.

Corinne et Pascal avaient sagement opté pour la discrétion. Mais la discrétion d’une petite ville endormie est comparable à l’étanchéité d’une passoire. À l’exception du buraliste, personne n’était censé savoir. Et les rues bruissaient comme une peupleraie sous le vent.

« Qu’est-ce qu’ils vont faire de tout cet argent ? » « Ça serait moi, je saurais bien quoi en faire, tiens ! » « Combien ils ont touché, au juste ? » « À mon avis, ils vont pas rester ici. »

« Tu les as vus, toi, depuis ? » « Alors ? »

Cet « alors » était symptomatique. On avait vraiment envie de dire « alors ? », avec une certaine impatience même.

Car rien ne filtrait des intentions des heureux gagnants du pactole.

Ils avaient juste pris un congé. S’étaient bouclés chez eux.

Corinne passait le plus clair de son temps à l’étage, à trier des photos, ce qu’elle n’avait pas réussi à faire ces cinq dernières années. Il était urgent de s’en occuper.

Pascal en profitait pour avaler tous les programmes télé proscrits par son épouse. Il n’avait pas changé de maillot de corps depuis la confirmation officielle.

Pinpin mangeait tristement ses crottes.

Plusieurs jours passèrent dans cette bulle isolante : ce n’était pas l’argent qui la générait, mais seulement l’idée de l’argent.

Comment éviter l’intrusion du monde extérieur ?

Vint le moment où la mère de Corinne, étonnée de n’avoir pas de nouvelles de fifille…

Où papa Pascal…

Où monsieur Rentard, banquier…

Où la copine d’aquagym…

Bien entendu, ces raisons parfaitement légitimes inquiétèrent fort notre petit couple. Ils sortirent de leur stupeur et en vinrent même à se parler.


− Les rats envahissent le navire, dit sombrement Pascal.


Corinne s’abstint de lui faire remarquer qu’on utilise généralement les rats dans l’autre sens : l’heure était trop grave pour perdre son temps en arguties.

Ils décidèrent d’accorder une entrevue au banquier afin de régler de menus détails, et s’y préparèrent sur Internet, s’initiant aux arcanes des placements boursiers, découvrant les joies de l’actionnariat, les subtilités du second marché.

L’adage « acheter au son des canons, vendre au son des violons » plut beaucoup à Corinne qui avait l’oreille musicale.

Pascal, lui, se préoccupait de la pérennité de la galette : la versatilité des marchés l’inquiétait et il penchait plutôt vers l’investissement immobilier.

Son père, tentant de le conseiller, se vit rabrouer d’un « t’as jamais été fichu de mettre trois sous de côté, alors viens pas la ramener ! »

Le remords, toutefois, lui fit vite regretter cette dureté et il offrit une Rolex à son vieux papa. Pour solde de tout compte.

Corinne ne dit rien. Mais elle réprouvait cette générosité. Non par avarice : simplement elle redoutait une disproportion. Elle n’aurait pas su dire dans quel sens.

Quand on a beaucoup d’argent, il est difficile d’imaginer comment s’évalue un cadeau.

Elle résolut le problème en s’abstenant d’en faire : pour rien au monde elle n’aurait voulu humilier son entourage par ses largesses. Ou que sa mesure la fit paraître radine.

De peur de déceler l’envie dans les yeux de leurs proches − ce qui les eût beaucoup peinés − Pascal et Corinne se firent lointains. Sans rompre vraiment les ponts, ils éludèrent les invitations.

À une centaine de kilomètres, une modeste propriété dotée de hauts murs d’enceinte les séduisit ; ils se firent mettre sur liste rouge et poussèrent un soupir de soulagement.


− Génial : ici personne ne nous connaît ; on va pouvoir commencer à vivre.


La phrase surprit Corinne un instant, mais elle approuva.

De quoi avaient-ils envie ?

Ils passèrent de nombreuses soirées à faire des listes, qu’ils se soumirent, en époux soudés devant l’adversité. Une commune volonté de ne pas étaler leur argent les ramena à l’essentiel : ils engagèrent une nurse pour Pinpin.

