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Réalisme/Historique
Disciplus : Éclair et mat [concours]
 Publié le 18/05/23  -  11 commentaires  -  16031 caractères  -  68 lectures    Autres textes du même auteur

Que reste-t-il quand tout semble terminé ? Une illusion, une ombre, un flash…


Éclair et mat [concours]


Ce texte est une participation au concours n°33 : L'ombre et la lumière

(informations sur ce concours).



L’air est chaud, suave, multicolore. Un tapis de fines fleurs de coton recouvre l’immense prairie bleue. Une pluie de pétales de roses rouges colore l’immensité mouvante d’un lac grenadine où glissent, majestueux, des cygnes d’or. De délirantes guirlandes de jasmin cascadent d’un ciel de satin moiré. Les éclats de rire des enfants se mêlent aux plumes des oiseaux de paradis. Elle vole ! Légère… Longtemps… Longtemps…


Capucine a baissé au minimum la flamme du réchaud de camping à gaz. Il faut économiser. Nini et Maëlle sont couchées toutes les deux, tête bêche sur le matelas, dans un épais fatras de couvertures. Les murs du vieux HLM de la rue Louis Carré ont accumulé froid et humidité tout au long de l’hiver. Il ne fait guère plus de onze ou douze degrés dans l’appartement. Le chauffage électrique est coupé. La facture impayée doit traîner quelque part. Assise sur ses talons, dans le seul fauteuil rescapé, une grosse couverture autour des épaules, Capucine se prend la tête dans les mains. Des larmes tièdes lui glissent entre les doigts, d’abord silencieusement, puis en lourds sanglots.


Capucine est née dans ce quartier de Méan-Perhoet, il y a vingt-cinq printemps. Elle y a vécu, avec sa mère et sa sœur, dans une cabane de jardin, au fond d’une cour, à l’arrière d’une des tristes bâtisses plates, au toit d’ardoises, qui bordaient le Brivet, bien avant qu’on en fasse un embarcadère de luxe pour plaisanciers. De son père elle ne connaît rien d’autre que ce qu’en disait sa mère, à savoir : un crétin, braillard, ivrogne et cogneur. Sa sœur est d’un autre père de passage, dont on ne savait rien non plus.


Le quartier qui longe les bassins géants des chantiers navals a toujours été catalogué sensible, dans une ville elle-même considérée comme sensible. Les habitants, repoussés par la pression des loyers, condamnés par l’ostracisme des centres-villes, s’y sont retrouvés, entassés, reclus dans des casernements en plaques de ciment, construits à la hâte pour tenter d’effacer les dégâts de la guerre et abriter la main-d’œuvre immigrée. Après des années de galère, la mère de Capucine, sans travail, désespérée, a tenté de se libérer de ses contingences matérielles en s’acoquinant avec une petite frappe locale et en braquant un bureau de tabac. Beau résultat : cinq ans à la maison d’arrêt de Carquefou, flambant neuve. Capucine, séparée de sa sœur, a échoué chez les Guénaut, au sixième étage de la tour n° 5 à La Bouletterie.


Fort de ses quatorze ans, le fils Guénaut, psychopathe en herbe sur la pente glissante du pervers narcissique, lui a volé de force sa virginité. Elle a fugué, mal lui en a pris. Rattrapée, enfermée, battue, elle a résisté en attendant une nouvelle opportunité d’évasion. Espoirs déçus ! Les filets d’un maquereau de bas étage l’ont ratissée dans un jardin public. Il a promis, fait espérer, il a fait miroiter l’argent, les voyages, le soleil et, au final, l’a engrossée et séquestrée dans une caravane qu’il amène, de nuit, sur les chantiers. Le destin, toujours un peu fumiste, a fortuitement délivré la prisonnière par le biais d’un heureux coup de couteau dans le dos de son souteneur, au sortir d’un bar louche, un soir de java.


