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Réalisme/Historique
costic : Micro-trottoir [concours]
 Publié le 24/03/14  -  10 commentaires  -  8814 caractères  -  102 lectures    Autres textes du même auteur

Un homme, devant une maison en bord de plage, est interrogé par des journalistes à propos de la nuit qu’il vient de passer.


Micro-trottoir [concours]


Ce texte est une participation au concours n°17 : On connait la chanson ! (informations sur ce concours).




« Je ne peux pas vous dire grand-chose. Enfin, si, quelques mots quand même.

Cette femme, oui, je peux bien vous en parler un peu. Oui, c’est bien moi, j’ai passé la nuit avec elle. Vous êtes journalistes, c’est ça ?

Do you want to have text with me?

Ça va, je rigole !


OK, installons-nous ici. Un peu dur ? Oui c’est sûr, mais le paysage n’est pas si mal non ?


Bon, je vous explique, mais, à ma façon, hein ! Vous m’écoutez ?

Hier soir donc, c’était un de ces soirs crayeux, vraiment blanc et lisse. Moi et mes chiens on faisait une pause. Nous étions allongés sur le trottoir. Avec eux je suis heureux, vous savez. Nous ne nous aimons pas de façon ordinaire. Nous n’avons pas besoin de mots, nos regards nous suffisent. Mais je vous jure, nous nous aimons.

Peu importe ? Je dis ça juste parce que, au fond, je sais bien ce que vous pensez : encore un punk à chiens. C’est vrai, nous portons les mêmes colliers. Ça vous dérange hein ? Parce que nous avons les cheveux couleur d’arc-en-ciel, vous imaginez que nous sommes orage. Je suis un peu poète en plus, vous trouvez pas ? Mais pas chochotte, attention ! Pour vivre dans la rue, faut pas être chochotte. Même au bord de la mer, faut savoir se défendre des vents acides, de vos ricanements, et de la misère surtout.


J’essaye pas de vous embrouiller j’y arrive. Je situe le contexte c’est tout. Faut être précis. On vous apprend pas ça dans les écoles de journalisme ?


Je disais donc, nous sommes juste une tribu enracinée au bitume. Et ancrée à l’océan aussi. C’est pour ça que j’ai choisi de vivre ici. Pour l’eau.


Oui, j’y viens. La femme donc, nous a vus, allongés sur le trottoir.

Devant sa maison, là, j’aimais bien le parterre de fleurs. Puis, vous entendez ? C’est le bruit des vagues.

Vous êtes un peu pressé, je vois. Pour moi le temps, il s’écoule pas au sens habituel. C’est pas comme pour vous quoi. Faudra être plus patient si vous voulez que je continue. J’en étais où ? Ah oui, mes chiens. Tom and Buck. Tom, pour Tom Waits et Buck pour Bukowski. J’ai des lettres moi, qu’est-ce que vous croyez ! Parfois, quand ça nous prend, on aboie, contre les flics, contre les lumières des phares, contre les odeurs d’égouts qui se déversent direct dans nos narines, contre les restes pourris qui infectent les trottoirs. Ouais monsieur, ouais madame, on a appris à zigzaguer dans les klaxons des voitures. On sait même ignorer les néons des pubs, ils fondent dans nos yeux. On arrive aussi à brider les cylindres de vos cerveaux-moteurs vous obligeant à ralentir à nos passages cloutés.


Me bousculez pas s’il vous plaît. La vie c’est pas comme vos comptes-épargne. Les souvenirs ça se dépose pas au coffre pour les retirer à volonté, selon ses besoins. Les souvenirs, ça se respecte. Faut les convoquer avec délicatesse sinon ils vous claquent dans les doigts et pschitt, les voilà évaporés, dernier soupir irrécupérable.


Elle ? J’y viens j’y viens. Elle nous a vus donc, puis nous a fait signe. Nous sommes entrés. Trois pas, à l’intérieur. Puis un quatrième, à cause des effluves, envoûtants, magnétiques. À cause aussi du satin outremer de sa robe qui flottait. Mais je peux savoir, pourquoi elle vous intéresse ? C’est une célébrité ?