Laquelle, férue d’hygiène, le fit bientôt crever en balayant ses crottes avant qu’il pût les avaler.


Pinpin II succéda à Pinpin. Mais cette fois, Corinne le choisit blanc et angora, avec une fourrure qui n’aurait pas l’air de lapin, standing oblige.

La nurse congédiée, Pinpin bis mangea ses crottes comme tout lapin qui se respecte.

Corinne − qui avait maintenant du temps pour l’observer − fut d’abord horrifiée ; elle crut avoir affaire à un lapin pervers, mais Internet consulté la rassura : cette bizarrerie de la nature qui oblige le lapin à déféquer en deux temps bien distincts et à déguster le produit de sa première exonération − sous peine d’y laisser sa peau − était bien partagée par toute la communauté lapinesque.

Elle en fut soulagée, car elle s’était déjà attachée à l’animal.

Pascal passait toujours ses après-midi devant la télé, en se grattant sous son maillot de corps beige. Ayant suggéré une sortie, qui aurait appelé un changement de dessous, Corinne fut éberluée de s’entendre répondre :


− La propreté, c’est social. Et moi, maintenant, la société, je l’emmerde. Point barre.


Elle n’osa pas lui dire qu’il commençait à sentir mauvais, mais nota qu’il ne se lavait plus que le strict minimum, et encore, pas en entier.

Elle réalisa que les nouveaux paramètres introduits dans leur vie par ce gros lot n’allaient pas dans le sens de ses rêves : désormais, le soir, elle s’attardait longuement aux cabinets, attendant que Pascal soit endormi pour se couler à ses côtés (dans la journée elle était tranquille, il n’envisageait jamais la chose hors du lit) et pleurer ses rêves de bébés.

Tout bien réfléchi, elle acheta un deuxième lapin, pour tenir compagnie à Pinpin, une petite femelle toute mignonne, qu’un accès d’humour inattendu lui fit baptiser Pipine. Elle leur fit aménager une "nursery", où désormais, toute fondante, elle passa un temps marieantoinesque à observer les ébats de ses lapinous.

Quand Pipine s’arrondit, elle en pleura. Elle surveillait le nid et dès la naissance, elle traîna Pascal devant l’attendrissant spectacle, qu’il contempla d’un œil distrait.

Il sentait un peu la litière. Corinne en plein émoi lui sauta au cou. Il eut l’air surpris, ses dents avancèrent, il retrouva sa superbe de jadis et là, à même le sol, il aima sa femme. Ce qui n’était pas advenu depuis… quand on aime on compte pas !

Corinne, béate, sut d’instinct que cette fois-ci serait la bonne : son homme baisait vraiment comme un lapin !

Le bébé naîtrait pour Pâques, ce qui représentait évidemment un heureux présage.

Pascal attendait avec impatience la révélation échographique, répétant comme un mantra « chez les Lejas, on fait que des mâles ».

Sa femme s’en fichait : elle fabriquait ses hormones chorioniques avec un bonheur têtu qui excluait toute possibilité d’être déçue.


Afin d’éviter de la fatiguer, ils décidèrent d’engager une bonne.

Grosse affaire ! Il fallait définir des critères. La base allait de soi : Propreté, Ponctualité, Honnêteté.

Les deux premiers s’évaluent facilement. Le troisième, c’est déjà plus coton !

Sans compter les bonnes manières…

Les aspirations de Corinne oscillaient entre le majordome anglais et la mama sudiste.

Ils convoquèrent plusieurs candidates ; le même jour, pour bien comparer.

La veille, Corinne nettoya à fond toute la maison.


– C’est idiot, fit remarquer Pascal.


Mais Corinne avait sa fierté.


La première prétendante fut éconduite illico : la ceinture de son jean bâillait sur un string vert pomme incompatible avec un ménage bien fait.

La suivante approchait de la retraite.

La troisième avait quatre enfants.

Le vocabulaire châtié et le ton aristocratique de la dernière témoignaient de ses états de service dans une très bonne maison. Elle fit forte impression.