Ses pieds affleurent une arène ouatée, tiède, enjôleuse. Elle respire des aurores boréales. Les longues écharpes vertes virevoltantes caressent son corps blessé. Des myriades d’escarbilles cuivrées tourbillonnent derrière son front brûlant. Des vagues hédonistes submergent ses sens. Elle rêve de vents, de frissons, de mélancoliques et sensuelles ferveurs. Des flots d’ambre ont remplacé les eaux mortes de son existence. Un chemin de sable vert, piqué de millions de pâquerettes roses et blanches, dessine des circonvolutions absurdes, telles de délirantes montagnes russes. Capucine baigne dans un voluptueux océan de lait d’amande. Elle est heureuse, euphorique, fiévreuse, comblée.


Elle n’a jamais mis les pieds au parloir de la Centrale et n’a appris le décès de sa mère, d’une surdose de LSD, que bien plus tard. On lui a raconté qu’on l’avait retrouvée exsangue, sur les tas de gravats abandonnés après la construction du grand pont de Kerino. Capucine a cherché, un temps, la tombe des indigents, mais on ne lui a indiqué qu’un carré d’herbe rase, anonyme, au fond du cimetière de Méan. Aux dernières nouvelles, sa sœur serait partie avec un militaire pour la Guyane française. Grand bien lui fasse. Seule, comme toujours. Seule comme jamais. Non ! Haut les cœurs… il y a les filles…

Pour ses « poulettes » comme elle aime à les surnommer, elle a fait tous les boulots, même les plus sordides. Elle n’en a récolté que des coups, des os brisés, des cicatrices au corps et au cœur.


Dernièrement, elle a cru à une lueur d’espoir avec ce travail de triage à la déchetterie. Dès quatre heures du matin, dans les courants d’air de l’immense hangar, Capucine, emmitouflée sous plusieurs épaisseurs de pulls, sépare les détritus par famille, sur un tapis roulant qui convoie la montagne de déchets déversés par les camions poubelles de la région, vers la gueule du haut-fourneau.

Elle y serait encore s’il n’y avait eu cette altercation avec le contremaître. Un bel enfant de salaud celui-là ! Du haut de son petit piédestal, il avait cru qu’il pouvait profiter de la situation. Aux propos salaces avaient succédé les mains baladeuses et les propositions explicites. Refus tout net de Capucine. Elle en avait trop vu prendre son corps pour un paillasson disponible. Ça n’avait pas tardé : licenciement pour faute, sans indemnité. Retour à l’affreuse case départ avec toujours l’éternelle interrogation : pourvu que les filles ne manquent de rien.


Une fois par mois, elle s’astreint à une excursion d’une heure jusqu’au hangar de tôles, prêté par la mairie, où des bénévoles cérémonieux lui rempliront ses sacs de produits aux dates limites de vente dépassées. Elle mendiera le prix d’un ticket de bus pour ramener son glorieux butin à l’appartement. Peut-être y aura-t-il cette fois un peu de chocolat, de quoi voir briller les yeux des fillettes. Le principal problème ce sont les huit mois de loyer en retard de paiement. Les lettres de relance de l’office HLM s’accumulent dans le tiroir de la table de cuisine.


Le ciel est mauve, tiède, tout proche. Sa main effleure de jolis flocons orangés qui éclatent en mille bulles quand on les attrape. Capucine flotte, ondule, dans un monde en technicolor sans aspérité. Sous ses pieds, une immensité blême, d’où monte en spirale un souffle dispersant des senteurs de bergamote et de croissants chauds qui lui rappellent la petite pâtisserie de la rue des Belles-Filles. Des notes de harpe lui glissent entre les doigts. Les vibrations la caressent, la cajolent, l’enveloppent d’un voile de soie. Toutes ses sensations, exacerbées, touchent au divin. Encore… encore… toujours…


Trop longtemps qu’elle lutte, Capucine… Elle n’en peut plus. Elle est au bord de la falaise. Ce serait si simple si… Trouver un nouveau travail ? Un quart de la population de la ville en cherche désespérément. Les transports augmentent, les prix de l’énergie flambent, même les pâtes, les pommes de terre ou le chocolat, seront bientôt hors de portée de la vague des nouveaux pauvres. À quoi peut bien servir de s’infliger ces continuelles vicissitudes. Chaque heure de galère l’enfonce davantage dans la boue visqueuse et putride de l’existence et la persuade un peu plus que ses filles seraient bien mieux dans une de ces familles bienveillantes avec pavillon, jardin, chat et chien.


