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Fantastique/Merveilleux
Cyrill : Question de femme
 Publié le 12/06/23  -  9 commentaires  -  12606 caractères  -  140 lectures    Autres textes du même auteur

« Tout changeait de pôle et d’épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j’y tenais mal mon rôle
C'était de n’y comprendre rien » (Bierstube Magie allemande - Louis Aragon)


Question de femme


Il sentit chacun de ses muscles horripilateurs se contracter, en conséquence de quoi tous ses poils, dans un bel ensemble d’obéissance aveugle, se dressèrent comme des rangées interminables de soldats en quinconce présentant les armes devant un général des poils imaginaire.

Il sentit des petites gouttes de sueur venir ourler sa lèvre supérieure et il sentit leur saveur acide lorsqu’elles dégringolèrent en rigoles jusqu’à sa bouche. Les rayons d’un soleil avare s’attardèrent un instant sur la guirlande liquide qui s’illumina sans qu’il en eût conscience puis s’éteignit presque aussitôt au passage de sa langue. Il sentit le goût aigre de la peur sur ses papilles dont on était invité à scruter les détails d’un spécimen en gros plan. Alors peut-être, tandis qu’on examinait cet organe fascinant, Vlad eut-il la certitude ou la prémonition de ce qui allait être et disparaître dans les heures qui suivraient.


Les lèvres chevrotaient, essayaient de remuer de façon rationnelle, d’émettre des sons bien audibles, des minuscules scriptes impersonnelles mais cohérentes. Il voulait se taire et raconter, se taire mais parler, meubler et se taire. En dépit et en raison de la menace et ne sachant trop ce qu’il convenait ou non de dire, quelle réalité servir à ses bourreaux. Ne sachant quelles chimères seraient les plus à même d’endosser les habits tragiques de la vérité. Il éprouvait un impérieux désir de communiquer après de longues semaines passées dans la solitude humide de la pièce en entresol où il se terrait.

Pour tout éclairage une ampoule nue balançant sa paresse au plafond et la lumière chiche venue du soupirail, ridicule échappatoire percée au ras de la rue. Des détritus, oisillons malhabiles voletant de pavé en pavé, s’y engouffraient comme des délateurs acculés, poussés par des bourrasques chaudes.

Allaient et venaient du dehors des bruits traînants de pantoufles, des humeurs expectatives et des frottements lents d’étoffe. Des bribes de langue étrangère échappées d’une radio s’efforçaient de distraire un quartier à l’abandon. Sans doute la radio de l’homme qui avait emménagé la veille dans le logement contigu ; un amateur d’ondes courtes… Vlad écouta les sons cryptés qui s’insinuaient dans la densité d’une brise transfuge. Dérobade stérile face à l’inflexible agent Krol et ses deux acolytes patibulaires qui avaient mis la main sur lui par la grâce fortuite d’un fatidique potron-minet.

Un vacarme puissant fit tout à coup trembler l’air et les murs, désorganisant jusqu’à rendre illisible le déroulement de la scène, puis le poids lourd, avec son chargement confidentiel, s’évanouit dans le vagissement lugubre de ses suspensions. Une odeur de gasoil persistait dans les narines, que Vlad avait à présent sanguinolentes et tuméfiées. Elle occupa momentanément l’espace immobile de pensées entre lui-même et le minus à costume tergal et cravate, comme la bulle épaisse d’un silence éloquent.


La rue étroite où n’entrait presque pas le soleil débouchait plus loin sur les boulevards, un lieu clair et accueillant que Vlad ne fréquentait guère. Allons-y rapidement faire un tour.

Des boutiques à devantures colorées où languissent les mannequins de cire peu compromettants, avec leurs arrière-boutiques au fond desquelles pantins et autres automates de chair et d’os patientent dans l’ombre. De hauts porches d’immeubles cossus. Des portails en ferronnerie fermés sur une végétation touffue. On ne peut qu’imaginer les demeures bourgeoises qui se cachent derrière avec leurs occupants déterminés à n’être surtout pas comptables de ce qui se joue à quelques dizaines de mètres de là. Des commerces de bouche exposent leurs fruits aux couleurs criardes sur le trottoir, à côté desquels des terrasses de café où s’arbore l’oisiveté de reconvertis de la première heure, tandis que les tiroirs-caisses taisent des transactions sauvages. De rares automobiles noires ou grises roulent sobrement sur le cours sans forcer l’allure. De part et d’autre, sous l’œil de caméras ronronnant pour la postérité, un flux continu de passants indistincts qui se croisent en traînées d’aquarelle brouillant les perspectives.


