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Fantastique/Merveilleux
Cortese : De druimes et de trains
 Publié le 02/03/10  -  20 commentaires  -  9476 caractères  -  113 lectures    Autres textes du même auteur

Une femme, de l'intérieur.


De druimes et de trains


Je suis ordinairement considérée comme une belle femme. Quand je croise un homme dans une rue quelconque, je ne mens pas si je dis que je m'attends à voir ses vertèbres cervicales tourner les unes sur les autres - suffisamment en tout cas pour que toute sa tête puisse suivre l'objet que ses yeux désirent voir - et que cela se produit, le plus souvent. Ce phénomène ne provoque rien de plus en moi que la pluie qui tombe. Si j'avais dit le soleil, vous auriez pensé « Elle aime bien ça » avec une condescendance un peu envieuse. Alors je dis la pluie : comme ça, pas d'envie, pas de condescendance. Juste l'idée que je me fais de ce regard. Ni suave ni dérangeant, ni accablant, ni même exaspérant. Juste terne, comme un trottoir qui commence à sécher.


Parfois, je suis dans la vie, et parfois je n'y suis pas. Mon analyste me dit de vivre au présent, mais je ne vois pas de quoi il veut parler. On ne peut pas vivre au passé ou à l'avenir. Trinquer, peut-être. Vivre, non.


Parfois je suis si loin, si profondément loin que je ne parviens pas à rester accrochée aux wagons prestes du réel. Ce train-là roule trop vite pour moi. Alors je saute en marche, je m'assois sur le bord, à côté de la voie, et le laisse passer. Comme une vache, je rumine, et je regarde. Mon imaginaire me tient lieu d'herbe. Je broute de grands morceaux de rêve, et j'examine le vide avec patience. Ensuite, quand la porte du wagon de queue disparaît dans une brève nuée de brume, je reste là, posée sur le ballast. Il y a de la tourmente, après le passage d'un train : le bruit des roues sur le métal des rails, le vent vif qui s'engouffre derrière le convoi, puis toutes ces sensations qui s'évanouissent ensemble, laissant place à un drôle de silence. Mais je ne pleure pas. C'est bon d'être enfin seule, livrée à moi-même, fuyarde et abandonnée.


En hiver, je sors de temps en temps sans mes apparats habituels. J'enfile un jean trop large, je ne me maquille pas mais j'attache mes cheveux. Je vais dans les mêmes endroits, croise les mêmes hommes, mais bien moins réagissent, leurs cervicales se tiennent tranquilles. C'est comme si j'étais là incognito, fausse star bêtement affublée d'une paire de lunettes de soleil. En rentrant chez moi, je me demande à quel moment j'usurpe : belle ou naturelle ? Peu importe, puisque les hommes sont idiots et qu'ils ont autant de discernement que les cochons d'Inde.


Pourtant, je suis mariée. Certaines fois, même, je travaille, mais ce n'est pas très utile, et je n'ai pas de vie à gagner. Il l'a déjà gagnée, ma vie. Malgré tout, je crois que je l'aime. Il a quelque chose de très profond qui m'attache. Comme si la chèvre de M. Seguin avait hésité à partir, et finalement préféré la sécurité du clos à l'herbe goûteuse des montagnes. Alors je suis restée. Et pour prendre la fuite, j'ai toujours le ballast.


Ce week-end nous allons chez des amis. De très bons amis. Nous passons d'agréables moments, ils ont une conversation suave et distincte, et avec eux mon monde intérieur se dissipe, parfois presque totalement. Nous parlons, buvons, rions, parlons encore et encore, jusqu'à se gorger de soleil levant. Puis nous nous couchons, ivres et harmonieux. Souvent, elle et moi avons de longues discussions en tête à tête. D'autres fois, nous parlons tous en même temps, bruyamment. Il apparaît presque toujours que nous nous ressemblons. Mais cette similitude s'inverse avec le sexe. C'est-à-dire que cet homme a des choses en commun avec moi. Pas toutes, bien sûr, mais il y a là quelque chose de difficile à définir : la même conjugaison infantile de rêves brisés, d'échine courbée à contrecœur et d'imagination insatiable. Et le sentiment persistant de n'être pas celui ou celle que les autres croient voir. De l'autre côté, mon mari et cette femme se parlent dans une langue commune : celle des vrais adultes qui ne font plus le dos rond depuis qu'ils ont plié sous le poids du raisonnable. Comme si une sagesse de bon aloi faisait désormais partie d'eux. Je ne les envie pas. Car notre sentiment d'usurper est certes gênant, notre exaltation encombrante, mais notre vie intérieure mille fois plus riche et vibrante que ce bon sens affiché et cette misérable tempérance.


