Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Laboniris
Concours : Sur un banc à Paris [concours]
 Publié le 03/11/24  -  11 commentaires  -  3811 caractères  -  63 lectures    Autres textes du même auteur

Dialogue entre deux vieux copains.


Sur un banc à Paris [concours]


Ce texte est une participation au concours n° 36 : Des courts littéraires atypiques

(informations sur ce concours).



─ Salut pignouf ! Tiens, pose ton derche là, tes guibolles te diront merci.

─ Ouais, t’es déjà là, toi. Avec le litron qui t’a rincé la gargamelle hier soir, je me disais « il doit piquer une ronflade à réveiller le quartier ».

─ À soixante-dix piges je tiens le coup, moi. C’est pas comme ces ganaches morveux qui vont faire la teuf comme y disent, pis qui se foutent dans le fossé en bagnole. Moi je dis : y savent pas vivre.

─ Ben, ils savent mourir, des fois.

─ Ouais, c’est déjà ça. Faut savoir faire quelque chose dans sa vie.

─ Mais c’est surtout qu’ils ne savent pas boire.

─ C’est vrai, ça. Regarde, nous on peut dire qu’on boit, enfin un peu, heu… des fois un peu beaucoup… mais personne ne nous voit rouler dans le fossé.

─ Ah ! Elle est bien bonne celle-là. Pour rouler dans le fossé, faudrait d’abord qu’il y en ait un. T’as déjà vu un fossé toi, sur le Boulmich ?

─ Non, bien sûr. Le baron Haussmann s’est abstenu d’en faire, en pensant à nous.

─ En pensant à nous ? Mon pauvre vieux, tu perds la boule… À nous !…

─ Pas à nous, nous, mais à tous ceusses qui suçotent un peu trop le goulot, tu piges ?

─ Ouais j’ai tout pigé, mais je me demande comment tu sais tout ça toi. Qui t’a rancardé sur le baron machin ?

─ Mon cher, je suis été à l’école quand j’étais minot, moi, assez souvent, enfin, sauf un peu au printemps pour garder les vaches, sauf un peu l’été pour faucher le pré, sauf un peu à l’automne pour les vendanges, mais je sais lire et compter, tout le monde peut pas en dire autant.

─ Alors tu vivais à la campagne ? Qu’est-ce que tu branles à Paris à soixante-dix piges ? Tu voulais frimer dans la capitale avant de clamser ?

─ Oh, que non ! Je serais bien resté dans ma campagne. Je vais te dire. Après mon service militaire, comme j’étais un peu balèze et pas mal tourné, j’ai marié la Juliette, la fille du maire du village. Elle était belle, fine, distinguée. Si tu avais vu comme elle était belle ! Mais une fille qui se peint des yeux de biche, qui se met du rouge sur la bouche et qui porte des talons pointus c’est pas fait pour labourer les prés. Elle m’a turlupiné jusqu’à ce que j’accepte de « monter » à Paris. Depuis longtemps elle en rêvait, du formica et du ciné, comme chante le grand moustachu, tu sais… Alors, arrivés ici, il a fallu nous débrouiller. Nous avons pris un petit deux-pièces en location. Et il a fallu travailler. Que peuvent faire un paysan et une provinciale, sans aucune relation pour les aider, chez ces dingues toujours pressés ? Pis on causait pas parigot, nous. On les voyait bien ces yeux qui frisaient et ces bouches qui se tordaient en se retenant de rire, dès qu’on disait trois mots… Ah, les vaches ! Enfin, à ça on s’y fait.

─ Tu t’y es si bien fait que tu es encore là aujourd’hui. Et quel travail tu faisais ?

─ Je faisais des trous, des petits trous… Alors, branquignole, tu devines pas ?

─ Ouais ! Poinçonneur des Lilas !

─ Pourquoi des Lilas ? J’étais poinçonneur des tickets de métro, le plus souvent à La Motte-Picquet.

