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Fantastique/Merveilleux
Cyrill : À l’ouest [concours]
 Publié le 10/05/23  -  13 commentaires  -  9046 caractères  -  125 lectures    Autres textes du même auteur

Il est impossible de se déplacer plus vite que la lumière, et ce serait idiot car on perdrait son chapeau en route.

(Woody Allen)


À l’ouest [concours]


Ce texte est une participation au concours n°33 : L'ombre et la lumière

(informations sur ce concours).



Benoît naquit au monde le soir de ses vingt ans, alors qu’un soleil mourant de ses plus belles flammes peignait d’ambre vermeil la ligne d’horizon. Spectacle fugitif mais l’astre, ensuite escamoté, l’avait époustouflé. La lumière avait traversé la peau diaphane des paupières encore closes, imprimant sur la rétine les moires de sa palette d’illusionniste.

Il n’en fallut pas plus à cet enfant d’un naturel heureux pour décider de la suite à donner et tracer les délinéaments d’une aventure prochaine. La nuit était douce et il ne dormit pas, ses yeux grands ouverts faisant défiler dans l’ombre les images revisitées d’une fortune qu’il n’avait fait qu’entrevoir. Là-bas à l’ouest était un lieu où il ferait bon vivre. Bien différent de sa patrie de misère, un monde radieux, encore inconnu de lui, peuplé d’êtres éclairés qui lui ouvriraient les bras. Une terre ensemencée de végétaux prodigues vers lesquels il n’aurait qu’à tendre la main pour en cueillir les fruits.


Bien avant le jour il était prêt à partir. Il avait chargé tous ses biens sur une charrette à bras. Les uns par-dessus les autres à la va-comme-je-t’amoncelle et solidement ficelés pour le voyage. Ses voisins bienveillants et ses parents aimants s’étaient fendus d’un fervent patronage. Bien que vivant dans l’indigence et affligés d’un obscurantisme congénital, ils avaient tenu chacun à l’encombrer un peu plus : matelas jeté sur un coffre rempli jusqu’au débord de couvertures et de coussins brodés de litanies et de prières ; cuillers à la louche, casseroles dont les queues hérissaient le chargement, lui conférant l’allure grotesque d’un porc-épic géant dressé sur son arrière-train ; piles de vêtements dans les poches desquels on avait fourré des nécessaires à écrire pour lui permettre, où qu’il fût et quelque habit qu’il eût sur le dos, de faire le récit de son odyssée ; vivres à profusion, du burger de base à la confiserie la plus sophistiquée, en passant par des sacs de lentilles, de maïs, de haricots et de gomme à mâcher. Ainsi, les siens seraient-ils assurés de son confort alors qu’il errerait, seul et loin de leur catéchisme, en quête d’une terre hospitalière où les installer tous.

Au moment du départ on lui mit sur la tête un chapeau unidirectionnel et dans les mains une boussole. Quelqu’un lui indiqua la trajectoire. À la suite de quoi la charrette, que des mains poussèrent sans ménagement, s’ébranla et tous les mouchoirs s’agitèrent et toutes les voix chantèrent et tous les yeux se gonflèrent de larmes quand Benoît fit ses premiers pas.


Benoît avançait cahin-caha dans l’obscurité encore dense, puis dans une aube glauque qui semblait ne jamais vouloir se dissiper. Sans dévier d’un arpion il marchait, dodelinant de la pensée, agi par la seule volonté rivée à ses semelles. La sueur perlait à son front, lustrait les ailes de son nez. Patient, il guettait l’infini à l’affût de la moindre érubescence, du plus petit éclat rosé, de la lueur la plus infime. Mais une ombre tenace lui couvrait les épaules et les paupières de son épaisse houppelande, grippant sa matière grise et pesant sur lui comme un sortilège puissant. Faisant tanguer son attelage, Benoît courait, ralentissait pour reprendre son souffle puis se hâtait à nouveau afin d’atteindre la transparence qui le narguait ; l’ombre le poursuivait, le couvrait, le précédait inexorablement. Sans pour autant se décourager il poursuivait son périple, un œil sur la boussole et l’autre tel un laser cacochyme s’épuisant sur le rideau de faux-semblants qui flottait devant lui.