Nous y sommes. Il est tard et déjà la nuit va, tambour battant, nous entraîne dans des discussions éthyliques où chacun se livre. Il me parle de son enfance. De ce malaise sourd qui le prend quand il se réveille après un rêve où il avait six ans, de ce trouble qui le tient toute la journée dans un éveil de cocaïnomane, et du désespoir de la perte de cette innocence-là. J'entends très bien, et, comme souvent, ses mots résonnent en moi, mais je n'y peux rien : l'extériorité et l'alcool font que rapidement je décroche, saute du train et me retrouve sur le ballast. À peine deux wagons plus tard, je remonte et suis contrainte d'acquiescer alors que je ne sais plus de quoi il est question.


À un moment les autres, mon mari et la femme, décident qu'ils sont fatigués et vont dormir. La campagne blanchit déjà, lorsque nous décidons d'aller marcher dans le lever de soleil. La marche agit sur moi comme un passage à niveau, et bloque le cheminement des trains, réduisant les risques d'échappées belles en ballast fantasmatique. J'en profite. Mes sens sont comme aiguisés à la lame d'une clarté pure. Mon cœur, mal habitué à me sentir si leste, est gauche et engourdi dans ma poitrine. Je suis vivante et je souris. Son regard à lui est juste serein.


Nous marchons longtemps sur un chemin de campagne. Dans les champs, l'attraction de la rosée me pousse à retirer mes chaussures pour fouler l'herbe menue. Tel un enfant, il me conduit dans son « coin secret ». Au détour d'un chemin, il faut franchir un ruisseau, et plus loin, il y a un grand trou. Comme l'entrée d'un terrier à taille humaine. Agile, il se glisse à l'intérieur. Il nous faut ramper à même la terre battue, avancer à quatre pattes durant quelques mètres encore, avant de voir le jour, de l'autre côté. Ça monte curieusement avant de déboucher à l'air libre. La sortie ressemble elle aussi à l'issue d'un terrier géant. Il se dégage le premier, puis me tend une main que je saisis à peine.


Le terrain est très pentu ; la mer, devant. Rien de tout cela n'est possible, mais je n'ai que faire de ces conventions-là. Cette pente est entièrement couverte de végétaux étranges. Il s'agit de tiges d'un vert fade, épaisses comme le pouce d'un obèse, ramollies par une langueur crasse, et qui jonchent le sol, dans un enchevêtrement bizarre. C'est presque un entrelacs de serpents, un fouillis de lianes ayant leur vie propre. Cette végétation m'angoisse soudain, je me sens comme Blanche Neige effrayée dans sa forêt d'arbres malveillants. L'homme me regarde, mais je ne soutiens plus la lumière de ses yeux. Même la mer est ambiguë. Elle se montre puis se cache, elle est violette, grise et incertaine. Il règne une ambiance de sombres méfaits.


C'est alors que j'entrevois une bête. En premier lieu, j'ai peine à croire que c'est un animal. Je cherche du regard ce qui pourrait expliquer la présence d'une forme aussi abjecte ici. Mais les lianes vivantes et flasques s'étirent à perte de vue. Il n'y a de place que pour ce type de plante, la terre au sol qui semble battue, invivable, et cette mer équivoque. Ce n'est ni un rongeur ni un poisson, mais un peu des deux. C'est assez plat, allongé comme une truite, poilu comme un rat et pourvu de pattes, qui, comme celles d'un lézard, permettent de ramper. La tête forme un triangle à l'avant, et les deux yeux sont du même côté du poisson, vers le haut, bien sûr. La queue ressemble à celle d'un brochet velu. C'est tout simplement ignoble. Ça grouille sous les buissons ligneux. L'homme me dit qu'il s'agit d'une druime.