Une chanson ? Non je ne lui ai pas demandé son prénom.

J’ai ordonné aux bêtes de se tasser. J’ai dit : calmos. Leurs yeux noircis au charbon fixaient les mollets de la femme qui fouillait dans son sac.

Là franchement je me suis demandé : un pistolet d’alarme ? Un cigarillo ? Elle n’avait pas encore relevé les yeux vers nous. Elle a sorti un mouchoir, s’est mouchée sans grâce. Buck s’est ébroué. Il avait peur. Pas à cause du bruit, ni à cause de l’inconnue, c’est plutôt qu’il ne connaît pas le lisse, le chaud, et cet endroit était lisse et chaud. Je me suis dit… non, j’ai décidé :


— On se tire.


C’est alors qu’elle a répondu :


— Pourquoi ?


Très doucement.

Faut dire, elle avait de l’allure. Elle a dû être belle plus jeune. Elle a carrément un profil de femme muse, immémoriale, un peu fanée, quand même.


— Pourquoi quoi ? je réponds.

— Pourquoi partir déjà ? qu’elle me dit.


Et elle continue :


— Tu sais, je t’ai à peine reconnu, mon petit voyageur. Le temps je te jure ! Pourtant je me souviens, tes yeux, tes cheveux.


Évidemment ça m’a fait drôle cette hospitalité farcie d’un petit nom aimable. Ça m’a obligé à réfléchir un peu. Je me suis dit : ok, pourquoi pas prendre la place d’un autre ?

Ensuite la vieille a commandé :


— Assieds-toi. Du thé ?


J’ai à peine hoché la tête.

Elle a glissé à petits pas vers la kitchenette, ses chaussures frottaient le sol et couinaient.

Je me suis installé dans le canapé, les chiens à mes pieds.

Dans la cuisine y avait des bruits ordinaires que j’avais oubliés.

J’avoue, je me suis quand même demandé : et si c’était un piège ?

Il existe peut-être des sérials killers mamies, insoupçonnables à cause de leurs cheveux si blancs. Mais, elle est revenue, avec sur un plateau d’argent, deux tasses, deux soucoupes.

Vous imaginez ! Elle avait pas oublié les chiens ! Elle a déposé l’eau fraîche devant eux. Elle a allumé des bougies. Elle est retournée à la cuisine et a ramené un petit panier d’oranges. Y avait des tas de trucs en macramé partout, des bibelots recyclés, des porte-encens décorés de coquillages, des boîtes en coques de pistaches, des tas de coussins brodés, des fleurs pétrifiées dans l’eau évaporée d’un soliflore. Pas de doute, c’était une écolo de la première heure.

Puis on a dégusté, à petits coups de langue, nos breuvages respectifs.

Elle nous observait, un sourire lézardait son visage où s’éparpillait tout un entrelacement de rides. Et le cerne attendrissant de ses yeux noyait légèrement son regard.


J’étais bien. Mes pensées roulaient, avec, en fond sonore, la chaîne infinie des vagues.

Elle s’est approchée de moi, s’est assise tout près.

Me suis demandé si j’allais être obligé d’écouter la lancinante litanie de sa vie.

Elle a posé sa main sur la mienne. Elle a commencé à parler.

Puis elle n’a pas arrêté, toute la nuit ça a duré. J’ai pas tout compris. Ses mots prenaient souvent le large.

Je décrochais par moment. Je me perdais dans les reflets des miroirs. Je me laissais absorber par les mèches fumeuses des bougies qui projetaient des ombres de soie sur les murs. Mais c’était bien ces histoires. Elle savait raconter, ça oui ! Elle a toujours aimé ça. Elle me l’a dit.

Puis elle a choisi de faire confiance. C’est plutôt rare aujourd’hui vous trouvez pas ? Comme quoi il faut toujours croire aux surprises. De temps en temps, elle perdait le nord, divaguait. Mais à l’écouter, y avait comme une chanson dans ma tête. J’avais pas envie que ça s’arrête. Oui, sa voix traçait comme un chemin sonore, je suivais pas à pas son rythme dansant, un peu fou.