Il traversa des paysages sans un regard pour leur beauté, croisa des gens cordiaux sans leur rendre leurs saluts. Il voyait à quelques mètres de lui les environs se nimber d’une clarté si douce que les pierres s’en arrondissaient, que les fruits des buissons sur les bas-côtés mûrissaient à vue d’œil, mais il n’en faisait pas cas, sa croyance en un ouest souverain lui interdisant de les considérer tandis qu’il progressait, ahanant et transpirant sur sa route insondable. Le doigt péremptoire tendu à son départ touillait dans son âme l’impérieuse nécessité de persévérer.


Il franchit des rivières dont les eaux grises lui gelèrent les pieds. Il gravit des montagnes de cendre et des montagnes d’ardoise sur lesquelles patinaient ses souliers et les roues de sa charrette. Il traversa des déserts au sable terne où s’enlisait son équipage. Parvenu sur la ligne côtière, il fit un mât des bras de la charrette et confectionna une voile à l’aide de reliques tirées de chacune de ses poches, puis embarqua. Malgré les vents contraires il maintenait le cap, brimbalé sur les flots de mercure et chantant à tue-tête des chants de marins au plus fort des rugissements de l’océan. S’il fut quelquefois sur le point de naufrager toujours il fut stoïque, toujours redressant sa frêle embarcation. La civilisation des lumières qu’il briguait était encore invisible à ses yeux lorsqu’il accosta, mais Benoît gardait la foi. Il démâta pour réajuster les bras à la charrette puis reprit sa marche, fourbu, chassant les idées noires qui voletaient autour de lui comme les papillons d’un vertige qu’il prit pour les ambassadeurs de l’éden convoité.

Par monts et vallées il chemina encore, le rêve au-delà du regard et jamais accessible. Sur son trajet toujours cette méchante fumée dont il ne parvenait à soulever le poids d’autorité pernicieuse, qui l’accompagnait comme une exhalaison méphitique de sa peau, qui le devançait de quelques enjambées indépassables. Obnubilé par la superbe de son entreprise, tout juste jetait-il des regards dédaigneux de droite et de gauche, sur les paysages pourtant charmants distribués en cultures variées que des hommes arpentaient, sur les terres qu’ils labouraient et fertilisaient sans douter de la richesse de leur rendement, sur les récoltes dégringolant de tombereaux massifs. Ces braves gens, pensait Benoît, écrivait Benoît, n’étaient satisfaits que par méconnaissance. Élu parmi les siens, il ne pourrait se contenter, ni pour eux ni pour lui-même, d’une existence aussi prosaïque. Il allait vers son destin, certitudes vissées à la raison comme le chapeau sur son crâne et laissant de part et d’autre mendigoter l’asticot.


Le voyage était long, semé de chausse-trapes, d’écueils qui parfois lui coûtaient bonbon en fatigue et découragement, mettaient en péril sa petite santé. Il en faisait l’exposé avec minutie, symboles noirs bien alignés sur des carnets qu’il remplissait les uns après les autres. Preuves s’il en était, notait-il en substance, que les pays qu’il traversait ne valaient pas qu’on s’y installât, si c’était pour toujours se heurter à ces sortes de désagréments dont il ne tenait le registre que par assuétude.

Ses combats contre l’adversité avaient cependant fini par miner un peu de son allant, sournoisement, jusqu’à le plonger dans une pénible morosité. Sa condition physique déclinait en proportion. À mesure qu’il consignait le délabrement de son humeur, son écriture tenait davantage des pattes d’une mouche boiteuse, encore gâchées par la paume de sa main qu’il laissait, négligent, traîner sur l’encre fraîche, que d’un ruisseau limpide. D’alerte et délié, le maniement du verbe s’était mué en piétinement, comme engoncé dans la déconvenue.