Il me regarde en souriant, comme s'il était fier de me montrer cet endroit vicié et ces animaux lamentables. J'ai honte et mon cœur tangue. Mal à l'aise, je le regarde remonter la pente, passer à côté du trou. Tout autour de l'entrée, la végétation a été taillée court, presque au ras du sol. Un peu plus haut, il marche sur une druime qui couine et dévale la pente dans ma direction. Elle rebondit, s'agrippe comme elle peut à ce qu'il reste de fourrés, et atterrit sur mon ventre. Son contact chaud, mou et humide, assorti à la peur qui s'accroche à chacune de mes veines, me plonge dans une colère noire. Je ramasse la druime à mes pieds et la jette violemment vers l'homme qui rit un peu plus haut. Elle s'écrase contre sa poitrine dans un bruit de viande crue, et macule de sang son t-shirt blanc. Puis je m'engouffre dans le trou, persuadée d'être suivie par ces immondes bestioles qui me dégoûtent et m'épouvantent. Je rampe, étouffe, panique, puis finis par obtenir du tunnel qu'il arrive à son terme et me laisse, en sueur et hagarde, retrouver la couleur du vrai ciel. Je tombe allongée dans l'herbe, le nez dans les nuages. Le soleil est déjà haut dans le ciel.


Peu à peu mon tempo intérieur s'adoucit, et je reprends pied. Je me relève doucement, me tiens accroupie longtemps, caressant l'herbe drue et profitant du vent qui me fait frissonner. Je l'entends qui sort de son terrier et s'approche. Je me mets debout. L'instant d'après il est contre moi. Je sens son sexe contre mes fesses, et sa langue qui vient lécher ma nuque. C'est comme une drogue dont le plaisir mauvais m'envahit. Le désir fait remonter mon estomac dans ma poitrine, et, l'espace d'un instant, je crains d'en mourir.


 
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   Anonyme   
3/2/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
scotchée !
Bonjour à l'auteur et bravo pour cette imagination délirante teintée de tristesse, d'une micro goutte d'amertume et de cynisme ou de lucidité, va savoir. Une écriture qui remue, différente de tout ce que j'ai pu lire jusqu'ici, merci pour cette bouffée d'air. J'ai hâte de savoir qui se cache derrière ce texte !

J'ai été transportée dans l'histoire d'Alice aux pays des Merveilles (si elle m'avait dépeint une Alice pareille j'aurais adoré !) j'ai pris le train et je me suis surprise à chantonner "une jolie fleur dans une peau de vache, une jolie vache déguisée en fleur"...
Il y a des mots qui font mouche, mais surtout l'imaginaire est formidable. Me suis pas souciée des convenances, des impossibilités, je me suis laissée emportée par ce train par ordinaire. Yep ! j'ai bien bien aimé ce texte ! Revigorant aussi...
Bon y'a le début qui cloche un peu, la phrase est compliquée et il y a une virgule qui manque, un peu plus bas mais franchement c'est trois fois rien.
Une femme, de l'intérieur... ? Et si c'était ça en effet !
Merci pour ce moment de plaisir.

   florilange   
4/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Ma foi, des 2 côtés de la barrière, on se demande si on est normal ou si c'est l'autre? Je comprends que le narrateur ait besoin d'1 analyste & le plains de devoir ainsi (sur)vivre.
Donc, en soi, le sujet ne me parle vraiment pas.
Mais il est bien écrit, malgré quelques lourdeurs dans les phrases longues au début.
Florilange.

   colibam   
6/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un portrait tracé avec efficacité pour cette déclinaison d'Amélie Poulain.

Derrière la légèreté de ton, les maux pèsent pourtant lourd. Au terme de ma lecture, j'ai pensé à une relation incestueuse.

J'ai particulièrement apprécié le style sensible de cette nouvelle et l'atmosphère que vous avez su instaurer, qui mêle à la réalité intangible et désenchantée des fragments symboliques de l'univers onirique.

Un bon moment de lecture.