─ Et ta Juliette, elle faisait quoi ?

─ Ben, elle avait trouvé que Dame Pipi dans un grand magasin. Ben quoi, quand faut bouffer…

─ T’as raison. Dis donc, tu m’avais raconté un jour que t’avais une fille. Vise un peu, c’est pas elle, cette femme qui arrive là-bas au pas de charge ?

─ Si, si, c’est la daronne. Je m’esbigne dare-dare. Tu m’as pas vu hein, fais pas le con.

─ OK,OK, tchao pignouf, à demain.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Robot   
12/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un bon moment de lecture amusante et somme toute un dialogue assez réaliste.
Il y a une véritable dynamique d'écriture qui ne lache pas le lecteur jusqu'à la fin.

   wancyrs   
13/10/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Salut,

C'est sympas comme texte. l'idée est bonne, et ça se lit bien. Voilà ce que je trouve de bien dans ce texte. Seulement, je trouve le langage hésitant, tantôt correct, tantôt campagnard : est-ce parce que le campagnard est devenu parigot ? J'avoue que ce détail m'a dérangé. J'aurais trouvé très bien l'ensemble si tout le phrasé était campagnard pour apporter une vraie touche d'originalité. Mais en cet état je vois quelqu'un qui s'est forcé à un exercice de style :

Dommage !

   Geigei   
15/10/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
L'exergue et le lexique disent qu'il s'agit de vieux copains.
Une "vie" racontée par l'un des deux. Pour l'autre, on ne saura pas trop.

Ce pourrait être le pitch d'un film populo avec Gabin et Carette... je l'ai lu en noir et blanc.

   Donaldo75   
22/10/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
C'est marrant ce langage argotique d'une autre époque, un peu comme si la langue parlée s'était figée dans le stuc. L'exergue qui parle de dialogue entre deux vieux copains pourrait tout aussi se lire "dialogue entre deux vieux" tellement il est suranné et en noir et blanc. Ceci dit, cela raconte quelque chose, une histoire certes d'un autre temps loin du Paris des Vélib' et des trottinettes mais proche des cartes postales que l'on vend dans les échoppes du Chatelet.

Une autre vision de ce que ce concours permet.

   Lebarde   
3/11/2024
Oui une conversation entre deux parigots venus de la province , portés sur la chopine, oui mais Je trouve le vocabulaire argotique utilisé un peu artificiel et forcé et bien peu imagé pour les personnages mis en scène. En tous cas assez loin de la verve gouailleuse de Michel Audiard que j’aurais préféré entendre.
Une petite histoire sans esbroufe que “la chute a du mal à relever “

Bonne chance pour le concours.

   papipoete   
3/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour concurrent
Au moins, on comprend que cette aventure se déroule à la capitale...
Deux pochtrons " occasionnels " qui se racontent leur vie, leurs déboires... qui les font boire.
NB l'auteur n'insiste pas trop sur la picole, me permet de lire ce numéro, jusqu'à la fin où l'on devine que la fille du maire, que le pote épousa, qu'à Paris pour elle il monta, n'est plus...
Ne reste que sa fille...
" tiens la voilà qui arrive !
- tu m'as pas vu hein ! "
Un moment fort touchant, en particulier sur leur profession, à chacun
poinçonneur ( pas des Lilas ) et dame pipi pour madame
Je vois des lignes où l'on sourit, et se laisse submerger par la tendresse

   Dameer   
3/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Hello,

C’est amusant mais pas hilarant. L’argot – celui d’autrefois, appris à travers les films en N/B – semble un effort : le type l’abandonne lorsqu’il parle de sa vie à Paris, et son niveau de français s’élève tout d’un coup !

Il y a quelques bons traits d’humour, quand le type parle de son addiction à la boisson ou de sa scolarité, ou encore sa remarque sur "poinçonneur des lilas" car il ne fait pas le lien avec la chanson de Gainsbourg !