Pascal, flatté par sa façon de dire « Monsieur » (on entendait la majuscule), pencha pour un essai.


– T’as pas l’air emballée… Elle est bien, non ?

– Oui, je ne dis pas…

– Mais enfin qu’est-ce que t’as Corinne ?

Cette assurance, cette autorité… J’veux une bonne, pas un prof !


Corinne avait qu’elle retrouvait des angoisses de veille d’examen.

Elle fut recalée.


Le printemps avançait TGV. Il fallait trouver une solution.

En faisant des courses pour la future petite Lejas (c’était finalement une fille, tant pis pour Pascal !) elle entra en collision avec sa copine Nathalie.

Dire qu’elle avait pensé que Nathalie serait jalouse !… Elles se tombèrent mutuellement dans les bras.


– Nath !

– Eh ! T’as grossi, dis donc !


Mine de circonstance.


– … Hé, mais c’est génial ! C’est trop sympa, la fortune, le bébé, t’es comblée, ma vieille ! J’suis contente pour toi, tu l’as bien mérité !


(Mérité ? Elle faisait allusion à Pascal ?)


– Et toi, qu’est-ce que tu deviens ?

– Oh moi… ça va… moyen : je vais être au chômage…


L’idée de l’embaucher traversa l’esprit de Corinne. Avec Nathalie au moins, elle serait à l’aise.

Enfin… pas tant que ça.


– Oh, ma pauvre !

– Ça doit drôlement simplifier la vie, d’être riche…


« Ça c’est sûr » eut du mal à sortir ; mais Corinne était une battante.


Elle rentra avec un malaise indéfini et une montagne de vêtements d’enfant – ceci ne compensant pas tout à fait cela.

Tout en rangeant soigneusement la petite garde-robe, elle se demandait ce qui clochait : rien n’était comme elle l’avait espéré.

L’argent ne suffisait pas : il aurait fallu le mode d’emploi.

Pascal en avait trouvé un : une splendide indifférence aux regards extérieurs qu’il compensait par d’agressives générosités. Il était entré dans sa phase digestive : il rotait sa fortune.

Corinne, elle, n’arrivait pas à l’avaler.

Un coach, un entraînement intensif… Ça devait bien exister ? Chaque matin la trouvait plus incertaine, plus inhibée.

Pascal, qui avait le réveil triomphant, en était agacé. Aussi fut-il agréablement surpris de l’entendre chantonner en beurrant ses tartines ce jeudi matin.


– T’es bien guillerette ?

– J’ai rêvé que je gagnais à la loterie !

– C’était pas la peine de rêver !


Le sourire de Corinne s’effaça progressivement.


– Ah, oui, c’est vrai…


Pendant ce temps, les lapins, pas si crétins, continuaient à trier entre les crottes bonnes à manger et les autres.


 
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   Donaldo75   
26/12/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Je suis mitigé par cette satire sociale qui démarre pas mal, s'emballe avec le gros lot mais retombe à la fin, alors qu'on s'attendait à un rebondissement, avec Nathalie ou une candidate au poste de bonne.

Du coup, j'ai perdu le fil dans le dernier tiers.

Dommage !

Merci pour la lecture,

Donald

   Anonyme   
6/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
C'est un délice d'écriture cette petite histoire, pleine de trouvailles, de petites touches "mine de rien" qui font mouche.
Les deux personnages sont très authentiques et leur réaction face à leur toute inattendue fortune ne semble pas du tout bizarre. Bien analysée au contraire.
Je me suis régalé à lire votre nouvelle et cette chute tranquille reste bien dans le ton. En plus j'ai appris quelque chose au sujet des lapins. C'est dire si votre nouvelle est bénéfique.
"Ce n’était pas l’argent qui la générait, mais seulement l’idée de l’argent." Toute l'histoire tient en ce passage, je pense. Quand on n'est absolument pas préparé à l'idée d'être riche, cela pose sans doute un big problème et vous avez bien su rendre cela avec cette vision de ce couple et de leurs pinpins.
Bravo à vous.
A vous relire avec grand plaisir.