   Marite   
7/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Assez effrayant cette femme de l'intérieur. Disons effrayant pour elle-même et son équilibre. L'ensemble est très bien écrit et se lit facilement. Pas d'ennui, juste la curiosité de savoir où ce rève va nous mener. Et on arrive à ce que l'on supposait arriver mais après quels détours...

   Anonyme   
12/2/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
J'ai été très gênée dès le début par la deuxième phrase
Il y a je trouve une construction déroutante. "ses vertèbres cervicales" Et là j'ai cru voir des squelettes dans la rue. Bon d'ccord il fallait rattraper la banalité de la première phrase mais quand même.Et finalement je ne crois pas cette femme quand elle dit que ces regards l'indiffèrent elle n'en parlerait pas sinon, si ?
C'est bon d'être enfin seule, livrée à moi-même, fuyarde et abandonnée. (ici j'aurais préféré fuyante)
Bizarre ce rapport au regard d'ailleurs et je trouve très important pour la narratrice puisqu'il y encore un paragraphe qui lui est consacré par la suite.

Beaucoup aimé ce "Il l'a déjà gagnée ma vie"
"Souvent, elle et moi avons de longues discussions en tête à tête." Ici je trouve que ça n'apporte pas grand chose enfin je me demande même s'il ne s'agit pas d'une erreur compte tenu de la suite si ce n'était pas "Il ' que l'auteur aurait voulu écrire.

Bon au final si j'aime assez le style, je ne ressens aucun sentiment pour la narratrice, un peu banale, même par moment je n'aime pas son intolérance, cette sensation de se croire au dessus de ceux qui ont du "bon sens".
Pour le coin secret j'ai pensé qu'il s'agissait un peu d'un rêve d'un fantasme de la narratrice. Les druimes relevant ici de psychanalyse de comptoir, je crois.

Bref j'aime une certaine originalité qui se dégage de l'écriture, sensible. L'écriture est fluide. Mais le thème ne m'a ps touchée ni intéressée.

AH le je crains d'en mourir pas compris non plus...

   Anonyme   
2/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte que j'aime vraiment pour deux raisons: le désepoir qui s'en dégage et un certain surréalisme qui me plait.


Certes, je pourrai reprocher des références trop évidentes à certains poétes, des phrases un peu bancales parfois, mais je reste quand même très agréablement surpris par l'écriture et le ton de l'auteur.
La fin qui oscille entre tragique et gai, sans qu'il n'y ait un vrai parti prit me plait, parce que justement elle laisse la place à beaucoup de possibles.

Bref, un texte convaincant.

   nemson   
2/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Lecture plaisante, sans effort, quelques belles images, cependant quelque chose dans la forme que je ne m'explique pas laisse deviner la presence de l'auteur derriere les propos de la narratrice. je ne serais pas dire quoi. enfin bref un texte qui sort du lot plutot positivement. la derneire partie et vraiment réussie une bonne ambiance glauque.
Jamais ententu paler de ces trucs, ces "druimes" un symbole phalique?:o)
Amicalement

   Anonyme   
2/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
J'ai aimé le titre, et puis c'est à peu près tout.

Pour le reste je me suis ennuyé, surtout dans la première partie; une impression de déjà vue, et au final je suis resté un peu sur ma faim; comme s'il manquait quelque chose.
Voilà pour le fond;


Pour la forme, c'est plutôt bien écrit, un peu monotone, une impression générale d'un manque de simplicité; quelques tournures de phrases, ou de choix de termes m'ont dérangé;

"ses vertèbres cervicales tourner les unes sur les autres - suffisamment en tout cas pour que toute sa tête puisse suivre l'objet que ses yeux désirent voir" => un peu alambiqué pour décrire un mouvement de tête;

"je ne parviens pas à rester accrochée aux wagons prestes du réel" => mouaih

"En rentrant chez moi, je me demande à quel moment j'usurpe"=> ça sonne mal.

"ils ont une conversation suave et distincte" => c'est quoi au juste une conversation suave et distincte ?

"Peu à peu mon tempo intérieur s'adoucit" => est-ce qu'un rythme cardiaque s'adoucit ?

Au final, je crois que je ne serais pas allé au terme de la nouvelle si celle ci avait été plus longue.