Le temps lui-même ne passait pas, tenu à demi-mot dans la pénombre livide d’une aurore éternellement différée.


*


Le moral en berne, au bord du marasme, il n’en continuait pas moins à scruter âprement le point cardinal, désespérant d’y parvenir.

Alors l’impensable advint. Ce ne furent d’abord que des reflets opalescents, puis un coin d’horizon se précisa peu à peu, se teinta de notes légères. Benoît se mit au petit trot. Des flammèches laissaient deviner la vie et le mouvement, tout en nuances claires. Benoît eut tôt fait d’imaginer une communauté honorant en danses festives et sacrées les bienfaits d’un astre généreux. Il accéléra encore la cadence, habité par la joie incommensurable d’atteindre bientôt son but. Le chargement de la charrette projetait cependant devant Benoît sa chimère opiniâtre, plus sournoise et grandissante à mesure qu’il avançait, si bien qu’elle finit par embobeliner les silhouettes à peine celles-ci se précisèrent-elles. Devenues bistre, elles n’évoluaient plus qu’avec paresse, à un cheveu de l’ankylose et dans un demi-jour blafard.

Les yeux écarquillés, il reconnut ses père et mère bilieux, sa fratrie maussade, ses aïeux lugubres, ses voisins taciturnes. Tous, abîmés dans les affres de la neurasthénie, débordaient d’une rancœur superstitieuse envers Benoît : celui-ci rentrait bredouille au pays, sans avoir rencontré les hommes dont la seule société leur eût permis de prétendre à l’heureux discernement.


Gourds sous la voûte humiliante d’un ciel brunâtre, ils entretenaient un bûcher.


 
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   Anonyme   
22/3/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Déjà, je tiens à saluer l'écriture de cette nouvelle que j'ai trouvée à la fois vive et riche, une association de qualités pas évidente à réaliser : elle coule, moelleuse comme un flot de crème d'adjectifs, mais sans lourdeur, visuelle, expressive et non dénuée d'humour. La classe.

L'argument en soi me séduit un peu moins ; je me doutais bien que la Terre est ronde et qu'en conséquence à force d'aller tout droit on décrit un cercle. Bingo. La saveur amère, voire horrifique, de la conclusion, a le mérite de prendre à rebours la figure obligée façon chanson cabrelienne du gars qui cherche à l'horizon le bonheur qu'il a sous les yeux, mais enfin accompagnant une écriture aussi accomplie j'eusse préféré, je l'avoue, une histoire allant plus loin que le retournement d'un thème familier.
Cela dit, je reconnais que j'ai une tendance regrettable au « jamais contente ».

   Angieblue   
3/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
J'avoue avoir eu du mal à accrocher. J'ai trouvé l'écriture un peu lourde et maniérée ce qui fait que je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire.
Je pense qu'à faire trop sophistiqué, l'histoire perd en humanité et en âme. Le lecteur est tenu à distance.
Il y a une recherche de poésie et de fulgurances, mais ça va chercher parfois un peu trop loin.
Par exemple, la dernière phrase m'a laissée perplexe:
"Gourds sous la voûte humiliante d’un ciel brunâtre, ils entretenaient un bûcher."
ou "chassant les idées noires qui voletaient autour de lui comme les papillons d’un vertige qu’il prit pour les ambassadeurs de l’éden convoité."
Mais je reconnais qu'il y a de belles formulations. Par exemple, ce passage m'a particulièrement plu. Je l'ai trouvé plus accessible :
"Le temps lui-même ne passait pas, tenu à demi-mots dans la pénombre livide d’une aurore éternellement différée."

Sinon, le thème de l'ombre et de la lumière est bien exploité. On sent le poids de l'obscurité qui pèse sur cette communauté qui rêve d'éden et de lumière.
On aurait pu s'attendre à une fin ouvrant sur un éclaircissement, mais ça n'est pas le cas, la brume persiste et ce peuple reste dans l'ombre de la méconnaissance. C'est plutôt assez fin car inattendu.