Rien de tel dans la rue de l’Impasse-aux-Charlots dont Vlad avait fait une retraite où ne pas survivre à sa mélancolie. Des murs borgnes, traversés de lézardes où courait le lierre. Des tiges chétives chapeautées de corolles ternes trouaient çà et là le goudron, sans grande conviction. Une voisine nonagénaire traînait à longueur de journée son sac plastique dont la récolte hétéroclite émettait un bruissement suspect.

Alors que Krol jetait un regard supposément las vers l’extérieur, elle passa le seuil de son logement en courbant le dos, puis disparut dans la pénombre opportuniste. Krol fronça les sourcils. Le rôle que jouait cette vieille…


La lampe torche était braquée sur Vlad, un faisceau blanc bleuté qui l’épuisait et l’aveuglait. Les deux costauds à la figure impassible le tenaient en respect, poignes de fer sur ses avant-bras. Face à lui, Krol l’observait, menant l’interrogatoire. Il faisait mine de ne s’intéresser qu’aux petites histoires. Paupières mi-closes la plupart du temps, il semblait deviner à travers leur filtre et celui des verres l’essence même de la trahison dans les anecdotes que Vlad évitait d’évoquer.


– J’ai connu cette femme. Lolha. À cette époque, je n’avais plus trop de convictions…

– Peu importe, toi et moi on sait bien ce qu’il en est des convictions quand on approche de la soixantaine. Cette femme, donc. Fabiola…


Voilà. C’était la méthode d’un Krol à la voix mielleuse, qui écorchait les prénoms à dessein. Faire comme si rien ne le passionnait moins que la précision ou que l’idéal commun. Vlad baissa la garde et sa mémoire fabriqua malgré lui quelques clichés. Des images floues aux teintes pastel, qui se présentèrent dans un ordre fallacieux. L’agent du renseignement les enregistrait au passage, à charge pour lui de les reclasser par la suite : les corps nus et luisant de sueur de Lolha et Vlad, épuisés sur le lit défait pendant des après-midis entiers ; leurs rencontres furtives les soirs d’été sous les arcades pour des copulations à la sauvette ; la grande bouche vermillon de Lolha, ses yeux noirs et cernés qui l’avaient toisé quand il était entré dans le bar à bière interlope où elle tenait ses rendez-vous ; sa démarche souple lorsque plus tard dans la journée, par le plus grand des hasards, ils s’étaient croisés à nouveau, elle serrant contre son flanc une enveloppe bourrée d’une lourde liasse de papiers.


– Des tracts destinés aux…

– Tu t’es mis avec elle, donc… à la colle… Raconte.


Krol attendit la réponse en plissant les yeux derrière ses carreaux, concentré, intrusif. Vlad se décomposait. Krol le microbe pervers, insistant et vicieux. Vlad balbutiant. Les deux gros bras dans toute leur brutalité soudainement décuplée. La tentative de recul de Vlad empêchée par les entraves de tendons et de muscles.


Des images vinrent encore. De minuscules vignettes ou alors des cartes postales sépia et dentelées d’un passé de pacotille, révolu sauf pour l’agent du renseignement qui n’en perdait pas une miette, fût-elle un succédané. Lolha dans une rue de Dresde, il neigeait. Lolha et moi parmi la foule à Budapest, chargés de valises équivoques. Lolha en robe légère s’éloignant, point dérisoire et lointain sur le Kurfürstendamm. Tous deux sur la côte bulgare de la mer Noire avec ce grand type un peu fourbe portant des lunettes à verres fumés cerclés d’or. Des clés de consigne furent échangées contre un regard, passant de la main manucurée de l’homme aux doigts longs et fins et déjà traîtres de Lolha.

Lolha encore, sur les quais de l’Isère, Grenoble. Était-ce ce jour-là ou le suivant ? Superbe, bandante, plus que jamais distante. Lolha toujours, comme une fiction infrangible. Les images se balayaient l’une l’autre en un fondu enchaîné irrésolu puis gagnèrent en netteté, désespérantes d’imposture et d’hypocrisie. Jusqu’à cette violente dispute entre nous où Lolha, dangereusement penchée sur le parapet… Vlad gémit.