   Anonyme   
2/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Je ne comprends pas le classement "fantastique/merveilleux" déjà...
Pour moi, rien de fantastique et merveilleux dans ce récit : Une histoire de femme qui s'ennuie dans son mariage, et qui cherche l'amusement ailleurs, avec vue sur sa vie intérieure, curieuse, atypique, décalée certes, mais pas "merveilleuse" et pas "fantastique" non plus.
J'aime bien les histoires banales et pathétiques moi, mais là il m'a manqué une sorte de "prise"pour grimper plus haut dans mon empathie envers ce personnage.
L'expression de sa vie intérieure, m'a semblé être exposée un peu froidement "je suis une originale, je vis sur mon p'tit nuage, je compte les vaches, c'est comme ça et pas autrement", du coup mon empathie est resté au portillon, et ce justificatif sans émotion à sa légèreté et à son égoïsme ne m'a pas convaincu.
Le personnage éprouve la vie avec une distance, certes, mais froide, enfin c'est ce que j'ai ressenti en lisant.
Sinon c'est bien écrit, mais cela ne me suffit pas...

   Anonyme   
2/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un peu décalé, surprenant. L'esquisse d'une femme blessée que j'aurais, pour ma part, voulu connaître un peu mieux. Savoir ce qui la hante.

Un thème qui marque, bien traité mais...
Trop sombre pour moi, pas assez de sentiments. Trop d'animal traqué, pas assez d'homme perdu.

Sinon, ce n'est pas mal écrit du tout. Quelques lourdeurs au début (premier paragraphe) qui empêche d'entrer directement dans le récit, cependant cette impression s'efface par la suite, l'auteur prend alors vraiment son histoire en main et c'est tant mieux.

Merci pour cette lecture.

   Anonyme   
4/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Cette femme est bizarre et prétentieuse, elle a la mentalité d'un enfant, et trompe son mari avec un type étrange qui s'amuse à ramper dans un terrier.
Elle a une vision d'autrui limitée et un raisonnement assez intolérant: "notre vie intérieure mille fois plus riche et vibrante que ce bon sens affiché et cette misérable tempérance."


Mis à part le fait que cette femme se trouve elle-même fantastique, je ne vois rien de fantastique dans son monde. En revanche celui de l'homme l'est, dès qu'elle sort du terrier et entre dans un autre monde.

Bref je n'aime pas la fille, elle m'agace, à la limite du dégoût.
Je précise que c'est juste mon ressenti, rien à voir avec la valeur de la nouvelle.

Concernant la forme, une écriture fluide, claire, simple, ça se lit tranquille, pas de dispersion, le sujet est bien suivi.

   Anonyme   
4/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai trouvé le texte bien écrit et fort lisible.
J'aime bien pas mal de formulations, notamment celle du "regard juste terne comme un trottoir qui commence à sécher" par exemple.

J'ai apprécié aussi l'ambiance, un brin fantasmagorique, le passage avec la "druime" m'a bien plu.

Dans l'ensemble donc je vote pour même si le thème de la jolie femme "désespéro-utopico-réaliste" est de plus communs, le traitement lui est original. Une lecture agréable.

   alifanfaron   
5/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Une fort belle écriture. J'aime beaucoup le ton détaché du début. Je regrette qu'il soit cependant accompagné d'explications, de justifications du genre "Si j'avais dit le soleil, vous auriez pensé « Elle aime bien ça » avec une condescendance un peu envieuse." Je rejoins en ce sens le commentaire de ... (perdu le nom) quand il dit que l'on voit l'écrivain(e) derrière.

Sinon, le récit coule, le passage fantastique est très bien imagé, et s'imbrique très bien avec le reste. La fin surprend, choque sans être trash.