S’appuyer sur l’épaule solide d’un homme ? Merci bien ! Tous ceux qui l’ont approchée l’ont profondément déçue. Entre les pervers, les clients, les profiteurs de tout poil, où peut bien être le fameux Prince Charmant ? Séduction ? Féminité ? Avec des fringues d’un autre âge, des cheveux perpétuellement enfournés dans un bonnet sans forme, son visage maigre et fermé au regard éteint, ses mains abîmées par des travaux d’esclaves, elle a renoncé depuis longtemps à jouer les Esméralda. Attirance, désir, pulsion, elle a enterré toutes ces pulsions sous des tombereaux de dégoût et d’indifférence.


Pelotonnée dans son plaid effrangé, complaisamment fourni par l’Armée du Salut, Capucine broie du noir. Elle se rend compte qu’elle n’a jamais bénéficié d’une once de chance dans sa « chienne de vie » et elle soupçonne que ça ne changera pas. Elle serre dans sa main la capsule grise, métallique et froide, que lui a vendue Luigi, le Turc qui deale au bout de la rue. Elle a commencé à renifler cette saloperie de gaz, il y a cinq ou six mois. C’est la Micheline du treize, une « collègue » de galère, qui lui a montré comment faire. Micheline tapine depuis quarante ans, rue Hyppolite Dunant, devant les vieux entrepôts. Elle a essayé toutes sortes de produits, c’est probablement pour ça qu’elle a tant de cases vides et ce rire glaçant. Elle n’a plus d’âme, dit-elle en s’esclaffant. Elle a probablement raison, le diable lui-même n’en voudrait pas.


Le ballon de baudruche, flasque et chiffonné, gît au fond de la poche de la vieille robe de chambre rose, promesse d’un moment d’oubli, de lâcher prise, de délivrance de toute cette mélasse qui lui colle aux basques. Il lui suffit de percer la capsule, de laisser le gaz gonfler le ballon, de respirer à pleins poumons ce concentré de chimie et de laisser son cerveau partir loin, très loin, dans un autre monde. Capucine a bien conscience que chaque bouffée d’azote lui brûle des neurones. Les « descentes » sont de plus en plus courtes et les « remontées » sont longues et vaseuses. Depuis quelque temps, elle en sort désorientée, en pleine tachycardie, avec des migraines atroces. Mais pendant un moment elle oublie le froid, la faim, les emmerdes.


Une des filles a poussé un petit cri dans son sommeil. Rêve ou cauchemar ? Capucine écoute la nuit. Au dehors, les coups de vents entremêlent les branches et jettent à terre les dernières feuilles rouges des faméliques pruniers de Virginie de la rue. Encore cinq heures avant le jour. Elle a entendu la gardienne parler de vague de froid pour la semaine prochaine. Les placards sont vides, il faudrait retourner à la distribution. La petite a explosé une de ses chaussures. Pourvu qu’ils en aient à sa taille. Et puis… il y a pire… il y a l’enveloppe…


Des voix chantent, loin, au-dessus des nuages mauves. Un chœur d’enfants. Elle ne comprend pas les paroles, mais l’air est si doux. Un arc-en-ciel palpite au rythme du chant. Comme un mirage, apparaît un lagon vert inondant l’horizon. Des vapeurs tremblantes frissonnent au-dessus de l’eau. Des cygnes translucides caressent l’espace. Capucine est en pleine extase. Elle respire les effluves épicées portées par un soupir du vent. Tout est calme. Tout est paix. Tout est ivresse.