En somme, une belle écriture poétique, mais trop sophistiquée pour me toucher et m'emmener dans son univers.

   Asrya   
10/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
On pourra probablement féliciter l'auteur pour la qualité de sa plume, la richesse de son vocabulaire, la tournure de ses phrases (parfois énigmatiques et dont le sens laisse planer une belle part d'incertitude) mais... cela s'apparente davantage à du verbiage en costume.
Pas conquis du tout par le style qui me fait complètement sortir du récit, d'autres y trouveront les beaux mots qu'ils aiment lire. Ce n'est pas mon cas.

L'histoire était intéressante et avait tout pour me plaire pourtant. Cette recherche, pas vraiment spirituelle, d'un monde différent, éclairé ; une quête de sens pour se défaire de "sa patrie de misère". Un cheminement en soi qui a tout pour éclairer l'esprit.
Seulement, si votre texte se résume à "l'herbe est plus verte ailleurs", j'aurais aimé un traitement plus détaillé et plus imagé qui permette de s'y confronter réellement...
Durant l'ensemble de son périple, votre personnage prend des notes à priori. Pourquoi ne pas nous les faire partager ? Pourquoi ne pas nous emmener avec lui ?
L'ensemble me paraît traité avec poésie, certes, mais pas une poésie qui amène à la réflexion, non, une poésie impatiente qui se presse de conclure.
Il y avait là un beau projet qui aurait probablement mérité un développement plus abouti, plus approfondi, plus recherché.

La thématique est respectée, oui. Encore une fois je m'étonne de la nécessité de faire appel explicitement à l'ombre et à la lumière pour souligner la présence de la thématique. A mon sens, cela coule de source, inutile d'y référer. Bon, je ne dois pas concevoir les choses de la même manière.

Quant à la catégorie choisie (fantastique/merveilleux), je m'interroge.

Au plaisir de vous lire à nouveau et bon courage pour le concours !
Asrya.

   Jemabi   
10/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai trouvé cette nouvelle agréable à lire, d'abord parce qu'elle est bien écrite, qu'elle bénéficie d'un vocabulaire riche qui accompagne le protagoniste tout au long de son périple, décrivant bien ses doutes et ses fléchissements, ensuite parce qu'il y a, tout au bout du voyage, une morale qui surprend puis donne à réfléchir, rejoignant en cela la devise du "Magicien d' Oz", quand la petite Dorothy revient du royaume magique qu'elle visita en rêve : "There's no place like home".

   jeanphi   
10/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Décoiffant ! On oscille entre le récit poétique et la légende mythologique, Jason sans sa toison d'or. Le vocabulaire m'a interrompu à plusieurs reprises, mais je termine la lecture avec l'envie de la reprendre d'une traite. La qualité de l'écriture s'affiche, mais elle a de quoi se le permettre, et cela renforce le côté odyssée allégorique selon moi. La désillusion du protagoniste et son désarroi muet me laisse penser que l'auteur enjolive le language comme par superposition oximorique entre fond /forme, oppossant au désaroi du héros l'extrême beauté du language, ou bien qu'il utilise cette démarche pour justifier le choix d'une écriture aussi riche. Espoir désespéré ... Votre personnage laisse d'ailleurs sa plume dans le trouble moral qui s'empare peu à peu de lui.
Chapeau !

   plumette   
10/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
l'auteur(e), on ne pourra le lui contester, sait écrire.
Mais que produit cette écriture sur le lecteur? Ici, je me suis dit que j'aurais aimé plus d'équilibre entre la forme et le fond. "l'argument" de l'histoire est bien mince : une sorte d'odyssée, encouragée par tout un peuple, pour trouver un lieu où il ferait bon vivre. et une boucle qui se boucle puisque la terre est ronde!
Trop descriptif, avec une certaine complaisance d'écriture qui se veut poétique, et pas assez sensitif à mon goût. Qui est ce Benoît? à part avoir un naturel heureux qui s'étiole au fil de cette traversée ?
Ce texte a une valeur littéraire indéniable mais je n'ai pas accroché! Ici, j'ai apprécié la possibilité de dissocier écriture et ressenti!

