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Sentimental/Romanesque
costic : Confidence pour confidence
 Publié le 13/03/11  -  14 commentaires  -  4527 caractères  -  155 lectures    Autres textes du même auteur

Vous avez toujours pensé que ma plus grande qualité était la discrétion. Pour être tout à fait honnête, je dois aujourd’hui vous avouer que c’est faux : je suis incapable de garder un secret.


Confidence pour confidence


Madame,


Vous avez toujours pensé que ma plus grande qualité était la discrétion. Pour être tout à fait honnête, je dois aujourd’hui vous avouer que c’est faux : je suis incapable de garder un secret.

Je ne peux faire preuve d’aucune retenue en ce qui concerne les confidences. Je déblatère, critique, casse du sucre sur le dos des autres depuis ma tendre enfance. Dès que vous avez poussé la porte de mon bureau, j’ai donc noté avec application vos déballages intimes. Vos yeux rougis ont d’abord attiré mon attention. Je vous ai invitée à vous asseoir et il n’a pas été difficile ensuite, de recueillir vos confessions. Il a suffi d’une main sur votre épaule, et vous vous êtes épanchée avec effusion. Vous n’avez pas tardé à sortir de votre sac une photo sertie dans un cœur en aluminium du plus mauvais goût.

Mon air grave vous assurait de ma réserve.

Les mèches dans vos cheveux juraient avec votre couleur naturelle (paille desséchée). Je restais suspendu à vos lèvres sanglantes. Votre corsage translucide et étroit révélait votre inclination à choisir des vêtements peu adaptés à votre morphologie.

Tandis que je vous lançais des clignements de paupières encourageants, vous continuiez votre logorrhée interminable entrecoupée de sanglots que vous sembliez loin de pouvoir contrôler. Avec un sourire doux, je vous alimentais en Kleenex. Après vous être mouchée d’une manière sonore, vous les rouliez en boule pour les jeter dans votre énorme sac. Je les imaginais, mouillés, se trémoussant, semblables à des petits œufs, dans le fourre-tout bon marché qui servait à présent, en plus, de nid à microbes.

J’étais curieux de vos malheurs. Votre visage, rouge comme un homard d’avoir tant pleuré, paraissait ne plus vouloir perdre cette couleur cramoisie.

Il n’est pas donné à tout le monde de s’ouvrir à son prochain. Jouir des disgrâces des autres est un art. Je possède cet incontestable privilège et je peux à ma guise faire parler n’importe qui. J’ai le goût du travestissement et du masque, la haine de la paix et la passion de la rumeur. C’est donc en toute confiance que vous avez poursuivi l’histoire.


Vous vivez donc un bonheur teinté de rose pâle dans une maisonnette avec jardinet, perdue au milieu d’un lotissement tentaculaire. Vous fuyez les conflits, détalez quand le ton monte, déguerpissez au moindre cri, décampez au moindre signal d’excitation. Un jour pourtant vous ne pouvez éviter le drame : votre mari vous trahit. Vous perdez vos espérances d’enfant, vos rêves de stabilité, vos projets de dimanches à la campagne.

Vous me faites penser à un poisson rouge : comme vous, il jouit d’une mémoire qui n’excède pas les trois secondes et il en tire l’aptitude à tourner dans son bocal sans ennui. Ainsi, vous vous consolez bien vite dans d’autres bras. Bien sûr, vous ne vous doutez pas une seconde qu’il s’agit de bras criminels.

Fabio donc, souhaite seulement profiter de vos quelques petites économies, et d’un toit pour l’hiver. Il arrive de loin, vous dit-il, et vous vous enlacez à ses mensonges, vous croyez à nouveau à l’épaisseur des murs, à la sécurité de l’amour.

J’ai droit à des détails : sa moustache est douce, mais sa façon de vous embrasser ne l’est pas. Il aime la bière et porte, la plupart du temps, des joggings gris souris faciles à repasser, mais qui se déforment très vite au niveau des genoux. Vous faites allusion à des ébats de lapins, à une forte haleine d’alcool. Malgré tout, puisqu’il insiste, vous lui offrez la montre en or de votre grand-père. Vous vous laissez endormir par ses chuchotements séducteurs, ses roucoulements hypnotiques.


Vous découvrez les véritables intentions de votre nouvel élu, quand vous le surprenez en train de s’adresser un chèque avec votre propre chéquier. Des broutilles donc. Mais cette fois, vous haussez le ton. Il tente de vous étrangler, dites-vous, et vous vous défendez avec la baïonnette de collection de votre ex-mari.

