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Laboniris
Concours : Elle, lui. Ou : Dans la prairie aux vers esseulés [concours]
 Publié le 21/10/24  -  5 commentaires  -  5009 caractères  -  77 lectures    Autres textes du même auteur

Écrit sans trop y regarder, laissant déambuler déjà les pronoms.

Il y est question d'un départ.
Puis d'un regard impuissant sur des vers orphelins.
D'un retour, enfin.
Cela ne rebondit pas : ici, par parti pris, on effiloche.


Elle, lui. Ou : Dans la prairie aux vers esseulés [concours]


Ce texte est une participation au concours n° 36 : Des courts littéraires atypiques

(informations sur ce concours).



« Je veille seule et sans paupière ; vient l'aurore.

Le dessin de mes draps dit : je ne veux plus te voir. »


C'est elle : elle luit des figements des menus mots qu'elle trace, hélant son silence. Sinon, le noir tout cru.


*


Il est 7 heures, il rentre seulement. Et d'où ?


Il rentre pour commencer sa nuit.

Prend sa main.

Doux.

Et part en ronflements.


Prend sa main. C'est déjà ça. Comprendre qu'elle vaut mieux qu'une extension de matelas.


Elle ne se rendormira pas.


*


Il est 10 heures, elle part. Elle part dans l'indétermination d'un jour qui lève.


Elle, on ne la définira pas.

Elle, elle s'éparpille en petites listes.

Listes lilliputiennes.

Sur quoi faire, quoi faire entrer en soi, livres sons et phrases.

Et tout tient sur des fragments minuscules, des paperoles.


*


Le jour jaunit, façon petit début de soleil.


Enfin sortie de l'écrin clos la veloutant à lui, elle peut redevenir première personne. Je. En deux lettres. Passant d'abord.


Se subjectiver, comme disent les 'sophes.

Les 'sophes, elle les étudie depuis la fac ; on lui demande souvent son préféré, elle enfin je ne sais jamais que répondre.


Droit au je. Droit de passer d'abord. De se majusculer.

Je.


Il ne m'arrive rien depuis l'enfance.

Voilà pourquoi je me suis destinée bien tôt aux livres. Leur surface comme bassin banquise ou bac immense et sablonneux où griffonner de paisibles signes. Récréation plaintive.


***


Conscience que tu ne me comptes pas exactement dans ton cœur.

Je suis un abri.

Suis ce qui t'éloigne un peu de la houle.

Suis l'arche temporaire.


Ce matin tu es rentré – et d'où ? Tout ce qui s'ignore passe en glissant sous mes paupières. Les questions crissent avec le léger bruit du sable.

Je mâchonne encore un gramme ou deux de sommeil, et je me lève.

Marée haute des ronflements. Évidemment, l'alcool.


*


J'ai claqué sans un bruit notre seuil à double serrure, et je me suis rendue dans la prairie des vers esseulés.


Bien Je désormais. Presque jolie. Bien je, qui bat des yeux à l'unisson de l'aube ouvrant artistiquement sa gueule, taffetas rose, en très grand.


J'ai cheminé au rebord du matin, en me tournant vers les grandes graminées des rêves. Vers la décharge des mots réunionés devant moi, déversés de semaine en semaine.


Tout ce gâchis désemparé de vers…


J'en cueille certains par la tige, pour commencer, mais recule devant la folle tâche du bouquet.

Aucune cohérence entre ces abandonnés. Aucun chromatisme. Aucun salut dans l'harmonie.


*


Je me concentre sur les douze-pattes.

Ils redeviennent énigme, avec la strate un peu laiteuse du temps.


« Elle me tourne le dos de sa majuscule. »


Qu'ai-je voulu dire ?


« C'est du nouveau je me regarde au bord des yeux des autres. »


Chacun d'eux abrite, brindille, toutes sortes de questions :


« Dis-moi qu'y a-t-il au nord-ouest de tes yeux ?

Quelle impossible Bretagne, et quelle lande folle ? »


Certains s'exclament, surtout devant de l'impossible :

« Et merci pour tout ce qu'il nous reste à comprendre ! »


Je jette un regard impuissant sur mes végétaux en chantier, mes vers demi-chantant.


Qui sauver de l'orphelinat ?

Audace : qui marier ?

Ceux-ci ?

Ceux-là ?


« Tu dis non comme d'autres diraient pourquoi pas. »

« Enfin les mots ne sont rien que des monticules. »


Faire du deux à deux exprès pour séparer ceux qui s'enlacent ? Désaimanter les dénotations sœurs ?


« Il n'y a pas de signification qui tienne. »

« Admirer et s'éteindre les yeux grands ouverts. »


*


Parfois la paire est un mauvais moi au carré :


« Le narcissisme, ou la vie vue par un lorgnon.