Jaseh

   alvinabec   
11/1/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,
Mince alors j'avais infiniment préféré la version précédente qui, je sais, je sais, n'avait pas eu l'heur de plaire aux premiers lecteurs.
Ici, le verbe est amaigri à l'excès, les phrases courtes, sèches ne m'emmènent nulle part. On dirait une description clinique un peu mécanique.
J'ai bien aimé la dernière phrase qui ramène la lecture à l'essentiel...bouffer quoi!
Al.

   Pepito   
20/1/2016
Salut Coline !

Forme : Le style "passeport" (manquait plus que tu nous ressorte : - Sexe ? - Rose !) est pas top en début, mais à la longue... beuark !
Bon on va pas détailler plus que ça, mais pour "Le printemps avançait TGV. " t'as du bol qu'on ait aboli la peine de mort. ;-)

"La veille, Corinne nettoya à fond toute la maison." m'a fait penser à Raymond Calbuth et j'ai souri... à Raymond.

"sans enthousiasme ni enfant" passe bien

De toutes façons, vu le choix de catégorie, d'entrée c'était mal barré. Je vais te dire, je te préféré en sent/rom... c'est dire ! ;-)

Quel affreux ce Pepito

Pepito

   carbona   
20/1/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,

Très emballée au début du texte mon intérêt décroît au fur et à mesure puisqu'on tourne un peu en rond et qu'il ne se passe pas grand chose. C'est dommage car l'écriture est plutôt pétillante, j'aime bien !

Je n'aime pas les parenthèses pour indiquer les précisions, je trouve que c'est mieux sans (les parenthèses) sinon ça nous fait sortir du texte.

"Vint le moment où la mère de Corinne, étonnée de n’avoir pas de nouvelles de fifille…

Où papa Pascal…

Où monsieur Rentard, banquier…

Où la copine d’aquagym…" < ce passage m'a fait tiquer par sa structure

L'histoire du lapin qui mange ses crottes est un peu trop insistante.

"Corinne avait qu’elle retrouvait des angoisses de veille d’examen." < elle est pas un peu bancale cette phrase ? Quand je relis le dialogue qui précède, ça colle mais sur le coup ce n'était pas fluide.

"Pascal, flatté par sa façon de dire « Monsieur » (on entendait la majuscule)," < on entendait la majuscule, super !

En conclusion, dommage qu'il ne se passe rien comme de petites péripéties plus croustillantes que les crottes du lapin.

Sinon, pendant tout le texte, "La liste de mes envies" de Grégoire Delacourt a résonné en moi. L'avez-vous lu ?

Merci pour la lecture !

   hersen   
20/1/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Coline-Dé.

Autant l'avouer tout de suite, comme j'avais déjà lu ce texte en première version en EL, quand je l'ai relu, j'étais déjà en terrain connu et il n'y avait plus guère de surprise.
Je trouve surtout des différences dans l'écriture (un peu moins grossière ou argotique ?) mais sinon, pas de grands changements.

J'aime bien les lapins, c'est l'occasion de rappeler qu'ils sont coprophages car c'est plein de vitamines, là-dedans, comme quoi rien ne se perd, mais le couple grosloteux ne m'inspire pas plus que ça, ni dans un sens, ni dans l'autre. A dire vrai, j'ai du mal à cerner ce que vous voulez en dire/critiquer/mettre en avant.

Je vais impatiemment attendre votre retour.

Merci de cette lecture.

hersen

   Anonyme   
20/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

C'est l'histoire d'un couple un peu neuneu, sans avis, sans envie, sans vie. De vie, ils n'en auront jamais, même après avoir gagné le gros lot, parce qu'ils sont trop cons.

C'est le rythme d'une comédie. Les phrases courtes ♪ sonnent comme ♫ les notes bien séparées ♪ de la B.O. d'un film du dimanche soir sur TF1, qu'on oubliera parce que c'est fait pour tout oublier.