Vous arrivez donc éplorée au bureau. Mais si je suis votre chef, je n’en suis pas moins homme et vous reçois longuement. Vous me demandez le silence, et de l’aide, mais je ne peux soustraire une vérité à la justice.

J’espère ne pas avoir déformé vos propos : je tiens tout particulièrement à respecter la peinture sinistre de votre vie telle que vous avez eu la faiblesse de m’en brosser les derniers et dramatiques évènements.

Je vous annonce donc mon intention de dévoiler les faits, tels que vous me les avez rapportés, et dans les plus brefs délais, aux autorités compétentes.


 
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   victhis0   
4/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien
que c'est original
que c'est bien écrit
j'ai beaucoup aimé cette histoire insolite, hyper crédible, et ce faux aveu d'indiscrétion au profit d'un twist final élégant...
Moi, j'aurais aimé en savoir plus sur le physique de cette femme pour rendre le texte plus "visuel" (déformation professionnelle, désolé) mais il n'en demeure pas moins que j'ai passé un bon moment avec ce petit texte, l'un des bons du moment.
Mention spéciale aux kleenex se trémoussant...

   Pascal31   
7/3/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Une histoire racontée par le biais d'une lettre, dans un style agréable, qui laissait présager le meilleur... Et puis vient le dénouement, ou plutôt l'absence de dénouement, puisque la première phrase révélait déjà tout. Quelle déception ! Je m'attendais tant à un "twist" final (même si l'auteur de la lettre avait demandé de l'argent contre son silence, c'eût été très banal, mais déjà préférable, à mon sens), eh bien non, rien. Vraiment dommage...

   Coline-Dé   
9/3/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé le cynisme tranquille de cet homme (qu'au début j'ai pris pour un psychanalyste). mais s'im nous brosse un portrait assez caustique de sa fade victime, je regrette qu'on n'en sache pas davantage sur sa perversité à lui. La forme lettre ne s'y prête pas, évidemment, mais le regret me reste...
L'écriture est d'une froideur clinique et convient parfaitement au sujet et les phrases ciselées donnent la mesure du cynisme du locuteur on sent qu'il se régale et on se régale avec lui !

   Anonyme   
13/3/2011
Une cruauté savoureuse à souhait ! Peut-être regretterai-je que la "chute" soit plus ou moins dévoilée dès la première phrase, puisque d'emblée le narrateur annonce qu'il ne garde pas les secrets... À cette réserve près, j'ai aimé.

   toc-art   
13/3/2011
Bonjour,

j'ai bien aimé ce texte, pour sa cruauté qui fait du bien et qui n'a pas été sans me rappeler celle d'un Maupassant par exemple. D'ailleurs, c'est aussi ce que j'ai apprécié, le ton un peu vieille france de la lettre qu'on aurait pu croire écrite au 19e ou début 20e mais avec des apports de la vie moderne, les kleenex, les joggings par exemple, qui rendent le contraste savoureux entre les deux époques et renforcent, je crois, le caractère cynique du texte.

la fin est un peu décevante en ce sens que j'aurais plus vu le personnage jouer avec les nerfs de sa victime et laisser naitre un suspense avant d'annoncer sa décision. Mais ce n'était manifestement pas votre intention, l'entame de la lettre le prouve.

On pourrait aussi s'étonner de la naïveté de cette femme qui va se confier à son patron, dont on imagine qu'elle le côtoie depuis quelque temps et dont elle devrait donc avoir deviné les mauvais aspects, mais le portrait que vous faites de votre héroïne vous dédouane de toute justification sur son manque de perspicacité.

le coup du poisson rouge est peut-être un peu facile aussi, déjà trop souvent entendu, un peu plus de recherche n'aurait pas nui.

Mais l'impression d'ensemble reste bonne, je le répète.

sinon, détails, j'ai relevé des virgules sans objet :

"Vous découvrez les véritables intentions de votre nouvel élu, quand vous le surprenez ..."
"et il n’a pas été difficile ensuite, de recueillir vos confessions."/ là, soit il fallait encadrer "ensuite", soit ne pas en mettre du tout.

d'une manière générale, vous avez tendance à faire précéder vos "et" d'une virgule. Ce n'est pas nécessaire à mon sens.