Sans condescendance, à mon tour je dis avec sincérité que je trouve ce texte pas mal du tout.

   jaimme   
8/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Nulle besoin d'analyse. Cette femme est... un être humain. Face aux rêves, aux contradictions qui font la vie. Plaire ou non. Aimer l'être unique ou pas. Adulte ou enfant. Perdre son temps?
La vie. Tout simplement? Non, la vie n'est pas simple, et tant mieux.
J'ai un peu moins aimé la seconde partie, je la trouve moins riche, moins déjantée en définitive que la première.
Les "vertèbres cervicales" ne me gênent pas. Elles marquent les hommes, ces regards d'une inhumanité que je pense voulue.
Cette femme ne se croit pas au-dessus. Tout le monde le pense. Elle le dit, c'est tout. Être belle lui a donné "l'habitude" de le penser.
Je trouve le ton souvent juste.
Et la fin me fait penser à la "morale" d'Eyes Wide Shut de Kubrick. Du rôle du sexe dans l'amour.
Bien aimé, et lu de belles phrases. Ce n'est parfait, mais c'est original, dans le ton et la forme, et c'est assez rare pour le souligner.
Merci Cortese.

jaimme

   Anonyme   
8/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J"aime bien ce texte pour son côté réaliste et irréaliste..J'aime la promenade de cette femme entre rêve et réalité ...
Plusieurs images interessantes : "Parfois je suis si loin, si profondément loin que je ne parviens pas à rester accrochée ...de grands morceaux de rêve, et j'examine le vide avec patience"
Mon interêt pour le texte se divise en trois parties :
1- la première du début jusqu'à ballast : j'ai beaucoup aimé le portrait de cette femme
2 - la seconde : de la fin de la première jusqu'à serein : c'est la partie que j'aime le moins, la plus banale en quelque sorte..

3- la troisième : partie fantastique que j'ai aimée dans l'enchainement suite à un début assez réaliste ...mais j'ai pas du tout apprécié la bête et la violence de la femme vis à vis de la bestiole ...Pour moi cela dissonne avec le personnage ...Je trouve que cela fait une rupture bizarre...
En revanche, j'apprécie beaucoup la fin, et surtout la dernière phrase...

Bref un texte assez original.

   Selenim   
9/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un texte en suspension.

J'ai beaucoup aimé l'ambiance générale qui se dégage du récit. La nonchalance de l'écriture, le ton décalé et les analogies ferroviaires.

Il y a des lourdeurs, surtout les premier paragraphe. Puis, l'auteure prends sa vitesse de croisière et tout devient évident.

Pour la fin et cette exploration souterraine, j'ai moins aimé. Trop tranché par rapport au reste, ça a dissipé le confortable édredon nuageux sous lequel je m'étais réfugié. Dommage.

Je retiendrais une écriture singulière et nonchalante, plus qu'agréable.

Selenim

   marogne   
25/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Je n'ai pas vraiment réussi à ressentir une quelconque sympathie pour cette héroïne qui de toute façon n'en recherche pas, se sachant si bien au-dessus des autres, avec une vie intérieure si riche.... Et par là le début, qui lui est plutôt consacré, m'a plutôt lassé.

Par contre, j'ai bien aimé la fin, pas l'histoire, mais la description à partir du tunnel.

L'écriture est agréable à lire, coulante et sensible. sans doute quelques petits défauts, comme ceux déjà mentionnés, mais bon, des détails.

   Anonyme   
2/4/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
D'abord une langue avec des phrases originales et évocatrices comme « rester accrochée aux wagons prestes du réel. Ou Mon imaginaire me tient lieu d'herbe. Ou encore je broute de grands morceaux de rêve. Ou t je n'ai pas de vie à gagner. (curieux mais pourquoi pas). Ou bien la même conjugaison infantile de rêves brisés, d'échine courbée à contrecœur et d'imagination insatiable, etc. ».

« Peu importe, puisque les hommes sont idiots et qu'ils ont autant de discernement que les cochons d'Inde. » : merci pour eux, mais à force de vous fréquenter ils devraient s'améliorer et franchir une espèce (je ne préciserai pas laquelle).