Elle parlait, et des émotions vous réchauffaient, mieux que des flammes. J’étais attendri, oui c’est le mot, plus tendre. J’étais dans un état d’innocence. Elle m’amenait comme un enfant, au bord d’une plage étrange. Nous marchions sur l’eau, nous pêchions les nuages. On observait l’écume qui brodait de nouveaux rivages. Je devenais plus sage. Et tout ça avec des mots. Les yeux fermés.

Oui, elle m’a donné envie de voyager, de me laisser porter par les vagues. Elle m’a montré dans le ciel des reflets étranges, mouvants. Je me suis laissé rouler dans ses ondes.

Nous étions loin des insignifiantes tracasseries du quotidien. Pas de questions, pas de réponses. Rien n’était exigé, rien n’était dû.

Nous rêvions juste bras dessus bras dessous, sans crainte du vertige et des gouffres amers.

Qu’est-ce que je pourrais encore dire sur elle ? Cette nuit, elle avait un cœur ouvert, qui ouvrait le vôtre. Elle a redonné du souffle à l’avenir. Maintenant des volutes de jasmin roulent et planent encore dans mon cerveau.

Du jasmin je vous dis. C’est moche vos arrière-pensées. Vous allez finir par m’énerver ! Méfiez-vous. J’ai un peu l’âme à vif là. Vous me blessez avec vos insinuations perfides. Vous gâchez, c’était une belle traversée nocturne.

Bon, ça vous va ? Ensuite ? Pas si près, j’ai l’impression que vous enfournez votre micro dans ma bouche, c’est pas très agréable.


Ensuite, au petit matin on est sortis. On a regardé la mer.

Elle m’a dit qu’elle allait causer aux sirènes.

Elle a disparu à peu près au niveau du cinquième rouleau là-bas. Mais si vous voulez mon avis, elle reviendra.

Bon, puis vous savez bien, les femmes, ça aime parler. »



« Suzanne ». Paroles originales et musique : Leonard Cohen. Paroles françaises : Graeme Allwright.


 
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   Bidis   
24/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Petit moment de lecture, comme ça, en passant, mais ça vous reste en tête avec un peu de nostalgie, du regret, je ne sais quoi…
Petite remarque : "Moi et mes chiens". Sans doute parce qu'on m'en a tant fait la leçon, quand on parle de soi et de quelqu'un d'autre, il est mieux de faire passer l'autre avant ("Mes chiens et moi").
Pour la chanson, je n'en ai aucune idée. Mais, il ne faut le dire à personne, je ne cherche pas à deviner les chansons dans les textes pour le concours...

   Pepito   
24/3/2014
L'écriture est jolie mais ne s'adapte pas toujours au niveau du personnage.

Haargh, le jeu de mot à deux balles sur "servomoteur"/"cerveaux-moteurs". Je lui préfère l’excellent et simplissime : "Dans la cuisine y avait des bruits ordinaires que j’avais oubliés."

"Pourtant je me souviens, ... tes cheveux." pour un punk à crete bariolée ? ;=)

"Je me suis dit : ok, pourquoi pas prendre la place d’un autre ?" jolie bascule

"Tom Waits et Bukowski." > "— Assieds-toi. Du thé ?" çà aussi c'est delicieux...

Peut-être un rythme un peu long à mon gout, mais une lecture très agréable.

Pepito

PS : tout comme Bidis, la(les) chanson(s), ben ...

   MissNode   
24/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Et bien quant à moi, j'ai trouvé très plausible ce personnage de "cloche érudite" devenu nombriliste par la force des choses au point de dire "moi et mes chiens".
J'ai trouvé bien rythmés d'un certain suspense, cet interview, cette histoire bien extrapolée à partir de la chanson... Je n'ai pas pris ce texte en correction, donc je n'ai pas vu de laquelle il s'agit.
Mais j'ai écouté récemment celle que j'aime et où il est question du thé au jasmin servi sur un plateau d'argent, de vagues et de sirène.
Cette "suite" ne trahit ni l'originalité, ni le mystère de la chanson.