– J’étais fou amoureux, le vrai coup de foudre. Et puis la passion dévorante, absolue. Je ne voulais même pas savoir si elle œuvrait ou non pour la cause comm…

– Son physique. Parle-moi de son corps, de sa plastique. Sur le plan érotique. Elle t’affolait, pas vrai… Tu n’avais jamais connu ça… Tu n’auras jamais assez de ce qu’il te reste de vie pour la pleurer, pour chercher son odeur dans tes draps…


Vlad aurait avoué n’importe quel crime mais par pitié, pas ça ! Qu’on lui laisse ses souvenirs, son intimité avec Lolha et il dirait tout de sa propre déloyauté. Tout et son contraire. Braderait ses utopies insurrectionnelles et embrasserait sans faire un pli la ligne officielle. Mais le gnome le pressait de questions impudiques, insidieuses et affirmatives, laissant le sensuel affleurer et le porno l’escamoter allègrement dans les points de suspension. Maintenant il arpentait la pièce. Délogea de derrière une armoire en métal un carton à dessins dont il feuilleta les croquis, circonspect. Des bouts de poèmes médiocres gribouillés sur les portraits d’une femme : Lolha. Il froissa l’un d’eux de façon obscène puis le fourra dans une de ses poches. Un nu. Abandonna les autres qui glissèrent de ses mains négligentes et s’éparpillèrent sur le linoléum crasseux. Il promena un regard concupiscent sur les draps fripés du lit, laissant planer des hypothèses. Il inspecta les vêtements de la penderie où quelques grammes de mousseline tentaient de respirer, serrés entre deux vieux pantalons de serge élimés. Vlad était au supplice, sa voix trembla :


– C’était moi, juste moi. Elle n’y était pour rien. Elle ne savait…


Je me tus.

L’agent du renseignement et de la purge, Krol, esquissa un sourire suffisant. Puis fit un signe fugitif à l’attention des armoires à glace.



~ @ ~



La dernière vignette tenait quasiment toute la page. Elle avait pour fonction de censurer en partie l’extrême violence des quatre précédentes disposées dans les angles, où l’on devinait sans mal le sang écarlate fuser en jets du nez, des oreilles et de la bouche d’un Vlad à demi-mort, que les deux brutes aux traits distordus par la haine et la bêtise cognaient sans trêve. Tandis que le petit mesquin, secoué par un orgasme infirme, comptait les points en serrant les lèvres et hochant la tête au rythme des coups portés. L’hémoglobine dégoulinait bien au-delà du cadre de l’action, débordant sur la grande vignette en noir & blanc.

Le visage en gros plan de Vlad s’y trouvait hachuré en un savant floutage des plaies qui confinait au sublime par une sorte de détachement flottant du grain de la feuille évoquant quantité d’étoiles de douleur et l’on voyait dans mes yeux les bouillons gris de l’Isère engloutir Lolha et le mot FIN était gravé en transparence avec un effet de déchirure crucifiante sur le papier.


À l’état de brouillon et marqué de traces de semelles, l’épilogue prévu en troisième de couverture gisait au sol. Il montrait un Joseph Krol enfin visité par la lumière. Des bulles spéculatives flottaient dans son liquide céphalo-rachidien, se superposant ou non en ton sur ton, formant ou non de la cohérence alors que le fonctionnaire croisait et recroisait les informations collectées et considérées comme dignes d’intérêt : Lolha, le parapet, la soi-disant dispute, les bouillons gris de l’Isère… Mon œil. En surimpression, il se rappela avoir emprunté jadis la passerelle Saint-Laurent et s’être émerveillé de la limpidité émeraude des eaux peu profondes à cet endroit et des petits liserés d’écume blanche sur la crête de vaguelettes clapotant de leur petit bonhomme de courant vers la mer lointaine.

Il sut alors que Volodia Solovyev, son ancien condisciple, avait menti.

Que Lolha Steiner était vivante et qu’il la retrouverait.


Vlad laissa glisser son regard sur les pages en désordre puis estompa de la paume les lignes, les creux et reliefs de Lolha, incapable que j’étais de me résoudre à jeter aux orties ce moment de ma vie, à laisser mourir le feu qui me consumait et encore moins à passer le flambeau à mon rival de toujours, fût-ce pour le voir souffrir autant que moi.


En gestes rageurs et désordonnés, il accentua à la mine de plomb la sénilité précoce des traits de Joseph Krol, laissant par contraste toute latitude au cireux légendaire de son teint de premier de la classe derrière ses éternels verres à double foyer, et exagéra sans mansuétude la crétinerie faciale des gorilles dont les sales grosses pattes fouissaient inlassablement ma chair.