Une belle ballade sur ce ballast fantasmatique.
Merci

   widjet   
16/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Shalom, ma petite dame,

Voilà que je sors de ma retraite de commentateur pour honorer ma promesse, chère Cortese. Je crois qu’il faut qu’on cause tous les deux. De ton texte, mais aussi de l’intention qui s’y cache derrière, de ce que tu voulais dire au travers de récit à la lisière de la psychologie et du fantastique. Je l’ai lu deux fois et si tout n’est pas d’une grande clarté, il y a quelques pistes subliminales qui interpellent. On peut d’ores et déjà parler du caractère implicitement sexuel de cette nouvelle. Certes, rien n’est vraiment dit, mais la symbolique phallique (le train, la bête) m’a semblé assez évidente, de même que la représentation masculine considéré comme menaçante (l’homme) ou idiote (les Hommes).

Comme il est dit, c’est une femme vue de l’intérieur. L’intérieur de sa tête (névrosée, car cette femme est visiblement suivie) ET de son corps (de nombreuses, volontaires ou pas, références au « tunnel », genre d’orifice humain). Mais, pas seulement. Enfin, je crois. Il y a bien aussi un EXTERIEUR à cette femme. Presque un dédoublement schizophrénique. Une usurpation d’identité si j’ai bien lu entre les lignes. D’ailleurs, lorsqu’elle parle de « cette femme » avec son mari, ne s’agit-il pas d’elle-même ? Ne s’observe-t-elle comme la propre spectatrice de sa vie ?
Le début du texte est réaliste, très terre à terre même. Une vie banale, écrasé sous le poids des conventions et du raisonnable comme tu dis ; une existence aux rêves enterrés avec souvent l’alcool et l’imagination comme substituts, comme drogue, comme échappatoire à cette résignation. La suite bascule dans quelque chose de plus sale (description et comparaison « lipide » terrain, de la végétation…), plus menaçant. D’irréel. De fantasmagorique avec cette ambigüité assez inconfortable comme semble le démontrer ce final (ce mélange d’attraction et de répulsion pour ce mal, cette forme de soumission, je te cite « C'est comme une drogue dont le plaisir mauvais m'envahit. Le désir fait remonter mon estomac dans ma poitrine… »).

Voilà ce que je pouvais dire brièvement sur le fond, sur ce qu’il m’a inspiré.

En revanche, la forme m’a franchement déçu. L’écriture n’est pas toujours inspirée à l’image du premier paragraphe (jusqu’à « comme un trottoir qui commence à sécher ») qui cumule lourdeur (la partie sur les cervicales franchement mal amenée) et maladresse. A revoir complètement car assez dissuasif (certains pourraient ne pas pousser la lecture plus loin).

Bien aimé en revanche cette phrase « Mon imaginaire me tient lieu d'herbe. Je broute de grands morceaux de rêve, et j'examine le vide avec patience » qui donne une indication très parlant de ton personnage, de sa passivité amorphe. Une autre également « Il règne une ambiance de sombres méfaits » qui résonne et renvoi un écho lugubre qui fait froid dans le dos. Pas friand des comparaisons de « Blanche Neige » et encore moins de la « Chèvre de Monsieur Seguin » ; qui donnent un caractère presque champêtre et guilleret à une nouvelle qui – selon moi – se doit au contraire d’être ténébreuse.

Des soucis avec la ponctuation (emplacement saugrenu de virgules comme « qui jonchent le sol, dans un enchevêtrement bizarre ») et quelques autres bizarreries (« En rentrant chez moi, je me demande à quel moment j'usurpe »).

Bref, un texte qui ne manque pas d’intérêt, mais qui est partiellement gâché par une écriture largement perfectible. Sur ce, je retourne moi aussi dans mon terrier !

W

   placebo   
26/4/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
j'aime beaucoup, j'avais lu ce texte avant sans en être ressorti convaincu, mais ce deuxième angle me parle bien plus. Certains parlent d'amertume, de sentiment malsain, ça suinte comme ces plantes qui sont presque à s'enrouler autour de vous. Bizarre, mais très convaincant je trouve.

Le style... les cervicales, oui et non, l'expression me convient. Je n'ai pas repéré les références ''évidentes'' à des poésies, mais j'ai trouvé un agencement de mots, une recherche ou une expression qui m'a plu presque à chaque paragraphe, et ça autant que le reste m'a attiré dans ce récit.

en relisant le début, je le trouve très laconique, nonchalant, comme cette femme. je comprends que ça puisse en rebuter certains, mais ça me parle aussi.

placebo


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