   Mistinguette   
24/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J’ai lu et relu cette nouvelle en EL mais, à l’inverse de Pepito et Bidis, je voulais à tout pris reconnaitre la chanson avant de laisser un commentaire. Grâce à MissNode qui m’a mise sur la voie, eurêka ! j’ai enfin trouvé.
C’est donc la chanson "Suzanne" de Léonard Cohen, que perso je connaissais surtout chantée par Alain Bashung, mais, en allant sur Wiki, je me suis aperçue qu’une multitude d’artistes l’avait interprétée.

Pour en revenir au texte, avant la découverte du titre, je l’ai bien aimé mais sans plus. L’intrigue m’a laissée sur ma faim. Les paroles de la chanson en tête, tout s’éclaire.
Par contre, l’écriture m’a instantanément emportée, c’est d’ailleurs pour cette raison que je n’ai eu aucune difficulté à relire plusieurs fois.
Le langage châtié du personnage m’a d’abord un peu surprise, puis, à la réflexion, je pense qu’il colle tout à fait à ce punk SDF (la marginalité n’étant pas systématiquement synonyme de manque d’intelligence et de culture). Et puis, au début du récit, il précise qu’il est un peu poète...

Joli texte, belle écriture, MERCI costic pour cette lecture et aussi pour m’avoir remis cette agréable mélodie en tête.

   Anonyme   
24/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Suzanne, bien sûr ! Merci Mistinguette ! :))

Du plaisir pris à la lecture de cette tranche de vie punk cake (à cause du thé, évidemment !:)).

Un plaisir d'autant plus marqué dans la deuxième partie, quand la femme au profil de muse, un peu fanée comme sa mémoire, embarque dans ses délires le loustic lettré avec ses clebs.

Plaisir pour les moments attendrissants, lorsque ce rebelle aguerri à la rue, aux misères du monde, se réchauffe d'émotions, entre vertiges et gouffres amers.

Bref, un coeur ouvert qui a touché le mien à coups d'une grande sensibilité mise rudement bien en images.

Merci pour cette lecture, Poète !

Cat

   senglar   
24/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Costic,


Bien sympa ce marginal, prêt à offrir son coeur aux âmes-mères qui se prennent pour des soeurs mais sont des amantes de la mer.

Bien sympas les journaleux qui savent s'effacer.

L'homme dit pour conclure que les femmes ça aime parler, j'ai constaté que là c'est surtout lui qui a été bavard, il a chanté comme une sirène.


Suis allé écouter "Suzanne" (Thank you MissNode) interprétée par Alain Baschung. Merci de m'avoir fait souvenir à quel point ce gars était un grand bonhomme Costic :)


brabant

   Acratopege   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé le ton de votre histoire, les trouvailles poétiques sans en avoir l'air, l'atmosphère à la fois énigmatique et banale de cette rencontre en bord de mer. Mais pourquoi y introduire un journaliste et son micro? L'adresse dans le vague m'aurait davantage convaincu que cette morbide interview d'après-suicide. Je n'ai pas reconnu la chanson, mais tant pis, je me réjouis de découvrir qui sont ce punk cultivé et cette vieille femme avec encore de l'allure que vous avez fait se rencontrer si richement. Pour conclure, il me semble que votre jeune homme aurait fait un joli couple avec la Marie de l'histoire que j'ai envoyée pour le concours...

   fergas   
29/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte qui crée une atmosphère, laquelle persiste après la lecture. C’est donc que l’histoire nous a marqué. La nostalgie existe encore, contrairement à ce qu’écrivait Simone Signoret.

Le personnage du pseudo-SDF avec ses chiens est plausible, on a l’impression d’en avoir rencontré des comme lui. On comprend qu’il saisisse l’occasion de retrouver un peu d’humanité, d’intimité et de tendresse, même si elle est due à une méprise de la vieille femme.

La grand-mère conteuse et son environnement vieillot nous parlent aussi, elle nous semble familière.

Par contre, le coup du journaliste ne me convainc pas : il apparaît comme un cheveu sur la soupe, et il n’est pas vraiment justifié. L’homme aurait pu se raconter sans cet artifice.