Le texte répond aux codes du conte léger, de la fable : il amuse et nous dit quelque chose. Il nous dit qu'être riche, ça se mérite. Il y aurait un déterminisme, comme chez les animaux, à devoir manger de la merde toute sa vie quand on ne sait pas faire autrement.

- Premier sourire à la sixième ligne, avec "jeune, il trouvait que ça lui donnait l’air conquérant".

- "Une barre profonde entre les sourcils depuis qu’il a contracté cet emprunt sur trente ans." Cette phrase est difficile à prononcer à cause des "r". Parti pris? Comme pour "Pinpin, son lapin nain"?

- "Ces cinq années de mariage «pour rien» lui paraissent légèrement honteuses. Elle investit énormément son intérieur" Ambigu. Parti pris?

- "Et les rues bruissaient comme une peupleraie sous le vent." C'est doux. J'aime le doux.

- Qu'est-ce qu'une durée "marieantoinesque" ?

- "bulle isolante" fait un peu pléonasme.

Je suis entré dans l'histoire. Enfin, dans cette histoire. C'est bien foutu. Encore !

   Pimpette   
20/1/2016
Commentaire modéré

   lala   
20/1/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Coline-Dé,

Si le thème du gros lot n'est pas bien original, votre récit envisage une suite de vie changée mais encore plus tristounette ! La morale est sauve, l'argent ne fait pas le bonheur ! C'est un parti pris sympathique qui se découvre sans problème. J'ai quand même trouvé le récit un peu long, pour des intrigues simples, qui auraient gagné à être menées de manière plus vive.
Ce qui m'a gênée, c'est le style qui n'est pas cohérent dans la durée. Il y a une envie de taquiner le très populaire, mais dans ce registre, l'emploi du passé simple semble déplacé.
De manière générale, on alterne entre le familier et le soutenu, sans que ce soit justifié.
Quelques répétitions un peu appuyées : femme épanouie, chiffre (trois fois en une phrase), discrétion. Une phrase vraiment lourde : « Ou que sa mesure la fit paraître radine ». Une phrase non comprise : « Corinne avait qu’elle retrouvait des angoisses de veille d’examen ». Petits soucis de grammaire : «  qui ressemble a une maison-témoin » (avec a accentué), « Le vocabulaire châtié et le ton aristocratique de la dernière témoignait » (verbe au pluriel). Atsem : je ne pense pas que ce soit entré dans le vocabulaire courant.

   Anonyme   
21/1/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,
Je n'ai pas été séduite par ce texte.
Le style d'écriture trop fracturé ne m'a pas emballé car régulièrement dans mon esprit me venait cette phrase " Bon passons ! "
Autant dire que je ne suis pas entrée dans votre texte.
L'histoire des lapins aurait pu être intéressante si vous aviez eu autre chose à nous dire que le fait qu'ils mangent leurs crottes. Ces lapins semblent tenir une place primordiale dans la vie de ce couple et finalement rien ne nous est raconté.
Ce que je ressens, c'est que l'auteur ne vit pas l'histoire. Il n'est pas dans la peau de ses personnages.
Cela confère au texte un côté superficiel qui m'a ennuyée.
Désolée.

   Anonyme   
21/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Votre écriture, Coline, est vivante. Elle m’a tenue en haleine jusqu’au point final.

Ici, je découvre la chronique d’une vie ordinaire qui se racornie encore davantage autour d’un rêve devenu réalité. A coup de touches, de détails pathétiques bien sentis, vous rendez crédible l’histoire. Sans oublier les trouvailles qui apportent la vraie profondeur. Notamment dans les présentations du début, puis dans cette réplique savoureuse, que je retranscris de mémoire : « Lorsqu’il disait Monsieur on entendait le M majuscule ».

Vous campez vos personnages et les situations avec un grand réalisme et la pointe d'humour nécessaire à la jubilation. D’abord dans leur vie de couple, usée avant d’avoir même vraiment débutée – qui ne connait pas et plaint pareil couple dans son entourage ? - puis, après, lorsque ayant remporté la cagnotte dont tout le monde rêve, ils persistent dans leur petitesse, j’ai envie de dire : leur connerie… Mais pourquoi faudrait-il, parce que la fortune les inonde, qu’ils deviennent autres tout à coup ?