 
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   jeanphi   
2/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Une originalité qui n'a d'égale que la densité et la spontanéité des images anime ce texte d'une tristesse et d'une violence que seule la littérature ou la bande dessinée permettent au regard de la loi.
Un fort pouvoir d'évocation et une maîtrise irréprochable des effets hantent en ces lignes le souvenir d'un déjà vu que l'on redoute prémonitoire d'un amour épileptique ou épilogue d'un amour apoplectique.
En un mot, j'aime.

   Asrya   
3/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Un récit troublant que j'ai dû relire afin d'essayer de comprendre la temporalité et la spatialité de la scène décrite ; après plusieurs essais, je préfère m'arrêter et ne pas trop chercher, je ne suis pas certain d'avoir réussi à imbriquer l'ensemble de manière correcte, peut-être plongerai-je à nouveau avec plus d'explications.

Les "vignettes" évoquées dans la nouvelle me donne l'impression qu'il s'agit ici d'une histoire de bande dessinée ? Où l'on suit un narrateur personnage de celle-ci ; mais l'utilisation du "je" à la fin me laisse pantois. Est-ce pour signifier le lien qui unit le narrateur lecteur de la bande dessinée à Vlad ? (oui désolé mais là je suis dans l'hypothèse parce que je suis loin d'avoir saisi et c'est probablement lié à un défaut de ma part).

S'il s'agit bien d'une démarche "bande dessinée", l'idée est très intéressante et mérite réflexion, de s'y pencher avec sérieux.
Si ce n'est pas le cas, j'attendrai des explications...

Séduit dans un premier temps par ce premier paragraphe sur les "lèvres", qu'à la première lecture j'ai associé à celles de la vulve (à tord ?). A la seconde et vue la suite des opérations je me suis dit qu'il s'agissait peut-être banalement des lèvres du visage (j'en serais déçu). Quoi qu'il en soit, l'entame de la nouvelle m'a invité à poursuivre.
Et puis, le fil narratif m'a paru décousu, m'a laissé de côté, au détriment mon incursion dans l'histoire.
L'auteur s'est fait plaisir, c'est ce que j'en ressens. Il/Elle a souhaité soigné ses phrases, les habiller de mots élégants, raffinés, a probablement voulu user de charmes littéraires, mais cela me paraît ne pas aller dans le sens de l'histoire et manquer de cohérence avec la situation décrite.

La relation avec Lola, la raison qui intime à ces balèzes de s'en prendre à Vlad, des non-dits qui n'aident pas à adhérer au discours pour moi.

Pas convaincu donc, et surtout interloqué par la volonté cachée de l'auteur.
Une autre fois pour ma part, je l'espère.
Merci pour le partage.

commenté/lu en espace de lecture

   Disciplus   
9/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
L'écriture est maitrisée.
Il y a du rythme. Des indices sont habilement distillés.
Les personnages paraissent maitrisés avec ce qu'il faut d'énigmatique.
La chute éclaire le récit, tout ça est du beau travail.
En regard de ce satisfécit : attention aux enfilades d'adjectifs, de compléments d'objets directs et indirects qui sont pour le lecteur comme l'épaississant d'une sauce : trop et il nous faut mastiquer (les sons cryptés qui s’insinuaient dans la densité d’une brise transfuge-comme la bulle épaisse d’un silence éloquent- avec son chargement confidentiel, les tiroirs-caisses taisent des transactions sauvages). Suggestion (préconisée par Stephen King himself : Commencer par élaguer, puis élaguer et pour finir élaguer !
A vous lire à nouveau.

   Jemabi   
12/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Dès le premier paragraphe, on se dit qu'on a affaire là à un texte superbement écrit, et la suite ne déçoit pas. L'atmosphère très prenante, très noir et blanc au temps de la guerre froide, m'évoque les ouvrages d'espionnage où les interrogatoires sont souvent musclés. Mais l'intelligence de la démarche créative nous emmène ailleurs, dans des flashs de souvenirs d'une idylle amoureuse brisée par les aléas de la clandestinité et l'adversité aux abois. Ce passage, très beau dans son romantisme froid, m'évoque "La jetée", le film de Chris Marker. Et puis, la dernière partie du récit nous embrouille à loisirs dans son mélange de narrateur et l'apparition d'un côté bande dessinée. J'ai personnellement dû relire l'ensemble pour tenter de comprendre, et je crois avoir saisi que le narrateur s'est mis en scène dans une BD face à son rival, tous deux étant amoureux de la même fille. Lui s'est dépeint en victime et l'autre en bourreau. J'ai peut-être tout faux, mais c'est aussi l'intérêt des grands textes d'éveiller l'imagination des lecteurs tout en sachant conserver leur mystère.

