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Fantastique/Merveilleux
Cornelius : La dame à l'hermine
 Publié le 05/08/24  -  8 commentaires  -  10692 caractères  -  69 lectures    Autres textes du même auteur


La dame à l'hermine


Cracovie, juin 2015. Il y a longtemps que je voulais visiter la ville et je me suis enfin décidé comptant mettre à profit ces quelques jours pour découvrir cette ancienne capitale de la Pologne et ses merveilles.


Le premier jour fut consacré à un tour d’horizon architectural du centre-ville avec ses monuments historiques : la vaste place du marché, la basilique Sainte-Marie, le château royal de Wawel, la cathédrale où sont conservées les sépultures des rois de Pologne…


La ville est magnifique et je me demandais si j’aurais suffisamment de temps pour la visiter entièrement car il y a aussi le quartier de Kazimierz avec l’usine Schindler et l’ancien ghetto rendu tristement célèbre lors de la deuxième guerre mondiale.


Après deux jours passés dans la vieille ville et un jour dans le quartier juif je réalisai soudain qu’il ne me restait qu’une journée pour visiter le château de Wawel et voir le tableau de Léonard de Vinci « La dame à l’hermine » transféré temporairement au château, le musée de Cracovie étant fermé pour travaux.


Amateur d’art, je ne voulais surtout pas quitter la ville sans avoir admiré ce chef-d’œuvre.


Le lendemain me voici donc dans l’enceinte du château puis dans la salle obscure qui abrite le fameux portrait de Léonard. Je ne fus pas déçu par la toile que je trouvai plus belle encore que « La Joconde ».


La jeune femme représentée sur ce tableau arbore également comme Mona Lisa un très léger sourire, cependant, en regardant bien, un détail me gênait non pas dans le sublime visage de la jeune femme, mais dans sa main grossièrement peinte comme si cette main ne lui appartenait pas. Certes le maître laissait parfois une partie du travail à l’un de ses élèves. Avait-il délégué à l’un des apprentis de son atelier l’exécution de cette main presque grotesque qui à mon humble avis gâchait un peu l’ensemble du tableau ? C’était tout à fait possible. En tous cas la main en question semblait disproportionnée par rapport au reste du corps de la dame.


Un autre détail moins évident celui-là me parut également curieux. Sans être un spécialiste de la faune il me sembla que l’hermine était plus grosse elle aussi et qu’elle dépassait la taille habituelle de ce petit mustélidé. Bien que ceci n’eût pas une grande importance, je me dis qu’il faudrait que je vérifie tout cela, mais pour le moment je revins sur le visage du modèle profitant au maximum de la beauté et de la finesse des traits de la jeune femme.


Subjugué par la grande qualité d’exécution de ce portrait j’étais comme hypnotisé par ce personnage et après être resté un long moment à admirer le tableau je regagnai ma chambre d’hôtel pour effectuer des recherches plus poussées sur Internet.


Je découvris que la jeune fille représentée sur cette toile n’était autre que Cecilia Gallerani, la maîtresse du duc de Milan Ludovic Sforza. Le tableau, l’un des quatre portraits féminins de Léonard de Vinci aurait été peint en 1488 lors de son séjour à Milan et aurait fait l’objet de diverses interprétations contradictoires. Notamment par la présence de l’hermine qui représenterait selon certains le duc Ludovic Sforza. Mais là aussi les avis diffèrent car certains pensent qu’il s’agirait en fait d’une belette ou d’un furet. En tous cas ce portrait est considéré comme le premier portrait moderne et paraît aussi énigmatique que celui de « La Joconde ».


L’avion du retour étant prévu dans l’après-midi, je décidai de retourner au château le lendemain matin. J’allai directement dans la salle obscure où était exposée « La dame à l’hermine ». Je remarquai immédiatement que quelque chose clochait dans ce tableau. La main ne caressait plus le petit animal mais elle s’était rapprochée de sa gorge comme si elle voulait l’étrangler. Je n’en croyais pas mes yeux. Cette main diabolique, dont on ne savait même pas si elle appartenait à Cecilia ou si elle était une émanation malveillante d’une tierce personne, était en train de reprendre vie. Quant à la dame il me sembla qu’elle aussi avait subi quelques modifications. En effet son regard avait à n’en point douter changé de direction et c’était moi qu’elle fixait et qu’elle semblait implorer. Bouleversé, je détournai mon regard et sortis de la salle un instant pour reprendre mes esprits. Avais-je été victime de mon imagination ? Sans doute car aucun autre visiteur ne semblait se manifester.


