J’apprends qu’Anna a rencontré au cours de son voyage en Afrique un jeune homme assez mélancolique. À cause de la « saison des pluies » ils ont eu l’occasion de faire connaissance autour d’une tasse de thé. Il s’appelle Ilan et a perdu ses parents l’an passé dans un attentat. Il voyage hors des frontières car il veut oublier et se remettre à vivre. Il est à présent orphelin et n’a ni frère ni sœur sur qui compter. Heureusement il a de nombreux oncles et tantes qui se sont cotisés pour lui offrir ce safari en Afrique.

- Vous devez être bien malheureux ? demanda Anna.

- Oui, mais je dois vivre, car seule la vie est importante.

Je connaissais Anna depuis si longtemps que je lus dans ses yeux clairs baignés de larmes combien cette rencontre fût importante. Je vous l’ai déjà dit : elle ne pouvait pas avoir d’enfant à cause d’un accident. Je comprends que son mari l’ait laissée discuter avec ce jeune homme pendant qu’il occupait les après-midi pluvieuses par de longues parties de bridge. Je sais qu’Anna ne pouvait que redonner joie et confiance à ce pauvre Ilan. Elle avait un coeur d’or et tout enfant déjà elle savait voir le meilleur des pires situations. Elle me raconta comment ils prirent insensiblement l’habitude de se retrouver après le déjeuner dans la bibliothèque feutrée de l’hôtel. Ilan confiait avec des pleurs étouffés qu’il avait perdu le goût de la vie. Il ne voyait plus ses amis et avait arrêté ses études d’informatique. La vie réelle avait heurté son petit monde virtuel. Ses anciennes occupations ne lui convenaient plus. Il avait même pensé mourir. Anna tentait de le consoler en lui vantant les bonheurs que la vie apporte : amitiés sincères, réussite sociale, amour, enfants...

Le sixième jour, à 3 jours du départ, la pluie cessa. Le groupe de touristes décida d’un safari commun. Ils étaient au nombre de 10. Le rendez-vous fut fixé à 8h30 dans le hall de l’hôtel.

Anna, son mari et Ilan se retrouvent dès le petit-déjeuner.

Le bleu du ciel s’étend au-dessus de la terre rouge. Après tant de jours passés enfermés, qu’il est bon de se retrouver dehors ! Le petit groupe est plein de rires et l’esprit est léger. Anna est joyeuse car elle a voulu aller en Afrique depuis l’âge de dix-sept ans. Son mari lui tient le bras avec tendresse. Ilan est un peu en retrait du couple ami. Il les regarde et voit la joie inonder Anna. Elle aperçoit Ilan et lui fait signe de s’approcher avec un sourire plein de santé. Ilan entend son coeur battre. Anna est une si belle femme...

Ilan est dans sa chambre. Ce soir, il ne descendra pas dîner en bas. Il dit qu’il a mal à la tête. À la vérité, il se sent troublé. Il pense à ses conversations avec Anna. Il se couche avec une légère fièvre, il fait des rêves étranges.

Le lendemain matin, c’est le mari d’anna qui vient le réveiller.

- T’es-tu reposé ?

- Oui, je me sens beaucoup mieux. Qu’avez-vous fait hier soir ?

- Nous avons écouté les anecdotes de notre guide. Justement, elle nous propose une excursion dans un village assez retiré. En es-tu ?

- Oui, je me prépare tout de suite.

Pendant qu’il s’habille, Ilan revoit les yeux clairs de la guide, ils sont comme ceux d’Anna mais ses cheveux sont châtain. C’est la première fois depuis un an qu’il ne pense pas à ses parents.

Anna m’a dit que les jours suivants Ilan et la guide discutaient souvent ensemble.

Ilan a promis à Anna de lui donner de ses nouvelles et de lui rendre visite prochainement.

En mon cœur je remercie Anna des bienfaits qu’elle apporte au monde.