Soigne-toi de ton reflet turbulent. Détonne. »


***


Je me frotte les yeux, me réhabituant à entendre sans nombrer, à laisser les mots se désaccorder à leur guise.


J'interroge la face du ciel. Autant dévisager la fatigue.

Tout un sablier de jour s'est déversé.


Je te retrouve en l'état, nez sur l'oreiller lourd.

Elle. Lui. Lui qui luit de son altérité splendide.

Je redevenant elle on ne me redéfinira pas.


*


On s'endort. Moi. Lui. J'ai peine à savoir combien d'empans de jour ont passé.


Fatalement, je me réveille.

J'ai trop couru les champs de mots pour me satisfaire du blanc cassé de la nuit, du stationnement d'esprit.


Je grave un nouveau douze-pattes, pour célébrer ta tendre insuffisance à mon égard, et mon ambivalence crasse, mêlée aux doux truismes de mon altruisme.


« Tu trembles cette nuit… je plaide pour le plaid.

Je fais l'ondine, tâtonnant à tes contours.

Nez contre toi, je flatte l'aube à l'encolure.

Tout ce froid donne envie de m'envoyer en lèvres. »


Par chance, il y a l'indispensable humour aux yeux qui plissent. Et les clochetons de mots qui chantent.


 
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   Robot   
21/10/2024
Une journée de la vie d'une femme.
J'ai bien aimé suivre ce parcours. J'y vois les paroles d'une femme qui se découvre et qui se cherche. Une femme poétesse qui voudrait plus que ce que lui accorde la vie et ses amours et se réconforte dans la poésie.
Elle voudrait exister pour elle-même mais recherche cependant les compléments d'une satisfaction dans sa vie en couple.
Voilà ma manière de lire ce texte.
Je ne note pas avant d'avoir lu les autres textes du concours.

   Catelena   
21/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Waouh ! Scotchée je ressors de ce texte Majusculé.
Il me parle, m'interpelle, me poétise jusqu'au ras-bord des yeux.

Ce Je glissant entre Elle et Lui pour les Mots dans tous leurs états, je me refuse à recueillir un extrait pour le porter aux nues. Il y en a tant qui atteignent leur cible, pile là au creux exactement, à l'est d'un Nord Ouest déboussolé qui aurait enfin retrouvé son aiguille.

Ah, sublime « écrin clos la veloutant à lui » !
Aarggh... j'avais dit pas d'extrait... mords-toi les doigts !

J'ai hâte de découvrir à qui appartient ce Laboniris, petit bijou foutraque fait de sang, jouant comme on s'envole, comme on respire... et me réserve, en attendant, le droit de revenir lire, revenir déposer quelques-autres éclats de joie difficiles à exprimer pour l'instant...

Les vers esseulés remercient l'auteur anonyme, pour ce bel effiloché réuni en un tout qui donne le tournis en vagues à l'âme...


Cat

   Charivari   
21/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour.
Je crois comprendre le but de cet écrit, un jeu sur les pronoms "je", "elle", "lui"... Mais je crois qu'il fallait y aller à fond, de façon plus systématique, avec peut être moins de jeux sur les sonorités, et plus de réflexion profonde sur ce "je", "elle" et "lui". Bref, en l'état, on est entre deux eaux, je trouve.

Il n'empêche qu'il y a bien de la poésie dans ce texte, et de jolies formules

   jeanphi   
21/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Je découvre une ébauche d'essai philosophico-poétique fourmillante d'émotions contenues et d'évocations puissantes de la transcendance du quotidien rapportée à travers le prisme de la condition féminine.
Beaucoup de choses m'échappent certainement dans cet écrit, mais je peux dire que cela n'altère en rien l'harmonie de l'ambivalence où révolte et amour s'entremêlent indéfiniment, l'élégance, et la portée que j'ai pu en retirer.
Je souligne également un pouvoir de suggestion émanant du texte tout entier, de la forme, du contenu biaisé. Il faudrait être Louis pour oser affirmer dans quelle mesure l'auteur s'exprime au sujet de la philosophie, de la condition féminine, et du quotidien d'une vie en relation avec un autre/la littérature/la conception du vivant/...

   Luz   
22/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonsoir,

J’ai bien aimé ce texte qui n’est ni un poème ni une nouvelle, mais un court littéraire atypique, en plein dans le thème du concours.
Un court un peu long, peut-être ; atypique et poétique, c’est sûr. J’ai apprécié les jeux de mots, les douze-pattes, les ‘sophes et surtout « les clochetons de mots qui chantent ».

Bonne chance pour le concours.


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