J’ai eu la grande chance d’apprendre à lire sans tuteur et sans format. Voilà pourquoi j’ai pris l’habitude, à chaque nouveau texte et du moment que son écriture m’emballe, de le dessiner à ma convenance autour des mots qui me sont offerts. Vagabonder entre les lignes, c’est ce que je trouve de plus jouissif à la lecture. Alors ne comptez pas sur moi pour chipoter sur les détails, qui, ici, ne sont que du pipi de chat comparés au plaisir que vous avez réussi à me procurer avec votre mise en scène.

J’ai passé un très bon moment immiscée parmi vos lapins. Je vous remercie amplement pour le partage.

Cat

   luciole   
21/1/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
C'est plutôt bien écrit, certaines formules font mouche comme "on entendait la majuscule" par exemple.
J'ai lu le tout avec plaisir même si, en toute honnêteté, je suis un peu déçue par l'absence de chute.
Bref, ce n'est pas l'enthousiasme absolu.

   Anonyme   
21/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Ce que j'ai aimé dans ce texte :
La justesse des petites touches pour camper les personnages et leur univers banal, médiocre
Quelques détails qui dénotent le sens de l'humour de la narratrice
Je n'ai pas compris pourquoi un accent décorait les Ou.
Je ne me suis pas ennuyée à la lecture de ce texte. Je peux donc conclure qu'il m'a plu.

   jaimme   
22/1/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pas grand chose à dire, sinon que mes deux lectures ont été à chaque fois un moment de plaisir. Un vrai humour, chaque phrase ou presque est percutante. Les portraits sont bien dressés et le rythme est vraiment bon.
Et le fil rouge du lapin est hilarant!
Bref, bravo (allez, faut que je trouve un truc: la fin, le dernier tiers est un peu moins fort (le coup du rêve par exemple, même s'il est symptomatique) ), mais c'est tellement dur de tenir la longueur dans cette catégorie!).
Super!

   Anonyme   
23/1/2016
C'est un thème, celui de la chance, que j'affectionne particulièrement.

J'aime ce titre en clin d'œil à la littérature et qui "parle" parfaitement du texte.

J'ai trouvé certaines analyses très justes, comme la part de cadeau que l'on offre quand on devient riche, tout à coup :

"Corinne ne dit rien. Mais elle réprouvait cette générosité. Non par avarice : simplement elle redoutait une disproportion. Elle n’aurait pas su dire dans quel sens.

Quand on a beaucoup d’argent, il est difficile d’imaginer comment s’évalue un cadeau.

Elle résolut le problème en s’abstenant d’en faire : pour rien au monde elle n’aurait voulu humilier son entourage par ses largesses. Ou que sa mesure la fit paraître radine"

"Que sa mesure la fit" : j'aurais bien vu un subjonctif, aussi.

Après, je trouve que le texte qui démarre bien ne tient pas ses promesses, l'impression qu'il se délite, que psychologiquement, l'approche de l'esprit d'une gagnante, d'une nouvelle riche, n'est pas complète, il manque à mon sens, le pendant, une forme de joie, même légère.

je n'ai rien trouvé qui concerne l'humour ou la détente.

Quant au lapin, je le trouve anecdotique et c'était pourtant une bonne idée.

Mais le point fort de ce texte et pour moi c'est un plaisir, c'est un joli sens de la formule qui anime l'écriture, j'ai trouvé de très jolies pépites et il y en a un bon nombre.

Voilà, un grand oui pour l'écriture mais non pour la nouvelle :)

   aldenor   
28/1/2016
Certains passages sont amusants. L’écriture est soignée. Pourtant la nouvelle ne marche pas. Il manque le moteur du rire : une situation cocasse ou paradoxale.
Si par exemple le couple était heureux avant de gagner le gros lot et que la fortune leur causait tant de soucis ou d’embarras qu’ils finissent malheureux, ca pourrait être différent.