Capucine y a cru pourtant… Elle aurait voulu partir pour le Sud. Pour le village de la carte postale qu’elle garde religieusement, pliée en deux, dans la pochette en plastique qui lui tient lieu de portefeuille. C’est Isabelle, une copine d’école, qui la lui a envoyée, il y a bien longtemps. Capucine la connaît par cœur, cette image, bien qu’elle ne sache pas exactement où placer Gordes. Un ciel bleu sans nuages, des maisons de pierres sèches agglutinées sur les flancs d’une colline aux pentes abruptes, le tout chapeauté par le cube magistral d’une église et d’un château. La lumière, les reflets des toits, les taches vert sombre des cyprès… le rêve… la vie.


Sa main serre encore plus fort la capsule grise. Les yeux lui piquent. Elle se remémore le texte tracé à l’encre bleue, qu’elle connaît si bien : « Je suis bien arrivée dans ma nouvelle maison. Nous avons un petit jardin et un chien. Dès que tu peux, viens me voir. Nous irons dans les vignes à vélo. Viens vite. Ton amie pour la vie. Isabelle. » Capucine n’a jamais répondu. Plus de quinze ans ont passé. Qu’est-elle devenue ? Un mari, des enfants, un travail… une vie… Capucine n’a jamais quitté son quartier plus d’une heure. Elle a peur de l’eau, alors aucune chance de monter sur un de ces immenses bateaux qui quittent l’estuaire en claironnant leur arrogance. Elle n’a jamais pris le train, non plus… Pour aller où ? À Gordes ? Elle ne sait même pas où c’est… Pour voir qui ? Son amie ? Quinze ans après ? Non, tout ça c’est terminé… Le rêve est mort.


Maëlle toussote… Pourvu qu’elle n’ait pas pris froid. Elle a perdu un gant hier, ou on le lui a chapardé. Les enfants mal fagotés sont la risée des cours d’école. Elle le sait bien. Elle a donné. Les mauvaises chaussures, les cartables déglingués, jamais de billes ou de corde à sauter, tous les marqueurs d’appartenance absents et vous vous retrouvez mis au ban, chahuté, persécuté. La cruauté des enfants n’a rien à envier à celle des grandes personnes. Capucine a tant rêvé de leur insuffler courage et ténacité, de les mettre sur de bons rails pour qu’elles aient une « autre vie ». Très mal parti…


Des ombres désordonnées, projetées sur le mur par le lampadaire de la rue, semblent faire des signes à Capucine. Elles l’appellent, l’aspirent, la réclament… Ces ombres, elle en a plein la tête. Elles lui mâchent le cerveau, la noient sous des exhortations confuses, l’empêchent de raisonner calmement. « Accroche-toi… Ça ira mieux demain… Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir… » Elle les aura entendues maintes et maintes fois ces inepties. Fadaises de cathos bien-pensants, stupidités de petits bourgeois hypocrites, niaiseries de fonctionnaires conformistes et spécieux. Elle n’aurait jamais dû ouvrir l’enveloppe…


Des nuages d’ardoise dévorent lentement l’arc-en-ciel. Des miasmes remplacent les senteurs marines. Ses pieds sont aspirés par une fange brune qui suinte des murs. Les cygnes sont noirs sur l’eau trouble du lac. Les voix d’enfants sont couvertes par des appels de cors de chasse. L’intérieur de sa robe de chambre est plein d’épines. Tout s’assèche. Tout se racornit. Tout s’estompe. Tout meurt.