Ah, sinon, j'ai bien aimé aussi le "vous vous enlacez à ses mensonges".

bonne continuation

   Lunar-K   
13/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé le cynisme de cette lettre. Par contre, je ne suis pas convaincu par l'usage de l'indicatif présent dans la deuxième partie de ce récit. Pas que ce soit grammaticalement incorrect, je ne crois pas, mais ce choix me semble assez contestable.
J'ai cru moi aussi que le narrateur était un psychologue ou un psychanalyste. A ce propos, sans davantage de détails sur le relation qui unissait cette femme à son patron, il me semble assez peu crédible que ce soit à lui qu'elle confie quelque chose d'une telle gravité...
Mais, dans l'ensemble, le texte est bien écrit et l'histoire bien pensée. Le tout est plutôt original, du fait, notamment, de cette présentation épistolaire.

   DouglasLejeune   
13/3/2011
 a aimé ce texte 
Pas
Il y a un merite, c'est une certaine coherence entre le ton du texte et le nom de l'auteur. Pour le reste, c'est bien court, le theme du cynisme delibere n'est pas le plus difficile ni le moins vu, la chute est decevante, le fait que le personnage soit le patron de la femme enleve de l'interet. S'il avait ete son avocat, par exemple? On demarre avec "Vous avez toujours pensé que ma plus grande qualité était la discrétion" mais c'est gratuit, l'histoire entre les 2 personnages reste totalement inconnue, ce debut reste dans le vide jusqu'a la fin, il n'est en definitive qu'un artifice. Envoyer une lettre comme celle-la est en outre completement invraisemblable: quel serait le propos? Il y avait une idee au depart, mais desole, pour moi ca ne fonctionne pas. Il ya de bonnes choses dans la forme,mais il faudrait etoffer beaucoup plus le personnage du narrateur et peut-etre elaborer (anglicisme) sur sa relation avec l'autre personnage. Vous pouvez certainement enrichir cette nouvelle.

   Charivari   
13/3/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je trouve que le style est parfait, le choix d'un mode de narration épistolaire adéquat.

cependant, il y a une chose qui m'a un peu chiffonné : si le cynisme du narrateur est bien transcrit, en revanche on a un peu de mal à comprendre la relation entre lui et le personnage principal. C'est son chef ? Pourquoi la femme faisait-elle toutes ces confessions à son chef ?

On a du mal à comprendre le rapport entre les deux, et du coup, l'élément central du texte, la trahison de celui qu'on croyait si discret, tombe complètment à l'eau, selon moi.

   Zaku   
13/3/2011
 a aimé ce texte 
Pas
Une idée intéressante et caustique effectivement mais le style reste a améliorer. "...votre couleur naturelle(paille desséchée)" C'est une lettre justement alors pourquoi cette parenthèse et ce besoin de justifier la couleur. "...mouchée d'une manière sonore" Il est sans doute possible d'être plus précis, voir plus odieux. "...rouge comme un homard d'avoir tant pleuré". Ma foi pourquoi pas mais cela "sonne" mal. Je n'entend pas la musique de l'écriture. Des bonnes choses sont à explorer comme "J'étais curieux de votre malheur". Je verrais bien un nouveau travail autour d'un détective privé ou oui d'un avocat, les choses auraient encore davantage de sens et tournée dans le style d'une nouvelle policière. Bonne continuation

   Anonyme   
14/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Ecriture impeccable, élégante qui m'a beaucoup plus où tout est dit en très peu de mots : bestiaire qui s'invite pour rendre plus efficace encore le propos (homard, poisson, souris, lapins). Bref un bon moment de lecture.

   Flupke   
15/3/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Malgré un schémas comportemental prévisible, j'ai bien aimé l'originalité de cette lettre.
Lecture divertissante et concision. Pas vraiment de remarques constructives, sinon mon appréciation.

Amicalement,

Flupke

   Anonyme   
23/3/2011
Personnellement, j'ai adoré! :D J'adore ta façon d'écrire et le titre... je n'y aurait jamais penser :) enfin j'ai vraiment adoré!

   Togna   
4/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien
En ne s’arrêtant pas sur le peu de vraisemblance d’une telle lettre d’un patron avertissant son employée d’une délation prochaine, cette nouvelle bien traitée dans la forme épistolaire, est agréable. L’écriture est d’un classicisme concis et harmonieux hormis les horribles parenthèses pour « paille desséchée ».

   scoulibri   
20/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Pour caustique, c'est caustique! Une description clinique quasi chirurgical. La nouvelle est concise, j'apprécie d'autant plus.
Je m'arrêterai pas sur le fait que j'ai été déçus de savoir que le délateur était le chef. Cela affecte l'effet donné à ce texte.
La parenthèse (paille desséché) méritait d'être inclue dans la phrase.
Je déplore un peu la métaphore sur le homard qui est suivie par "couleur cramoisie". Le cramoisie n'est pas la peine puisque le homard cuit le suggère déjà.


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