Je décidai donc de retourner dans la salle d’exposition pour constater que l’hermine n’était plus qu’un cadavre sans vie alors que la main avait repris sa position initiale. J’examinai le tableau plus en détail sans trouver d’autres éléments anormaux. Je continuais de penser que cette main grossière n’était pas celle de Cecilia dont le visage n’était nullement altéré par la modification en cours.

Il me fallait revoir impérativement l’œuvre de Léonard, mais j’appréhendais terriblement ce moment. Quand enfin je me décidai à entrer dans la pièce je sentis les battements de mon cœur s’accélérer dans ma poitrine. Je fus sidéré par ce que je vis : la main avait changé de position et s’approchait maintenant de la gorge de Cecilia comme si elle allait l’étrangler à son tour. L’hermine quant à elle avait totalement disparu du tableau. La jeune fille avait perdu sa sérénité et me lançait un regard terrorisé. Fasciné par cette transformation je vis soudain la main se mettre à serrer le cou gracile du modèle.


C’en était trop. Je poussai un cri d’effroi.


Je me réveillai en sursaut dans ma chambre d’hôtel pour me rendre compte que tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Je regardai ma montre. Il était six heures du matin. Je revins peu à peu dans la réalité. L’avion décollait à 15 heures. J’avais du temps avant de partir.


Après ce cauchemar artistique je n’avais plus désormais qu’une idée en tête. Pour me rassurer je devais absolument me rendre au château de Wawel et revoir une dernière fois « La dame à l’hermine ». Il n’était pas question de repartir sans avoir contemplé à nouveau le chef-d’œuvre de Léonard de Vinci. Il faut dire que ce rêve m’avait quelque peu ébranlé et même si la raison reprenait le dessus, je désirais en avoir le cœur net.


Je pris donc la direction du château situé à un petit quart d’heure de marche d’un pas quelque peu chancelant. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver sur la porte une affiche qui indiquait que la salle de « La dame à l’hermine » était exceptionnellement fermée jusqu’à 14 heures. Je pris cette information comme une malédiction supplémentaire et rentrai à l’hôtel dans un état second. Le délai avant de prendre l’avion était maintenant bien trop court. D’autre part je ne pouvais pas repousser mon vol car je travaillais le lendemain. Je quittai donc Cracovie en début d’après-midi l’esprit préoccupé et le cœur lourd.


Dans les jours qui suivirent mon retour en France, je n’étais guère en forme et mon sommeil fut très agité. L’hermine, la main, la jeune fille m’apparurent tour à tour et habitèrent mes nuits avant de disparaître progressivement.


Je repris une apparence de vie normale. Cependant mon esprit ne me laissait pas en paix et je dus me rendre à l’évidence ; il me fallait retourner à Cracovie là où m’attendait « La dame à l’hermine ».


Je pris un billet d’avion aller-retour pour le week-end et j’étais à Cracovie à midi. Juste le temps de passer à l’hôtel déposer mes bagages et je filai en direction du château de Wawel. À peine entré à l’intérieur du bâtiment je me précipitai comme un fou vers la salle dans laquelle se trouvait le célèbre tableau pour constater avec soulagement que celui-ci avait conservé son état originel. J’étais soulagé et pus poursuivre ma visite du château qui avait été écourtée lors de mon premier séjour. J’en profitai aussi pour pénétrer dans la cathédrale où se trouvaient les tombeaux des rois de Pologne. L’après-midi fut plus détendue et je flânai dans la vieille ville avec beaucoup de plaisir, me réservant une dernière visite à « La dame à l’hermine » pour le lendemain matin.


Cette nuit-là je dormis d’un sommeil de plomb.


Le dimanche je pris tranquillement le chemin du château. La douceur de cette fin d’été incitait à la promenade et promettait une belle journée. De nombreux touristes déambulaient dans la rue principale. J’atteignis ma destination et me dirigeai directement vers la salle d’exposition.