Capucine les connaît trop bien ces enveloppes administratives. Longues et larges… À l’adresse tapée à la machine. Celle-ci a le gros tampon du tribunal et l’assertion suprême : « Jugement de résiliation du bail et d’expulsion du locataire ». L’association des bénévoles avait fait appel, mais elle n’a pas obtenu de délai. Pas de nouveau logement en vue, même provisoire. Ce sera la rue. Dans onze jours exactement. Salauds de pauvres ! Trop nombreux, trop fainéants, trop assistés, trop… trop…


Poche… Baudruche… Pschitt… Le ballon est gonflé… Une grande aspiration… une vague froide dans les poumons… Tant pis pour les nausées, les migraines, les crampes et les vertiges… Une demi-heure d’euphorie, des rires incontrôlés, des images féeriques, mouvantes. Et l’ivresse infinie… Là… des soleils verts… des oiseaux multicolores, des cascades de miel… Capucine entend des fifres, piétine des brassées de jasmin, danse dans une lumière mordorée… Irréel ! Et si familier… Les ombres du mur l’appellent… Elles sont là, derrière la fenêtre… avec les soleils, les oiseaux… Pourquoi pas…


Le gyrophare plaque ses flashs glaçants sur le mur de l’immeuble. Les voisins sont sur leur balcon, les têtes scrutant le trottoir. Certains sont descendus et, bras ostensiblement croisés, commentent, sans savoir. Les visages sont graves, un peu effarés. Des conciliabules mouvementés agitent çà et là les petits groupes. Des doigts se tendent vers la fenêtre ouverte du quatrième. Un sourd marmonnement fige soudain tous les protagonistes. Les pompiers ressortent de la cage d’escalier avec deux petites filles emmaillotées dans des couvertures de survie. Un sac mortuaire, ligoté sur la civière, fait se signer quelques croyants.


Zébrée d’éclairs saphir, l’aube se lève sur le 17, rue Louis Carré. À l’horizon, l’âme de Capucine brûle dans un flamboiement d’ombres amères.


 
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   Angieblue   
7/4/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C’est d’une merveilleuse puissance poétique. Dès les premières lignes, on sait qu’on a affaire à une écriture littéraire et qu’on ne sera pas déçu. Et, en effet, j’ai été conquise par votre écriture où se mêlent subtilement réalisme cru et délicate poésie.
Je salue le subtil jeu d’ombres et de lumière lorsque vous alternez les passages sombres qui évoquent la dure réalité et les passages oniriques et psychédéliques provoqués par l’usage d’une drogue. Vous jouez subtilement avec les couleurs et c’est totalement envoûtant et magique.

J’ai adoré ce passage :
« Le destin, toujours un peu fumiste, a fortuitement délivré la prisonnière par le biais d’un heureux coup de couteau dans le dos de son souteneur, au sortir d’un bar louche, un soir de java. »
Le destin fumiste, c’est vraiment très fin et tellement vrai…

Superbes aussi tous les passages avec les couleurs du ciel, de l'eau, de la végétation, des oiseaux…

Et, petit à petit, la réalité submerge le rêve, l’ombre vient entacher toutes ces couleurs féériques. Il n’y a plus d’échappatoire pour Capucine jusqu’à l’obscurité totale.
C’est très bien amené et parfaitement symbolisé et imagé.
Superbe ! la phrase finale avec les "éclairs saphir" et le "flamboiement d'ombres". je salue l'oxymore.

En somme, que dire ? Vous êtes à la fois un nouvelliste et un poète, un auteur complet, en fait. C’est subtil, intelligent, précis, sensible, poétique, et sincèrement, quel talent ! je suis en totale admiration !

   plumette   
9/4/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Beaucoup d'ombres et bien peu de lumière dans ce texte qui en fait un peu trop à mon goût.

pour moi, un lien trop ténu avec le thème du concours.

On dirait que l'auteur, emporté(e) par sa plume, n'a pu réfréner ce tableau misérabiliste que j'ai trouvé de plus en plus indigeste et sans grande cohérence.

Capucine, serait-ce une fleur qui pousse sur le fumier? je la trouve curieusement pré nommée cette jeune femme dont il est dit que ses
petites sont tout pour elle mais qui ne résiste pas à son envolée finale.

les passages que j'ai préféré sont ces incises dans le récit qui évoquent les effets du gaz qui sera finalement fatal. Ils apportent un peu de rêve et de poésie.

le texte pourrait gagner en force à être resserré. Je ne suis pas sûre qu'il soit nécessaire de faire le Cv complet de ce personnage auquel j'aurais pu m'attacher s'il y avait eu un peu plus de nuances ou d'ellipses dans son parcours.