   Disciplus   
10/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Le français est une belle langue, certes, encore faut-il en user avec discernement. Enfiler les mots spécieux (délinéaments, érubescences), les phrases interminables ( Il voyait à quelques mètres de lui les environs se nimber d’une clarté si douce que les pierres s’en arrondissaient, que les fruits des buissons sur les bas-côtés mûrissaient à vue d’œil, mais il n’en faisait pas cas, sa croyance en un ouest souverain lui interdisant de les considérer tandis qu’il progressait, ahanant et transpirant sur sa route insondable. (59 mots – 360 caractères), voire sibyllines (Tel un laser cacochyme s’épuisant sur le rideau de faux-semblants qui flottaient devant lui) et une syntaxe parfois alambiquée (Obnubilé par la superbe de son entreprise, tout juste jetait-il des regards dédaigneux de droite et de gauche, sur les paysages pourtant charmants distribués en cultures variées que des hommes arpentaient, sur les terres qu’ils labouraient et fertilisaient sans douter de la richesse de leur rendement, sur les récoltes dégringolant de tombereaux massifs. 58 mots - 382 caractères) peuvent créer un contre-courant gênant la compréhension et entrainant la lassitude du lecteur. Important le lecteur !
Petit boomerang à méditer : "D'alerte et délié, le maniement du verbe s'était muté en piétinement, comme engoncé dans la déconvenue."
On est si content quand on arrive au bout, qu'on peut souffler et penser : "heu... tout ça pour ça!"

   Vilmon   
11/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Désolé, je n’ai pas pu lire ce récit avec intérêt. Le style d’écriture est si « chargé » que je n’arrive pas aisément à comprendre l’histoire. Le contenant a trop d’importance sur le contenu. Je n’ai pas compris ce qui motive le personnage à quitter ni a accepté toutes ces difficultés. C’est en lisant quelques-uns des autres commentaires que j’ai pu saisir le fil du récit que je trouve bien maigre en matière. Une écriture abouti, trop abouti à mon goût pour arriver à comprendre la trame du récit.

   Geigei   
11/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
"[...] décider de la suite à donner // et tracer les délinéaments d’une aventure prochaine." Cette phrase exprime deux fois la même idée. Choisir.

"Ses voisins bienveillants et ses parents aimants s’étaient fendus d’un fervent patronage." [...]"ses père et mère bilieux, sa fratrie maussade, ses aïeux lugubres, ses voisins taciturnes"
La quantité d'adjectifs dénonce une facilité à l'écriture, une difficulté à la lecture. Pénible. En plus, ils sont synonymes.

"brimbalé sur les flots de mercure" Il faut choisir. Le mercure ne brimbale pas. Il évoque plutôt la bonace.
"au plus fort des rugissements de l’océan" Bah non.

C'est du fantastique/merveilleux. Dès lors, tout est permis, Je comprends. Mais si je n'ai rien à lire qui me permette de m'identifier, je rame dans du pénible.

J'oubliais : "un chapeau unidirectionnel et dans les mains une boussole". Là encore, il faut choisir. Ou alors, c'est de l'humour. Belge. Ou britannique...