Une horrible expression : « un sourire lézardait son visage ».

   Ninjavert   
5/4/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je ne connaissais que la version originale de L. Cohen, mais sans avoir jamais vraiment fait attention aux paroles. Ce fut l'occasion, merci :) (j'en ai profité pour aller voir ce que valait la version française de Bashung, pas mal du tout).

Pour le reste, j'ai eu un peu de mal avec la structure du texte. Ce long monologue, vaguement entrecoupé de questions de journalistes qu'on doit deviner... mouais. Sur ce point je suis assez d'accord avec fergas : je n'ai pas été convaincu par cette pseudo interview, qui n'a ni queue ni tête, et qui n'apporte rien au texte. Le narrateur n'avait pas besoin de ce prétexte pour raconter son histoire.

J'ai également eu du mal avec la mise en place de la situation. Notre personnage a l'air d'avoir du caractère, et je ne le vois pas accepter de s'asseoir sur le canapé d'une vieille dame à côté de ses trois clebs pour prendre le thé (!). Peut être parce que les quelques vieux punks (à chien ou non) que j'ai connus plus jeune n'avaient pas le profil de l'emploi... ou simplement car je n'ai rien trouvé dans le texte qui justifie son changement d'avis alors qu'il est sur le point de se barrer.

"ok, pourquoi pas prendre la place d’un autre ?" La phrase et l'idée sont très sympas, mais pour moi ça reste "rester prendre le thé à la place d'un autre", et j'ai du mal à y croire. J'aurais été plus convaincu s'il avait voulu s'assurer dans un premier temps qu'il ne la connaissais pas (vu qu'elle semble se souvenir de lui) et que, découvrant le personnage, il avait finalement choisi de rester malgré son erreur.

Les envolées lyriques du narrateur -qui se prétend un peu poète, ce qui les légitimes- m'ont semblées trop tranchées vis à vis de son langage coutumier. Mais c'est peut être juste du à la forme du récit : ce serait peut être mieux passé (pour moi, évidemment) dans un dialogue vivant, que dans un monologue où l'on n'a pas d'autre point de repère que le narrateur.

Voilà pour les principales critiques, qui sont surtout des affaires de goût personnel.

A l'inverse, j'ai beaucoup aimé l'ambiance. Il se dégage du texte une réelle sérénité qui nous embrasse à mesure qu'on s'avance dans le récit, comme le narrateur s'est avancé dans la nuit avec Suzanne quelques heures plus tôt :"Comme quoi il faut toujours croire aux surprises."

J'ai également apprécié le caractère de ce sympathique punk (même si j'ai eu du mal à croire à certaines choses cf. plus haut). Il nous donne envie de le connaître. Il m'a en tout cas rappelé le sympathique Caza de la chanson "Symphonie pour Caza" des Cowboys Fringants.

Au final c'est surtout la forme du texte qui m'a rebuté (note que par forme, je parle de la narration et du formalisme du texte, pas du tout de l'écriture à laquelle j'ai bien accroché). Et je le regrette car ça m'a empêché d'entrer de plein pied dans ce récit qui le méritait largement.

Toujours à titre personnel, j'aurais largement préféré vivre la scène : vivre la rencontre entre ce punk à chien et la vieille Suzanne, et passer la soirée sur le fauteuil d'en face, à les regarder discuter toute la nuit. C'eût été plus vivant, plus chaleureux, plus immersif que ce compte rendu sur le trottoir.

Merci en tout cas pour cette tranche de vie originale, et également pour m'avoir fait redécouvrir cette superbe chanson.

   Robot   
7/4/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Cette histoire d'une improbable rencontre, bien que je n'avais pas reconnu la chanson m'a retenu par son style et par le développement de son intrigue qui nous porte sans ennui jusqu'à la fin sans dévoiler son mystère. Et quelle écriture ! Une poésie en prose, presque...
Belle idée aussi que cette distanciation volontaire grâce à l'introduction des journalistes qui ajoute à l'atmosphère étrange de cette rencontre.


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