   Bidis   
5/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est un texte sans prétention que j'ai pris plaisir à lire. L'écriture est vivante et sans prétention, elle non plus.
Ces personnages sont des nécessiteux du bonheur de vivre et sont plus réalistes qu'il n'y paraît, à mon avis.
Mais l'important pour moi reste que j'ai passé un petit moment de lecture tout à fait agréable.

   Misou   
27/2/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
J'ai adoré ce texte.
Le ton déjà. Les phrases simples qui colle parfaitement avec les protagonistes.
Le thème ensuite, très bien traité, sans excès, sans pathos.
La morale finalement. Exacte, simple. Le train-train qui dure malgré tout, au point d'oublié qu'on est riche. L'argent ne fait pas le bonheur est ici très bien illustré.

   fried   
29/2/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
visiblement le bonheur des pauvres n'est pas le bonheur des dames !
j'aime beaucoup votre texte, c'est bien écris, enjoué et il y a un humour et une légèreté qui me plait.
Il y a beaucoup de réalisme dans cette histoire.

   Anonyme   
6/3/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je ne suis pas un fanatique de la fable, mais la morale du lapin et du rêve nocturne réussi / rêve diurne raté lui donne quand même une certaine tenue.

Ce qui m'ennuie un peu dans la fable, c'est que je n'ai pas réellement l'impression de lire une histoire, mais plutôt une démonstration aboutissant à une conclusion vers laquelle l'auteur veut me mener et que, bien souvent, la conclusion se voit d'assez loin. Tout le déroulement me parait dès lors un peu factice et je n'arrive pas vraiment à m'y investir.

Bon, mais, pour qui n'est trop client du genre, il reste tout de même un texte que l'on puisse goûter d'une autre manière.



Les figures de style font toujours un peu de bien par où elles passent :

"Marié, sans enthousiasme ni enfant." : le zeugma se construit souvent sur base du "et", mais je suppose qu'il peut aussi être construit sur le "ni" ; je suppose donc qu'il doit aussi s'agir d'un zeugma dans ce cas.

"Et les rues bruissaient comme une peupleraie sous le vent." : celle-là est vraiment très particulière et il me semble bien n'en avoir jamais vu d'autre exemple que celui-là. Vous parvenez à un construire un néologisme pour l'une des acceptions tout en utilisant un mot existant pour l'autre acception.
Mot existant : peupleraie - lieu planté de peupliers
Néologisme (+ métaphore + personnification) : peupleraie - lieu planté de gens (peuple)
Ne me dites tout de même pas que ce n'était pas fait exprès !

"Pascal, flatté par sa façon de dire « Monsieur » (on entendait la majuscule), pencha pour un essai." : ça donne toujours un petit effet particulier de rattacher l'oral à l'écrit.

"– Mais enfin qu’est-ce que t’as Corinne ?
– Cette assurance, cette autorité… J’veux une bonne, pas un prof !
Corinne avait qu’elle retrouvait des angoisses de veille d’examen." :
La syntaxe de la dernière phrase surprend. C'est un risque de la rapporter à ce qui n'est que l'avant-dernière réplique du dialogue précédent. Ca oblige à interrompre la lecture pour revenir plus haut, mais ça fonctionne quand même.

"Le printemps avançait TGV" : Ah ah ! Je n'ai pu m'empêcher de penser à l'une de mes propres phrases dans un texte déjà ancien. Naturellement, nos propres bébés, même si ce ne sont en définitive que de petites être tout fripés, paraissent souvent plus beaux que ceux des autres ;-)

"Chaque matin la trouvait plus incertaine" : très élégante, cette manière de choisir un autre sujet acteur.

"il rotait sa fortune" : celle-là, je l'aime vraiment beaucoup


"l’heure était trop grave pour perdre son temps en arguties" : et hop... un mot de plus à mon dico.