   senglar   
12/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,


Un nuage de Voltaire, un miracle d'écriture qui ici tourne un peu sur elle-même (rotondité de la terre oblige) telle cette quête que pourrait imager le fameux serpent qui se mord la queue. En l'occurrence il ne ressuscitera pas pour créer un nouveau cycle dans ce conte philosophique où il mourra, fût-ce métaphoriquement, à la fin de son voyage sans avoir trouvé la lumière, le retour du fils n'étant dès lors prodigue que de lamentations désappointées et source d'insignifiance.
Pas de lumière donc à la fin de ce périple mais, ma foi, on devait s'y attendre puisque l'on partait vers l'Ouest là où le soleil se couche alors que l'ombre prend le relais.
L'homme aurait dû s'arrêter au zénith et cesser de faire le bégueule, sans arrière ni devant. Le coup de bambou eût alors été pour le lecteur, propice paratonnerre. Quant à l'antihéros l'heureuse indifférence eût alors pu être de mise. Et l'honneur sauf... mais personne pour le savoir.
J'en reviens au style et au conte ci-rapportés d'allures voltairiennes, sorte de fable de quelque Voltaire crépusculaire avec un Candide cacochyme qui ne retrouve pas le bonheur du jardin, un Zadig autistique qui ne récolte pas les bénéfices de l'expérience, un Micromégas unijambiste qui ignore obstinément l'humilité de la relativité.
J'ai senti bien sûr comme une ambiance des Mille et Une Nuits dans cette aventure sans confins où je suis resté sur une petite faim quant à cet orient sans Ali Baba.

Je viens de terminer ''Oiseau de proie'' de Lucy Banks dont le personnage principal est une meurtrière paranoïaque et je me dis qu'il faut avoir un sacré courage (ou une belle inconscience) pour faire tourner un récit autour d'un antihéros. Bravo à vous !

Pour l'instant mon deuxième coup de cœur car j'aime la virtuosité. Il faut savoir mourir pour un bon mot disait Sacha Guitry. Je souhaite que vous n'ayez par à mourir pour une écriture sans pareille.


senglar

   Catelena   
19/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
N'est pas Ulysse qui veut. Benoît n'est pas Ulysse.
Il n'a pas fait un beau voyage. Il n'a conquis aucune Toison.
Il ne revient pas plein d'usage et raison vivre entre ses parents le reste de son âge.

Non, il s'est vautré, Benoît, à courir après son destin à coup d'un verbiage excessif qui nous perd dans ses méandres.

Elle commençait pourtant bien cette aventure. On y croyait à ce Benoît qui naquit au monde le soir de ses vingt ans, alors qu'un soleil mourant de ses plus belles flammes peignait d'ambre vermeil la ligne d'horizon.

Et puis les phrases se sont mises à s'embrouiller, grisées par un excès de mots trop savants, un trop plein de synonymes, pour le trop peu d'histoire... Benoît, lui, avait au moins sa boussole pour se diriger vers l'Ouest. Moi, rien, nada, pas le plus petit fil d'Ariane qui m'aurait aidée à comprendre où filait la métaphore.

Au fait, elles sont où l'ombre et la lumière ?

   Donaldo75   
28/5/2023
L’exergue m’a fait marrer, ce qui est rare de la part de Woody Allen dont l’humour n’a jamais vraiment été ma tasse de thé. Revenons à la nouvelle. L’écriture est très travaillée, il n’y a aucun doute. Il y a beaucoup de détails ; personnellement, je trouve cette manière de raconter, avec autant de précision et de manière parfois alambiquée à l'extrême, très dix-neuvième siècle telles les œuvres que nous apprenons au lycée pour préparer le bac de français. Je ne suis pas fan – et c’est un euphémisme – de ce style mais je comprends qu’il perdure vu que des générations de professeur de lettres – profession que je ne critique pas, loin de là, vu que j’en ai dans ma famille – se pâment devant cette profusion de petits bouts de tableau. J’ai lu récemment sur un forum d’Oniris une définition de la nouvelle ; je pense que celle-ci pourrait donner de la matière pour relancer le débat. Je ferme la parenthèse. Pour revenir à ce texte, je comprends la dimension allégorique de l’ensemble. Je la trouve néanmoins tirée par les cheveux, le style prenant le pas sur la narration. Je suppose, au vu des commentaires précédents, qu’il y a des afficionados.

   Cyrill   
26/6/2023


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