Désolée pour cette fois

   Marite   
13/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Difficile de trouver les mots pour commenter cette nouvelle ... une descente implacable vers l'anéantissement d'une vie. Une réalité souvent ignorée qui échappe à tous les regards et à tous les systèmes de sauvegarde mis en place dans la société. Comment une situation peut-elle se dégrader ainsi ? Pourquoi certains parcours de vie sont-ils ainsi soumis à des défis tels que la force élémentaire de survie ne puisse plus fonctionner ? Beaucoup de questions ...
La progression du récit avec l'alternance d'échappées artificielles et de retours au réel est bien menée et nous permet d'entrer dans l'esprit fatigué de Capucine, jusqu'à la fin.

   Donaldo75   
13/4/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Je ne suis vraiment pas un fan de ce mode narratif qui parfois ressemble à un CV et souvent manque de relief. L’histoire recèle certes du potentiel mais le style déployé ne la sert pas, n’évite pas l’effet bateau qui met tout au même niveau, sans les incidentes narratives qui pourtant permettraient au lecteur de garder l’œil ouvert et de s’intéresser au sujet plutôt que d’en subir passivement le récit. Concernant le découpage, ne serait-ce que sur la page, il mériterait d'être resserré, au minimum pour donner une impression de densité.

   Cyrill   
18/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Bonjour,
Un misérabilisme exploité jusqu’au bout, même si un recul certain est pris dans la narration avec quelques traits d’humour. Trop de misère ne rend pas service à la dénonciation de la misère, à mon avis, même si une situation pareille est tout à fait crédible. À quoi nous sert ce dossier si détaillé ?
Les passages de délire-défonce au gaz sont jolis et poétiques. Quoique un peu sucrés à mon goût et nous donnant à voir du rêve assez convenu, façon Walt Disney.
Je dois dire aussi que je ne comprends pas la chronologie. Puisque le texte démarre sur un délire de Capucine, comment se fait-il qu’on la voie plus tard hésiter à se défoncer ? Y a-t-il un retour en arrière à partir du paragraphe 2 ? pas évident car vous ne changez pas de temps.
Chute dans la chute réussie du point de vue du sombre. Question thème du concours le contrat est rempli et il y avait probablement matière à approfondir l’aspect lumineux du paradis artificiel en opposition au réel sans tomber dans l’outrance.
Merci pour le partage.

   Dugenou   
18/5/2023
Bonjour,

Je me suis douté de la chute dès le début... quoi de mieux que des passages poétiques pour tenter de mieux surprendre le lecteur avec un final brutal et tragique ?

La peinture sociale, ici présentée, me semble forcée, presque caricaturale : la banque alimentaire, ou le secours populaire, enfin, les dispositifs permettant aux personnes nécessiteuses de se nourrir, sont loin d'être avares, et les produits qu'ils proposent n'ont généralement pas une DLV dépassée.

Par ailleurs, il existe des termes 'dans l'air du temps' qu'il convient de ne pas prononcer si on veut être pris au sérieux ; ici, "psychopathe" et "pervers narcissique", qui plus est dans la même phrase, mots tellement galvaudés...

Bref, ce texte 'tire larmes' ne m'a pas convaincu.

   Vincente   
18/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
La réalité dépasse souvent la fiction, combien de fois sommes-nous stupéfaits par une histoire incroyable, faite d'enchaînements improbables, le plus souvent malchanceux ou terribles, qui aliment des scénarios dont la principale difficulté pour l'auteur les mettant en scène est de les rendre crédibles (même quand la petite phrase de présentation indique en amont : "tiré d'événements réels") tant ils semblent cousus pour faire sensation…

Dans ce texte, on se trouve dans une "découverte" inverse. Ce à quoi l'on ne s'attend pas, c'est que tout vienne très vite et ressemble à ce que l'on craignait de voir apparaître de plus prévisible, dès le troisième paragraphe. Et que la barque se charge dans le misérabilisme le plus déterminé.