Il y avait de nombreux visiteurs dans la salle et je ne vis pas tout de suite le tableau, mais lorsque je pus enfin y accéder ce fut une vision d’horreur. L’hermine et sa maîtresse baignaient dans un bain de sang, toutes deux égorgées alors que la main de l’assassin avait disparu de la toile. Je ne pouvais plus bouger, fasciné par ce massacre que j’étais le seul à voir apparemment.


Le peu de bon sens qu’il me restait à cet instant m’incita à quitter les lieux au plus vite pour retrouver la lumière et le grand air du parc loin de cette version sanguinaire du chef-d’œuvre de Léonard de Vinci. La tête tranchée de Cecilia associée à la fourrure souillée de sang de l’animal était une abomination mais curieusement la jeune fille avait conservé son visage dans toute sa beauté. Cette fois je me crus au bord de la démence tout en refusant de croire à ce que j’avais vu à l’intérieur. Il était hors de question pour moi de retourner dans la salle au risque de perdre entièrement la raison.


Je me dis que j’allais de nouveau me réveiller comme la première fois et que ce n’était qu’un épouvantable cauchemar. Mais cette fois-ci ce ne fut pas le cas. Je haletai en respirant à pleins poumons jusqu’à ce que les battements de mon cœur diminuent. Puis ayant retrouvé un peu de calme, je finis par rejoindre l’hôtel comme un automate avec pour seul désir celui de m’éloigner le plus rapidement possible de la diabolique dame à l’hermine.


Je rentrai le soir même en France. À peine arrivé, j’allumai le téléviseur pour regarder les actualités. Ce que je vis alors me stupéfia. « La dame à l’hermine » apparaissait à l’écran pendant que le présentateur expliquait que le tableau de Léonard de Vinci temporairement exposé au château de Wawel à Cracovie avait été lacéré à coups de couteau par un illuminé qui avait réussi à prendre la fuite.


Le rêve que j’avais fait était-il prémonitoire ? Je ne parvenais plus à distinguer les faits réels de ceux nés de mon imagination. Tout se brouillait dans mon cerveau. Je commençai même à douter d’avoir fait ce voyage à Cracovie. Obsédé par le tableau de Léonard, je tentai de reprendre le fil de l’histoire. Que s’était-il vraiment passé pendant ce séjour ? C’est alors que l’idée insensée que c’était peut-être moi l’illuminé qui avait vandalisé « La dame à l’hermine » s’insinua lentement dans mon esprit.


 
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   Cyrill   
5/8/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour,
Le style est correct sans être ébouriffant pour un scénario qui aurait mérité mieux. Nous ne visitons Cracovie qu’en survol, les lieux touristiques sont cités sans que nous y soyons immergés, un peu comme dans un prospectus touristique.
De la même façon, nous ne sommes pas plongés dans la beauté de l’œuvre, seule l'hallucination titille un peu mon esprit mais le narrateur a déjà pris quelque distance lors de l'écriture, l’angoisse semble derrière lui. Il y a beaucoup trop d’allers et venues narrés par le menu et qui détournent le lecteur de la focale.
Un détail : « le visage nullement altéré » alors que plus haut la dame a changé la direction de son regard qui s’est fait implorant.
Peut-être que l'idée selon laquelle il serait l'auteur de l'acte vandale aurait pu être distillée dans le texte plutôt qu'énoncée à la fin de but en blanc… mais c’est vous l’auteur et ce n’est qu’une idée.
Au plaisir d'autres lecture.
En résumé, la nouvelle m’a intéressé pour son scénario, mais la narration m’a paru un peu fade.

   Cristale   
5/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour Cornélieus,

J'ai bien aimé cette histoire délirante. Au premier quart du récit, j'ai pensé que quelques substances hallucinogènes avaient été ajoutées au café du matin à l'hôtel du voyageur, et puis le délire visuel à continué jusqu'à ce que l'on sache que celui-ci avait fait un cauchemar.
Oui mais, la réalité fictive, si je puis dire, l'a rattrapé lors de son retour au musée.
Là, j'ai pensé fortement que ce visiteur avait perdu la raison en lacérant le tableau tant il l'obsédait.
... Innocent pour cause de non-discernement de la gravité de son acte...

Allez savoir ce que l'inconscient peut inventer...

L'histoire est claire, bien qu'un peu longue (pour moi), mais elle a réussi à retenir mon attention sur plusieurs lectures pour m'en impreigner.

Incapable d'en faire autant, je vous félicite pour l'écriture limpide et l'inventivité du scénario.

