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Tadiou
27/10/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
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L'écriture est simple et limpide, peut-être un peu trop "sage". Mais ça se lit facilement.
Les émotions sont masquées, à mon goût, par la linéarité de l'écriture. Il s'agit quand même d'événements étranges ! La cave inondée m'était prévisible. Peut-être aurait-il été intéressant d'insister sur le sort des "sorcières" au temps de l'Inquisition, ce qui n'est qu'évoqué. À la fin le mystère reste entier ! Petite frustration du lecteur; mais pouvait-il en être autrement ? C'est une autre histoire... Tadiou en EL |
jeanphi
10/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour,
J'ai d'abord relevé un côté scolaire avant de m'apercevoir que le ton est très adéquat. L'histoire me paraît croustillante, sa concision attise et assouvit simultanément la curiosité du lecture. L'ambiance est créée comme par négatif. Une solidité et une certaine diversité des éléments et de leurs imbrications qui me paraissent agréables et fluides procurent la fascination dubitative vers laquelle vous nous conduisez. |
EtienneNorvins
11/11/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
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Un texte qui 'coule' bien, et évite l'écueil de la sempiternelle association entre chasse aux sorcières et Moyen Âge. La fin est surprenante par l'explication rationnelle fournie par la narratrice à ces phénomènes qui demeurent étranges - le chagrin suscité par ce 'féminicide' qui a marqué le début des Temps modernes. Peut être cette Brujas de la Suerte a-t-elle pour mission d'en laver le monde ?
Il y a des passages amusants, comme la mention 'en passant' de la 'Sorcière bien aimée' - on s'attendrait presque à ce que la narratrice s'appelle Samantha ou Tabatha :). Cela dit, je regrette aussi que le style ne soit pas plus alerte, les phrases plus concises, le rythme plus haletant. Je suis un peu frustré par cette sage succesion de faits étranges, que la narratrice a un peu trop tendance à décrire avec application, ce qui les affadit quelque peu. |
Dugenou
11/11/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
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Bonjour Cornélius,
Plus que votre texte en lui même, c'est ce qu'il m'a rappelé qui m'a séduit : la collection de statuettes, les santons des Enfants de l'Été, de Robert Sabatier, la cave inondée, La Sainte Tombe d'Arles-sur-Tech (lointainement, j'avoue !). Ceci dit, les sorcières et leur persécution par l'Inquisition sont tellement présentes dans l'imaginaire collectif qu'on a du mal à se représenter une personne qui l'ignore... mettons cela sur le coup d'une amnésie passagère. |
Louis
13/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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C'est un conte fantastique à la façon de Maupassant.
On y découvre une statue de sorcière qui provoque un épanchement liquide identifié à des larmes. En sa présence, d’autres statues pourtant inertes, sans vie, et la narratrice elle-même, versent des pleurs. Tout indique pourtant qu’il ne s’agit pas d’une "mauvaise" sorcière, qui aurait conservé des pouvoirs maléfiques dans sa représentation sous forme de statue. Elle ne pratique pas les sortilèges ; elle ne propage pas le malheur autour d’elle, mais au contraire condense en elle le sort malheureux qui a été fait aux femmes affublées dans le passé par ce nom infamant de « sorcière », comme la narratrice le suggère elle-même à la fin de son récit. Son pouvoir semble surtout émotionnel, si puissant qu’il est capable de mettre en larmes des êtres pétrifiés. La sorcière statufiée ne semble émouvoir pourtant que les humains et leurs représentations artistiques, principalement sous l’aspect d’une statue. Les autres choses de son environnement, inertes elles-aussi comme le sont les figurines, mais non représentatives de l’humain, restent impassibles. Ce qui présuppose donc qu’entre les représentations, les "re-productions" fondées sur une imitation, une "mimesis", et ce qu’elles représentent, se constitue un lien naturel, une correspondance mystérieuse, magique. Par l’imitation, la