C'est bien dommage car, j'ai trouvé "joli" le dessin qu'offre l'écriture du premier paragraphe.
J'ai bien aimé aussi les sauts narratifs entre les shoots et la crue réalité du quotidien, ces changements brutaux dans le déroulé marquent avec pertinence leur incursion dans le récit. Le rythme du phrasé aussi fonctionne bien.

La progression mène pourtant à une impasse finale qui était la plus "facile" vu tout ce qui a précédé. Si l'intention avait été de raconter un fait réel, alors la charge romanesque aurait dû être épurée au maximum, les digressions sentimentalistes évitées, la narration "avouée" dès l'entame pour se départir d'un suspens voyeur et démagogique. Si, par le biais de la fiction, un "message" était porté, alors un dosage plus attentif entre le factuel et l'émotionnel se devait de s'en protéger.

Quant à la prise en compte de la thématique du concours, elle est lointaine, à peine entrevue dans l'annonce "une ombre, un flash" de l'exergue, et "l'éclair" du titre, qui j'imagine évoque les shoots en guise de lumière.
Pas convaincu par l'ensemble.

   Jemabi   
18/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
L'écriture de cette nouvelle, fluide et maîtrisée, avec quelques envolées lyriques, fait qu'elle se lit avec intérêt, même si on se doute bien que la fin ne sera pas plus gaie que le reste. C'est là où, à mon avis, le bât blessé. Il y a une telle accumulation de malheurs petits et grands dans la vie de Capucine qu'on finit par se lasser du récit de sa vie autant qu'elle de la sienne. On quitte vite le réalisme pour se complaire dans le misérabilisme le plus sordide. Autre défaut, le rapport avec le thème du concours, même si je comprends bien qu'il est métaphorique, me paraît trop tiré par les cheveux.

   senglar   
18/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour,


J'avais lu cette nouvelle en EL sans avoir eu le temps de poster mes impressions que je vais énumérer ici :
L'écriture n'est pas désagréable m'étais-je dit mais mise au service d'un texte misérabiliste.
Est-il possible d'accumuler tant de malheurs ?
Les hommes (et les femmes) sont-ils tous inexorablement mauvais, pis abominables ?
Le métier dont Capucine est chassé n'est-il pas en appel de bras ?
Les services sociaux abandonneraient-ils de jeunes enfants ?
Les gaz hilarants peuvent-ils provoquer de la sorte une surdose mortelle ?

Seule lueur : Une Amie, une vraie.

Le comportement de Capucine apparaît dès lors comme un comportement suicidaire que l'amour qu'elle porte à ses enfants n'est pas suffisant à contrebalancer. Elle a décidé d'en finir.

Isabelle était cependant la bouée de sauvetage pour elles trois, la porte de sortie, une possibilité de reconstruction.

Tout cela ça fait en fin de compte beaucoup à digérer.

Pourtant Capucine a fait preuve de beaucoup de générosité en acceptant ses maternités.

On peut raccrocher la nouvelle au sujet avec les flashs dus à la ''drogue'' et aux souvenirs douloureux etc... mais il faut faire preuve d'une certaine acrobatie.

Voilà en gros ce que je m'étais dit.


Suite à ma relecture j'ajoute aujourd'hui que le titre est bien choisi, subtil : ''Eclair et mat''. Pour le reste, ben... Trop c'est trop tout de même. J'en suis presque à remettre en cause l'amour de cette mère pour pour ses enfants, elle qui a tant sacrifié déjà.