   Pepito   
6/8/2024
Une très bonne écriture, rien a signaler.
Pour le "fond", la première partie en "ah, ce n'était qu'un rêve" est un poil usée. Cela rallonge inutilement le texte à mon avis.
La chute finale est bien mieux vue avec ce doute qui pointe et une fin qui reste ouverte.

   Yakamoz   
6/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Merci pour ce texte, agréable à lire, qui nous fait voyager à Cracovie et dans le cerveau d'un amateur d'art qui tombe amoureux d'un tableau jusqu'à la folie. A force de le regarder, sa vision se brouille et des hallucinations apparaissent. Peut-être est ce le sourire énigmatique de la dame à l'hermine qui lui a fait perdre la raison au point de détruire la toile ? On ne le saura jamais...

   Cleamolettre   
11/8/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Merci pour cette sympathique lecture (globalement), qui m'a en outre permis de découvrir un tableau que je ne connaissais pas (je suis moitié inculte sur Léonard !).
J'ai bien aimé le doute sur la folie ou pas, distillé au fur et à mesure, les détails du tableau qui changent, et cette fin qui permet au lecteur de décider/choisir ce qui s'est vraiment passé (pour moi, pas de doute, c'est la main peinte qui a lacéré le tableau !).

Petit bémol sur la liste des choses à voir à Cracovie, pour moi ça n'a rien à voir avec l'histoire et ça ne lui apporte rien (ou bien quelque chose m'échappe ?), et ça fait une introduction un peu longue au lieu d'entrer directement dans le vif du sujet.
Autre détail : quelques phrases parfois trop explicatives, comme "Le délai avant de prendre l’avion était maintenant bien trop court. D’autre part je ne pouvais pas repousser mon vol car je travaillais le lendemain. " A partir du moment où on sait que l'avion est à 15h et la salle fermée jusqu'à 14h, c'est inutile, et ça allonge le texte et casse un peu son rythme.

   Cox   
17/8/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour Cornélius,

Mes excuses si j'ai la plume pâteuse, j'écris ce commentaire avec 39 de fièvre. Si certaines parties de mon avis vous paraissent délirantes, vous pourrez les mettre sur le compte de mon accès de faiblesse 😁

Bref. Il est difficile, en tant que lecteur, de ne pas faire de parallèle entre ce texte et la dernière nouvelle publiée par Rosaura. Dans les deux cas, le scénario est similaire (un tableau prend vie et mène le personnage à la folie), ainsi que le cadre et le déroulé des événements (voyage à l’étranger, exposition, tableau dégradé). J’avais déjà souligné le fait que l’idée était relativement commune sous le texte de Rosaura. Mais par manque de chance pour vous, cela se fait d’autant plus sentir sous votre texte qu’il passe après un autre sur le même modèle.

Au final, en faisant abstraction de ce hasard, j’ai eu à peu près le même ressenti que sur le texte de Rosaura. D’une part, j’ai apprécié le fait que l’action soit ici un peu plus développée, et donne au personnage de vraies raisons de paniquer. D’autre part, je n’ai pas retrouvé la même maîtrise de la narration, ni ressenti la même passion pour les œuvres. Au final ça s’équilibre et me laisse sur un sentiment similaire.

Quelques exemples de choses qui ne m’ont pas convaincu dans l’écriture sur le début du texte :
- Le cadre exotique m’a laissé dubitatif, parce qu’il est présenté dans une demi-mesure dont je ne sais quoi penser. Il est souvent livré de manière relativement plate, énumérative : “la vaste place du marché, la basilique Sainte-Marie, le château royal de Wawel, la cathédrale où sont conservées les sépultures des rois de Pologne… ». Si le but était d’immerger le lecteur dans un cadre exotique, il faudrait en faire plus. Sinon, on aurait tout aussi bien pu se dispenser des listes de destinations touristiques dont je ne comprends pas ce qu’elles apportent.
- Quelques présents de vérité générale déroutants pour des remarques qui relèvent plutôt du ressenti et m’auraient paru plus adaptées au passé comme le reste de la narration (« La ville est magnifique et je me demandais (…)»)
- Les constructions sont en général plutôt simples, voire prosaïques à l’occasion (« il y a aussi le quartier de Kazimierz », « La ville est magnifique », « Je ne fus pas déçu par la toile que je trouvai plus belle encore que « La Joconde » »), mais cela jure parfois avec des préciosités étonnantes (« point » au lieu de « pas », etc..).
- Parfois des constructions redondantes (« arbore également comme Mona Lisa » -> également est redondant ici), ou circulaires (« Subjugué par la grande qualité d’exécution de ce portrait j’étais comme hypnotisé »)
- De manière générale, j’ai trouvé un peu trop de tournures convenues ou « automatiques ». C’est d’autant plus dommage lorsque l’angoisse du personnage est livrée à travers des expressions toutes faites (« Je n’en croyais pas mes yeux », « je sentis les battements de mon cœur s’accélérer dans ma poitrine », « C’en était trop. Je poussai un cri d’effroi »)