   Catelena   
12/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Indubitablement, ce qu'il ressort de ma lecture de prime abord, c'est le plaisir pris par l'auteur à jongler avec les mots tous azimuts.

On s'en délecte avec lui. Pourtant, cette orgie de mots, la richesse des détails, tout pousse cette nouvelle à sa perte. Malgré des bribes qui titillent l'intérêt, c'est l'incompréhension totale de l'histoire qui m'est contée qui finit par m'engloutir.

La forme prend carrément le pas sur le fond. Et cela ne me suffit pas pour prendre mon pied.

À la fin, parce que je m'entête à vouloir trouver un sens à ce que je suis en train de lire, il me semble entrevoir une scène : celle d'un auteur de BD qui se serait immergé dans ses planches (les fameuses vignettes) pour vivre les aventures de son héros...

À toi d'éclairer ma lanterne, Cyrill...

Au moment de l'appréciation, me voici une nouvelle fois confrontée au dilemme de savoir ce qu'est, pour le site, une écriture aboutie ou pas.

La créativité littéraire peut-elle suffire à quantifier cette qualité ?

Pour moi, aboutie suppose un contenu de qualité, certes, mais avec en prime l’élaboration et le peaufinage du texte qui vont assurer sa cohésion.

Afin de ne pas pénaliser l'auteur, et aussi parce que sa flopée de mots est jubilatoire, je vais continuer à piétiner dans mon dilemme et estimer l'écriture aboutie...

Idem pour le ressenti. Il me manque un degré entre le j'aime un peu et le j'aime bien... Pourquoi pas, un ''j'aime bien, mais...'' ? (lol)

   AMitizix   
18/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Courte nouvelle dans laquelle les cinq premières lignes m’ont particulièrement plu ; je trouve d’ailleurs que ce sont les mieux réussies du texte, peut-être parce que passé le sentiment de dépaysassions induit par le style utilisé, on s’y habitue « trop », dans le sens où, ne nous surprenant plus, ces accumulations d’adjectifs et de comparaisons originales « trompétantes » commencent à se rayer… Mais j’ai globalement apprécié le style, choisi visiblement pour privilégier la saveur des associations d’idées et la « chair » des mots, avec les jeux de sonorité, plutôt que la compréhension de l’intrigue, ce qui, dans un long texte, peut devenir pénible, mais, dans cette nouvelle, reste digeste et agréable – on se prend à jouer de manière complice avec l’auteur dans ses essais, généralement intéressants, pour nous entraîner dans un imaginaire étrange et déstabilisant, mais aussi poétique dans son genre.
Pour le fond, en revanche, comme je le disais plus haut, j’ai eu un peu de mal à suivre l’histoire, et une relecture a fait du bien à ma compréhension. Cela ne m’a pas trop gêné : j’ai voulu suivre l’auteur dans ses tentatives stylistiques jusqu’au bout et l’explication finale, un peu floue, nous permet tout de même de bien comprendre ce qu’il se passe.
En résumé, j’ai fait une lecture et une découverte agréable, merci pour ce texte, et bonne continuation !

   ferrandeix   
21/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Excellentes descriptions mêlant les éléments physiques et mentaux d'une minutie très poussée. L'on suit l'évolution d'une action au sens énigmatique, mais c'est justement dans cette énigme qu'elle puise tout sa saveur. L'on est plongé dans une atmosphère d'espions, d'agents secrets et de prostituée, un règlement de compte dont les tenants et les aboutissants nous échappent. L'on se perd dans ces linéaments d'une histoire sibylline aux méandres obscurs dont on retient la cruauté, un sentiment de cruauté beau en lui-même, une esthétique diabolique. L'histoire se termine dans l'hémoglobine, mais comment pouvait-elle autrement se terminer. Une très belle page de prose.

   Donaldo75   
22/6/2023
J’aime beaucoup l’exergue ! Je le dis parce que je suis fan de ces vers de Louis Aragon. Bon, je reviens au texte. Je l’ai trouvé un peu difficile à digérer, du fait de son écriture alambiquée mais ne suis pas mécontent de l’avoir lu car ça me change de pas mal de publications en nouvelles. L’histoire est pas mal menée du tout même s’il m’a fallu un décodeur (et encore, je ne suis pas certain d’avoir tout compris ; ça doit être une mode sur Oniris en ce moment de compliquer la narration).

   Cyrill   
23/8/2023


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