   JohanSchneider   
18/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Attention, le diable est dans les détails :
"Luigi, le Turc qui deale au bout de la rue"
1°) Luigi ça fait plutôt rital que turc, non ?
2°) présenter un turc comme dealer, je suis étonné que ça n'ait pas déchaîné sur vous les foudres de la bien-pensance.
Vous aimez prendre des risques, vous.
Alors bien sûr vous en avez rajouté et surajouté dans la collection de coups du sort et d'avanies en tous genres. Bien sûr votre Capucine n'a quand même pas beaucoup de graines dans le figuier pour finir aussi stupidement. J'ai bien aimé le détail (encore un, mais qui fait mouche, lui) des croyants résiduels se signant devant la civière.
Au total une oeuvre univoque qui se dispense de proposer (ou d'imposer) plusieurs niveaux de lecture. Dès le deuxième paragraphe on comprend qu'on ne va pas passer un quart d'heure de franche rigolade. C'est diablement honnête, il n'y a aucune tromperie sur la marchandise.

   Asrya   
22/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Un texte qui peut entrer dans la thématique du concours qui, il faut le rappeler, permet aux auteurs de choisir OMBRE, ou LUMIERE, ou OMBRE ET LUMIERE.
Ici, on est évidemment plongé dans cette partie ombrageuse de la vie du personnage. Mais, plus qu'ombre, c'est sombre. Il y aurait matière à s'interroger sur la pertinence de ce qu'on entend par "ombre" et si n'importe quel "problème" (dont la mort) s'inscrit réellement dans la thématique du concours. Peut-être aurait-il été nécessaire de faire "planer" cette ombre (matérialisée ici probablement par l'enveloppe ?) de manière plus signifiante afin que l'on ne s'interroge pas sur la pertinence de la direction choisie pour le concours.
A mon sens, et à la lecture des autres textes du concours, j'estime que celui-ci s'inscrit dedans. Libre à chacun de voir différemment.

Bon, sur le fond, le style narratif, je dois avouer ne pas avoir accrocher. J'ai trouvé l'ensemble assez lent, sans dynamisme, le texte ne m'est pas apparu avec émotion. Je n'ai pas le moindre instant flirté avec la compassion qui devrait surgir à la lecture d'un tel texte. Je ne suis probablement pas la cible.
Une remarque sur la forme qui m'a pour le coup vraiment questionné et dérangé lors de la lecture, c'est la place du narrateur.
Cette place du narrateur, relativement indéterminé, qui relate, raconte, et qui en même temps, ce permet des commentaires qui sont en décalage avec la manière dont la majorité du texte est écrit.

Exemples :

"Non ! Haut les cœurs… il y a les filles…" / "Pourvu qu’elle n’ait pas pris froid" / "Très mal parti…" / "Salauds de pauvres !" / "Pourquoi pas…"

Ce décalage narratif m'a perturbé et il me semble qu'il aurait été pertinent de choisir entre l'un et l'autre, soit impliqué le narrateur tout au long du récit, lui permettre d'émettre des réflexions, son avis ; soit lui enlever ce pouvoir, et le laisser simple conteur.

Il y a une tentative de suspens également (l'enveloppe), qui n'est pas une franche réussite. Il aurait été peut-être judicieux d'amener "l'enveloppe" au début du récit, et de tisser l'ensemble autour de celle-ci, plutôt que de la faire apparaître au milieu du texte, et de la déposséder du potentiel "suspens" qu'elle pouvait dégager.

Le titre est relativement accrocheur, c'est probablement ce qui m'a le plus conquis dans la nouvelle.

Je ne doute pas que certains y trouvent, ou trouveront plaisir à la lecture, je suis resté assez distant et n'ai pas réussi à m'immerger dans cette histoire (j'ai pourtant lu et relu votre texte plusieurs fois) ; probablement une alchimie qui ne s'est pas concrétisée entre vos mots et mes synapses, mais vous n'y êtes pour rien.

Merci pour le partage, au plaisir (j'espère), de vous lire à nouveau,
Bonne chance pour le concours !
Asrya.

PS : pour la notation je ne sais pas trop quoi mettre pour l'écriture... je reconnais une qualité "plumistique", mais l'ensemble narratif me paraît assez lacuneux (en terme de position du narrateur, dynamisme etc.) ; j'ai donc 'moyenné'.


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