Bref ; je n’ai pas vraiment été emporté par l’écriture, même s’il n’y a rien de rédhibitoire non plus et que je n’ai pas eu de difficulté à aller au bout. L’histoire se tient et l’idée que le protagoniste pourrait avoir lacéré le tableau dans un accès de folie est intéressante, même si je pense qu’elle aurait gagné à être instillée de manière plus narrative que déclarative. Le doute entre rêve, folie et fantastique et bien maintenu, ce qui participe à conserver la curiosité du lecteur.

   Malitorne   
27/8/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Cette histoire pourrait faire le scénario d’un épisode de la série « La quatrième dimension », quand le réel bascule de façon insidieuse dans le surnaturel. Ici le tableau semble s’animer, obsède le narrateur jusqu’à lui en faire perdre la raison, à la fin il n’est plus sûr de ses actes.
L’idée n’est pas forcément d’une grande originalité mais se laisse suivre, on est curieux de savoir ce que va donner cette attirance morbide. L’épilogue est bien trouvé même si trop explicatif, l’allusion au dérapage aurait plongé le lecteur dans le doute. Vous lui donnez inutilement les clés, laissez-le donc cogiter ! Un texte qui laisse planer le mystère marque davantage qu’un texte où tout est dit.

   Dameer   
27/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Hello Cornelius,

J’ai été subjugué par cette histoire, celle d'une obsession, que ce soit pour une ville, un monument ou une œuvre d'art : la personne devient en quelque sorte amoureuse, et passe par toutes sortes de troubles physiologiques et psychosomatiques (battements cardiaques qui s’accélèrent, difficultés à respirer, étouffement, rêves), jusque quasiment la folie. C’est le reconnu syndrome de Stendhal ou syndrome de Florence qui survient chez certains voyageurs exposés à une œuvre d'art qui prend une signification particulière pour eux.

J’ai aimé la progression minutieuse dans le 1er séjour, (même si en recomptant je crois qu’il y a un jour de trop, puisqu’il doit à 2 reprises reprendre l’avion l’après-midi !) où le voyageur passe 3 jours à voir autre chose, avant de venir le 4ème jour en présence du tableau. (Ce qui en même temps fait monter l'impatience chez le lecteur ! )

Comme s’il retardait le plus possible un rendez-vous amoureux qu’il appréhende et redoute : "je ne fus pas déçu par la toile que je trouvai plus belle encore que la Joconde." Tel un amoureux, il veut " profiter au maximum de la beauté et de la finesse des traits de la jeune femme." "J’étais comme hypnotisé par ce personnage."

Une autre qualité de ce récit, c’est son maillage minutieux : ainsi un jalon est posé avec le détail sur la main et l’hermine pour justifier une 2ème visite. Et puis une 3ème encore, où le tableau prend vie et se transforme : la jeune fille sent un danger et appelle à l’aide : " c’était moi qu’elle fixait et semblait implorer."
Et puis ce cauchemar artistique : "la jeune fille avait perdu sa sérénité et me lançait un regard terrorisé."

L’obsession est telle que le voyageur prend un aller-retour pour le weekend : l’hermine et sa maîtresse baignaient dans un bain de sang : on est dans une scène de meurtre, puisqu’on apprend ensuite que le tableau a été lacéré de coups de couteau : l’œuvre d’art assassinée !

A mon avis, il aurait fallu arrêter le récit à ce moment-là, ou bien dire juste quelque chose comme : "il n’a pas pu faire ça !" où le voyageur reconnaitrait implicitement l’identité de l’assassin mais se dissocierait de son acte…


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