Quelques petites broutilles :

"L’âge du Christ, comme il dit." : je cherche à savoir pourquoi cette phrase m'avait gêné, là où elle se trouve. D'ailleurs, elle me gêne déjà moins au moment de rédiger le com. Peut-être que ça donne l'impression que Pascal ne dépassera jamais les 33 ans (mais je sais bien que cette expression est commune). Ou alors, peut-être à cause du L apostrophé. Oui, c'est peut-être bien ça, comme si cet article donnait à l'âge de Pascal un caractère immuable. Bref, pas très important.

"ex-majorette devenue potelée" : vous opposez donc majorette et potelée. Je n'en vois plus guère, des majorettes, mais il me semble bien que celles que j'ai pu voir n'étaient pas toutes des anorexiques de magazine de mode, loin de là.

"Mais la discrétion d’une petite ville endormie est comparable à l’étanchéité d’une passoire." : le mot "endormie", pour moi, brise la comparaison ironique car il me fait justement penser à un lieu ou un moment où rien ne se dit.


Les "j'aime pas trop" :

Il est vrai que les descriptions des personnages et lieu, à la manière d'un script, d'une fiche préalable à la rédaction du texte, donnent un côté original à la chose, mais ça ne m'a pas plus botté que ça.

Je n'ai pas trouvé agréables les passages fréquents à la ligne.


Je crois que c'est tout.

   GillesP   
13/3/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Merci pour cette agréable nouvelle, emplie de petites trouvailles stylistiques ("sans enfants ni enthousiasme", j'aime beaucoup, par exemple). Mais je suis un peu déçu par la fin, même si elle reste dans le ton du reste et même si elle mime l'absence de vie trépidante des deux époux. Il est vrai, je le reconnais, qu'un rebondissement ou un renversement de situation aurait assez mal collé avec le reste...

   Anonyme   
26/4/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très bien. Caustique. Drôle. Quelques excellentes formules. Bon, la chute... moyen. Le dire c'est aussi dire que le texte a été lu jusqu'au bout, ce qui n'est pas toujours possible.

   Jean_Meneault   
5/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai aimé votre texte, cela faisait un petit moment que je projetais de laisser un commentaire.
Votre nouvelle est aussi terrible que drôle, le rire naît souvent d'une situation dramatique au fond et cette pensée sied à merveille à votre production me semble-il. Vous nous présentez ce couple déceptif, caricatural certes, mais tout de même cyniquement réel, que vous placez dans le contexte de la vente d'espoir ; les jeux d'argent.
Je ne vais pas les lister ici, mais les trouvailles grinçantes sont nombreuses, notamment des enchaînements sans transition avec la vie de ces lapins.

Une société parfois ridicule, triste, drôle... La nouvelle ne tranche pas, elle montre juste une facette du Monde, réaliste et décalée.

Un bel alliage qui m'a séduit. Le prisme de l'humour me paraît élégant pour dispenser un regard sur ce qui nous entoure. C'est simple, mais le matériau est assez riche, entre les lignes, pour donner quelque chose en plus à votre écrit.

Merci pour cette nouvelle!

   Anonyme   
29/7/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
assez drôle au début, l'histoire m'a très vite lassée et la chute décevante. dommage.

   caillouq   
24/8/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Beaucoup aimé ce texte caustique plein de petites trouvailles qui rendent très vivants Corinne et Pascal (je suis d'ailleurs inquiète depuis l'achat de Pipine : combien de générations de lapereaux leur propriété peut-elle accueillir ?).
La fin est un peu abrupte, j'en aurais bien lu plus, surtout après la rencontre avec Nathalie. Mais creuser cette relation forcément dissymétrique emmènerait peut-être trop loin (le lecteur, l'auteur) - avec un risque de clichés que le texte actuel, par son coté lapidaire et son ancrage dans les détails concrets (j'aime décidément beaucoup le(s) coup(s) du lapin) évite joliment. Le fond dépasse de loin le simple "l'argent ne fait pas le bonheur", et se situe en plein dans les thèses des Pinçon-Charlot (cf le distrayant et très convaincant "Riche : pourquoi pas toi ?").
Merci, Coline !


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