Je m’interroge sur "la daronne" quand il parle de sa fille. Ce vocable désigne normalement la mère, à moins d’une évolution de sens vers "la patronne" (elle aurait pris le rôle de la mère dans la famille.)

   plumette   
3/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Je n'ai pas vraiment cru à ce dialogue , sans doute parce qu'il ne colle pas vraiment à la réalité décrite;

je m'explique:

cet homme de la campagne monté à paris a un parler plus argotique que campagnard, il épouse la fille du maire, on imagine qu' elle a une condition sociale un peu plus aisée et la description de cette Juliette ne cadre pas du tout avec son métier ( dame pipi) d'autant qu'à l'époque supposée, il n' était pas si difficile de trouver du travail

Et si l'un des protagoniste a 70 ans, il avait 20 ans en 1974, date à laquelle les poinçonneurs avaient déjà disparus !

j'ai donc été gênée par cette distorsion .

sinon, l'idée d'utiliser un niveau de langage différent de ce qui se pratique en littérature n'était pas mauvaise!

   Cox   
3/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Bonjour,

Malheureusement, c'est un texte qui passe pour moi à côté du concours. Pour le côté atypique, il ne s'appuie que sur sa forme de dialogue et le choix d'une langue argotique. Je ne trouve pas vraiment que l'un ou l'autre soit particulièrement original. Ces deux points sont finalement des éléments classiques de récits. Ici, le récit se limite entièrement à cette idée, ce qui est certes moins commun, mais aussi moins riche et moins intéressant à mes yeux.

Je ne peux pas vraiment juger de la forme: si l'argot employé me paraît personnellement forcé et pas forcément très adapté au milieu d'origine du personnage, je peux tout à fait me tromper parce que c'est trop daté pour moi. Côté écriture, donc, je suis un peu largué mais je peux simplement dire que j'ai apprécié ce passage:
"C’est pas comme ces ganaches morveux qui vont faire la teuf comme y disent"
J'y ai bien reconnu une remarque qui pourrait venir de mes grands-parents qui s'imaginent souvent qu'une expression démodée depuis au moins vingt ans relève toujours du langage de "djeun's". Petit détail authentique et bien vu pour le coup!

Pour ce qui est du fond, en revanche, je n'ai pas trouvé ça très enthousiasmant. On suit l'histoire assez générique d'un personnage qu'on ne connaît pas, et on se demande un peu pourquoi on l'écoute raconter sa vie pas passionnante. J'ai eu du mal, en fin de lecture, à en retirer quelque chose que j'attendrais d'un texte: de l'émotion, du rire, de la réflexion ou que sais-je.

Au final, peut-être à cause d'un décalage générationnel, la forme ne me touche pas et ne me paraît pas vraiment originale. Quant au fond, il ressemble tout simplement à une nouvelle déguisée dont l'histoire est un peu trop plate et simpliste pour moi. Je n'accroche donc pas.

   BlaseSaintLuc   
4/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
C'est la seconde fois , que je retrouve un Paris que j'ai connu "minot"
En noir et blanc, j'ai l'odeur du ticket de métro qui remonte ...
La conversation ne va pas très loin , mais c'est bien fait.
Ça commence par un café calva, au troquet du coin.
Un petit air de Java , de Javanaise...


allez un gainsbourg pas tres connu en prime :
https://youtu.be/ltike4mqUgE?feature=shared

   in-flight   
4/11/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Je pense que le concours part d'une intention salutaire qui consiste à faire bouger les lignes : "nous vous invitons à multiplier les orientations pour produire une sorte d'explosion de sujets très singuliers."

Le souci, c'est qu'à lire ce texte (comme la majorité des autres), je ne vois rien de singulier ni sur la forme, ni sur le fond. Singer de l'argot sur un banc à travers un dialogue entre deux clodos n'est pas gage d'originalité.


Oniris Copyright © 2007-2023