ressemblance, l’objet re-produirait quelque chose de la nature de ce qui est copié. Les croyances dans la magie ne sont-elles pas fondées sur l’idée que les signes, représentations des choses, entretiennent un lien avec ce qu’elles représentent, de telle sorte qu’agir sur les signes ( par exemple les mots, dans les formules magiques) c’est agir aussi sur les choses qu’ils désignent. Or la statue de la sorcière est aussi un signe, un symbole. Les autres statuettes ont la particularité de représenter d’autres représentations, par exemples picturales, comme les Ménines de Vélasquez, ou encore le personnage littéraire de Don Quichotte de Cervantès. Représentations de représentations, signes de signes : on est donc plongé dans le jeu des signes, linguistiques, picturaux, plastiques, et le réseau de leur renvoi de l'un à l'autre à l’infini. Jusqu’à ces mares liquides, signes de larmes, elles-mêmes signes d’émotion. Il est remarquable que ces deux exemples, celui des Ménines, et celui de Don Quichotte, appartiennent justement à cette période qui, dans la culture occidentale, marque la fin d’un monde fondé sur la ressemblance et la similitude, ainsi que M. Foucault analyse précisément ces deux œuvres artistiques dans son ouvrage, Les mots et les choses. Ainsi le fantastique dans cette nouvelle indique une persistance, ou un retour, d’une pensée magique fondée sur le Même. Mais il s’agit surtout de faire revivre ces malheurs que notre époque ne devrait pas oublier : le sort terrible qui fut celui des femmes qualifiées de « sorcières ». La statue de mémoire ravive, rappelle, fait revivre les persécutions anciennes, de façon émotionnelle. Elle est un symbole du mal, mais d’un mal subi, celui dont on est victime. Statuette trouvée en Espagne, en Catalogne, là où l’Inquisition a sévi le plus durement, elle reste en lien avec son origine, reste liée à sa terre de naissance, mais aussi à son temps d’origine. Elle semble un surgissement du passé pour dire que le passé ne doit pas être oublié, que les malheurs subis par l’intolérance extrême, ne passent pas, ne sont pas que du passé ; qu’ils menacent et menaceront toujours. Sa présence corporelle perdurable sous forme de statue semble même une provocation, elle qui représente ces femmes dont le corps devait périr, parce que possédé par les démons, et qu’il fallait bien sauver leurs "âmes". La statue s’avère donc un condensé d’émotion, une affliction statufiée, une sculpture de larmes, si bien que pour finir, littéralement, elle "fond en larmes". Une autre particularité de cette sculpture se trouve dans sa beauté. Elle a été choisie pour sa belle apparence : « c’était une belle sorcière » ; un « magnifique spécimen » ; une « superbe créature ». Cette beauté en fait une véritable œuvre d’art. Mais la belle apparence, son côté apollinien, masque et en même temps révèle un fond terrible, une part sombre, dionysiaque, de terreur et de chaos, de nuit et de malheur. En véritable œuvre d’art, elle unit ces deux puissances solaires et nocturnes qui font les œuvres authentiquement artistiques, comme l’a montré Nietzsche dans La naissance de la tragédie. Mais la belle apparence s’est évanouie, et le malheur s’est répandu en larmes. La statuette ne peut que se perpétuer dans la mémoire, et dans cette autre œuvre de l’art, littéraire cette fois, celle de la nouvelle, pour ne pas laisser triompher seule la part dionysiaque, qui est aussi une part destructrice. Merci Cornelius pour cette jolie et intéressante nouvelle. |
solinga
21/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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Assez d'accord avec EtienneNorvins lorsqu'il évoque une "sage succession de faits étranges", toutefois l'originalité de cette nouvelle et la simplicité de la narration lui donnent une patine particulière, qui en rend la lecture agréable.
Du seul fait qu'il emprunte les chemins de vos lignes, le lecteur entre en conversation, pris à témoin sans violence et comme un familier, tour à tour rappellé à une belle lucidité historique puis convié à battre impuissemment des paupières devant le mystère inexpiable des larmes. En chaque figurine inanimée loge peut-être quelque chagrin en dormance. Merci de suggérer ce fil du rêve. |